| Gênes, surnommée Gênes-la-Superbe, Genua chez les Anciens, Genova en italien. - Grande ville du Nord de l'Italie, au fond du golfe de même nom, avec un magnifique port, à 150 kilomètres au Sud-Est de Turin; 590 000 habitants. Cette ville, bâtie en amphithéâtre, offre un aspect majestueux du côté de la mer, mais elle est assez triste à l'intérieur. Elle a beaucoup de beaux palais en marbre blanc, ornés de sculptures et de peintures, et renfermant plusieurs collections, dont quelques-unes magnifiques. On y remarque trois belles rues (Balbi, Nuova, Nuovissima), deux belles places, le pont Carignan, de superbes églises (Saint Laurent, qui est l'église métropolitaine, l'Annonciade, Saint-Ambroise); la banque Saint-George (dont les règlements remontent à1407); des aqueducs, un grand arsenal naval et militaire, appelé la Darse, de vastes chantiers dits de la Foce; musée d'histoire naturelle, bibliothèques, jardins botaniques, théâtres, etc. Industrie active, et très grand commerce : le port de Gênes est, après ceux de Marseille et de Trieste, le plus important de la Méditerranée. Aux environs, carrières riches en beaux marbres. - Gênes, vu des hauteurs de San Benigno (début du XXe siècle). Gênes paraît avoir été fondée vers 707 av. J.-C., par les Liguriens; elle fut conquise par les Romains et incorporée à la Gaule Cisalpine par Marcellus en 222 av. J.-C.; Magon, frère d'Hannibal, la détruisit pendant la 2e guerre punique (205); les Romains la relevèrent 3 ans après. Elle devint sous les empereurs une ville municipale. Après la chute de l'empire elle appartint successivement aux Hérules, 476, puis aux Ostrogoths, aux exarques grecs, 553, aux Lombards, à Charlemagne. Elle se rendit indépendante sous les successeurs de ce prince (au commencement du Xe siècle), et se donna des consuls. Au XIe siècle Gênes était déjà importante par le commerce et la navigation; elle s'enrichit pendant les Croisades en transportant les Croisés en Asie, et bientôt elle marcha de pair avec Pise et Venise. Elle étendit son territoire à droite et à gauche sur le golfe qui prit son nom, et conquit autour d'elle les côtes Sud-Est et Sud-Ouest du golfe, qui prirent le nom de Riviera ( = Rive) du Levant et Riviera du Ponent. En 1190, Gênes avait remplacé ses consuls par un podestat. Elle eut aux XIIe et XIIIe siècles à soutenir contre Pise une guerre acharnée, dans laquelle elle finit par triompher. Après une victoire navale remportée en 1284, près de l'île de la Melloria, elle enleva à sa rivale Sassari, l'île de Corse, et détruisit les ports de Pise et de Livourne, 1290. Les Génois, ayant puissamment contribué à rétablir sur le trône de Constantinople les empereurs grecs, obtinrent des Paléologues, en récompense, d'immenses avantages. Ceux-ci leur cédèrent les faubourgs de Péra et de Galata (à Constantinople), la ville de Caffa en Crimée, où ils conduisirent une colonie, Smyrne, Scio, Mételin, Ténédos, etc., 1261-1295. A partir de cette époque Gênes entra en lutte avec Venise pour la suprématie en Orient : elle mit cette république à deux doigts de sa perte dans les guerres dites de Caffa (1350-1355) et de Chiozza (1378-1381); mais enfin elle se vit contrainte de céder le pas à sa rivale. Gênes était depuis longtemps déchirée par des dissensions intérieures, surtout par les querelles des Guelfes et des Gibelins, et affaiblie par de fréquentes révolutions; ses habitants changeaient sans cesse de gouvernement: après avoir obéi à des consuls et à des podestats étrangers, ils s'étaient donné en 1257 des dictateurs sous le titre de capitani, puis des protecteurs (1210), qui gouvernaient concurremment avec des abbés du peuple, espèces de tribuns; enfin ils se donnèrent des doges (ou ducs), en 1339. Le 1er, fut Simon Boccanegra; les maisons ducales les plus connues sont les familles nobles des Doria, des Spinola, des Fieschi, des Grimaldi; puis les familles plébéiennes des Adorni, des Fregosi. - Le port de Gênes, vu depuis la mer (XVIIe siècle). Deux fois les Génois, incapables de se gouverner par eux-mêmes, se mirent entre les mains de la France, sous Charles VI (1391) et sous Louis XI (1458); puis ils se donnèrent aux marquis de Montferrat, aux ducs de Milan. Ils avaient déjà perdu au milieu de ces révolutions la plus grande partie de leurs possessions italiennes; l'invasion des Turcs leur enleva leurs établissements sur la mer Noire et dans la Mer Egée (1475). André Doria avait de nouveau soumis Gênes à la France; mais mécontent de François I, il s'allia avec Charles-Quint, affranchit Gênes de la domination française, et lui donna une nouvelle constitution (1528) les doges furent rétablis, mais ils ne furent plus à vie; ils étaient élus pour deux ans, et on leur adjoignait deux consuls et un censeur (André Doria fut le premier censeur). Fiesque conspira, mais sans succès, contre ce nouveau gouvernement (1547). Gênes resta depuis étroitement liée à l'Espagne, et prit parti pour elle contre la France. En 1684, Louis XIV fit bombarder Gênes qui avait insulté son ambassadeur; le doge dut venir en personne lui faire réparation. En 1746, les Autrichiens occupèrent Gênes; ils en furent chassés 3 mois après. En 1768, les Génois cédèrent à la France la Corse, dont ils ne pouvaient plus comprimer les révoltes. En 1796, cette place fut occupée par les Français, et l'année suivante son territoire forma la République ligurienne. En 1800, les Français, commandés par Masséna, soutinrent dans Gênes un siège mémorable contre les Anglais et les Autrichiens; ils furent forcés de rendre la ville, mais ils y rentrèrent peu après. En 1805, l'Etat de Gênes fut incorporé à l'empire français, et forma les départements de Gênes, des Apennins et de Montenotte. En 1814, Gênes fut donnée au roi de Sardaigne par le Congrès de Vienne. | |