 |
Les alizés
(en espagnol alésios) ou vents alizés, sont les vents
réguliers qui soufflent, toute l'année, des deux
côtés de l'équateur; ils viennent du Nord-Est
dans l'hémisphère Nord et du Sud-Est dans l'hémisphère Sud. Lors de
son premier voyage, Christophe Colomb
reconnut l'existence des alizés de Nord-Est dans l'Atlantique
Nord. Les navigateurs du XVe et du XVIe
siècle, en parcourant successivement tous les océans, constatèrent que
les alizés soufflent en toute saison près
de l'équateur, dans des directions qui rappellent les barbes d'une plume
dont la pointe serait dirigĂ©e vers l'Ouest. ll n'y avait d'exception Ă
cette règle qu'entre le Sud de l'Asie et l'équateur,
région où règnent les moussons. C'est Halley
et Hadley ,
au XVIIesiècle, qui, les premiers,ont
élaboré une première explication théorique la majestueuse régularité
de ce phénomène; on sait aujourd'hui que les jets streams, vents rapides
circulant à très haute altitude, ont également, par leurs effets thermodynamiques,
un impact sur le comportement des alizés (comme d'ailleurs sur les autres
vents zonaux)..
Dans
l'hémisphère nord.
Voyons d'abord ce
qui se passe dans l'hémisphère Nord et sur l'Atlantique.
A l'équateur, l'air échauffé, devenant plus
léger, gagne les parties supérieures de l'atmosphère, et la dépression
ainsi produite est aussitôt compensé par l'afflux d'air moins chaud qui
se trouve vers le tropique de Cancer. De lĂ un
courant d'air venant du Nord et se dirigeant vers l'équateur. C'est ce
courant d'air qui a reçu le nom de vent alizé.
Si la Terre
était immobile, le vent soufflerait du Nord; mais elle tourne autour de
son axe, et les molécules de sa surface sont animées d'une vitesse d'autant
plus grande qu'elles sont situées plus près de l'équateur;
si l'on admet que les molécules d'air, à mesure qu'elles s'approchent
de l'équateur, conservent la vitesse qu'elles ont sous les parallèles
plus élevés, elles sembleront transportées vers l'Ouest et leur direction
apparente sera du Nord-Est au Sud-Ouest. C'est ce qui a lieu pour l'alizé
de l'hémisphère boréal, qui souffle du Nord-Est au Sud-Ouest Les molécules
de ce vent arrivant sur l'équateur, ou dans son voisinage, deviennent
à leur tour plus légères et gagnent les hautes régions de l'atmosphère;
là elles se refroidissent et prennent de nouveau une direction parallèle
à celle de la Terre. C'est le courant supérieur, dirigé vers le Nord,
qui a reçu le nom de contre-alizé. Il s'infléchit peu à peu vers la
terre et arrive à peu près vers le tropique du Cancer, où il devient
diffus; il descend vers le sol et ferme le circuit en retournant vers l'équateur.
Mais la mobilité
de notre atmosphère est telle, que ces courants déterminent vers le Nord
un courant secondaire, moins élevé que le premier, dont la branche supérieure
est dirigée vers le Nord, tandis que l'inférieure revient vers l'équateur.
Les contre-alizés, qui règnent au-dessus des alizés inférieurs, ont
pu être constatés soit par la direction dans laquelle ils transportent
les nuages élevés et les cendres de certains volcans,
soit par l'observation directe du vent qui règne au sommet des montagnes
élevées, sur le pic du Ténériffe, par exemple.
Ces contre-alizés,
qui s'observent dans la partie boréale de l'océan
Atlantique, exercent une grande influence sur le climat de l'Europe
occidentale. Ces courants équatoriaux, de direction Sud-Ouest, après
avoir régné dans les régions supérieures, viennent, en s'abaissant
progressivement, atteindre la surface du globe Ă des distances sans cesse
variables de leur point de départ : c'est à eux qu'on doit attribuer
la prédominance du vent du sud-ouest dans l'Europe occidentale (notamment
en Angleterre, France,
Pays-Bas). Ces vents du Sud-Ouest n'atteignent,
en général, notre continent qu'après avoir passé au-dessus d'une partie
de l'océan Atlantique, qui est précisément traversée par le Gulf stream
( Les courants
marins). Ces vents empruntent Ă la surface de la mer
sa température et son humidité
et amènent, sur les régions qu'ils traversent, de la pluie
et une température modérée. C'est surtout en hiver que les vents
du Sud-Ouest prédominent. De là l'absence presque totale de vrais hivers
dans les parties occidentales de l'Europe. C'est Ă ce double courant d'eau
tiède (le Gulf stream) et d'air tempéré et humide (le courant équatorial
du Sud-Ouest) que les pays de l'Ouest de l'Europe doivent la douceur de
leur climat. On observe aussi, pendant l'hiver, le vent de nord-est, c'est-Ă -dire
le courant inverse, qui prend son origine dans les parties les plus froides
de l'Europe. C'est ce courant qui détermine les périodes de froid en
Europe occidentale.
Dans
l'hémisphère Sud.
Ce que nous venons
de dire de l'hémisphère boréal s'applique à l'hémisphère austral,
où les vents alizés se dirigent du Sud-Est au
Nord-Ouest. Mais ces alizés de l'hémisphère sud dépassent un peu l'équateur,
tandis que ceux de l'hémisphère nord s'en tiennent un peu éloignés.
En été, ces alizés du Sud s'étendent plus au delà de l'équateur qu'en
hiver. Entre les deux alizés règne la région des calmes équatoriaux,
sur laquelle le Soleil darde continuellement ses
rayons; aussi l'évaporation des eaux de la mer n'y est jamais interrompue;
la vapeur s'élève dans l'eau, atteint les régions froides de l'atmosphère,
et la nuit retombe en pluie; de là , ces orages tropicaux si redoutés
des navigateurs. On voit, d'après ce qui précède, que, en allant de
l'équateur vers le pôle nord, on rencontre successivement : les calmes
Ă©quatoriaux, les vents alizĂ©s du Nord-Est, les calmes tropicaux, au delĂ
desquels sont les vents variables d'entre Sud-Ouest et Nord-Ouest. (E.
Durand-Gréville). |
|