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Les Bourbon

La Maison de Bourbon est une ancienne maison féodale française qui a pris le nom de la localité où les premiers seigneurs de Bourbon élevèrent leur forteresse seigneuriale (Bourbon-l'Archambault).

Les plus anciens membres de cette famille, dont l'histoire ait conservé le souvenir, occupèrent à la fin du IXe siècle le château de Bourbon, et furent seigneurs de l'ancienne viguerie de Bourbon, transformée pour eux en fief héréditaire. Vassaux à l'origine des comtes de Bourges, ils ne tardèrent pas à acquérir la prééminence sur leurs suzerains, et, dès le Xe siècle, comptèrent parmi les principaux barons du royaume. 

Un mariage fit échoir au XIIIe siècle la sirerie de Bourbon à un cadet de la maison royale de France, Robert, comte de Clermont, sixième fils du roi Louis IX, qui devint le chef de la seconde lignée des Bourbons connue sous le nom de branche ducale; en effet, la sirerie de Bourbon fut érigée en duché-pairie en 1327, en faveur de Louis Ier, fils de Robert. Dès lors, par acquisitions et par alliances, les ducs de Bourbon devinrent les seigneurs les plus puissants du royaume. Parmi leurs nombreux descendants plusieurs furent à leur tour chefs de branches cadettes dont la fortune égala ou surpassa celle de la branche aînée. Un fils du duc Louis Ier fut le chef de la maison des comtes de la Marche d'où sortirent les Bourbons-Vendôme; un fils du duc Jean Ier fut le chef de la branche de Bourbon-Montpensier. D'autre part, des princesses de la maison de Bourbon s'allièrent aux plus puissantes familles de l'Europe féodale; citons seulement le mariage de Marguerite, fille du duc Charles Ier, avec le duc de Savoie, dont les petits-fils furent le roi de France François Ier et Philibert-Emmanuel de la maison de Savoie.

Le duc de Bourbon, Pierre II, étant mort en 1503 sans laisser de fils, le duché échut à sa fille Susanne qui l'apporta en dot à un prince de sa famille, Charles de Bourbon-Montpensier, connu dans l'histoire sous le nom de connétable de Bourbon, à la mort duquel (1527) il fut réuni à la couronne. Les branches de Montpensier et de Vendôme, sans parler d'autres rameaux ni des branches bâtardes, perpétuèrent alors la maison de Bourbon.

Lorsque, à la fin du XVIe siècle, la dynastie des Valois s'éteignit avec Henri III (1er août 1589), la maison de Bourbon, représentée par la branche de Vendôme, se trouva avoir des droits au trône de France comme descendant de saint Louis. L'un des princes de cette famille, Charles, cardinal de Bourbon, alors âgé de soixante-dix-sept ans et prisonnier au château de Fontenay-le-Comte fut proclamé roi par les Ligueurs sous le nom de Charles X, tandis que son neveu, fils d'Antoine duc de Vendôme et de Jeanne d'Albret, faisait valoir ses droits prétendus les armes à la main et se faisait bientôt reconnaître par tout le royaume.

La dynastie des Bourbons, arrivée avec Henri IV au trône de France, s'y maintint jusqu'à la Révolution. Après la chute de Napoléon les deux frères du dernier roi furent successivement appelés à régner; le second fut renversé en 1830 par la Révolution pour faire place à un descendant de la branche d'Orléans, issue du second fils de Louis XIII, Philippe duc d'Orléans.

La branche royale n'était cependant pas éteinte; des deux fils du dernier roi, Charles X, l'aîné, le duc d'Angoulême, mourut en 1844, le second, le duc de Berry avait précédé son père dans la tombe, mais, de son union aven la princesse Caroline de Naples, était né un fils posthume, le duc de Bordeaux, comte de Chambord, que les partisans de la monarchie qui se prétendait légitime considérèrent comme l'héritier des droits au trône de France de la maison de Bourbon. Il est mort sans postérité en 1884 et ses droits prétendus ont passé à l'héritier de la maison d'Orléans; toutefois, un certain nombre de ses anciens partisans, en haine de la branche usurpatrice, ont voulu considérer comme le représentant légitime des droits des Bourbons au trône de France, un descendant de la famille des Bourbons d'Espagne.

Après avoir donné des souverains à la France, la maison de Bourbon en fournit au XVIIIe siècle à plusieurs pays de l'Europe. Le petit-fils de Louis XIV, Philippe, duc d'Anjou, fut appelé en 1700 au trône d'Espagne où sa descendance règne encore. Lors de la mort du roi Ferdinand VII en 1833, en l'absence de tout enfant mâle, le trône fut attribué à sa fille Isabelle II, mais non pas sans contestation. Un parti se forma pour soutenir que les règles de la succession au trône de France qui excluaient les femmes de la couronne étaient applicables à la branche espagnole des Bourbons, et revendiquer la couronne pour un frère de Ferdinand VII, don Carlos, dont le petit-fils, connu sous le même nom, a continué de représenter les prétentions des carlistes ou légitimistes espagnols, en face du petit-fils d'Isabelle II, Alphonse XIII (1886-1941), arrière-grand-père de l'actuel roi d'Espagne, Felipe VI ( Philippe VI, né en 1968).

Le troisième fils du roi d'Espagne Philippe V, don Carlos étant devenu en 1835 roi de Naples et de Sicile, ce royaume fut plus tard attribué à l'un de ses fils, Ferdinand, dont les descendants ont régné jusqu'à l'annexion du royaume de Naples à l'Italie en 1860. L'héritière de la maison de Parme ayant épousé le roi d'Espagne Philippe V, le duché de Parme devint l'apanage d'un cadet de la famille dont les descendants ont régné jusqu'en 1859. Des divers trônes occupés par les Bourbons, il ne leur reste donc aujourd'hui que le trône d'Espagne.

Il est vrai que plusieurs des princes de la maison sont demeurés prétendants aux trônes que la Révolution leur a enlevés. Une chose digne de remarque est la fréquence des alliances contractées entre les diverses branches de la famille. C'est ainsi, pour ne citer que quelques exemples, que la seconde fille du roi d'Espagne Ferdinand VII a épousé en 1846 un fils du roi Louis-Philippe. Don Carlos a épousé une fille du duc de Parme, Charles III; la reine Isabelle II avait épousé son cousin François d'Assise, petit-fils comme elle du roi Charles IV. Le duc de Berry, fils de Charles X, avait épousé une princesse de Naples et à sou tour, le duc Robert de Parme a épousé une fille du roi de Naples, Ferdinand II, etc. Il est digne de remarque que la famille de Bourbon, par suite de son accession à divers trônes, par suite des mariages entre ses diverses branches et des alliances avec les autres maisons souveraines, a peu à peu perdu tout caractère national. Les nombreux princes de cette famille, devenue en quelque sorte internationale, demeurent les adversaires en Europe des idées issues de la Révolution, et sont, au service de toutes les réactions, des candidats à tous les trônes vacants.

Après cet aperçu général, il convient de revenir sur chacune des branches de cette maison.

Sires de Bourbon

Bourbons anciens. 
Le sire de Bourbon ne fut sans doute originairement qu'un viguier du comte de Bourges. Il est mentionné pour la première fois, dans des documents authentiques, vers le milieu du Xe siècle, mais on peut faire remonter un peu plus haut la maison de Bourbon-ancien. Son premier ancêtre connu est Aimar, qui fonda le prieuré de Souvigny, entre 916 et 922. Il est qualifié dans l'acte de fondation miles clarissimus. Aimon ler, dans un acte daté du château de Bourbon, de l'an XVIII du roi Louis IV (944, 947 ou 953), se dit fils d'Aimar et prend la qualité de sire de Bourbon. Parmi les témoins mentionnés dans l'acte de fondation du prieuré de Chantelle, en 936, figure un comte de Bourbon nommé Guy. On a supposé que ce personnage fut le beau-père d'Aimon Ier. Archembaud ler ne succéda à celui-ci que vers 980. Il est surtout connu par la lutte qu'il soutint contre Landry, comte de Nevers, et par l'éloge que saint Odilon fait de lui dans la vie de saint Mayeul. Parmi les sires de Bourbon, c'est celui qui paraît avoir fourni la plus longue carrière, car il ne mourut que de 1031 à 1034. Archembaud II, son fils, surnommé tantôt le Jeune, tantôt le Blanc, tantôt du Montet, posséda le Bourbonnais de 1034 environ à 1075. Il figure dans les documents avec les titres de prince de Bourbonnais et de comte de Bourbon. Archembaud III le Fort fut, autant qu'on peut en juger, un prince avide et batailleur. Il ne craignit pas de mettre la main sur Hugues, archevêque de Lyon, ce qui lui valut l'excommunication et la mise de sa terre en interdit. Archembaud IV, son fils aîné, qui lui succéda probablement avant 1105, tient bien peu de place dans l'histoire da Bourbonnais et il faut croire que sa mort suivit d'assez près celle de son père. Il laissa un jeune fils qui fut placé sous la tutelle d'un oncle, Aimon II, dit Vaire-Vache. Celui-ci, doué d'une audace peu commune, s'empara de l'héritage du mineur. Louis VI le Gros, sollicité d'intervenir pour empêcher cette iniquité, cita d'abord Aimon en justice, et comme l'usurpateur refusait de se présenter, il vint l'assiéger dans le château de Germigny et l'obligea à faire sa soumission. On ignore les conditions de l'arrangement qui suivit; tout ce qu'on sait, c'est que le fils d'Aimon hérita paisiblement du Bourbonnais, vers 1146, sous le nom d'Archembaud V et qu'il ne fut plus question du jeune Archembaud dépossédé par son oncle. Archembaud V épousa la comtesse Agnès de Savoie, nièce du pape Calixte Il et soeur d'Alix, femme de Louis VI. Sa carrière fut assez longue, puisqu'il demeura seigneur de Bourbon jusqu'en 1171, et fut assez bien remplie. Le mouvement communal, à ses débuts dans le Bourbonnais, prit sous lui un rapide développement. Il accompagna Louis le Jeune, neveu de sa femme à la seconde croisade et eut mission, avec le comte de Flandre, lorsque le roi se décida à revenir en France, de ramener jusqu'à Antioche toute l'infanterie française ; il put à peine en arracher la moitié à l'ennemi et à la famine. Il eut quatre enfants, dont un seul fils, nominé aussi Archembaud et qui mourut environ deux ans avant lui. Ce fils avait épousé Alix, fille du duc de Bourgogne, Eudes II, et en avait eu une fille Mathilde, qui succéda paisiblement à son grand-père et forma la maison de Bourbon-Dampierre.

Bourbons-Dampierre.
Mathilde Ire succéda à Archembaud V, en 1171, sous la tutelle d'Alix de Bourgogne, sa mère, et d'Agnès de Savoie, sa grand-mère. Elle épousa d'abord Gaucher de Vienne, sire de Salins, mais ce mariage, peu heureux dès le début, fut finalement déclaré nul, en 1196, sous prétexte de parenté et à la suite des violences que Gaucher avait exercées contre sa femme, après son retour de la troisième croisade. Mathilde se remaria, dès le mois de juin 1196, à Guy de Dampierre, maréchal de Champagne, un des meilleurs généraux de Philippe-Auguste. Le roi de France vit cette union avec plaisir, ayant besoin de compter sur la fidélité du sire de Bourbon pour tenir en respect les turbulents et indociles seigneurs de l'Auvergne et pour opposer une barrière aux Anglais, maîtres de l'Aquitaine. Guy de Dampierre répondit aux espérances de son suzerain et il en fut récompensé, d'abord par la cession de Montluçon, puis par le don du château de Tournoël et la mise sous sa garde de toutes les villes et terres qu'il avait enlevées au comte d'Auvergne dans le cours d'une campagne faite au nom du roi. 

L'aîné des fils de Guy de Dampierre lui succéda sous le nom d'Archembaud VI et mérita, par sa vaillance et sa générosité, le surnom de Grand. Il acheva d'établir le régime municipal en Bourbonnais et c'est à lui que Moulins et Gannat, en particulier, doivent leurs premières franchises. A Taillebourg et à Saintes, il combattit aux côtés de saint Louis, et comme il mourut peu après, on a supposé que sa mort fut causée par quelque blessure reçue dans l'une de ces batailles. Archembaud VII, l'aîné de sept enfants (quatre fils et trois filles) qu'il eut de Béatrix, fille de Preux de Mello, connétable de France, lui succéda et s'efforça de suivre son exemple. Les six années que dura son administration furent des mieux remplies, et comme s'il avait prévu qu'il ne reverrait pas son pays de Bourbonnais, il avait eu soin, avant de partir pour la croisade, de marier ses enfants et de régler tous les détails de sa succession. Parmi les dispositions contenues dans son testament, il convient de citer l'abolition de la mainmorte dans ses domaines. 

Archembaud VII mourut à Chypre, le 19 janvier 1249. Marié à Yolande de Châtillon, il n'en avait eu que deux filles, Mathilde et Agnès, qui avaient épousé deux fils du duc de Bourgogne et qui furent successivement dames de Bourbon. Mathilde II gouverna jusqu'en 1262, assistée d'Eudes de Bourgogne, son mari, qui prit le titre de sire de Bourbon. Son administration ne présente aucun fait particulièrement saillant. A sa mort, elle laissait trois filles : Yolande, Marguerite et Alix; ce fut néanmoins sa soeur qui lui succéda. Agnès de Bourbon fut aussi assistée à ses débuts par Jean de Bourgogne, son mari, dont le rapide passage dans le Bourbonnais fut marqué par quelques mesures libérales; mais c'était une femme d'un caractère entreprenant et ferme. Devenue veuve en 1268, elle gouverna seule jusqu'en 1277. On peut signaler ses vifs et fréquents démêlés avec les moines de Souvigny, au sujet de la monnaie et des droits de juridiction. Après neuf ans de veuvage, elle se remaria à Robert II, comte d'Artois, et mourut en 1288, laissant l'héritage transmis par les Bourbons anciens aux Bourbons-Dampierre à Béatrix sa fille, et à Robert de Clermont, sixième fils de saint Louis, son gendre, qui formèrent la tige des Bourbons de France.

Branche ducale

Le mariage de Robert de Clermont avec Béatrix de Bourbon est de l'année 1276. Trois ans plus tard, en 1279, le jeune prince, qui venait d'être armé chevalier, reçut sur la tête, en combattant dans un tournoi, un coup si violent que son intelligence en fut ébranlée. La folie fut-elle complète et resta-t-elle incurable? Il est permis d'en douter en voyant la part active que Robert a prise à plusieurs événements de la fin du XIIIe siècle et du commencement du XIVe. II est vrai que, même avant la mort de sa femme, arrivée le 1er octobre 1310, il avait de laisser à Louis, son fils aîné, le soin de le représenter dans des circonstances importantes, et qu'après lui avoir abandonné le Bourbonnais, il finit, en mars 1315, par lui transmettre tous ses biens, ne se réservant qu'une pension. Robert eut à défendre, à ses débuts, l'héritage de sa femme contre ses parents et même contre sa belle-mère. Il se tint d'ordinaire éloigné du Bourbonnais et cet exemple fut suivi par ses successeurs jusqu'à Louis II. Il testa le 6 décembre 1317 et, d'après son épitaphe, mourut le 7 février suivant. 

Louis Ier, l'aîné des six enfants qu'il laissait, avait pris, dès 1310, le titre de sire de Bourbon; il y joignit bientôt celui de chambrier de France et obtint, en décembre 1327, que Charles IV érigeât sa baronnie de Bourbonnais en duché-pairie, en y adjoignant les terres d'Issoudun, de Saint-Pierre-le-Moûtier et de Montferrand et le comté de la Marche qui venaient de lui être donnés en échange du comté de Clermont. Rompu aux affaires dès sa jeunesse, il prit une très large et très honorable part à tous les événements de son temps et fournit une longue et brillante carrière. Son testament est du 27 janvier 1342; il mourut peu après, âgé d'environ soixante-deux ans, et laissa deux fils et quatre filles de Marie  de Hainaut, sa femme. Pierre Ier, marié à Isabeau de Valois, était beau-frère de Philippe VI et oncle de Jean le Bon. Comme son père, il fut trop mêlé aux affaires générales du royaume pour avoir le loisir de s'occuper du Bourbonnais, et si l'on prend la peine de relever les actes de son administration dans cette province, on ne trouve guère à signaler qu'un renouvellement avec modifications des franchises de Bourbon-l'Archambaud (mai 1343) et des échanges avec Jean et Damas, seigneurs de Vichy, ayant pour objet de le rendre possesseur du château de ce lieu et de ses dépendances (21 septembre 1344 et 14 juin 1351). Parmi ses filles, Jeanne épousa Charles V, encore dauphin, Bonne fut mariée à Amédée VI, comte de Savoie, et joua un rôle important dans l'histoire de ce pays, et Blanche, unie à Pierre le Cruel, fut célèbre par ses malheurs. 

Pierre Ier était à Crécy; il y fut dangereusement blessé et fut tué à Poitiers, le 13 décembre 1357. Louis II, son fils, que l'on surnomma le bon duc, sans doute parce qu'il fut le premier des Bourbons de la maison de France qui s'occupa sérieusement de ses sujets du Bourbonnais et qui vécut au milieu d'eux, eut des débuts fort difficiles. Son père laissait des dettes considérables, son héritage était désolé par l'ennemi, beaucoup de ses châteaux étaient occupés par des partisans anglais et il fallut les reprendre de force ou les racheter à prix d'argent; enfin, le jeune duc, envoyé en Angleterre comme otage pour le roi Jean, eut à fournir une énorme rançon et à payer, pour la mise en liberté de sa mère, qu'un coup de main heureux avait fait tomber aux mains d'aventuriers anglais, une somme également très importante. 

De retour en France, il travailla avec conscience à rétablir l'ordre et à faire renaître la sécurité dans le Bourbonnais. Il était important, dans ce pays épuisé, d'empêcher le gaspillage des finances; il institua dans ce but, en novembre 1374, une chambre des comptes qui siégea d'abord dans son hôtel à Souvigny, et qui fut ensuite transférée à Moulins. Beau-frère de Charles V et oncle de Charles VI, il les servit avec une ardeur soutenue et avec bonheur contre les Anglais. En 1371, il épousa Anne, fille de Béraud, comte de Clermont, dauphin d'Auvergne et comte de Mercoeur, qui lui apporta le comté de Forez, la terre de Roannais et la châtellenie de Thiers. En 1394, le roi lui donna Château-Chinon et en 1400, il recueillit la baronnie de Beaujolais des mains d'Edouard de Beaujeu. 

Le bon duc Louis a de nombreuses fondations pieuses à son actif. Il suffira de mentionner l'érection en collégiale de la chapelle Notre-Dame de Moulins (6 décembre 1386) et l'établissement d'un couvent de Célestins à Vichy. C'est dans ce couvent que le vieux prince se proposait, après avoir remis le pouvoir à son fils, d'aller attendre la mort; mais il fut enlevé presque subitement, le 19 août 1410, au moment où il assemblait une armée pour secourir ses petits-neveux d'Orléans contre le duc de Bourgogne. Rompant avec les habitudes de ses prédécesseurs, qui avaient choisi leur sépulture dans l'église des Jacobins de Paris, il voulut être enterré en Bourbonnais. Ses restes sont à Souvigny, dans la chapelle vieille, à côté de la duchesse Anne, sous un tombeau de marbre blanc.

Les nombreux châteaux du domaine avaient été reconstruits ou réparés, les villes avaient rétabli leus murailles, tout avait été remis en bon état dans l'héritage qui échut à Jean ler. Ce prince a possédé le Bourbonnais pendant vingt-trois ans, mais il n'eut vraiment pas le temps de se signaler comme administrateur par des qualités ou par des défauts. Fait prisonnier à Azincourt, en 1415, et gardé en Angleterre jusqu'à sa mort, malgré les sommes considérables payées à diverses reprises pour sa rançon, il dut confier l'exercice du pouvoir à sa femme; puis à son fils Charles. Il avait épousé, en 1400, Marie de Berry, qui lui apporta le duché d'Auvergne et le comté de Montpensier. Le roi exigea que ces fiefs et le comté de Clermont fussent considérés comme un apanage devant faire retour à la couronne au cas où la descendance mâle et directe de la maison de Bourbon viendrait à manquer. 

Charles ler devint duc de Bourbonnais au commencement de l'année 1434. Après avoir rendu de grands services à Charles VII, il eut le tort de s'associer à la révolte du dauphin et d'attirer ainsi sur ses terres les malheurs de la guerre. Il mourut le 4 décembre 1456, après avoir eu d'Agnès de Bourgogne onze enfants, six fils et cinq filles. Parmi celles-ci, il convient de mentionner Isabelle, mariée à Charles le Téméraire et grand-mère de Charles-Quint, et Marguerite, femme de Philippe, duc de Savoie et mère de Louise de Savoie. Trois de ses fils possédèrent successivement le Bourbonnais. Le premier, Jean II, avait épousé, à la fin de l'année 1446, Jeanne de France, fille de Charles VII; il se remaria deux fois : à Catherine d'Armagnac (1484) et à Jeanne de Bourbon-Vendôme, et finalement ne laissa pas d'enfants légitimes. N'étant encore que comte de Clermont, titre que prenait l'héritier présomptif du duché de Bourbonnais, il avait gagné la bataille de Formigny et fortement contribué à la conquête de la Normandie et de la Guyenne, ce qui lui avait valu le surnom de fléau des Anglais. Sa carrière, comme duc de Bourbonnais, fut moins brillante. Au point de vue militaire, elle ne fut guère marquée que par la part qu'il prit à la Ligue du bien public et à la reprise de la Normandie sur le duc de Berry. Ses sujets, il est vrai, n'eurent pas à se plaindre de son administration; il aurait même, comme son aïeul Louis II, été surnommé le bon duc. Il mourut au commencement de 1488, et son frère Charles, qui était archevêque de Lyon et cardinal, songea un instant à lui succéder sous le nom de Charles II. On lui fit comprendre que ses prétentions avaient peu de chance d'aboutir et, dès le 23 avril 1488, il jugeait sage de transiger avec son frère cadet; le sire de Beaujeu, mari d'Anne de France et beau-frère du roi. Pierre II gouverna de concert avec sa femme et le Bourbonnais ne s'en trouva pas plus mal. On leur doit la codification de la coutume

Anne de France, qui survécut vingt ans à son mari et qui se fixa complètement à Moulins et à Chantelle, a attaché son nom à beaucoup d'oeuvres locales et a laissé un souvenir vivace. Elle n'eut qu'un fils, mort au berceau, et une fille, Suzanne de Bourbon, que Louis XII, dérogeant à tout ce qui pouvait avoir été fait, déclara habile à succéder à tous les biens de ses père et mère (1498). Pierre II mourut vers la fin de 1503. Dès le mois de mars 1501, il y avait eu traité de mariage entre Suzanne et Charles, duc d'Alençon; mais la jeune héritière, au lendemain de la mort de son père, se trouva menacée d'être dépossédée par Charles de Bourbon, comte de Montpensier, qui descendait d'un fils du duc Jean Ier. Anne de France, pour éviter les conséquences d'un procès et aussi, dit-on, parce que le jeune comte ne déplaisait pas à sa fille, n'hésita pas à rompre le contrat qui promettait celle-ci au duc d'Alençon et, le 10 mai 1505, Suzanne de Bourbon épousait Charles de Montpensier qui devenait par là le plus riche feudataire du royaume et qui fut, dans le sens réel da mot, le dernier duc de Bourbonnais (V. plus loin). 

Branche des comtes de la Marche

Le comté de la Marche, donné par Philippe le Bel en apanage à son fils Charles et réuni à la couronne par celui-ci, lors de son avènement au trône (1322), fut cédé à Louis Ier en échange du comté de Clermont en Beauvaisis, en 1327. Louis Ier fut en même temps duc de Bourbon et comte de la Marche. A sa mort (1342), son troisième fils, Jacques ler, eut en partage le comté de la Marche et la seigneurie de Montaigu-en-Combraille. 

Il possédait déjà les seigneuries de Leuze, Condé, Carency, Buquoi et Aubigny par son mariage avec Jeanne de Châtillon-Saint-Paul (1335). Blessé à la bataille de Crécy, il fut récompensé de sa belle conduite par le don du comté de Ponthieu, confisqué sur le roi d'Angleterre. Nommé en 1349 capitaine général de Languedoc et en 1354 connétable de France, il dirigea, en 1356, une campagne infructueuse contre les Anglais et se démit de l'épée de connétable. Fait prisonnier à la bataille de Poitiers, il recouvra la liberté en 1360 et fut tué peu de temps après, avec son fils aîné, à la bataille de Brignais gagnée par les Tards-Venus (2 avril 1361). Il fut enterré dans l'église des Dominicains de Lyon.

Jean, fils cadet de Jacques, hérita du comté de la Marche par la mort simultanée de son père et de son frère. Il y joignit les comtés de Vendôme et de Castres par son mariage (1364) avec Catherine de Vendôme. Il joua un rôle assez considérable sous Charles V et sous Charles VI. Il prit part à l'expédition d'Espagne de Du Guesclin (1366), à la bataille de Rosebecke (1382), au siège de Taillebourg (1384) et à la campagne de Gueldre (1388). Il mourut le 11 juin 1393. L'une de ses filles, Charlotte, épousa Jean II, roi de Chypre.

Jacques II, fils aîné de Jean, eut une vie des plus aventureuses. Il prit part avec Jean sans Peur à la célèbre croisade contre les Turcs qui aboutit au désastre de Nicopolis (1396). Revenu de captivité au prix d'une forte rançon, il fut créé grand chambellan, le 26 juillet 1397. Mis à la tête d'une expédition maritime contre l'Angleterre, il dissipa en jeux et en fêtes l'argent destiné à cette expédition et ne prit la mer que pour la forme. Une tempête l'obligea d'ailleurs de renoncer momentanément à ce projet et lui valut des épigrammes. En passant à Orléans, il eut à essuyer les railleries des étudiants qui lui chantaient plaisamment : Mare vidit et fugit. Partisan des Bourguignons, il fut l'un des réformateurs généraux créés en 1409 et paraît avoir surtout profité de cette situation pour s'enrichir. Fait prisonnier par les Armagnacs devant Tours, en 1411, il ne fut délivré que l'année suivante à la paix d'Auxerre. Il se mit alors à courir le monde. Veuf de Béatrix de Navarre, il épousa en 1415, Jeanne II, reine de Naples. Ayant voulu contenir les désordres de sa femme et fait assassiner un de ses favoris, il fut renversé par les Napolitains, attachés à leur souveraine naturelle, et enfermé au château de l'OEuf. Il réussit toutefois à s'échapper, et vint combattre aux côtés de Charles VII. Nommé par le roi gouverneur de Languedoc, en 1424, il résigna bientôt sa charge, dont Charles VII avait besoin pour ramener au parti français le comte de Foix, et reçut en échange une pension de 12,000 livres. La fin de sa vie fut consacrée à la bigoterie, sous l'influence de sainte Colette. Il se retira, en 1435, chez les cordeliers de Besançon, et mourut dans leur couvent le 24 septembre 1438, ayant ainsi, selon la remarque humoristique de Jules Quicherat « goûté de la captivité sous toutes ses formes ». Il ne laissait pas d'enfants mâles. Sa fille, Eléonore, épousa Bernard d'Armagnac, fils puîné du connétable, qui succéda à toutes les possessions de Jacques de Bourbon. L'administration de Jacques de Bourbon comme comte de la Marche, sur laquelle on n'a que de rares documents, paraît avoir été assez douce aux populations : c'est à lui que la ville de Guéret doit ses franchises, premier élément de sa prospérité.

Branche de Bourbon-Busset

Le quatrième fils du duc Charles de Bourbon, Louis de Bourbon (V. plus loin), nommé prince-évêque de Liège à dix-huit ans, sur la recommandation de son oncle le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, eut d'une princesse de la maison de Gueldre trois enfants dont l'aîné, Pierre de Bourbon, épousa l'héritière de la seigneurie de Busset, et devint le chef de la branche de Bourbon-Busset qui est généralement considérée comme une branche bâtarde. Cependant certains historiens ont soutenu la légitimité de l'union du prince évêque avec Catherine d'Egmont en se fondant sur ce que la prêtrise ne lui ayant été conférée qu'en 1466, il avait pu contracter un mariage valable auparavant. Ces prétentions furent soutenues par Pierre de Bourbon, qui intenta contre les ducs de Bourbon un procès qui ne se termina qu'en 1518 par un arrêt en sa laveur. Pierre de Bourbon fut père de cinq enfants, dont l'allié Philippe de Bourbon, seigneur de Basset, épousa Louise Borgia, duchesse de Valentinois, fille de César Borgia, et mourut en 1557. La seigneurie de Busset fut érigée en comté en faveur de leur fils aîné Claude de Bourbon qui mourut en 1588. L'aîné de ses fils, César de Bourbon, lui succéda et mourut en 1631. Son fils aîné, Claude de Bourbon, étant mort en 1641 sans héritiers, le comté de Busset échut à son frère, Jean-Louis de Bourbon. La famille de Bourbon-Busset, qui n'a pas eu les destinées glorieuses des autres membres de la maison, s'est perpétuée jusqu'à nos jours.

Branches de Montpensier

Le titre de comte de Montpensier fut apporté dans la famille de Bourbon par la fille du duc de Berry, qui épousa en 1400 le duc de Bourbon, Jean Ier. Leur troisième fils, Louis, mort en 1486, fut le chef de la branche cadette qui prit le nom de Montpensier. Louis de Bourbon eut pour fils Gilbert qui, de son mariage avec Claire de Gonzague, eut cinq enfants : l'aîné, Louis, mourut jeune en 1501, le second, nommé Charles, fut le fameux connétable de Bourbon (V. plus loin). Par suite de son mariage avec Suzanne de Bourbon, il réunit un instant entre ses mains les domaines des deux branches de la famille; mais, après la mort de sa femme, Louise de Savoie réussit à se faire adjuger le comté de Montpensier qui fut réuni à la couronne à sa mort (1532). Charles était mort sans postérité, et ses deux frères l'avaient précédé dans la tombe. La famille fut perpétuée par les enfants de ses soeurs. L'une d'elles, Louise, avait épousé en 1504 un prince de la même famille, Louis, second fils de Jean, comte de Vendôme, qui fut le chef de la deuxième branche de Montpensier. En effet, le comté de Montpensier lui fut restitué en 1538 après la mort de son mari, puis réuni au Dauphiné d'Auvergne et à d'autres seigneuries, et érigé en duché pairie en faveur de leur fils aîné Louis II (février 1539), tandis que le cadet, Charles, était prince de la Roche-sur-Yon; seigneurie entrée dans la famille en 1454 par le mariage de Jean II de Vendôme avec Isabeau de Beauvau. A la mort de Louis II, en 1596, son fils aîné, François, hérita du duché; son fils Henri lui succéda en 1592. A sa mort, survenue en 1608, sa veuve Henriette-Catherine de Joyeuse obtint de conserver la duché-pairie de Montpensier que sa fille Marie, en épousant Gaston, frère de Louis XIII, en 1626, porta dans la maison d'Orléans où il resta jusqu'à la Révolution.

Branche de Vendôme

Le comte de la Marche, Jean de Bourbon, ayant épousé Catherine, soeur du dernier comte de Vendôme, Bouchard VII, le comté de Vendôme passa ainsi, à la fin du XIVe siècle, dans la maison de Bourbon, et fut attribué au second des fils de Jean et de Catherine, Louis, qui devint le chef de la maison de Bourbon-Vendôme. Il eut deux fils : l'un, Jean, qui lui succéda au comté de Vendôme et mourut en 1477, et un autre fils, également nommé Jean, né en Angleterre, connu dans l'histoire sous le nom de bâtard de Vendôme. Le comte Jean de Vendôme acquit par son mariage avec Isabelle de Beauvau le titre de prince de La Roche-sur-Yon, qui passa à son second fils Louis; celui-ci épousa la fille du comte de Montpensier et devint ainsi le chef de la deuxième branche de Montpensier (V. plus haut). Un autre de ses fils fut le chef de la branche bâtarde des seigneurs de Ligny et de Rubempré. Son fils aîné, François, lui succéda au comté de Vendôme; il épousa Marie de Luxembourg, comtesse de Saint-Pol, et mourut en 1495, laissant trois fils et deux filles : l'aîné, Charles, né en 1489, en faveur duquel le comté de Vendôme fut érigé en duché-pairie par François Ier (1515). Le second fils, François, fut comte de Saint-Pol; le troisième, Louis, entra dans les ordres, fut cardinal, évêque de Laon, puis archevêque de Sens, et mourut en 1556. La mort de Charles de Bourbon, en 1527, fit de Charles, duc de Vendôme, le chef de la maison de Bourbon. Charles mourut en 1537. De son mariage avec Françoise d'Alençon, fille du duc René, il eut de nombreux enfants. L'aîné, Antoine, hérita du duché, et par son mariage avec Jeanne d'Albret en 1547, devint roi de Navarre, duc d'Albret, seigneur de Béarn, comte de Foix et d'Armagnac ; il mourut en 1562; le second, François, fut comte d'Enghien et mourut en 1546; le troisième, Charles, entré dans les ordres, fut ce Charles de Bourbon dont les Ligueurs voulurent faire un roi de France; le quatrième, Jean, comte de Soissons, mourut en 1551; le cinquième, Louis, fut la tige de la branche de Condé. Deux autres fils et sept filles, que nous n'énumérerons pas, complètent la série des enfants du duc Charles. Le duc Antoine eut de son mariage arec Jeanne d'Albret, plusieurs enfants, deux fils, Henri de Beaumont et Louis, comte de Merle, moururent jeunes, le troisième devenu l'aîné, Henri, monta en 1589 sur le trône de France devenu vacant par la mort du dernier des Valois.

Branche royale

Ainsi qu'on l'a vu ce fut la branche de Vendôme qui amena la maison de Bourbon au trône de France avec Henri IV. Ce n'est pas ici le lieu d'étudier l'histoire de chacun des membres de la famille royale; il suffira d'en indiquer la descendance. Henri IV, roi de France en 1589, mort en 1610, avait d'abord épousé Marguerite de Valois, dont il n'eut pas d'enfants. De sa seconde femme, Marie de Médicis, il eut :
1° Louis qui lui succéda sous le nom de Louis XIII; 

2° Gaston, d'abord duc d'Anjou, puis d'Orléans, qui épousa Marguerite de Lorraine et mourut en 1660;

3° Christine, qui épousa Victor-Amédée de Savoie; 

4° Elisabeth, mariée au roi d'Espagne Philippe IV; 

5° Henriette-Marie, mariée au roi d'Angleterre, Charles Ier.

Louis XIII, roi de France de 1610 à 1643, épousa le 26 octobre 1615 Anne d'Autriche, fille de Philippe Ill, roi d'Espagne; il en eut deux fils dont l'aîné fut Louis XIV et le second Philippe d'Orléans, chef de la branche d'Orléans. On sait que des enfants légitimes de Louis XIV aucun ne lui survécut : l'aîné, Louis, le grand dauphin, né le 1er novembre 1661, était mort le 14 avril 1711; Philippe, duc d'Anjou, né en 1668 n'avait vécu que jusqu'en 1671. Le grand dauphin, de son mariage avec Marie-Anne-Christine de Bavière (1680), avait eu trois fils : Louis, duc de Bourgogne, qui ne survécut à son père qu'une année; Philippe, duc d'Anjou, qui devint roi d'Espagne en 1700 en renonçant à ses droits éventuels au trône de France, et qui fut le chef de la branche des Bourbons d'Espagne (V. plus loin), et Charles, duc de Berry. 

A la mort de Louis XIV, en 1715, le seul survivant de sa descendance directe était, outre le roi d'Espagne qui avait renoncé à ses droits; le troisième fils du duc de Bourgogne, et de Marie-Adélaïde de Savoie, Louis, né le 15 février 1740, qui fut le roi Louis XV. De son mariage avec Marie Leczinska il eut dix enfants : Louis, dauphin, né le 4 septembre 1729, qui mourut avant son père, le 22 décembre 1765; un autre fils, né en 1730 et qui ne vécut que trois ans; Louise-Elisabeth, née le 14 août 1727, mariée (1729) à l'infant don Philippe, morte à Versailles le 6 décembre 1759; Anne-Henriette, soeur jumelle de la précédente, morte le 10 février 1752; Louise-Marie, née le 28 juillet 1728, morte en 1733; Adélaïde-Marie (Madame Adélaïde), née le 23 mars 1732, morte à Trieste le 25 février 1800; Marie-Louise-Thérèse-Victoire (Madame Victoire), née le 11 mai 1733, morte à Trieste en 1799; Sophie-Philippine-Elisabeth-Justine (Madame Sophie), née le 17 juillet 1734, morte le 3 mars 1782; Thérèse-Félicité, née le 16 mai 1736, morte en 1744; Louise-Marie (Madame Louise), née le 15 juillet 1737, entrée aux Carmélites en 1781, morte le 23 décembre 1787.

Le dauphin Louis avait épousé en 1745 l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse, dont il n'eut qu'une fille, morte en bas âge; de sa seconde femme, Marie-Josèphe de Saxe il eut, outre trois enfants morts jeunes, Louis-Auguste, né à Versailles le 23 août 1754, qui succéda à son grand-père sous le nom de Louis XVI le 10 mai 1774 et mourut sur l'échafaud révolutionnaire le 21 janvier 1793; Louis-Stanislas-Xavier, comte de Provence, né à Versailles le 17 novembre 1755, qui devint roi de France en 1814 sous le nom de Louis XVIII et mourut à Paris le 16 septembre 1824; Charles-Philippe, comte d'Artois, né à Versailles le 9 octobre 1757, qui succéda à son frère sur le trône de France en 1824 et prit le nom de Charles X, fut chassé par la révolution de 1830 et mourut à Goritz le 6 novembre 1836; Marie-Adélaide-Clotilde-Xavière, née en 1759, qui épousa le roi de Sardaigne Charles-Emmanuel-Ferdinand IV et mourut en 1809; Elisabeth-Philippine-Marie- Hélène (Madame Elisabeth), née en 1764, morte le 10 mai 1794.

De son mariage avec Marie-Antoinette d'Autriche Louis XVI avait eu quatre enfants : Marie-Thérèse-Charlotte de France (madame Royale), née en 1778, mariée en 1799 à son cousin le duc d'Angoulême et qui mourut en 1851; Louis-Joseph-Xavier-François, né à Versailles en 1781 et mort le 4 juin 1789; Louis-Charles, duc de Normandie (Louis XVII), né à Versailles le 27 mars 1785, et mort au Temple le 5 juin 1795; Sophie-Hélène-Beatrix, née le 9 juillet 1786, morte le 19 juin 1787.

A la chute de l'Empire, l'aîné des survivants de la branche royale des Bourbons était le comte de Provence; il fut reconnu roi de France sous le nom de Louis XVIII, par les alliés, le 25 avril 1814 ; il mourut sans enfants en 1824. Son frère Charles X lui succéda le 16 septembre 1824, il avait épousé en 1773, Marie-Thérèse de Savoie dont il avait eu : Louis-Antoine, duc d'Angoulême, né le 6 août 1775, qui épousa Madame Royale, fille de Louis XVI et mourut à Goritz le 9 juin 1844; Charles-Ferdinand, duc de Berry, né le 23 janvier 1778, qui épousa Marie-Caroline de Naples et mourut assassiné à Paris le 14 février 1820, laissant sa femme enceinte d'un fils qui fut Henri-Charles-Ferdinand-Marie-Dieudonné, né le 29 septembre 1820, connu d'abord sous le nom de duc de Bordeaux, puis sous celui de comte de Chambord, et que ses partisans ont nommé Henri V depuis le jour où le roi Charles X et le duc d'Angoulême, chassés de France par la Révolution, avaient fait en sa faveur une abdication platonique. Il épousa, en 1846, Marie-Louise, fille de François IV, duc de Modène, et mourut le 24 août 1883 au château de Frohsdorf, sans laisser de postérité. Avec lui s'est éteinte la branche royale de la maison de Bourbon. Sa soeur aînée, Louise-Marie-Thérèse, avait épousé en 1845, Charles III, duc de Parme.

Branche de Condé

La branche de Condé est issue de la branche des Bourbons-Vendôme; l'un des fils de Charles, duc de Vendôme, Louis, né eu 1530, fut le premier prince de Condé, en même temps que duc d'Enghien, marquis de Conti, comte de Soissons, d'Anisi et de Valeri. Il eut neuf enfants parmi lesquels nous citerons: Henri ler qui lui succéda; François, prince de Conti, mort en 1614 et Charles, comte de Soissons, qui fut le chef de la branche de Soissons (V. plus loin). Henri Ier prince de Condé, qui mourut en 1588, laissa de sa femme Charlotte de la Trémoille une fille, Eléonore, qui épousa le prince d'Orange, et Henri II, prince de Condé, qui mourut en 1646. Il avait épousé. Charlotte de Montmorency et en avait eu : Louis II (le grand Condé); Armand, qui eut le titre de prince de Conti et fut le chef de la famille des Bourbons-Conti; Anne-Geneviève, bien connue sous le nom de duchesse de Longueville, titre qu'elle dut à son mariage avec Henri II duc de Longueville. Le duché de Bourbon, qui avait été réuni à la couronne depuis la mort du connétable (1527), fut donné par Louis XIV au grand Condé, en échange du duché d'Albret, de la baronnie de Durance et d'autres domaines (1661). Ses descendants portèrent à la fois les titres de prince de Condé et de duc de Bourbon.

Le grand Condé, mort en 1686, avait eu de son mariage avec Clémence de Maillé, Henri-Jules, né en 1643, qui seul de ses enfants lui survécut; il épousa Anne de Bavière dont il eut dix enfants et mourut en 1709. Parmi ses enfants nous citerons : Louis III qui fut prince de Condé, né le 10 octobre 1668; Marie-Thérèse (Mlle de Bourbon), qui épousa son cousin, le prince de Conti; Mlle de Charolais, qui épousa le duc du Maine, et Mlle de Montmorency, qui épousa le duc de Vendôme. Louis III qui avait épousé une fille de Louis XIV et de Mme de Montespan en eut neuf enfants, parmi lesquels il suffira de mentionner son successeur, Louis-Henri, duc de Bourbon et prince de Condé, né en 1692, mort le 27 janvier 1740, qui eut pour fils unique Louis-Joseph, né en 1736, mort le 13 mai 1818, laissant de sa femme, princesse douairière de Monaco, trois enfants, notamment Louis-Henri-Joseph qui lui succéda comme prince de Condé, et Marie-Adélaïde, morte en 1824, connue sous le nom de Mademoiselle de Condé. Louis-Henri-Joseph fut le dernier prince de Condé; on sait qu'il mourut pendu à Chantilly, en 1830, Son fils unique, le duc d'Enghien, avait été fusillé dans les fossés de Vincennes en 1804 (V. Condé).

Branche de Soissons

Le comté de Soissons fut porté dans la famille de Bourbon à la fin du XVe siècle par Marie de Luxembourg qui épousa François de Bourbon, comte de Vendôme; il fut au milieu du XVIe siècle l'apanage de l'un des fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, Jean, à la mort duquel (1357), il passa au premier prince de Condé. Celui-ci le légua au fils de son second mariage avec Françoise d'Orléans, Charles, qui devint le chef de ce rameau de la maison de Bourbon. Son fils Louis étant mort en 1641 sans postérité légitime, le comté de Soissons passa à sa soeur Marie de Bourbon, épouse de Thomas-François de Savoie, prince de Carignan, puis à leur fils cadet, Eugène-Maurice de Savoie. La descendance des comtes de Soissons de la maison de Savoie, s'éteignit en 1734 avec le comte Eugène-Jean-François.

Branche de Conti

Un autre rameau s'est détaché de la branche de Condé avec le second fils de Henri II, prince de Condé, Armand qui porta le titre de prince de Conti, et s'est terminé, du moins quant à la descendance légitime, avec Louis-François-Joseph, mort sans postérité en Espagne en 1814.

Branche d'Orléans

La branche d'Orléans a pour chef le second fils du roi Louis XIII. Philippe, duc d'Orléans; l'un de ses descendents a été appelé à régner sur la France après la révolution de 1830; la mort du dernier représentant de la branche royale a fait de la branche cadette d'Orléans la maison de France et de l'aîné de ses représentants, Louis-Philippe, comte de Paris, un prétendant à la couronne royale.

Bourbons d'Espagne

L'Espagne, naturellement isolée par sa position géographique, avait cependant besoin d'entrer en relations avec le reste de la chrétienté. Aussi, tandis que la France, que sa position centrale mal délimitée mettait trop en contact avec le reste de l'Europe, s'attachait à la loi salique pour maintenir sa nationalité, l'Espagne, pour sortir de son isolement, permettait à ses infantes de garder leurs droits la couronne et de les porter par des mariages dans des familles étrangères. Avant même de parvenir à l'unité, elle avait eu dans ses royaumes des dynasties française, bourguignonne, provençale; plus tard, elle fut gouvernée par la maison d'Autriche, ensuite par des Bourbons, naguère encore, comme dominée par une loi supérieure et fatale, elle demandait un prince allemand (1870), puis un roi italien (Amédée).

Par suite du voisinage, l'Espagne eut avec la France des rapports très suivis. Au XVIe siècle, il y eut entre les deux pays une guerre presque continue, au cours de laquelle Charles-Quint, puis Philippe II espéraient bien démembrer la France à leur profit. En 1589, quand la branche régnante des Valois s'éteignit en la personne de Henri III, il y eut parmi les compétiteurs Philippe II, qui avait épousé Isabelle de Valois, fille de Henri II. Il réclamait la couronne pour sa fille; on sait que cette tentative de violation de la loi de succession à la couronne de France ne réussit pas, malgré l'appui de la Ligue, Mais ce que Philippe Il n'avait pu faire, à savoir réunir les deux pays sous une même dynastie, Louis XIV le pourra un jour. Du moins, dès le commencement du XVIIe siècle, des alliances étroites unirent les familles qui régnaient sur les deux Etats limitrophes. En 1612, Louis XIII épousa Anne d'Autriche tandis que l'infant Philippe fut marié à Elisabeth de France; en 1659, après le traité des Pyrénées, Louis XIV épousa Marie-Thérèse, fille aînée de Philippe IV. Les politiques espagnols, qui redoutaient l'annexion éventuelle de leur pays à la France, violèrent la loi fondamentale de succession à la couronne d'Espagne, et forcèrent les infantes Anne d'Autriche et Marie-Thérèse à renoncer à leurs droits d'héritage; mais les ministres français de 1612, comme plus tard Mazarin, espéraient bien que ces renonciations seraient sans effet, le jour on ces droits éventuels pourraient être invoqués, Mazarin, dans le traité des Pyrénées, avait même surbordonné la renonciation au paiement d'une forte dot que l'Espagne paraissait incapable de fournir. 

Louis XIV, dès son avènement, nourrit l'espérance de voir la couronne d'Espagne échoir à lui ou à un de ses enfants; on peut même dire que la politique de tout son règne tendit à la réalisation de cette espérance. Dès 1661, il négocia avec la cour de Madrid, pour obtenir la révocation de l'acte de renonciation de Marie-Thérèse et avec les autres cabinets d'Europe pour préparer les puissances à le voir revendiquer les droits de sa femme sur la monarchie espagnole. En 1667, sous prétexte du droit de dévolution, il réclama du moins quelques provinces des Pays-Bas, puis il conclut un traité secret et éventuel de partage des Etats espagnols, avec l'empereur Léopold, en 1669. Mais Charles II, roi d'Espagne, enfant débile et maladif, dont on attendait la mort, s'obstina à vivre; et le traité de partage fut abandonné. L'empereur, par suite de ces circonstances, croyait pouvoir obtenir l'héritage tout entier pour son second fils, l'archiduc Charles; même il avait envoyé celui-ci à Madrid pour y être élevé comme héritier présomptif. Il n'admettait pas la nullité des renonciations de Marie-Thérèse et d'Anne d'Autriche. II ne reconnaissait au dauphin, fils de Marie-Thérèse, aucun droit; lui-même il avait forcé la fille qu'il avait eue de Marguerite-Thérèse (fille de Philippe IV) à répudier toute prétention lorsqu'elle avait épousé l'électeur de Bavière. Ainsi les deux, filles de Philippe IV, Marie-Thérèse et Marguerite-Thérèse étant écartées de la succession, il fallait, disait-il, remonter aux filles de Philippe; or Anne d'Autriche, mère de Louis XIV, avait renoncé à tous ses droits et sans condition, tandis que Marie-Anne, mère de Léopold, avait conservé les siens; l'empereur se prétendait par suite l'héritier légitime de tous les Etats de Charles II

Dans cette occurrence, Louis XIV négocia avec Guillaume III, et il fut convenu entre eux que les Etats espagnols seraient partagés entre les trois neveux de Charles II, le dauphin de France, l'électeur de Bavière et l'archiduc Charles (traité de La Haye, 11 octobre 1698). Le traité, qui devait être gardé secret, fut bien vite connu du monarque moribond : il s'indigna de ce partage fait de son vivant et pour conserver l'intégrité de son royaume, institua son héritier le prince électoral de Bavière, son petit neveu (novembre 1698); mais ce dernier mourut peu après (février 1699) et Louis XIV recommença les négociations. L'empereur refusa tout traité de partage et ce fut sans lui que fut signée la seconde convention (Londres et La Haye, 13 et 25 mai 1700) qui laissait les Pays-Bas, les Indes et l'Espagne à l'archiduc, donnant au dauphin la Lorraine, Naples et la Sicile. Les prétentions de Louis XIV étaient, on le voit, assez modestes. Le second traité, connu comme le premier, irrita de même Charles II; il voulait et autour de lui tout le monde voulait l'intégrité de la monarchie espagnole; aussi cédant aux conseils des grands, il institua pour son héritier universel le duc d'Anjou, second fils du dauphin, lui substituant successivement le duc de Berry, troisième fils de dauphin, l'archiduc Charles et le duc de Savoie.

On sait comment Louis XIV accueillit ce testament, comment son acceptation entrain la longue et ruineuse guerre de la succession d'Espagne, comment enfin les victoires de Vendôme, de Berwick, de Villars installèrent et maintinrent sur le trône d'Espagne, sous le nom de Philippe V, le duc d'Anjou; il est le chef de la branche des Bourbons, qui a a encore un roi dans ce pays. La maison d'Autriche qui s'était éteinte en la personne du faible Charles II avait ruiné le royaume, le laissant sans armée, sans marine, sans unité politique, sans agriculture, ni industrie, ni commerce, avec des finances dans un état déplorable; la littérature même et les arts avaient cessé de fleurir. La dynastie des Bourbons, sut opportunément profiter de cette faiblesse. Voici la descendante généalogique des Bourbons d'Espagne : 

Philippe V, né le 19 décembre 1683, appelé à la couronne d'Espagne le 2 octobre 1700, épousa en 1711 Marie-Louise-Gabrielle, fille du duc de Savoie et en 1714 Elisabeth Farnèse, héritière de la maison de Parme. De la première il eut Louis-Ferdinand, roi sous le nom de Louis Ier pendant six mois, enfin par l'abdication de son père, et qui mourut la même année; Philippe, né et mort en 1709; un autre Philippe, né en 1712 et mort en 1719; Ferdinand, né en 1713 et qui fut en 1746, après la mort de son père, roi sous le nom de Ferdinand VI. De sa seconde femme, Philippe V eut : Charles, né le 20 janvier 1716 qui succéda au précédent sur le trône d'Espagne en 1759; Philippe, né en 1720, qui est le chef de la maison des Bourbons de Parme (V. plus loin); Louis-Antoine, cardinal-archevêque de Tolède et plusieurs filles. Ferdinand VI étant mort en 1759 sans postérité, la couronne d'Espagne passa au fils aîné du second mariage, Charles Ill, qui épousa en 1738 Marie-Amélie de Saxe et en eut treize enfants parmi lesquels il suffira de citer : Charles, né le 11 novembre 1748, qui devint roi d'Espagne en 1788; et Ferdinand, né le 12 janvier 1751, qui, sous le nom de Ferdinand IV, devint roi de Naples et de Sicile et est la tige des Bourbons de Naples (V. plus loin).

Charles IV, roi d'Espagne le 14 décembre 1788, épousa Marie-Louise de Parme et en eut sept enfants, dont : Ferdinand en faveur duquel son père abdiqua le 19 mars 1808 et qui fut le roi Ferdinand VII; Carlos-Maria; François de Paule, mort en 1844,et plusieurs filles. Ferdinand VII eut de sa troisième femme, Marie-Christine de Naples, deux filles : Isabelle, née en 1830, et Marie-Louise-Ferdinande, qui épousa le duc de Montpensier, fils du roi de France Louis-Philippe. A la mort de Ferdinand VII, en 1833, la couronne fut attribuée à sa fille Isabelle II, mais non sans contestation: un certain nombre de partisans proclamèrent roi le frère de Ferdinand VII, Carlos-Maria, sous le nom de Charles V. et depuis cette époque, les carlistes ont soutenu les armes à la main d'abord ce prétendant, puis après sa mort, en 1855, son fils, Carlos, comte de Montemolin, mort en 1861, puis son petit-fils, don Carlos, duc de Madrid, dont le fils Jacques (don Jayme) est actuellement le candidat au trône de France de quelques légitimistes intransigeants (Don Carlos). Isabelle II épousa en 1846 son cousin François d'Assise, fils de l'infant François de Paule et petit-fils comme elle du roi Charles IV ; elle en eut cinq enfants : Marie-Isabelle, née en 1851, morte en 1871; Alphonse, né en 1857; Pilar, Maria de la Paz et Marie- Eulalie qui a épousé Antoine de Montpensier. Isabelle II fut renversée du trône en 1866. Après avoir essayé de divers gouvernements, l'Espagne rappela, en 1874, son fils qui régna sous le nom d'Alphonse XII, et mourut en 1885 ; de son second mariage avec Marie-Christine d'Autriche il eut trois enfants : Marie de las Mercédès, née en 1880; Marie-Thérèse, née en 1882, et Alphonse XIII, fils posthume, né en 1886, qui régna d'abord sous la régence de sa mère. Il sera enversé par la IIe république (avril 1931) et contraint à l'exil à Paris puis à Rome où il mourut en 1941. Après la mort de Franco (novembre 1975), le petit-fils d'Alphonse XIII, et fils de Juan de Bourbon (comte de Barcelone, né en 1913, mort en 1993),  Juan Carlos Ier (né en 1938 à Rome) accède au trône d'Espagne. Il abdiquera le 18 juin 2014, date à partir de laquelle son fils Philippe lui succède. 

Bourbons de Naples

Cette maison est issue, comme nous l'avons dit plus haut, de celle des Bourbons d'Espagne. La guerre de la succession de Pologne (1734), en mettant l'Autriche aux prises avec la France, avait fourni à l'Espagne l'occasion de reprendre les Deux-Siciles à l'empereur Charles VI. L'infant don Carlos de Bourbon, duc de Parme et de Plaisance, second fils vivant du roi Philippe V, qui lui céda tous ses droits en Italie, devint roi de Naples sous le nom de Charles VII et roi de Sicile sous le nom de Charles IV (1735). A la mort de son frère aîné Ferdinand VI (1759), appelé à régner en Espagne, où il porta le nom de Charles III, sous lequel il est plus connu, et qu'on lui donne même quelquefois dans l'histoire de Naples, Charles de Bourbon laissa les Deux-Siciles à son troisième fils, Ferdinand (IV à Naples, III en Sicile), alors âgé de huit ans. Le règne de ce prince fut interrompu deux fois dans les Etats de terre ferme, d'abord par la République parthénopéenne (1799), puis par le gouvernement des rois Joseph Bonaparte et Joachim Murat (1806-1815). Après sa seconde restauration, Ferdinand, se servant, pour enlever à la Sicile un dernier reste d'indépendance, du titre que lui avait donné le Congrès de Vienne, prit le nom de Ferdinand ler, roi du royaume uni des Deux-Siciles (1816). Sa descendance directe, représentée par François Ier (1825-1830), Ferdinand (1830-1859), et François II (1859-1860), occupa le trône jusqu'à l'annexion de la Sicile et des provinces napolitaines au royaume d'Italie

Ferdinand ler eut, entre autres enfants, Marie-Amélie, reine des Français, et Léopold, prince de Salerne, dont la fille épousa le duc d'Aumale, son cousin. Parmi les nombreux enfants de François ler, on compte Caroline, duchesse de Berry,
mère du comte de Chambord : Marie-Christine, reine d'Espagne, régente pendant la minorité de sa fille Isabelle II; Charles, prince de Capoue, que son mariage romanesque avec une Anglaise fit exiler de la cour; Léopold, comte de Syracuse. qui accepta les conséquences du mouvement national en Italie; Thérèse, impératrice du Brésil, et Louis, comte d'Aquila, qui cultiva les beaux-arts. Ferdinand Il, outre le dernier roi de Naples, marié à Sophie de Bavière, mais sans enfants, a laissé une postérité très nombreuse: un de ses fils, Gaétan, comté de Girgenti, mort en 1871, avait épousé en 1868 l'infante Isabelle, soeur aînée du roi d'Espagne Alphonse XII

Bourbons de Parme

Comme la précédente, cette branche de la maison de Bourbon est issue des Bourbons d'Espagne; elle régna aussi en Toscane et à Lucques. A la mort du dernier duc de la dynastie des Farnèse, l'héritière de cette maison, Elisabeth Farnèse, femme du roi d'Espagne Philippe V, fit donner à son second fils, l'infant don Carlos de Bourbon, les duchés de Parme et de Plaisance (1731). Quand ce prince eut pris possession du royaume des Deux-Siciles, l'Autriche obtint comme dédommagement la cession de ces duchés (1735). Mais le traité d'Aix-la-Chapelle, qui termina en 1748 la guerre de la succession d'Autriche, les attribua définitivement, avec le duché de Guastalla, au frère cadet de don Carlos, l'infant don Philippe de Bourbon, qui régna jusqu'en 1765. Son fils Ferdinand, l'élève de Condillac, lui succéda : il mourut en 1802. Bonaparte, tout en lui laissant la jouissance de ses Etats, se les était déjà réservés. En échange de ses droits héréditaires, Louis Ier, fils de Ferdinand, marié à l'infante Marie-Louise, fille du roi d'Espagne Charles IV, avait reçu d'avance la Toscane avec le titre de roi d'Etrurie (1801). Il mourut bientôt, laissant le trône à son fils Louis II, àgé de quatre ans (1803). La régente Marie-Louise, à qui Napoléon fit espérer une brillante compensation, sans qu'elle la reçût jamais, dut lui céder encore la Toscane, qui fut aussi réunie à l'Empire français (1807). En 1815, le duché de Parme-Plaisance-et-Guastalla ayant été donné à l'archiduchesse Marie-Louise, ex-impératrice des Français, l'infante Marie-Louise de Bourbon, ex-régente d'Etrurie, et son fils l'ex-roi, qui prit alors le nom de Charles-Louis, reçurent comme indemnité temporaire la principauté de Lucques, érigée en duché. Une convention, conclue en 1817, leur assura le retour du duché de Parme après la mort de la duchesse régnante. Charles-Louis ne gouverna qu'à la mort de sa mère (1824) Le 5 octobre 1847, devançant les effets de la réversion stipulée, il abandonna le duché de Lucques au grand-duc de Toscane, et, la duchesse de Parme étant morte le 17 décembre suivant, il reprit alors possession des anciens Etats de sa famille sous le nom de Charles II. A la suite des mouvements révolutionnaires de 1848, il abdiqua, le 14 mars 1849, en faveur de son fils Charles III, marié à Louise de Bourbon, fille du duc de Berry et soeur du comte de Chambord. Charles III, assassiné le 27 mars 1854, eut pour successeur son fils Robert, âgé de six ans, sous lequel la duchesse Louise exerça le pouvoir en qualité de régente jusqu'aux événements de 1859. 

La branche des Bourbons de Parme sera représentée ensuite par l'ex-duc Robert et son frère Henri, comte de Bardi : leur soeur, la princesse Marguerite, épousa en 1867 l'infant don Carlos duc de Madrid, prétendant au trône d'Espagne. ( A. V. / A. Thomas /  E. Cat / F. H).

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