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Venise

La lagune de Venise
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L'histoire de Venise
Les institutions, les doges
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Les monuments de Venise

Canaux, ponts, rues et places

Le Grand Canal
Le Canal de Cannaregio
La Riva dei Schiavoni
La Place Saint-Marc
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Les monuments civils
Le Palais des Doges
Le Campanile
La Tour de l'Horloge
Les Procuratie
La bibliothèque Marciana
La Zecca (Monnaie)
L'Arsenal
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Les églises de Venise

Basilique Saint-Marc
Santa Maria de la Salute
San Giorgio Maggiore
San Zanipolo
Santa Maria dei Miracoli
San Zaccaria
Santa Maria dei Frari
San Polo
Santa Maria dell'Orto
San Francesco della Vigna
San Sebastiano
Santa Maria del Giglio
San Stefano
San Pietro di Castello
Chiesa dei Gesuati
Chiesa del Redentore
San Giacomo di Rialto
Santa Maria e San Donato (Murano)
Santa Maria Assunta (Torcello)
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Venise (lat. Venetia, ital. Venezia) est une ville maritime de l'Italie septentrionale (VĂ©nĂ©tie), Ă  400 kilomètres de Rome, au milieu de lagunes de son nom, sur les bords de l'Adriatique, sur trois Ă®les principales Ă©levĂ©es au milieu de lagunes et reliĂ©es Ă  la terre ferme par un pont de chemin de fer (3603 m), doublĂ© par une route (pont de la LibertĂ©); 270 800 habitants (2010). 

La Giudecca, au Sud, est assez isolée; les deux autres îles principales, au centre, constituent la Venise proprement dite. Ces îles sont divisées elles-mêmes par des canaux en 117 petites îles et îlots naturels et artificiels, formés au fil des siècles par l'accumulation de sédiments. Elles sont séparées par un réseau extrêmement dense de canaux, véritables rues liquides, et sont reliées entre elles par 430 ponts.

Le coeur de la ville est structuré autour du Grand Canal, la principale voie d'eau qui serpente sur près de 4 kilomètres à travers la cité en forme de S inversé, la divisant en deux grandes parties. Ce canal est bordé de palais historiques et est le théâtre d'une intense circulation de vaporetti (bus nautiques), de taxis nautiques et de gondoles, aujourd'hui dévolues aux touristes (Canaux, ponts, rues et places de Venise). Outre le Grand Canal, des centaines de canaux plus petits, appelés rii, sillonnent la ville, permettant l'accès à presque tous les points par voie d'eau. Le tissu urbain se compose d'un labyrinthe de ruelles étroites, les calli, de petites places, les campi et campielli, et d'escaliers franchissant les ponts.
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Plan de Venise.
Plan de Venise en 1900 (cliquez sur l'image pour l'agrandir).

La ville historique est traditionnellement divisée en six quartiers administratifs, les sestieri : Cannaregio, San Polo, Dorsoduro, Santa Croce, San Marco et Castello. L'île de la Giudecca, située au sud du centre historique et séparée par le canal de la Giudecca, est souvent considérée à part ou comme un septième sestiere informel.

• Le sestiere de Cannaregio est le plus septentrional et le plus peuplé des quartiers de Venise. C'est souvent le premier contact avec la ville pour les visiteurs arrivant par le train ou le bus, ce qui lui confère une atmosphère vivante, notamment le long de la Lista di Spagna menant vers le centre. Il abrite l'historique Ghetto Ebraico, le plus ancien au monde, avec ses synagogues et son musée, témoignant d'une riche histoire culturelle. Le quartier est traversé par le canal de Cannaregio, le seul canal traversé par deux ponts fixes avant de rejoindre le Grand Canal. On y trouve des artères animées comme la Fondamenta della Misericordia et la Fondamenta degli Ormesini, réputées pour leurs bars à cicchetti et restaurants fréquentés par les locaux et les étudiants, et qui offrent un aperçu de la vie vénitienne authentique. Le reste du sestiere, plus à l'est, devient plus résidentiel et tranquille, avec de charmantes petites rues et des églises moins connues mais magnifiques. Le Casino de Venise est également situé dans ce quartier, dans le palais Loredan Vendramin Calergi.

• Le sestiere de San Polo est le plus petit de Venise. Il est situé au coeur de la ville, juste à l'ouest du Grand Canal. Son nom dérive de l'église San Paolo Apostolo. Bien que central, il offre une atmosphère moins frénétique que le quartier voisin de San Marco. Il est mondialement connu pour abriter la majeure partie du marché du Rialto, avec ses étals colorés de fruits, légumes et poissons, une institution vénitienne animée depuis des siècles. Le Campo San Polo est l'une des plus grandes places de Venise et un lieu important pour les événements publics. Le quartier est également le siège de deux trésors artistiques majeurs : la majestueuse Basilique des Frari, qui contient des oeuvres de Titien et Canova, et la Scuola Grande di San Rocco, célèbre pour le cycle de peintures du Tintoret. San Polo mêle des zones très commerçantes et fréquentées autour du Rialto et du marché, à des coins plus résidentiels et paisibles.

• Le sestiere de Dorsoduro, qui signifie "crête dure", s'étend sur une partie de la terre la plus stable de Venise, au sud du Grand Canal. Il est souvent perçu comme le quartier artistique et universitaire de la ville. Il accueille des institutions prestigieuses comme les Gallerie dell'Accademia, qui abritent une importante collection d'art vénitien, et la Collection Peggy Guggenheim, l'un des musées d'art moderne les plus importants d'Italie, situé dans l'ancien palais de la collectionneuse. L'université Ca' Foscari y a également son siège principal, conférant au quartier une ambiance jeune et dynamique, particulièrement visible sur le Campo Santa Margherita, une place très animée avec ses bars et cafés. La pointe de Dorsoduro est marquée par la Punta della Dogana, l'ancienne douane de mer, aujourd'hui un centre d'art contemporain, juste à côté de la magnifique Basilique Santa Maria della Salute, l'une des icônes du paysage vénitien, construite pour célébrer la fin d'une épidémie de peste. Les Fondamente delle Zattere, le long du Canal de la Giudecca, offrent une large promenade ensoleillée très appréciée. On y trouve également le Squero di San Trovaso, l'un des rares ateliers de gondoles encore en activité.

• Le sestiere de Santa Croce est situĂ© Ă  l'ouest de Venise, et il est souvent le point d'arrivĂ©e pour les visiteurs arrivant en voiture ou en bus, car il inclut Piazzale Roma. En raison de cette infrastructure d'accès, certaines parties de Santa Croce peuvent sembler moins traditionnelles que d'autres quartiers, avec notamment le Ponte della Costituzione, un pont moderne conçu par Santiago Calatrava reliant la gare et Piazzale Roma. Cependant, au-delĂ  de cette zone très frĂ©quentĂ©e, Santa Croce rĂ©vèle un caractère plus rĂ©sidentiel et authentique. Il abrite de jolies Ă©glises, des campielli paisibles et des rii  tranquilles. C'est un quartier moins touristique, oĂą l'on peut dĂ©couvrir la vie quotidienne des VĂ©nitiens. Le quartier s'Ă©tend jusqu'au Grand Canal, oĂą se trouvent de magnifiques palais moins connus que ceux de San Marco. Il est le moins peuplĂ© des six sestieri historiques du centre de Venise.

• Le sestiere de San Marco est le coeur battant et le centre historique, politique et religieux de Venise. Il est mondialement cĂ©lèbre pour abriter la majestueuse place Saint Marc, la seule "piazza" de Venise (les autres grandes places sont appelĂ©es "campi"). La place est entourĂ©e de monuments emblĂ©matiques : la basilique de Saint-Marc avec ses coupoles byzantines, le Campanile d'oĂą l'on jouit d'une vue panoramique, le palais des Doges qui fut le siège du pouvoir vĂ©nitien, la Tour de l'Horloge, et les Procuraties. Le cĂ©lèbre Pont des Soupirs relie le Palais des Doges aux anciennes prisons. San Marco est Ă©galement le quartier du shopping de luxe, avec des rues Ă©lĂ©gantes comme la Calle Larga XXII Marzo et les Mercerie, pleines de boutiques, de cafĂ©s historiques comme le Florian, et d'hĂ´tels luxueux.  Beaucoup de touristes Ă  toute heure de la journĂ©e. Le Pont du Rialto, l'un des symboles de Venise, relie San Marco Ă  San Polo, offrant une vue spectaculaire sur le Grand Canal et abritant des boutiques sur sa structure.

• Le sestiere de Castello est le plus grand sestiere de Venise par sa superficie et s'étend de l'est de San Marco jusqu'à la pointe est de l'île principale. Il présente une grande diversité de paysages et d'ambiances. La partie la plus proche de San Marco est animée, abritant de grandes églises comme la Basilique des Santi Giovanni e Paolo (San Zanipolo) et la Scuola Grande di San Marco. Plus à l'est, on trouve l'immense complexe de l'Arsenal, l'ancien chantier naval de la République de Venise, un lieu historique d'une importance capitale, aujourd'hui souvent utilisé pour des événements culturels. Plus loin encore, le quartier devient beaucoup plus résidentiel et paisible, offrant un aperçu de la vie vénitienne loin de la foule. On y trouve des campi calmes, des jardins comme les Giardini della Biennale (qui accueillent une partie de la célèbre exposition d'art et d'architecture) et la pittoresque Via Garibaldi, une des rares vies (larges rues) de Venise, bordée de boutiques et de restaurants. Castello offre une transition fascinante entre l'agitation touristique et la sérénité des quartiers locaux.

• L'île de la Giudecca est un ensemble d'îles situées juste au sud du centre historique de Venise, séparées par le large Canal de la Giudecca. Bien qu'elle fasse partie du même ensemble urbain, elle a une identité distincte et une atmosphère plus tranquille et moins touristique que les sestieri du centre. Historiquement un quartier ouvrier et industriel avec des usines et des chantiers navals, la Giudecca a connu une transformation ces dernières années, accueillant désormais des hôtels de luxe, des lofts rénovés et des résidences. Elle est célèbre pour abriter la magnifique église du Redentore (le Rédempteur), une chef-d'oeuvre de Palladio, ainsi que l'église de Santissimo Redentore et l'ancienne Casa dei Tre Oci. La Giudecca offre des vues imprenables sur le profil de Venise à travers le canal, particulièrement spectaculaires au coucher du soleil. On y accède exclusivement par vaporetto, ce qui contribue à son isolement relatif et à son caractère plus posé.

La lagune elle-même est une vaste étendue d'eau salée peu profonde, d'environ 550 km², incluant la ville de Venise, d'autres îles importantes comme Murano (célèbre pour son verre), Burano (connue pour ses maisons colorées et sa dentelle), et Torcello (un des plus anciens foyers de peuplement de la lagune), ainsi que des zones de marais salés (barene) et de vasières (velme). Cette lagune est séparée de la pleine mer Adriatique par une série d'îles-barrières ou cordons littoraux, dont les plus connus sont le Lido, Pellestrina et Sottomarina. Ces îles protègent la lagune des tempêtes de haute mer, mais laissent passer les marées par des passes (les porti), permettant le renouvellement de l'eau.

La ville historique de Venise est reliée au continent uniquement par un long pont routier et ferroviaire, le Ponte della Libertà, qui arrive à la Piazzale Roma (pour les véhicules) et à la gare Santa Lucia (pour les trains), situées à l'extrémité ouest du centre historique. À partir de là, tous les déplacements à l'intérieur de la ville se font à pied ou par voie d'eau.

Cette géographie unique, issue de la nécessité historique de s'installer dans un lieu difficile d'accès pour des populations fuyant les invasions, a nécessité des techniques de construction spécifiques. Les fondations des bâtiments ont été réalisées en enfonçant des millions de pilotis de bois dans les couches d'argile et de sable de la lagune, sur lesquels reposent des plates-formes de bois et de pierre d'Istrie. L'eau des canaux est souvent à marée basse, révélant les murs et les fondations, tandis qu'à marée haute, elle peut monter considérablement.

Cependant, cette configuration géographique présente des défis majeurs pour la ville. Venise est particulièrement vulnérable au phénomène de l'acqua alta, des marées hautes exceptionnelles qui surviennent principalement en automne et en hiver, inondant les parties basses de la ville, en particulier la Place Saint-Marc. Ce problème est aggravé par le phénomène de subsidence (l'affaissement progressif du sol de la lagune) combiné à l'élévation globale du niveau marin due au changement climatique. Des travaux considérables, comme le système de digues mobiles MOSE (Modulo Sperimentale Elettromeccanico), ont été mis en place aux passes de la lagune pour tenter de protéger la ville et l'environnement lagunaire des marées les plus hautes. La fragilité de l'écosystème lagunaire, menacée par la pollution, l'érosion et le trafic maritime, est également une préoccupation géographique et environnementale majeure pour Venise.

Le problème du surtourisme Ă  Venise est devenu une prĂ©occupation majeure. L'afflux massif et constant de millions de visiteurs chaque annĂ©e met Ă  rude Ă©preuve ses infrastructures, son environnement et surtout la vie de ses habitants. Les causes sont multiples : la popularitĂ© mondiale de la citĂ© des Doges, l'essor du tourisme de masse facilitĂ© par les compagnies aĂ©riennes Ă  bas coĂ»t et les plateformes de rĂ©servation en ligne, ainsi que l'impact considĂ©rable des grands navires de croisière dĂ©versant des milliers de passagers en quelques heures. Les consĂ©quences de ce phĂ©nomène sont visibles et profondes. Les ruelles Ă©troites et les ponts sont souvent saturĂ©s de monde, rendant la circulation difficile tant pour les touristes que pour les rĂ©sidents. Les transports publics, notamment les vaporetti, sont constamment surchargĂ©s. L'environnement souffre Ă©galement : la production de dĂ©chets explose, la pollution sonore et visuelle est omniprĂ©sente, et le passage incessant des bateaux gĂ©nère des vagues (le moto ondoso) qui fragilisent les fondations des bâtiments. Pour les VĂ©nitiens, le surtourisme a des effets dĂ©vastateurs sur leur quotidien et la survie de la population. Le coĂ»t de la vie, en particulier le logement, a grimpĂ© en flèche, et a pousĂ© de nombreux rĂ©sidents Ă  quitter la ville pour la terre ferme. Les appartements sont massivement convertis en locations touristiques de courte durĂ©e, ce qui rĂ©duit d'autant le parc immobilier disponible pour les locaux. Les commerces traditionnels disparaissent au profit de boutiques de souvenirs et de restauration rapide, altĂ©rant l'authenticitĂ© du tissu social et Ă©conomique vĂ©nitien. La ville devient peu Ă  peu une sorte de musĂ©e Ă  ciel ouvert, vidĂ©e de sa population permanente. Face Ă  cette situation critique, diverses mesures ont Ă©tĂ© envisagĂ©es ou mises en place pour tenter de rĂ©guler les flux. Parmi elles, l'interdiction ou la limitation des grands navires de croisière dans le bassin de Saint-Marc, la promotion d'un tourisme plus lent et durable, des tentatives de rĂ©guler les locations touristiques, et plus rĂ©cemment, l'instauration d'une taxe d'accès ou d'un "ticket d'entrĂ©e" pour les visiteurs d'un jour aux pĂ©riodes de forte affluence. Cependant, ces mesures sont complexes Ă  appliquer, suscitent des dĂ©bats et leur efficacitĂ© reste encore Ă  prouver pleinement. Le dĂ©fi majeur pour Venise est de trouver un Ă©quilibre viable entre l'activitĂ© touristique, source Ă©conomique indispensable, et la prĂ©servation de son patrimoine exceptionnel, de son environnement et de la possibilitĂ© pour ses habitants de continuer Ă  y vivre dignement. 
Le climat, du reste, malgrĂ© les prĂ©jugĂ©s contraires, est excellent. Si l'air y est souvent humide, il est, par contre, absolument pur des poussières qui chargent celui des villes continentales. De plus, le voisinage immĂ©diat de la mer adoucit les Ă©carts atmosphĂ©riques et tempère les transitions. La moyenne annuelle de tempĂ©rature est de +13 °C, celle du mois le plus chaud est de + 23,9 °C, celle du mois le plus froid est de + 1,8 °C; l'Ă©cart annuel n'est donc que de 22,10 °C. 
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Venise : San Giorgio Maggiore.
Gondoles sur le quai de la Piazzetta. Au fond, l'île de San Giorgio Maggiore, avec sa basilique.
Photo : © Thierry Labat, 2010.

Le port, après avoir été le plus important du monde, était complètement déchu pendant la période autrichienne; après que Venise ait été rendue à I'Italie, il a repris de l'importance, se hissant au niveau de ceux de Gênes et de Trieste. La construction dans les années 1920 d'un deuxième port a encore accru l'activité portuaire de la ville. Outre le tourisme, première activité économique de la ville, il y existe toujours des industries traditionnelles telles que la verrerie. Le trafic portuaire a par ailleurs favorisé sur le continent (à Mestre et Port Marghera) l'implantation de nombreuses usines (produits chimiques, raffineries de pétrole, électrométalurgie, etc.)

Les monuments de Venise

Mais Venise attire surtout le voyageur par sa beauté. Après le gigantesque pont de 3603 mètres avec 222 arches sur lequel passe le chemin de fer, le touriste va d'abord
au centre de la ville, à l'admirable place Saint Marc, entourée de constructions à arcades, les Procuratie Vecchie et Nuove, la basilique de Saint-Marc. On y admire le Campanile dominant le bijou de sculpture qu'on appelait la Loggetta. Ce campanile, haut de 98 m, qui datait des XIIIe et XIVe siècles, s'est écroulé en 1902 et a été reconstruit ensuite à l'identique. La place, dallée de pierres unies et polies qui n'ont jamais été frappées par le pied des chevaux, est animée par le vol d'innombrables pigeons. En retour d'équerre, la Piazzetta, bornée par le palais ducal. Deux colonnes de granit supportent l'une le lion ailé de saint Marc, l'autre un Saint Théodore terrassant un dragon. Le Grand Canal, bordé de plus de cent cinquante palais du style byzantin du XVe siècle, enjambé par le magnifique pont du Rialto, attire aussi les visiteurs.
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Venise : le Grand Canal.
Partie supérieure de la façade Nord de la basilique Saint-Marc.

Les monuments sont dignes de leur renom. Des quatre-vingt-dix Ă©glises de Venise, la basilique byzantine de San Marco (Saint-Marc) est la plus intĂ©ressante. Parmi les autres Ă©glises, citons San Zanipolo (Santi Giovanni e Paolo), panthĂ©on oĂą sont ensevelis la plupart des grands hommes dont s'enorgueillit Venise; Santa Maria della Salute, somptueuse, du XVIIe siècle; Santa Maria dei Miracoli, Ă©crin de marbre, San Salvatore, vĂ©ritable musĂ©e, etc. Parmi les Ă©difices civils, le palais des Doges (palais ducal), reconstruit au XVe siècle, restaurĂ© après deux incendies, en 1483 et 1574, est une merveille un peu Ă©tonnante au premier abord. Le musĂ©e et la bibliothèque de Saint-Marc, riche de plus de 200 000 volumes et de 10 000 manuscrits prĂ©cieux, s'y trouvent. Le palais communique avec les cĂ©lèbres prisons, autrefois appelĂ©es les Plombs et les Puits, par le pont des Soupirs. L'opĂ©ra de la Fenice, construit au XVIIIe siècle, initialement appelĂ© Teatro San Benedetto, doit son nom actuel Ă  ce que, comme l'oiseau mythologique  (le PhĂ©nix), il a survĂ©cu Ă  plusieurs incendies. Le dernier en janvier 1996 a obligĂ© a le reconstruire entièrement; sa rĂ©ouverture n'a eu lieu qu'en novembre 2003. 
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Venise, vue par H. Taine

« C'est la perle de l'Italie; je n'ai rien vu d'égal; je ne sais qu'une ville qui en approche, de bien loin, et seulement pour les architectures : c'est Oxford. Dans toute la presqu'île, rien ne peut lui être comparé. Quand on se rappelle les sales rues de Rome et de Naples, quand on pense aux rues sèches, étroites de Florence et de Sienne, quand ensuite on regarde ces palais de marbre, ces ponts de marbre, ces églises de marbre, cette superbe broderie de colonnes, de balcons, de fenêtres, de corniches gothiques, mauresques, byzantines, et l'universelle présence de l'eau mouvante et luisante, on se demande pourquoi on a perdu deux mois dans les autres villes, pourquoi on n'a pas employé tout son temps à Venise. On fait le projet de s'y établir, on se jure qu'on y reviendra; pour la première fois, on admire non pas seulement avec l'esprit, mais avec le coeur, les sens, toute la personne. On se sent prêt à être heureux; on se dit que la vie est belle et bonne. On n'a qu'à ouvrir les yeux, on n'a pas besoin de se remuer; la gondole avance d'un mouvement insensible; on est couché, on se laisse aller tout entier, esprit et corps. Un air moite et doux arrive aux joues. On voit onduler sur la large nappe du canal les formes rosées ou blanchâtres des palais endormis dans la fraîcheur ou le silence de l'aube; on oublie tout, son métier, ses projets, soi-même; on regarde, on cueille, on savoure, comme si tout d'un coup, affranchi de la vie, aérien, on planait au-dessus des choses, dans la lumière et dans l'azur.

Le Grand-Canal dĂ©veloppe sa courbe entre deux rangĂ©es de palais qui, bâtis chacun Ă  part et pour lui-mĂŞme, ont sans le vouloir assemblĂ© leurs diversitĂ©s pur l'embellir. La plupart sont du moyen âge avec des fenĂŞtres ogivales couronnĂ©es de trèfles, avec des balcons treillissĂ©s de fleurons et de rosaces, et la riche fantaisie gothique s'Ă©panouit dans leur dentelle de marbres sans jamais tomber dans la tristesse ni dans la laideur : d'autres, de la Renaissance, Ă©tagent leurs trois rangs superposĂ©s de colonnes antiques. Le porphyre et la serpentine incrustent au-dessus des portes leur pierre prĂ©cieuse et polie. Plusieurs façades sont roses on bariolĂ©es de teintes douces, et leurs arabesques ressemblent aux lacis que la vague dessine sur un sable fin. Le temps a mis sa livrĂ©e grisâtre et fondue sur toutes ces vieilles formes, et la lumière du matin rit dĂ©licieusement dans la grande eau qui s'Ă©tale. 

Le canal tourne, et l'on voit s'élever de l'eau, comme une riche végétation marine, comme un splendide et étrange corail blanchâtre, Santa Maria della Salute avec ses dômes, ses entassements de sculptures, sou fronton chargé de statues; plus loin, sur une autre île, San Giorgio Maggiore, tout arrondi et hérissé comme une pompeuse coquille de nacre. On reporte les yeux vers la gauche, et voici Saint-Marc, le campanile, la place, le palais ducal. Il est probable qu'il n'y a pas de joyau égal au monde. Cela ne peut pas se décrire; il faut voir des estampes, et encore qu'est-ce que des estampes sans couleur? Il y a trop de formes, une trop vaste accumulation de chefs-d'oeuvre, une trop grande prodigalité d'invention : on ne peut que démêler quelque pensée générale bien sèche, comme un bâton qu'on rapporterait pour donner l'idée d'un arbre épanoui. Ce qui domine, c'est la fantaisie riche et multiple, le mélange qui fait ensemble, la diversité et le contraste qui aboutissent à l'harmonie. Qu'on imagine finit ou dix écrins suspendus au col, aux bras d'une femme, et qui sont mis d'accord par leur magnificence ou par sa beauté.

L'admirable place, bordĂ©e de portiques et de palais, allonge en carrĂ© sa forĂŞt de colonnes, ses chapiteaux corinthiens, ses statues, l'ordonnance noble et variĂ©e de ses formes classiques. A son extrĂ©mitĂ©, demi-gothique et demi-byzantine, s'Ă©lève la basilique sous ses dĂ´mes bulbeux et ses clochetons aigus, avec ses arcades festonnĂ©es de figurines, ses porches couturĂ©s de colonnettes, ses voĂ»tes lambrissĂ©es de mosaĂŻques, ses pavĂ©s incrustĂ©s de marbres colorĂ©s, ses coupoles scintillantes d'or : Ă©trange et mystĂ©rieux sanctuaire, sorte de mosquĂ©e chrĂ©tienne, oĂą des chutes de lumière vacillent dans l'ombre rougeâtre, comme les ailes d'un gĂ©nie dans son souterrain de pourpre et de mĂ©tal. Tout cela fourmille et poudroie. A vingt pas, nu et droit comme un mât de navire, le gigantesque campanile porte dans le ciel et annonce de loin aux voyageurs de la mer la vieille royautĂ© de Venise. Sous ses pieds, collĂ©e contre lui, la dĂ©licate loggetta de Sansovino semble une fleur, tant les statues, les bas-reliefs, les bronzes, les marbres, tout le luxe et l'invention de l'art Ă©lĂ©gant et vivant, se pressent pour la revĂŞtir. 

Çà et là vingt débris illustres font en plein air un musée et un mémorial : des colonnes quadrangulaires apportées de Saint-Jean-d'Acre, un quadrige de chevaux de bronze enlevé de Constantinople, des piliers de bronze où l'on attachait les étendards de la cité, deux fûts de granit qui portent à leur cime le crocodile et le lion ailé de la république; devant eux un large quai de marbre et des escaliers où s'amarre la flotille noire des gondoles. On reporte les yeux vers la mer et on ne veut plus regarder autre chose; on l'a vue dans les tableaux de Canaletti, mais on ne l'a vue qu'à travers un voile. La lumière peinte n'est point la lumière réelle. Autour des architectures, l'eau, élargie comme un lac, fait serpenter son cadre magique, ses tons verdâtres ou bleuis, son cristal mouvant et glauque. Les mille petits flots jouent et luisent sous la brise, et leurs crêtes pétillent d'étincelles. A l'horizon, vers l'Est, on aperçoit au bout du quai des Esclavons, des mâts de navires, des sommets d'églises, la verdure pointante d'un grand jardin. Tout cela sort des eaux, de toutes parts on voit le flot entrer par les canaux, vaciller le long des quais, s'enfoncer à l'horizon, ruisseler entre les maisons, border les églises. La mer lustrée, lumineuse, enveloppante, pénètre et ceint Venise comme une gloire. »
 

(H. Taine, Voyage en Italie, 1865I).
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Venise : le Grand canal de nuit.
Le Grand canal, à la tombée de la nuit.

Plans de Venise.

Plan de Venise (1764).
1764
Plan de Venise (1886).
1886
Plan de Venise (1900).
1900
Cliquer sur les miniatures ci-dessus pour afficher les cartes.

L'Histoire de Venise

Venise tire son nom de celui d'une tribu de la Gaule cisalpine, les VĂ©nètes, qui occupait les Ă®les voisines de celle oĂą est bâtie la ville actuelle. Les habitants de ces Ă®les furent en fait indĂ©pendants dès la chute de l'empire d'Occident et se donnèrent une première constitution, dès 455. Au VIIIe siècle, le jeune Etat acquit la possession du littoral jusqu'Ă  l'Adige. Dès le Xe siècle, Venise prenait pied sur la cĂ´te dalmate, dĂ©veloppait ses relations politiques et commerciales avec l'Orient et, en 1117, obtenait droit de souverainetĂ© sur Tyr et Ascalon, en rĂ©compense du secours amenĂ© aux croisĂ©s par le doge Micheli. Au XIIe siècle, après des guerres contre Padoue, Pise et Ravenne, elle entre dans la lutte des ligues vĂ©ronaise et lombarde contre FrĂ©dĂ©ric Barberousse, qui se rencontre dans ses murs avec le pape (1177). En 1201, elle se charge du transport des croisĂ©s, prend Zara (1202), et son armĂ©e, commandĂ©e par Dandolo, prend Constantinople (1203). 
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Vue de Venise en 1493.
Venise en 1493 (gravure de Hartmann Schedel).

Dans le partage des dĂ©pouilles, Venise obtint plus du quart de l'Empire grec et, notamment  la Crète et la MorĂ©e (PĂ©loponnèse). Ayant ainsi dĂ©veloppĂ© leur puissance, les VĂ©nitiens commencèrent au siècle suivant Ă  s'Ă©tendre sur le territoire italien. En 1336, leur alliance avec Florence contre les della Scala leur valut TrĂ©vise et Castelfranco. Deux guerres contre GĂŞnes (1350-1354 et 1378-1381 ou guerre de Chioggia); le procès de Marino Faliero (1355); d'autres luttes contre les Carrare, auxquels elle enleva VĂ©rone et Padoue (1405-1406), les Visconti (1426), les Sforza (14361450); le procès de Carmagnola (1432) marquèrent l'histoire agitĂ©e de la rĂ©publique au dĂ©but du XVe siècle. En 1453, Venise, qui vient, la première des Etats chrĂ©tiens, de traiter avec les Turcs, est Ă  l'apogĂ©e de sa grandeur. Son territoire, peuplĂ© d'environ 3 600 000 habitants, se composait alors de trois parties distinctes :

1° le DuchĂ© (Dogado), qui embrassait la ville de Venise et ses dĂ©pendances immĂ©diates dans les lagunes (Chioggia, Malamocco, Burano, Murano, Grado, etc.); 

2° les Etats de terre ferme, comprenant, avec le Frioul, les territoires de TrĂ©vise, Padoue, Sienne, VĂ©rone, Brescia, Bergame, Ravenne, etc.; 

3° les Etats maritimes, qui embrassaient l'Istrie, la Dalmatie, partie de l'Albanie (Durazzo, Scutari, etc.), partie de la Morée (Patras, Argos, Napoli de Romania, etc.), partie de la Macédoine avec Thessalonique, Candie (Crète), Nègrepont, d'autres îles de la Mer Egée.

Le développement du luxe et des arts répond à cette prospérité. Les Bellini commencent l'école vénitienne et Alde Manuce établit ses presses à Venise en 1480 (L'invention de l'imprimerie). La découverte de l'Amérique, Ies difficultés intérieures (procès des Foscari, 1456-1457, la lutte contre l'expansion ottomane (guerre de Morée, 1454-1456), la guerre du Frioul (1499-1503) marquent le commencement de la décadence. Venise, entrée dans la ligue contre Charles VIII (1495), voit ses troupes battues par Louis XII à Agnadel (1509) et par Gaston de Foix à Brescia (1511). Après la paix de 1513, Venise, absorbée par la lutte contre les Turcs, amis de la maison d'Autriche, se détourne des affaires italiennes. Elle perd une partie de ses possessions d'Orient en 1540 et profite du répit que lui procure Lépante (1571) pour avoir avec Paul V la fameuse querelle où se signala Fra Paolo Sarpi (1606-1607). En 1626, elle s'unit avec la France pour la guerre de la Valteline et ne s'occupe plus, dès lors, que de sauver les débris de son empire maritime.

Venise perd la Crète en 1669, et, si les victoires de Morosini lui reconquièrent la Morée à la paix de Carlowitz (1699), elle la perd définitivement à Passarowitz (1718). Elle n'est plus, dès lors, qu'une cité de luxe et de plaisir. Sa conduite hésitante sous la Révolution amena sa chute et sa cession à l'Autriche au traité de Campo-Formio. Chef-lieu d'un département du royaume d'Italie en 1805, Venise redevint autrichienne en 1815. Elle s'insurgea le 20 mars 1848 et fit capituler le gouverneur autrichien Zichy le 22, et, après Novare, décida de continuer la lutte, bien que réduite à ses seules forces. Après une défense héroïque, dirigée par Manin, elle succomba le 22 août 1849. La guerre de 1866 la rendit à l'Italie. Cédée à Napoléon III par l'empereur d'Autriche le 5 juillet 1866, elle fut rétrocédée par le premier à l'Italie dès le 29. Le 4 novembre, Victor-Emmanuel promulguait le décret portant réunion de la Vénétie et de Mantoue au royaume d'Italie. (NLI).

La vie culturelle

La vie culturelle à Venise est d'une richesse inouïe, tissée dans la trame même de cette ville où chaque pierre, chaque canal, chaque campo résonne de siècles d'histoire, d'art et de traditions. Plus qu'une simple collection de musées ou de théâtres, la culture à Venise est une expérience immersive qui imprègne l'atmosphère et le quotidien.

Au coeur de cette effervescence se trouve un héritage artistique exceptionnel. La peinture vénitienne, avec ses maîtres tels que Bellini, Titien, Tintoret et Véronèse, a marqué l'histoire de l'art par sa richesse chromatique et son usage novateur de la lumière. Leursoeuvres ornent encore aujourd'hui les églises et les palais, mais c'est aux Gallerie dell'Accademia qu'on peut apprécier l'étendue de ce patrimoine. L'architecture elle-même est une œuvre d'art constante, un mélange fascinant de styles gothique, renaissance et baroque, reflétant les influences orientales et occidentales qui ont forgé la République Sérénissime. Le Palais des Doges, la Basilique Saint-Marc, les palazzi le long du Grand Canal témoignent de cette splendeur passée.

Mais la culture vénitienne n'est pas figée dans le passé. La ville est un carrefour international de l'art contemporain, accueillant la prestigieuse Biennale de Venise, l'un des événements majeurs sur la scène mondiale de l'art et de l'architecture, qui attire artistes, critiques et amateurs du monde entier tous les deux ans. Des institutions comme la collection Peggy Guggenheim ou la Punta della Dogana (collection François Pinault) complètent ce tableau en présentant desoeuvres majeures du XXe et XXIe siècle, et créent un dialogue stimulant entre l'ancien et le nouveau.
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Vue de Venise depuis le Campanile. En haut, l'église des Frari; en bas à gauche,
le palais Contarini del Bovolo, avec son escalier en colimaçon.

La musique occupe également une place de choix. Berceau d'Antonio Vivaldi, Venise continue de faire vibrer ses murs au son de la musique classique. Des concerts sont régulièrement donnés dans des lieux historiques, offrant une acoustique et un cadre incomparables. Le théâtre de La Fenice, l'un des opéras les plus célèbres et les plus beaux du monde, propose une programmation lyrique et symphonique de premier plan. Il perpétue ainsi une tradition vénitienne de l'opéra qui remonte au XVIIe siècle.

Les traditions artisanales constituent une autre facette essentielle de la vie culturelle. Le soufflage de verre de Murano, avec ses techniques séculaires et ses créations éblouissantes, est mondialement reconnu. La fabrication de masques, intrinsèquement liée au célèbre Carnaval, est un art qui se pratique encore dans de nombreux ateliers, tout comme la production de textiles précieux ou l'imprimerie, une tradition qui remonte à l'époque d'Aldus Manutius et qui a fait de Venise un centre majeur de l'édition européenne.

Les festivals et événements rythment l'année vénitienne et sont des moments clés de sa vie culturelle. Le Carnaval, bien sûr, transforme la ville en un immense théâtre à ciel ouvert, où les masques et les costumes d'époque créent une atmosphère féerique et intemporelle. La Regata Storica célèbre le passé maritime de Venise avec un défilé de bateaux traditionnels et des courses effrénées sur le Grand Canal. La Festa del Redentore, avec son spectaculaire feu d'artifice au-dessus du bassin de Saint-Marc, et la Festa della Sensa, commémorant le mariage symbolique de Venise avec la mer, sont d'autres temps forts qui ancrent la vie contemporaine dans les rituels ancestraux.
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La FĂŞte de l'Ascension et des Epousailles de la mer

Cette fête, instituée en 997 à l'occasion de la victoire remportée par le doge Pietro Orseolo II contre les pirates Narentais, était parmi les fêtes disparues de Venise la plus importante. Au début la cérémonie consistait dans la visite que le doge faisait au Lido avec la Seigneurie, et dans la bénédiction de la mer, donnée par l'évêque de Castello; mais à la suite de la paix conclue à Venise en 1177, entre Alexandre III et Frédéric Barberousse, le pape voulant témoigner sa propre reconnaissance à la République pour les bons services qu'il en avait reçus, il accorda beaucoup de privilèges et d'indulgences et offrit au doge plusieurs dons, parmi lesquels l'anneau, avec lequel chaque année ce dernier devrait épouser la mer en signe de la suprématie de Venise sur l'Adriatique et de la soumission de la mer à la République.
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Guardi : départ du Bucentaure.
Le départ du Bucentaure pour le Lido le jour de l'Ascension,
par Francesco Guardi.

A partir de cette Ă©poque la fĂŞte prit une solennitĂ© spĂ©ciale; l'on construisit alors le grand et somptueux navire appelĂ© Bucintoro (Bucentaure), tout recouvert de velours et de dorures, sur lequel le matin de l'Ascension, au milieu de l'exultation du peuple, le doge prenait place entourĂ© de la Seigneurerie, des Gouverneurs de l'Arsenal, des Magistrats, des NotabilitĂ©s et des dignitaires de la RĂ©publique. Le Bucintoro, ayant Ă  sa proue la statue de la justice, partait de la Piazzetta de Saint Marc, poussĂ© par 42 avirons, mĂ»s par 168 rameurs choisis entre les plus vaillants ouvriers privilĂ©giĂ©s de l'Arsenal et se dirigeait majestueusement vers le Lido, entourĂ© de nombreuses embarcations, qui arboraient des garnitures d'une magnificence indescriptible. A peine avait-on dĂ©passĂ© l'embouchure du port versait qu'on du haut du superbe navire un grand vase d'eau bĂ©nite dans l'Adriatique; le doge y jetait la bague en profĂ©rant la formule sacramentelle: 

Desponsamus te, mare, in signorum perpetuique veri dominii.

« Nous t'épousons, ô mer, en signe de domination absolue. »

Cette cérémonie était suivie d'une fonction religieuse dans l'église de Saint Nicolas de Lido, ensuite le doge et son imposant cortège des nobles et du peuple, retournait au palais Ducal, où l'on servait un banquet somptueux.

A la même occasion, on tenait sur la place Saint Marc la fameuse grande Foire de l'Ascension, où, dans des boutiques et des comptoirs improvisés, on exposait les plus belles et précieuses marchandises venant de l'Orient. La foire dura d'abord 8 jours, puis elle fut prolongée jusqu'à 15; pendant cette période les amusements les plus variés se succédaient, tels qu'illuminations, jeux de force et d'acrobatie, des bals et tous les autres divertissements publics de l'époque, y compris aussi le fameux Vol, consistant en l'apparition d'un jeune garçon, qui, assuré à une corde, descendait du clocher pour apporter un bouquet de fleurs en hommage au doge; du portique du palais des Doges, celui-ci assistait aux différentes fêtes.

Après la chute de la République, la fête traditionnelle n'eut plus lieu et l'on dit que Napoléon brûla le célèbre Bucintoro pour en récupérer l'or, mais les restes de ce navire sont conservés au musée Correr; un modèle très fidèle en est conservé à l'Arsenal. (A. S.).

La vie culturelle s'exprime aussi dans les gestes du quotidien : le simple fait de naviguer en gondole, de se perdre dans le dédale des calli, de prendre un caffè sur une place, d'observer la lumière changeante sur l'eau – tout cela participe à cette atmosphère si particulière qui nourrit l'imaginaire et continue d'inspirer écrivains, cinéastes et artistes du monde entier. Les librairies indépendantes, les galeries d'art discrètes cachées dans les ruelles, les bacari où l'on déguste des cicchetti (tapas vénitiennes) et du vin, les marchés locaux comme celui du Rialto – tous ces lieux sont des foyers de vie et d'échanges qui enrichissent le tissu culturel de la ville.

Le Carnaval de Venise.
Le Carnaval de Venise, bien plus qu'une simple fête, est une institution profondément ancrée dans l'histoire et l'identité de la ville lagunaire. Ses origines remontent à loin, même si les dates précises de ses débuts officiels varient selon les sources. On s'accorde généralement à dire que la tradition d'une période de réjouissances avant le carême, une sorte de soupape sociale, existait déjà au Moyen Âge. Une date souvent citée comme point de départ officiel est 1162, année où les Vénitiens célébrèrent une victoire militaire importante sur le Patriarche d'Aquilée en s'adonnant à des danses et des jeux populaires sur la Piazzetta San Marco. Cette célébration prit peu à peu un caractère plus régulier, et en 1296, un édit du Sénat Vénitien déclara le jour précédant le Carême comme un jour férié, marquant ainsi une reconnaissance officielle de cette période festive.

Le but initial et persistant du carnaval était de permettre à la population de se libérer des contraintes sociales rigides de la République, de se déguiser et de se mélanger, abolissant temporairement les différences de rang, de richesse et de statut. C'était une période de « pani e vino » (pain et vin), de jeux, de spectacles de rue, de musique et de danse. L'élément central et le plus emblématique de ce carnaval était la maschera. Le port du masque n'était pas seulement autorisé, il était encouragé, devenant presque obligatoire pendant la saison du carnaval. Il conférait un anonymat quasi total, permettant toutes sortes d'audaces et de libertés, parfois jusqu'à l'excès. On pouvait être qui l'on voulait derrière un masque, courtiser n'importe qui, fréquenter n'importe quel lieu, et même critiquer le gouvernement sans risquer d'être reconnu. Des masques classiques comme la Bauta (un masque blanc couvrant le visage, souvent porté avec une cape noire et un tricorne) ou la Moretta (un masque ovale noir porté par les femmes, muet car tenu par un bouton à mordre) sont devenus indissociables de cette époque.

La période d'apogée du Carnaval de Venise s'étendit sur plusieurs siècles, atteignant son faste aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le carnaval durait alors une période exceptionnellement longue, s'étalant parfois de la mi-octobre à la fin du Carême en février-mars, ou au moins pendant les semaines précédant le Mardi Gras. La ville entière se transformait en un immense théâtre à ciel ouvert. Les activités étaient multiples : bals masqués somptueux dans les palais aristocratiques, représentations théâtrales dans les nombreux théâtres de la ville, ouverture des célèbres ridotti (salons de jeu) où l'on jouait et socialisait en masques, parades nautiques sur le Grand Canal, spectacles de rue sur les places (campi), et une ambiance générale de fête, de jeu et de transgression. Malgré cette liberté apparente, le gouvernement Vénitien tenta à plusieurs reprises, mais avec un succès limité, de réglementer le port du masque et les activités excessives, signes que le carnaval jouait un rôle puissant, voire déstabilisant, dans la vie sociale.

Ce faste prit fin brutalement avec la chute de la République de Venise en 1797, conquise par Napoléon. Le nouveau régime, puis la domination autrichienne qui suivit, ne virent pas d'un bon oeil ces manifestations de liberté et d'anarchie déguisée, symboles d'un passé révolu et potentiellement subversive. Le Carnaval fut progressivement limité puis formellement interdit en 1798 par l'Empereur François II d'Autriche. La tradition du port du masque et des grandes fêtes publiques disparut presque entièrement pendant près de deux siècles, réduite à quelques fêtes privées et familiales et aux traditionnelles fêtes populaires locales dans les îles de la lagune, loin de l'éclat d'antan.

L'idée de faire revivre le Carnaval de Venise émergea dans la seconde moitié du XXe siècle, portée par une volonté de revitaliser les traditions vénitiennes, de stimuler le tourisme et de redonner à la ville une partie de son âme festive. Après des initiatives sporadiques, le Carnaval fut officiellement relancé en 1979 par l'État Italien, la municipalité de Venise et quelques associations locales. Le succès fut immédiat et dépassa toutes les attentes. Le nouveau carnaval, bien que plus court que son ancêtre (se concentrant généralement sur les dix jours précédant le Mardi Gras), a rapidement retrouvé sa popularité.

Le carnaval moderne s'inspire largement de l'âge d'or, mettant l'accent sur les masques et les costumes d'époque, souvent d'une grande richesse et d'une grande originalité. Il est devenu un événement d'envergure mondiale, attirant des centaines de milliers de visiteurs chaque année. Si l'aspect de nivellement social et d'anonymat total a quelque peu disparu au profit de la mise en scène et du spectacle visuel (les plus beaux costumes défilent et sont photographiés, participant à des concours), l'esprit de transformation et de fête reste présent. La Piazza San Marco redevient le coeur des célébrations avec des scènes, des événements et des défilés, tandis que des bals privés, des spectacles et des événements culturels animent la ville. Le Carnaval de Venise d'aujourd'hui est une combinaison d'héritage historique, d'artisanat (la fabrication des masques et des costumes est un art à part entière), de performance artistique et de phénomène touristique majeur.

La Biennale de Venise.
La Biennale de Venise, l'une des plus anciennes et prestigieuses manifestations d'art contemporain au monde, est née d'une initiative audacieuse à la fin du XIXe siècle. Son histoire commence en 1893, lorsque le conseil municipal de Venise, mené par le maire Riccardo Selvatico, décida de créer une exposition internationale d'art pour célébrer les noces d'argent du roi Umberto Ier et de la reine Margherita de Savoie. L'idée était d'organiser un événement qui positionnerait Venise non seulement comme une ville d'histoire et de beauté, mais aussi comme un centre actif de la création contemporaine.

La première Esposizione Internazionale d'Arte della CittĂ  di Venezia ouvrit ses portes le 30 avril 1895, dans un bâtiment construit spĂ©cifiquement pour l'occasion dans les Giardini di Castello, aujourd'hui le Pavillon Central. Le succès fut immĂ©diat. Il attira un public nombreux et l'attention de la critique. Initialement conçue comme une exposition principalement centrĂ©e sur l'art italien, elle s'ouvrit très vite aux artistes Ă©trangers, ce qui contribua Ă  son caractère international dès les premières Ă©ditions. Le concept des Pavillons Nationaux Ă©mergea dès 1907 avec la construction du pavillon belge, bientĂ´t suivi par d'autres pays. Cette structure, oĂą chaque nation gère et finance son propre espace et choisit ses artistes, est devenue l'une des caractĂ©ristiques de la Biennale. Elle permet une confrontation directe des scènes artistiques nationales. 

Au fil des dĂ©cennies, la Biennale a traversĂ© les turbulences de l'histoire, notamment les deux guerres mondiales qui provoquèrent des interruptions. Après la Seconde Guerre Mondiale, elle redĂ©marra en 1948 sous la direction de Rodolfo Pallucchini, avec une volontĂ© de renouveau et d'ouverture. Cette pĂ©riode vit l'introduction d'artistes de l'avant-garde internationale qui n'avaient pas pu ĂŞtre prĂ©sentĂ©s auparavant en raison du contexte politique. Les annĂ©es d'après-guerre furent essentielles pour l'affirmation de la Biennale comme plateforme des mouvements artistiques les plus novateurs, prĂ©sentant l'expressionnisme abstrait, le Pop Art, l'Arte Povera, et bien d'autres. 

L'une des Ă©volutions majeures de la Biennale fut son expansion Ă  d'autres disciplines. La Mostra Internazionale d'Arte Cinematografica (la Mostra de Venise, ci-dessous) fut créée en 1932, devenant le premier festival de cinĂ©ma au monde. Suivirent la Biennale Musica (1930, rĂ©organisĂ©e en 1937), la Biennale Teatro (1934), la Biennale Architettura (fondĂ©e en 1980 en tant que section autonome après avoir Ă©tĂ© intĂ©grĂ©e Ă  la section Arts plastiques depuis 1975), et la Biennale Danza (1999). Cette diversification fit de la Biennale une institution multidisciplinaire unique, couvrant la plupart des champs de la crĂ©ation contemporaine. 

Aujourd'hui, la Biennale des Arts Visuels et la Biennale d'Architecture alternent chaque année impaire et paire. L'organisation repose sur la coexistence de l'exposition internationale principale, curatée par un directeur artistique nommé pour chaque édition, et des expositions des pavillons nationaux, gérés indépendamment par les pays participants. À cela s'ajoutent les nombreux événements collatéraux organisés dans toute la ville. La Biennale est devenue un baromètre des tendances artistiques, un lieu de découverte pour les jeunes artistes comme un podium pour les figures établies, un marché important et un rendez-vous incontournable pour les critiques, les collectionneurs et le public du monde entier. Malgré les critiques occasionnelles sur sa taille, sa commercialisation ou sa pertinence face aux nouvelles formes d'exposition, la Biennale de Venise conserve un rôle central dans le paysage de l'art et de la culture contemporaine.

La Mostra de Venise.
La Mostra internationale d'art cinĂ©matographique de Venise, souvent simplement appelĂ©e la Mostra de Venise, est le plus ancien festival de cinĂ©ma au monde. Son histoire reflète non seulement l'Ă©volution du cinĂ©ma, mais aussi les soubresauts politiques et sociaux du XXe et du dĂ©but du XXIe siècle. NĂ©e en 1932 dans le cadre prestigieux de la Biennale de Venise,  l'idĂ©e d'une exposition dĂ©diĂ©e au "septième art" germa sous l'impulsion du Comte Giuseppe Volpi di Misurata, alors prĂ©sident de la Biennale, de Luciano de Feo, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'Istituto Internazionale per la Cinematografia Educativa (ancĂŞtre de l'Unesco), et d'Antonio Maraini, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Biennale. Le but initial Ă©tait de cĂ©lĂ©brer le cinĂ©ma comme une forme d'art Ă  part entière et de promouvoir l'industrie cinĂ©matographique internationale dans un lieu de culture et de rencontre.

La première édition, qui ne se voulait pas encore une compétition formelle, se déroula du 6 au 21 août 1932, principalement sur la terrasse de l'hôtel Excelsior Palace sur l'île du Lido. Elle fut un succès populaire immédiat. Des films comme Dr. Jekyll and Mr. Hyde de Rouben Mamoulian, Grand Hotel d'Edmund Goulding, The Champ de King Vidor, ou encore le film français À nous la liberté de René Clair, furent projetés. Il n'y avait pas de jury ou de récompenses officielles décernées par l'organisation du festival cette année-là, mais un référendum d'opinion du public et des critiques désigna des films et des acteurs "méritants", posant les bases des futurs prix. L'accueil enthousiaste confirma la pertinence de l'événement, qui fut intégré durablement au calendrier de la Biennale.

Les éditions suivantes virent l'organisation se structurer. En 1934, la Mostra devint une manifestation annuelle (à l'exception de quelques interruptions ultérieures) et introduisit les premières récompenses officielles, la Coppa Mussolini pour le meilleur film italien et le meilleur film étranger, ainsi que des prix d'interprétation (les Coupes Volpi furent créées plus tard, en 1938). Ces premières années furent marquées par une sélection éclectique et l'affirmation de Venise comme un carrefour majeur pour le cinéma mondial. Cependant, l'ombre du régime fasciste italien, qui avait vu dans le cinéma un outil de propagande et de prestige, commença à peser sur l'événement. Dès la fin des années 1930, le contrôle gouvernemental se fit plus pressant, influençant la sélection des films et l'attribution des prix. L'édition de 1938 fut particulièrement controversée, les jurés étrangers ayant protesté contre l'attribution de la Coppa Mussolini ex aequo à un film italien et un film allemand, perçue comme une décision politique forcée par Rome et Berlin. Cette politisation croissante entraîna le retrait de plusieurs pays et réduisit la portée internationale de la Mostra.

Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la Mostra poursuivit son activité, mais dans un contexte de plus en plus isolé et politisé, servant ouvertement les intérêts de l'Axe. Les éditions de 1940, 1941 et 1942 furent tenues loin du Lido, à Venise, avec une participation internationale très limitée et des sélections reflétant les alliances militaires. L'édition de 1943 fut annulée en raison de l'intensification du conflit et de la chute du régime fasciste. Il fallut attendre la fin de la guerre pour que la Mostra puisse renaître.

Le renouveau eut lieu en 1946, marquant le retour à la normale et une volonté de réaffirmer son caractère international et indépendant. L'édition se déroula de nouveau au Lido et retrouva rapidement sa place parmi les grands rendez-vous cinématographiques. Les années d'après-guerre, en particulier les années 1950, furent l'âge d'or de la Mostra. Elle rivalisait alors avec le Festival de Cannes, créé en 1946, pour attirer les plus grands films, réalisateurs et stars. C'est pendant cette période que le Leone d'Oro (Lion d'Or) fut officiellement établi comme la plus haute récompense pour le meilleur film (le Grand Prix International de Venise fut décerné dès 1947, remplacé par le Lion d'Or en 1949, puis sa dénomination et son statut évoluèrent légèrement avant de revenir à l'appellation actuelle et au statut définitif en 1980). Des chefs-d'oeuvre du cinéma mondial furent primés ou révélés à Venise, contribuant à forger la légende du festival et à lancer des carrières. Des figures majeures du néoréalisme italien aux maîtres européens et américains, tous aspiraient à présenter leur film sur la scène du Lido. Le Palazzo del Cinema, construit en 1937 pour accueillir l'événement, devint le coeur du festival.

Cependant, les turbulences sociales et politiques de la fin des années 1960 n'épargnèrent pas la Mostra. En 1968, dans le sillage des mouvements contestataires mondiaux, le festival fut la cible de manifestations. Des cinéastes, des critiques et des étudiants protestèrent contre la structure institutionnelle, les règles de la compétition et le rôle perçu du festival dans l'industrie. Ces événements entraînèrent une crise profonde. À partir de 1969, la Mostra cessa d'attribuer des prix compétitifs. Pendant une décennie, de 1969 à 1979, elle fonctionna sous une forme non compétitive, présentant des films mais sans jury ni palmarès officiel. Cette période vit le festival perdre une partie de son prestige et de son attractivité par rapport à Cannes, Berlin ou d'autres festivals qui continuaient à fonctionner sous forme compétitive.

Le besoin d'un renouveau se fit sentir. En 1979, Carlo Lizzani fut nommé directeur de la Mostra avec la mission de la relancer. Sous sa direction, en 1980, la compétition fut officiellement rétablie, ainsi que l'attribution du Lion d'Or. Ce fut un tournant décisif. Les années 1980 virent la Mostra retrouver progressivement sa place parmi les festivals majeurs. La sélection s'orienta de plus en plus vers le cinéma d'auteur de qualité, cherchant à découvrir de nouveaux talents et à programmer des œuvres audacieuses. Des réalisateurs comme Wim Wenders, John Cassavetes ou Hou Hsiao-Hsien furent primés durant cette décennie de reconstruction.

Sous la direction de Gian Luigi Rondi (1983-1987) puis de Guglielmo Biraghi (1987-1991), la Mostra continua de se consolider. Les années 1990 et 2000 confirmèrent son statut de festival de "Catégorie A", au même titre que Cannes et Berlin. Les directeurs successifs, comme Gillo Pontecorvo, Peter Cowie, Felice Laudadio, Moritz de Hadeln, Marco Müller, puis Alberto Barbera, qui a dirigé le festival sur plusieurs périodes et continue de le faire aujourd'hui, ont cherché à maintenir l'équilibre entre la tradition et l'innovation. La Mostra est devenue une plateforme privilégiée pour le cinéma d'auteur international, mais aussi un tremplin majeur pour les films américains "artistiques" ou indépendants cherchant à lancer leur campagne pour les Oscars (de nombreux films primés à Venise ont ensuite triomphé aux Academy Awards, comme Brokeback Mountain, Gravity, Birdman, La La Land, The Shape of Water, Roma, Joker, Nomadland).

Aujourd'hui, la Mostra de Venise conserve son aura. Son cadre vénitien incomparable, l'élégance du Lido, la richesse de sa sélection qui allie grands noms et découvertes, et son rôle historique en font un événement incontournable du calendrier cinématographique mondial. Elle continue de servir de vitrine à la diversité du cinéma contemporain, explorant de nouveaux formats et genres tout en célébrant son héritage, et reste un lieu de débat, de rencontre et, bien sûr, de glamour sur le tapis rouge, perpétuant ainsi sa légende initiée en 1932 sur la terrasse de l'Excelsior.

Venise : canal de Noale.
Le rio di Noale (quartier de Cannaregio). Au fond, la Scuola Nuova della Misericordia.
 Â© Photos : Serge Jodra, 2012.


Amable de Fournoux, La Venise des Doges : Mille ans d'Histoire, Pygmalion, 2009. 
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Riccardo Calimani (préf. Elie Wiesel), Histoire du ghetto de Venise, Tallandier, réed. 2008.
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Dictionnaire Villes et monuments
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