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Les
Aras (Ara Brisson, Macrocernes V. ou Sittace
Wagl.) sont des Perroquets, généralement
de forte taille, dont le bec, très élevé,
est fortement convexe en dessus, très recourbé vers la pointe,
renflé sur le milieu des bords de la mandibule
supérieure et entaillé sur les côtés de la mandibule
inférieure, qui est extrêmement développée et
excavée en cuiller. Une membrane nue, dans laquelle sont percées
les narines, recouvre la base de leur mandibule et se continue avec la
peau, généralement presque glabre,
qui recouvre les joues et le tour des yeux; leurs
tarses sont robustes et réticulés,
et leur queue, fortement étagée, est formée de pennes
longues et étroites. Quant à leur plumage, il offre des teintes
tantôt variées et tantôt uniformes, du bleu d'outremer
ou du bleu cendré, du jaune, du vert ou du rouge, avec ou sans plaques
jaunes, rouges et vertes. Par leur système de coloration et par
leurs formes, les plus petites espèces de ce groupe établissent
la transition vers les Perruches américaines
du genre Conurus, avec lesquelles ils constituent une tribu naturelle sous
le nom d'Araïdés. Cette tribu, à son tour, forme,
avec les Platycerques australiens et les Palaeornis africains et asiatiques,
la grande famille des Conuridés.
L'Ara militaire (Ara
militaris L.), qui se trouve dans toutes les régions Nord-Ouest
de l'Amérique tropicale, depuis la Bolivie
jusqu'au Mexique septentrional, et que l'on voit
communément, en Europe, dans les jardins
zoologiques et chez les particuliers, est un fort bel oiseau, portant une
livrée d'un vert légèrement bleuâtre, avec un
bandeau rouge sur le front, du rouge et du bleu sur les pennes caudales,
du bleu sur les grandes pennes alaires et de larges plaques blanches, rayées
de brun, sur les joues. Ces plaques sont formées par la peau nue
sur laquelle se détachent de petites rangées de plumes
extrêmement fines.
Une disposition analogue
se retrouve chez l'Ara macao (Ara macao L.), dont les joues sont d'un ton
livide, avec des lignes de plumes rouges; mais dans cette espèce,
qui mesure près d'un mètre de long à l'âge adulte,
le plumage est beaucoup plus éclatant que chez l'Ara militaire.
La tête, le cou et les parties inférieures du corps sont,
en effet, d'un rouge écarlate, les couvertures des ailes, jaunes
et vertes, les rémiges et les rectrices latérales bleues
et les rectrices médianes rouges. Cette espèce habite une
grande partie de l'Amérique chaude, depuis le Brésil
et la Bolivie jusqu'au Guatemala; elle a été
souvent confondue avec l'Ara aux ailes vertes ou Ara chloroptère
(Ara chloroptera Gray), qui ne descend pas tout à fait aussi loin
du côté de l'Est et qui se distingue par l'absence presque
complète de bande transversale jaune sur la partie antérieure
des ailes.
L'Ara rauna (Ara
ararauna L.) diffère complètement des précédents
par sa livrée de deux couleurs, d'un
bleu vif sur les parties supérieures et d'un jaune légèrement
orangé sur les parties inférieures du corps. Il habite à
peu près les mêmes contrées que l'Ara macao et n'est
pas moins commun dans les jardins zoologiques. Au contraire, l'Ara hyacinthe
(Ara hyacinthina Lath.), dont on a fait le type dit genre Anodorhynque
(Anodorhynchus Spix), l'emporte décidément sur les Perroquets
que nous venons de citer par la richesse de son costume d'un bleu d'outremer
magnifique, rehaussé par des plaques dénudées, d'un
jaune foncé, sur les côtés de la tête. On le
trouve, mais toujours isolément ou par couples, dans le bassin du
Rio de San-Francisco et jusque dans la région de l'Amazone.
L'Ara glauque (Ara
glauca V.), qui habite les provinces méridionales du Brésil,
le Paraguay et une partie de l'Uruguay,
l'Ara de Lear (A. Leari Bp.), qui se rencontre à peu près
dans les mêmes régions, et l'Ara de Spix (Ara Spixi Wagl.)
découvert sur les bords du Rio San-Francisco, au Brésil,
pourraient être considérés comme des variétés
décolorées de l'Ara hyacinthe, s'ils ne se distinguaient
en même temps par leur taille plus faible et par les dispositions
des taches dénudées sur les côtés de la tête.
Ces dernières espèces paraissent plus farouches et moins
sociables que les Aras à plumage
vert ou bleu varié de rouge ou de jaune. Ceux-ci vivent, en dehors
de la saison des nids, en petites troupes qui voyagent
d'un lieu à l'autre ou qui exécutent même des pérégrinations
assez étendues. Ils se nourrissent de semences et de fruits à
noyaux on à coque résistante et commettent souvent de grands
dégâts dans les plantations. Leurs oeufs,
d'un blanc pur et de forme allongée, sont déposés
dans le creux d'arbres rongés de vétusté.
(E. Oustalet). |
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