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Pérou
Republica del Peru

10 00 S, 76 00 W
Le PĂ©rou est un Etat de l'AmĂ©rique du Sud, sur les deux versants de la Cordillère des Andes. Riverain de l'OcĂ©an Pacifique, le PĂ©rou est limitĂ© au Nord par l'Equateur et la Colombie, Ă  l'Est par le BrĂ©sil, au Sud-Est par la Bolivie, et au Sud par le Chili. La superficie est de 1,285,220 km² (presque 1/10e de l'AmĂ©rique du Sud) et la population de 34 millions d'habitants environ (2025). 

Carte du Pérou.
Carte du Pérou. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte détaillée).

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La république du pérou est divisée administrativement en 25 régions (regiones; singulier : region) et une province (provincia), qui correspond au territoire de Lima, la capitale, et qui est distincte de la région de Lima. Les autres grandes villes sont : Callao (dans l'agglomération de Lima), Arequipa, Cuzco, Huancayo, Chimbote, Trujillo, Iquito, Chiclayo, Piura, Sullana, etc.

Les 25 régions du Pérou

Amazonas
Ancash
Apurimac
Arequipa
Ayacucho
Cajamarca
Callao
Cuzco
Huancavelica
Huanuco
Ica
Junin
La Libertad
Lambayeque
Lima
Loreto
Madre de Dios
Moquegua
Pasco
Piura
Puno
San Martin
Tacna
Tumbes
Ucayali

Géographie physique du Pérou

Le grandes rĂ©gions. 
Le Pérou est un pays d'une extrême diversité géographique, caractérisé par trois grands domaines physiques distincts qui s'étendent d'ouest en est : la côte pacifique, la cordillère des Andes et la forêt amazonienne. Ces régions, séparées par des altitudes et des paysages contrastés, influencent profondément le climat, l'économie et la vie quotidienne des habitants.

La région côtière.
La cĂ´te forme une Ă©troite bande cĂ´tière longeant l'ocĂ©an Pacifique, qui ne dĂ©passe gĂ©nĂ©ralement pas 150 kilomètres de large. Cette rĂ©gion, essentiellement aride, comprend principalement le dĂ©sert de Sechura dans le nord-ouest, tandis que des vallĂ©es fluviales fertiles, alimentĂ©es par des rivières comme le Chancay, le LurĂ­n ou le RĂ­mac, permettent l'agriculture et la densitĂ© urbaine (comme Lima et Trujillo). 

La côte est également marquée par des reliefs montagneux côtières, comme la Cordillera de Chancay et la Sierra de Lima, qui descendent directement vers la mer, créant des paysages escarpés et des plages abruptes. Le sud de la côte, proche du Chili, fait partie du désert d'Atacama, l'un des plus arides au monde, tandis que le nord bénéficie de pluies modérées pendant la saison de la garúa (brume humide).

La région andine.
Les Andes forment la colonne centrale du PĂ©rou, avec une largeur variant de 100 Ă  200 kilomètres. La cordillère se divise en deux chaĂ®nes principales : la Cordillera Occidentale et la Cordillera Orientale, sĂ©parĂ©es par la vallĂ©e centrale, un couloir alluvial abritant des villes comme Cuzco (Cusco), Arequipa et Ayacucho. Les pics les plus Ă©levĂ©s, comme le mont Huascarán (6 768 mètres), le Nevado Huandoy et l'El Misti (5 822 mètres) près d'Arequipa, dominent cette rĂ©gion. 

Les Andes pĂ©ruviennes comprennent Ă©galement des plateaux Ă©levĂ©s, comme l'Altiplano (plateau andin) autour du lac Titicaca (partagĂ© avec la Bolivie), le plus haut lac navigable du monde, et des vallĂ©es interandines cultivĂ©es depuis l'Ă©poque inca. 

Les volcans actifs (Ubinas, Sabancaya) et les séismes rappellent la dynamique tectonique de cette zone située sur la ligne de faille du Pérou-Chili.

La région amazonienne.
La forĂŞt amazonienne ou selva, couvre plus de la moitiĂ© du territoire pĂ©ruvien, au-delĂ  de la crĂŞte andine. Cette rĂ©gion, partie intĂ©grante de l'Amazonie, se divise en deux zones : la montaña (rĂ©gion de transition entre les Andes et la forĂŞt, avec des pentes escarpĂ©es et des rivières comme l'Ucayali et le Marañón) et la selva baja (plaine amazonienne proprement dite). 

La forĂŞt pluviale abrite une biodiversitĂ© exceptionnelle, avec des bassins versants drainant des fleuves tributaires de l'Amazone, comme l'Amazonas, l'Ucayali et le Madre de Dios. Des zones de pampa  et des terres hautes (tierras altas) marĂ©cageuses contrastent avec les collines isolĂ©es (tepuis) dans certaines rĂ©gions.

Hydrographie
Au point de vue des eaux, le pays peut se diviser en trois zones : 1° celle du Pacifique, formée par des torrents (Tumbez, Piura, Santa, Supé, Barranca, Rimac, Camana); 2° celle de l'Amazone, constituée par une série de rivières qui descendent du versant oriental des Andes, comme le Marañon (ordinairement considéré comme le cours supérieur de l'Amazone), l'Apurimac ou l'Ucayali etc.; 3° celle du lac Titicaca (un des lacs les plus élevés du monde, à 3850 m, dont la partie occidentale appartient au Pérou (la partie orientale, appartenant à la Bolivie); il est alimenté par un certain nombre de ruisseaux qui se déversent dans une sorte de canal de drainage naturel appelé desaguadero qui se perd lui-même dans les sables; son niveau demeure constant malgré l'alimentation très forte pendant certaine partie de l'année, surtout grâce à l'évaporation due à la faible pression atmosphérique; d'une superficie de 6900 km², il mesure 220 km de long sur 110 de large; sa profondeur, en beaucoup d'endroits, faible sur les rives, varie de 10 à 50 brasses dans la partie Nord; en certains points, près du détroit de Tiquina, la profondeur dépasse les 400 m. Les autres lacs sont : le Chinchaicocha (Cocha, en langues quechua et aymara = lac), le Reyes ou Junin dans la région de ce nom sur le plateau de Bombon (288 km²), le Lauricocha, considéré comme l'une des sources du Marañon, le Parinacochas (90 km²), etc.
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Perou : un lac dans les Andes.
Un lac dans les Andes péruviennes. Images : The World Factbook.

Climat.
Sur la côte qui est sablonneuse et interrompue par des oasis à proximité des torrents, la température varie de 13 °C à 35 °C; les pluies sont tellement rares (à Lima, il a pu arriver pas qu'il ne pleuve pas pendant soixante-quinze ans) que l'on a pu enregistrer certaines modifications du climat notables à la suite des plantations de canne à sucre

Dans l'entre-Cordillère, le climat est tempéré dans les vallées, chaud dans les gorges et froid sur les plateaux; les pluies abondent pendant les mois de juin et de juillet; sur les versants orientaux, le climat est tropical et très humide.

Les interactions entre les diffĂ©rentes rĂ©gions crĂ©ent des microclimats variĂ©s : la retroaction (brise humide venue de la cordillère) favorise la pluviositĂ© dans certaines zones montagneuses, tandis que les bassins andins et amazoniens abritent des Ă©cosystèmes comme les páramos (hautes prairies) ou les llanos (plaines inondables). 

Biogéographie du Pérou

À l'ouest, la côte péruvienne est dominée par un climat désertique hyperaride, influencé par le courant froid de Humboldt, avec des précipitations très faibles, parfois inférieures à 5 mm par an. Malgré ces conditions, des oasis et des zones humides comme les lomas (collines brumeuses) hébergent une flore saisonnière adaptée à la brume côtière. La faune côtière comprend des espèces comme le renard des Andes côtières, diverses espèces d'oiseaux marins, ainsi que des lions de mer et manchots sur certaines îles.

On y distingue dans la région andine plusieurs étages altitudinaux, qui vont de la puna sèche à plus de 4000 mètres d'altitude, peuplée de vigognes, lamas et d'herbacées résilientes, aux forêts de yungas sur les versants orientaux, riches en fougères, orchidées, oiseaux endémiques et amphibiens. L'isolement topographique a favorisé un taux élevé d'endémisme, notamment chez les colibris, les grenouilles (comme celles du genre Telmatobius), et diverses espèces de plantes.

À l'est , l'Amazonie péruvienne, qui couvre environ 60 % du territoire du Pérou, abrite une forêt tropicale humide parmi les plus riches au monde en biodiversité. Des millions d'espèces, dont de nombreuses encore non décrites, coexistent dans cette région. On y trouve le jaguar, le tapir, l'anaconda, et une immense variété d'insectes, de poissons (comme l'arapaïma), et d'oiseaux tropicaux. Des écosystèmes spécifiques, tels que les forêts inondables (varzea) et les forêts de terra firme, composent cette mosaïque écologique. Cette diversité est en partie due à la stabilité climatique de la région, mais aussi à la complexité des sols et des microhabitats.

Certaines régions du Pérou, comme le nord-est près de Iquitos, sont reconnues comme des points chauds de biodiversité mondiale, avec des records en nombre d'espèces d'arbres, de reptiles, ou d'oiseaux sur de petites superficies. D'autres zones remarquables comprennent la réserve de biosphère du Manu et le parc national de Bahuaja-Sonene, où cohabitent les espèces des Andes et de l'Amazonie dans une transition écologique unique.

Le Pérou possède également une diversité exceptionnelle d'écosystèmes aquatiques, depuis les lacs d'altitude comme le Titicaca (qui abrite des espèces endémiques de poissons et de grenouilles) jusqu'aux rivières et marécages amazoniens, essentiels à la migration de nombreuses espèces de poissons. Les forêts marécageuses, appelées aguajales, dominées par les palmiers Mauritia flexuosa, sont cruciales pour de nombreux oiseaux et mammifères.

L'ensemble de cette diversité biologique est menacé par des pressions anthropiques croissantes : déforestation, expansion agricole, extraction minière, trafic d'espèces sauvages et changement climatique. Toutefois, le Pérou a mis en place plusieurs aires naturelles protégées qui couvrent plus de 17 % de son territoire, et contribuent à préserver ses riches patrimoines écologiques, bien que des défis de gestion et de gouvernance persistent.

Perou : Aguas Calientes.
Aguas Calientes, au pied de Machu Picchu, au Pérou.

Géographie humaine du Pérou

Population.
Le Pérou compte environ 34 millions d'habitants. La croissance démographique a été modérée ces dernières décennies. La population est majoritairement urbaine, avec plus de 78 % des Péruviens qui vivent dans les villes. Lima, la capitale, concentre près d'un tiers de la population nationale, ce qui en fait un centre politique, économique, culturel et migratoire majeur. D'autres villes comme Arequipa, Trujillo, Chiclayo et Cuzco jouent un rôle régional important, mais leur poids démographique reste très inférieur à celui de Lima.

La fécondité est passée de plus de 6 enfants par femme dans les années 1960 à environ 2,2 aujourd'hui. L'espérance de vie atteint près de 77 ans, bien qu'elle varie fortement selon les régions et les conditions sociales. La population reste jeune, mais le vieillissement est en cours, avec une augmentation progressive de la proportion des plus de 60 ans. Le pays se situe dans une phase intermédiaire de transition démographique, caractérisée par une diminution du taux de natalité et une mortalité relativement basse.

La société péruvienne reste marquée par d'importantes disparités socioéconomiques. Le clivage entre zones urbaines et rurales, entre côte et Andes ou Amazonie, est profond. Les populations rurales et autochtones ont des taux de pauvreté et d'accès aux services beaucoup plus faibles que les populations urbaines. Les inégalités d'accès à l'éducation, à la santé, à la justice et à l'emploi formel reproduisent des hiérarchies sociales anciennes issues de la colonisation et de la centralisation républicaine. À cela s'ajoute une stratification sociale marquée par la persistance du racisme structurel, notamment envers les indigènes et les afro-descendants.

L'urbanisation rapide depuis les années 1950 a transformé la structure sociale du pays. D'importantes migrations internes, souvent liées à la recherche de meilleures conditions économiques ou à la violence politique (notamment durant les années 1980-1990 avec le conflit armé interne), ont provoqué l'expansion désordonnée des périphéries urbaines. Ces migrations ont entraîné la création de quartiers populaires auto-construits appelés pueblos jóvenes, qui ont évolué en véritables zones urbaines, généralement dépourvues d'infrastructures adéquates. Ces transformations ont aussi généré une dynamique culturelle riche, où coexistent traditions rurales et modernité urbaine.

Le Pérou connaît une croissance d'une classe moyenne urbaine, notamment grâce à la stabilité macroéconomique des années 2000 et aux politiques d'inclusion financière. Cependant, cette classe moyenne reste vulnérable aux crises économiques et sanitaires, comme l'a montré la pandémie de covid-19, qui a provoqué un retour en arrière pour des millions de personnes précaires. Le travail informel concerne encore plus de 70 % de la population active, ce qui témoigne de la fragilité structurelle du marché du travail.

Les mouvements sociaux jouent un rôle important dans la dynamique sociopolitique. Des organisations indigènes, des syndicats, des associations de quartiers ou des collectifs de femmes sont actifs dans la défense des droits, l'accès à la terre, à l'eau, ou encore dans les luttes environnementales. L'identité de genre et les droits des personnes LGBTQ+ émergent également dans le débat public, bien que ces questions restent très polarisées dans un contexte conservateur sur les plans religieux et moral.

Enfin, la religion reste un facteur social structurant. Le catholicisme est largement majoritaire, mais le protestantisme évangélique connaît une forte croissance, notamment dans les zones rurales et périurbaines. Les syncrétismes religieux, en particulier dans les Andes, combinent croyances chrétiennes et pratiques précolombiennes, notamment lors de festivités populaires.

Quelques-unes des principales villes du Pérou

• Lima est la capitale du Pérou et sa plus grande ville, concentrant environ un tiers de la population nationale. Elle est le coeur politique, économique, industriel et culturel du pays. Située sur la côte pacifique, Lima abrite les principaux sièges des institutions gouvernementales, des multinationales, des banques et des universités. Elle possède une infrastructure relativement développée, notamment un réseau de métro, des centres commerciaux modernes, des zones industrielles et un aéroport international majeur. Cependant, Lima est aussi marquée par de fortes inégalités socio-économiques, une expansion urbaine désordonnée et des problèmes chroniques de pollution de l'air et de congestion routière. Son centre historique, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, reflète l'héritage colonial espagnol avec ses églises baroques, ses palais et ses places anciennes.

• Arequipa, située au sud du pays, est la deuxième ville du Pérou. Surnommée la "ville blanche" en raison de ses bâtiments en sillar, une pierre volcanique claire, Arequipa est un important centre économique régional, industriel et commercial. Elle joue un rôle central dans l'industrie minière et agroalimentaire. La ville est aussi connue pour son fort esprit régionaliste et pour être un foyer de pensée politique et juridique. Entourée de volcans, elle attire également les touristes, notamment grâce à son architecture, ses musées et sa gastronomie.

• Cuzco, ancienne capitale de l'Empire inca, est une ville emblématique située dans les Andes à plus de 3300 mètres d'altitude. Elle est aujourd'hui l'un des pôles touristiques majeurs d'Amérique latine, en tant que porte d'entrée vers le Machu Picchu et la Vallée sacrée. Cuzco combine patrimoine précolombien, colonial et moderne, avec un centre historique classé par l'Unesco. L'économie de la ville repose principalement sur le tourisme, l'artisanat et les services, bien que les défis liés à l'urbanisation rapide, au coût de la vie et à la conservation du patrimoine soient croissants.

• Trujillo, sur la côte nord, est la troisième ville du pays en importance. Elle est un centre agricole et industriel, notamment dans la production de canne à sucre, d'asperges et de textile. Trujillo est également connue pour son riche patrimoine archéologique pré-inca, avec des sites majeurs comme Chan Chan et les temples Moche de la Lune et du Soleil. Sa proximité avec la mer et son climat agréable en font aussi une ville dynamique sur le plan culturel, célèbre pour ses festivals de danse marinera et ses concours équestres.

• Chiclayo, Ă©galement situĂ© sur la cĂ´te nord, est un centre commercial important et un noeud de  communication entre la cĂ´te et l'intĂ©rieur du pays. L'Ă©conomie locale est dominĂ©e par l'agriculture, le commerce et l'industrie alimentaire. Chiclayo se distingue aussi par son patrimoine archĂ©ologique exceptionnel, notamment le site de Sipán, oĂą a Ă©tĂ© dĂ©couvert le tombeau du Seigneur de Sipán, un des plus grands trĂ©sors de l'AmĂ©rique prĂ©colombienne.

• Piura, proche de la frontière avec l'Équateur, est une ville stratégique pour les échanges commerciaux régionaux. Elle bénéficie d'un climat chaud et ensoleillé toute l'année et possède un potentiel touristique lié à ses plages, ses mangroves et son artisanat. Son économie repose sur l'agriculture irriguée, notamment la production de mangues, citrons et bananes, ainsi que sur le pétrole et les services. La région de Piura est néanmoins vulnérable aux inondations provoquées par El Niño.

• Iquitos est la plus grande ville de la forêt amazonienne péruvienne et l'une des plus isolées du pays, accessible uniquement par voie fluviale ou aérienne. Elle joue un rôle central dans l'économie de la région amazonienne, avec des activités liées à l'exploitation forestière, à la pêche, au commerce fluvial et de plus en plus au tourisme écologique. Iquitos se distingue par son architecture coloniale, ses marchés animés et sa proximité avec des réserves naturelles, bien que la pauvreté, le manque d'infrastructures et la déforestation représentent des défis majeurs.

• Puno, situé au bord du lac Titicaca, est un centre culturel important dans les Andes. Connu pour ses traditions folkloriques, ses danses et ses festivals, Puno tire une partie de ses revenus du tourisme et de l'agriculture de subsistance. Son altitude élevée (3800 m) lui confère un climat rude, et ses conditions économiques sont souvent précaires. La ville est aussi un carrefour pour les échanges transfrontaliers avec la Bolivie.

• Huancayo, situé dans la vallée du Mantaro dans les Andes centrales, est un pôle commercial et agricole régional. Elle est une plaque tournante pour les produits agricoles andins, notamment les pommes de terre, le maïs et le lait. Son dynamisme repose aussi sur l'artisanat et le commerce régional. Bien qu'ayant une croissance urbaine rapide, Huancayo fait face à des défis d'urbanisme et d'accès aux services de base.

• Tacna, située à l'extrême sud, est une ville frontalière prospère, orientée vers le commerce avec le Chili. Elle bénéficie d'un statut de zone franche, ce qui stimule les activités commerciales, industrielles et touristiques. La ville est historiquement marquée par son rôle dans les conflits territoriaux avec le Chili, et elle conserve une forte identité patriotique.

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Groupes ethnolinguistiques.
La diversité ethnique et culturelle du Pérou est l'un de ses traits les plus marqués. On y trouve une majorité de métis (descendants d'Espagnols et d'autochtones), représentant environ 60 % de la population, suivis par les populations indigènes, qui représentent entre 20 et 25 % selon les recensements, bien que ce chiffre varie selon les critères utilisés (auto-identification, langue maternelle, territoire). On distingue notamment les Quechuas et les Aymaras dans les Andes, ainsi que de nombreuses ethnies amazoniennes, comme les Asháninkas, Shipibos, Aguarunas ou encore les Matsés. La population afro-péruvienne, concentrée surtout sur la côte, représente une minorité significative, tout comme les populations d'origine asiatique (notamment chinoise et japonaise), héritage des migrations des XIXe et XXe siècles.

Les langues officielles sont l'espagnol, le quechua et l'aymara, bien que l'espagnol soit de loin la langue la plus parlée. Environ 13 % de la population parle une langue autochtone comme langue maternelle, chiffre en déclin en raison des processus d'urbanisation et de scolarisation en espagnol. Les politiques linguistiques reconnaissent aujourd'hui 48 langues autochtones vivantes, dont 44 sont parlées en Amazonie.

L'espagnol demeure la langue dominante dans l'administration, l'éducation et les médias, mais des efforts sont faits depuis les années 2000 pour promouvoir l'éducation interculturelle bilingue. Malgré cela, plusieurs langues autochtones sont en danger critique d'extinction, certaines ne comptant plus qu'une poignée de locuteurs âgés. Le processus de revitalisation est freiné par la stigmatisation sociale, la migration et la faible valorisation des cultures indigènes dans l'espace public. La dynamique ethnolinguistique du Pérou reflète donc une tension permanente entre diversité et homogénéisation, entre résistance culturelle et assimilation, entre reconnaissance juridique et inégalités structurelles.

Métis.
La majorité de la population péruvienne est aujourd'hui métisse, issue du croisement entre populations autochtones et colons européens, principalement espagnols. Ce groupe, qui représente environ 60 % de la population, parle essentiellement l'espagnol comme langue maternelle. Toutefois, leur identité culturelle peut varier fortement selon les régions et les origines rurales ou urbaines. Beaucoup de métis dans les Andes conservent des éléments de culture quechua ou aymara, bien que souvent assimilés à la culture dominante hispanophone.

Quechuas.
Les Quechuas forment le groupe autochtone le plus important en nombre, réparti du nord au sud de la cordillère des Andes. Ils parlent différentes variétés régionales de la langue quechua, qui était autrefois la langue véhiculaire de l'empire inca. Bien qu'interdite sous la colonisation espagnole, la langue a survécu et conserve une vitalité relative, en particulier dans les régions de Cuzco, Ayacucho, Huancavelica, Puno, Apurímac et Cajamarca. Les identités quechuas sont multiples, avec des cultures locales fortes, des traditions agricoles fondées sur la complémentarité écologique, et une riche religiosité liée à la terre et aux cycles naturels.

Aymaras.
Les Aymaras, concentrés dans la région de Puno et sur les rives du lac Titicaca, représentent le second grand groupe andin. Leur langue, l'aymara, est également co-officielle avec le quechua et l'espagnol. Les Aymaras partagent de nombreux traits culturels avec les Quechuas, tout en possédant des spécificités historiques, notamment une forte structuration communautaire, des institutions coutumières bien établies, et un usage persistant de la langue dans les échanges quotidiens, l'éducation bilingue et les médias communautaires.

Populaions amazoniennes.
En Amazonie, on recense plus de 50 peuples autochtones répartis sur un vaste territoire couvrant environ 60 % du pays, bien qu'ils ne représentent que 1 à 2 % de la population nationale. Ces groupes sont d'une diversité extrême sur les plans linguistique, culturel et cosmologique. On y trouve des familles linguistiques distinctes comme l'arawak (Shipibo-Conibo, Asháninka), le pano (Matsés, Amahuaca, Yaminahua), le tucano (Secoya), ou encore des isolats linguistiques comme le Urarina ou le Taushiro, parfois menacés de disparition. Les peuples amazoniens conservent des systèmes de parenté, de savoirs botaniques, de rituels chamaniques et de cosmologies profondément ancrés dans leur environnement forestier. La pression sur leurs territoires, due à l'exploitation illégale du bois, aux hydrocarbures, à l'orpaillage ou aux narcotrafics, met en danger leur survie culturelle et physique.

Il existe également des peuples en situation d'isolement volontaire, appelés PIACI (Pueblos indígenas en aislamiento y contacto inicial), qui ont choisi de ne pas entretenir de relations régulières avec la société majoritaire. Ces groupes vivent principalement dans des zones reculées de la région amazonienne frontalière avec le Brésil, comme dans les réserves de Madre de Dios, Ucayali ou Loreto. Le gouvernement a reconnu juridiquement certains de leurs territoires, mais la protection effective reste limitée.

Population afro-péruvienne.
La population afro-péruvienne représente un autre groupe important. Cette population est principalement concentrée dans les zones côtières, en particulier dans les régions de Lima, Ica, Piura et Chincha. Descendants des esclaves africains introduits durant l'époque coloniale, les Afro-Péruviens ont développé une culture musicale, culinaire et religieuse distinctive, dont les expressions artistiques comme le festejo et le landó sont devenues des symboles nationaux. Malgré leur contribution historique, ils souffrent encore d'invisibilité sociale et de discrimination raciste.

Autres groupes.
À cela s'ajoutent des communautés d'origine étrangère, héritières de migrations plus récentes. Les Japonais et les Chinois, arrivés entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle pour travailler dans les plantations et les mines, ont constitué des diasporas significatives. La communauté nikkei (japonaise) a joué un rôle politique majeur, notamment avec l'élection de l'ancien président Alberto Fujimori. Les Italiens, Allemands, Palestiniens, et plus récemment les Vénézuéliens, s'intègrent aussi dans le paysage multiculturel péruvien.

Culture.
Les fondements culturels du Pérou remontent à des civilisations précolombiennes majeures telles que Caral, Chavín, Paracas, Nazca, Moche, Wari et bien sûr les Incas (Les Cultures andines). Chacune a laissé des traces durables dans l'architecture, l'iconographie, l'ingénierie agricole et les systèmes symboliques. L'empire inca, dernier grand État indigène avant la conquête espagnole, a consolidé un modèle culturel fondé sur la langue quechua, la cosmovision andine centrée sur la Pachamama (Terre-Mère), les cycles agricoles et un réseau de routes et de savoirs impressionnants. Les vestiges monumentaux comme Machu Picchu, Sacsayhuamán, ou encore les lignes de Nazca témoignent de cette complexité culturelle.

L'arrivée des Espagnols au XVIe siècle a introduit des éléments européens qui se sont superposés aux traditions autochtones, donnant naissance à une culture métisse. Ce syncrétisme se manifeste de manière éclatante dans la religion, où les croyances catholiques se mêlent aux rites indigènes. Par exemple, la fête du Corpus Christi à Cuzco associe la procession des saints catholiques à des danses et symboles préhispaniques. De nombreuses fêtes populaires, comme la Virgen de la Candelaria à Puno ou le Señor de los Milagros à Lima, révèlent cette double filiation.

La musique péruvienne reflète également cette hybridation. Les instruments andins traditionnels comme la quena, le charango, ou le siku coexistent avec les guitares et les percussions d'origine européenne ou africaine. Des genres comme le huayno, l'aya takiy, la marinera, ou le festejo afro-péruvien illustrent cette pluralité. La côte pacifique, en particulier, est le berceau d'une musique afro-descendante vivante, accompagnée de danses rythmées et de percussions comme le cajón. L'Amazonie possède également ses expressions musicales rituelles propres, généralement liées à des pratiques chamaniques et à l'usage de chants sacrés.

La gastronomie péruvienne est mondialement reconnue pour sa créativité et sa diversité. Elle est le reflet de la pluralité ethnique et géographique du pays. À la base, on retrouve des ingrédients autochtones comme le maïs, la pomme de terre (plus de 3000 variétés), le quinoa, l'aji (piment), ou encore les fruits amazoniens. À cela s'ajoutent des influences espagnoles, africaines, chinoises (cuisine chifa), et japonaises (cuisine nikkei). Des plats emblématiques comme le ceviche, l'ají de gallina, l'anticucho, le lomo saltado ou la pachamanca symbolisent ce métissage culinaire. La cuisine régionale reste très marquée par les traditions locales, notamment dans les Andes et l'Amazonie, où la préparation des aliments intègre souvent des éléments rituels.

L'art péruvien est également très vivant. Il comprend des traditions artisanales telles que le tissage, la poterie, la peinture sur verre (retablos), la sculpture sur bois ou en pierre, ainsi que des expressions plus contemporaines. Le textile andin, avec ses motifs symboliques et ses techniques de tissage millénaires, reste une forme d'expression identitaire forte. Dans l'art contemporain, des artistes comme Fernando de Szyszlo ou Tilsa Tsuchiya ont cherché à synthétiser les héritages culturels du pays dans des formes modernes.

La littérature péruvienne a acquis une place importante dans le monde hispanophone. Elle puise autant dans les traditions orales que dans les formes écrites modernes. Les auteurs indigènes et populaires comme José María Arguedas ont joué un rôle essentiel en intégrant les voix quechuas et en dénonçant les inégalités sociales. Le prix Nobel Mario Vargas Llosa, l'un des plus célèbres écrivains du pays, a contribué à projeter la littérature péruvienne sur la scène internationale. La poésie, les chroniques, les contes amazoniens et les écrits en langues autochtones constituent également un patrimoine culturel riche mais encore trop peu valorisé.

Le folklore péruvien est riche en danses, masques, légendes et rites liés aux cycles agricoles et aux croyances locales. Des milliers de festivités sont célébrées chaque année à travers le pays, chacune combinant musique, danse, costumes colorés et religiosité. La danse des ciseaux, par exemple, est un rituel dansé spectaculaire d'origine précolombienne, reconnu par l'Unesco. Chaque région possède son propre calendrier festif, sa propre palette de figures mythiques, et ses techniques artistiques.

Les savoirs traditionnels liés à l'agriculture, à la médecine par les plantes, à la météorologie ou à l'observation des astres forment une part importante de la culture du pays. Ces savoirs, transmis oralement, sont encore vivants dans de nombreuses communautés rurales, bien qu'ils soient menacés par la modernisation rapide et l'acculturation. Des initiatives d'ethnobotanique ou d'éducation interculturelle cherchent à les préserver.

Enfin, la culture urbaine au PĂ©rou Ă©volue rapidement, notamment dans les grandes villes oĂą cohabitent modernitĂ© mondialisĂ©e et traditions locales. On y trouve des scènes artistiques alternatives, des mouvements de revendication identitaire, des formes d'expression politique Ă  travers le street art, la musique urbaine, ou les mĂ©dias communautaires. 
 
 

Pérou : un village de la vallée de l'Urubamba.
Un village de la vallée de l'Urubamba, au Nord de Cuzco.

Economie.
Marquée par une croissance soutenue au cours des deux dernières décennies, bien que fortement dépendante des cycles des matières premières, l'économie du Pérou est une des plus dynamiques d'Amérique latine. Depuis les réformes structurelles des années 1990, le pays a adopté un modèle libéral orienté vers l'exportation, avec une forte ouverture aux investissements étrangers. Cette orientation a permis de stabiliser l'économie après des décennies d'hyperinflation, de conflits internes et de mauvaise gouvernance.

Le Pérou repose largement sur son secteur minier, qui représente environ 10 % du PIB mais près de 60 % des exportations totales. Il est l'un des principaux producteurs mondiaux de cuivre, d'or, d'argent et de zinc. Cette richesse minérale attire de nombreuses multinationales, mais expose aussi l'économie aux fluctuations des prix mondiaux des métaux. Cela a été particulièrement visible lors des chocs exogènes, comme la crise financière de 2008 ou la pandémie de covid-19, qui ont provoqué un ralentissement des exportations et un recul temporaire de l'activité économique.

Le secteur agricole est également important, en particulier dans l'agrobusiness d'exportation. Les produits comme les myrtilles, les avocats, les asperges et les raisins connaissent une croissance rapide, grâce à l'irrigation dans les zones désertiques de la côte et à l'amélioration des chaînes logistiques. Cependant, une grande partie de l'agriculture péruvienne reste de subsistance et vulnérable aux aléas climatiques, notamment le phénomène El Niño.

Le secteur industriel demeure modeste et centré sur la transformation des matières premières. L'économie informelle est omniprésente, représentant environ 70 % de l'emploi total. Cela limite la capacité de l'État à collecter des impôts et à financer les services publics, creusant les inégalités régionales. Lima concentre à elle seule près du tiers du PIB national, tandis que les régions andines et amazoniennes restent largement marginalisées.

Les services, notamment la finance, le commerce et le tourisme, ont connu un développement rapide, contribuant à la diversification de l'économie. Le tourisme, qui valorise les sites historiques comme le Machu Picchu, joue un rôle de plus en plus important mais reste vulnérable aux crises internationales. En matière d'infrastructure, le Pérou a fait des progrès significatifs dans les télécommunications et les routes, mais les réseaux de transport et les services de base dans les régions rurales restent insuffisants.

La politique monétaire est dirigée par la Banque centrale de réserve du Pérou, qui a su maintenir une inflation faible et stable. Le sol péruvien (PEN) est relativement stable grâce à une gestion prudente, et les réserves internationales sont importantes, ce qui offre un coussin de sécurité. Cependant, la politique budgétaire est souvent contrainte par l'instabilité politique chronique, avec une succession rapide de présidents et de conflits sociaux autour des projets extractifs.

Les accords de libre-échange jouent un rôle stratégique. Le Pérou est membre de l'Alliance du Pacifique, de l'APEC et a conclu des traités commerciaux avec les États-Unis, la Chine, l'Union européenne et d'autres pays. Cela a permis d'accroître l'accès aux marchés et de renforcer l'intégration régionale.

Malgré ses atouts, l'économie péruvienne est confrontée à de grands défis : une gouvernance fragile, une corruption endémique, une faible productivité, et de profondes inégalités sociales et territoriales. La diversification économique reste limitée, et la transition vers une économie fondée sur l'innovation, la valeur ajoutée et la durabilité est encore embryonnaire. Les investissements dans l'éducation, la santé et les infrastructures rurales seront essentiels pour soutenir une croissance inclusive et durable à long terme.

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