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Blois |
Blois (Blesense castrum, Blesensis urbs, Blesa) est une ville de France, dans le département du Loir-et-Cher, sur la rive droite de la Loire; 50 000 habitants (2010). Les origines de Blois remontent à une haute antiquité. On est assuré que son territoire était, à l'époque gauloise, occupé par une tribu nombreuse des Celtes, et plus exactement des Carnutes, peuplade puissante dont les limites s'étendaient bien au delà de sa ville principale, Chartres, et confinaient à la région dont Bourges était le centre. Ces lointaines origines sont attestées par de nombreux monuments celtes dont le sol nous a conservé des fragments, tels que routes, tombelles, médailles, etc. Le nom même de Blois serait celtique au dire de certains historiens qui le font venir du mot bleiz, gardé dans la langue bretonne et signifiant loup. Le voisinage des forêts, encore existantes, de Blois, de Boulogne et de Russy, donne une vraisemblance à cette étymologie. - Blois et la Loire. Ci-dessous : les jardins de l'Evêché, au premier plan, le pont sur la Loire et, au fond, le quartier de Vienne. La première mention historique de Blois ne se rencontre cependant qu'au VIe siècle, dans Grégoire de Tours, qui n'en parle même qu'incidemment, mais nous avons la preuve qu'à l'époque mérovingienne il existait à Blois un atelier monétaire; les monnaies d'or qui y furent frappées représentaient, au droit, une croix, et en légende : Bleso castro; le revers portait une tête et le nom d'un officier de l'atelier. Il nous faut arriver ensuite au IXe siècle; c'est l'époque des invasions normandes (Les Vikings) et elles n'épargnèrent pas Blois, dont la plupart des maisons furent détruites en 854.
Déjà cependant une forteresse s'élevait là où nous voyons aujourd'hui le château; les moines de l'abbaye de Corbion (dans le Perche) vinrent y chercher un refuge et un abri pour les reliques de saint Laumer qui, depuis, ne quittèrent plus la ville. Le pays appartenait alors à la puissante famille des comtes de Paris, qui, plus tard, devinrent rois de France avec Hugues Capet; cependant il ne passa pas dans le domaine royal en 987, car, dès 924, il était entre les mains du célèbre comte Thibaut le Tricheur; c'est en cette année que fut écrite la plus ancienne charte relative à Blois dont nous ayons conservé le texte : celle par laquelle le roi Raoul concéda aux moines de Saint-Laumer l'église de Saint-Lubin et le faubourg du Foix. Avec les comtes de Champagne, successeurs de Thibaut le Tricheur, Blois devint le chef-lieu d'un comté et entra dans le régime féodal. Il nous est resté un très grand nombre d'actes du temps de la domination des comtes : en 1196, le comte Louis accorda quelques privilèges aux habitants de la ville, notamment l'affranchissement des serfs et la conversion en un droit fixe de cinq sols par maison, dit droit de festage, de la taille arbitraire que ses prédécesseurs avaient jusque-là perçue. Il est probable que la commune de Blois fut constituée par le même comte, bien que l'acte de 1196 ne le spécifie pas, mais on peut l'inférer de ce que la charte d'affranchissement de Romorantin, identique, sauf sur ce point, à celle de Blois et datée également de 1196, autorise les bourgeois à élire chaque année douze d'entre eux pour administrer les affaires de la ville.
La guerre de Cent ans fit connaître de tristes jours à la région blésoise. Pendant que l'armée de Jean le Bon s'avançait sur la rive droite de la Loire, les Anglais, sous la conduite du prince de Galles, dévastaient l'autre rive (1356) et atteignaient le faubourg de Vienne; on sait l'issue de cette campagne à Poitiers. Après la défaite des Français, les troupes anglaises restèrent longtemps en garnison à Blois et aux environs, où elles exercèrent de grands ravages. Quelque temps après, le comte Guy de Châtillon, ruiné par ces guerres, se décida, en 1397, à vendre son comté au duc Louis d'Orléans. Froissart a raconté les détails de cette négociation. qui ne se fit pas sans difficultés; car les négociateurs n'y réussirent qu'en circonvenant la femme du comte, Marie de Namur, « [...] Donc se retournèrent les seigneurs à la comtesse de Bloys et luy dirent tant de paroles colorées et comment au tems à venir ce serait une poure femme et que bien mieux lui valoit qu'elle demeurast une dame riche et puissante, garnie d'or et d'argent et de beaux joyaulx que toute nue et poure, car elle estoit trop bien tailliée pour ne pas survivre au comte son mary, et que c'estoit son advantage qu'elle conseillast au comte son mary que ceste marchandise se fist. La comtesse qui estoit une femme convoiteuse s'inclina à ceste idée et procura le tout avecques ung varlet de chambre du comte; ce varlet appellé Sohier avait tellement surmonté le comte que tout se faisait par luy. Ainsy le comte Guy de Blois, mon seigneur et mon maistre, comme mal conseillié par sa femme et son varlet, fit ce poure marché. Or, après la conclusion de ceste affaire, le Roi et les seigneurs prirent congié du conte Guy et s'en retournèrent en France. »La vente avait eu lieu au prix de 200 000 francs d'or. En dépit d'un marché si avantageux et qu'il avait tant désiré, Louis d'Orléans n'habita guère Blois, s'il y habita jamais; sa lutte avec le duc de Bourgogne le retenait ailleurs. Après son assassinat en 1407, sa veuve Valentine de Milan vint y cacher sa douleur, et les murailles du château furent recouvertes de tentures noires ou se lisait la célèbre devise : « Riens ne m'est plus; plus ne m'est riens. »Elle mourut dans cette ville l'année suivante. En 1429, l'invasion anglaise vint encore désoler les rives de la Loire; Blois fut épargnée, mais devint le quartier général des troupes françaises qui allaient marcher à la délivrance d'Orléans. Jeanne d'Arc y arriva au mois d'avril et c'est là, dans l'église Saint-Sauveur, qu'elle fit bénir son étendard par l'archevêque de Reims, Renaud de Chartres; elle en partit le 28 avril. Blois connut des jours heureux lorsqu'en 1440, Charles d'Orléans, fils de Louis, vint y fixer sa résidence après la longue captivité que, depuis Azincourt, il subissait en Angleterre. Il n'est pas douteux que la plupart de ses gracieux rondeaux furent écrits au château de Blois. Dans ce même château naquit, en 1462, un fils de Charles, qui fut appelé Louis et qui devait être un jour Louis XII. Ce fut là, pour Blois, un autre événement favorable, car Louis XII, tant qu'il fut duc d'Orléans, puis quand il devint roi de France, témoigna souvent de sa sollicitude pour sa ville natale. -
Nous dirons plus loin tout ce qu'il fit pour le château il faut noter ici la concession de divers privilèges qu'il accorda aux habitants de Blois, parmi lesquels celui de « mettre une fleur de lys d'or aux armoiries de la dite ville, entre le loup et le porc-épic-».Cet acte, qui est de l'an 1412, est, croyons-nous, la plus ancienne mention que l'on rencontre du blason de la ville. La fleur de lys et le porc-épic sont les emblèmes connus des ducs d'Orléans; quant au loup, nous n'en trouvons d'autre signification que dans le souvenir de l'étymologie indiquée au commencement, du nom de Blois, la forme celtique bleiz ayant pu se perpétuer pendant le Moyen âge dans le dialecte de la région. Les armes actuelles de Blois ont conservé les mêmes symboles : en voici la description, telle que nous la fournissent les lettres patentes de Louis XVIII datées du 8 mars 1817 : d'argent, à un écusson en abîme, d'azur, chargé d'une fleur de lys d'or, accosté à dextre d'un porc-épic, à senestre d'un loup de sable contrerampants et accolés, d'or. Armoiries de Blois. -
Reprenons l'ordre chronologique des événements principaux dont Blois a été le théâtre. Anne de Bretagne y mourut, dans les bâtiments neufs du château construits par Louis XII, le 9 janvier 1514. La mort de ce roi, qui survint un an après, n'eut pas, heureusement, pour effet de mettre fin à la faveur que le hasard d'une naissance et le charme de sa situation avaient value à la ville; bien au contraire, car sous les Valois, Blois demeura le séjour presque constant et pour ainsi dire officiel de la cour.
On sait que les habitants de la vallée de la Loire furent de ceux qui accueillirent la Réforme avec le plus d'empressement (La Renaissance). Dès 1530, Blois comptait des luthériens, dont le nombre ne fit que s'augmenter chaque jour, et, vers 1556, un temple protestant y fut fondé par l'apôtre le plus fervent des nouvelles doctrines, Simon Brossier. Les Guerres de religion ne tardèrent pas à suivre et vinrent encore désoler le pays. A deux reprises, en 1562 et en 1567, Blois fut pillée par les troupes du prince de Condé et celles des Guise qui se disputaient sa possession. Moins de dix ans après, cependant, ces désastres durent être réparés car la ville put être choisie pour lieu de réunion des États généraux de 1576, et de nouveau elle reçut ceux de 1588, tristement célèbres par l'assassinat du duc de Guise et de son frère le cardinal. Après cet attentat, Henri III quitta Blois pour n'y plus revenir, et dès lors la ville perdit toute importance politique. Pendant le XVIIe siècle, ses annales n'offrent guère d'intérêt. Marie de Médicis fut exilée au château de Blois en 1617, après la mort de Concini; elle y resta deux ans, entourée d'espions et presque prisonnière de son fils; dans la nuit du 20 février 1619 elle réussit à s'évader en descendant par une échelle de corde dans les fossés du château. Quelques années plus tard, Louis XIIIdonnait en apanage à son frère Gaston le duché d'Orléans et les comtés de Blois et de Chartres. Ce fut Blois que le nouveau duc choisit comme résidence et il y resta jusqu'à sa mort en 1660. Cette résidence de plus de vingt années fut un bienfait pour les Blésois; ils n'eurent qu'à se louer de son administration.
La révocation de l'édit de Nantes, en dépouillant et exilant les nombreuses familles de religionnaires (parmi lesquelles celle de Denis Papin) dont beaucoup appartenaient à la bourgeoisie, porta un coup terrible à la prospérité du pays. Le gouvernement de Louis XIV employa tous les moyens d'y remédier, et notamment, fit de Blois, en 1697, le chef-lieu d'un évêché : ce fut en vain, et les conversions achetées ou imposées par la force ne purent compenser la dépopulation. Il suffit de quelques mots pour rappeler les faits dont Blois a été le théâtre ensuite. La Révolution y fut acceptée avec enthousiasme et sans effusion de sang, grâce au célèbre abbé Grégoire, évêque constitutionnel du diocèse pendant les années 1791-1793. L'insurrection vendéenne jeta l'alarme dans la ville, et pour lui couper la retraite au Sud de la Loire, les Blésois n'hésitèrent pas à faire sauter une arche du pont. Ils refirent le même sacrifice en 1870, quand l'armée allemande vint camper sur la rive gauche, mais sans succès; un bombardement de quelques heures les força à capituler et à recevoir l'ennemi, qui occupa la ville jusqu'au mois de mars 1873. Ajoutons que Blois a vu naître plusieurs personnages célèbres, parmi lesquels Pierre de Blois, écrivain scolastique du XIIe siècle, Denis Papin que l'on vient de mentionner, Florimond de Beaune, géomètre du XVIIe siècle, le généalogiste Ange de Sainte Rosalie, les historiens Bernier, Pardessus, Augustin Thierry, de la Saussaye, Armand Baschet, l'inventeur François Charpentier, l'illusionniste Robert-Houdin, etc. Monuments. La château. « bel, grand, fort et plantureux, et des beaux du royaume de France ».Tel il était au XIVe siècle, tel il resta au siècle suivant; c'est à peine si Charles d'Orléans y fit faire quelques réparations et les travaux d'entretien indispensables. Dès son avènement au trône, Louis XII, qui était né dans le vieux manoir féodal, décida de le reconstruire. Les travaux furent commencés par la façade de l'est où se trouve l'entrée actuelle, au-dessus de laquelle la statue équestre du « Père du Peuple » avait été placée dès 1498; renversée par la Révolution, cette statue a été refaite sur le même dessin par Seurre. Le bâtiment construit par Louis XII ne consiste qu'en cette aile de l'est, qui forme un des petits côtés du quadrilatère; on ignore quel en fut l'architecte, mais les ressemblances de style sont frappantes avec le Palais de justice de Rouen, ou encore l'hôtel de Cluny à Paris, monuments où les archéologues s'accordent à reconnaître les caractères de la Renaissance française. - Le château de Blois, façade extérieure, dite François Ier. Le style italien apparaît d'une façon presque évidente dans la partie de l'édifice construite par François Ier. Il ne serait pas impossible qu'elle fût l'oeuvre de l'architecte Dominique de Cortone, dit le Boccador, dont la présence à Blois est constatée entre 1520 et 1530. Quoi qu'il en soit, les deux façades dont elle se compose comptent parmi les plus remarquables modèles de l'architecture du XVIe siècle, et surtout celle de la cour intérieure, ou se trouve le célèbre escalier construit dans une tourelle à jour, chef-d'oeuvre de légèreté et d'ornementation. On remarquera que la façade donnant sur la place Saint-Vincent n'est qu'un placage adossé aux murs du vieux château, que l'architecte eut le bon esprit de conserver. C'est dans cette partie du monument, - restaurée au XIXe siècle par Duban, peut-être avec plus de luxe et de dorures qu'il n'aurait convenu, - que les derniers Valois habitèrent; les salles prenant vue sur la cour servaient de salles de garde aux gens d'armes; les appartements royaux faisaient face à la place. Quand Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII, vint se fixer à Blois, il s'occupa aussitôt de reprendre les travaux du château, interrompus depuis près d'un siècle et en confia le soin à Mansart. Celui-ci conçut un plan qui consistait à renverser impitoyablement les deux ailes élevées par Louis XII et François Ier, pour bâtir à leur place un palais monumental, qui eût été assez semblable à celui de Versailles, construit par lui quelques années plus tard. Le temps et l'argent manquèrent, heureusement, à cette entreprise; le château du XVIe siècle est resté debout et Mansart n'y a ajouté qu'un pavillon, d'architecture massive, froide, non sans grandeur cependant, mais qui contraste trop avec les bâtiments si gracieux de la Renaissance pour ne pas leur sembler tout à fait inférieurs. Le quatrième côté du quadrilatère, celui qui regarde la Loire, n'a jamais été achevé; on y voit une tour datant du XIIIesiècle et dont Catherine de Médicis avait fait son observatoire astrologique, Uraniae sacrum, - et la chapelle, joli petit édifice du style flamboyant, restauré avec beaucoup de soin par Duban. Après la Révolution, le château de Blois, devenu la propriété de la ville, fut laissé dans un état d'abandon déplorable. On en fit même, en 1833, une caserne d'infanterie, ce qui acheva de le dégrader complètement. La création de la Commission des monuments historiques, en 1841, le sauva de l'oubli et de la ruine; il n'était que temps; dès lors d'importants travaux de restauration y ont été entrepris. Rappelons qu'en 1861 la ville de Blois crut devoir se dessaisir de l'édifice et l'offrir au prince impérial; cette donation a été annulée au moment de la déchéance du second Empire. En 1870, au mois de juillet, le château de Blois fut le lieu de réunion de la Haute Cour de justice, constituée pour juger une vague conspiration contre l'Empire. L'Église Saint-Nicolas.
La deuxième campagne (début du XIIle ) vit la construction de la nef, inspirée de celle de la cathédrale de Chartres. Par la suite, l'édifice ne subit que des transformations de détail. En 1791, les bénédictins quittent l'abbaye. L'église prit alors le vocable de Saint Nicolas en souvenir d'une église voisine, détruite pendant la Révolution. Les flèches des tours ne datent que du XIXe siècle. Les bâtiments de l'abbaye furent transformés en Hôtel-Dieu (ils sont occupés aujourd'hui par des services administratifs).
Les autres églises. L'Hôtel de Ville de Blois (bâtiments de l'ancien évêché). Au fond, la cathédrale, à droite l'ancienne Officialité, à gauche, les jardins en terrasse de l'évêché. L'Hôtel de Jassaud.
L'Hôtel Sardini.
La maison des Acrobates.
Les autres édifices civils. Fontaine Louis XII. Le vieux pont, bâti par Gabriel, au commencement du règne de Louis XV, a longtemps passé pour un modèle de constructions de ce genre et ses devis ont été, à ce titre, publiés dans le Traité de la police de Delamare ; c'est, en effet, un fort beau monument, en dos d'âne, de onze arches; il porte, sur l'arche centrale, une pyramide de forme bizarre, au-dessous de laquelle (sur le fleuve), le célèbre Coustou a sculpté de jolis tritons. (F. Bournon). Le pont sur la Loire. Ci-dessous : l'ancien Hôtel-Dieu de Blois. Au fond, l'église Saint-Nicolas. Photos : © Serge Jodra, 2010. |
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