| Cambrai (Camaracum, Cameracum) est une ville de France, dans le département du Nord, sur l'Escaut, qui s'y divise en trois bras, à l'origine du canal de Saint-Quentin, à 26 km au Sud-Est Douai, à 168 km au Nord de Paris. Ancienne citadelle (les fortifications ont été démantelées dans les années 1890 pour laisser place à de larges boulevards);. Population : 33 000 habitants. Connue sous les premiers Mérovingiens, Cambrai ou Cambray fut prise par les Vikings en 880 et 882. Elle fut assiégée inutilement par Édouard III en 1339, occupée par Louis XI en 1477, prise par Louis XIV en 1677. Cette ville est célèbre par la Ligue de Cambrai, formée en 1508 par l'empereur Maximilien Ier, le roi de France Louis XII, le roi d'Aragon, Ferdinand le Catholique, et le pape Jules II, contre la république de Venise; et par la Paix de Cambrai, connue aussi sous le nom de Paix des Dames (1529), parce qu'elle fut négociée par Marguerite d'Autriche, tante de Charles Quint, et Louise de Savoie mère de François Ier; cette paix, peu avantageuse à la France fut rompue en 1536. Cambrai eut de 1559 à 1789, des archevêques, parmi lesquels Fénelon; de 1801 à 1842 elle n'eut plus qu'un évêché; l'archevêché a été rétabli en 1842. Les industries de Cambrai ont contribué de longue date à sa renommée et sa prospérité : toiles renommées, batiste, mousseline, bonneterie; filatures de coton fabriques de sucre (bêtises). Monuments. Cambrai, occupée par l'armée allemande dès 1914, a subi d'importants dommages lors de la Première Guerre mondiale et le centre-ville a dû être rebâti et remodelé ensuite. Les bombardements alliées, lors de la Seconde Guerre mondiale, ont occasioné de nouveaux et terribles ravages. Mais elle a conservé en partie de son patrimoine monumental ancien. Eglise Notre-Dame de Cambrai. Sur l'emplacement d'une église élevée par Saint Waast, plusieurs fois détruite et rebâtie, une belle cathédrale avait été commencée au milieu du XIIe siècle. Cet édifice, de style gothique et en forme de croix, entouré de 21 chapelles et soutenu par 68 piliers, était l'oeuvre de Villard de Honnecourt. Il fut consacré en 1182, mais terminé seulement en 1472. Il avait 105 mètres de longueur; la nef, 10 m de largeur, et les collatéraux 8,30 m. On remarquait une flèche élégante au grand portail, une sonnerie de 39 cloches, et, dans le Trésor de l'église, un magnifique soleil en or, donné par Fénelon. La cathédrale de Cambrai fut vendue comme domaine national en 1706, et démolie peu après, à l'exception du clocher, qui s'écroula en 1809. Vienne en possède un modèle dépendant d'un plan en relief qui fut enlevé par les Autrichiens au musée des Invalides en 1815. Pour remplacer l'ancienne église, on a fait choix, en 1804, d'une église abbatiale du Saint-Sépulcre, bâtie en style grec au commencement du XVIIIe siècle. Ce monument est à trois nefs et en forme de croix latine; il a 76 m de longueur, et 42 m de largeur au transept; la grande nef 9,15 m de largeur, et les collatéraux 4,55 m. Les extrémités du transept sont terminées en hémicycle. Deux oeuvres sont remarquables à l'intérieur : 1° Le tombeau de Fénelon, construit en 1825-1826, et orné de la statue de cet archevêque par David d'Angers, à qui ont doit aussi le monument de l'évêque Belmas (1848); 2° les peintures en grisaille, exécutées au XVIIIe siècle par J. Geracert d'Anvers, et par son élève Sauvage, de Tournai. La cathédrale de Cambrai a été dévastée par un incendie en 1859. (B.). - Entrée de la cité Fénelon, à Cambrai (début du XXe siècle). Les édifices qui l'entouraient ont disparu. Cette porte, qui faisait partie de l'ancien palais épiscopal, donne aujourd'hui accès à la cour de la sous-préfecture. Autres monuments. • Eglise de Saint-Géry ou de Saint-Aubert, fondée au VIe siècle par Saint-Vaast. Le monument actuel est du XVIIIe siècle, mais a conservé un beau jubé Renaissance. • Chapelle du séminaire (XVIIIe siècle), ancienne chapelle du collège des jésuites. • Eglise de style roman, construite en 1861 dans le faubourg de Saint-Druon. • L'hôtel de ville, détruit pendant la Première Guerre mondiale, était un vaste édifice de diverses époques, en grande partie reconstruit au XIXe siècle. Il a été reconstruit complètement en 1932, en style néo-classique. • Le Beffroi est l'ancienne tour, haute de 61 m, de l'ancienne église Saint-Martin, aujourd'hui détruite; il date du XVe siècle, mais de notables restaurations y ont été faites. Hôpital Saint-Julien, dont la chapelle contient une belle grille en pierres bleues, oeuvre remarquable de la Renaissance; Eglise des Récollets (XIVe siècle); • Chapelle du couvent de Sainte-Agnès, renfermant une belle statue de l'archevêque Vanderburch, par Duquesnoy; • Tour gothique des Arquets. • Porte de l'ancien hôtel Saint-Pol (XIVe siècle), où fut conclue la paix des Dames (1529); • Le château de Selles, qui défendait le côté Nord de Cambrai, est une construction en grès et briques du XVe siècle, munie de cinq tours et relié aux remparts; il a longtemps servi de prison. • Monument élevé aux Cambrésiens morts pendant la guerre de 1870, sur la place Sainte Croix. • Statue de Batiste, inventeur des tissus de ce nom sur l'Esplanade. - La Porte Notre-Dame (ou de valenciennes), à Cambrai (vers 1900). Le sol de Cambrai est formé d'un banc de calcaire exploité depuis une époque reculée; par certaines caves de la ville on peut pénétrer dans ces anciennes carrières, auxquelles donnent accès de larges escaliers voûtés elles forment, à une vingtaine de mètres au-dessous du sol, de vastes souterrains qui ont à diverses reprises servi de retraite aux Cambrésiens. Histoire. Il est peu de villes dont l'origine ait fait l'objet d'autant de légendes : la vérité est qu'on n'a sur ce point aucune donnée certaine. La Civitas Camaracensium figure dans la Notice des provinces de la Gaule, rédigée au IVe siècle; on la trouve sous la forme Camaraco sur la carte de Peutinger, et sous la forme Camaracum dans l'Itinéraire d'Antonin. Les mentions en sont fréquentes depuis lors. Occupée au IVe siècle par les Alains, elle fut ensuite prise par les Goths et enfin par les Francs Saliens de Clodion, qui s'en emparèrent vers 447. Cambrai fut alors pendant quelque temps la capitale d'un royaume Franc dont le dernier roi, Ragnacaire, fut mis à mort par Clovis, qui réunit Cambrai à ses Etats en 509. Les partages mérovingiens la placèrent, en 511, dans le royaume de Soissons; elle en faisait encore partie en 584, puisque Chilpéric s'y retira avec ses trésors et que Frédégonde y donna le jour à Clotaire Il. Au siècle suivant, elle fut conquise par Ebroïn (680) et reprise par Pépin d'Héristal; en 718, les Austrasiens l'enlevèrent à Chilpéric ll. Sous la dynastie carolingienne, Cambrai après avoir été disputée par les fils de Louis-le-Pieux, échut, en vertu du traité de Verdun (843) à l'empereur Lothaire; fit retour, en 870, avec les Etats de Lothaire Il, à Charles le Chauve, puis, à la mort de Louis le Bègue, fut comprise dans la Lotharingie, et en suivit depuis lors les destinées sous les rois de Lorraine, puis sous les empereurs de la maison de Saxe. A diverses reprises Cambrai avait eu à subir les incursions des Vikings et des Magyars. Dès le Ve siècle un évêché suffragant de Reims y avait été établi, et les évêques étaient peu à peu devenus, grâce aux immunités qu'ils avaient obtenues, les souverains seigneurs de leur cité; ils en possédaient tous les impôts, rendaient la justice, frappaient monnaie en vertu d'une concession expresse de l'empereur Othon le Grand (29 mai 941), étaient bientôt reconnus expressément comme comtes du Cambrésis par l'empereur Henri II (22 octobre 1007), et devenaient ainsi princes de l'Empire. Dès le Xe siècle, les habitants s'insurgèrent contre leurs évêques; l'un de ceux-ci, Bérenger, s'étant absenté pour aller à la cour impériale, se vit à son retour fermer les portes de la cité par les habitants une féroce répression ajourna pour plus d'un demi-siècle toute nouvelle tentative de ce genre. Mais au XIe siècle, s'appuyant sur les châtelains, vassaux indociles des évêques, à trois reprises différentes, en 1024, 1064 et 1076, les habitants se soulevèrent, et la dernière fois proclamèrent la commune; trois fois ils furent vaincus par des armées impériales ou les vassaux de l'évêque. Un nouvel effort fut tenté par les habitants au commencement du siècle suivant; les circonstances semblaient favorables, deux compétiteurs se disputaient le siège épiscopal : les habitants prirent parti pour l'un d'eux, qui leur concéda une charte de commune; mais l'autre évêque arriva, appuyé par l'empereur en personne, qui solennellement cassa la commune (1107). Vingt ans après elle était rétablie et citée comme l'une des plus libres de la région. Deux fois encore, au cours de ce siècle, en 1138 et en 1182, la commune fut abolie et rétablie; en dernier lieu, les habitants obtinrent de l'empereur Frédéric Barberousse, qu'ils surent se concilier contre leurs évêques, une « loi » acceptée par l'évêque, favorable à leurs prétentions et qui, si elle ne reconnaissait pas expressément la commune, en garantissait cependant tous les privilèges. Mais dès 1201 la lutte recommença. L'évêque Jean Il obtint d'Othon IV la révocation des privilèges accordés par Frédéric Ier; il fut chassé de son siège. Excommuniés, mis au ban de l'empire (12 janvier 1209), les bourgeois se virent replacés encore une fois sous l'entière domination de leur évêque. Frédéric II semblait désigné pour rendre ce qu'Othon IV avait retiré; dès le début de son règne (1214), les Cambrésiens obtinrent de lui la confirmation de leurs anciens privilèges; mais bientôt, circonvenu par l'évêque, l'empereur retire à son tour ce qu'il avait accordé (1215). Mais rien ne triomphait de l'opiniâtreté des Cambrésiens; en 1216, en 1219, en 1223, en 1226, l'évêque obtient contre eux des décisions impériales; c'était vainement qu'en 1225 ils s'étaient adressés au roi de France; à chaque fois on leur impose les pénitences les plus humiliantes : en 1223 leurs jurés sont obligés de se rendre aux églises de Reims, de Noyon, de Laon, de Tournai, de Beauvais, d'y précéder la procession pieds nus et en chemise, d'y confesser leurs fautes et d'y subir une flagellation publique; en 1226, on les contraint de suivre la procession du jour de la Purification en portant sur leurs épaules les portes et les fenêtres enlevées dans une émeute aux maisons du clergé. Un évêque plus avisé que les autres réussit à ramener un peu d'ordre dans l'indocile cité en promulguant une loi à laquelle son nom est resté attaché (loi Godefroy) et qui, si elle n'accordait aucune indépendance politique, substituait cependant une règle à l'arbitraire des officiers épiscopaux (novembre 1227). Depuis lors, la tranquillité régna dans Cambrai, troublée cependant en 1249, en 1257 et en 1260, par des démêlés avec le chapitre. En 1277 eut lieu une nouvelle promulgation de la commune, mais elle ne semble pas avoir gravement troublé la ville, car dès 1284 les magistrats municipaux voyaient leurs prérogatives étendues par une concession de l'évêque Enguerrand, confirmée par l'empereur Rodolphe de Habsbourg. Le début du XIVe siècle fut encore signalé par une émeute violente à l'occasion de la taille imposée par l'évêque; le 11 mars 1313, le palais épiscopal fut attaqué, emporté de vive force, et saccagé par les bourgeois qui massacrèrent l'official et plusieurs officiers de l'évêque. Une sentence arbitrale modérée, de Ferry de Picquigny, termina l'affaire et amena une réconciliation avec l'évêque. Depuis lors le régime municipal ne subit plus de profondes modifications; les évêques réussirent à le maintenir aussi bien contre les empiètements de leurs sujets que contre les tentatives du chapitre. - Les traités de Cambrai I. Acte de 1493. Après son mariage avec Anne de Bretagne, Charles VIII avait renvoyé à l'empereur Maximilien sa fille Marguerite qui lui était fiancée; la guerre, qui avait éclaté entre les deux princes, se termina le 23 mai 1493 par le traité de Senlis. En exécution de ce traité, les délégués de Charles VIII et de Maximilien signèrent le 12 juin un acte de délivrance de Marguerite aux ambassadeurs de son père, à Vandeuille près de Cambrai; la princesse renonça à la main du roi de France. Il. Traité du 10 décembre 1508 entre Maximilien Ier et Charles d'Espagne, d'une part, Louis XII et Charles d'Egmont, duc de Gueldre, de l'autre. Ill. Traité du 11 mars 1516. Alliance conclue entre François Ier, Maximilien et Charles d'Espagne contre les Turcs. IV. Traité du 5 août 1529. François Ier avait refusé d'exécuter le traité de Madrid par lequel il avait obtenu sa liberté (1526). Après une guerre d'un an (1527-1528), on arrêta une trêve à Hamptoncourt entre François Ier et Henri VIII d'une part, Charles-Quint de l'autre. Des conférences s'ouvrirent à Cambrai entre Marguerite d'Autriche, tante de l'empereur, et la mère du roi, Louise de Savoie ; elles signèrent le 5 août 1529 le traité de Cambrai, dit paix des Dames. Le roi promettait d'exécuter le traité de Madrid moyennant certaines modifications; il renonçait à toute souveraineté sur l'Artois et la Flandre, cédait Hesdin et ce qu'il possédait dans le Milanais, le comté d'Asti, le royaume de Naples, payait deux millions d'écus d'or pour la rançon de ses enfants, promettait d'épouser Eléonore, reine douairière du Portugal, soeur de Charles-Quint, et rendait leurs biens aux héritiers du duc de Bourbon. Le droit d'aubaine était aboli entre les Français et les habitants du Brabant, du Limbourg, du Luxembourg, de la Flandre, de l'Artois, de la Franche-Comté, du Hainaut, de la Hollande et de la Zélande. Le comté de Charolais devait retourner à la couronne de France après la mort de Marguerite et de l'empereur. Le marquis d'Arschot, le comte de Pont-de-Vaux, Philibert de Châlons, prince d'Orange, étaient rétablis dans leurs droits. Conformément à l'art. XLVIII, le traité de Cambrai fut enregistré dans les parlements de France et à la chambre des comptes et fut ratifié par le Dauphin et par les Etats provinciaux. Il avait sur celui de Madrid le grand avantage de laisser à la France le duché de Bourgogne. V. Traité de 1537. Le 30 juillet 1537, une trêve de dix mois fut conclue à Bourg, dans le comté de Saint-Pol, entre François Ier et Charles-Quint pour suspendre les hostilités dans les Pays-Bas, le comté de Saint-Pol et le pays de Thérouanne. Deux conventions furent signées à Cambrai le 3 et le 5 novembre pour assurer l'exécution de la trêve de Bourg que complétèrent, le 16 novembre, la trêve de Monzon et, le 18 juin 1538, la trêve de Nice. VI. Traité de 1545. Le 16 janvier 1545, après le traité de Crespy, une convention de limites fut signée à Cambrai; elle fixait les frontières de la France du côté de la Franche-Comté et des Pays-Bas espagnols. | Cambrai fut depuis le XIVe siècle, pour les ducs de Bourgogne et les rois de France, un objet de convoitise; mais pendant longtemps ils ne réussirent pas à la détacher de l'Empire germanique. Comme héritiers des anciens ducs de basse Lorraine, les ducs de Bourgogne se firent déclarer protecteurs et gardiens de l'église de Cambrai; les rois de France, d'autre part, cherchèrent à s'immiscer dans ses affaires par le parlement; Louis XI s'en empara après la mort de Charles le Téméraire (1476), mais ses troupes en furent chassées par les Bourguignons en 1479. En 1510, le comté de Cambrai fut érigé en duché par l'empereur Maximilien, en faveur de l'évêque Jacques de Croï. - La ligue de Cambrai On appelle ligue de Cambrai l'alliance formée en 1509 entre le pape, l'empereur, Ferdinand le Catholique et Louis XII contre Venise. Des conférences s'étaient ouvertes en octobre à Cambrai entre le cardinal d'Amboise, plénipotentiaire de Louis XII, et Marguerite d'Autriche, veuve du duc de Savoie Philibert, fille de l'empereur Maximilien et gouvernante des PaysBas. Le 10 décembre, ils signèrent un traité public dont les clauses étaies, une alliance entre Louis XII, Maximilien et leurs alliés, pour la vie du roi et de l'empereur et un an après le décès du dernier mourant de ces deux princes; la rupture du projet de mariage de Charles d'Autriche, souverain des Pays-Bas et héritier présomptif des couronnes d'Espagne et d'Autriche, avec Claude, fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne, qui épousa François d'Angoulême, le plus proche parent mâle du roi et son héritier présomptif; le paiement de 100,000 écus d'or par Louis à Maximilien; le renouvellement de l'investiture du Milanais par l'empereur au roi et à ses hoirs; enfin la remise à des arbitres des questions relatives à l'héritage de duché de Gueldre. Ce traité public avait été conclu par l'empereur en vue d'amener Louis XII à s'allier à lui contre Venise, mettant à exécution le traité de Blois (22 septembre 1504), où les deux princes et le pape avaient formé une triple alliance contre la République. Par un traité secret, les deux plénipotentiaires décidèrent l'union des forces des deux souverains contre la seigneurie pour reconquérir les domaines qu'elle avait indûment conquis sur le Milanais, sur l'Empire, sur le royaume de Naples et sur les Etats du pape, c.-à-d. Brescia, Bergame, Crémone; - Vérone, Vicence, Padoue, Trévise, Trieste, le Frioul, Fiume; - Trani, Brindisi, Otrante; Ravenne, Rimini. Ferdinand, roi d'Aragon et de Naples; les rois d'Angleterre et de Hongrie lurent invités à adhérer à la ligue. Le cardinal d'Amboise s'était porté fort de l'adhésion du pape. Les deux alliés demandèrent à Jules Il de mettre en interdit le territoire de la République et de délier Maximilien du serment qu'il avait prêté, d'observer vis-à-vis de Venise une trêve de trois ans. Ce traité était une grande faute politique de la part de Louis XII; ni lui ni le pape n'avaient aucun intérêt à attirer en Italie les Allemands et à préparer les voies à la prépondérance de la maison d'Autriche. Mais l'un et l'autre étaient irrités contre Venise, et le pape « ne prenait conseil de personne », comme disait l'ambassadeur vénitien. Jules II et Ferdinand ratifièrent le traité; Louis XII passa les Alpes au commencement d'avril, et le 27 le pape publia contre les Vénitiens un monitoire où, les sommant de restituer au Saint-Siège leurs usurpations, il invitait, en cas de refus, tous chrétiens à les traiter en ennemis publics et en criminels de lèse-majesté divine. Après la victoire d'Agnadel (14 mai 1509), les ducs de Ferrare, de Savoie et de Mantoue entrèrent en campagne contre Venise aussi bien que Ferdinand et Jules II; Maximilien ne prit part à la guerre qu'en septembre. La défense héroïque de Padoue, les discussions des coalisés, surtout, sauvèrent Venise. Le 24 février 1510, Jules Il leva l'interdit lancé contre la République; Ferdinand cessa aussi les hostilités et bientôt à la ligue de Cambrai dissoute se substitua une coalition contre la France. (L. Delavaud). | Charles-Quint construisit la citadelle et fit de Cambrai une place forte redoutable. Le roi de France Henri Il l'assiéga vainement en 1552; elle fut prise en 1576 par Baudouin de Gavre au nom des confédérés belges, lors de l'insurrection contre Philippe Il. Le duc d'Anjou, frère de Henri III, s'en empara en 1581, et le commandement en fut confié à Jean de Montluc. Le duc de Parme échoua contre ses murs en 1582, mais en 1595 les exactions et les cruautés de Montluc, auquel Henri IV avait confirmé son gouvernement, provoquèrent un soulèvement des Cambrésiens, qui livrèrent la ville aux Impériaux. Au XVIIe siècle, Cambrai résista au comte d'Harcourt (1649), puis à Turenne (1657), enfin Louis XIV réussit à s'en emparer en 1677, et la paix de Nimègue, en 1678, la réunit définitivement à la France avec le Cambrésis. En 1711 Marlborough, en 1793 les Autrichiens firent encore de vaines tentatives pour reprendre la ville. - Le congrès de Cambrai (1721) Une quadruple alliance avait été formée par la France, l'Angleterre, l'Empire et la Hollande par les traités du 2 août 1718 et du 16 février 1719 en vue de forcer l'Espagne à renoncer à ses droits sur les Pays-Bas, le Milanais, Naples, la Sicile et la Sardaigne, et d'amener la pacification générale laissée incomplète par le traité de 1712. Philippe V accéda le 17 février 1720 aux conditions qui lui étaient imposées; dès le mois de novembre 1718, Victor-Amédée, duc de Savoie, avait consenti à l'échange désavantageux de la Sicile contre la Sardaigne que l'empereur lui cédait. Un congrès dut se réunir à Cambrai, en vertu du traité de Madrid du 13 juin 1721, pour la négociation des traités définitifs entre toutes les puissances. Il commença ses travaux en 1721; les rois de France et d'Angleterre y avaient la qualité de médiateurs. Les plénipotentiaires français étaient le comte de Rottembourg et M. de Saint-Contest. L'empereur, en renonçant à ses prétentions sur l'Espagne et les Indes, demandait à Philippe V de rendre à la Catalogne et à l'Aragon leurs anciens privilèges et voulait garder le droit de créer des chevaliers de la Toison-d'Or. L'Espagne ne pouvait se résigner à consacrer par son adhésion les sacrifices qu'elle avait dû faire en réalité en 1712 et les négociations, entravées encore par des difficultés, sur la manière de procéder, sur les pleins-pouvoirs et sur l'étiquette, traînèrent en longueur sans autres résultats que la rédaction de quelques règlements sur le cérémonial. En 1724, l'empereur Charles VI saisit le congrès d'une nouvelle question; il voulait faire garantir par la France, l'Angleterre et l'Espagne la Pragmatique sanction ni appelait à la succession de toute la monarchie sa fille Marie-Thérèse. Il élevait aussi des prétentions, combattues par la France et l'Espagne, sur les Etats de Toscane et de Parme, qu'il qualifiait de fiefs masculins de l'Empire; et l'Espagne prenait d'autant plus vivement les intérêts du duc de Parme que les traités de la quadruple alliance avaient promis à Don Carlos, l'un des fils de Philippe V, l'héritage des Farnèse de Parme et des Médicis de Florence à l'extinction, alors imminente, de ces deux maisons. La France et l'Anglererre firent en vain tous leurs efforts pour accommoder les prétentions des autres puissances. Le duc de Bourbon ayant renvoyé l'infante, fiancée à Louis XV, pour marier celui-ci à Marie Leckzynska, l'Espagne se retira du congrès (avril 1725); elle avait depuis quelque temps entamé à Vienne, où elle avait envoyé Riperda, des négociations directes qui se terminèrent par la paix du 30 avril 1725 et par un traité secret d'alliance; la France, l'Angleterre, la Prusse conclurent le 3 septembre l'alliance de Hanovre; le 31 mai 1727 furent signés les préliminaires de la paix générale et un congrès fut convoqué à Soissons. | Depuis le XVIe siècle, Cambrai était le siège de l'assemblée des Etats du Cambrésis, composés du clergé, du magistrat et des notables; ils se réunissaient sur la convocation des évêques, qui leur soumettaient particulièrement les affaires relatives aux impôts. La suzeraineté de l'archevêque sur la ville fut reconnue par le gouvernement de la France après l'annexion. Depuis lors, la province du Cambrésis devint la subdélégation de Cambrai, comprise dans l'intendance de Lille et dans le ressort du parlement de Douai. Ils sont nés à Cambrai Parmi les personnages remarquables nés à Cambrai ou qui y ont vécu, il faut citer : Le Tartier, ex-prieur de Cantimpré, poète et chroniqueur, secrétaire, médecin et chambellan de Charles V; Monstrelet, prévôt de Notre-Dame, mort à Cambrai en 1453; Josquin Despretz, musicien de la fin du XVe siècle; Fénelon, qui résida dans son diocèse depuis 1697; Auger, l'un des sculpteurs de la porte Saint-Denis de Paris; le peintre Saint-Aubert, élève de Watteau; le sculpteur Charles Cordier; l'aviateur Louis Blériot; l'agronome René Dumont; l'anthropologue Maurice Godelier, né en 1934. | Les armes de la ville de Cambrai sont : d'or à un aigle à deux têtes de sable, béqué et membré de gueules, chargé sur l'estomac d'un écusson d'or à trois lions d'azur deux et un. - La Reddition de Cambrai, par Van der Meulen (1677). L'évêché de Cambrai Erigé au Ve siècle, l'évêché de Cambrai, compris dans la province de Reims, fut réuni à celui d'Arras depuis le VIe siècle jusqu'en 1095; il fut érigé en archevêché par une bulle du 12 mai 1559, avec les évêchés d'Arras, Saint-Omer, Tournai et Namur comme suffragants. Il redevint évêché suffragant de Reims en 1790, puis lors du Concordat passa dans la province de Paris. Il a été de nouveau érigé en métropole en 1841, avec Arras pour suffragant. (Y). Le concile de Cambrai (1565) Le concile de Cambrai s'est tenu au mois de juillet 1565, afin de pourvoir à l'exécution des décisions du concile de Trente. Il adopta vingt-deux décrets, chacun contenant plusieurs chapitres. Le plus caractéristique est le premier, qui concerne les livres hérétiques et prohibés : défense aux imprimeurs et aux libraires d'imprimer ou d'exposer aucun livre qui n'ait été préalablement examiné et approuvé; requête aux magistrats de prêter la main à ce que tous les ans on exige des imprimeurs et des libraires une profession de foi conforme au concile de Trente, qu'on les oblige à détester toutes les hérésies et à porter respect et obéissance au Saint-Siège. (E.-H. V.). | | |