| Frioul, en italien Friuli, en frioulan Furlanei, en allemand Friaul. - Région du Nord-Est de l'Italie, qui constitue aujourd'hui une partie de la région autonome de Friuli-Venezia Giulia, à la frontière de l'Autriche et de la Slovénie. Cette région est comprise entre la Livenza à l'Ouest, les Alpes Cadoriques au Nord-Ouest, les Alpes Carniques au Nord-Est, le Timave à l'Est et l'Adriatique au Sud Elle est traversée par le Tagliamento et l'Isonzo et très accidentée au Nord et à l'Est. Elle est riche en céréales, vignobles et bétail. Le Frioul doit son nom à la colonie romaine de Forum Julii (renommée ensuite Cittade Friuli); aux limites du pays des Vénètes, il était habité dans sa partie montagneuse par les Carnes (Carni) qui ont laissé leur norn à cette partie des Alpes, désignées par les gens du pays sous le nom de Carnea, Cargnia (Alpes Carniques). Conquis au IIe siècle av. J.-C. par les Romains, il prit de l'importance au temps de l'invasion barbare, étant la porte de l'Italie. Les Lombards s'en emparèrent dès 569, et ce fut un de leurs trente-six duchés, l'un des plus importants. Il s'étendait entre le Tagliamento, les Alpes Noriques et Juliennes et le Formio ou Risano. La capitale avait pris le nom de Civitas Austriae Italiae, Cividale. Elle fut brûlée par les Avars (610); le duc Gisulf périt; ses fils reperdirent les districts de Citia (Gailthal en Carinthie) et de Medaria que leur enleva le patrice byzantin Gregorius (626). L'histoire des ducs de Frioul fut celle d'une lutte perpétuelle contre les Avars, contre les Slaves des montagnes, contre les rois lombards. Le fils de Gisulf, Grimoald, devenu roi, eut à combattre Lupus dont le débarrassèrent les Avares (663); Pemmo, vainqueur des Slaves, emprisonna le patriarche d'Aquilée et fut déposé par Luitprand (737); Ratchis, fils de celui-ci, occupa la Carniole et devint roi des Lombards. Saint Anselme, fondateur du monastère de Nonantola, fut l'adversaire du roi Didier. Rodgand fut un des derniers champions de l'indépendance lombarde; révolté avec les ducs de Chiusi, Spolète et Bénévent, il fut décapité (770). Le Frioul devint une marche du royaume de Charlemagne. Elle avait une grande importance, étant chargée de tenir en respect les Avars, les Slaves, les Bulgares. On y rattacha le Sud de la marche de Pannonie. Sous Louis le Débonnaire, les margraves ou ducs de Frioul, Cadolah et Balderich, se firent battre par les Slovènes (819) et les Bulgares (828). Le dernier fut destitué et la marche divisée en quatre comtés : Frioul, Istrie, Carniole et marche de Trévise ou de Vérone. Dans les partages de l'empire carolingien, elle fut attribuée au royaume d'Italie. Le duc Bérenger, petit-fils de Louis le Débonnaire, par sa mère Gisèle, revendiqua, en 888, le royaume d'Italie que lui disputèrent les ducs de Spolète, les rois de Haute et Basse-Bourgogne et d'Allemagne. Otton Ier conquit en 952 les marches de Frioul ou d'Aquilée et de Vérone et les amena à l'Allemagne, les donnant au duc Henri de Bavière. Rattaché à l'Italie en 962, le Frioul resta en fait une dépendance de l'Allemagne jusqu'en 1077; depuis 976, il était uni à la Carinthie. Mais, en 1077, Henri IV vendit les droits de duc et comte au patriarche d'Aquilée. La noblesse frioulane fut en conflit avec le patriarche et appela contre lui les Vénitiens. Ceux-ci conquirent progressivement le pays; en 1420, ils s'emparèrent d'Udine qui était devenue la capitale. Cependant la région à l'Est de l'Isonzo resta au pouvoir des comtes de Goerz dont l'empereur Maximilien hérita en 1500. Ainsi se produisit la division du pays en deux provinces : Frioul vénitien et Frioul autrichien. Le premier suivit les destinées de la Vénétie. En 1797, il fut annexé à l'Autriche; en 1805, Napoléon le reprit pour son royaume d'Italie, il y ajouta même une partie du Frioul autrichien pour former le département du Passariano (chef-lieu : Udine). Duroc reçut le titre de duc de Frioul. Le reste du Frioul autrichien fut cédé en 1809 à la France et annexé aux provinces illyriennes. En 1815, l'empereur d'Autriche recouvra le tout et depuis il a pris le titre de duc de Frioul et les armes (aigle couronné sur champ bleu). Mais la division administrative subsista et en 1866 devint politique entre le Frioul autrichien et le Frioul vénitien. De toutes les parties de l'Italie, c'est le Frioul qui a gardé le plus d'affinités avec l'Autriche, l'Autriche slave tout au moins, sinon l'Autriche allemande. Certains Frioulans parlent encore aujourd'hui un dialecte particulier riche en mots celtiques, peu connus d'ailleurs, le furlanish. | |