| Corinthe, Korinthos. - Ville de la Grèce, située sur l'isthme du même nom, qui lie le Péloponnèse au reste de la Grèce; 32 000 habitants (2007). Elle était célèbre dans l'Antiquité, et était défendue au midi par une forteresse bâtie sur une montagne, et appelée Acrocorinthe, où se trouvait la fameuse source de Pirène. Grâce à ses deux ports, celui de Cenchrées, sur le golfe Saronique, et celui de Léchée, sur la mer de Crissa, Corinthe était devenue l'entrepôt du commerce de l'Europe et de l'Asie, et une des villes les plus riches de la Grèce. Le luxe y était très grand et les moeurs très dissolues. La principale divinité de Corinthe était Aphrodite, dont les prêtresses ruinaient les riches marchands et les étrangers qu'attiraient les jeux solennels de l'isthme; de là le proverbe-: "Il n'est pas permis à tout le monde d'aller à Corinthe. " Les Corinthiens recherchaient et achetaient les chefs-d'oeuvre de l'art; mais ils ne les surent généralement pas produire. L'ordre d'architecture dit corinthien, qui a quelque chose du caractère luxueux des habitants de Corinthe, et dont on attribue l'invention à un architecte de cette ville, appelé Callimaque, qui vivait vers l'an 540 av. J. C., ne remonte pas à une époque aussi ancienne, Les Corinthiens fabriquaient beaucoup d'ouvrages de bronze, d'airain et de terre cuite. Suivant la tradition mythologique, Corinthe fut primitivement fondée par l'Océanide Ephyre, dont elle porta d'abord le nom , et ensuite par l'Éolien Sisyphe. Homère nous montre les habitants l'opulente Corinthe marchant au siège de Troie sous les ordres d'Agamemnon, roi de Mycènes. Après la prise de Troie, toujours selon les récits légendaires, une dynastie issue des Héraclides régna sur Corinthe jusque vers le milieu du VIIIe siècle av. J. C. La famille des Bacchiades se défit alors du dernier roi, Télestès, et institua une oligarchie de marchands, régie par un magistrat annuel, appelé prytane, qui devait être du sang d'Héraclès. Plus historiques sont les récits que l'on peut faire ensuite. En 657, Cypsélus, qui appartenait à la famille des Bacchiades, rétablit la royauté, et eut pour successeur son fils Périandre, mort en 585. Psammétique, fils de ce tyran cruel, ne régna que trois ans, et la royauté, abolie de nouveau, fut remplacée par une république plus oligarchique que démocratique. Corinthe faisait la guerre avec des soldats mercenaires; elle fonda de nombreuses colonies, Syracuse en Sicile, et Corcyre dans l'île de ce nom (Chypre). La protection accordée par Athènes à cette dernière ville contre sa métropole amena, en 421, la guerre du Péloponnèse, dans laquelle Corinthe tint le parti de Sparte. L'or des Perses provoqua en 393 la guerre dite guerre de Corinthe, qui arma cette ville, Athènes, Thèbes et Argos contre Sparte. Corinthe subit, comme le reste de la Grèce, la domination macédonienne, et c'est dans ses murs qu'Alexandre fut proclamé, en 535, chef des forces grecques contre les Perses. Aratus la délivra de ce joug en 243, et en fit le siège de la ligue achéenne. Elle fut prise et ruinée en 146 par le consul Mummius. Rebâtie par César et par Auguste, elle ne put, quoique capitale de la province d'Achaïe, recouvrer son ancien éclat. Saint Paul y fit des conversions au christianisme au milieu du Ier siècle de J. C., et deux des épîtres de l'Apôtre des gentils sont adressées aux Corinthiens. Embellie ensuite par Hadrien, Corinthe fut dévastée par les Hérules à la fin du IIIe siècle, par les Wisigoths à la fin du IVe, et par les Slaves au VIIIe siècle. Les Francs s'en rendirent maîtres en 1205, et l'abandonnèrent bientôt aux Vénitiens. Mehemet Il la réunit à son empire en 1459. Le traité de Carlowitz la rendit aux Vénitiens en 1699; mais les Turcs la leur enlevèrent en 1715. Affranchie de la domination ottomane en 1821, elle appartient depuis lors à la Grèce. Sept colonnes doriques d'un temple supposé de Poséidon sont les seuls restes de son antique splendeur. On jouit, du haut de l'Acrocorinthe, d'une des plus belles vues du monde. | |