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Senlis (Silvanectum,
Augustomagus
Silvanectum) est une commune de la France,
dans le département de l'Oise, à 45 km au Nord de Paris,
à l'extrémité Ouest du plateau de Valois, sur un promontoire
formé par les deux petites rivières de Nonette et d'Aunette.
Population : 16 400 habitants.
La situation de Senlis est pittoresque,
entre les grands massifs forestiers d'Halatte, de Chantilly
et d'Ermenonville. Placée, avant
l'établissement des chemins de fer, sur la grande route du Nord,
elle avait alors un commerce assez considérable, qui a diminué
beaucoup depuis, par suite d'absence d'une voie navigable. L'industrie
senlisienne était très importante au Moyen âge:
dès le temps de Philippe-Auguste,
on y fabriquait des casques fermés ou heaulmes, très renommés
jusqu'au XVIe siècle, ainsi que
le constate l'auteur du roman du Chariot
de Nismes.
Mais l'industrie principale de Senlis était, depuis saint
Louis, la confection des draps. La Ligue
ruina cette fabrication qui ne put se relever, et depuis lors l'industrie
a été peu développée à Senlis.
en bas, dans la cour du musée de la Vénerie (anc. Prieuré Saint-Maurice). Monuments.
Outre ses remparts gallo-romains, Senlis
eut des arènes et des bains. Les arènes
(mon. hist.), probablement du IIIe siècle,
situées dans le faubourg Sud-Ouest de la ville, sont aujourd'hui,
avec celles de Paris, le seul monument de ce
genre du Nord de la France.
Leur ellipse a 42 et 35 m de diamètre. Les Thermes romains n'ont
pas été retrouvés; on en connaît seulement l'emplacement.
Une rue de Senlis. Au fond, la cathédrale. La cathédrale
actuelle (mon, hist.), commencée en 1153, et dont la construction
fut fréquemment interrompue par des incendies partiels ou par le
manque d'argent, ne fut achevée qu'en 1556. C'est donc un monument
très composite dont les belles proportions font néanmoins
l'admiration des connaisseurs. Il a 98 m de longueur et 30 m. de hauteur
sous voûtes. Tout le rez-de-chaussée intérieur appartient
au XIIe siècle. L'église
se compose d'une nef, d'un choeur
en hémicycle dont quelques parties datent du XIIIe
siècle et les autres du XVIe, de
latéraux continus supportant un triforium
et des galeries, d'un transept du XVIe
siècle, ainsi que les voûtes et
les hautes fenêtres, et de chapelles
accessoires de diverses époques. La sacristie,
très ancienne, a été remaniée au XIIIe
siècle.
La cathédrale de Senlis : ci-dessus, le chevet et la flèche, vus de l'Est. Ci-dessous, le clocher et une partie de la façade Sud; à droite, le portail principal (façade Ouest). Les tours de cette façade, romanes au rez-de-chaussée, sont gothiques dans leurs parties supérieures ; celle de droite, seule achevée, est surmontée d'une belle flèche octogonale du XIIIe siècle, élevée de 78 m au-dessus du parvis. Ce clocher, qui domine le pays à une quinzaine de kilomètres à la ronde, n'a pas son pareil dans le Nord de la France. L'église Saint-Vincent (mon. hist.), composée d'une seule nef et de deux croisillons, est en grande partie de la fin de l'époque de transition; son élégant clocher, du commencement du XIIe siècle, a perdu la pyramide qui le surmontait, et l'église porte des traces de réparations exécutées à la fin du XVe siècle, à la suite des dévastations subies par l'abbaye pendant la guerre de Cent ans. Le cloître et les belles constructions conventuelles occupées ensuite par le collège des Maristes ont été élevées de 1660 à 1680. L'ancienne chapelle royale Saint-Frambourg (mon. hist.) a été érigée par la reine Adélaïde en 993 en reconnaissance de l'accession au trône de son mari le duc des Francs, Hugues Capet, puis reconstruite en 1177 par Louis VII. Elle se compose d'une abside et d'une nef, sans transept; il n'en reste plus, pour ainsi dire, que le gros oeuvre, toutes les parties sculptées en ayant été enlevées dans le second quart du XIXe siècle pour servir à la décoration d'une chapelle construite dans le parc d'un château voisin de Senlis. Restauré en 1973, le lieu a été reconverti par la fondation Cziffra, auquel il appartient, en centre de musique et d'art lyrique; c'est , depuis 1977, l'auditorium Franz Liszt. L'ancienne église
Saint-Pierre (mon. hist.) est de la fin du style
ogival; son clocher a une base romane
et fut terminé en 1434; une grosse tour carrée, terminée
en coupole et bâtie de 1385 à 1592, flanque le côté
méridional de l'église. Récemment encore, elle abritait
un marché.
au dessous, les ruines du Château royal; à droite, l'ancienne église Saint-Pierre. Parmi les autres monuments de Senlis, nous pouvons citer encore : l'ancienne chapelle de l'évêché, qui, malgré ses remaniements, indique le commencement du XIIIe siècle; l'ancienne église des Carmes (XIVe et XVIe s.); les restes de la paroisse Saint-Aignan (XIIe et XVIe s.) transformés en théâtre depuis l'année 1823; l'Hôtel de ville, sans grand caractère, de la fin du XVe siècle; des restes importants du prieuré de Saint-Maurice (XIIIe s.) dans l'enceinte du Vieux Château (Château royal); les bâtiments de la Charité, construits vers 1706 et où s'abrite le musée de la vénerie; plusieurs vieilles maisons des XVe et XVIe siècles dont l'ancienne Chancellerie royale; enfin les restes de l'Hôtel-Dieu du XIIIe siècle. Le musée municipal est dans l'église de la Charité; les collections du comité archéologique sont conservées dans l'ancien palais épiscopal (XVIe s.). La bibliothèque municipale possède plusieurs manuscrits précieux pour l'histoire locale, et notamment la volumineuse compilation du chanoine Afforty. Les archives de l'hôtel de ville, très importantes, contiennent notamment un cartulaire enchaîné du XIIIe siècle et des tablettes de cire sur lesquelles sont écrites des comptes de trésoriers de la ville du commencement du XIVe siècle. Autour
de la ville.
Sous la domination franque, Senlis, après avoir appartenu à Clovis, fit partie du royaume de Paris et passa successivement de Childebert à Clotaire Ier, et de celui-ci à Caribert. La cité fut ensuite partagée entre Childebert d'Austrasie et Gontran de Bourgogne. Elle continua à faire partie du domaine royal sous les derniers Mérovingiens et les Carolingiens. Dès l'an 822, elle avait le titre de comté. Senlis eut aussi des comtes carolingiens issus de Pépin, arrière-petit-fils de Pépin, roi de Lombardie, et second fils de Charlemagne. Ces comtes jouèrent un rôle important au Xe siècle. On ignore comment le comté de Senlis parvint à Hugues Capet qui le réunit de nouveau à la couronne lors de son avènement en 987. Néanmoins, et sous ce règne même, on trouve un Rothold, châtelain de Senlis, probablement sous l'autorité du roi, lequel devint la souche de la grande famille des Bouteiller de Senlis qui traversa brillamment tout le Moyen âge et ne s'éteignit qu'au XVIIe siècle. Le domaine royal de Senlis fut détaché de la couronne en 1576 et donné à Marie Stuart, veuve de François II. Il fut ensuite engagé à la duchesse de Montpensier, puis en 1583 à Marguerite de Navarre; enfin, il fut donné en 1622 au duc d'Epernon, mari de Gabrielle de Verneuil, légitimée de France, dans la famille duquel il resta jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Le palais, qui avait succédé à la forteresse romaine, fut très fréquenté par les rois carolingiens et capétiens qui y convoquèrent de nombreuses assemblées. C'est dans ce palais que furent internés ou se réfugièrent : au lXe siècle, Pépin, roi d'Aquitaine, et Carloman, frère de Charles le Chauve; au Xe, le duc Richard de Normandie et Charles de Lorraine, le dernier des Carolingiens; au XIe, la reine Anne de Russie, veuve de Henri ler, et au XIIe, la reine Isabelle de Hainaut, répudiée par Philippe-Auguste. Nous ne pouvons donner la liste des actes très nombreux que les rois signèrent à Senlis depuis Hugues Capet jusqu'à Jean II. Pendant la Jacquerie,
les faubourgs de la ville furent ravagés et Senlis, effrayée,
ouvrit un moment ses portes aux paysans révoltés, ce dont
les nobles voulurent tirer vengeance. Ils vinrent donc l'attaquer après
la destruction des Jacques. Mais ils furent repoussés avec de grandes
pertes. Charles V décida, en 1374, que
le palais de Senlis serait la résidence des enfants de France.
Il y vint souvent ainsi que son fils Charles VI.
Cette ville, étant une des clefs de l'Ile-de-France,
fut attaquée par les Anglo-Bourguignons. Ils l'occupèrent
de 1417 à 1529. Les rois continuèrent à y venir jusqu'à
François
ler; puis
ils ne firent qu'y passer, lors de leurs voyages en Champagne
et en Picardie;
mais à partir de Henri IV, ils descendirent
à l'évêché ou dans des hôtels particuliers,
car le palais n'était plus habitable.
Rues du vieux Senlis : ci-dessus, la rue de la Tonnellerie; dessous, la place de la Halle. Photos : © Serge Jodra, 2009. Lors des Guerres de religion et sous la Ligue, Senlis joua un rôle des plus importants. La ville, commandant la route de Paris, avait un intérêt de premier ordre pour les deux partis. Grâce aux efforts de leur gouverneur, le bailli de Rasse et surtout de leur évêque, Guillaume Rose, qui étaient tous deux de fanatiques ligueurs, les Senliciens subirent d'abord l'influence de l'Union, mais le 26 avril 1589, secouant le joug, ils firent entrer les troupes royales dans leurs murs. Le duc d'Aumale vint aussitôt mettre le siège devant la place dont l'attaque commença le 30 avril. Les habitants, malgré le petit nombre de leurs combattants, se défendirent énergiquement, avec l'aide des gentilshommes royalistes du voisinage, accourus à leur secours. Néanmoins, écrasés par une puissante artillerie qui avait ouvert une brèche de 100 m dans leurs murailles et obligés de repousser les assauts furieux de 18.000 assaillants, ils allaient succomber lorsque le 17 mai, Longueville et le brave La Noue, à la tête de quelques milliers d'hommes, arrivèrent de Compiègne à leur secours. Les assiégeants firent face à ce nouvel ennemi et la bataille eut lieu dans la plaine qui s'étend entre Montlevêque et Montépilloyt. Malgré leur infériorité numérique, les royalistes remportèrent une victoire complète. Henri IV, plein de reconnaissance pour sa « bonne ville » de Senlis, y vint souvent, descendant à l'hôtel de Saint-Peravi, et lui accorda diverses faveurs. Avec la paix de 1598, Senlis recouvra la tranquillité, et elle ne fut plus le témoin d'aucun fait intéressant l'histoire générale, depuis Louis XIIl jusqu'à nos jours. Louis le Jeune avait accordé une charte de commune à Senlis en 1173; cette commune fut supprimée en 1319, et remplacée par une prévôté royale qui fut elle-même réunie au bailliage en 1750. Le bailliage de Senlis, créé sous Philippe-Auguste, eut d'abord une importance très considérable, qu'il perdit peu à peu avec les progrès de la centralisation royale. La charge de grand bailli de Senlis fut exercée entre autres, par le poète Eustache Deschamps, les Sains, les Montmorency, les Saint-Simon, qui possédaient encore ce titre lors de la suppression du bailliage en 1789. Outre son bailliage, Senlis était encore le chef-lieu d'un siège présidial, créé sous Henri Il, d'une maréchaussée, la première établie en France, d'une élection, d'un grenier à sel et d'une maîtrise des eaux et forêts. La ville formait un gouvernement particulier dépendant de celui de l'Île-de-France. Senlis avait des coutumes particulières qui furent rédigées au XVIe siècle. On y frappa des monnaies, et on connaît des deniers de Senlis émis sous les Mérovingiens, les Carolingiens et les premiers Capétiens. Blason.
Ils
sont nés à Senlis.
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