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L'Amérique
L'Amérique du Sud
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Amérique du Nord Antilles
Amérique du Sud
L'Amérique du Sud est une des deux parties du continent américain. Elle s'étend, du nord au sud; de l'isthme de Panama qui la rattache à l'Amérique du Nord par 8°5' de latitude boréale jusqu'au cap Horn par 55°30' de latitude australe sur une longueur d'environ 7500 kilomètres, et, de l'ouest à l'est, du 84e degré de longitude occidentale (pointe Parina), au 37e degré de longitude occidentale (cap Saint-Augustin) sur une largeur d'environ 5000 kilomètres. Elle a une superficie d'environ 18 millions de kilomètres carrés.

Elle a la forme d'un triangle, ou, pour parler plus exactement, elle a, comme l'Amérique du Nord, la forme d'un trapèze dont le sommet est tourné vers le sud; les deux côtés occidentaux, qui sont comme le prolongement l'un de l'autre, s'étendent de la pointe Gallinas à la pointe Aguja, et de la pointe Aguja à l'extrémité occidentale: de la Terre-de-Feu (le cap Horn est dans une île, à l'extrémité sud-est), laissant en dehors tout l'isthme de Panama, et enfermant le golfe d'Arica; ces deux côtés sont bornés par l'Océan Pacifique; le côté sud-est s'étend de la Terre-de-Feu au cap San-Roque avec une proéminence formée par la côte brésilienne; il est borné par l'océan Atlantique; le côté nord-est s'étend du cap San-Roque à la pointe Gallinas, avec une proéminence formée par la Guyane; il est borné par l'océan Atlantique et par la mer des Caraïbes.
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Carte de l'Amérique du Sud.

Carte de l'Amérique du Sud.

Les côtes et les îles

On peut diviser la côte de l'Amérique du Sud en cinq parties :

La côte de la Colombie et du Venezuela.
La côte atlantique de la Colombie et du Venezuela commence à l'isthme de Panama, sur une terre bordée de lagunes; elle s'enfonce pour former le golfe de Darien, devient montueuse avec les derniers promontoires des Andes, projette la presqu'île Guajira terminée par la pointe Gallinas et la presqu'île Paragouan qui bornent le golfe du Venezuela, lequel communique avec le lac de Maracaïbo; elle est bordée ensuite par la Cordillère du Venezuela jusqu'au delta bas et marécageux de l'Orénoque.

En face de cette côte, s'aligne la rangée des îles Sous-le-Vent, Curaçao, etc.;

La côte de de Guyane.
Basse, marécageuse, la côte de la Guyane est bordée de mangliers et de palétuviers qui se dressent au-dessus de l'eau portés sur leurs racines comme des échassiers sur leurs longues jambes; elle est çà et là découpée par les estuaires des nombreux cours d'eau qui descendent du plateau;

La côte du Brésil.
La côte du Brésil commence sous l'équateur, à la vaste embouchure de l'Amazone, séparée en deux branches par la grande île Marajo; cette côte, bien arrosée et généralement montueuse vers son extrémité orientale, déjà bordée  quelques récifs, se dirige à l'est-sud-est, jusqu'au cap San Roque. Là, vers le 5e degré de latitude méridionale, elle tourne brusquement au sud, puis au sud-ouest; elle est, dès lors, presque partout montueuse, bordée de récifs, avec quelques profondes et belles baies, baie de tous les Saints, la baie de Rio-de-Janeiro, baie de l'île Grande, quelques bancs de sable (Parcel las Paredes, etc.) et plusieurs caps importants, cap Saint-Augustin, cap Saint-Thomas, cap Frio. Au sud de l'île Sainte-Catherine, elle est bordée par de grandes lagunes (lac de los Palos, etc.). Elle se termine à l'estuaire de la Plata, dont le courant, comme celui de l'Amazone, se fait sentir au loin dans l'Océan.
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Plage de Prainha, à Itacare (Brésil).
Plage de Prainha, à Itacare (région de Salvador, Brésil)
Photo : Marcio Filho / MTUR.

La côte atlantique méridionale.
La côte méridionale, généralement basse et plate, partout aride et déserte, mais présentant un contour plus accidenté que la côte du Brésil : cap Corrientes, golfe Saint-Matthias , presqu'île Saint-Joseph, golfe Saint-George, cap Blanc, etc. Depuis la presqu'île Saint-Joseph la côte se relève un peu; mais elle n'est pas plus hospitalière : ce ne sont que collines sablonneuses et plages désertes.

A l'est, à 600 kilomètres environ en pleine mer, sont les îles Falkland (ou Malouines), îles rocheuses, couvertes en partie de tourbières et de marais, et, à 1100 kilomètres plus loin, l'île de Saint-George.

Au sud de la Patagonie, dont le cap Froward (anc. Morro de Santa Águeda) est la pointe la plus méridionale, s'étend la Terre-de-Feu, terre froide, d'un aspect sombre, enveloppée de brume, offrant cependant au regard plus de verdure que la côte de Patagonie, toute bordée à sa partie méridionale d'îles et d'îlots volcaniques (île des Etats, séparée de la Terre-de-Feu par le détroit de Le Maire, etc.), dont le plus méridional renferme le cap Horn, pointe extrême de la terre américaine.

La Terre-de-Feu est séparée du continent par le long (500 km) et tortueux détroit de Magellan que bordent d'un côté les arides montagnes de la Terre-de-Feu, et de l'autre les collines de la Patagonie entrecoupées de vallées verdoyantes;

La côte du Pacifique.
La côte de l'océan Pacifique est beaucoup plus uniforme que celle de l'Atlantique. Au sud, dans la Patagonie, les Andes tombent à pic dans la mer en formant de profonds bords et un long chapelet d'îles rocheuses (Terre de la Désolation, laquelle doit son nom à l'aridité de sol, île de la reine Adélaïde, île Wellington, île Chiloé, etc.); c'est un aspect semblable à celui de la côte septentrionale de l'Amérique du Nord; les mêmes causes, les volcans ont produit les mêmes effets. Par ailleurs, de fortes marées battent ces rivages parés jusqu'au bord des vagues d'une riche végétation forestière.

Au centre, le courant de Humboldt venu de la région polaire longe la plaine située au pied des Andes, dont la côte n'affecte pour ainsi dire aucun accident particulier  (sauf quelques îles, îles Juan-Fernandez en mer et de nombreux îlots sur la côte, îles Chincha, etc.); on y note simplement, au pied des montagnes, une vaste courbe, dite golfe d'Arica. Cette côte est assez fertile au Chili, morne et nue dans le désert d'Atacama, généralement sablonneuse et aride au Pérou, partout privée d'eau douce.
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Ile Alexandre Selkirk (Iles Juan Fernadez, Chili).
Paysage de l'île Alexandre Selkirk, dans les îles Juan Fernadez, à l'Ouest du Chili.
Elle doit son nom au marin qui a inspiré le personnage de Robinson Crusoë à Daniel Defoe.
Photo : Patrizio Novoa Quezada; licence : Creative Commons.

Au nord de la pointe Aguja, la côte présente, un aspect plus varié, avec la baie de Guayaquil, divers caps (cap San Lorenzo, cap San Francisco) et le profond golfe de Panama, que borne, à l'ouest, le cap Mariato.

A 1000 kilomètres en mer, sont les îles Galapagos.

Le relief du sol

L'Amérique du Sud est au point de vue du relief le pays des contrastes. Nulle part au monde l'opposition n'est plus nettement marquée entre les montagnes d'une hauteur considérable et les plaines basses, les vallées profondes. Six millions de km² appartiennent aux premiers, sur près de douze millions s'étendent les autres. Le long du Pacifique se dresse la chaîne des Andes, longue de 8000 km, couvrant plus de 2,000,000 de km², très escarpée du côté de l'Ouest, en pente moins rude du côté de l'Est.

La Cordillère de Andes.
Les Andes de Colombie.
Les Andes de la Colombie vont en divergeant : on distingue d'abord trois chaînes principales, puis, à mesure qu'elles s' éloignent les unes des autres, des chaînes secondaires de plus en plus basses. 

Les Andes de l'Equateur.
Au contraire, les Andes de l'Équateur se distinguent parmi toutes les autres par la régularité et la symétrie du plan suivant lequel elles sont disposées elles forment une ellipse presque parfaite. 

Les Andes du Pérou et de la Bolivie.
Au contraire, les cordillères du Pérou et de la Bolivie offrent le plus grandiose enchevêtrement de vallées creuses, de plateaux complètement cernés par des volcans couverts de neige et des montagnes pelées. 

En Bolivie, où les deux chaînes principales ont leur écartement maximal. Entre les deux se situe un vaste plateau, l'Altiplano bolivien, qui peut atteindre une alititude supérieure à 4000). Le plateau, qui déborde sur le Pérou et le Nord de l'Argentine, renferme plusieurs lacs asséchés (salines), et aussi le plus haut lac navigable du monde, le lac Titicaca (altitude 3813 m).
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Le mont Artesonraju (Andes du Pérou).jpg
Les Andes Péruviennes. A droite, de forme pyramidale, le mont Le mont Artesonraju. 
Photo : Carsten ten Brink; licence : Creative Commons.

Les Andes du Chili.
Les Andes du Chili se dressent tout à coup à des hauteurs que les Alpes d'Europe ou même le Caucase ne connaissent pas : l'Aconcagua, le géant de cette section, situé en Argentine, à la frontière avec le Chili, élève à 6834 ses dernières cimes. A partir de cette montagne la chaîne des Andes, de simple qu'elle était, devient double ou triple; ses ramifications enferment de nombreuses vallées longitudinales, ou des plateaux très élevés. Les passes qui conduisent des bords du Pacifique aux plaines orientales sont à de grandes hauteurs. Une atmosphère limpide et sèche donne un relief extraordinaire aux objets lointains; le sol est saturé de sel.

Les Andes de Patagonie.
Les Andes de la Terre-de-Feu, celles de Patagonie s'élèvent comme par soubresauts de 200 à 2200 m et sont hérissées de volcans en éruption. 

Les plateaux à l'Est des Andes.
A l'Est des Andes s'étend la grande plaine de l'Amérique du Sud qu'encadrent au Nord le plateau de la Guyane à l'Est, à l'Est le plateau brésilien, vaste massif dont l'étendue dépasse 2,750,000 km² et qui couvre la sixième partie de l'Amérique; au Sud le plateau de Patagonie. Dans ces massifs, les ondulations en pente douce du terrain correspondent à des formations cristallines de granits et de gneiss; les pentes plus raides, comme celles des hauteurs de Guyane et du Brésil, sont généralement formées par du grès. 

Le massif de Guyane.
La partie sud-est des hautes terres de la Guyane s'élève jusqu'à dépasser couramment les 2000 m. Il atteint les 2772 m au mont Roraima et culmine même à 3014 m au pic de Neblina, à la frontière du Vénézuela et du Brésil. Le relief, souvent abrupt, se manifeste en maints endroits, en particulier dans la région de la Gran Sabana, à l'Est du Vénézuela, sous la forme de montagnes tabulaires appelées tepuys. Le Roraima en donne un exemple. (A l'opposé, le pic de Neblina affecte la forme d'un pic étonnamment élancé).
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Venezuela : le mont Roraima.
Le mont Roraima, à droite, est le tepuy ( = montagne tabulaire) le plus élevé du monde : son 
sommet atteint les 2835 mètres. Sur la gauche se trouve tepui Kukeras. Source : the World Factbook.

Le plateau Brésilien.
Le plateau qui occupe pratiquement la moitié Sud-Est du Brésil est formé principalement par des couches de grès calcaire. Il s'élève le long du littoral pour former plusieurs chaînons alignés, et atteint 2892 m au Pico da Bandeira, dans la Serra do Caparaó. Les vestiges d'épanchements de lave (basaltes, intrusions de dolérite) sont aussi à signaler dans ces montagnes escarpées, par exemple dans le sud du Brésil et au nord-ouest de l'Uruguay.

Le plateau de Patagonie.
Les hautes terres brésiliennes tendent à s'abaisser vers l'intérieur. En revanche, le plateau de Patagonie, composé de roches cristallines, laves et grès et au relief plus raide, s'élève par paliers à l'ouest, vers les Andes, jusqu'à atteindre 1500 m d'altitude. 1500 m d'altitude. 

Les plaines.
Des montagnes du Vénézuela au golfe de Saint-Georges se déroulent d'interminables plaines, des forêts immenses, des steppes sans limites; au Nord les llanos de l'Orénoque sur plus de 880,000 km²; au centre la selva de l'Amazone, 7,500,000; au Sud les pampas de la Plata dont l'aire est d'environ 4,200,000 km² qu'occupent soit des prairies où paissent d'innombrables troupeaux, soit des forêts, soit enfin des lagunes desséchées en partie. La pente de ces plaines est à peu près insignifiante; à peine du point le plus élevé au bord de la mer la différence de niveau est-elle de 300 m. C'est à l'horizontalité de ces espaces que les fleuves de l'Amérique du Sud doivent leur caractère spécial de grandeur et de majesté.
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Pampa, en Argentine.
La Pampa s'étend jusqu'aux premiers contreforts des Andes, dans la région 
du lac Argentino (Argentine).  Photo : Andrés Soliño.; licence : Creative Commons.

Géologie de l'Amérique du Sud

En thèse générale, la disposition des couches de terrain est déterminée par l'orographie, et les surfaces occupées par les mêmes roches sont considérables. La simplicité de cette structure apparaît au premier coup d'oeil jeté sur une carte géologique. Dans l'ouest et dans le Nord-Est, à l'angle brésilien, dominent les couches anciennes : tout le long de la côte du Pacifique s'étendent d'énormes bandes de granit, de gneiss et de schistes cristallins, interrompues et disloquées par les mouvements tectoniques. A peine existe-t-il, de distance en distance, quelques lits de terres jurassiques ou crayeuses. Au contraire, les couches modernes ou tertiaires couvrent de leurs nappes uniformes d'immenses espaces intérieurs et les vallées des deux grands fleuves l'Amazone et la Plata. Quelques îles de formation ancienne y surnagent en moindre proportion que les bancs sporadiques dans le Pacifique oriental. On pourrait, avec un peu de complaisance, comparer l'Amérique du Sud à un tronc humain, dont la colonne vertébrale et le thorax seraient constitués précisément du 45e degré de latitude Nord au 50e degré de latitude Sud, par les terrains primitifs, les côtes et le dedans par des roches plus récentes. En rapprochant les observations de détail faites  dans les divers pays, on peut donner la liste suivante qui montrera la répartition des principaux terrains. 

Terrains paléozoïques.
Granit, gneiss, schistes agglomérés et hornblende. 
La masse principale des terrains cristallins se trouve dans les hautes terres du Brésil. Leur importance économique est considérable à cause des dépôts d'or très riches qui s'y trouvent et des pierres précieuses que les eaux détachent de l'intérieur des montagnes et entraînent dans le lit des rivières. A. de Humboldt évaluait à 1,377,000 km² la superficie des terrains granitiques de la sierra Parima. 

Glissant par dessous les couches plus modernes des bassins du rio de la Plata, le granit reparaît en îlots dans les pampas de l'Argentine. Le gneiss forme une longue bande de Bahia à la province Santa-Catalina. Il est associé avec le granit pour former l'ossature des Andes du Chili, il domine sur les côtes du Pérou, de l'Equateur et de la Colombie. Au contraire, le granit est presque seul à constituer la masse des Andes de Bolivie. Enfin, il forme presque toutes les montagnes de Trujillo à Darien. 

Schistes ardoisiers.
Cette roche domine dans la sierra dos Vertentes et près de Cuyaba, dans la partie occidentale de l'Argentine. On le trouve associé à de riches minerais de fer, au Chili. 

Grès schisteux, quartz, talc. 
Ces couches sont célèbres par les énormes failles qu'y ont déterminées les mouvements des couches voisines (da Minas Geraes). On y trouve des diamants, des topazes, de la tourmaline, du chrysobéril, etc. On évalue l'épaisseur de ces terrains à plus de 3 km. 

Etage silurien.
l'étage silurien forme une partie de la Bolivie orientale. On le rencontre sur le plateau et les flancs de la Cordillère, avec des bancs de charbon. 

Etage dévonien. Grauwacke.
Les terrains dévoniens abondent aussi en Bolivie et forment la masse des îles Falkland. 

Charbon, grès et calcaires carbonifères. 
Ces terrains forment des îles et passent dans le continent sud américain. Au Pérou, au nord-ouest de l'Argentine, et dans le bassin inférieur de l'Amazone, on a des bassins houillers d'une grande étendue. Les provinces brésiliennes du sud-est en sont aussi dotées.

Terrains mésozoïques.
Trias. 
Des couches puissantes de dolomite, d'argile bigarrée et de grès argileux sont présentes en Bolivie, au Pérou, dans la région de Lima et dans le bassin du rio Magdalena. 

Porphyre.
Le porphyre s'étend en bancs compacts sur le flanc occidental des Andes, de Chiloé à Panama. Il est interposé entre des couches de formation plus récente.

Crétacé.
La craie est répartie en deux longues bandes, dont l'une s'étend des environs de Caracas aux sources du Beni et constitue la chaîne de partage entre les bassins du rio Magdalena et de l'Orénoque. L'autre s'étend du Pilcomayo au cap des Vierges. Il en existe d'énormes dépôts au Pérou, en Equateur et dans les bassins fermés de l'intérieur des Andes. 

Grès rouge.
Le grès rouge est  abondant au Nord et à l'Ouest du Brésil, il est aussi disposé parallèlement aux Andes en un long ruban qui s'étend des côtes du Venezuela au détroit de Magellan, tantôt largement épanoui, tantôt rétréci, parfois même plongeant sous les couches de terrains plus modernes, pour reparaître à la surface beaucoup plus loin. C'est un des éléments les plus importants de l'Amérique du Sud, c'est aussi un de ceux dont les métamorphoses et les étonnantes dispositions ont donné lieu aux plus vives controverses entre les géologues. 

Porphyre, mélaphyre, trachyte, diorite.
Ces roches provenant des éruptions volcaniques anciennes, leur soulèvement a disloqué les bancs de grès rouge et donné aux Andes leur forme actuelle. Les nappes de basalte ont fermé une partie du sol de la Patagonie; il en existe très peu dans la partie orientale.

Terrains cénozoïques.
Tertiaire. 
Les divers étages d'Eocène, Pliocène et Miocène occupent plus de la moitié du sol sud américain. Le calcaire est très étendu au Venezuela, en Colombie et dans d'autres portions du continent, le miocène s'est moulé dans le creux des vallées chiliennes; au Pérou et au Chili, la province d'Atacama il en existe de vastes dépôts près de la côte et entre les montagnes. 

Pléistocène. 
Le Pléistocène forme presque tout le sol des Pampas et des Llanos du Venezuela. 

Dépôts d'alluvions.
On rencontre des dépôts d'alluvions, surtout au Brésil, en Argentine, au bord de la Guyane. On peut associer à ces formations récentes les immenses couches de tourbe, et même les dépôts d'origine animale, tels que les guanos du Pérou. 

Volcans. 
La surrection des Andes est causée par rencontre des plaques pacifiques de la Nazca et de Cocos avec la plaque sud-américaine (zone de subduction). Ce phénomène explique aussi le volcanisme et la seismologie de cette région. Les volcans d'Amérique du Sud  sont ainsi rangés le long du Pacifique (portion orientale de la ceinture de feu du Pacifique). Les volcans actuellement actifs  se regroupent dans  trois zones : le sud de la Colombie et l'Equateur; le sud du Pérou et la frontière entre la Bolivie et le Chili; et le Chili du Sud. 

Le volcan le plus éloigné du littoral est le Tolima, à 5616 m d'altitude et à plus de 200 km de la côte; à partir de ce sommet s'alignent des montagnes de feu, dont le nombre est de 31 volcans actifs. En Equateur, au Pérou, en Bolivie, des cratères énormes ont des altitudes qui dépassent celle du mont Blanc; le Sangay, dans le groupe elliptique de l'Equateur, passe pour l'un des plus formidables des volcans terrestres. Le nombre des volcans éteints est plus considérable encore. L'action des gaz qui s'échappent des entrailles de la terre, sur les couches superficielles du sol, est aussi un élément capital de l'évolution géologique dans l'Amérique du Sud. 

Chaque volcan est un gigantesque laboratoire, autour duquel s'amoncellent des dépôts de sels et de composés chimiques, comme les scories autour des hauts fourneaux. Le plus méridional des volcans de l'Amérique du Sud est le Corcovado, par 43° 10' de latitude Sud. Les tremblements de terre ne sont nulle part au monde (sauf, peut-être, en Indonésie), aussi fréquents et aussi terribles que dans l'Amérique du Sud, le long des Andes; il ne faudrait pas croire, pourtant, que les régions orientales en soient préservées : le Brésil et l'Argentine les éprouvent comme le Chili et la Colombie, mais moins souvent et sans en souffrir autant. 

Hydrographie de l'Amérique du Sud

Du 5e au 38e degré latitude Sud, le versant occidental des Andes est d'une extrême pauvreté en pluies. Au contraire le versant occidental et les plaines qui s'étendent au pied des montagnes sont soumis au régime des pluies tropicales et équatoriales. Aussi, tandis que du côté du Pacifique la limite des neiges perpétuelles est à 5620 m, dans les Andes du Pérou elle descend à 4850 m du côté de l'Atlantique. De ces montagnes et de ces glaciers sortent des rivières puissantes : 

L'Amazone est le plus grandiose de tous les courants du globe. Formé de rivières monstres en comparaison desquelles la Seine n'est qu'une rigole et le Rhin un ruisseau, il a l'avantage de couler presque parallèment à l'équateur, de façon que ses affluents de droite et ses affluents de gauche grossissent tour à tour sous l'influence des pluies tropicales. 

De son bassin on peut passer sans obstacle dans celui de l'Orénoque au Nord, ou dans celui du rio de la Plata au Sud. Ces trois réseaux hydrographiques correspondent aux trois grandes divisions de la plaine de l'Amérique méridionale : l'Orénoque arrose les Llanos, l'Amazone les Selvas, la Plata (réunion des eaux du Paraguay-Parana et de  l'Uruguay)  les Pampas. Ces trois fleuves ouvrent à travers le continent des routes qui seront longtemps encore les plus commodes voies de pénétration à l'intérieur. On peut arriver par l'Amazone jusqu'à 300 km seulement de la côte du Pacifique. 
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Eaux de l'Amazone et du Rio Negro, à Manaus (Brésil).
La rencontre des eaux limoneuses de l'Amazone (Rio Solimões) avec celles, sombres, du
Rio Negro, à Manaus (Brésil). Les deux courants ne se mélangent qu'après 6 kilomètres environ.
Photo : Ana Claudia Jatahy / MTUR.

Outre ces trois grands fleuves de plaines, l'Amérique du Sud possède un grand nombre de cours d'eau qui ont des bassins nettement délimités par des montagnes. Les principaux d'entre eux sont : l'Atrato et le Magdalena qui coulent du Sud au Nord; les fleuves des Guyanes : l'Essequibo qui est aussi grand que la Loire, la Demerara, le Corentine, le Surinam, le Maroni et l'Oyapock; leur bassin est tout en longueur; dans les montagnes du Brésil coulent le rio São Francisco, le Parnaíba, etc. Ils arrosent de minces bassins côtiers, mais ils seraient de grands fleuves dans la petite Europe. 

Le plateau de Patagonie est coupé dans son milieu par une ligne de lagunes et de lacs salins où se perdent les courants qui descendent des Andes et ne réussissent que dans les saisons pluvieuses à se traîner jusqu'au courant de la Plata. Au Sud de l'estuaire du grand fleuve le continent s'est assez aminci pour que la pente du sol, de l'arête des Andes à la mer soit partout sensible; on y trouve des fleuves comme le Colorado, le rio Negro (1250) et les rivières de Patagonie au tracé très vague, très indécis, et encore le Deseado, le Chico et la Santa-Cruz par où s'écoulent dans l'Atlantique les eaux de lacs de montagnes dont l'un, le Viedona, vaut trois fois le lac de Genève pour la superficie.
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Lac Titicaca.
Iles du lac Titicaca. Photo : Stefan Krasowski; licence : Creative Commons.

Enfin sur le plateau de la Bolivie et du Pérou qui reproduit avec d'autres proportions le plan du Grand Lac Salé, se trouve à 3824 m d'altitude le bassin du lac Titicaca dont le trop plein va se perdre dans la pampa Allaguas, tantôt plaine aride, tantôt marais. 

Le versant oriental de l'Amérique du Sud n'a pas de rivière importante. Les ruisseaux qui ravinent les vallées transversales des Andes ne sont même pas assez naissants pour que leur embouchure serve de port.

Longueur des principaux fleuves d'Amérique du Sud (km)

Caraïbes - Guyanes
 
Magdalena
Orénoque
    Apure
1700
2160
670

Bassin de l'Amazone
 

Amazone
    Madeira - Mamoré
    Purus
  Japura (Caqueta)
  Rio Negro (Brésil) 
        Casiquiare
    Tapajoz
  Ucayali
          Urubamba
     Apurimac
  Napo
    Huallaga
6517
3500
3380
2800
2200
320
1980
1600
880
800
900
700
-Divers Océan Atlantique
 
Tocantins
São Francisco
Colorado (Argentine)
Rio Negro (Argentine)
2640
3161
1150
900

Bassin de la Plata
 

Uruguay
Parana
  Paraguay
    Pilcomayo
1580
2250
2206
2500

Océan Pacifique
 

Loa
Daule - Guayas
Biobío
440
390
380

Le climat

D'un point de vue climatique, l'Amérique méridionale peut se diviser en trois grandes zones :

La zone inter-tropicale.
La zone inter-tropicale se divise elle-même en deux parties : la partie au nord de l'équateur dont la saison pluvieuse est d'avril en août, et la partie au sud de l'équateur dont Ia saison pluvieuse est de janvier à mai. (La saison pluvieuse n'est pas la seule qui donne de la pluie; ainsi, à Georgetown (Guyana), plus de la moitié de la somme des pluies de l'année tombe dans les quatre mois d'avril, mai, juin et juillet; mais il en tombe une assez grande quantité en novembre.)

Entre la saison pluvieuse et la saison sèche, la différence de température est très légère (la moyenne de l'été dans la plaine de I'Amazone n'excède que de 3 degrés la moyenne de l'hiver), parce que, dans les plaines basses de la zone torride, l'égalité des jours et des nuits ne permet pas de grandes inégalités de chaud et de froid. Les pluies sont très abondantes; par exemple, à Georgetown, la pluie mesure en moyenne au pluviomètre, et la température moyenne est d'environ 26 °C; à Rio de Janeiro (Brésil), sur la limite de la zone tropicale, la pluie n'est que de 1,17 m, et la température de 23,5 °C. Mais cette égalité de température n'existe que dans les plaines et sur les côtes dites terres chaudes. A mesure qu'on s'élève sur les plateaux, on trouve un climat plus tempéré; dans la haute région des Andes, dite Sierra, sont les terres froides, et même, au-dessus de 3700 mètres, les neiges éternelles. La côte orientale, quoique très chaude, est quelque peu rafraichie par l'alizé du nord-est. Sous l'équateur, dans la grande plaine de l'Amazone, ce vent, qui souffle directement et constamment de l'est, ne permet pas a la température de s'écarter beaucoup de la moyenne de 27 °C. Sur toute la côte orientale, d'ailleurs, la brise de mer, qui succède le jour à la brise de terre, rend plus supportable la chaleur. La côte occidentale, au contraire, excepté en Équateur, n'a pas ces vents bienfaisants et est toujours sèche et brûlante; certaines parties du grand plateau brésilien (entre le Parnaíba et le Sao Francisco) sont exposées aussi à de grandes sécheresses. Quoique le thermomètre s'élève en général moins dans la saison pluvieuse, l'humidité dont l'atmosphère est chargée y rendent la chaleur beaucoup plus lourde et plus désagréable ; dans le Gran Chaco, les lagunes dites « esteros » produisent par l'évaporation un tel abaissement de la température que les gelées blanches pendant la nuit n'y sont pas rares.

La zone tempérée.
La zone tempérée s'étend du tropique du Capricorne jusque vers 4°S. Elle a des froids rigoureux sur les sommets et sur les hauts plateaux des Andes. Elle est fort chaude en été dans les Pampas, sujette à de fréquents orages et à de grands changements entre la température très fraîche des matinées et la température quelqufois brûlante des après-midi. Le climat, plus ternpéré l'été sur les côtes que rafraîchit la brise de mer, n'est jamais froid l'hiver; la température moyenne des mois de décembre, janvier, février et mars est de 27° à Santiago (Chili), et celle des mois de juin, juillet et août de 12 °C. A Montevideo (Uruguay) la neige est inconnue; mais la ville est exposée, malgré les orages, à de très grandes sécheresses et à des vents très violents que rien n'arrête dans les plaines des Pampas, surtout au pampéro, vent du sud-ouest, qui souffle après les orages. Plus fréquents cependant sont, dans cette zone, le vent du sud-est, vent froid, sur le littoral, et, dans l'intérieur, les vents du nord et du sud qui longent les Andes. Au Paraguay et généralement sur les bords des rivières, le climat est chaud et humide.

La zone méridionale.
La zone méridionale s'étend au sud du 42e degré; elle est relativement froide, balayée par des vents terribles, exposée à une extrême sécheresse; elle est quelquefois couverte de neige l'hiver à une latitude qui, en Provence, permet à l'oranger de donner ses fruits en pleine terre. Cependant l'extrémité méridionale, quoique souvent perdue dans les brouillards (Terre de Feu), jouit, surtout dans la partie orientale du détroit de Magellan, d'un climat maritime assez doux. La côte occidentale, à cause des montagnes et du courant froid de Humboldt, a une température beaucoup plus rigoureuse.
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Isothermes de janvier
Isothermes de juillet
Précipitations
Zones de végétation
Cliquez sur les cartes pour les agrandir.

Biogéographie de l'Amérique du Sud

Flore
Nous distinguerons dans la végétation de l'Amérique du Sud sept flores naturelles; 1° la flore de la Guyane; 2° la flore de l'Hylaea ou du Brésil équatorial; 3° la flore du Brésil; 4° la flore des Andes tropicales de l'Amérique méridionale; 5° la flore des Pampas; 6° la flore du Chili ; 7° la flore antarctique américaine.

Flore de la Guyane. 
La végétation du littoral maritime de la Guyane est caractérisée par des forêts de
Palétuviers qui comprennent des Rhizophores, des Avicennia, des Ficus (Artocarpées) et des Laguncularia (Combrétacées). Ces Palétuviers, qui retiennent le limon des fleuves, sont doués d'une telle vitalité que l'on voit souvent, là où le flot s'élève à 7 m de hauteur, les vagues  se briser par-dessus les couronnes de feuilles, sans nuire à leur croissance.

Les formes végétales qui prédominent dans les forêts pluviales de la Guyane sont les Légumineuses et les Rubiacées. Le Mora (Dimorphandra excelsa, Légumineuse de la forme du Tamarin, s'élève jusqu'à 60 m et dépasse le dôme de feuilles de la forêt pluviale. Mentionnons encore, parmi les lianes, les Légumineuses, les Sapindacées, les Malpighiacées, les Apocynées, les Smilacées, les Convolvulacées et les Passiflorées; parmi les Epiphytes, les Orchidées, les Pipéracées, les Fougères. 

Au nombre des végétaux de ce domaine qui possèdent une organisation particulière figurent : la Pandanée de l'isthme, qui se rattache à la flore des Palmiers nains et que l'on emploie dans la fabrication des chapeaux de Panama (Carludovica palmata); le Phytelephas, auquel on doit l'ivoire végétal; le Palmier à chapeaux (Manicaria saccrifera), dont les gaines florales ont reçu de la nature la forme d'une coiffure conique toute faite; l'arbre à vache (Galactodendron) des montagnes du Venezuela, dont le suc laiteux se rapproche, par sa composition chimique, du lait animal. 

Les familles de plantes vasculaires qui prédominent dans la Guyane sont les suivantes : Légumineuses, Fougères, Orchidées,  Rubiacées, Mélastomacées, Cypéracées, Graminées, Synanthérées, Euphorbiacées, Apocynées, Malpighiacées, Myrtacées, Pipéracées et Palmiers.

Flore de l'Hylaea ou du Brésil équatorial. 
Les forêts de l'Hylaea renferment parmi leurs essences les plus caractéristiques la Myrtacée qui fournit les noix du Para (Bertholletia excelsa) et le Cacaoyer (Theobromna Cacao), dont les fruits sont récoltés en mars et en avril. Les Palmiers les plus remarquables de l'Hylaea sont le Palmier urucuri (Attalea excelsa) qui, avec une hauteur de 13 à 17 m, constitue des taillis épais et ombragés par les couronnes de ses feuilles, et le Palmier bacoba (Oenocarpus distichus), remarquable par la disposition distique de ses feuilles. Les Bombacées, les Guttifères et les Vochysiacées sont particulièrement caractéristiques de la flore de l'Hylaea. Viennent ensuite, parmi les familles les plus caractéristiques, celles dont les noms suivent : Légumineuses (Caesalpiniées et Mimosées), Mélastomacées, Myrtacées, Sapindacées, Malpighiacées, Rubiacées, Apocynées, Bignoniacées, Solanacées, Lauriacées, Broméliacées et Palmiers. Parmi les produits végétaux qui sont dans l'Hylaeea (Brésil équatorial) l'objet d'un important commerce, nous citerons le caféier que les Portugais ont naturalisé dans cette région, vers la fin du XVIIIe siècle, la noix du Para, le caoutchouc américain (Siphonia elastica), le cacao, la vanille et la salsepareille (Smilax papyracea).
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Amazonie : région de Barcelos, au Brésil.
La déforestation en Amazonie (région de Barcelos, au Brésil). De moins en moins de forêt
primaire, de plus en plus de zones cultivées... Photo : Mario Oliveira / MTUR.

Flore du Brésil. 
Les formes les plus remarquables des forêts humides du Brésil sont les Cocoïnées (Cocos, Attalea), les Fougères arborescentes, les Bambous du genre Guadua, les Pisangs (Heliconia), les Vochysiacées, les Ochnacées, les Légumineuses de la forme Tamarindus, au nombre desquelles figurent le Dalbergia nigra et le bois du Brésil (Caesalpinia echinata). Dans les forêts des Campos dominent les épiphytes du genre Loranthus; mais les Orchidées aériennes y sont très rares. 

Les Mélastomacées, les Myrtacées, les Malpighiacées offrent ici une riche série d'espèces. Citons encore un singulier genre de Synanthérées (Lychnophora), de la forme Erica, et les buissons formés par les Eriocaulon (Restiacées) qui, par leurs capitules floraux, rappellent les Synanthérées ligneuses. Le sol des Campos est recouvert en maintes places par les feuilles piquantes des Ananas. A la sierra dos Orgaos, près de Rio, vit sur les rochers, à 1600 m d'altitude, un Tillandsia qui reçoit une grande quantité d'eau au fond de sa rosette foliaire. Dans ces réservoirs, et là seulement, nage une Utriculaire (Utricularia nelumbifolia), qui se propage à raide de stolons que l'on voit s'allonger et plonger au fond de la rosette d'un autre Tillandsia.

La végétation des savanes est caractérisée par les Vellozia et les Barbacenia, qui recouvrent des espaces considérables dans les hautes plaines aurifères du Brésil. Les forêts du Brésil ont été distinguées par les habitants à l'aide de désignations particulières. Le mato virgem est la forêt primaire qui correspond à l'est de l'Hylaea; le capoeira représente la même forêt éclaircie, et le capoes (île toujours verte), les parties toujours vertes de la forêt. La végétation du mato virgem renferme le Lecythis, le Bertholletia (Myrtacées), l'Astrocaryum Ayri (Palmiers); le Cecropia (Urticées), des Fougères arborescentes, de nombreuses épiphytes (Aroïdées, Orchidées, Broméliacées); des lianes (Malpighiacées, Bignoniacées, Asclépiadées). Dans les capoes dominant les Myrtacées, Vochysiacées, Anonacées, Lauracées, Rubiacées, Combrétacées, Sapindacées, etc.

Les Pantanals (forêts primaires de la zone méridionale) possèdent plusieurs Palmiers remarquables, tels que : Cocos capitata, Euterpe oleracea, Oenocarpus Bacaba, Iriartea exorrhiza, des Bromélias, des lianes, des épiphytes. 

Les Catingas, c.-à-d. les forêts des savanes qui perdent leur feuillage périodiquement, sont richement représentées : à Bahia, par les Cavanillesia, Chorisia (Bombacées), Bursera, Spondias (Burséracées), Caesalpinia, Erythrina (Légumineuses); à Ceara, par des Mimosées, Combrétacées, Chrysobalanées; à Goyaz, par les Qualea, Salvertia, Vochysia (Vochysiacées), Albertinia (Synanthérées); à Minas, par des Acacias, Andira, Copaifera (Légumineuses), Choriste, Bombax (Bombacées), Jacaranda (Bignoniacées. 

Les Pinheiros sont bien caractérisés par une Conifère, l'Araucaria brasiliensis. 

Dans les Capoeiras, on signale surtout les Aegiphila, Lantana (Verbénacées), Sloanea (Tiliacées), Cordia (Borraginées), Melinis minutiflora (Graminées), etc. Signalons enfin, parmi les plantes  du Brésil, le Cephaelis Ipecacuanha des forêts primaires du Mato Grosso et le Pilocarpus pennatus, qui rendent à la thérapeutique des services signalés.

Suivant Burchell, les familles les plus riches en espèces de la flore brésilienne seraient les Synanthérées, les Graminées, les Rubiacées, les Malvacées, les Mélastomacées, les Myrtacées et les Légumineuses.

Flore des Andes tropicales de l'Amérique méridionale. 
Dans les Andes équatoriales (16° lat. N. à 10° lat. S.) nous distinguerons : 1° la région tropicale (0 m - 1592m); 2° la région tempérée (1592 m - 4233 m); 3° la région alpine (3314 - 4800 m.). 

La région tropicale présente, jusqu'à l'altitude de 1007 m, des Palmiers et des Pisangs et, entre 390 et 1592 m, des Fougères arborescentes. La région tempérée nous montre des forêts de haute futaie à 2696 m; des Chênes dans le Nord-Ouest de l'Amérique du Sud, entre 1689 et 2988 m; des Cinchonas, entre 1982m et 2501 m; des forêts rabougries avec des buissons subalpins (Bamadesia, Escallonia, Drimys) et des arbres nains entre 2696 et 3315 m; des Synanthérées arborescentes sur le Pichincha, à 4993 m, et des ceintures d'arbres nains sur le Chimborazo, entre 3963 m et 4423 m. La région alpine est formée par des arbustes alpins du genre Chuquiraga, qui s'élèvent jusqu'à 4329 m sur le Pichincha; viennent ensuite des buissons de bambous (Chusquea), que l'on rencontre à 4580 m; des herbes vivaces alpines (Culcitium), qui croissent à 4840 m sur le Pichincha, et enfin une région nue ou région des Lichens, de 4613 à 4800 m.

En Bolivie, sur le col de Sorata, une petite Synanthérée frutescente, le Senecio glacialis, se rencontre auprès des neiges, à l'altitude de 5002 m. Dans les Andes, le Polytepis tomentella (Rosacées), arbre dont la taille ne dépasse guère 4 m, a été observé à 4483 m. La région alpine des deux Cordillères et la région Puna présentent des contrées hérissées de rochers abrupts que bordent des neiges perpétuelles et des glaciers. Le caractère de la région Puna est surtout déterminé par l'Ichn (Stipa Ichn), Graminée dont les touffes raides, disposées en cercle, sont presque toujours incrustées de sable dans la direction du vent dominant, le Tola (Baccharis Tola) (Composées), un des végétaux les plus répandus dans toute la Puna de la Bolivie; le Baume des marais (Azorella glebaria), Ombellifère vivace qui s'étend jusqu'à la Terre de Feu et aux îles Falkland. Signalons encore, dans les Ceja péruviens, des Cecropia, des Clusia, des Mélastomacées, des Scitaminées et, parmi les végétaux dont la culture est devenue importante, le Quinquina, le Caféier (1027 m) et le Coca (Erythroxylon Coca), qui s'élève jusqu'à 2030 m.

Flore des Pampas. 
Les plaines déboisées, comprises entre les Andes chiliennes et l'Atlantique, que l'on appelle les Pampas, sont couvertes uniquement de Graminées, depuis Cordova et le rio Salado jusqu'aux limites de la Patagonie, sur le rio Negro (29° à 40°de latitude Sud). Au nombre de ces Graminées figurent des groupes à organes rigides (Stipa), un roseau remarquable par sa hauteur (Arundo Quila), Ies Lolium perenne et multiflorum, l'Hordeum pratense, avec lesquels se sont répandus le Trifolium repens et le Medicago denticulata, des Graminées annuelles d'origine européenne, telles que Cynodon Dactylon, Setaria glaucu et S. Italica, Polypogon Monspeliensis, Hordeum murinum; et des formes tropicales, Eleusine indica, Stenotaphrum americanum, Chloris petraea. 

La steppe de Chanar est caractérisée par l'arbuste Chanar (Gourliea), qui lui a donné son nom, et par l'Acacia de Santiago (Acacia Cavenia). Dans la steppe salée argentine vivent des Salicornia, Atriplex, et autres halophytes de la famille des Salsolacées. Les végétaux les plus remarquables du Parana, le plus grand fleuve des latitudes méridionales qui, après sa jonction avec l'Uruguay forme le rio de la Plata, sont le Pontederia azurea, aux fleurs resplendissantes d'azur, qui vit à côté d'une gigantesque Nymphéacée, le Victoria cruziana. Les familles de la flore des Pampas, qui renferment des genres endémiques, sont les suivantes : Synanthérées, Ombellifères, Malpighiacées, Cucurbitacées, Asclépiadées, Borraginées,  Verbénacées, Nyctaginées et Santalacées.

Flore du Chili. 
Les végétaux les plus remarquables de cette flore sont le Boldo ou Boldu (Peumus Boldus) (Monimiacées), dont les feuilles aromatiques jouissent de propriétés toniques et stimulantes assez énergiques, l'Espino (Acacia cavenia), les Quillaja et Kageneckia (Rosacées), un palmier spécial au Chili (Jubaea spectabilis), le Puya, genre particulier de Broméliacées, le Gunnera chilensis, l'Araucaria du Chili (Araucaria chilensis), les Libocedrus, Fitzroya, Saxegothea (Conifères). Après les Synanthérées-Labiatiflores, qui constituent un des groupes les plus importants du Chili, nous citerons les Légumineuses, les Graminées, les Caryophyllées, les Liliacées, les Brassicacées, les Ombellifères, les Personnées et les Solanacées.

Flore antarctique américaine.
Les espèces arborescentes les plus caractéristiques de la flore antarctique sont deux Hêtres, le Fagus antarctica qui perd son feuillage en hiver, et le Hêtre toujours vert (Fagus betuloides) que l'on voit s'étendre jusqu'à la Terre de Feu. La végétation ligneuse est encore représentée par le Persea Lingue (Lauracées), le Luma (Myrtacées), le Drimys (Magnoliacées), l'Aextoxicum (Euphorbiacées). Sur les côtes hospitalières de la Terre de Feu un voit croîitre, dans le voisinage des glaciers, le Fuchsia coccinea et la Véronique frutescente antarctique (Veronica elliptica). Les îles Falkland (52°de latitude Sud) sont remarquables par l'absence complète de végétation arborescente. Elles sont revêtues d'un tapis serré de Graminées parmi lesquelles nous citerons le Tussock (Dactylis caespitosa), l'Arundo pilosa, les Festuca, etc. Les arbustes y sont représentés par une espèce endémique de Séneçon (Senecio falklandicus) et les herbes vivaces par des Ombellifères sociales du genre Azorella.

Faune.
Les limites de la région néotropicale, qui comprend la faune de l'Amérique du Sud, ne coïncident pas avec les limites géographiques.

Les limites de la région néotropicale sont formées, au Mexique, par le rio Grande del Norte à l'Est, par l'entrée du golfe de Californie à l'Ouest; mais le plateau central montagneux formé par la Cordillère du Mexique, et qui comprend les environs mêmes de Mexico, se rattache à la région néarctique (sous-région centrale), en raison de son climat beaucoup plus sévère que celui des côtes. Du Mexique, cette grande région s'étend, à travers l'isthme, jusqu'à l'extrême sud de l'Amérique méridionale. 

Les subdivisions de la région néotropicale sont de dimensions très inégales. La sous-région brésilienne, la plus grande de beaucoup, comprend toute l'Amérique méridionale à l'est des Andes et au nord du rio Grande do Sul, vaste pays couvert de magnifiques forêts entrecoupées parles vallées de l'Orénoque, de l'Amazone et de leurs nombreux affluents. Son climat tropical lui assure la prépondérance sur les autres sous-régions pour la richesse et la variété de sa faune, et on peut lui appliquer tout ce que nous avons dit, en général, de la région néotropicale c'est là particulièrement qu'abondent les Singes (Hurleurs, Sapajous, Ouistitis, etc.), qu'on trouve le Tapir proprement dit, le Cabiai, le Fourmilier, les Paresseux, le Jaguar, etc. 
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Tamanoir (Fourmilier géant).
Un Tamanoir ou Fourmilier géant (Myrmecophaga tridactyla), dans la région du Pantanal,
au Brésil. Photo : Dany13; licence : Creative Commons.

La sous-région mexicaine comprend le Mexique et l'isthme américain jusqu'à Panama, région tropicale que l'on désigne aussi sous le nom d'Amérique centrale. Elle possède en propre un genre spécial de Tapirs (Elasmognathus); la plupart des genres sud américains (Singes, Didelphes, Edentés, etc.), ont des représentants au nord de l'isthme, mais plusieurs genres de la région néarctique, tels que Sorex, Vulpes, Pleromys, Lepus, s'étendent jusque sur les hauts plateaux du Guatemala. Le même mélange des deux faunes s'observe parmi les Oiseaux et les Reptiles, mais les Sauriens ont plusieurs formes spéciales (Heloderma, Abronia, Barissia, Brachydactylus, Phymatolepis, Chamaeleopsis, etc). 

La sous-région insulaire des Antilles est encore mieux caractérisée, et mérite à tous égards un article à part (Antilles).

Enfin la sous-région chilienne comprend non seulement le Chili, la région de la Plata et la Patagonie, mais encore l'étroite bande de terre qui se trouve à l'Ouest des Andes de la Bolivie et du Pérou. Cette contrée, essentiellement montagneuse et couverte en grande partie de plateaux arides et dénudés (Pampas), est la patrie des Lamas, d'une petite espèce d'Ours (Ursus ornatus), de plusieurs Rongeurs tels que le Chinchilla, la Viscache, le Myopotame ou Coypu, le Lièvre de Patagonie (Dolichotis), de plusieurs genres de Tatous (Tolypeutes, Chlamydophorus), de l'Autruche à trois doigts (Rhea), etc. Les Batraciens se rapprochent plus de ceux de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie que de ceux de l'Amérique du Nord, et il en est de même des Poissons d'eau douce, tandis que les Reptiles appartiennent bien à la faune néotropicale. 

Parmi les îles de cette région, la Terre-de-Feu et les Malouines se rattachent par leur faune à la Patagonie, mais l'archipel des Galapagos, situé beaucoup plus au nord, sous l'équateur, possède une faune qui lui est propre et qui mérite une mention spéciale.

Les Mammifères.
C'est parmi les Mammifères que se trouve la véritable faune américaine, si bien caractérisée par ses Singes à narines latérales, ses Chauves-Souris à feuilles nasales compliquées (Phyllostomidae), les unes insectivores, les autres frugivores comme le Vampire, dont les habitudes sanguinaires semblent avoir été singulièrement exagérées par les anciens voyageurs; ses Edentés des genres Paresseux (Bradypus), Fourmilier (Myrmecophaga) et Tatou (Dasypus); ses grands Rongeurs subongulés des genres Agouti, Para et Cabiai (Caviidae); ses Marsupiaux du genre Sarigue (Didelphys), riche en espèces de taille variée qui remplacent les Insectivores monodelphes des régions néarctique, paléarctique et éthiopienne; ses herbivores du genre Lama, ses deux ou trois espèces de Tapir, etc. Les grands Carnivores sont représentés par le Jaguar, qui, avec la robe des Panthères, atteint presque la taille du Tigre, et par une espèce beaucoup plus faible, le Cougar ou Puma, qui ne peut guère être comparé que pour la couleur au Lion de l'ancien continent.

Les Oiseaux.
Les familles d'Oiseaux spéciales à cette région sont également nombreuses : les Vautours appartiennent à un type tout à fait distinct de celui de l'ancien continent et constituent la sous-famille des Sarcoramphinae représentée par le Condor et les Urubus (Cathartes). Parmi les Passeriformes, les Toucans, les Todiers, les Tangaras, les Cotingas, les Manakins, les Colibris, les Aras et beaucoup d'autres lui sont propres.

Les Reptiles.
Les Reptiles ont des espèces de grande taille et de formes variées : les Serpents n'ont pas moins de 25 types spéciaux, parmi lesquels nous citerons les genres Boa, Epicrates, Elaps et Graspedocephalus, ces deux derniers les plus dangereux par leur morsure venimeuse.

Les Sauriens ont cinq familles qui ne se trouvent pas ailleurs et les Iguanes sont très nombreuses en genres et en espèces (Liocephalus, Liolaencus, Proctotretus), tandis que les types de l'ancien monde (Varans, Lézards et Agames) font complètement défaut. 

Les Crocodiles sont représentés par les deux genres Alligator et Crocodilus, les Tortues d'eau douce par les genres Podocnemys, Hydromedusa, Chelys et Peltocephalus; le premier de ces genres atteint dans l'Amazone une taille qui n'est comparable qu'à celle des grandes Tortues marines.

Les Amphibiens.
Parmi les Batraciens on citera : la Grenouille taureau de l'Amérique du Nord, ainsi nommée à cause de sa voix mugissante (Rana mugiens), est remplacée par de grandes espèces (Ceratophrys cornuta), appartenant à une autre famille (Cystignathidae), et le genre Rana en général diminue à mesure que l'on se rapproche du sud de l'Amérique où il est représenté par des Rainettes (Hyla), comme en Australie. A ces deux dernières familles appartiennent aussi le Pseudis, remarquable par la grande taille de ses tétards, et le Nototrema ou Notodelphys dont la femelle couve ses œufs dans des replis de la peau du dos. Le Pipa, qui a les mêmes habitudes et qui est de la Guyane et du Brésil, constitue un groupe à part. 

Les Poissons.
Les Poissons d'eau douce sont excessivement remarquables par leur nombre et leurs formes étranges, comme on devait s'y attendre dans une région aussi largement dotée de grands cours d'eau : là se trouvent les Gymnotes ou anguilles électriques; les Polycentridae; les Trygonidae ou raies d'eau douce; les Characins, dont la sous-famille des Serrasalminés comprend les diverses espèces de de Piranhas, etc. Les Siluridae sont nombreux et singulièrement armés. Enfin le Lepidosiren représente un type très ancien des Poissons dipnoïques (pourvu à la fois de branchies et de poumons), qui n'existe plus que dans les régions tropicales du globe.
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Piranhas.
Piranhas (ici, dans un aquarium). Ces poissons d'eau douce, réputés pour leur voracité, sont communs dans les cours d'eau d'Amérique du Sud. Photo : Teppo K.; licence : Creative Commons.

Les Insectes.
Les Insectes présentent une faune d'une richesse qui n'a d'égale dans aucune autre partie du monde. Parmi les Coléoptères, les Lucanidae, les Buprestidae et surtout les Longicornes renferment des formes remarquables : les premiers ont le genre Chinasognathus, à énormes mandibules dentelées, et qui est propre au Chili. Les Cetonidae, qui atteignent en Afrique une si grande taille, ne sont représentées ici que par le genre Inca; les Longicornes ont le Macropus longimanus, ou Arlequin, un des plus grands Coléoptères connus. 

Les Papillons de l'Amérique du Sud sont également célèbres pour leur beauté et la variété de leurs formes : trois familles (Brassolidae, Heliconidae, Eurygonidae) sont spéciales à la région néotropicale. 

Les Mollusques.
Les Mollusques terrestres font de cette même région une des plus riches du globe, grâce surtout à l'extrême abondance de ces animaux aux Antilles, qui, à elles seules, possèdent autant d'espèces que les deux Amériques réunies. Les genres les plus caractéristiques sont Glandina, Cylindrella, Streptoxis, des Bulimes remarquables par leur beauté et leur grande taille, Truncatella, Cistula, Cyclotus, Megalomastoma, Cyclophorus, etc. Les Limaces de l'ancien monde sont remplacées par une famille voisine, les Onchidies. (E. Levasseur / L. Crié / T.).



Robert B. Hass, L'Amérique dans l'oeil des condors (une vision aérienne de l'Amérique latine), National Geographic France, 2007.
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