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Lille
Lille, autrefois l'Isle, lnsula, en flamand Ryssel est une ville de la France, chef-lieu du département du Nord, sur le canal de la Sensée à la mer et sur la Moyenne-Deule à 222 kilomètres au Nord-Nord-Est de Paris; population :  212 600 habitants.

Histoire.
C'est au XIe siècle seulement que le nom de Lille (Insula) apparaît dans l'histoire. Tout ce qu'on a raconté d'antérieur à cette époque n'est que légendes fabuleuses dépourvues de tout fondement historique. Au XIe siècle, Lille était une bourgade vraisemblablement féodale. Il est probable qu'un château, élevé pour résister aux Vikings fut l'origine de la ville, mais ses progrès ne datent que du règne de comte de Flandre, Baudouin V (1036-1067) auquel est resté le surnom de Baudouin de Lille. C'était déjà une ville forte lorsqu'en 1054 elle put résister à l'empereur Henri III; l'année suivante le comte y fonda la collégiale de Saint-Pierre. Dès ce temps, le commerce y avait pris un certain développement, et la ville était le siège d'un marché et de foires. Il est certain que l'avènement de Guillaume Cliton au comté de Flandre fut pour les habitants de Lille l'occasion d'obtenir une charte de commune : on sait qu'ils se soulevèrent en août 1127 contre le comte qui assiégea la ville et  la condamna à une amende de 1400 marcs d'argent, amende énorme qui prouve quelle prospérité Lille devait avoir acquise. Thierry d'Alsace, successeur de Guillaume Cliton, confirma la charte, de commune, mais cette confirmation ne s'est pas conservée plus que la charte primitive. Fidèles cette fois à leur suzerain, les habitants défendirent leur ville contre le roi de France et le forcèrent à abandonner le siège de la ville (mai 1128). Depuis lors, le comte Thierry d'Alsace et ses successeurs paraissent avoir fait de Lille l'une de leurs principales résidences. Ce fut au XIIe siècle que la ville devint l'une des plus florissantes de la Flandre, grâce à l'industrie de la laine qui y prit un essor extraordinaire. 

Ce développement fut compromis par la guerre survenue entre le comte Ferrand et le roi Philippe-Auguste; celui-ci s'empara de Lille en juin 1213, et y laissa son fils, Louis, avec une nombreuse garnison, qui y soutint bientôt un siège contre le comte Ferrand; celui-ci dut se retirer, mais ne tarda pas à revenir et put entrer dans la place lorsque l'armée qui l'avait défendue se fut retirée à l'approche de l'hiver. Le roi de France fit à son tour un retour offensif, s'empara une seconde fois de Lille et la traita cette fois avec la dernière rigueur : la ville entière fut incendiée. Si complète qu'ait été la destruction, les habitants demeurèrent cependant, car on les voit quelques années après prendre parti pour le faux comte Baudouin, garantir le traité de Melun, conclu en 1226 entre le comte Ferrand et le roi de France, et rétablir en 1219 Ies fortifications. Bientôt aussi prospère qu'auparavant, la ville obtenait de nouveaux privilèges municipaux, réédifiait sa halle, établissait de nouvelles foires, élevait des fontaines, améliorait les voies navigables qui la traversaient, et pouvait néanmoins faire face aux exigences énormes et aux amendes considérables que le comte et le roi lui imposaient. Malheureusement la guerre vint une seconde fois ruiner cette prosperité. 

A la suite des intrigues de Philippe le Bel, la guerre fut déclarée entre le comte et le roi, et celui-ci, envahissant la Flandre, vint s'établir devant Lille le 23 juin 1297, et, après neuf semaines de siège, contraignit la place à capituler. Plusieurs campagnes successives achevèrent pendant les années sui vantes la conquête de la Flandre. Elle fut conquise, mais point soumise; de toutes parts les révoltes éclatèrent, et le pays ne cessa d'être désolé par les chevauchées des armées. En août 1302, Lille fut reprise par les Flamands; les débris de leur armée vaincue s'y réfugièrent après la bataille de Mons-en-Pevêle (18 août 1304); Philippe le Bel les y suivit et assiégea de nouveau la ville, qui dut capituler le 24 septembre. Mais la guerre ne cessa pas : en 1314, Lille fut encore assiégée par les Flamands, cette fois sans succès. Vingt ans durant, le pays ne cessa d'être ravagé par la guerre à laquelle s'ajouta en 1316 les horreurs de la famine, en 1349 celles de la peste.

En même temps la guerre de Cent ans vint ajouter encore aux malheurs du pays; Flamands, Anglais, Français saccagèrent, pillèrent, brûlèrent à l'envi, ne laissant aux malheureux habitants ni trêve ni relâche. En 1369, le mariage du frère de Charles V, Philippe le Hardi avec l'héritière de Flandre, détacha de la France la Flandre wallonne et Lille qui suivirent désormais les destinées de la Flandre et avec elle passèrent de la maison de Bourgogne à la maison d'Autriche. Sous les ducs de Bourgogne, Lille fut particulièrement favorisée; l'industrie et le commerce s'y déve loppèrent de nouveau; les arts y fleurirent, mais jamais cependant la ville ne retrouva la prospérité qu'elle avait connue sous les comtes de Flandre : les impôts étaient trop accablants; la situation financière de la ville ne cessa d'être embarrassée, et plusieurs fois elle dut suspendre le paiement des arrérages de ses emprunts ou, pour parler crûment, recourir à la faillite. 

Lors de la guerre de Dévolution, Louis XIV vint en 1667 mettre le siège devant Lille qui capitula après neuf jours de tranchée ouverte, mais en obtenant le maintien de ses coutumes, privilèges, franchises et libertés. Les fortifications furent aussitôt reconstruites par Vauban. Pendant la guerre de la succession d'Espagne, Lille fut investie par la prince Eugène le 12 août 1708, et défendue par le maréchal de Boufflers qui, après une héroïque résistance dut capituler le 23 octobre, mais tint longtemps encore dans la citadelle qui ne se rendit que le 9 décembre. Le traité d'Utrecht restitua cinq ans plus tard la ville à la France. En 1792, le 25 septembre, l'armée autrichienne, forte de 34,000 hommes, vint mettre le siège devant Lille; elle la bombarda sans relâche du 29 septembre au 8 octobre. Presque dépourvue de garnison, la ville fut défendue par ses habitants et ses fameux canonniers avec tant d'acharnement que l'armée d'investissement dut se retirer vers Tournai. La Convention nationale décréta que Lille avait "bien mérité de la patrie". Une colonne monumentale érigée en 1848 sur la grande place rappelle ce fait, le plus connu des annales militaires de la ville.

Ils sont nés à Lille.
Gautier de Lille, poète du XIIe siècle; Jacquemart Gelie, l'un des auteurs du Roman du Renart; le P. Gratien, les botanistes Lestiboudois et Desmazières, le géographe Gosselin, les archéologues Gailhabaud et de Saulcy, le sculpteur Monoïer, le peintres Monnoyer, Wicar, Ducornet, Motlez et Carolus Duran, l'architecte Delarue, l'éditeur Panckouke, le chimiste Dubranlant, le général Faidherbe, etc.

Monuments.
Des anciennes fortifications du Moyen âge, il ne subsiste que quelques parties, et
notamment la Noble-Tour, édifice cylindrique du XIVe ou du XVe siècle, dont il ne subsiste que le rez-de-chaussée. Des fortifications du  XVIIe siècle, trois portes ont été conservées; ce sont : la porte de Paris (mon. hist.), qui date de 1682, arc de triomphe d'ordre dorique, terminé par un trophée surmonté par une victoire couronnant le buste de Louis XIV; les portes de Gand ou de la Madeleine (1617) et celle de Roubaix ou de Saint-Maurice (1622). La citadelle de Vauban est un pentagone irrégulier; elle est séparée de la ville par une vaste esplanade, des Promenades et le canal de la Moyenne-Deule. 

Les édifices religieux sont : 

Notre-Dame de la Treille, commencée en 1855 sur les plans de deux architectes anglais, restée longtemps inachevée, et dont les travaux reprirent en 1892. Elle est en style gothique du XIIIe siècle. On y vient en pèlerinage vénérer une statue de la Vierge qui en remplace une plus ancienne trouvée dans une treille au XIe siècle, d'après la tradition.

L'église Sainte-Catherine des XVe, XVIe et XVIIIe siècles; elle contient de beaux vitraux modernes et surtout un tableau de Rubens représentant le Martyre de sainte Catherine. Sur la tour de cette église fut établi en 1794 le plus ancien télégraphe aérien, dont la première dépêche annonça à Paris la reprise de Condé (1erseptembre);

L'église Sainte-Madeleine, édifice à dôme bâti en 1675 et dont la façade n'a été achevée qu'en 1886; il s'y trouve plusieurs tableaux des grands maîtres flamands, mais
gâtés par des restaurations.

Et aussi : l'église Saint-Etienne, ancienne église des jésuites, bâtie en 1696. Chaire dessinée par Rude. L'église Saint-Maurice édifice du XIe siècle (mon. hist.). L'église Saint-André, édifice de 1702 avec clocher du XIXe siècle; nombreux tableaux flamands. L'église Saint-Pierre et Saint-Paul, église paroissiale de l'ancienne commune de Wazemmes, édifice moderne de style roman. L'église Notre-Dame de Consolation, construction moderne. L'église Saint-Michel, édifice moderne de style roman. L'église du Sacré-Coeur, édifice moderne de style gothique du XIVe siècle. La synagogue, achevée en 1892.

Parmi les édifices civils, le plus intéressant est le palais de la Bourse (mon. hist.), commencé en 1632 par l'architecte J. Destrez. Il est formé de quatre corps de logis encadrant une cour de cloître, au milieu de laquelle s'élève la statue de Napoléon ler protecteur de l'industrie, par Lemaire, fondue en 1854 avec les anciennes machines de la Monnaie de Lille, qui elle-mêmes avaient été fabriquées avec le bronze des canons pris à Austerlitz. Le style de l'édifice rappelle la Renaissance flamande plus
que le siècle de Louis XIV. L'hôtel de ville a été construit en 1846 sur l'emplacement de l'ancien palais des comtes de Flandre, dont il n'a été conservé que la partie renfermant l'ancien escalier (mon. hist.), remontant au XVe siècle. La préfecture est un palais lourd et somptueux élevé en 1868.

Le Palais des arts, élevé de 1888 à 1893 pour recevoir les musées qui sont la grande richesse artistique de Lille. C'est une construction lourde, disgracieuse et bizarre qui, de l'avis unanime, n'a pas même le mérite d'être approprié à son objet. Les collections qu'il renferme sont d'un intérêt exceptionnel. Il faut signaler spécialement le musée de tableaux qui renferme des oeuvres de premier ordre des maîtres anciens et modernes, et le musée Wicar, ainsi nommé du nom de son donateur, collection d'environ 1500 dessins de maîtres italiens, où les plus grands noms sont représentés par des oeuvres superbes. Il renferme en outre la fameuse Tête de jeune fille en cire, sur laquelle on a tant disserté et qui est probablement une oeuvre du XVIe siècle, de l'école de Léonard de Vinci, peut-être du maître lui-même. Palais Rameau, affecté à des expositions et à des concerts. Statue du général Négrier par Bru, élevée en 1849.  Monuments du sénateur Testelin, par Cordonnier, et du général Faidherbe, par Mercié, élevés en 1894, etc. (GE).

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Dictionnaire Villes et monuments
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