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L'histoire de l'Autriche
Préhistoire et protohistoire.
Les premiers habitants de l'Autriche sont des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique, il y a environ 300 000 ans. À partir de 5500 av. JC, les premiers agriculteurs apparaissent dans la région. Ils cultivent des céréales, élèvent des animaux et construisent des villages permanents. L'un des sites les plus célèbres de cette période est celui de la culture de la céramique linéaire.

Ă‚ge du bronze.
La culture d'Unétice (2300-1600 av. JC) se caractérise par la production de bronze et l'utilisation de haches, épées et autres objets métalliques. Les sépultures tumulaires (grands monticules de terre) sont typiques de cette époque. Dans la culture des Champs d'urnes (1300-800 av. JC), les morts sont incinérés et les cendres sont enterrées dans des urnes, souvent regroupées en vastes cimetières. Cette période montre une complexification des structures sociales et économiques.

Ă‚ge du fer.
La culture de Hallstatt (800-450 av. JC) est considérée comme la première culture celtique. Elle est nommée d'après un site archéologique en Autriche. Cette période est marquée par une société hiérarchisée avec des princes locaux, des échanges commerciaux étendus et des sépultures richement meublées. La culture de La Tène (450-50 av. JC) succède à la culture de Hallstatt. Elle se répand dans une grande partie de l'Europe, dont l' Autriche. Cette culture est caractérisée par ses réalisations artistiques en métal, ses armes et ses bijoux sophistiqués. Les Celtes de cette période sont des guerriers et des artisans habiles.

PĂ©riode celte.
Les Celtes s'installent en Autriche vers 500 av. JC. Ils établissent des forteresses que les Romains nommeron des oppida et développent des structures sociales complexes. Les Celtes avaient des compétences métallurgiques et des réseaux commerciaux étendus. Les différentes tribus celtes, telles que les Taurisques et les Noriciens, jouent un rôle clé dans le développement de la région. Le Royaume norique, par exemple, est une entité politique et commerciale importante avant la conquête romaine.

Les Ă©poques romaine et germanique.
Primitivement habitĂ© par les Taurisques, peuple celtique, ce pays, qui forma plus tard l'archiduchĂ© d'Autrique, fit partie des provinces romaines appelĂ©es Norique et Pannonie supĂ©rieure lorsque les Romains la soumirent Ă  leur domination, en 14 av. J.-C.,  puis l'intĂ©grèrent Ă  l'empire romain sous Tibère, vers l'an 33 de notre ère. Une partie du pays, Ă  l'Est de l'Ens, avec la ville municipale romaine de Vindobona (Vienne), fut alors comprise dans la Pannonie.

Successivement envahie, dans le cours des Ve et VIe siècles, par les Vandales, les HĂ©rules, les Goths, les Huns, les Lombards et les Avars, cette contrĂ©e demeura occupĂ©e par ces derniers jusqu'en 799, oĂą Charlemagne les repoussa au delĂ  de la Raab et rĂ©unit Ă  son empire la rĂ©gion Ă  l'Est de l'Ens, sous le nom d'Avarie ou Marchia orientalis (Ostmark), ou Austria, nom qui s'est transformĂ© en celui d'Ostreich.  En 928, Henri l'Oiseleur, voulant opposer une barrière aux incursions des Hongrois (Magyars), dont elle Ă©tait devenue la proie depuis 900, Ă©rigea l'Autriche en margraviat. L'empereur Othon Ier le reconquit, après une victoire remportĂ©e près d'Augsbourg en 955, et en investit, en 983, LĂ©opold Ier, comte de Babenberg, issu d'une des plus anciennes familles de l'Allemagne. Le margraviat d'Autriche resta hĂ©rĂ©ditaire dans la maison de Babenberg, d'oĂą sortit saint LĂ©opold, margrave d'Autriche de 1096 Ă  1136.

L'empereur FrĂ©dĂ©ric Ier rĂ©unit la Marche au-dessus de l'Ens au margraviat d'Autriche, qu'il Ă©rigea en duchĂ©, en 1156, en faveur de Henri II Jasomirgott. Ce premier duc d'Autriche prit part Ă  la deuxième croisade, Ă©leva Vienne, dont il fit sa rĂ©sidence, au rang de ville, et y commença la construction de l'Ă©glise Saint-Etienne. Il mourut en 1177. Son fils, LĂ©opold V, rĂ©unit la Styrie Ă  l'Autriche, et fut excommuniĂ© pour avoir retenu prisonnier, Ă  son retour de la Terre-Sainte, Richard Coeur-de-Lion, roi d'Angleterre, qui l'avait outragĂ© au siège de PtolĂ©maĂŻde. LĂ©opold VI, fils de LĂ©opold V, succĂ©da en 1198 Ă  son frère FrĂ©dĂ©ric le Catholique, et laissa le duchĂ© d'Autriche agrandi et florissant Ă  son fils FrĂ©dĂ©ric Il. Ce prince, surnommĂ© le Belliqueux, fut Ă©lu duc de Carnioleet roi de Hongrie. Mais il opprima ses sujets pour subvenir aux frais de ses guerres. Il fut tuĂ© dans une bataille qu'il perdit, en 1246, contre le roi de Hongrie, Bela IV. En lui s'Ă©teignit la, ligne masculine de la maison de Babenberg. On appelle interrègne autrichien le temps qui s'Ă©coula de 1246 Ă  1282. 

L'empereur Frédéric Il déclara l'Autriche et la Styrie fiefs vacants de l'empire, quoiqu'ils fussent héréditaires dans la ligne féminine. L'Autriche élut pour duc Ottokar II, fils du roi de Bohème, qui épousa Marguerite, soeur du dernier duc. Mais le nouveau duc s'aliéna ses sujets par sa hauteur, refusa de reconnaître Rodolphe de Habsbourg pour souverain de l'Allemagne, et fut mis au ban de l'empire. Après une lutte malheureuse, il fut obligé de céder à Rodolphe, en 1276, ses possessions autrichiennes, et il fut tué en voulant les reconquérir à la bataille de Marchfeld, en 1273. Rodolphe de Habsbourg, margrave d'Autriche, fut reconnu roi de Bohème et de Hongrie; mais des royaumes électifs ne pouvaient rester joints. La Bohème et la Hongrie eurent encore des rois indépendants.

Rodolphe de Habsbourg investit, en 1282, ses deux fils, Albert et Rodolphe, des duchĂ©s d'Autriche, de Styrie et de Carinthie. La puissance de l'Autriche fut l'oeuvre de la maison de Habsbourg, devenue maison d'Autriche. Albert, restĂ© seul maĂ®tre de l'Autriche de la Styrie et de la Carniole, par un traitĂ© conclu avec son frère en 1283, obtint la couronne d'Allemagne en 1298. Il fut assassinĂ© en 1308 par son neveu, Jean de Souabe, dont il retenait l'hĂ©ritage. Il laissa cinq fils, dont l'aĂ®nĂ©, FrĂ©dĂ©ric, fut Ă©lu roi d'Allemagne en 1314, en concurrence avec Louis de Bavière, et refusa plus tard la couronne impĂ©riale que lui offrit le pape Jean XXII. LĂ©opold, l'un des frères de FrĂ©dĂ©ric, Ă©choua contre les Suisses Ă  la bataille de Morgarten, en 1315, dans la tentative de reconquĂ©rir les villes forestières de l'HelvĂ©tie. Albert II le Sage survĂ©cut Ă  ses quatre frères, et rĂ©unit, en 1330, toutes les possessions de sa famille. Le duc Albert V (Albert II le Magnanime), hĂ©ritier des Etats d'Autriche en 1404, Ă©pousa la fille de l'empereur Sigismond de Luxembourg et succĂ©da Ă  son beau-père dans les royaumes de Hongrie et de Bohème en 1438. Il fut Ă©lu empereur la mĂŞme annĂ©e. De cette Ă©poque date la grandeur de la maison d'Autriche. 

La couronne impériale demeura dans cette maison et dans celle de Lorraine- Habsbourg, qui la continuera jusqu'à l'abolition de l'empire d'Allemagne, en 1806. Avec Ladislas, fils de l'empereur Albert Il, s'éteignit, en 1457, la ligne autrichienne de la maison de Habsbourg, dont l'héritage passa à la ligne de Styrie. La maison d'Autriche perdit momentanément les royaumes de Hongrie et de Bohème, et ses domaines en Helvétie lui furent enlevés par les Suisses, sous Frédéric III, élu empereur en 1440. Ce souverain, usant de l'autorité impériale en faveur de sa famille, conféra, en 1455, le titre d'archiduc à tous les membres de la maison de Habsbourg. Son fils, Maximilien ler, acquit à l'Autriche en 1477 toutes les possessions de la maison de Bourgogne par son mariage avec Marie, fille de Charles le Téméraire. Devenu empereur en 1493, il réunit le Tyrol à ses États. Le mariage de son fils Philippe le Beau avec Jeanne, héritière de Castille et d'Aragon, plaça la maison d'Autriche sur le trône d'Espagne.

Charles-Quint, fils aĂ®nĂ© de Philippe, Ă©lu empereur en 1519, cĂ©da, en 1521 et 1540, Ă  son frère Ferdinand ler ses Etats hĂ©rĂ©ditaires d'Allemagne, Ă  l'exception des Pays-Bas et de la Franche-ComtĂ©, formant le cercle de Bourgogne, qu'il rĂ©unit Ă  l'Espagne en 1548. Ferdinand Ier, Ă  la mort de Louis II, roi de Hongrie et de Bohème, dont il avait Ă©pousĂ© la soeur Anne, entra en possession de ces royaumes (1516), auxquels Ă©taient rĂ©unies la Moravie, la SilĂ©sie et la Lusace. Le sultan Soliman intervint dans la lutte que ce prince soutint pour se rendre maĂ®tre de la Hongrie, et s'avança, en 1529, jusqu'aux portes de Vienne, qui dut son salut au comte de Salm. Ferdinand Ier, Ă©lu empereur en 1558, après l'abdication de son frère Charles-Quint fut le premier souverain austro-hongrois moderne. 

L'Autriche et la Hongrie.
La Réforme fit des progrès sous Maximilien Il et Rodolphe II, fils et petit-fils de Ferdinand ler. Mais, à la mort de Matthias, frère de Rodolphe II, Ferdinand, fils de l'archiduc Charles, duc de Styrie, et petit-fils de Ferdinand Ier, réunit, en 1619, tous les Etats de la maison d'Autriche et fut élu empereur. Il lutta contre le protestantisme de l'Autriche et de la Bohème. Il perdit la Lusace à la paix de Prague, en 1655. Ferdinand III marcha sur les traces de son père, et se voulut comme lui le champion du catholicisme dans la guerre de Trente Ans. Mais l'intervention de la Suède et de la France amena le traité de Westphalie, qui fut le triomphe de la cause protestante (1648). Par ce traité, l'Alsace, qui avait été apportée à l'Autriche par Rodolphe de Habsbourg, fut cédée à la France. Léopold Ier, qui remplaça son père, Ferdinand III, comme archiduc d'Autriche et comme empereur en 1658, vit les Hongroisrévoltés appeler les Turcs à leur secours. Vienne, assiégée par Kara-Mustapha, fut délivrée par Jean Sobieski, roi de Pologne. Léopold Ier soumit ensuite la Hongrie et y reunit la Transylvanie

Ce royaume s'agrandit aux dĂ©pens de la Turquie Ă  la paix de Carlowitz, en 1699. Mais, lorsque la branche de la maison d'Autriche qui rĂ©gnait en Espagne s'Ă©teignit par la mort de Charles II en 1700, LĂ©opold Ier Ă©choua contre la politique de Louis XIV dans la tentative de placer cette couronne sur la tĂŞte de son frère Charles. Ce prince, qui succĂ©da en Autriche et dans l'empire Ă  son frère Joseph Ier, en 1711, sous le nom de Charles VI, fut forcĂ© de consentir, en 1714, par les traitĂ©s de Rastadt et de Bade, Ă  la paix d'Utrecht, qui assurait le trĂ´ne d'Espagne Ă  Philippe V, petit-fils  de Louis XIV. Mais il reçut de la succession de Charles Il les Pays-Bas, le Milanais, Mantoue, Naples et la Sardaigne, qui fut Ă©changĂ©e, en 1720, contre la Sicile. La grande puissance Ă  laquelle l'Autriche Ă©tait parvenue dĂ©clina dès le règne mĂŞme de Charles VI, qui dut, en 1735 et 1738, cĂ©der Naples et la Sicile Ă  l'infant d'Espagne don Carlos, et une partie du Milanais au roi de Sardaigne (L'histoire de l'Italie). Il ne reçut en dĂ©dommagement que Parme et Plaisance. En 1739, la paix de Belgrade lui enleva les fruits des victoires du prince Eugène, Belgrade, la Serbie, la partie autrichienne de la Valachie et la Bosnie, qui passèrent Ă  la Turquie.

L'empereur Charles VI mourut en 1740, et en lui s'Ă©teignit la ligne masculine de la maison de Habsbourg. Il avait dĂ©clarĂ©, par une pragmatique sanction, sa fille Marie-ThĂ©rèse, mariĂ©e au duc François-Etienne de Lorraine, hĂ©ritière de tous ses Etats. Mais cette succession lui fut vivement disputĂ©e. L'Ă©lecteur de Bavière se fit couronner roi de Bohème Ă  Prague, prit le titre d'archiduc d'Autriche et fut Ă©lu empereur en 1742. Les Hongrois restèrent fidèles Ă  Marie-ThĂ©rèse, qui, par la paix de Breslau, fut forcĂ©e de cĂ©der Ă  FrĂ©dĂ©ric II, roi de Prusse, la SilĂ©sie et le comtĂ© de Clatz, qu'il avait envahis. Mais l'Ă©lecteur de Bavière, empereur sous le nom de Charles VII, mourut en 1745, et l'Ă©poux de Marie-ThĂ©rèse, qui rĂ©gnait avec elle dans ses Etats hĂ©rĂ©ditaires, fut Ă©lu empereur sous le nom de François Ier. Il devint ainsi le chef de la maison de Lorraine-Habsbourg. Cependant l'Autriche fut contrainte d'abandonner dĂ©finitivement la SilĂ©sie Ă  la Prusse, et, par la paix d'Aix-la-Chapelle, en 1748, elle cĂ©da le duchĂ© de Parme et de Plaisance Ă  don Philippe, infant d'Espagne. Marie-ThĂ©rèse tenta vainement, par la guerre de Sept Ans, de reconquĂ©rir la SilĂ©sie. 

François Ier, mort en 1765, eut pour successeur en Autriche et sur le trĂ´ne impĂ©rial Joseph Il, son fils aĂ®nĂ©; et son deuxième fils, LĂ©opold, fut la souche de la ligne collatĂ©rale de la nouvelle maison d'Autriche qui rĂ©gna en Toscane. Son troisième fils, Ferdinand, mariĂ©, en 1771, Ă  l'hĂ©ritière de la maison d'Este, en recueillit la succession en 1797, et fut la tige de la branche d'Autriche-Este. L'Autriche acquit par le premier partage de la Pologne, en 1772, la Galicie et la LodomĂ©rie, et la Porte lui cĂ©da la Bukovine en 1777. Le règne de Marie-ThĂ©rèse, malgrĂ© les guerres qui l'ensanglantèrent, avait Ă©tĂ© prospère pour l'Autriche. Bien diffĂ©rent fut celui de son fils Joseph II, qui porta son ardeur rĂ©formatrice jusque sur l'Eglise, et introduisit dans ses Etats le système administratif appelĂ© Josephisme. Tout en favorisant le commerce et l'industrie, il mĂ©contenta la Hongrie et provoqua la rĂ©volte des Pays-Bas. Son frère, LĂ©opold Il, qui lui succĂ©da en 1790, chercha, sans y parvenir, Ă  rĂ©parer ses erreurs. 

La FrancerĂ©volutionnaire avait dĂ©clarĂ© la guerre Ă  l'Autriche, lorsque François Il succĂ©da Ă  son père LĂ©opold II, en 1792. Au troisième partage de la Pologne, en 1795, l'Autriche s'agrandit de la Galicie occidentale. Par le traitĂ© de Campo-Formio, elle perdit, en 1797, la Lombardie et les Pays-Bas. Elle recommença avec la Russie la guerre contre la France en 1799, et conclut en 1801 la paix de LunĂ©ville, par laquelle elle obtint les deux archevĂŞchĂ©s de Trente et de Brixen; mais l'archiduc Ferdinand  fut forcĂ© d'Ă©changer la Toscane contre le duchĂ© de Salzbourg. Lorsque NapolĂ©on Ier fut proclamĂ© empereur des Français, François II rĂ©unit tous ses Etats hĂ©rĂ©ditaires, en 1804, sous le nom d'empire d'Autriche. Il reprit, en 1805,  les armes contre la France;  mais, battu Ă  Austerlitz avec les Russes, il signa la paix de Presbourg  (auj. Bratislava, en Slovaquie), par laquelle il perdit les provinces italiennes qui lui restaient, le Tyrol et plusieurs villes et territoires. Il ne fut dĂ©dommagĂ© que par le duchĂ© de Salzbourg, et l'archiduc Ferdinand reçut le Wurzbourg. 
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Blason de l'Autriche-Hongrie.
Les Armes de l'Autriche-Hongrie.

A la formation de la Confédération du Rhin, François Il renonça, en 1806, à la dignité d'empereur d'Allemagne, dont sa famille était en possession non interrompue depuis 1438, et prit le titre d'empereur d'Autriche, sous le nom de François Ier. Il succomba encore une fois dans la guerre qu'il entreprit, en 1809, contre l'empereur Napoléon Ier, et fut dépouillé par la paix de Vienne du duché de Salzbourg, de la Carniole, de la Croatie, de l'Istrie, de Trieste, de la Galicie occidentale, de Cracovie et d'autres territoires. Il donna cependant sa fille en mariage à Napoléon, et s'allia avec lui contre la Russie. Mais, après le désastre des Français en Russie, en 1812, il s'unit avec la Prusse, la Russie, l'Angleterre et la Suède, contre la France. Par la paix conclue à Paris en 1814, l'Autriche obtint le royaume Lombard-Vénitien (L'histoire de l'Italie) et la Dalmatie, et recouvra ceux de ses pays héréditaires qui lui avaient été enlevés. La monarchie autrichienne se trouva, après le rétablissement de la paix, une des plus influentes des cinq grandes puissances européennes. Elle réprima la Révolution par une intervention armée dans les royaumes des Deux-Siciles et de Sardaigne, en 1820 et 1821, et les insurrections de 1831 et 1832 dans l'Etat pontifical.

François Ier, eut pour successeur, en 1835, son fils Ferdinand III. Sous son règne, le gouvernement ultra-réactionnaire de Metternich accumula partout des haines qui allaient se donner libre carrière en 1848-1849. Au bruit de la révolution française de février 1848, des mouvements insurrectionnels éclatèrent à Vienne, à Prague, à Pesth et à Milan. Une constitution, qui créait une diète composée d'un sénat et d'une chambre des députés, fut promulguée en avril 1848. Le royaume Lombard-Vénitien et la Hongrie prirent les armes contre la domination autrichienne. Ferdinand ler se retira à Inspruck, et déclara que la première diète serait une assemblée constituante. Cette assemblée fut ouverte, en juillet 1848, par l'archiduc Jean, substitut de l'empereur, qui revint à Vienne en août. Mais une nouvelle révolte l'obligea d'en sortir en octobre, et il se rendit à Olmutz. Le prince Windischgraetz, qui avait déjà réprimé le soulèvement de Prague, soumit aussi Vienne. Dès le mois d'août 1848, la Lombardie fut replacée sous le sceptre de l'Autriche, et Venise y rentra en 1849. Mais l'insurrection hongroise ne put être vaincue qu'avec le secours de la Russie, en 1849. Le 2 décembre 1848, l'empereur Ferdinand abdiqua, et l'abdication simultanée de son frère, l'archiduc François-Charles, appela au trône le jeune fils de ce prince, l'empereur François-Joseph ler.

La diète constituante, transfĂ©rĂ©e Ă  Kremsier, n'ayant pu achever la constitution, le nouvel empereur accorda lui-mĂŞme une constitution, le 4 mars 1849. L'Autriche disputa vigoureusement Ă  la Prusse, en 1849 et 1850, l'influence que cette puissance tentait de s'arroger en Allemagne. L'empereur François-Joseph Ier abrogea, en dĂ©cembre 1851, la constitution octroyĂ©e en 1849. Dans la lutte soutenue en Orient, en 1854 et 1855, par la France et l'Angleterre contre les ambitions de la Russie (La Guerre de CrimĂ©e), l'Autriche, partagĂ©e entre sa reconnaissance envers l'empereur Nicolas et le danger auquel elle s'exposait en secondant les vues de ce dangereux alliĂ©, hĂ©sita avant d'incliner ouvertement du cĂ´tĂ© des cabinets de l'Occident. D'accord avec la France et l'Angleterre, elle occupa, en 1854, les PrincipautĂ©s danubiennes, qu'elle n'Ă©vacua qu'en 1857. L'empereur François-Joseph Ier, conclut, en 1855, avec le Saint-siège un concordat qui rendit Ă  l'Église les privilèges dont Joseph II l'avait dĂ©pouillĂ©e. 

Voyant la Sardaigne se placer Ă  la tĂŞte du mouvement rĂ©volutionnaire en Italie, l'Autriche cessa, en 1857, d'entretenir des relations diplomatiques avec la cour de Turin. La dĂ©fiance rĂ©ciproque amena enfin une rupture entre les deux gouvernements, en 1859. Les Autrichiens prirent l'initiative des hostilitĂ©s; mais NapolĂ©on III marcha Ă  la tĂŞte d'une armĂ©e au secours du roi de Sardaigne, et les Autrichiens furent battus successivement Ă  Montebello, Ă  Palestro, Ă  Turbigo, Ă  Magenta, Ă  Marignan et Ă  Solferino. L'empereur d'Autriche accepta Ă  Villafranca, en juillet, la paix qui lui fut proposĂ©e par NapolĂ©on III, et qui fut sanctionnĂ©e, en octobre suivant, par un traitĂ© signĂ© Ă  Zurich. Il cĂ©da la Lombardie Ă  la France, qui la cĂ©da Ă  son tour au roi de Sardaigne.  La Prusse n'attendait que ce moment pour expulser l'Autriche de la ConfĂ©dĂ©ration germanique; elle commença par l'entraĂ®ner dans une expĂ©dition contre le Danemark, mais elle lui dĂ©clara la guerre. 

Vaincu à Sadowa, dépouillé de la présidence de la Confédération germanique, l'empereur convoqua un conseil de l'empire, composé des députés de toutes les parties, si diverses, de la monarchie, et promulgua ensuite un diplôme pour le règlement de l'organisation politique de l'empire (20 octobre 1860). Le droit électoral en Autriche reposait, comme en Angleterreà la même époque, sur la propriété et, non sur le nombre. Le statut de la constitution, publié en 1861, institua deux Chambres : la Chambre des seigneurs et la Chambre des députés. La représentation nationale prit le titre de Conseil de l'empire (Reichsrath). Les différents pays de la couronne eurent d'ailleurs, des diètes provinciales avec l'autonomie administrative. L'empereur ouvrit solennellement le conseil de l'empire en 1861. Mais la nécessité de concilier l'unité de l'empire avec l'autonomie des différents pays dont il se composait présentait de graves difficultés, et, dans cette même année 1861, la diète hongroise dut être dissoute, à cause de ses tendances à séparer la Hongrie de la monarchie autrichienne.

La double monarchie.
François-Joseph, aux prises avec les nationalités hétérogènes qui formaient son Empire, se résigna en 1867 au système dualiste qui assurait l'autonomie de la Hongrie, au sein de ce que l'on allait appeler désormais l'Empire Austro-Hongrois, mais qui avait le tort de sacrifier les Slaves, pourtant plus nombreux que les Allemands et les Hongrois. Aussi les Tchèques, en particulier, ne cessèrent-ils de protester contre un régime constitutionnel qui violait les droits historiques de la Bohème et de formels engagements. La politique intérieure de l'Autriche ne cessa donc d'être agitée et confuse. L'empereur François-Joseph, de formation allemande et de tempérament absolutiste, prit parti tantôt pour les Allemands, à la fois centralistes et libéraux, tantôt pour les minorités nationales slaves, à la fois fédéralistes et favorables à un régime aristocratique.

Au ministère libéral allemand Auersperg (1867-1871), qui fit voter l'établissement du mariage civil et l'organisation de l'enseignement par l'État, succéda le ministère fédéraliste Hohenwart, dont firent partie deux ministres tchèques. Il projeta la conclusion d'un compromis entre l'Autriche et la Bohème analogue au compromis austro-hongrois; mais il se heurta à l'opposition des Allemands et des Magyars aussi bien qu'aux répugnances de l'empereur, et il démissionna (octobre 1872). Auersperg, revenu au pouvoir, essaya, par un remaniement de la loi électorale, de réduire le nombre des représentants tchèques et polonais au Parlement; il s'attaqua, d'autre part, comme Bismarck, à l'influence du clergé. Les fédéralistes, soutenus par les catholiques et bénéficiant du mécontentement provoqué par les dépenses d'occupation de la Bosnie-Herzégovine, lui firent une vive opposition; il tomba en février 1879. L'occupation de ces pays, vue d'un bon oeil à Berlin, ne pouvait que déplaire à Budapest, puisqu'elle renforçait les éléments slaves.

L'empereur fit alors appel à un de ses familiers, le comte Taaffe, qui sut se maintenir au pouvoir pendant plus de quatorze ans (1879-1893). Il s'attaqua au problème tchèque, demeuré en suspens depuis 1871, époque à laquelle François-Joseph avait manifesté des velléités de se faire couronner roi à Prague. Un accord fut élaboré, dans l'automne de 1890, avec les représentants du groupe des «-Vieux-Tchèques », dirigé par Rieger; mais il fut repoussé par le parti des «-Jeunes-Tchèques-», qui avait pour chefs Gregr et Massaryk, et qui, en 1891, aux élections de la Diète de Prague, obtint la majorité. Taaffe, fatigué des attaques incessantes du parti centraliste allemand, songea à se procurer un Parlement plus souple par l'introduction du suffrage universel en Autriche. Les libéraux et les conservateurs allemands, qui formaient, avec les Polonais, la majorité gouvernementale au Reichsrat, s'insurgèrent contre ce projet, et François-Joseph, inquiet d'une politique slavophile désagréable a Budapest et à Berlin, se sépara de son ministre.

Les gouvernements qui succédèrent ensuite s'imaginèrent que la réforme électorale mettrait fin au conflit grandissant, né de l'opposition des nationalités. Le prince Windischgraetz, successeur de Taaffe (1893-1895), s'efforça donc d'étendre le droit de suffrage; il échoua comme son prédécesseur, devant l'opposition du Parlement. Le comte Badeni (1895-1897), un Polonais, fut plus heureux; il obtint du Reichsrat le vote de la loi du 14 juin 1896, qui créa une cinquième curie d'électeurs, celle du suffrage universel (un député par 300 000 habitants), et bientôt les autorités officielles durent employer la langue des parties en cause. Cette décision, pourtant équitable, souleva l'indignation des Allemands; ils organisèrent a Reichsrat une obstruction systématique, et le successeur de Badeni, le baron Gautsch, rapporta l'ordonnance du 6 avril 1897. Il proclama l'état de siège à Prague, où des troubles graves s'étaient produits : au Reichsrat, l'obstruction tchèque devint si vive que le compromis austro-hongrois ne put être renouvelé en temps utile.

Ce fut le début d'une crise qui devait durer dix ans, pendant lesquels aucun ministère ne parvint à conserver le pouvoir plus de quelques mois. Le conflit des nationalités atteignit son maximum d'irritation et d'acuité, non seulement entre Allemands et Tchèques, mais aussi entre Allemands et Slovènes, entre Polonais et Ruthènes. Après que Gautsch eut été renversé par la coalition des fédéralistes et des conservateurs, le comte Thun forma un nouveau ministère favorable aux fédéralistes; mais les centralistes allemands lui firent une telle opposition que le Reichsrat ne put délibérer, que les Délégations ne purent être réunies. Thun ayant été renversé en 1899, Clary, puis Witek, puis Koerber, puis Gautsch, constituèrent des cabinets à tendances centralistes; l'obstruction tchèque obligea l'empereur à rendre des ordonnances pour régler le budget et proroger le compromis austro-hongrois.

Le baron de Beck, devenu président du Conseil, proposa et obtint la suppression des curies et l'établissement du suffrage universel. Les lois du 26 janvier 1907 amenèrent un apaisement momentané; mais l'intolérance des Allemands ranima les querelles de nationalités et de langues;elles étaient plus ardentes que jamais lorsque François-Joseph précipita, en déchaînant la Grande Guerre, l'écroulement de l'édifice vermoulu dont sa personne, entourée de respect, était encore le soutien le plus solide.

Uniformes de l'armée austro-hongroise vers 1900.
Uniformes de l'armée austro-hongroise vers 1900.
A la veille de la Première Guerre mondiale, l'Autriche, État composite, qui aurait pu jouer en Europe un rĂ´le pondĂ©rateur, Ă©tait devenu un fauteur de provocations et de troubles. Le pangermanisme avait en Autriche des foyers secondaires, des «-filiales-», et, en Hongrie, il Ă©tait l'alliĂ© Ă©nergique de l'impĂ©rialisme allemand. Le règne de François-Joseph fut constamment assombri par les dĂ©sastres militaires, les luttes civiles, les drames domestiques, mais le souverain supporta ces Ă©preuves avec une indiffĂ©rence qu'explique son insensibilitĂ© et, très mĂ©diocrement intelligent, il ne rĂ©gna que par des expĂ©dients sur des nations dont un monarque douĂ© de quelque sens politique eĂ»t su se faire des sujets dĂ©vouĂ©s. 

DĂ©possĂ©dĂ© des territoires lombards et vĂ©nitiens, exclu de la confĂ©dĂ©ration germanique, obligĂ© de capituler devant les Hongrois, Ă  qui il sacrifia les Slaves, il avait acceptĂ©, sous l'influence des hommes d'État de Budapest, l'alliance ou plutĂ´t la tutelle de ceux qui l'avaient vaincu et humiliĂ©. Les Hongrois Ă©tant pleinement d'accord avec les Allemands centralistes de la Cisleithanie et avec les Allemands d'Allemagne, c'est l'influence germanique qui avait prĂ©valu de plus en plus Ă  Vienne, qui avait tournĂ© vers Salonique les regards de François-Joseph, qui avait assurĂ© dans la Double monarchie la prĂ©pondĂ©rance des banques allemandes au dĂ©triment des Ă©tablissements français de crĂ©dit. L'Autriche-Hongrie, glissant peu Ă  peu vers l'Est, avait cherchĂ© dans la pĂ©ninsule balkanique la compensation des pertes qu'elle avait subies en Occident .

L'annexion de la Bosnie et de l'HerzĂ©govine, en 1908, contenait en germe les complications d'oĂą sortit la guerre de 1914. Pour le comte d'Aerenthal et les partisans de sa politique d'agrandissement, les deux nouvelles provinces de la monarchie devaient, en effet, ĂŞtre le noyau d'une grande Serbie autrichienne; mais cette confiscation brutale d'une population Ă©mancipĂ©e du joug turc rompit l'Ă©quilibre des Balkans et finit par dĂ©chaĂ®ner une conflagration gĂ©nĂ©rale. 

« Voilà un siècle, avait écrit Albert Sorel, que l'on travaille à, résoudre la question d'Orient. Le jour où l'on croira l'avoir résolue, l'Europe verra se poser inévitablement la question d'Autriche ».
Par l'annexion de la Bosnie-Herzégovine, l'empereur-roi substituait, dans ses rapports avec le tsar de Russie, une politique conquérante à une politique transactionnelle, tandis que l'Allemagne, garantie contre un retour offensif des Habsbourg, préparait par la conception du Mitteleuropa sa domination sur l'Asie, et s'implantait à Istanbul. La chancellerie austro-hongroise prévoyait et mesurait si bien les dangers de ses manoeuvres que, dès le printemps de 1913, elle demanda à l'Italie si cette puissance prendrait les armes dans l'éventualité où les projets contre la Serbie déclencheraient une guerre générale.

Déjà désagrégé de fait pendant la guerre, l'empire austro-hongrois implosa le 27 octobre 1918. Le lendemain, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie proclamèrent leur indépendance. Le 1er novembre, la Hongrie fit sécession. La conférence de paix qui se tint l'année suivante n'eut qu'à prendre acte de cette dissolution. Le Traité de Saint-Germain-en-Laye, signé le 19 septembre 1919, entre l'Autriche et les pays vainqueurs, substitua à l'empire quatre États indépendants : Autriche et Hongrie, désormais séparées; État tchécoslovaque (république de Tchécoslovaquie), constitué par la Bohème, la Moravie et la Slovaquie; État serbo-croate-slovène (royaume de Yougoslavie), formé de la Serbie (agrandie du Monténégro), de la Bosnie, de la Croatie et de la Dalmatie. Par ailleurs, des portions de l'ancien empire furent rattachées à des pays voisins : la Roumanie annexa la Transylvanie hongroise (ainsi que la Bessarabie russe); la Pologne se vit attribuer la Galicie; L'Italie obtint le Sud du Tyrol (Trentin) et l'Istrie. Les Alliés craignant la renaissance d'un bloc germanique fort au centre de l'Europe interdirent par ailleurs à l'Autriche de se rattacher à l'Allemagne (Anschluss).

La république d'Autriche.
En octobre 1920, le nouvel État autrichien adopte une constitution rĂ©publicaine instituant un système fĂ©dĂ©raliste (9 länder, dotĂ©s d'une diète) et un rĂ©gime parlementaire Ă  une chambre, Ă©lue au suffrage universel. Pendant la pĂ©riode ainsi inaugurĂ©e, deux grand partis s'affrontent : les Noirs (chrĂ©tiens-sociaux, dont les bases sont principalement rurales) et les Rouges (socio-dĂ©mocrates, implantĂ©s surtout dans les grandes villes). Les uns et les autres souhaitent l'Anschluss, mais doivent se rĂ©soudre Ă  essayer de construire une rĂ©publique viable avec ce qui leur reste d'Autriche. NommĂ© en mai 1922,  le chancelier conservateur Ignaz Seipel s'attelle prioritairement Ă  cette tâche, mais se montre impuissant Ă  rĂ©duire les groupes armĂ©es qui se constituent Ă  l'intĂ©rieur du pays (les Heimwehren, Ă  droite, et le Schutzbund, Ă  gauche) et fait dĂ©river son gouvernement vers l'autoritarisme, avant de dĂ©missionner en 1929. Schöber lui succède. Mais il ne rĂ©siste aux rĂ©percussions de la crise financière mondiale que l'Autriche commençe Ă  ressentir Ă  partir de 1931.

Le 20 mai 1932,  Engelbert Dollfuss, un ancien syndicaliste paysan accède Ă  son tour Ă  la chancellerie et tente de s'opposer Ă  la fois aux hitlĂ©riens, de plus en plus actifs depuis que les nazis Ă©taient parvenus au pouvoir Ă  Berlin, et aux socialistes, dĂ©sormais opposĂ©s Ă  l'Anschluss, justement Ă  cause de la nouvelle situation en Allemagne. En avril 1934, Dollfus renvoie le Parlement, pour instaurer une forme de dictature anti-socialiste et anti-nazie, très inspirĂ©e du rĂ©gime fasciste mais en place en Italiepar Mussolini. Une nouvelle constitution est promulguĂ©e, par laquelle l'Autriche cesse d'ĂŞtre une rĂ©publique pour se dĂ©finir comme un État chrĂ©tien allemand. Après des Ă©meutes durement rĂ©primĂ©es, le parti socialiste est interdit; ensuite  l'emprisonnement de nombreux militants nazis suscite de la part de leur parti une tentative de coup d'État. Le 25 juillet 1934, Dollfuss est assassinĂ© par des nazis, mais leur putsch Ă©choue sous la menace de Mussolini, qui a concentrĂ© des troupes près de la frontière.

Kurt von Schuschnigg succède comme chancelier Ă  Engelbert Dollfuss. Après l'entente italo-allemande (Axe Rome-Berlin) scellĂ©e entre Mussolini et Hitler, il n'a  plus d'autre choix, avant de connaĂ®tre la prison, que de se soumettre Ă  l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne : le 12 mars 1938 la Wehrmacht pĂ©nètre en Autriche en  « en visite d'amitiĂ© ». A partir de cet instant, et jusqu'Ă  la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays disparaĂ®t. Il n'est plus, au sein du Reich, que l'Ostmark ( = la marche orientale) et son histoire se confondavec celle de l'Allemagne. 

Vienne est libĂ©rĂ©e en 1945 par les troupes soviĂ©tiques et le territoire de l'Autriche, comme celui de l'Allemagne est rapidement partagĂ© en quatre zones, occupĂ©es par des troupes soviĂ©tiques, britanniques, amĂ©ricaines et françaises. Des Ă©lections ont lieu, qui portent Ă  la prĂ©sidence le socialiste Karl Renner et Ă  la tĂŞte d'un gouvernement provisoire le chancelier Leopold Figl (27 avril). La constitution correspond alors en principe Ă  celle qui avait Ă©tĂ© en vigueur dans les annĂ©es 1920. 

L'Autriche a bien votĂ© dès 1946 des lois de dĂ©nazification. Mais contrairement Ă  l'Allemagne, le pays n'a jamais acceptĂ© de faire son examen de conscience sur la pĂ©riode hitlĂ©rienne, estimant qu'il avait Ă©tĂ© victime des nazis, et non pas leur complice. En 1949, les anciens nazis ont ainsi  Ă©tĂ© autorisĂ©s de nouveau Ă  participer aux Ă©lections gĂ©nĂ©rales. La vie politique n'en est cependant pas affectĂ©e vĂ©ritablement. Elle reste dominĂ©e par l'ancienne opposition des socialistes (Socio-dĂ©mocrates) et des catholiques du Parti populaire ( = ChrĂ©tiens-sociaux d'avant-guerre) qui vont ĂŞtre en mĂŞme temps forcĂ©s de former ensemble des gouvernements de coalition. 

L'Autriche reste occupĂ©e pendant dix ans, malgrĂ© les efforts de Flig d'abord, puis de Raab, son successeur, pour lui permettre de retrouver sa pleine indĂ©pendance. Un accord peut finalement ĂŞtre obtenu, et signĂ© Ă  Vienne le 15 mai 1955. Aux termes de celui-ci, l'Autriche s'engage Ă  maintenir une stricte neutralitĂ© entre l'Est et l'Ouest et Ă  ne plus offrir sur son sol aucune facilitĂ© militaire Ă  une puissance Ă©trangère. Elle renonçeĂ©galement Ă  permettre le retour au pouvoir des Habsbourg. En dĂ©cembre, le pays adhère aux Nations Unis. 

Le dernier tiers du siècle voit la fin des gouvernements de coalition. Le Parti populaire gouverne seul entre 1966 et 1970. Vient ensuite le tour de la gauche, avec l'accession à la chancellerie du socialiste Bruno Kreisky. En 1983, il y a à nouveau un gouvernement de coalition, dirigé par Fred Sinowatz et cette fois composé principalement de socialistes et de « libéraux » du FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs), représentant la droite non-catholique. En 1986, Franz Vranitzky remplacecomme chancelier Sinowatz. C'est aussi cette année-là qu'éclate le scandale sur le passé nazi de Kurt Waldeim, ancien secrétaire général de l'ONU, et qui n'en est pas moins élu président de la république autrichienne, tandis que le leader d'extrême droite, Jorg Haïder, prend la direction du FPÖ, ce qui conduiit Vranitzky à écarter ce partie du gouvernement. Waldheim conserve, lui, ses fonctions jusqu'au terme de son mandat, pour céder la place à Thomas Klestil en 1992. A ce moment, l'Autriche est déjà entrée dans une nouvelle époque.

La disparition de l'URSS, en 1991, a fini par vider de son sens la politique extĂ©rieure neutraliste de l'Autriche, qui n'a dĂ©sormais de meilleure option que celle de chercher Ă  se faire une place au sein de l'espace europĂ©en. En en 1994, la population se prononce par rĂ©fĂ©rendum pour l'adhĂ©sion de l'Autriche Ă  l'Union europĂ©enne (UE). Cette adhĂ©sion est effective en 1995. En 1997, Franz Vranitzky forme un nouveau gouvernement de coalition composĂ© de socialistes et de membre du Parti populaire, mais l'annĂ©e suivante il renonce Ă  la chancellerie en mĂŞme temps qu'Ă  ses fonctions Ă  la direction du parti Social-dĂ©mocrate. Il est remplacĂ© Ă  ces deux postes par Viktor Klima. En 1998, Klestil est, pour sa part, rĂ©Ă©lu Ă  la prĂ©sidence (il va rester Ă  son poste jusqu'Ă  l'Ă©lection de Heinz Fischer, Ă©lu prĂ©sident en avril 2004). Cette poursuite apparemment sans aspĂ©ritĂ©s de la vie politique, animĂ©e par ses partis traditionnels, cache  la montĂ©e en puissance du FPĂ–, dont Jörg Haider a fait un parti d'extrĂŞme droite, et qui obtint en 1999 27% des suffrages lors d'Ă©lections nationales, autant que le Parti populaire. Ce dernier engage alors des nĂ©gociations avec le Parti social-dĂ©mocrate, vainqueur des Ă©lections avec une majoritĂ© relative, mais elles Ă©chount et en janvier 2000, il se tourne vers le FPĂ– pour trouver un accord de gouvernement.

La dĂ©sapprobation de la communautĂ© internationale (et une mise Ă  l'Ă©cart diplomatique de l'Autriche par l'UE, qui ne va durer que quelques mois)  n'empĂŞche pas ce gouvernement de coalition de se former le mois suivant. Wolfgang SchĂĽssel, du Parti populaire autrichien (Ă–VP), en est le chancelier, Susanne Riess-Passer, du FPĂ–, en est la vice-chancelière. Pour calmer les esprits, Haider se maintient en retrait, et des lois destinĂ©es Ă  dĂ©dommager les Juifs pour leurs biens confisquĂ©s par les Nazis sont votĂ©es. La coalition se rompt en septembre 2002, principalement Ă  cause de dissensions au sein du FPĂ–. Les Ă©lections qui se tiennent en novembre donnent la victoire au Parti populaire, tandis que le FPĂ– s'affaisse. Mais une fois de plus, les tentatives d'accord avec les Sociaux-dĂ©mocrates et les Verts Ă©chouent, et un nouveau gouvernement de coalition avec le FPĂ– doit ĂŞtre formĂ©. En avril 2005, Haider quitte ce parti pour en constituer un autre, l'Alliance pour le futur de l'Autriche. En mai 2005, le parlement autrichien ratifie le traitĂ© de constitution europĂ©enne.

En 2006, les élections législatives voient la victoire du SPÖ, Alfred Gusenbauer devient chancelier en janvier 2007. Le gouvernement de Gusenbauer est bientôt marqué par des tensions internes et des désaccords entre les partenaires de coalition, notamment sur les réformes économiques et sociales. De nouvelles élections législatives sont organisées en 2008 après la chute du gouvernement. Le SPÖ gagne à nouveau, et Werner Faymann devient chancelier. Il dirige une coalition avec l'ÖVP. L'Autriche, comme le reste de l'Europe, est touchée par la crise économique de 2008 et ses conséquences. La coalition SPÖ-ÖVP continue après les élections de 2013. Cependant, l'émergence du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), un parti nationaliste et eurosceptique, devient de plus en plus significative.

En 2015, a crise des réfugiés atteint son apogée. L'Autriche, située sur la route des Balkans, devient un point de transit crucial pour les réfugiés cherchant à rejoindre l'Europe occidentale. Le pays accueille un grand nombre de demandeurs d'asile, provoquant des tensions politiques et sociales.

Lors des élections législatives de 2017, l'ÖVP, dirigé par Sebastian Kurz, remporte la victoire. Kurz forme une coalition avec le FPÖ. Cette période est marquée par des politiques plus strictes en matière d'immigration et une orientation conservatrice sur les questions sociales. En 2019, un scandale (l'Ibizagate) éclate. Il omplique le leader du FPÖ, Heinz-Christian Strache, dans une affaire de corruption. La coalition s'effondre et de nouvelles élections sont organisées. L'ÖVP de Sebastian Kurz remporte à nouveau les élections et forme une coalition avec les Verts. C'est la première fois que les Verts participent au gouvernement fédéral. Ils apportant une nouvelle dimension écologique à la politique autrichienne.

La pandĂ©mie de covid-19 qui frappe l'Autriche en 2020 entraĂ®ne des mesures de confinement, des restrictions sanitaires et des efforts massifs de vaccination. Le gouvernement Kurz doit gĂ©rer cette crise sanitaire tout en maintenant la stabilitĂ© Ă©conomique. Sebastian Kurz dĂ©missionne en octobre 2021 en raison d'une enquĂŞte pour corruption, et Alexander Schallenberg le remplace brièvement avant que Karl Nehammer prenne les fonctions de chancelier en dĂ©cembre 2021. Nehammer, membre de l'Ă–VP, dirige le gouvernement en coalition avec les Verts. La guerre dĂ©clenchĂ©e en 2022 par la Russie contre l'Ukraine  2022 a des rĂ©percussions en Autriche, notamment en termes de sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique et de politique Ă©trangère.

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