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Les Vikings |
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Les Vikings
ou - pour reprendre le nom qui leur était donné en France au Moyen âge![]() ![]() ![]() ![]() D'autres Vikings colonisèrent l'Islande
et le Groenland Encore faut-il distinguer ici les simples
stations (de 850 Ã 879)
et les établissements proprement dits. Les grandes stations des Normands
en France furent au nombre de quatre : la première aux Bouches de la Meuse,
à Walcheren et à Duerstad (d'où ils se jetaient sur les rives de l'Escaut)
la deuxième sur la Seine, près de Vernon,
à l'île d'Oissel et à Jeufosse, d'où ils pillèrent Paris,
Melun Les Normands de la
station de la Meuse et de l'Escaut vinrent assiéger Paris
avec les Normands de la Seine, en 885,
pour venger la mort de leur chef Godefried, tué en trahison par Charles
le Gros; mais ils cessèrent leurs incursions, à la suite d'une victoire
que remporta sur eux, Ã Louvain, Arnoul, roi de Germanie, en 891.
Les Normands de la Seine eurent pour principaux chefs Ogier Les Vikings dès lors ne furent plus dangereux
: maîtres de la Manche et de la basse vallée de la Seine, ils repoussèrent
les autres pirates. Même après leur établissement définitif en France,
Les Vikings se signalèrent encore par de grandes entreprises : les plus
célèbres sont leurs expéditions en Italie et en Sicile, où ils formèrent
le royaume des Deux-Siciles |
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L'époque
des raids
Depuis que Charlemagne
avait pacifié l'Allemagne Tantôt ils côtoyaient la terre, et guettaient leurs ennemis dans les détroits, les baies et les petits mouillages, ce qui leur fit donner le nom de Vikings ou enfants des anses : tantôt ils se lançaient à leur poursuite à travers l'Océan. Les violents orages des mers du Nord dispersaient et brisaient leurs frêles navires, tous ne rejoignaient point le vaisseau du chef, au signal du ralliement; mais ceux qui survivaient à leurs compagnons naufragés n'en avaient ni moins de confiance ni plus de souci; ils se riaient des vents et des flots, qui n'avaient pu leur nuire La force de la tempête, chantaient-ils, aide le "bras de nos rameurs, l'ouragan est à notre service, il nous jette où nous voulions aller". (Augustin Thierry).Les premières invasions vikings que l'histoire signale sont des dernières années du VIIIe siècle et eurent pour théâtre la Grande-Bretagne. En 791 et 793, des pirates vikings tirent des incursions en Mercie, en Northumbrie ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Sous le règne de
Louis le Pieux, on les revit sur les
côtes de Flandre, ils dévastèrent à diverses reprises la ville alors
florissante de Dorestad (auj. Wijk-te-Duerstede) dans le Wahal, ils débarquèrent
fréquemment dans l'île de Noirmoutier, d'où les moines de l'abbaye de
Saint-Philibert, après avoir tenté de protéger leur monastère en le
fortifiant, durent se résoudre, à émigrer sur le continent; enfin ils
s'emparèrent de l'île de Walcheren. Malgré ces tentatives, les précautions
prises sous le règne précédent suffirent encore à leur interdire l'accès
des fleuves et à empêcher toute incursion sérieuse sur le continent.
C'est sur l'Angleterre que semble s'être alors porté tout l'effort des
pirates. De 833
à 846,
ils ne cessèrent d'y combattre avec des alternatives de succès et de
revers. La guerre civile qui suivit la mort de Louis le Pieux leur livra
la Gaule; la surveillance des côtes de l'Océan négligée, les garnisons
des postes fortifiés retirées, ils eurent accès dans tous les fleuves,
et par là ils pénétrèrent bientôt jusqu'au coeur même de l'empire.
![]() Une embarcation utilisée par les Vikings. Le navire de Gogstad, retrouvé lors de fouilles en 1880, remonte à la fin du IXe siècle; il est conservé dans le Musée des navires vikings d'Oslo. Construit en grande partie en bois de chêne, ce navire a 24 m de long et 5 m de large; il a été conçu pour transporter 32 rameurs. Source : The World Factbook. Lothaire
leur céda dès l'abord l'île de Walcheren et dès lors ils s'établirent
à demeure à l'embouchure de l'Escaut. Dès 840,
ils pénétrèrent dans la Seine, pillèrent et brûlèrent Rouen
le 14 mai, saccagèrent ou rançonnèrent les abbayes de Saint-Ouen, de
Jumièges et de Saint-Wandrille.
Un peut plus tard, à l'embouchure de la Canche, ils s'emparèrent de Quentovie,
l'un des principaux ports de la Gaule, et le
ruinèrent si complètement qu'on en cherchait naguère encore l'emplacement
exact. Un peu plus tard, de Noirmoutier, où ils étaient établis, les
Vikings partaient pour remonter la Loire, s'emparaient de Nantes, dont
ils massacraient l'évêque dans sa cathédrale, et remontaient ,jusqu'Ã
Tours. Vers le même temps, ils entraient dans la Gironde, atteignaient
Toulouse et se répandaient dans le pays jusqu'au pied des Pyrénées où
ils se heurtaient à la résistance des montagnards. Bientôt ils atteignaient
les côtes de Galice, d'où ils étaient repoussés par le roi des Asturies Une histoire en
pointillés.
On sait du moins comment se faisaient les expéditions des Vikings; des flottilles de grandes barques en nombre variable, contenant chacune de 50 à 70 hommes, se groupaient sous le commandement d'un chef. Souvent plusieurs flottilles se réunissaient pour une campagne. Ces flottilles pénétraient par l'embouchure des fleuves, débarquaient des hommes dans une île où ils se fortifiaient et qui devenait bientôt un établissement permanent, point de départ pour les expéditions, lieu de dépôt pour le butin, de garde pour les otages, de ravitaillement, et éventuellement place de retraite et de défense. C'est ainsi qu'ils occupèrent, entre autres, Walcheren et d'autres îles des bouches de l'Escaut, les îles en face de Jeufosse, sur la Seine, Noirmoutier aux approches de la Loire, puis l'île de Biesse, dans le fleuve même, en face de Nantes, et la Camargue à l'embouchure du Rhône. De là partaient de rapides incursions, soit sur terre et par les routes, soit le plus souvent par eau, en remontant le fleuve et ses affluents. On y employait des barques plus petites qu'on remorquait à la cordelle ou même qu'on tirait à terre et qu'on traînait sur des rouleaux lorsque le fond manquait ou que la rivière présentait des obstacles. Une remarque intéressante
est que, jusqu'au Xe
siècle du moins, les barques des Vikings
n'étaient, contrairement à l'opinion courante, que des moyens de transport
et nullement des navires de guerre. Aussi ne les voit-on jamais engagées
dans des combats, ni sur mer, ni sur les fleuves. C'est pour cela que,
sous Charlemagne et sous Louis
le Pieux, tant que l'empire franc conserva les restes d'une marine
militaire, elles furent aisément tenues à l'écart des côtes. Plus tard,
les marins de la Frise Tous ceux qui se trouvèrent à proximité de leurs passages furent d'abord rançonnés à diverses reprises, et, lorsque leurs ressources eurent été épuisées, ou.bien lorsque les moines épouvantés eurent pris la fuite, ils furent saccagés, incendiés et détruits. Naturellement ils ne se faisaient pas faute de piller les habitations des pays qu'ils traversaient, massacrant les populations et dévastant à tel point que souvent, dit un chroniqueur, « il ne restait pas un chien qui pût aboyer après eux ». Pourtant, lorsqu'ils y trouvaient intérêt, ils faisaient aussi des prisonniers; comme tous les pirates de tous les temps et de tous les pays, ils s'emparaient d'otages qu'ils rendaient moyennant rançon. C'est ainsi qu'en 858 ils réussirent à s'emparer de deux grands personnages du royaume franc; Gozlin, le futur évêque de Paris, et son demi-frère, Louis, abbé de Saint-Denis et grand chancelier de Charles le Chauve. Tous deux ne furent relâchés que moyennant une énorme rançon, payée pour le premier par l'église de Reims et pour le second par son abbaye. Acheter la tranquillité?
De même quelques années plus tard, en 860, Charles le Chauve, désespérant de refouler la grande armée normande de Björn, cantonnée à Jeufosse et maîtresse de tout le cours de la Seine, traita, pour s'en débarrasser, avec les bandes de Weland qui exploitaient alors le cours de la Somme. Pour payer le prix énorme qu'elles fixaient à leur concours, Charles le Chauve dut lever dans tout le royaume un impôt extraordinaire sur les églises, les nobles, les marchands et jusqu'aux plus pauvres gens à proportion de leur fortune, et, comme la perception prenait du temps, les Vikings, impatients de leur, inaction, demandèrent des otages et s'en allèrent faire une expédition en Angleterre. De retour l'année suivante, ils reçurent, outre la somme convenue, des bestiaux et des vivres qu'on leur livra pour éviter la dévastation du pays et se mirent en devoir d'exécuter la convention. Weland avec 200 barques remonta la Seine jusqu'à Jeufosse, fit passer 60 barques par l'Epte pour prendre à revers les Vikings retranchés dans l'île, qui se trouvèrent ainsi bloqués et bientôt affamés. Mais alors ils traitèrent avec leurs assiégeants, et bientôt, remontant la Seine de conserve, ils allèrent hiverner les uns dans les îles situées en face de Melun, les autres dans la boucle de la Marne, à l'abbaye qui fut plus tard Saint-Maur-des-Fossés. Le plus souvent, pour payer tributs aux pirates, on ne demandait même bas leur coopération; on achetait leur départ. Charles le Chauve et ses successeurs ne se firent pas faute de traiter avec eux dans ces conditions, mais ils éprouvèrent combien de pareilles négociations étaient décevantes. D'abord parce que la paix qu'on obtenait ainsi était de courte durée, de pareilles conventions devenant fatalement une prime à la piraterie; mais aussi parce que l'exécution même de la convention n'était rien moins qu'assurée : par suite de l'organisation des armées normandes, il fallait traiter en effet non seulement avec le chef de l'expédition; mais avec tous les chefs, ceux d'entre eux avec lesquels il n'y avait pas eu entente ne se considérant pas comme liés par ces engagements. La seconde vague viking La seconde moitié
du IXe
siècle est l'époque où les incursions
des Vikings eurent la plus grande extension : depuis les bouches de l'Elbe
jusqu'à l'embouchure de la Gironde, les pirates pénétrèrent dans tous
les fleuves de la mer du Nord, de la Manche et de l'Océan. Etablis dans
la Frise Alliances et mésalliances.
« Le nombre est grand, disait en 886 un archevêque de Reims, de ceux qui ont abandonné la religion chrétienne pour s'associer aux païens et se mettre sous leur protection. »Et cependant, chaque fois qu'une résistance locale était organisée, elle était suivie d'assez de succès pour montrer que, si l'on coordonnait les efforts, et surtout que si on pouvait les rendre durables, il ne serait pas impossible de refouler l'invasion. Mais toute action sérieuse était entravée par l'anarchie où se trouvait l'empire. En 858, Charles le Chauve; qui témoigna parfois d'une volonté énergique, résolut de faire un grand effort pour chasser les Vikings de la Seine. Il réussit à déterminer son neveu Lothaire à coopérer avec lui; tous deux rassemblèrent une armée nombreuse et s'avancèrent sur les deux rives de la Loire, de manière à isoler les Vikings cantonnés dans l'île de Jeufosse. En même temps, Charles avait rassemblé les barques nécessaires pour débarquer dans l'île et y donner l'assaut au camp viking. Mais les grands du royaume mécontents choisirent ce moment pour se révolter et appeler Louis le Germanique, qui, profitant de l'absence de Lothaire pour traverser la Lorraine, arriva en Champagne pour tendre la main aux rebelles et déposséder son frère. Celui-ci dut abandonner les Normands pour faire volteface et faillit y perdre sa couronne. Quelques années plus tard, il s'avisa de mesures qui, s'il avait pu les appuyer de forces suffisantes, auraient pu réussir; elles consistaient à entraver la navigation des cours d'eau en y établissant des ponts fortifiés. Le premier fut établi en 862, sur la Marne, à Trilbardou, à quelques kilomètres en aval de Meaux, et eut aussitôt pour résultat de contraindre à capituler les Vikings qui s'étaient aventurés jusqu'à cette ville, et même de débarrasser complètement la Seine des pirates. Charles se hâta de profiter de ce répit pour entreprendre la construction d'un pont semblable près de Pitres, un peu en aval du confluent de l'Eure et de l'Andelle, à l'endroit où se trouve aujourd'hui le Pont de l'Arche. Achevé, il aurait fermé aux Vikings l'accès de ces rivières et du fleuve; mais les travaux conduits trop mollement n'étaient pas terminés quatre ans plus tard,. et les Vikings, forçant le passage, remontaient encore jusqu'à Saint-Denis et à Melun et réduisaient le prince à acheter leur départ en payant un nouveau tribut. En 868, le pont de Pitres fut rétabli et achevé, et réussit, en effet, à arrêter les Vikings. Un pont analogue fut construit sur l'Oise et un autre plus important à Paris, probablement à la pointe de la cité, et non, comme on le dit d'ordinaire, sur l'emplacement du Pont-au-Change. Le siège de Paris.
En cette année,
de nombreuses flottilles se réunirent en une grande armée commandée
par Siegfried. Aux Vikings de la Seine se joignirent des bandes du Bessin Les envahisseurs
et la naissance de la féodalité.
Élever un château fut pour les seigneurs le moyen ordinaire de se mettre à l'abri des invasions. Le pays tout entier se hérissa de donjons de bois, construits sur des éminences naturelles ou artificielles, auxquels on n'avait accès, par une porte placée au premier étage, qu'au moyen d'une sorte d'échelle ou de pont mobile, et qu'on entourait de fossés et de palissades. Ces constructions n'étaient pas susceptibles d'arrêter les Vikings, mais lorsque ceux-ci n'avaient pas intérêt à s'attarder pour les enlever, elles pouvaient donner à leurs défenseurs une sécurité provisoire. Loin du reste de protéger la contrée environnante, elles favorisaient, une fois les Vikings partis, les guerres entre seigneurs, le pillage et le brigandage. Si bien que les souverains, sans jamais du reste être obéis, durent ordonner à maintes reprises la destruction de toutes ces forteresses élevées sans leur autorisation. Et ainsi, les invasions des Vikings devinrent les auxiliaires du développement de la féodalité. Elles eurent aussi une conséquence plus inattendue : depuis la chute de l'empire romain, les richesses, mises à l'abris dans les monastères ne circulaient plus; el les pillant et en les remettant ainsi en circulation, les Vikings ont initié la relance de l'économie médiévale. Pied à terre.
Depuis cette époque, les invasions scandinaves diminuèrent progressivement. Les pirates de la Loire continuèrent, quelque temps encore leurs expéditions dans ce fleuve et dans la Gironde, mais ils subirent des échecs décisifs sous le règne du roi Raoul après lequel ils ne tardèrent pas à disparaître. En Normandie, le duc Richard, en 962, pour se défendre contre le roi de France, fit appel à ses compatriotes qui s'établirent de nouveau à Jeufosse, d'où ils dirigèrent des expéditions dans les vallées de la Seine et de l'Eure; mais Richard lui-même, la paix faite, débarrassa le royaume de ces pirates en leur fournissant des vaisseaux et des pilotes pour les conduire en Espagne. Dans le Nord même, l'industrie de la piraterie prenait fin peu à peu. Les Scandinaves devenaient agriculteurs, artisans, marchands ou pécheurs. Au XIe siècle, quelques expéditions furent encore dirigées sur les îles du Nord de la Grande-Bretagne où des colonies de pirates normands subsistèrent jusqu'au XIIIe siècle. Les pèlerinages
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