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Lothaire Ier est un empereur d'Occident, né en 795, mort dans l'abbaye de Prüm le 28 septembre 855. Fils aîné de Louis le Débonnaire et de sa première femme Ermengarde, il fut associé à l'Empire lors du premier partage que fit l'empereur de ses Etats à Aix-la-Chapelle, en 817. Il fut reconnu en même temps roi de France, et prit en 820 le titre de roi des Lombards. Il fut couronné empereur par le pape Pascal Ier, le jour de Pâques, 5 avril de l'an 823. - Lothaire Ier. Révolté contre son père avec ses frères Pépin (II) et Louis (le Germanique), à la suite de l'attribution d'une nouvelle part à leur jeune frère Charles, en 829, il fut quelque temps seul empereur après la déposition de Louis. Lorsque celui-ci eut été rétabli sur le trône avec l'aide de Pépin et de Louis, Lothaire fut disgracié et relégué en Italie où il continua à régner, sans cependant que le nouveau partage de 835 lui eût fait aucune part; mais, après la mort de Pépin (838), la révolte de Louis rapprocha de l'empereur son fils aîné, et le partage, promulgué à Worms en 839, attribua de nouveau à celui-ci la partie orientale de l'Empire avec l'Italie. La mort de Louis le Débonnaire, survenue le 20 juin 840, remit tout en question. Lothaire prétendit comme empereur réduire ses frères au rang de vassaux, et la fortune sembla d'abord le favoriser; victorieux de Charles le Chauve, il lui imposa un traité; mais bientôt Louis et Charles s'allièrent contre lui et le vainquirent dans la sanglante bataille de Fontenoy-en-Puisaye, dans l'Auxerrois (25 juin 841). Lothaire essaya encore de continuer quelque temps les hostilités, mais bientôt, abandonné de la plupart de ses fidèles, il dut se résigner à négocier. Le traité conclu à Verdun au mois d'août 843 lui laissait le titre d'empereur, mais sans lui donner aucune autorité en dehors des Etats qui lui étaient attribués et qui étaient constitués par une longue bande de territoire s'étendant entre les royaumes de ses deux frères, depuis la mer du Nord jusqu'à l'Italie, et comprenant les deux capitales de l'Empire : Rome et Aix-la-Chapelle. Les années suivantes se passèrent en alternatives de querelles et de réconciliations entre les trois frères qui ne cessèrent de se trahir et de violer les engagements qu'ils prenaient les uns vis-à-vis des autres. En 844, Lothaire abandonna à son fils Louis le royaume d'Italie et, en 850, il le fit couronner empereur à Rome. Lui-même, en 855, se sentant près de sa fin, fit un dernier partage de ses Etats; confirmant à Louis l'Empire et le royaume d'Italie, il attribua à Lothaire (ci-dessous) le royaume nommé ensuite Lotharingie (Lorraine), et à son plus jeune fils, Charles, la Provence et une partie de la Bourgogne. Ensuite il se fit tonsurer, revêtit la robe de moine et mourut quelques jours après. Il avait épousé en 821 Ermengarde, fille du comte Hugues de Tours. | ||
Lothaire est un roi de Lorraine, né vers 825, mort à Plaisance le 8 août 869. Second fils de Lothaire Ier, il reçut de son père quelques jours avant sa mort en 855, avec le titre de roi, la partie de ses Etats comprise entre la, mer du Nord et le Jura, et en plus les diocèses de Genève, Lausanne, Sion, Belley et Tarentaise. L'événement le plus saillant de son règne fut l'affaire de son divorce qui agita toute la Chrétienté. Il avait épousé en 856 une princesse de la dynastie carolingienne, nommée Theutberge, qu'il voulut répudier bientôt pour épouser sa concubine Waldrade. En 858, Theutberge, accusée d'inceste avec son frère Hubert, dut se justifier publiquement par l'épreuve de l'eau bouillante. Lothaire ne la fit pas moins citer deux ans plus tard devant une assemblée ecclésiastique à Aix-la-Chapelle où elle dut faire une confession publique de sa faute et fut condamnée à une pénitence publique et à être enfermée dans un couvent (9 janvier 860). Retirée à la cour de Charles le Chauve, elle vit la sentence qui l'avait frappée approuvée successivement par deux conciles tenus également à Aix-la-Chapelle, son divorce approuvé, et Lothaire, autorisé à contracter un nouveau mariage, épouser solennellement Waldrade et la faire couronner reine. Theutberge en ayant appelé au pape Nicolas Ier, protestant que l'aveu de son crime n'avait été obtenu que par des menaces, celui-ci envoya en Gaule deux légats qui réunirent à Metz un nouveau concile (juin 863) où furent approuvées les décisions des assemblées précédentes. Sur les pressantes instances de Theutberge, le pape cassa les actes du concile de Metz, déposa les légats et les prélats qui s'étaient laissés corrompre, et envoya en Gaule un nouveau légat qui somma Lothaire de reprendre Theutberge; le roi avant résisté fut excommunié ainsi que Waldrade (3 août 865). Cependant Hubert, le frère de Theutberge, qui à la tête d'un assez grand nombre de fidèles ravageait les terres de Lorraine, fut vaincu et mis à mort par le comte Conrad. En 866, Lothaire, à la tête d'une armée, descendit en Italie sous prétexte de secourir son frère l'empereur Louis Il de Germanie contre les Sarrasins, en réalité pour obtenir du pape son pardon. En 869, il se rendit auprès d'Adrien II, au Mont-Cassin, et sur l'assurance qu'il lui avait donné d'avoir exécuté tout ce que le pape Nicolas Il avait prescrit relativement à son mariage, il reçut la communion. Il revenait dans ses Etats lorsqu'il fut saisi par la fièvre à Lucques et ne tarda pas à succomber à Plaisance. Theutberge se retira dans l'abbaye de Sainte-Glossinde de Metz dont elle devint abbesse; elle vivait encore en 876; Waldrade imita son exemple, et devint abbesse de Remiremont. Son fils Hugues, considéré comme bâtard, ne recueillit pas l'héritage de son père. | ||
Lothaire est un roi de France, né à Laon à la fin de 941, mort à Compiègne le 2 mars 986. Fils aîné de Louis d'Outremer et de Gerberge, il succéda à son père, mort le 10 septembre 954; il fut élu, couronné et sacré roi de France à Reims le 12 novembre 954. Hugues le Grand, auquel il devait la couronne, reçut de lui les duchés de Bourgogne et d'Aquitaine, puis l'emmena à Paris et le conduisit ensuite combattre Guillaume III, duc d'Aquitaine, et conquérir son duché. Le règne de Lothaire se passa tout entier, comme il avait commencé, en expéditions militaires : en Lorraine contre Renier au Long-Col qu'il força de restituer à la reine Gerberge les biens qu'il lui avait ravis en Bourgogne, en Normandie, en Flandre, etc. L'empereur Otton II, ayant en 977 nommé due de Lorraine le jeune frère de Lothaire, celui-ci se résolut à faire une nouvelle campagne pour s'emparer du duché et, au printemps de 978, il marcha brusquement sur Aix-la-Chapelle ou se trouvait Otton Il qui s'enfuit précipitamment à Cologne en abandonnant les insignes impériaux, mais ne tarda pas à prendre sa revanche. Après avoir rassemblé une armée considérable, il envahit la France au mois d'octobre 978, dévasta le pays et vint camper devant Paris entre Montmartre et la Seine. Hugues Capet, qui occupait la ville, put arrêter l'ennemi pendant que Lothaire rassemblait une armée en Anjou et en Bourgogne. Devant ces forces nouvelles, voyant du reste la maladie et la disette décimer ses troupes et l'hiver approcher, Otton Il se résolut à la retraite; il partit vers le 30 novembre, poursuivi par l'armée de Lothaire et de Hugues Capet, qui rejoignit à Soissons l'arrière-garde des troupes impériales et l'extermina en s'emparant des bagages. Pour écarter les prétentions au trône de son frère Charles, soutenu par l'empereur, Lottaire associa à la couronne son fils Louis, qui fut sacré à Reims le 8 juin 979, et cet acte fut suivi de nouvelles libéralités. en faveur de Hugues Capet; celui-ci cependant ne tarda pas à devenir suspect à Lothaire qui se résigna à traiter en secret avec Otton II. Dans une entrevue qui eut lieu au début de juillet 980, l'empereur et le roi se rencontrèrent à Margut-sur-Chiers et se jurèrent amitié et alliance; Lothaire renonça solennellement à toutes ses prétentions sur la Lorraine. Indigné de n'avoir pas été prévenu, Hugues Capet entama à son tour des négociations avec l'empereur et commença contre le roi de France une guerre qui dura plusieurs mois et dont le résultat le plus clair fut de dévaster le pays. En 982, Lothaire fit épouser à son fils Louis la fille du plus puissant seigneur de l'Aquitaine, Etienne, comte de Gévaudan, comptant sur ce mariage pour amener la soumission des Aquitains toujours indociles et espérant en outre enfermer ainsi les possessions de Hugues Capet entre les domaines de la royauté. Mais son espoir fut déçu; deux ans ne s'étaient pas écoulés que la nouvelle épouse quittait son mari et s'enfuyait en Provence pour épouser le comte d'Arles; Louis, de son côté, avait dissipé toutes ses ressources au point de ne plus pouvoir entretenir de troupes, et Lothaire devait alter le chercher à Brioude. La mort d'Otton II, survenue en Italie le 7 décembre 983, réveilla bientôt l'ambition du roi de France; allié à Henri de Bavière, il entreprit une fois encore de conquérir la Lorraine; malgré les intrigues et les trahisons de l'archevêque de Reims, Adalbéron, et de Gerbert, il avait cependant obtenu quelques succès lorsqu'il fut arrêté par la mort. Il avait épousé, en 965 ou 966, Emma, fille de l'impératrice Adélaïde et de son premier mari Lothaire, roi d'Italie. | ||
Lothaire II, de Supplinburg est un empereur d'Allemagne (1125-1137), né vers 1060, mort à Breitenwang près de Reutte (Tyrol), le 4 décembre 1137. Fils du comte Gobhard de Querfurt, tué à la bataille de l'Unstrut (1075), Lothaire de Supplinburg épousa, en 1100, Riehenza, petite-fille d'Otton de Nordheim, ce qui en fit un des plus puissants seigneurs saxons. En 1105, il s'associa à la rébellion de Henri V contre son père et reçut en récompense le duché de Saxe resté vacant par la mort de Magnus, dernier rejeton de la famille des Billungs (août 1106). Toutefois, un conflit relatif à la marche du Nord (Nordmark) le brouilla bientôt avec l'empereur qui lui retira le duché de Saxe, l'attribuant au comte Otton le Riche de Ballenstädt (l'ancêtre de la maison d'Anhalt); l'année suivante, Lothaire se soumit et recouvra son duché. Bientôt l'opposition des Saxons contre les empereurs issus de l'Allemagne méridionale, fomentée par le légat pontifical, reparut quand Henri V voulut s'emparer de l'héritage de la maison d'Orlamunde, revendiqué par Albert de Ballenstädt, son fils, le comte palatin du Rhin Siegfried, etc. Les insurgés furent battus à Warnstmdt (21 février 1113); Lothaire implora sa grâce au mariage de Henri V (7 janvier 1144), mais reprit les armes six mois après; l'habile général des impériaux, Hoyer de Mansfeld, fut tué à la bataille de Welfsholze (11 février 1115). Enrichi par l'héritage des biens de Bruno, Lothaire prend l'avantage. La guerre continua jusqu'à la trêve de juin 1121. Le pacte de Wurzbourg et le concordat de Worms ne purent l'apaiser. La soeur de Lothaire, Gertrude, gouvernait le comté de Hollande pendant la minorité de son fils Thierry VI et refusait le serment à l'empereur. En 1123, le duc de Saxe se sent assez fort pour disposer des marches de l'Elbe; il donne la Misnie à Conrad de Wettin, l'Ostmark à Wigbert et Albert de Stade, repousse les ducs Otton de Moravie et Vladislav de Bohème appelés par l'empereur. Quand la mort de Henri V laisse le trôêne vacant, l'élévation à l'Empire de duc de Saxe parut la conclusion naturelle de la lutte soutenue par lui contre la maison de Franconie. Ces concessions plus ou moins sincères ne purent lui assurer un règne tranquille. Il fut occupé par la lutte contre les Hohenstaufen. Afin de les affaiblir il leur réclama les fiefs impériaux que ses prédecesseurs les empereurs franconiens avaient réunis à leurs biens héréditaires. Frédéric ne se présenta pas aux diètes de Ratisbonne et de Strasbourg qui prononcèrent que ces biens appartenaient à la couronne; il fut mis au ban de l'Empire. Lothaire, qui venait d'imposer la reconnaissance de sa suzeraineté au duc Sobeslav de Bohème, s'allia contre les Hohenstaufen aux Welfs. Le lien familial entre les Welfs et les Hohenstaufen était dénoué à l'avènement en Bavière de Henri le Superbe. Lothaire fit épouser au jeune duc sa fille unique Gertrude, héritière des biens des maisons de Supplinburg, de Brunswick et de Nordheim. Malgré cette coalition des forces de la Bavière et de la Saxe, l'empereur et son gendre échouèrent devant Nuremberg et Spire. Ils s'allièrent alors aux Zaehringen, investissant Reinhold III de la Haute-Bourgogne (plus tard Franche-Comté), ce qui fit de cette puissante famille jusqu'alors alliée à celle de Franconie et de Souabe leur adversaire acharné (1127). Sur ces entrefaites, le frère de Frédéric de Hohenstaufen, Conrad de Franconie, prit le titre de roi (décembre 1127) et se fit reconnaître en Italie où il reçut la couronne de fer malgré l'excommunication du pape; mais il ne put entrer à Rome, et dut repasser les Alpes. La guerre prenait en Allemagne une tournure meilleure, pour Lothaire; son candidat au duché de Basse-Lorraine, Walram de Limbourg, battit le duc Godefroi de Louvain. Spire fut prise (décembre 1429), puis Nuremberg (octobre 1130); le landgrave de Thuringe fut remplacé, Conrad consolidé en Misnie, puis en Basse-Lusace, Albert l'Ours dans le Nordmark (Brandebourg). En Italie, le pape Honorius était mort; Innocent Il et Anaclet II se disputaient la tiare; Anaclet, descendant de riches juifs du ghetto, prévalut à Rome, fut sacré à Saint-Pierre, tandis qu'Innocent se réfugiait à Clairvaux. Les deux rivaux s'adressèrent à Lothaire; il se prononça pour Innocent Il à la diète de Wurzbourg (octobre 1130); une entrevue eut lieu à Liège, en présence de saint Bernard (mars 1131). Après avoir pacifié la marche danoise et l'archevêché de Trèves où fut établi le prélat français Adalbéron, l'empereur passa les Alpes, laissant Henri de Bavière continuer la guerre contre les Hohenstaufen. Il tint sa diète à Roncalia, sans pouvoir se faire reconnaître par les grandes villes de Milan et Vérone, et campa devant Rome avec 2000 chevaliers, profitant des embarras de Roger, roi de Sicile, le protecteur d'Anaclet. Cependant il ne put qu'occuper l'Aventin et se faire couronner à la basilique de Latran; le reste de la ville demeurait au pouvoir d'Anaclet II. Lothaire se retira en Toscane où il reconnut le droit du Saint-siège sur les biens de la comtesse Mathilde, mais en se les faisant concéder en fief à lui et à son gendre par Innocent Il qui se réfugiait à Pise. Son échec en Italie fut compensé en Allemagne par la réconciliation avec les Hohenstaufen. Après la prise d'Ulm par Henri de Bavière (août 1134), le duc de Souabe (à Bamberg le 18 mars 1135), puis son frère (à Mulhouse le 30 septembre 1135) firent leur soumission et recouvrèrent leurs terres. Au Nord-Est de l'Allemagne des succès considérables avaient été remportés sur les Obotrites et les Liutizes (1131). le prince danois Magnus; le duc Boleslav de Pologne prêta serment de vassalité pour la Poméranie et Rugen (1134) et Eric de Slesvig reçut à la diète de Magdebourg la couronne du Danemark en qualité de vassal (juin 1135). Il semblait donc qu'en Allemagne le règne de l'empereur saxon s'annonçât glorieux. Il redescendit alors en Italie à la tête d'une grande armée où figuraient Conrad de Hohenstaufen, Henri de Bavière, Albert l'Ours. Il négociait pour assurer sa succession impériale à son gendre. La prise de Garda et Guastalla préluda à la brillante diète de novembre 1136, tenue à Roncalia; les cités rebelles furent domptées : Pavie, Verceil, Turin, Plaisance, Bologne, et Lothaire hiverna à Ravenne. De là il marcha, appuyé par la flotte vénitienne, contre le roi Roger et parvint à Bari, tandis que Henri de Bavière conduisait le pape dans le Latium et s'avançait jusqu'à Bénévent. Les succès de l'empereur furent arrêtés par une mutinerie des troupes qui refusèrent de se prêter à une expédition en Sicile, et par la brouille avec Innocent II; elle eut pour objet la suzeraineté de l'Apulie, contestée entre l'empereur et le pape; pour ajourner le différend, ils conférèrent simultanément l'investiture à Rainulf d'Allifa (18 août 1137). Lothaire revint sans avoir pris Rome; malade il voulut regagner l'Allemagne et mourut en route au hameau de Breitenwang, entre l'Inn et le Lech. Avant de mourir, il conféra le duché de Saxe à son gendre et lui transmit les ornements impériaux. Son corps fut ramené en Saxe et enseveli au couvent de Lutter (Brunswick) qu'il avait fondé. Conrad lui succéda. (A.-M. B.). |
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