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Arras, Atrebates,
Nemetacum et Nemetocenna est une ville de France,
dans le département du Pas-de-Calais,
sur la Scarpe; capitale de l'ancien Artois,
à 174 kilomètres au Nord de Paris;
41 000 habitants. Ancienne place forte. Arras a vu naître Lécluse,
Damiens, les deux frères Robespierre,
Joseph Lebon, etc.
La ville d'Arras était la capitale
des Atrebates. Elle fut ruinée par les Vandales
en 407; par les Vikings en 880; assiégée
en 1414 par Charles VI et occupée par
Louis XI en 1477; elle retourna volontairement
à la domination de Maximilien d'Autriche en 1492. Prise de nouveau
par les Français en 1640, elle fut définitivement cédée
à la France en 1659.
Plusieurs traités ont été
signés à Arras. Le plus connu fut conclu, pendant la Guerre
de Cent Ans, le 21 septembre 1435, entre Charles
VII et Philippe le Bon, fils de Jean sans
Peur. Il mit fin à la guerre des Armagnacs
et des Bourguignons, et les réunit
contre les Anglais : le roi cédait au duc de Bourgogne
les comtés d'Auxerre et de Mâcon,
ainsi que les villes de la Somme.
Congrès
et traité d'Arras en 1435. Les cavalcades de Jeanne
d'Arc n'avaient pu suffire à chasser les Anglais
de France; la guerre continuait toujours entre le roi de Bourges
devenu le roi de France et le régent
Bedford, mais il était évident
qu'elle ne pourrait aboutir tant que les Anglais conserveraient la précieuse
alliance de Philippe le Bon, duc
de Bourgogne, tombé dans le parti anglais en 1419,
par le traité de Troyes. Les relations de Bedford et de Philippe
s'étaient cependant bien refroidies; Charles
VII résolut d'en profiter. Sur les instances de l'Université
de France et sur celles d'une députation de bourgeois, le duc Philippe
consentit à ce qu'un congrès pour la paix générale
s'ouvrit à Arras. On devait traiter sur les bases des conférences
qui avaient eu lieu précédemment en 1434,
à Auxerre, et qui n'avaient pu alors aboutir. Outre le choix du
lieu du congrès, on était encore tombé d'accord, et
par avance, sur trois points des plus importants, à savoir :
1°
les propositions que le roi de France devait faire à celui d'Angleterre;
2°
les sessions de territoire qui seraient faites au duc de Bourgogne, dans
le cas où il renoncerait à l'alliance anglaise;
3°
l'invitation à adresser à toutes les puissances chrétiennes
de se faire représenter au congrès.
Les plénipotentiaires
arrivèrent à Arras dès le mois de juillet; le roi
Charles VII envoya le duc de Bourbon, le connétable
de Richemond, le maréchal de La Fayette, d'autres encore. Le cardinal
de Chypre
représentait le concile de Bâle, le cardinal de Sainte-Croix
représentait le pape. Une foule de princes et de barons de tous
les pays était également accourue.
Le
9 août, dans l'église
de Saint-Vaast, le congrès fut ouvert solennellement. Les plénipotentiaires
français firent aux Anglais
des propositions qui, si elles avaient été acceptées,
auraient fait rétrograder la monarchie française. Ce qu'on
leur offrait, c'était l'Aquitaine
en entier, sous réserve de l'hommage, et en plus la Normandie,
avec les diocèses de Bayeux, d'Evreux
et d'Avranches.
En compensation, Charles VII exigeait la renonciation
absolue et définitive des rois d'Angleterre à la couronne
de France.
L'ambassadeur anglais, Winchester, loin de se laisser gagner par des cessions
territoriales aussi importantes, ne voulut rien entendre et rompit toute
négociation, à la grande joie de tous les généraux
de Charles VII.
Les
Bourguignons et les Français restaient seuls en présence.
Les plénipotentiaires français, certains que, si le duc Philippe
se retirait de la lutte, Charles VII viendrait
facilement à bout des Anglais, ne négligèrent rien
pour le gagner. En vain Philippe, pour se faire acheter plus chèrement,
alléguait les serments qu'il avait prêtés en 1419,
lors de la conclusion du traité de Troyes; une consultation des
plus savants théologiens de l'époque lui prouva, par une
foule d'argumente, que ces serments étaient nuls. Ce qui le décida
bien plus encore à passer sur ses prétendus scrupules, ce
fut la mort du duc de Bedford, survenue le 14 septembre 1435.
Ce fut surtout l'énormité des sacrifices auxquels consentait
Charles VII. Le 24 septembre fut enfin signé le traité d'Arras
qui allait rendre la France à elle-même et lui permettre de
chasser l'étranger. Mais aussi à quel prix! Un des ambassadeurs
de Charles VII dut venir demander solennellement pardon au duc Philippe
de l'assassinat de Jean-sans-Peur et, pour
que l'humiliation fût plus complète, pour que son repentir
fût mieux marqué, le roi dut encore faire, à Montereau
et à Dijon, un certain nombre de fondations
pieuses.
Après
avoir ainsi honoré la mémoire de son père, Philippe
n'avait garde de s'oublier. Ce qu'il exigea pour lui, ce fut la souveraineté
pleine et entière dans ses États affranchis de toute suzeraineté
gênante du roi de France; et ces États, il les arrondissait
singulièrement aux dépens de la France; le traité
d'Arras ajoutait en effet à la Bourgogne, les comtés de Mâcon
et d'Auxerre, et la châtellenie de
Bar-sur-Seine; il donnait encore à
la Flandre, avec les comtés de Boulogne
et le Ponthieu,
les barrières mêmes de la France, c.-à-d. les villes
de la Somme, Saint-Quentin, Amiens,
Abbeville et même au delà
de la Somme, les villes de Roye et de Montdidier.
Une clause illusoire portait bien faculté de rachat pour le roi
de France de ces villes de la Somme. Mais le duc Philippe, pas plus que
son fils Charles le Téméraire,
ne lâchait facilement ce qu'il tenait, et quand, dès le début
de son règne, Louis XI profitera un moment
de cette clause, pour ressaisir les précieuses forteresses, il ne
réussira qu'à susciter contre lui une terrible coalition.
Les deux autres traités,
moins connus, qui ont aussi signés à Arras sont celui de
1414, sous Charles VI, déjà destiné
à réconcilier les Armagnacs
et les Bourguignons; et celui de 1482, entre
Louis XI et Maximilien : l'archiduc devait donner
sa fille au Dauphin.
Monuments.
Arras a été en grande partie
détruite au cours de la Première
Guerre mondiale. Ses principaux monuments ont été reconstruits
à l'identique. Parmi eux, on note : la cathédrale
grande, hardie; le bel hôtel de ville, des places magnifiques; la
citadelle construite par Vauban
en 1670.
La
cathédrale.
Avant la Révolution,
Arras possédait une cathédrale
gothique, achevée en 1484. C'était un monument en forme de
croix latine et à 3 nefs, long de 113
m, et large de 10 m à la croisée; les bas-côtés
tournaient autour du transept et du sanctuaire.
Le transept méridional offrait un porche
curieux, et la façade principale était flanquée de
deux tours d'inégale hauteur. Cette église a été
complètement démolie, et sur son emplacement s'élève
aujourd'hui une église dédiée
à Saint Nicolas.
On a pris pour nouvelle
cathédrale l'abbatiale de Saint-Waast, dont l'église, en
construction depuis 1755, n'a été terminée qu'en 1833.
L'édifice, auquel on monte par un escalier
de 48 marches, est en style corinthien,
à 3 nefs, avec transept; il a 80 m de longueur, 15 m. de largeur,
23 m de hauteur, et est éclairé par des fenêtres
peu nombreuses et de petite dimension. La voûte
de la grande nef est en berceau, soutenue sur des plates-bandes; les bas
côtés n'ont pas de voûtes, mais de simples plafonds.
Sept chapelles
sont ménagées autour des nefs collatérales. Quelques
belles statues, entre autres celles de saint Charles Borromée et
des trois Vertus théologales, ornent l'intérieur de la cathédrale
d'Arras; mais, extérieurement, cette église n'est qu'un massif
de maçonnerie.
L'hôtel
de ville.
Ce monument, un
des derniers exemples de l'emploi du style
gothique, fut bâti vers 1510; il n'a subi jusqu'à nous
que quelques modifications peu importantes. La façade
se compose, à rez-de-chaussée, d'un portique
ouvert par 7 arcades de différentes
grandeurs, et d'un étage percé de 8 grandes fenêtres
en ogives, au-dessus desquel les se trouvent
des oeils-de-boeuf découpés en rosaces.
Entre les arcades du portique, au-dessus des piliers qui les supportent,
sont disposées des niches, qui contenaient sans doute autrefois
les statues de citoyens illustres de la ville.
L'intérieur
de l'édifice est occupé en grande partie par une vaste salle,
située au premier étage. C'est à peu près la
même disposition architecturale qu'à l'hôtel de ville
de Saint-Quentin. A la gauche du spectateur
placé devant la façade, et un peu en retrait de cette façade,
s'élève un beffroi ou tour de l'Horloge, remarquable par
sa hauteur et par sa hardiesse, et surmonté d'une couronne qui portait
primitivement un lion d'airain. Il fut construit par un certain Jacques
Caron, ainsi que l'atteste une inscription de l'intérieur. (B.). |
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