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Bolivie
Republica de Bolivia

17 00 S, 65 00 W
La Bolivie est un Etat de l'Amérique du Sud, dans la partie centrale de la Cordillère des Andes, et enclavé entre le Pérou, le Brésil, le Paraguay, l'Argentine et le Chili. D'une superficie de 1,098,580 km² et peuplé de 12 millions d'habitants (2023), c'est une république, qui se définit dans sa nouvelle constitution (révision de janvier 2009) comme un Etat social unitaire. et qui est divisée en 9 départements (departamentos; singulier  : departamento) : Beni, Chuquisaca, Cochabamba, La Paz, Oruro, Pando, Potosi, Santa Cruz, Tarija. La capitale administrative est La Paz; la capitale constitutionnelle est Sucre. Les autres grandes villes sont Cochabamba, Santa Cruz et Oruro.
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Bolivie : La Paz.
La Paz, capitale administrative de la Bolivie, est située à 3660 m. C'est
 la capitale la plus haute du monde. Elle a été fondée en 1548 sous par les 
conquistadores espagnols. Source : The World Factbook.

Géographie physique de la Bolivie

Relief du sol.
Le territoire bolivien comprend deux parties principales, la région de la Cordillère ou région montagneuse qui est située à une grande altitude, et la plaine orientale qui s'étend du pied de la Cordillère jusqu'au Guaporé et au Paraguay

La Cordillère des Andes est un énorme massif de montagnes et de plateaux qui s'étend du Nord au Sud de l'Amérique en longeant l'océan Pacifique. Elle se divise en autant de parties qu'elle traverse d'Etats. Les Andes de Bolivie en sont la partie centrale, celle où le massif s'élargit le plus et forme le milieu de ce long môle qui affecte la forme d'un fuseau : entre Tacna et Santa Cruz elles mesurent environ 800 km de largeur. C'est aussi, dans l'ensemble, la plus haute; car les lacs Titicaca et Pampa Aullagas, qui occupent le fond de la cuvette du plateau, sont à l'altitude de 3820 et de 3700 m. Elles se composent du plateau même, qui est au centre, et des deux chaînes qui en constituent les talus latéraux, la Cordillère occidentale et la Cordillère orientale.

La Cordillère orientale.
La Cordillère occidentale de la Bolivie, qui n'est que la continuation de celle du Pérou, peut être considérée comme commençant au chemin de fer d'Arequipa qui traverse la crête à Crucero par 4470m d'altitude. Au Sud du défilé de Crucero sont les volcans voisins d'Arequipa, le Chacani, le Misti (6100 m), redoutable par ses éruptions, le Pichu pichu, puis le Tupupaca, le pic Tacora (6017 m) et, à ses pieds, la passe de Tacora (4170 m), avec le village du même nom qui est considéré comme le plus élevé du globe; cette passe est le chemin le plus fréquenté de la Bolivie à la côte de l'océan Pacifique. A 900 km au Sud sont le Sajama (6542 m), point culminant de la Bolivie, le Parinacota (6376 m), le Gualatieri (6000 m). La chaîne, dont l'orientation était jusque-là vers le Sud-Est, se dirige droit au Sud en formant tantôt un large plateau, tantôt une double crête non moins aride; mais cette partie, dans laquelle se trouvent de hauts volcans, l'Isluga (5200 m), le Mino, le Laboza (5960 m), le Llullaillaco (5170 m), est aujourd'hui la possession du Chili.

La Cordillère orientale.
La Cordillère orientale commence au massif d'Apolobamba (5310 m au pic Cootolo) qui est un des noeuds les plus importants des Andes et dont les rameaux s'étendent au loin entre le Beni et le Tambopata, dominant la grande savane dite Llanos de Apolobaniba. A ce massif se soude la longue et haute crête de la Cordillera real, ou Cordillère royale, ou encore chaîne de Sorata qui borde à l'Est le lac Titicaca et la vallée de La Paz; là sont les la plupart des plus hauts sommets de la Bolivie : l'Illampu ou Nevado de Sorata (du nom de la localité qu'il domine) qui a passé longtemps pour la plus haute montagne des deux Amériques et qui n'a "que" 6362 m, le Huayna Potosi (6184 m), l'Illimani (6410 m), le pic de Paris (6131 m), gravi en 1876 par Wiener. 

C'est du lac Titicaca qu'on embrasse le panorama lointain de cette chaîne dentelée, blanche de neige, surmontée de l'Illampu qui se dresse comme un clocher; mais le spectateur, étant déjà à l'altitude de 3820 m, est loin de recevoir l'impression que lui feraient les mêmes montagnes, vues de la mer

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Carte de la Bolivie.
Carte de la Bolivie. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Une coupure abrupte, par laquelle s'échappe le rio de La Paz au pied de l'Illimani, sépare cette chaîne de la Cordillère de Quimsacruz et de la Cordillère de Cochabamba, qui se font suite et prolongent leurs ramifications jusqu'à Santa Cruz; dans cette dernière Cordillère sont le cerro Tunari et le défilé de Columi (4920 m). D'autre part, la crête qui forme la ligne de partage des eaux continue vers le Sud en bordant le lac Pampa Aullagas et en divisant le plateau en deux versants; les principaux sommets de cette crête sont le Pabellon, le cerro Asanaque (5133 m), la Cordillère de los Frailes au Sud du lac, avec le Tacacolque (5300 m) et le cerro Cuzco (5454 m.). A l'Est de cette chaîne est le massif du Potosi (4688 m au cerro de Potosi et 4650 au cerro de Porco) qui forme un des noeuds principaux des Andes.

L'Altiplano bolivien.
Le Grand plateau de Bolivie (Altiplano), situé entre les deux Cordillères, ne mesure pas moins de 700,000 km². Il se divise en plusieurs bassins : Au Nord le bassin des lacs Titicaca et Pampa Aullagas s'étend du noeud de Vilcanota, par 14° de latitude Sud environ, jusqu'à l'extrémité méridionale de la Cordillère de Los Frailes, par 21°. Sur les bords de cette cuvette oblongue, le terrain se relève à plus de 4000 m et quelques sommets isolés dépassent 5000 m; dans le fond, comme nous l'avons dit, le niveau des lacs est à 3820 et de 3700 m. Le sol, couvert de dépôts pléistocènes, paraît avoir été le lit d'un lac d'une étendue d'environ 250,000 km². On y trouve également de grandes zones de dépôt de Sel, comme le Salar de Uyuni, qui offre également d'importantes réserves de lithium à l'exploitation prometteuse. Au Sud, l'altitude du plateau est en général supérieure à 4000 m et plusieurs sommets qui le surmontent dépassent 5900, surtout dans les Alturas de Lopez (5988 m au pic Lopez, 5907 au Todos Santos). C'est une région d'une aridité désolante; on désigne à juste titre une partie de la Puna de Jujuy sous le nom de Despoblado plato, le plateau désert. 
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Sala de Uyuni (Bolivie).
Le Salar de Uyuni. Cette étendue de sel de près de 11 000 km² se situe à une altitude de 3660 m.
Il renferme le tiers des réserves de lithium explotable de la Terre
Photo : David Almeida; licence : Creative Commons.

La plaine orientale.
La plaine orientale s'étend entre les Andes de Bolivie et le plateau de Mato Grosso. Le sol est presque nu et sillonné de quelques cours d'eau qui coulent, pour la plupart, un peu au-dessous du niveau de la plaine, entre des rives coupées en falaises. L'altitude générale paraît très médiocre, surtout quand on songe que les rivières sont à 1500 km, et plus de leur embouchure; même à la ligne de partage des eaux des bassins de l'Amazone et de la Plata, cette altitude est à peine de 300 m (297 m à San José). Le terrain est couvert, sur beaucoup de points, de marais dans la saison pluvieuse, et est aride dans la saison sèche.

Le régime des eaux.
Le centre du bassin intérieur est occupé par le lac Titicaca (6900 km²), dont la partie occidentale appartient au Pérou, et presque coupé en deux (lac Titicaca ou Chuquito au Nord et lac Unimarca au Sud) par la presqu'île Copacabana qui ne laisse qu'un chenal étroit entre deux murailles de roc. Il reçoit de tous les cotés un grand nombre de torrents qui descendent des montagnes. De son extrémité méridionale sort le rio Desaguadero (270 km), « canal d'écoulement », qui n'a guère qu'une quarantaine de mètres de largeur et qui emporte d'un cours lent, vers le Sud-Est, le trop-plein du lac dans le lac Pampa Aullagas (2800 km²). Un autre desaguadero y apporte aussi, mais d'une manière intermittente, les eaux du marais saumâtre dit Cienaga de Coiposa. 

Les eaux qui descendent de la Cordillère orientale divergent pour s'écouler, les unes dans le bassin de l'Amazone, les autres dans celui de la Plata. Le rio Mamoré, nommé aussi rio Grande ou Guapahy, descend, sous le nom de rio Misqui, des hauteurs qui avoisinent Cochabamba; il n'est plus qu'à une altitude de 450 m à Cabezas quand il entre dans la plaine au milieu de vastes et plantureux pâturages; c'est au confluent du Chaparé, descendu aussi de la Cordillère, qu'il prend le nom de Mamoré. Son principal affluent, le rio Beni (ou Veni), a sa source près de La Paz; celui-ci reçoit le rio de La Paz ou Choqueyapu, qui prend naissance, ainsi que le rio Caca, sur le plateau même, près du lac Titicaca, et traverse par un défilé la crête de la Cordillère pour en descendre ensuite la pente. Dans les vallées boliviennes coulent aussi l'Amarou-maynu (réunion du Teno et du Pigni-pigni), et l'Inambary qui se réunissent pour former le rio Madre de Dios, affluent du Veni; on a longtemps ignoré le véritable cours de cette rivière, qui reçoit le Madidi. 

Un des affluents du Paraguay, le Pilcomayo prend sa source sur le plateau bolivien, au Nord-Ouest de Potosi, reçoit au débouché des montagnes de nombreux affluents dont le principal est le Pilaya; c'est d'abord un torrent rapide, encaissé; puis, dans la plaine du Gran Chaco , un cours d'eau sinueux lent, bordé de saules et souvent de marécages, qui se dirige vers le sud-est. Le rio Bermejo, autre affluent du Paraguay, se forme aussi sur le talus du plateau bolivien par la réunion de plusieurs torrents et coule dans la plaine, parallèlement au Pilcomayo.

Le climat de la Bolivie.
Le climat de la Bolivie varie suivant l'altitude. Quoique la contrée soit située, par sa latitude, dans la zone tropicale, les sommets de la Cordillère qui ont plus de 4500 m portent des neiges perpétuelles. Sur le plateau, dans la région qu'on désigne sous le nom de Puna, les vents d'Est et de Sud-Est, continuation de l'alizé qui souffle dans la plaine de l'Amazone, se font sentir avec force. Ils alternent avec les vents froids de l'Ouest et du Sud-Ouest. De mai à octobre, le ciel est toujours pur, les nuits sont froides et il n'est pas rare que le thermomètre descende à 0 °C. La rareté de la pluie et la violence du vent interdisent presque les cultures arborescentes dans la Puna. La Sierra ou les Yungas, c. -à-d. les versants et les vallées de la Cordillère orientale situés entre 3400 et 2400 m, jouissent, en moyenne, d'une température de +15 °C la jour et de +5° la nuit pendant l'hiver ou saison des pluies, laquelle commence en octobre, et de +17° le jour et - 4 °C la nuit pendant l'été ou saison sèche, laquelle commence en mai. La pluie tombe en grande abondance et par orages dans cette région. Dans la plaine orientale le climat est continental; la sécheresse est très grande en hiver et l'été est très chaud, surtout dans le Gran Chaco. (GE).

Géographie humaine de la Bolivie

Démographie.
La Bolivie compte une population estimée à environ 12 millions d'habitants en 2023. La croissance démographique est modérée, mais le pays conserve une structure par âge relativement jeune, bien que l'espérance de vie ait augmenté ces dernières décennies, ce qui a entraîné un lent vieillissement de la population. Les taux de natalité et de mortalité ont diminué, suivant les tendances globales, mais des disparités régionales persistent. La population connaît une concentration significative dans les zones urbaines et les principales villes de l'Altiplano (La Paz, El Alto, Oruro, Potosi), des vallées (Cochabamba, Sucre) et, de manière croissante, des basses terres orientales (Santa Cruz de la Sierra). Santa Cruz est devenue un pôle économique majeur et connaît une croissance démographique rapide, grâce à l'arrivée de migrants internes et externes. L'urbanisation est un phénomène important, bien qu'une part significative de la population réside encore dans des zones rurales ou semi-rurales, généralement dans des conditions d'accès limitées aux services. Les migrations internes s'effectuent principalement des zones rurales vers les centres urbains et des régions andines vers les basses terres. La migration externe est également une réalité, avec une émigration de Boliviens vers d'autres pays, notamment l'Argentine, le Brésil, l'Espagne et les États-Unis.

La structure sociale a connu des transformations significatives, notamment avec l'émergence politique des mouvements indigènes au XXIe siècle, mais reste marquée par d'importantes inégalités. La pauvreté, bien qu'ayant diminué dans les années 2000 et 2010, reste un défi majeur, particulièrement dans les zones rurales et parmi les populations indigènes. Les inégalités de revenus, d'accès à l'éducation, à la santé, à la terre et aux services de base sont prononcées et fréquemment corrélées à l'origine ethnique et à la région géographique. La stratification sociale mêle des dimensions de classe socio-économique et d'appartenance ethnique.

Si l'espagnol est la langue officielle et la plus parlée, plusieurs langues indigènes (Quechua, Aymara, Guarani en tête) sont également officielles. Le système éducatif et le système de santé ont fait l'objet de politiques visant à améliorer l'accès, notamment pour les populations historiquement exclues, mais les disparités de qualité et de couverture persistent entre zones urbaines et rurales, et entre différentes classes sociales et groupes ethniques. 

Les mouvements sociaux, en particulier les organisations indigènes et paysannes, ont joué un rôle imortant  dans la contestation de l'ordre établi, la revendication de droits et la promotion de transformations politiques et sociales majeures, comme la reconnaissance d'un État plurinational et la nationalisation de ressources stratégiques. Le régionalisme est également une dynamique sociologique importante, avec des identités et des intérêts distincts entre les régions de l'Altiplano, des vallées et surtout les basses terres orientales (Oriente), parfois source de tensions politiques et sociales. 

Quelques-unes des principales villes de la Bolivie

• La Paz est le siège du gouvernement et la capitale administrative de la Bolivie. Elle se situe à plus de 3600 mètres d'altitude dans un canyon entouré des hauts sommets andins. La Paz abrite le palais présidentiel, les ministères, les ambassades et le parlement. Elle est aussi un centre culturel et universitaire, avec de nombreux musées, théâtres, bibliothèques et institutions d'enseignement supérieur. Son urbanisme accidenté et son téléphérique urbain illustrent à la fois les contraintes topographiques et les innovations de mobilité.

• Sucre, située dans les vallées du sud, est la capitale constitutionnelle et le siège de la Cour suprême. Elle a une architecture coloniale bien conservée, classée au patrimoine mondial de l'Unesco. C'est une ville universitaire et culturelle, surnommée la « ville blanche » pour ses bâtiments peints à la chaux. Sucre incarne l'histoire juridique et éducative de la Bolivie.

• Santa Cruz de la Sierra, dans les plaines orientales, est la plus grande ville du pays et son principal moteur économique. En plein essor depuis les années 1980, elle est devenue le centre de l'agro-industrie, du commerce, des finances et des services. Sa croissance rapide attire des migrants de toutes les régions du pays. C'est une ville dynamique, multiculturelle et tournée vers les marchés brésilien et argentin, avec une architecture moderne, des quartiers d'affaires et des zones industrielles en expansion.

• Cochabamba, située dans une vallée tempérée du centre du pays, est surnommée la « ville du printemps éternel » pour son climat agréable. Elle est un important centre agroalimentaire, commercial et universitaire. Elle a joué un rôle central dans les mobilisations sociales, notamment la guerre de l'eau en 2000. Son marché central (La Cancha) est l'un des plus grands

d'Amérique du Sud, et la ville  possède  également une forte vie culturelle et associative.

• El Alto, ville satellite de La Paz située sur l'Altiplano, est devenue la deuxième ville la plus peuplée du pays. Elle est un centre d'activisme social, de culture populaire aymara et d'économie informelle. Son architecture colorée et sa croissance rapide illustrent les transformations récentes du tissu urbain bolivien. El Alto est un bastion politique important dans les mouvements indigènes et syndicaux.

• Oruro, au sud-ouest, est un centre minier historique, célèbre pour son carnaval classé au patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Elle est située sur l'Altiplano à plus de 3700 mètres d'altitude. La ville conserve une forte tradition ouvrière et religieuse, combinant syncrétisme andin et catholicisme dans ses fêtes populaires.

• Potosí, ville historique de l'ère coloniale, est célèbre pour ses mines d'argent du Cerro Rico, qui furent l'une des principales sources de richesse de l'empire espagnol. Elle conserve un patrimoine architectural colonial exceptionnel et une mémoire forte de l'exploitation minière. Aujourd'hui, l'activité minière se poursuit à plus petite échelle, et la ville reste un centre historique et symbolique majeur.

• Tarija, au sud, est située dans une région viticole et agricole fertile. Elle bénéficie d'un climat doux et d'une forte identité régionale. Elle est un centre de production de vin et d'eau-de-vie de raisin (singani), avec une économie centrée sur l'agriculture et le tourisme rural.

• Trinidad, capitale du département de Beni, se trouve dans la région amazonienne. Elle est entourée de rivières et de forêts, et joue un rôle administratif et logistique dans le nord-est du pays. C'est une ville en expansion dans une région encore en grande partie peu peuplée.

• Cobija, dans le département de Pando, à la frontière avec le Brésil, est un centre commercial émergent dans la zone amazonienne. Elle illustre les efforts d'intégration territoriale de la Bolivie dans ses régions les plus éloignées.

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Groupes ethnolinguistiques.
La Bolivie reconnaît officiellement par sa Constitution 36 langues indigènes comme officielles aux côtés de l'espagnol,. Ces langues repérsentent autant de groupes ethniques indigènes distincts, chacun avec ses traditions. Le pays est souvent considérée comme le  plus indigène d'Amérique du Sud, avec une proportion importante de sa population s'identifiant comme appartenant à l'un des nombreux groupes ethniques originaires, notamment les Quechuas et les Aymaras dans les Andes, ainsi que des dizaines d'autres groupes dans les basses terres (Guaranis, Chiquitanos, Moxeños, etc.). La catégorie "Mestizo" (métis), qui combine des origines indigènes et européennes, représente une autre part importante de la population et sa définition est parfois fluide, dépendant de l'auto-identification et du contexte social. Il existe également une petite population d'origine européenne et des communautés afro-boliviennes, principalement dans la région des Yungas. Cette diversité est au coeur des dynamiques sociales et politiques du pays. Historiquement, la société bolivienne a été marquée par une structure sociale fortement hiérarchisée, héritée de l'époque coloniale, où l'origine ethnique et la couleur de peau étaient des déterminants majeurs du statut social, de l'accès aux ressources et du pouvoir. Les populations indigènes ont été longtemps marginalisées, exploitées et discriminées.

Quechua.
Les Quechua, descendants des populations soumises par l'Empire Inca, sont présents dans une large partie du pays, notamment dans les départements de Cochabamba, Chuquisaca, Potosí, et certaines zones de La Paz et Oruro. Leur langue, le quechua, se décline en plusieurs dialectes régionaux qui témoignent de l'étendue passée de l'influence inca et de son adaptation aux populations locales. Ils constituent la plus grande population autochtone de Bolivie et jouent un rôle culturel et économique significatif, notamment dans l'agriculture et l'artisanat.

Aymara.
Les Aymara, quant à eux, peuplent principalement l'Altiplano autour du Lac Titicaca et la région de La Paz et Oruro. Historiquement organisés en royaumes puissants avant l'arrivée des Incas, ils ont maintenu une forte identité culturelle et linguistique distincte. La langue aymara, qui appartient à une famille linguistique différente du quechua, est parlée par une population importante qui a également joué un rôle politique majeur dans l'histoire récente de la Bolivie, notamment à travers des mouvements sociaux et politiques revendiquant les droits indigènes. La ville d'El Alto, adjacente à La Paz, est un centre urbain aymara où cette identité est très présente.

Populations de l'Est.
Outre ces deux grands groupes andins, la Bolivie abrite une multitude d'autres groupes ethnolinguistiques, principalement situés dans les vastes plaines orientales (Oriente), le Chaco et le bassin amazonien. Ces populations, moins nombreuses et plus dispersées, parlent une grande variété de langues appartenant à diverses familles linguistiques (tupi-guarani, arawak, pano, tacana, mataco-guaicuru, etc.). Parmi les groupes les plus connus figurent les Guarani, qui habitent principalement le sud-est du pays et partagent une identité complexe avec des sous-groupes comme les Ava Guaraní, les Simba Guaraní et les Izoceño-Guaraní. Ils ont une histoire marquée par la résistance face aux Espagnols et aux colons criollos.

Populations du Nord et de l'Est.
Dans les plaines du nord et de l'est se trouvent d'autres groupes importants comme les Chiquitano (Santa Cruz), les Moxeño (Beni), les Tacana (La Paz/Beni), les Tsimané (Beni), les Ayoreo (Chaco), les Weenhayek (Tarija), et bien d'autres encore. Chacun de ces groupes possède sa propre langue, ses propres traditions culturelles, son organisation sociale. Beaucoup de ces langues des plaines sont menacées d'extinction en raison de la migration vers les villes, de l'influence dominante de l'espagnol et du manque de transmission intergénérationnelle.

Culture.
Historiquement, la Bolivie est le coeur de l'empire Tiwanaku, puis une partie importante du Tawantinsuyu inca avant d'être conquise par les Espagnols. La période coloniale a laissé une empreinte durable, notamment l'introduction du catholicisme, de la langue espagnole et d'un système social basé sur l'exploitation minière et agricole. Cependant, contrairement à d'autres pays d'Amérique latine, la population indigène a conservé une présence numérique et culturelle très forte. 

La religion en Bolivie est un exemple frappant de syncrétisme. Si le catholicisme est la religion majoritaire héritée de l'époque coloniale, il est fréquemment pratiqué en parallèle ou en fusion avec les croyances ancestrales indigènes. La figure de la Pachamama (la Terre Mère) est vénérée partout, particulièrement dans les Andes, où elle est considérée comme une entité vivante à qui il faut rendre hommage par des offrandes pour assurer la fertilité des terres et la protection. Dans les mines, El Tío (l'Oncle), une divinité chthonienne parfois associée au diable chrétien, reçoit également des offrandes pour garantir la sécurité des mineurs et la richesse du minerai. Les saints catholiques sont ordinairement associés à des divinités précolombiennes, ce qui produit un panthéon unique où se mêlent traditions andines, amazoniennes et européennes. L'influence des églises évangéliques est croissante. 

La musique et la danse occupent une place centrale dans la vie bolivienne. Chaque région, chaque vilalage, presque, possède ses rythmes et ses danses caractéristiques. Les instruments traditionnels andins, comme le siku (ou zampoña, flûte de Pan), la quena (flûte droite) ou le charango (petite guitare à dix cordes, souvent avec une caisse de résonance faite d'une carapace de tatou), sont emblématiques. Les danses sont innombrables et spectaculaires, racontant des histoires, célébrant la nature, les saints ou l'histoire elle-même. La cueca est la danse nationale, mais des danses comme la morenada, la diablada ou les caporales sont internationalement reconnues et constituent le coeur des grandes fêtes.

L'artisanat est également très développé et diversifié. Les textiles andins, avec leurs motifs géométriques complexes et leurs couleurs vives (souvent des aguayos et des llicllas tissés), sont célèbres et racontent l'histoire, les mythes et la vie quotidienne des communautés. La poterie, la vannerie, la sculpture sur bois (particulièrement dans les basses terres), la fabrication de masques pour les fêtes et le travail de l'argent (héritage de l'exploitation minière) sont autant de formes d'expression artistique qui perpétuent des savoir-faire ancestraux. L'art colonial, notamment l'école de peinture de Potosí avec ses représentations religieuses et ses Vierges métisses, témoigne également de l'influence hispanique.

Dans les Andes et les vallées, l'alimentation est basée sur la pomme de terre (il existe des milliers de variétés), le maïs, le quinoa, les légumineuses et les viandes comme le lama et l'agneau. Des plats copieux comme le silpancho (viande fine panée avec riz, oeuf et pommes de terre), le pique macho (viande en dés, saucisses, frites, oignons et piment), ou les soupes épaisses et les ragoûts sont typiques. Dans les basses terres orientales, la cuisine utilise davantage le yucca (manioc), la banane plantain, le riz, le poisson des rivières tropicales et le bœuf. Les salteñas (chaussons fourrés de viande, légumes, oeufs et un bouillon gélatineux, consommés le matin) sont une institution nationale. Les boissons traditionnelles incluent la chicha (bière de maïs fermenté) et le mate de coca (infusion de feuilles de coca).

La feuille de coca occupe une place dans la culture bolivienne, qui va bien au-delà de son association avec la production de cocaïne. Elle est profondément enracinée dans les traditions des populations andines, notamment les Quechuas et les Aymaras, qui la considèrent comme une plante sacrée depuis des siècles. La coca est utilisée quotidiennement sous forme de mastication, connue sous le nom de « coqueo ». Ce rituel, pratiqué par les travailleurs des montagnes et des zones rurales, aide à atténuer la fatigue, la faim et le mal d'altitude. Les feuilles sont ordinairement associées à la chaux ou à d'autres substances alcalines pour en libérer les principes actifs. Dans les cérémonies religieuses et culturelles, la coca joue un rôle symbolique important. Elle est offerte à la Pachamama (la Terre Mère) lors de rituels spirituels pour demander protection, fertilité et prospérité. Les feuilles sont également utilisées dans les pratiques divinatoires, où leur disposition après avoir été jetées permet aux chamanes d'interpréter des signes. Sur le plan politique et identitaire, la coca est un symbole de souveraineté nationale. La Bolivie, sous l'impulsion de dirigeants comme Evo Morales, a défendu vigoureusement l'usage traditionnel de la feuille de coca face aux pressions internationales liées à la lutte contre la drogue. Le pays distingue clairement l'usage culturel et médicinal de la feuille de coca de sa transformation illégale en cocaïne. En Bolivie, la feuille de coca est aussi transformée en produits comme les infusions, les pommades, les bonbons ou les boissons énergétiques, contribuant à l'économie locale. Malgré les controverses à l'échelle mondiale, elle reste un pilier de l'identité culturelle bolivienne.
Les fêtes et traditions rythment la vie sociale et religieuse. Le Carnaval d'Oruro, reconnu par l'Unesco comme chef-d'oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité, est l'une des manifestations culturelles les plus importantes, mêlant processions religieuses, danses traditionnelles spectaculaires (avec des milliers de danseurs et musiciens) et expressions de syncrétisme religieux. Les fêtes patronales des saints dans chaque ville et village sont aussi des moments de grande effervescence communautaire, avec des processions, de la musique, de la danse, des repas partagés et souvent des célébrations qui durent plusieurs jours. L'Alasitas (une foire aux miniatures à La Paz où l'on achète des objets représentant ce que l'on souhaite avoir dans l'année, bénis par des prêtres catholiques et des yatiris andins) est une autre tradition importante.
Le Carnaval d'Oruro est l'un des événements culturels et religieux les plus importants de Bolivie et même d'Amérique du Sud. Il se déroule chaque année dans la ville minière d'Oruro, située sur l'altiplano bolivien, généralement le samedi précédant le Mercredi des Cendres. Plus qu'une simple fête carnavalesque, c'est une expression complexe de la religion et du folklore bolivien, caractérisée par un syncrétisme unique entre la tradition catholique, symbolisée par la dévotion à la Virgen del Socavón (la Vierge Protectrice des mineurs), et les croyances indigènes andines, notamment le culte de Pachamama (la Terre Mère) et du Tío Supay (l'Esprit de la mine, souvent associé au diable). Le point culminant du Carnaval est la Entrada, une grande procession-défilé qui voit des dizaines de milliers de danseurs et musiciens, organisés en conjuntos folklóricos, parcourir un long parcours à travers la ville jusqu'au sanctuaire de la Vierge du Socavón. Ce défilé spectaculaire dure généralement plus de vingt heures et présente une incroyable variété de danses traditionnelles boliviennes. Parmi les danses les plus célèbres et emblématiques, on trouve la diablada, avec ses costumes élaborés de diables et d'anges représentant la lutte entre le bien et le mal; la morenada, qui évoque l'histoire de l'esclavage africain et le commerce d'argent; les caporales, une danse énergique inspirée des contremaîtres afro-boliviens; ainsi que d'autres danses comme les kullawadas, les llameradas, les tinkus, et bien d'autres, chacune ayant sa propre musique, sa chorégraphie, et sa signification historique ou symbolique. La richesse, la diversité et la complexité de cet événement, qui mêle dévotion religieuse, art populaire, musique et danse dans une explosion de couleurs et d'énergie, ont conduit l'Unesco à le proclamer "Chef-d'oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l'Humanité en 2001. 
Au-delà de ces manifestations visibles, la culture bolivienne repose sur des valeurs sociales fortes comme la communauté, la réciprocité (particulièrement le concept andin d'ayni, l'aide mutuelle au sein de la communauté), le respect des aînés et un lien profond avec la terre et la nature. L'histoire de marginalisation et de lutte pour la reconnaissance des populations indigènes a également façonné une identité nationale qui, tout en embrassant la modernité, cherche de plus en plus à valoriser et à intégrer ses racines précolombiennes.

Economie.
L'économie de la Bolivie est caractérisée par une structure encore fortement dépendante de l'extraction et de l'exportation de matières premières, bien qu'elle ait mis en oeuvre un modèle de développement axé sur l'intervention de l'État, la redistribution des richesses et la promotion de l'industrialisation par substitution d'importations au cours des dernières décennies, notamment sous le Nuevo modelo económico social comunitario productivo initié en 2006. Ce modèle a capitalisé sur une période de prix élevés des matières premières, en particulier le gaz naturel, pour accroître les revenus de l'État, financer des investissements publics massifs dans les infrastructures et les secteurs stratégiques, et mettre en place des programmes sociaux visant à réduire la pauvreté et les inégalités. L'économie informelle est une caractéristique marquante de l'économie bolivienne. Elle représente une part substantielle du PIB et de l'emploi, mais pose des défis en termes de productivité, de protection sociale et de collecte d'impôts.

Historiquement, le secteur minier a longtemps joué un rôle central, avec l'extraction de minéraux tels que l'argent, l'étain, le zinc et plus récemment l'or. Cependant, c'est le secteur des hydrocarbures, dominé par le gaz naturel, qui est désormais le moteur principal de l'économie et la source majeure de revenus fiscaux et de devises étrangères pendant la période de boom des années 2000 et début 2010. La nationalisation des hydrocarbures en 2006 a permis à l'État de capter une part bien plus importante des rentes générées par l'exportation de gaz, principalement vers le Brésil et l'Argentine. Cependant, la production de gaz naturel est confrontée à un déclin structurel ces dernières années, posant un défi majeur à la viabilité du modèle économique actuel et à la durabilité des revenus de l'État.

Un enjeu stratégique majeur pour l'avenir de la Bolivie réside dans l'exploitation et l'industrialisation du lithium, dont le pays possède d'énormes réserves dans le Salar de Uyuni. Le gouvernement a affiché l'ambition de ne pas se limiter à l'extraction du minerai brut mais de développer une industrie de batteries au lithium et d'autres produits à valeur ajoutée, bien que ce projet soit complexe et nécessite des investissements technologiques et financiers considérables, souvent en partenariat avec des entreprises étrangères.

En parallèle, le secteur agricole reste essentiel. Il emploie une part significative de la population, bien que souvent dans le secteur informel ou pour l'agriculture de subsistance. Les cultures importantes sont le soja (orienté vers l'exportation), le sucre, le maïs, le riz, la pomme de terre et la quinoa, dont la Bolivie est un producteur mondial majeur. Le secteur agricole est cependant vulnérable aux chocs climatiques et nécessite des investissements importants en infrastructure et technologie. 

Le secteur manufacturier est relativement moins développé et diversifié, généralement orienté vers la transformation de matières premières agricoles ou minières ou vers la production de biens de consommation simples pour le marché intérieur. L'objectif d'industrialisation a été une priorité politique, qui a visé à ajouter de la valeur aux produits de base et à réduire la dépendance aux importations, mais sa mise en oeuvre et son succès restent mitigés. Les services constituent un secteur en croissance.

Sur le plan macroéconomique, la Bolivie a connu une période de croissance économique soutenue pendant le boom des matières premières, affichant souvent des taux parmi les plus élevés de la région. L'inflation a généralement été maintenue à des niveaux relativement modérés comparée à certains voisins. Cependant, la chute des prix des matières premières après 2014 et le déclin de la production de gaz ont mis sous pression les finances publiques, et entraîné des déficits budgétaires persistants et une augmentation de la dette publique. La gestion des réserves internationales est également devenue un sujet de préoccupation.

Le commerce extérieur bolivien reste fortement dépendant des exportations de gaz naturel, de minéraux (zinc, argent, or, étain) et de produits agricoles (soja et dérivés). Les principaux partenaires commerciaux incluent les pays voisins (Brésil, Argentine, Pérou, Chili), la Chine et les États-Unis. La structure des exportations rend l'économie très sensible aux fluctuations des prix sur les marchés mondiaux, un défi constant pour la stabilité économique. Les importations sont dominées par les biens manufacturés, les biens d'équipement et les intrants pour l'industrie et l'agriculture.

La Bolivie est confrontée à la nécessité de se diversifier pour réduire la dépendance de son économie aux matières premières, d'améliorer les infrastructures pour faciliter le commerce et le développement des secteurs productifs, de renforcer les institutions pour lutter contre la corruption et améliorer la gouvernance, de formaliser l'économie informelle et de continuer à réduire la pauvreté et les inégalités tout en assurant la viabilité budgétaire. La volatilité politique des dernières années a également créé de l'incertitude pour les investissements et la stabilité économique. 

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