|
. |
|
Les Rosacées |
Les Rosacées
forment une famille de plantes'
dicotylédones
qui sont des herbes,
des arbrisseaux ou des arbres
le plus souvent épineux, à feuilles
pennées souvent alternes, rarement simples; donnant des fleurs
parfumées blanches, roses, jaunes, etc., terminales, solitaires
ou en corymbe.
Cette famille renferme un nombre considérable d'espèces réparties sur toute la surface du globe. Elle doit son nom au Rosier, avec ses multiples variétés, qui est ornemental; les pétales de quelques espèces servent à préparer l'essence de rose qui est localisée dans l'épiderme supérieur. De nombreux genres ont des fruits comestibles : les Prunes, les Pêches, les Cerises et les Abricots qui sont des drupes; les Framboises, qui sont des agglomérations de drupes; les Fraises, formées par le réceptacle charnu de la fleur; les Amandes, qui ne sont que les graines du fruit de l'Amandier; et enfin les Pommes, les Poires, les Nèfles et les Coings, dont on fait surtout des compotes et des gelées. Ces plantes sont toutes plus ou moins astringentes et renferment du tanin, qui fait employer certaines d'entre elles au tannage des peaux ou à la teinture en noir. Cette même substance les fait employer contre la diarrhée ou les hémorrhagies. Le bois de Panama, utilisé pour le nettoyage des étoffes, est l'écorce d'une plante qui appartient à une sous-famille proche de celle des Spiraéoïdées, et qui vit dans l'Amérique centrale, le Quillaja Saponaria. Nos arbres fruitiers, tels que pruniers et abricotiers, lorsqu'ils sont vieux, laissent couler de leurs troncs une gomme appelée gomme de France ou nostros, qui est imparfaitement soluble dans l'eau, et qui a été utilisé dans la chapellerie. Les semences du coing renferment un mucilage abondant usité comme adoucissant et comme agglutinatif. Beaucoup de Rosacées renferment de l'acide cyanhydrique et quelques-unes sont, à cause de cela, des poisons redoutables. Un grand nombre de
végétaux
de cette famille exhalent une odeur agréable due à une huile
essentielle.
Tout le monde a entendu parler de l'essence de roses si connue en Orient
sous le nom d'atar et d'ather de roses. Les spirées,
les benoîtes, etc., exhalent aussi de
suaves odeurs. Les graines des amandiers
donnent une huile comestible; celles de l'abricotier
de Briançon fournissent aussi une huile douce désignée
sous le nom d'huile de marmotte et qui sert aux mêmes usages
que l'huile d'olive. La plupart de des fruits cultivés sont produits
par des arbres appartenant aux divers ordres de
cette famille. Enfin, le bois du poirier, celui
de l'alisier, etc., sont employés par
l'ébénisterie et la tabletterie. Nous ne parlerons pas des
innombrables variétés de roses qui font l'ornement de nos
jardins et de nos parcs.
La fleur des Rosacées, régulière dans le plus grand nombre des cas, est portée sur un réceptacle en forme de coupe; celle-ci se creuse tellement dans quelques genres, qu'elle ressemble à une bouteille. Dans d'autres genres ce réceptacle se relève au centre en une sorte de bosse. Elle est composée d'un calice persistant à 5 sépales libres ou soudés en tubes dans une étendue variable. Ces sépales sont quelquefois accompagnés de stipules se soudant deux à deux et constituant un calicule dont les divisions alternent avec celles du calice. La corolle est composée de 5 pétales, plus rarement 4, et insérés sur un disque plus ou moins épais. A l'encontre du calice, les pièces de la corolle sont caduques. L'androcée compte un nombre indéfini d'étamines libres et implantées sur le même disque que la corolle. Leurs anthères sont biloculaires et introrses et s'ouvrent par deux fentes longitudinales. Le gynécée est formé de carpelles libres en nombre variable ou de carpelles soudés donnant naissance à un ovaire à plusieurs loges. L'embryon droit n'a pas d'albumen et sa radicule est dirigée vers le hile. La distribution géographique des Rosacées s'étend sur presque toute la surface du globe. On en trouve depuis la Laponie jusqu'à la Nouvelle-Zélande, et les genres les plus nombreux, comme les potenlilles, les fraisiers, les pommiers, les poiriers, les geum, les roses, les crategus, etc., sont aussi ceux que l'on rencontre partout. Il est cependant des genres qui sont propres à certaines régions : il en est que l'on ne rencontre qu'en Chine ou au Japon; d'autres, en Amérique du Sud (Andes, etc.). Les arbres fruitiers cultivés, qui presque tous appartiennent à cette famille végétale, sont originaires de l'Iran et ont été transplantés un peu partout. Seul l'icaquier est originaire de l'Amérique équatoriale et a été trouvé aussi à l'état spontané dans l'Afrique centrale. Le Fraisier, Rosacée type Nous prendrons l'exemple du Fraisier
pour fixer ensuite les caractères des autres types par comparaison.
Le Fraisier (Fragaria vesca) est caractérisé en premier lieu
par ses rameaux rampants ou stolons s
qui portent à leur extrémité un bourgeon
terminal comme en portent tous les rameaux; quand ce bourgeon se trouve
bien en contact avec la terre humide, il se développe en une nouvelle
plante aérienne avec des racines adventives
R
qui s'enfoncent dans le sol. Le nouveau pied ainsi produit peut être
séparé du stolon qui l'a engendré, vivre indépendamment
et engendrer lui-même dans la suite d'autres stolons; c'est en somme
un bouturage naturel qui se produit de la sorte, et c'est par ce procédé
que les jardiniers multiplient leurs fraisiers.
Les feuilles F sont composées, avec trois folioles dentées et deux stipules à la base du pétiole commun. Les fleurs sont régulières. Le calice est formé de cinq sépales verts étalés horizontalement, et accompagnés inférieurement d'un petit calice supplémentaire ou calicule formé également de cinq pièces. La corolle est formée de cinq pétales blancs, également étalés comme les rayons d'une roue et alternant avec les sépales (corolle rotacée). Les étamines sont au nombre de 20, disposées sur trois verticilles concentriques et s'attachant par leur base sur les pièces du calice. Le pistil est formé d'un grand nombre de petits carpelles parfaitement distincts les uns des autres et tous fixés séparément sur le pourtour d'un petit mamelon ou réceptacle que porte la fleur à son centre; ils sont insérés selon une ligne spirale et ne renferment chacun qu'un seul ovule inverse ou anatrope. Remarquer que les étamines sont fixées tout autour du pistil, sur la base même des sépales, et qu'on les qualifie pour cela d'étamines périgynes. Il ne faut pas confondre le pistil à n carpelles indépendants du Fraisier, avec celui de la Renoncule qui est également formé de n carpelles indépendants; on reconnaîtra ce dernier parce qu'il est placé très nettement au-dessus du point d'insertion des étamines qui n'ont aucune adhérence avec les pétales ou les sépales, que l'on peut arracher tout en laissant les étamines en place; celles-ci sont hypogynes. A maturité, chacun des petits carpelles
devient un petit fruit sec ou akène,
tandis que le mamelon central ou réceptacle sur lequel étaient
fixés les carpelles se développe énormément
tout en se gorgeant de matières sucrées et devient la masse
rouge et charnue qu'on appelle communément la fraise; les petits
corps bruns qui sont implantés à sa surface sont les akènes.
La fraise n'est donc pas un fruit unique, mais un ensemble d'akènes
portés par une masse charnue commune; c'est un fruit multiple.
Subdivision des Rosacées Les
Potentilloïdées.
Cette sous-famille est proche de celle des Ruboïdées, qui renferme la Ronce (Rubus fruticosus) ou Mûrier des haies le Framboisier qui n'est qu'une espèce de Ronce (Rubus idaeus); chez ces deux plantes, les carpelles deviennent autant de petits fruits charnus ou drupes qui restent accolés les uns aux autres par leur base et constituent des fruits multiples (Mûre et Framboise). Les botanistes ont décrit plus de 1500 espèces de Rubus.Les Spiraéoïdées. Les Spiraéoïdées comprennent en particulier la Reine des prés (Spirae Ulmaria); ce sont des plantes cultivées pour l'ornementation à cause de leurs petites fleurs blanches. Leur pistil n'est plus formé que d'un petit nombre de carpelles pluriovulés qui, à maturité, deviennent des follicules et non des akènes comme chez le Fraisier. Les
Prunoïdées.
Le fruit est une drupe, c'est-à-dire un fruit charnu à noyau. Le noyau est formé par la couche la plus profonde du fruit ou endocarpe qui s'épaissit et se lignifie. Les deux ovules enfermés dans ce fruit deviennent deux graines; mais il n'est pas rare que l'une des deux s'atrophie. L'albumen manque et les deux cotylédons sont volumineux comme le montre une graine d'Amandier ouverte. Autres plantes de cette sous-famille : le Prunier (Prunus domestica), l'Abricotier (Prunus Armeniaca), le Cerisier vulgaire (Prunus Cerasus), dont les fruits sont acides, le Cerisier des oiseaux (P. avium), dont les fruits sont sucrés et dont le type sauvage est le Merisier, avec les fruits duquel on fabrique le Kirsch; le Prunellier (Prunus spinosa) qui croît dans les haies; ce sont autant d'espèces du genre Prunus. Les
Rosoïdées.
Après la fécondation, les parois de la coupe grossissent et deviennent une sorte de «-fruit » rouge, de forme ovoïde, qui abrite dans son intérieur de nombreux akènes provenant des carpelles. En réalité, cette masse rouge n'est pas le fruit véritable et ne représente que les parois de la coupe qui abritait les carpelles; ce sont ces derniers qui constituent les fruits véritables sous la forme d'autant d'akènes. Ajoutons que les feuilles du Rosier sont composées pennées, avec deux stipules à leur base. Les Rosiers cultivés diffèrent du Rosier typique ou Rosier sauvage par leurs fleurs doubles : la plupart des étamines redeviennent à l'état de pétales sous l'effet de la culture, et celles qui restent au centre de la fleur sont généralement stériles, de sorte que la fécondation, et par conséquent la formation des graines, ne peuvent pas avoir lieu chez les Roses doubles. Le genre Rosa comprend un très grand nombre d'espèces, avec de nombreuses variétés. Les
Maloïdées.
C'est encore la disposition du pistil qui fournit le caractère essentiel de ce groupe : il est formé de cinq carpelles soudés latéralement et compte cinq loges à deux ovules chacune, avec cinq styles libres sur toute leur étendue. Mais les carpelles, au lieu d'être libres au centre de la fleur comme dans les groupes précédents, sont soudés par toute leur face externe avec le calice, la corolle et la partie inférieure des filets des étamines, de telle sorte que l'ovaire tout entier paraît situé tout à fait au-dessous des autres pièces de la fleur, et n'être qu'une dilatation des parois du pédoncule floral : c'est ce qu'on appelle un ovaire infère ou adhérent. Ce caractère distingue la sous-famille des Maloïdées de toutes les autres Rosacées, dont l'ovaire est toujours libre ou supère. La masse renflée au centre de laquelle
se trouve l'ovaire grossit énormément après la fécondation
et contribue à former le fruit. Dans une
pomme, par exemple, on trouve au centre cinq loges à parois parcheminées,
renfermant chacune deux graines ou pépins,
le tout provenant des cinq carpelles primitifs; c'est le véritable
fruit, formé ainsi de cinq drupes.
La masse charnue périphérique et comestible provient de la
base des autres pièces florales qui étaient concrescentes
avec les parois de l'ovaire.
Classification.
La famille des Rosacées est très voisine de celle des Renonculacées, dont elle ne diffère que parce que les étamines sont périgynes, c'est-à-dire situées au-dessus de l'ovaire, par l'absence de l'albumen et la présence des stipules. Elle se rapproche des Saxifragées; les Rosacées ont aussi par les Maloïdées des affinités avec les Rhumnacées; les Prunoïdées ont des ressemblances avec les Légumineuses. Tournefort avait fait des Rosacées une classe bien différente de ce qu'est aujourd'hui ce groupe. A.-L. de Jussieu le divisa en 7 sections; Ad. de Jussieu, à son tour, qui considérait ce groupe comme un ordre, l'a divisé en 7 familles, à savoir : Pomacées; Rosacées ou Rosées; Neuradées; Dryadées; Spiréacées; Amydalées; Chrysobalanées. Quant à Ad. Brongniart, adoptant à peu près la même division, il a donné à ce groupe le nom de classe des Rosinées et ne reconnaissait plus que 6 des familles de Jussieu, retranchant les Dryadées dont il fait une tribu des Rosacées. Dans la classification
actuelle, dont on donne un tableau ci-dessous, les Rosacées forment
une famille de l'ordre
des Rosales. On y distingue des sous-familles (en violet),
généralement subdivisées en tribus
(kaki), rassemblant
un peu plus d'une centaines de genres (marron),
entre lesquels se distribuent de 3000 à 4000 espèces.
C'est
la disposition très variable du pistil
et du fruit des différentes plantes de la
famille des Rosacées qui sert de principal critère pour les
subdivisions.
|
. |
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
|