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Les Vikings |
Les Vikings ou - pour reprendre le nom qui leur était donné en France au Moyen âge - Normands (c.-à-d. Hommes du Nord = Northmans, selon une orthographe encore usité par des auteurs du XIXe siècle), étaient des pirates venus de côtes scandinaves et danoises. La formation de l'Heptarchie dans la Grande-Bretagne (451-584) fut leur oeuvre. Vers 625, Ivar Vidfamne se fit chef de tous les petits princes scandinaves, et bientôt des Normands allèrent fonder en Irlande les États ou royaumes de Dublin, d'Ulster, de Connaught. Vers 777, Regnar Lodbrog entreprit la conquête de l'Angleterre, mais, après quelques succès, il échoua dans le Northumberland. D'autres Vikings colonisèrent l'Islande et le Groenland, ainsi que les Feroë, les Shetland, les Hébrides, etc., et atteignirent même l'Amérique. Parallèlement, et déjà vers 812 ou 813, les Vikings attaquèrent également l'empire de Charlemagne. Celui-ci voyait leurs barques tenter des descentes sur les côtes, et fortifiait l'entrée des rivières pour leur en défendre l'approche. Sa mort fut comme le signal d'une invasion générale des pirates. Leurs incursions durèrent près d'un siècle (820-911). Leur tactique consistait à remonter le cours des grands fleuves et à surprendre les villes. D'abord ils n'avaient fait que piller et ravager; mais, n'éprouvant pas de résistance sérieuse de la part des faibles successeurs de Charlemagne, ils finirent par occuper le pays. Encore faut-il distinguer ici les simples stations (de 850 à 879) et les établissements proprement dits. Les grandes stations des Normands en France furent au nombre de quatre : la première aux Bouches de la Meuse, à Walcheren et à Duerstad (d'où ils se jetaient sur les rives de l'Escaut) la deuxième sur la Seine, près de Vernon, à l'île d'Oissel et à Jeufosse, d'où ils pillèrent Paris, Melun, Meaux, Troyes, etc.; la troisième sur la Loire ou aux environs, à Nantes, à Angers, à Noirmoutiers, à Saintes : pillages jusqu'à Orléans et Bourges; la quatrième dans la Camargue, à l'embouchure du Rhône. Quant aux établissements, le premier fut le comté de Chartres, donné à Hastings en 879; ensuite vint la cession du pays entre le Rhin et la Meuse-Inférieure faite au duc Godefroy vers 882 par Charles le Gros, qui le fit assassiner peu après. Les Normands de la station de la Meuse et de l'Escaut vinrent assiéger Paris avec les Normands de la Seine, en 885, pour venger la mort de leur chef Godefried, tué en trahison par Charles le Gros; mais ils cessèrent leurs incursions, à la suite d'une victoire que remporta sur eux, à Louvain, Arnoul, roi de Germanie, en 891. Les Normands de la Seine eurent pour principaux chefs Ogier, Björn, Côte-de-Fer et Rollon, qui obtint de Charles le Simple, en 912, par le traité de St-Clair-sur-Epte, la partie de la Neustrie qui prit le nom de duché de Normandie. Les Normands de la Loire eurent pour principal chef Hastings, qui tua Robert le Fort, comte de l'île-de-France, au combat de Brissarthe, en 866; et qui, devenu chrétien, obtint le comté de Chartres de Charles le Chauve. Les Vikings dès lors ne furent plus dangereux : maîtres de la Manche et de la basse vallée de la Seine, ils repoussèrent les autres pirates. Même après leur établissement définitif en France, Les Vikings se signalèrent encore par de grandes entreprises : les plus célèbres sont leurs expéditions en Italie et en Sicile, où ils formèrent le royaume des Deux-Siciles au milieu du XIe siècle, et la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Bâtard (1066). | |||
L'époque des raids Depuis que Charlemagne avait pacifié l'Allemagne, l'invasion qui, durant tant de siècles, s'était portée vers le Rhin, avait été forcée de changer son cours. Au lieu de se faire par terre, elle se fit par mer et prit le caractère de la piraterie. Accumulés dans la péninsule cimbrique, les Vikings en sortirent sur leurs barques et se lancèrent par petites flottes sur la route des cygnes, comme disent les vieilles poésies nationales. Tantôt ils côtoyaient la terre, et guettaient leurs ennemis dans les détroits, les baies et les petits mouillages, ce qui leur fit donner le nom de Vikings ou enfants des anses : tantôt ils se lançaient à leur poursuite à travers l'Océan. Les violents orages des mers du Nord dispersaient et brisaient leurs frêles navires, tous ne rejoignaient point le vaisseau du chef, au signal du ralliement; mais ceux qui survivaient à leurs compagnons naufragés n'en avaient ni moins de confiance ni plus de souci; ils se riaient des vents et des flots, qui n'avaient pu leur nuire La force de la tempête, chantaient-ils, aide le "bras de nos rameurs, l'ouragan est à notre service, il nous jette où nous voulions aller". (Augustin Thierry).Les premières invasions vikings que l'histoire signale sont des dernières années du VIIIe siècle et eurent pour théâtre la Grande-Bretagne. En 791 et 793, des pirates vikings tirent des incursions en Mercie, en Northumbrie et s'établirent quelque temps dans l'île de Lindisfarne, où ils saccagèrent le monastère de Saint-Cuthbert. En 800, ils apparurent sur les côtes septentrionales de France dont ils longèrent le littoral jusqu'en Aquitaine. Grâce aux mesures prises aussitôt par Charlemagne, ils n'y firent que quelques descentes sans conséquence. Des flottilles pour les poursuivre sur mer, des postes militaires pour surveiller les côtes et surtout pour protéger l'embouchure des fleuves suffirent pendant assez longtemps à les tenir en respect. Les côtes de la Frise, entre le Rhin et le Weser, seules ne purent être efficacement protégées, et, dès le règne de Charlemagne, les Vikings s'y établirent à demeure. Sous le règne de Louis le Pieux, on les revit sur les côtes de Flandre, ils dévastèrent à diverses reprises la ville alors florissante de Dorestad (auj. Wijk-te-Duerstede) dans le Wahal, ils débarquèrent fréquemment dans l'île de Noirmoutier, d'où les moines de l'abbaye de Saint-Philibert, après avoir tenté de protéger leur monastère en le fortifiant, durent se résoudre, à émigrer sur le continent; enfin ils s'emparèrent de l'île de Walcheren. Malgré ces tentatives, les précautions prises sous le règne précédent suffirent encore à leur interdire l'accès des fleuves et à empêcher toute incursion sérieuse sur le continent. C'est sur l'Angleterre que semble s'être alors porté tout l'effort des pirates. De 833 à 846, ils ne cessèrent d'y combattre avec des alternatives de succès et de revers. La guerre civile qui suivit la mort de Louis le Pieux leur livra la Gaule; la surveillance des côtes de l'Océan négligée, les garnisons des postes fortifiés retirées, ils eurent accès dans tous les fleuves, et par là ils pénétrèrent bientôt jusqu'au coeur même de l'empire. Une embarcation utilisée par les Vikings. Le navire de Gogstad, retrouvé lors de fouilles en 1880, remonte à la fin du IXe siècle; il est conservé dans le Musée des navires vikings d'Oslo. Construit en grande partie en bois de chêne, ce navire a 24 m de long et 5 m de large; il a été conçu pour transporter 32 rameurs. Source : The World Factbook. Lothaire leur céda dès l'abord l'île de Walcheren et dès lors ils s'établirent à demeure à l'embouchure de l'Escaut. Dès 840, ils pénétrèrent dans la Seine, pillèrent et brûlèrent Rouen le 14 mai, saccagèrent ou rançonnèrent les abbayes de Saint-Ouen, de Jumièges et de Saint-Wandrille. Un peut plus tard, à l'embouchure de la Canche, ils s'emparèrent de Quentovie, l'un des principaux ports de la Gaule, et le ruinèrent si complètement qu'on en cherchait naguère encore l'emplacement exact. Un peu plus tard, de Noirmoutier, où ils étaient établis, les Vikings partaient pour remonter la Loire, s'emparaient de Nantes, dont ils massacraient l'évêque dans sa cathédrale, et remontaient ,jusqu'à Tours. Vers le même temps, ils entraient dans la Gironde, atteignaient Toulouse et se répandaient dans le pays jusqu'au pied des Pyrénées où ils se heurtaient à la résistance des montagnards. Bientôt ils atteignaient les côtes de Galice, d'où ils étaient repoussés par le roi des Asturies, entraient dans le Tage, débarquaient à Cadix, et arrivaient en 844 à Séville, où ils essuyaient une défaite de la part des Maures. Une histoire en pointillés. On sait du moins comment se faisaient les expéditions des Vikings; des flottilles de grandes barques en nombre variable, contenant chacune de 50 à 70 hommes, se groupaient sous le commandement d'un chef. Souvent plusieurs flottilles se réunissaient pour une campagne. Ces flottilles pénétraient par l'embouchure des fleuves, débarquaient des hommes dans une île où ils se fortifiaient et qui devenait bientôt un établissement permanent, point de départ pour les expéditions, lieu de dépôt pour le butin, de garde pour les otages, de ravitaillement, et éventuellement place de retraite et de défense. C'est ainsi qu'ils occupèrent, entre autres, Walcheren et d'autres îles des bouches de l'Escaut, les îles en face de Jeufosse, sur la Seine, Noirmoutier aux approches de la Loire, puis l'île de Biesse, dans le fleuve même, en face de Nantes, et la Camargue à l'embouchure du Rhône. De là partaient de rapides incursions, soit sur terre et par les routes, soit le plus souvent par eau, en remontant le fleuve et ses affluents. On y employait des barques plus petites qu'on remorquait à la cordelle ou même qu'on tirait à terre et qu'on traînait sur des rouleaux lorsque le fond manquait ou que la rivière présentait des obstacles. Tous ceux qui se trouvèrent à proximité de leurs passages furent d'abord rançonnés à diverses reprises, et, lorsque leurs ressources eurent été épuisées, ou.bien lorsque les moines épouvantés eurent pris la fuite, ils furent saccagés, incendiés et détruits. Naturellement ils ne se faisaient pas faute de piller les habitations des pays qu'ils traversaient, massacrant les populations et dévastant à tel point que souvent, dit un chroniqueur, « il ne restait pas un chien qui pût aboyer après eux ». Pourtant, lorsqu'ils y trouvaient intérêt, ils faisaient aussi des prisonniers; comme tous les pirates de tous les temps et de tous les pays, ils s'emparaient d'otages qu'ils rendaient moyennant rançon. C'est ainsi qu'en 858 ils réussirent à s'emparer de deux grands personnages du royaume franc; Gozlin, le futur évêque de Paris, et son demi-frère, Louis, abbé de Saint-Denis et grand chancelier de Charles le Chauve. Tous deux ne furent relâchés que moyennant une énorme rançon, payée pour le premier par l'église de Reims et pour le second par son abbaye. Acheter la tranquillité? De même quelques années plus tard, en 860, Charles le Chauve, désespérant de refouler la grande armée normande de Björn, cantonnée à Jeufosse et maîtresse de tout le cours de la Seine, traita, pour s'en débarrasser, avec les bandes de Weland qui exploitaient alors le cours de la Somme. Pour payer le prix énorme qu'elles fixaient à leur concours, Charles le Chauve dut lever dans tout le royaume un impôt extraordinaire sur les églises, les nobles, les marchands et jusqu'aux plus pauvres gens à proportion de leur fortune, et, comme la perception prenait du temps, les Vikings, impatients de leur, inaction, demandèrent des otages et s'en allèrent faire une expédition en Angleterre. De retour l'année suivante, ils reçurent, outre la somme convenue, des bestiaux et des vivres qu'on leur livra pour éviter la dévastation du pays et se mirent en devoir d'exécuter la convention. Weland avec 200 barques remonta la Seine jusqu'à Jeufosse, fit passer 60 barques par l'Epte pour prendre à revers les Vikings retranchés dans l'île, qui se trouvèrent ainsi bloqués et bientôt affamés. Mais alors ils traitèrent avec leurs assiégeants, et bientôt, remontant la Seine de conserve, ils allèrent hiverner les uns dans les îles situées en face de Melun, les autres dans la boucle de la Marne, à l'abbaye qui fut plus tard Saint-Maur-des-Fossés. Le plus souvent, pour payer tributs aux pirates, on ne demandait même bas leur coopération; on achetait leur départ. Charles le Chauve et ses successeurs ne se firent pas faute de traiter avec eux dans ces conditions, mais ils éprouvèrent combien de pareilles négociations étaient décevantes. D'abord parce que la paix qu'on obtenait ainsi était de courte durée, de pareilles conventions devenant fatalement une prime à la piraterie; mais aussi parce que l'exécution même de la convention n'était rien moins qu'assurée : par suite de l'organisation des armées normandes, il fallait traiter en effet non seulement avec le chef de l'expédition; mais avec tous les chefs, ceux d'entre eux avec lesquels il n'y avait pas eu entente ne se considérant pas comme liés par ces engagements. La seconde vague viking La seconde moitié du IXe siècle est l'époque où les incursions des Vikings eurent la plus grande extension : depuis les bouches de l'Elbe jusqu'à l'embouchure de la Gironde, les pirates pénétrèrent dans tous les fleuves de la mer du Nord, de la Manche et de l'Océan. Etablis dans la Frise, ils remontent le Rhin jusqu'à Worms, atteignent Trèves par la Moselle, et de Cologne font une expédition sur Aix-la-Chapelle; par l'Escaut et ses affluents, ils dévastent la Flandre; en remontant la somme, ils attaquent Abbeville, Amiens et l'abbaye de Saint-Riquier; maîtres du cours de la Seine, ils menacent Troyes, s'engagent dans tous les affluents, l'Eure, l'Andelle, l'Oise, la Marne, l'Yonne, et portent successivement le pillage dans la Picardie, le Beauvaisis, le pays chartrain, la Champagne et la Bourgogne. La Loire leur livre les riches abbayes riveraines de Saint-Florent, de Saint-Maux, de Marmoutier, de Saint-Martin et les villes de Nantes, d'Angers, de Saumur, de Tours, de Blois et d'Amboise; à Orléans seulement, ils trouvent la résistance organisée par l'évêque et subissent un échec. En Aquitaine, ils saccagent Angoulême, Saintes, Poitiers, Bordeaux, Périgueux, Toulouse, Bourges et Limoges. Repoussés des côtes d'Espagne, ils passent le détroit de Gibraltar et vont jusqu'à l'embouchure du Rhône s'établir dans la Camargue, d'où ils remontent jusqu'à Valence. Puis ils cinglent vers l'Italie où, entre autres villes, ils s'emparent de Pise, qu'ils dévastent, et de Luna, que, d'après une ancienne légende, ils auraient prise pour Rome. Nulle part en Gaule ils n'éprouvèrent de résistance sérieuse. Alliances et mésalliances. « Le nombre est grand, disait en 886 un archevêque de Reims, de ceux qui ont abandonné la religion chrétienne pour s'associer aux païens et se mettre sous leur protection. »Et cependant, chaque fois qu'une résistance locale était organisée, elle était suivie d'assez de succès pour montrer que, si l'on coordonnait les efforts, et surtout que si on pouvait les rendre durables, il ne serait pas impossible de refouler l'invasion. Mais toute action sérieuse était entravée par l'anarchie où se trouvait l'empire. En 858, Charles le Chauve; qui témoigna parfois d'une volonté énergique, résolut de faire un grand effort pour chasser les Vikings de la Seine. Il réussit à déterminer son neveu Lothaire à coopérer avec lui; tous deux rassemblèrent une armée nombreuse et s'avancèrent sur les deux rives de la Loire, de manière à isoler les Vikings cantonnés dans l'île de Jeufosse. En même temps, Charles avait rassemblé les barques nécessaires pour débarquer dans l'île et y donner l'assaut au camp viking. Mais les grands du royaume mécontents choisirent ce moment pour se révolter et appeler Louis le Germanique, qui, profitant de l'absence de Lothaire pour traverser la Lorraine, arriva en Champagne pour tendre la main aux rebelles et déposséder son frère. Celui-ci dut abandonner les Normands pour faire volteface et faillit y perdre sa couronne. Quelques années plus tard, il s'avisa de mesures qui, s'il avait pu les appuyer de forces suffisantes, auraient pu réussir; elles consistaient à entraver la navigation des cours d'eau en y établissant des ponts fortifiés. Le premier fut établi en 862, sur la Marne, à Trilbardou, à quelques kilomètres en aval de Meaux, et eut aussitôt pour résultat de contraindre à capituler les Vikings qui s'étaient aventurés jusqu'à cette ville, et même de débarrasser complètement la Seine des pirates. Charles se hâta de profiter de ce répit pour entreprendre la construction d'un pont semblable près de Pitres, un peu en aval du confluent de l'Eure et de l'Andelle, à l'endroit où se trouve aujourd'hui le Pont de l'Arche. Achevé, il aurait fermé aux Vikings l'accès de ces rivières et du fleuve; mais les travaux conduits trop mollement n'étaient pas terminés quatre ans plus tard,. et les Vikings, forçant le passage, remontaient encore jusqu'à Saint-Denis et à Melun et réduisaient le prince à acheter leur départ en payant un nouveau tribut. En 868, le pont de Pitres fut rétabli et achevé, et réussit, en effet, à arrêter les Vikings. Un pont analogue fut construit sur l'Oise et un autre plus important à Paris, probablement à la pointe de la cité, et non, comme on le dit d'ordinaire, sur l'emplacement du Pont-au-Change. Le siège de Paris. En cette année, de nombreuses flottilles se réunirent en une grande armée commandée par Siegfried. Aux Vikings de la Seine se joignirent des bandes du Bessin, de la Loire, de l'Escaut et même d'Angleterre; elles s'emparèrent de Rouen (25 juillet), forcèrent le passage de Pitres, enlevèrent des fortifications élevées à la hâte à Pontoise et se présentèrent le 25 novembre fortes de 40 000 hommes devant la cité de Paris, défendue par l'évêque Gozlin et le comte Eudes. La flotte, composée de 700 barques, sans compter les embarcations plus légères, couvrait la Seine jusqu'à une douzaine de kilomètres en aval de Paris, au dire d'un contemporain. Le pont fortifié, élevé à la pointe de la Cité, défendu à ses extrémités et sur le terre-plein sur lequel il s'appuyait par des tours, barrait le fleuve dans toute sa largeur. L'effort des Vikings se porta d'abord sur la tour de la rive droite, mais leurs attaques échouèrent; une crue du fleuve ayant emporté le pont de la rive gauche, la tête en fut isolée de la cité et la tour tomba au pouvoir des assiégeants. Mais la cité continua à tenir bon dans l'attente des armées de secours amenées par Henri de Saxe et l'empereur Charles le Gros. Après dix mois d'un siège héroïque, celui-ci campa sur les hauteurs de Montmartre; mais, au lieu d'attaquer les Normands, il négocia et acheta leur retraite en leur laissant la faculté de remonterr la Seine au delà de Paris jusqu'en Bourgogne et en Champagne. Le royaume était de nouveau abandonné à la dévastation et au pillage. Les envahisseurs et la naissance de la féodalité. Pied à terre. Depuis cette époque, les invasions scandinaves diminuèrent progressivement. Les pirates de la Loire continuèrent, quelque temps encore leurs expéditions dans ce fleuve et dans la Gironde, mais ils subirent des échecs décisifs sous le règne du roi Raoul après lequel ils ne tardèrent pas à disparaître. En Normandie, le duc Richard, en 962, pour se défendre contre le roi de France, fit appel à ses compatriotes qui s'établirent de nouveau à Jeufosse, d'où ils dirigèrent des expéditions dans les vallées de la Seine et de l'Eure; mais Richard lui-même, la paix faite, débarrassa le royaume de ces pirates en leur fournissant des vaisseaux et des pilotes pour les conduire en Espagne. Dans le Nord même, l'industrie de la piraterie prenait fin peu à peu. Les Scandinaves devenaient agriculteurs, artisans, marchands ou pécheurs. Au XIe siècle, quelques expéditions furent encore dirigées sur les îles du Nord de la Grande-Bretagne où des colonies de pirates normands subsistèrent jusqu'au XIIIe siècle. Les pèlerinages d'outre-mer fournirent aux Normands convertis le moyen de satisfaire l'esprit d'aventure qu'ils conservaient encore. En 1016, an cours d'un de ces pèlerinages au Monte-Gargano, dans la Capitanate, quarante pèlerins normands se mirent à la solde des Grecs pour combattre les Maures de Sicile; ceux-ci vaincus, les Normands, appuyés par des gens du pays, se retournèrent contre leurs alliés, appelèrent à leur secours des compatriotes et, bientôt, sur les débris des principautés qui s'étaient formées dans l'Italie méridionale, ils fondèrent le royaume des Deux-Siciles. (A. G.).
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