| La mer Rouge est une coupure rectiligne qui sépare l'Afrique du plateau d'Arabie. En communication naturelle avec l'océan Indien par le détroit de Bab-el-Mandeb. elle mêle aussi ses eaux à celles de la Méditerranée depuis le percement de l'isthme de Suez. Sa superficie est de 449.000 km². Géologiquement, c'est une fissure récente, qui n'est sans doute pas antérieure au Pliocène et qui est en relation directe, au Nord par le golfe d'Akhabar, avec le Ghor de Palestine, au Sud avec la dépression abyssine de l'Afar, par laquelle elle se rattache à la ligne de fracture des grands lacs africains (Grand Rift). Les manifestations volcaniques ont été nombreuses tout le long de la mer Rouge, et l'île de Djebel Teïr est encore fumante. D'ailleurs, les mouvements du sol se poursuivent; la côte arabique se relève sur la mer Rouge, tandis qu'elle s'affaisse sur le golfe Arabo-Persique. Les côtes de cette zone effondrée sont naturellement abruptes, bordées de rochers. Tandis que le fond du golfe d'Aden est remarquablement plat, le fond de la mer Rouge est montueux; la profondeur n'y dépasse nulle part 1900 m. Les sédiments, dans cette mer presque fermée, sont purement terrigènes, composés de boue et de sable, celui-ci apporté par les vents désertiques d'Afrique et d'Arabie. Parmi les nombreuses îles de la mer Rouge, les unes sont de simples morceaux du continent : Hasani, Disan, Karaman, Lohetyah. Les plus élevées sont volcaniques : Djebel Teïr, Djebel Zebaïr, Djebel Zorikour, les deux Hanich, le cratère de Périm, qui obstrue le détroit de Bab-el-Mandeb. Mais le plus grand nombre des îles sont coralliennes; basses, en voie continuelle d'accroissement, elles sont un obstacle sérieux à la navigation. Le niveau de la mer Rouge est sujet à quelques variations. La marée est imperceptible sur la plus grande partie de la surface. C'est à Suez qu'elle est la plus forte; à marée haute, le niveau est de 0,80 m plus élevé à Suez qu'à Port-Saïd; à marée basse, il n'y a pas de différence. Quand le vent souffle du Sud (mai à octobre), le niveau est plus élevé de 0,60 m que par le vent du Nord (de novembre à avril), au moins dans le Nord de la mer. La mer Rouge est une des mers les plus chaudes du globe; comme dans toutes les mers fermées, la température décroît avec la profondeur, mais seulement jusqu'à la couche qui correspond au fond du seuil de Bab-el-Mandeb, profond de 173 m. A partir de 200 m règne une température uniforme de 21,4 °C, qui est la température moyenne de l'air en hiver. - Carte de la Mer Rouge. Cliquez sur la carte pour afficher une carte muette.Source du fond de carte : Natural Earth. Située dans la région des alizés, la mer Rouge est soumise à une puissante évaporation. La mer Rouge est la mer la plus salée du monde; son coefficient de salinité varie de 3,67 à 3,98. Le poids spécifique, réduit à 16,7 °C, est de 1,02860 en moyenne (1,02970 au Nord de 20° latitude Nord, 1,02720 au Sud). L'évaporation a pour effet de provoquer un fort courant de l'océan Indien vers la mer Rouge, courant qui passe entre la côte africaine et Périm; un courant de sortie se manifeste entre Périm et l'Arabie; mais il n'est au premier que dans le rapport de 4 à 5. La puissance de ces courants est d'ailleurs augmentée ou diminuée, suivant que la mousson souffle du Nord-Est ou du Sud-Ouest. La faune de la mer Rouge est très nombreuse et très différente de celle de la Méditerranée. Il n'y a pas plus de vingt espèces communes. En revanche, cette faune a des affinités avec la faune Pacifique, notamment avec, celle des côtes du Japon. La quantité et la variété des coraux sont plus grands que partout ailleurs, sans doute à cause de la grande égalité de température et de la forte salinité. On aperçoit les formations coralliennes jusqu'à 25 ou 30 m de profondeur. Au moment du renversement de la mousson, surtout en octobre-novembre, la vague rejette de grandes quantités de poissons morts sur la côte de Périm et d'Aden. La mer Rouge a porté ce nom de toute antiquité; cependant les Anciens appliquaient le nom de mer Erythréenne à tout l'océan Indien. On n'est pas d'accord sur l'origine de cette qualification : les uns l'attribuent à la grande quantité des coraux; les autres font de rouge le synonyme de torride; d'autres enfin estiment que le nom vient des hommes rouges, les Pount, qui vivaient sur les deux bords. Elle fut, dès les temps les plus reculés, fréquentée par les navigateurs, entre l'Egypte, le Yémen et l'Inde. C'était aussi le passage des pèlerins vers la Mecque et la Judée. Elle est devenue un enjeu stratégique depuis l'ouverture du Canal de Suez. (L. Marchand). | |