| Le Cabiaï ou Capybara est un genre de Mammifères de l'ordre des Rongeurs et de la famille des Caviidés , créé par Brisson (1756), pour un animal de l'Amérique du Sud, très voisin du Cobaye ou Cochon d'Inde par ses caractères internes, mais qui atteint la taille d'un mouton : c'est le plus gros de tous les Rongeurs actuellement vivants. La tête est grosse, les oreilles larges et courtes, les yeux assez grands, le pelage rude, sec et peu abondant; il n'y a pas de queue. Les membres sont plus longs que chez les autres Rongeurs, pourvus de quatre doigts en avant et de trois en arrière, et terminés par des ongles épais et arrondis qui sont de véritables petite sabots comparables à ceux du Tapir. Cette conformation a fait donner au groupe de Rongeurs, dont le Cabiai est le type, le nom de Subongulés. Les pieds du Cabiai sont légèrement palmés, ce qui indique des habitudes aquatiques. Les dents présentent des caractères tout particuliers : les incisives supérieures ont un sillon longitudinal, et les molaires, au nombre de quatre paires, en haut et en bas, sont très remarquables, surtout la quatrième supérieure qui est à elle seule aussi longue quelles trois autres et dont la couronne présente une dizaine de lamelles d'émail formant des ellipses irrégulières transversales, rappelant la disposition des molaires des éléphants : cette dent est caractéristique. Les molaires antérieures présentent des replis d'émail en forme de coeur (deux pour chaque dent). Toutes ces molaires sont dépourvues de racines. Le Cabiai ne s'écarte pas des rivières et des lacs où il se jette dès qu'il est poursuivi. Il vit par petites bandes composées d'un mâle, de deux ou trois femelles et des jeunes de l'année. Ils se nourrissent de plantes aquatiques, et détruisent les melons et les citrouilles des plantations cultivées, quand il s'en trouve dans le voisinage. La femelle a douze paires de mamelles et met bas de trois à quatre petits. Les jeunes et même les adultes s'apprivoisent aisément. Le Cabiai nage en tenant seulement les narines hors de l'eau ; il plonge facilement. Sa chair est bonne à manger, et c'est la proie ordinaire du Jaguar. La seule espèce connue (Hydrochaerus capyraba) est d'un brun roussâtre, plus clair sous le ventre. Elle habite l'Amérique du Sud de la Guyane au Rio de la Plata, s'étendant à l'ouest jusqu'au Pérou et en Bolivie ; elle est répandue dans tout le Brésil, et plus au sud dans le Paraguay, les provinces de Montevideo, Paranà, Rosario et Maldonado. Ces grands Rongeurs voisins des Ongulés étaient plus nombreux et plus répandus à l'époque tertiaire que de nos jours. Outre l'espèce si voisine du Cabiai actuel que Lund a trouvée dans les casernes du Brésil; on en connait dans le pleistocène de l'Amérique du Nord l'Oromys Aesopi de Leidy, de la Caroline du Sud, ne diffère pas génériquement d'Hydrochaerus. Une autre espèce plus ancienne (Hydr. robustus Leidy) est du pliocène du Nicaragua. Dans l'Amérique du Sud, les Hydr. sulcidens (Lund) et H. magnus (Gerv. et Amegh.) sont des sables pléistocènes des Pampas de La Plata. Un type éteint plus distinct forme le G. Plexochaerus (Pl. paranensis), des couches oligocènes de Parana, décrit d'abord par Ameghino comme un véritable Cabiai. Le Phugatherium cataclisticum (Ameghino) et le G. Cardiatherium du même auteur, comprenant une demi-douzaine d'espèces, sont aussi très voisins du Cabiai et indiquent la grande abondance de ces Rongeurs à formes robustes, dans l'Amérique méridionale, pendant la période tertiaire. (E. Trouessart). | |