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Les
Sauriens
Lépidosauriens, Lézards |
Au sens le plus
large le terme de Sauriens désigne le groupe des Archosauriens
(Crocodiliens et Dinosauriens)
et des Lépidosauriens (ou Lézards au sens large).
C'est seulement ces derniers que l'on considèrera ici. Il s'agit
de des Reptiles au cou allongé, recouverts
d'écailles ou d'une peau fortement
chagrinée; ils ont ordinairement quatre membres,
rarement deux et quelquefois aucun; les doigts
sont garnis d'ongles crochus; ils ont des dents;
ils ne subissent pas de métamorphoses.
Leurs dimensions sont très variables. Les sens
sont assez développés; les yeux sont
pourvus de paupières mobiles, l'oreille
est fine.
- Tête d'Iguane rhinocéros (Cyclura cornuta) de Port Rico. Photo : Jan Zegarra. Ces animaux sont principalement répandus dans les régions chaudes. Ils sont carnivores; leur alimentation consiste en petits mammifères, oiseaux, mollusques et surtout insectes; quoique pourvus de dents, ils ne mâchent pas leurs aliments, qui, une fois avalés, sont très lentement digérés : un repas leur suffit pour plusieurs jours. Ordinairement les Sauriens sont ovipares la femelle pond des oeufs à enveloppe plus ou moins dure, qui sont déposés dans le sable ou dans la terre, et exposés à l'action solaire qui les fait éclore; la croissance des petits est très lente. Quelques espèces sont vivipares (Orvets). Classification.
Caractères
généraux.
Les transitions entre les plus typiques des Sauriens, ceux qui, comme le Lézard, l'Iguane, le Varan, le Caméléon, ont quatre pattes bien conformées, et ceux qui, comme l'Amphisbène, les Orvets, le Pseudope, n'ont pas de membres, est tout à fait insensible; la transition est telle entre ces animaux et les Serpents qu'on est, au premier abord, très embarrassé pour dire si certains animaux doivent être placés dans tel groupe ou dans tel autre. Il n'y a guère qu'un seul caractère distinctif entre les Sauriens et les Serpents; chez ces derniers les deux branches de la mâchoire inférieure sont unies lâchement au moyen d'un ligament; les deux branches de la mandibule sont soudées chez les Sauriens; on voit combien ce caractère distinctif est faible. Tous les autres caractères qu'on invoquerait peuvent tous, et tour à tour, venir à manquer. Squelette.
Le crâne des Sauriens rappelle celui
des Tortues par le développement d'une cloison interorbitaire, cartilagineuse,
cloison qui est osseuse chez les Amphisbéniens. Les arcades temporales
supérieure et inférieure ne sont pas ossifiées chez
les Geckonoïdes, le préfrontal étant
uni avec le squamosal et le maxillaire avec l'os carré au moyen
d'un ligament. Chez les Sauriens, placés bas dans la série,
tels que les Scincoïdiens et les Chalcidés, ces arcades ont
de la tendance à devenir ligamenteuses.
Lézard à queue de zèbre (Callisaurus draconoides rhodostictus). Photo Scott Rheam. Dans la grande majorité des Sauriens, de même que chez les Tortues, les côtés du crâne dans la région auriculaire se prolongent en deux longs et larges processus. Chez l'Hattérie, l'os carré est fixe, immobile, non seulement par ankylose, avec le squammosal, le quadratojugal et le ptérygoïdien, mais surtout par l'ossification d'une épaisse membrane, qui, chez les Lézards en général, s'étend entre ces os; chez tous les autres Sauriens, l'os carré est libre; cet os peut être très peu développé, ainsi qu'on le voit chez les Amphisbènes. Les intermaxillaires et les maxillaires sont intimement unis au crâne; les intermaxillaires ne sont pas soudés l'un à l'autre chez l'Hattérie (Sphénodon), tandis que ces os n'en forment qu'un seul chez les autres Sauriens, tels que les Varans, les Sauvegardes (Tégus), les Lézards. Il existe généralement une large cavité ou foramen pariétal à la voûte du crâne, entre le pariétal et le frontal. Le pariétal est simple chez le Varan, le Sauvegarde, double chez les Geckotiens. La pièce pariétale n'est pas unie par suture avec le segment occipital du crâne, mais réunie à elle par un tissu fibreux. Le post-frontal manque chez les Amphisbéniens. L'arc quadrato-jugal est presque toujours représenté par un ligament, chez l'Hattérie seulement le jugal étant réuni à l'os carré par un os distinct. De cette disposition, il résulte que la partie postérieure du crâne des Lacertiens typiques présente un certain nombre de vides ou de fosses. Une fosse supratemporale se voit entre le pariétal, le post-frontal et le squamosal, sur la face supérieure du crâne; une fosse post-temporale est limitée entre le pariétal, l'occipital et l'apophyse parotique, à la postérieure; c'est entre le squamosal et le postfrontal en haut, le jugal et le carré en avant et en arrière, et le ligament quadratojugal en bas, que se trouve, la fosse temporale lalérale. Malgré sa forme bizarre, la tête du Caméléon se laisse assez facilement ramener à la composition des autres Lacertiens. Nous dirons seulement que le casque qui surmonte la tête chez la plupart des espèces est soutenu par trois arêtes, dont l'une appartient au pariétal, les deux autres aux temporaux; il n'y a qu'un frontal principal; le museau est formé par les maxillaires supérieurs, entre lesquels se trouve un intermaxillnire extrêmement petit. Par une disposition singulière, c'est dans le maxillaire que sont percées les narines externes, une de chaque côté. Les narines postérieures sont situées très en avant. Nous avons déjà dit qu'il n'existe pas de columelle. Chez tous les Sauriens, les os palatins et ptérygoïdiens sont solidement unis avec les os de la face et avec la base du crâne. La partie postérieure des ptérygoïdiens est habituellement réunie aux os carrés; leur extrémité antérieure s'unit fermement avec les os palatins et pour cette réunion un os transverse, bifurqué en avant, rattache le palatin, le ptérygoïdien avec le maxillaire. La colonne vertébrale se compose toujours d'un grand nombre de vertèbres; la queue est longue, excepté chez les Ampbisbéniens et chez quelques Lacertiliens. Chez les animaux dépourvus de membres, il est difficile de nettement distinguer les diverses régions en lesquelles se partage la colonne vertébrale; on reconnaît chez les autres une portion cervicale, une dorsale, une sacrée, une caudale; les deux ou trois dernières vertèbres manquent assez souvent de côtes et sont alors dites lombaires. La première vertèbre ou atlas se compose de trois pièces, une inférieure et de uxsupérieures unies l'une à l'autre. L'apophyse odontoïde est intimement soudée à l'axis. Les vertèbres sont généralement procédiennes, c'est-à-dire que leur face articulaire antérieure est concave pour recevoir la convexité que présente la face postérieure de la vertèbre précédente. Les Geckonoïdens et l'Hattérie ponctuée ont les faces articulaires concaves, aussi bien en avant qu'en arrière; excepté au centre de la vertèbre, qui est ossifiée, la notocorde persiste tout le long de la colonne vertébrale. Les Iguanes présentent
une disposition qui ne se trouve que chez les Serpents; indépendamment
des apophyses articulaires que l'on trouve chez les vertébrés,
il existe une sorte de tenon reçu dans une mortaise que présente
la face postérieure de la vertèbre précédente;
le tenon a reçu le nom de zygosphène, la cavité celui
de zygantrum; cette disposition donne une grande solidité à
la colonne vertébrale. Chez tous les autres Sauriens, les vertèbres
s'articulent par les processus obliques ou zygapophyses.
Moloch horridus ou Diable hérissé. Bien que munis de pointes intimidantes, ces lézards qui peuplent la brousse et le désert de l'ouest de l'Australie sont en fait très doux. Leur alimentation principale est composée de fourmis. Ils peuvent atteindre 20 cm et vivre jusqu'à 20 ans. Les apophyses
transverses des vertèbres sont très courtes, parfois rudimentaires,
divisées en deux facettes distinctes correspondant à des
facettes de l'extrémité de la côte. Certains Sauriens
fossiles connus sous le nom de Protérosaures n'ont pas l'extrémité
de la côte divisée pour donner deux articulations à
l'apophyse transverse de la vertèbre. Les côtes peuvent se
trouver sur toutes les vertèbres cervicales, à l'exception
de l'atlas; les côtes dorsales sont très développées
chez l'Hattérie,
Dans la partie antérieure de la queue se voient généralement des os en chevron bien développés qui sont attachés au corps des vertèbres. Chez beaucoup de Sauriens, tels que les Lacertoïdes, les Geckonoïdes, certaines vertèbres caudales présentent une singulière structure; le milieu de chaque vertèbre est traversé par une cloison épaisse, transversale, non ossifiée; il en résulte que la queue se brise avec la plus grande facilité à ce niveau. Organes du mouvement.
Chez certains de ces animaux, chez ceux qui ont les yeux cachés sous la peau, les Typhlines, les pattes font complètement défaut; les membres n'existent plus qu'en arrière chez les Dibames et sont courts, rémiformes, non divisés en doigts; il en est de même chez les Hystéropes; les Lialis n'ont également que deux membres postérieurs, ces pattes étant en forme de pointes. Chez d'autres Sauriens, il existe quatre membres, chaque patte portant cinq doigts, comme chez les Trachysaures, les Cyclodes, les Scinques, les Abléphares; on peut avoir quatre doigts aux pattes de devant et cinq aux pattes de derrière (Hétérope, Gymnophthalme) ou, au contraire, cinq doigts aux membres antérieurs et quatre aux pattes postérieures (Campsodactyle); les doigts sont au nombre de trois seulement à chaque membre (Hémiergis), ou de deux aux membres de devant et de trois à ceux de derrière (Hétéromèle). Toutes les combinaisons sont possibles; c'est ainsi que nous avons deux doigts à chaque membre chez les Chélomèles, deux doigts en avant et un en arrière chez les Brachymèles, un doigt aux membres de devant et deux à ceux de derrière chez les Brachystopes, un doigt seulement à chaque membre chez les Evésies. Certains Scincoïdiens n'ont que deux pattes postérieures, portant tantôt des doigts (Scélote), tantôt n'étant pas divisées en segments distincts (Prépédite, Ophiode). Les Chalcidiens présentent des faits de même ordre. Chez les Ophisaures les membres manquent totalement et le corps est serpentiforme, tandis que les membres, qui sont bien développés, portent chacun cinq doigts chez les Tribolonotes, les Zonures, les Gerrhosaures, les Gerrhonotes. On voit quatre doigts en avant, cinq en arrière chez les Hétérodactyles, quatre doigts à chaque membre chez les Saurophides. Les membres sont terminés par trois doigts peu distincts chez les Chalcides, tandis que les doigts sont très courts et en forme de stylets chez les Chamésaures. Chez les Sauriens normaux, c'est-à-dire chez ceux qui ont cinq doigts à chaque membre, ces doigts peuvent être dentelés ou épineux, ainsi qu'on le voit chez les Erémias, les Psammodromes, des Acanthodactyles; ces doigts sont comme frangés sur les bords chez les Basilics (Iguanidés). Certains Iguanoïdes, tels que les
Anolis, ont l'avant-dernière phalange dilatée en une sorte
de palette. Les Geckonoïdes ont l'extrémité
des doigts dilatée en une ventouse qui leur permet d'adhérer
aux surfaces les plus polies. Chez les Caméléons
les doigts sont réunis en deux paquets qui, à la manière
d'une paire de tenailles, permettent à l'animal de tenir solidement
les branches sur lesquelles il se trouve.
Un Scincidé : le Plestiodon à cinq bandes (Eumeces fasciatus). Photo : Laura Perlick. Que l'on vienne à disséquer les animaux qui paraissent totalement privés de membres, et l'on trouvera chez eux un rudiment de membre caché dans les parties molles. L'Acantias, les Orvets, le Pseudope de Pallas, par exemple, bien que totalement privés de membres, ont une épaule et un sternum rudimentaire dans lesquels se trouvent des parties osseuses et des parties membraneuses. Lorsque chez les Serpents, tels sont le Python, le Boa, l'Eryx, le membre externe subsiste, il est toujours représenté par sa portion périphérique; c'est le contraire chez les Sauriens : lorsque le membre disparaît, aussi bien le membre antérieur que le membre postérieur, il ne subsiste jamais que la portion centrale, la portion basilaire, épaule, sternum, bassin. Lorsque l'arc pectoral est complet, ce qui est le plus fréquent, il se compose d'un scapulum, d'un sur-scapulum, d'un coracoïde, d'un précoracoïde, d'un mésocoracoïde, d'un épicoracoïde, d'une clavicule et d'une inter-clavicule; les deux clavicules sont, réunies par une interclavicule qui s'enfonce dans le sternum. Ce dernier, qui reste en grande partie cartilagineux, se compose du sternum proprement dit et du xiphisternum. Les vertèbres sacrées des Sauriens de l'époque actuelle ne sont pas soudées les unes aux autres et n'ont pas leurs faces articulaires modifiées, les deux faces étant réunies l'une à l'autre par une articulation en forme de cupule et de sphère. Les mouvements des deux vertèbres sacrées l'une sur l'autre sont toutefois restreints par de puissants ligaments qui réunissent leurs apophyses épineuses et leurs arcs et par le fibre-cartilage qui couvre la partie libre des côtes dilatées. Lorsque le membre postérieur fait
défaut, il existe cependant un bassin, mais ce bassin est toujours
rudimentaire et parfois incomplet. C'est ainsi que chez le Pseudope de
Pallas on ne trouve que deux pièces, l'ischion
manquant; les deux pubis sont, du reste, largement séparés
et nee se réunissent sur la ligne médiane que par un ligament
peu résistant. Il existe chez le Pseudope un membre rudimentaire
sous forme d'un ergot que l'on voit à l'extrémité
du sillon qui partage le tronc en deux parties, l'une ventrale, l'autre
dorsale; ce membre rudimentaire est formé d'un petit stylet osseux
mobile sur le bassin et représentant le fémur,
et de l'ergot qui est le segment périphérique du membre.
Lézard à collier (Crotaphytus collaris). Photo : Jim Williams. Chez la plupart des Sauriens le bassin se compose, comme à l'ordinaire, de trois os de chaque côté, le pubis, l'ischion et l'iléon; la grandeur relative de ces pièces n'est nullement en rapport, du reste, avec la force et la longueur du membre qu'elles supportent. L'iléon est articulé d'une manière mobile avec le fibro-cartilage qui couvre l'extrémité des côtes sacrées. Les pubis et les ischions se réunissent par une suture médiane et la partie antérieure des pubis donne généralement un fort prolongement recourbé, ainsi qu'on le voit chez les Tortues. Chez beaucoup de Sauriens, une tige cartilagineuse ou en partie ossifiée se continue jusqu'à le symphyse des ischions et supporte la paroi antérieure du cloaque. Le Caméléon se distingue des autres Sauriens par un os des îles étroit, allant perpendiculairement s'attacher à l'épine dorsale. Presque tous les Sauriens ont cinq doigts à la main; il existe le plus ordinairement huit os au carpe, En règle générale, le pouce a deux phalanges, le second doigt trois, le troisième quatre, le quatrième cinq et le petit doigt trois, de telle sorte que le nombre des phalanges peut être représenté respectivement par les chiffres 2, 3, 4, 5, 3. On compte généralement aussi cinq doigts au pied, leur grandeur augmentant du premier au quatrième et le cinquième étant le plus souvent le plus court de tous. Deux larges os, très étroitement unis, ou tout à fait soudés l'un à l'autre, représentent le calcanéum et l'astragale et s'articulent avec le tibia et le péroné, comme d'habitude. Le nombre des phalanges est généralement le même qu'à la main, à cette exception qu'il y a une phalange en plus pour le doigt externe, à savoir 2, 3, 4, 5, 4. Motilité.
Iguanes marins des Galapagos. Ce sont d'sont d'excellents nageurs capables de plonger jusqu'à une demi-heure à une profondeur de 10 m ou plus. Les mâles atteignent environ 1,7 m de long. Source : The World Factbook. D'autres, grâce au parachute que forment leurs côtes allongées, peuvent se soutenir quelque temps dans l'air et se lancer d'un arbre à un autre. Chez les Sauriens absolument privés de membres, la progression se fait par une série de mouvements d'ondulation très rapides, les côtes, et surtout les écailles du ventre, ne prenant pas à ce mouvement une part aussi active que chez les Serpents. Système
nerveux.
Le cervelet
est bien développé; le mésencéphale est divisé
en deux lobes optiques; les
Le système du grand sympathique est bien développé; il consiste en une chaîne de ganglions étendue tout le long de la colonne vertébrale, chaque ganglion recevant une racine de la moelle; le sympathique, qui présente deux ganglions au cou, forme un plexus avec plusieurs des nerfs crâniens, tels que le trijumeau, le pneumo-gastrique, le glosso-pharyngien, le spinal. Dans la cavité abdominale, ce système ne se fusionne pas, ainsi qu'on le voit chez les vertébrés supérieurs, mais reste à l'état de ganglions distincts et disséminés, réunis entre eux par de nombreux filets, de manière à former des plexus se jetant sur les principaux viscères. Organes des sens.
Quelques Lacertoïdes, de même que les Tortues, les Crocodiles et les Oiseaux, ont une troisième paupière ou membrane nictitante mue par des muscles spéciaux; chez ceux-là on trouve une glande spéciale, dite de Harder. Il n'existe plus de rudiment d'oreille externe. De même que les Serpents, les Amphisbéniens n'ont pas de cavité du tympan. Chez l'Hattérie, chez les Caméléons, de même, que chez les Tortues, la membrane tympanique est recouverte par les téguments, mais la cavité du tympan, existe; chez presque tous les Sauriens la membrane du tympan; tendue à fleur de tête, est largement visible; chez quelques-uns cependant elle est absolument cachée. Chez les Sauriens la cavité du tympan communique par une large ouverture avec le pharynx; il existe une fenêtre ronde et une fenêtre ovale; ainsi qu'un limaçon. Le sens de l'olfaction est peu développé chez les Sauriens; les fosses nasales sont, en effet, petites et n'ont ni sinus, ni cornets; les orifices externes des narines sont, en général, distincts et séparés; dans les Stellions; les Varans, les Caméléons, les orifices sont plus latéraux, et par conséquent plus écartés. La langue diffère beaucoup suivant les types examinés. C'est ainsi que chez les Caméléons elle est très longue et projectile pour ainsi dire; chez les Varans elle est très allongée, profondément bifurquée et engainante dans un fourreau; elle est, également engainante, divisée en deux longs filets chez certains Lacertoïdes, tels que les Ameiva; elle peut être libre à, sa pointe, épaisse, fongueuse ou revêtue, d'écail les et à peine mobile. Chez les Geckos la lan gue est courte, large, à peine échancrée ; il en est de même chez les Chalcidiens et chez les Scincoïdes; les Lacertoïdes ont la langue libre, charnue, plate, couverte de papilles comme écailleuses, échancrée à la pointe ou divisée en deux parties. Comme chez tous les Vertébrés, l'épiderme des Sauriens se compose de deux couches, l'une externe, cornée; l'autre interne, muqueuse, dite couche de Malpighi. Le derme est formé de plusieurs parties absolument distinctes les unes des autres. Un phénomène commun à tous les Sauriens, c'est la mue; l'épiderme de ces Reptiles se renouvelle plusieurs fois dans l'année, principalement au printemps. L'épiderme se détache souvent par lambeaux ou par lames, mais s'en va souvent tout d'une pièce, absolument comme un gant qu'on retournerait; il conserve dans ce cas complètement la forme de l'animal dont provient la dépouille. Téguments.
Les écailles sont disposées, en effet, d'une manière très différente suivant les types examinés. C'est ainsi que les écailles se présentent sous forme de tubercules granuleux comme enchâssés dans la peau chez les Varans; la peau est recouverte de petits granules, tantôt tous égaux, tantôt mélangés de granules plus gros et parfois striés, ainsi qu'on le voit chez les Caméléons et chez les Geckonoïdes; tous les tubercules sont sensiblement égaux et ne forment pas de grandes plaques, ainsi qu'on le voit chez les Agamiens et chez les Iguaniens, ou, au contraire, s'élargissent sous le ventre, de manière à donner de larges lamelles ainsi qu'on le remarque chez les Lacertoïdes; les écailles, toutes de même grandeur, peuvent être disposées en quinconce, ainsi que cela existe chez les Scincoïdes, ou en verticille, comme chez les Chalcidiens. Chez certains Sauriens, tels que les Lacertoïdes, les Chalcidiens; les Scincoïdes, les Hélmodermes, le dessus de la tête est recouvert d'écailles bien distinctes dont l'étude joue un grand rôle dans la séparation des genres et des espèces, et dont nous devons dès lors donner au moins la nomenclature. Les plaques qui protègent le dessus du crâne forment, par leur réunion, le bouclier sus-crânien; elles ont reçu différents noms tirés des os du crâne, bien qu'en réalité elles soient loin de correspondre à ces os. Ces plaques affectent des formes, des dispositions, des connexions particulières qui sont d'un grand usage pour la distinction des genres et des espèces. En examinant ces plaques d'arrière en avant on a d'abord la plaque occipitale; celle qui la précède, et qui est située entre les deux pièces latérales, a reçu le nom d'interpariétale: on voit ensuite et successivement la frontale, l'internasale et enfin la rostrale, qui termine le museau en avant. Les plaques latérales, examinées d'arrière en avant, prennent successivement les noms de pariétales, de fronto-pariétales, de fronto-nasales et de naso-rostrales; les plaques qui sont au-dessus de l'oeil sont dites palpébrales ou sus-oculaires. Les plaques qui se trouvent immédiatement au-devant de l'oeil sont dites préoculaires; la narine est percée dans une ou entre deux plaques nasales; entre ces plaques et la préoculaire se trouve la frénale ou la naso-frénale. Les plaques qui bordent la mâchoire supérieure portent le nom de sus-labiales, celles de la mâchoire inférieure de sous-labiales; les plaques du dessous de la gorge sont dites mentonnières et gulaires. Les plaques qu'on nomme rostrale et mentale font partie des rangées labiales et en occupent la portion moyenne, l'une pour le museau, l'autre pour le menton. Les écailles du collier ou collaires
caractérisent certains genres, chez les Lacertoïdes,
par leur présence ou leur absence; dans le premier cas, il existe
un collier très distinct formé d'écailles arrondies
ou acuminées sur le bord libre, tantôt lisses, tantôt
carénées.
Un Sauromalus obesus, iguaniné du Nevada. Photo : Cyndi Souza. Le plus ordinairement le corps est recouvert de diverses saillies diversement distribuées et de forme différente. Tantôt ce sont des épines aiguës, au cou chez les Agames et chez les Phrynocéphales, à la queue chez les Cordyles, chez les Stellions, chez les Zonures, aux jambes chez les Fouette-Queue; le dessus des cuisses est hérissé d'épines chez les Trachycycles; la queue est garnie d'écailles armées d'une épine aiguë chez les Doryphores. Chez d'autres ce sont des lames cornées ayant l'apparence de crêtes, de carènes. Chez quelques Sauriens, la peau offre des replis auxquels on a donné des noms particuliers. Ainsi il en est qui ont sous, la gorge une sorte de fanon dentelé, comme les Iguanes et les Polychrons, ou un sac dilatable soutenu par les branches osseuses de l'os hyoïde, formant une poche simple ainsi qu'on le voit chez les Agames et les Sitanes mâles, ou double comme chez les Dragons; la gorge est parfois dilatable, sans qu'il y ait de fanon, ainsi qu'on le voit chez les, Métapocéros. D'autres, tels que les Iguanes, les Lophyres, les Basilics, ont des ,crêtes verticales sur la nuque, sur le dos, sur la, queue, parfois soutenues par des sortes d'épines osseuses. Il en est d'autres qui ont des, replis particuliers au cou ou à la, nuque, comme chez le Basilic à capuchon, chez plusieurs espèces de Caméléons et surtout chez le Chlamydosaure de King, ce reptile d'Australie, qui a une énorme collerette plissée, dentelée, étalée de chaque côté du cou et soutenue par des stylets osseux. D'autres fois, comme chez les Lézards, il n'existe qu'un simple, pli en rapport avec le collier ou la série d'écailles particulières du cou. Nous devons parler ici des pores cutanés qui sont la terminaison de cryptes ou de glandes. Ces pores se trouvent parfois sur l'écaille qui recouvre le cloaque, ainsi qu'on le voit chez le Chirote, soit sur les parties latérales de cet orifice. Ce sont principalement les pores fémoraux, s'ouvrant sur les rangées longitudinales d'écailles, qu'on voit sur le bord interne des cuisses; c'est ce qu'on observe chez la, plupart des Geckos et dans beaucoup d'iguanoïdes et de Lacertoïdes. Ces pores ne se voient généralement que chez les mâles: ils peuvent être disposés suivant une rangée (Iguane, Cyclure, Phrynosome) ou plusieurs rangées (Aloponote, Métapocéros). Appareil digestif.
Ces dents palatines ne sont pas toujours solidement fixées sur les branches des os ptérygoïdiens; elles sont assez souvent simplement implantées dans la membrane et se détachent avec celle-ci lors de la macération. Elles ne servent jamais, en tous cas, à la mastication, mais semblent plutôt remplir l'office d'une herse qui retiendrait la proie, et qui l'empêcherait de rétrograder. Chez beaucoup de Sauriens, les dents n'ont pas de véritable racine; elles semblent se coller, se souder sur le sommet du bord supérieur d'une rainure creusée dans les os maxillaires, absolument comme des pieux fichés le long d'une palissade; c'est ce que l'on voit chez les Iguanoïdes et chez les Lacertoïdes. D'autres fois, les dents se lient à la portion osseuse de la mâchoire, de sorte qu'elles paraissent être une portion denticulée du tranchant de l'os, ainsi qu'on le remarque chez les Caméléons et chez les Agamiens. Les dents sont tantôt pleines; elles sont dites alors pléodontes, ainsi qu'on le voit chez les Tégus, les Améiva, les Cnémidophores, les Acrantes; d'autres fois elles sont creuses, ou coelodontes, comme chez les Lézards, les Tachydromes, les Acanthodactyles, les Psammodromes. Les dents sont tantôt pointues, tantôt déprimées en forme de cône surbaissés; d'autres fois tranchantes ou denticulées sur leurs bords. Les glandes labiales et buccales sont très développées chez beaucoup de Sauriens; parmi ces animaux un seul, l'Héloderme, est pourvu d'une glande à venin. La bouche est constamment privée de lèvres; chez l'Hattérie cependant, ces parties existent à l'état rudimentaire. Il n'y a ni épiglotte, ni voile du palais, pas même de véritable pharynx. L'oesophage se continue presque toujours directement avec l'estomac; chez les Iguanes cependant, il existe une sorte de cardia, mais le plus généralement l'estomac est une simple dilatation du tube intestinal. Dans les Dragons l'estomac consiste en une sorte de poire dont la partie conique est opposée à l'oesophage; cette partie est, chez les Caméléons, petite et recourbée sur elle-même. Dans le point de jonction de l'intestin grêle avec le gros intestin, il existe parfois une sorte de valvule, ainsi qu'on le voit chez les Iguanes. Le tube digestif débouche dans un cloaque qui reçoit également les conduits des organes génitaux et les conduits des organes urinaires. La vessie urinaire existe chez tous les Sauriens. Le foie n'offre qu'une seule masse allongée chez la plupart des Sauriens; il se compose cependant de deux lobes chez les Caméléons. Circulation et
respiration.
Les Sauriens ont un larynx : aussi la plupart d'entre eux peuvent-ils faire entendre des sifflements plus ou moins prolongés et plus ou moins forts; d'autres, comme les Geckonoïdes, produisent des bruits souvent retentissants qui rappellent de loin le croassement des Grenouilles. Les sons sont souvent renforcés par les sacs aériens que possèdent les Dragons, les Anolis, les Iguanes et quelques autres genres. Chez les Amphisbènes, de même que chez les Serpents, le squelette du larynx consiste en deux bandes longitudinales et latérales de cartilages, réunies par des bandelettes transversales. Les poumons sont toujours au nombre de deux et par leur structure ressemblent beau coup à ceux des Ophidiens, principalement chez les Sauriens serpentiformes. Chez les Sauriens ordinaires la trachée et les bronches sont courtes; chez les Caméléons et chez certains Geckonoïdes une partie des poumons présente des digitations qui se logent entre les viscères abdominaux et rappellent les sacs aériens des Oiseaux. Ponte.
Moeurs, habitudes,
régime.
La digestion est active chez tous ces animaux, surtout pendant les temps chauds; aussi peuvent-ils engloutir beaucoup d'aliments, absolument comme ils peuvent supporter de longs jeûnes. L'habitat des Sauriens est extrêmement
varié. Certains d'entre eux vivent exclusivement sur les arbres
et ne descendent presque jamais à terre; tels sont les Iguanes,
les Dragons, les Sitanes; d'autres vivent surtout le long des troncs d'arbres,
sur lesquels ils se meuvent avec agilité grâce à leurs
ongles aigus et acérés, à la recherche des insectes:
certains d'entre eux, tels que les Varans à queue comprimée,
sont aquatiques; quelques-uns, comme l'Amblyrrhinque, se tiennent au bord
de la mer; il en est qui, comme les Stellions, les Fouette-Queue, le Varan
du désert, habitent les endroits les plus arides, les plus dénudés
et se cachent dans le sable brûlant avec lequel la couleur de leur
peau s'harmonise à merveille; d'autres, tels que beaucoup de Lézards,
se tiennent à la lisière des bois; ou; de même que
les Zonures, se tiennent au milieu des pierres et des rochers; il en est
qui, comme les Amphisbènes, vivent sous terre et se creusent de
longues et profondes galeries, à la manière des vers de terre.
L'habitat de ces animaux est donc d'une très grande diversité.
La tête d'un Phrynosome (Phrynosoma macallii). Photo : Jim. Rorabaugh. On peut remarquer que chaque Saurien se choisit une résidence déterminée et une cachette dans laquelle il se retire toujours en cas de danger. Les espèces qui vivent dans l'eau ou sur les arbres ne font pas exception à cette règle, qui est générale. Quiconque a observé avec soin des Varans aquatiques a pu remarquer qu'ils se rendent toujours à peu près à la même place pour se chauffer au soleil; tous ceux qui ont étudié les grandes espèces arboricoles ont pu s'assurer qu'elles ne quittent pas volontiers l'arbre sur lequel elles ont établi leur résidence habituelle. Il semble que chaque Saurien choisisse une demeure en harmonie avec sa propre coloration. C'est ainsi qu'au Texas le Phrynosome s'enterre dans un sable gris et noir qui a absolument sa couleur; il en est de même pour les espèces qui habitent les déserts. Tous les Sauriens qui vivent dans les climats tempérés passent la mauvaise saison dans un état d'engourdissement plus ou moins complet. Les Lézards de l'Europe centrale se cachent en masse pendant l'automne dans des trous profonds sous terre et y attendent le retour du printemps. Il existe quelque chose d'analogue même dans les pays équatoriaux, et certains Sauriens passent une partie de l'année dans un état d'engourdissement plus ou moins complet. Intelligence.
Prédateurs.
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