|
. |
|
|
Les Jésuites ou Clercs réguliers de la Compagnie ou Société de Jésus sont un ordre religieux dont les fondements furent posés à Paris, le jour de l'Assomption de l'année 1537, dans l'église de l'abbaye de Montmartre. Ignace de Loyola, avec les compagnons qu'il s'était associés, Lefèvre, François Xavier, Laynez, Salmeron, Bobadilla et Rodriguez, y firent voeu d'entreprendre le voyage de Jérusalem pour la conversion des infidèles, et, si cette résolution ne pouvait être exécutée, d'offrir au Saint-siège d'aller prêcher les Evangiles partout où il voudrait les envoyer. Saint Ignace arriva en 1535 à Venise, où il devait s'embarquer pour la terre sainte avec ses compagnons, qui le rejoignirent en 1537. Mais, la navigation, interceptée par la guerre, rendant le pèlerinage à Jérusalem impossible, Ignace, Lefèbvre et Laynez partirent pour Rome, où le pape Paul Ill accueillit favorablement l'offre qu'ils lui firent de se mettre à sa disposition pour le service de l'Église, eux et leurs compagnons, dont le nombre s'était déjà accru. L'ordre, inscrit dans le programme de la contre-réforme d'abord comme une arme de guerre contre les Protestants, fut institué sous le titre de Clercs de la Compagnie de Jésus et s'établit d'abord à Rome. Le pape donna aux jésuites, dans cette ville, une église qui prit d'eux le nom d'il Giesu. Aussitôt approuvée en 1540 par Paul III, la Compagnie de Jésus élut pour premier général son fondateur, en 1541, et commença son apostolat, qui s'étendit bientôt en Italie, en Espagne, au Portugal puis dans le reste du monde. Bien qu'appelés par Henri II, les jésuites rencontrèrent en France, dans les membres du Parlement de Paris, ennemi des tendances ultramontaines, des adversaires déterminés. Toutefois, en 1561, ils purent ouvrir à Paris le collège de Clermont, devenu plus tard le collège Louis-le-Grand. La part qu'ils prirent à la Ligue et la condamnation (1596) du régicide Jean Châtel, qui avait été leur élève, fournirent de nouvelles armes à leurs ennemis. Henri IV les chassa de France; ils étaient en même temps expulsés de l'Angleterre (1581 et 1601), du Portugal (1598), des Pays-Bas, de la Russie et des Etats de Venise. Mais, rappelés bientôt par le même Henri IV (1603), ils fondent en France un grand nombre de collèges et acquièrent une influence considérable. Quand le jansénisme apparaît, on les trouve au premier rang de ses adversaires. A la même époque, les jésuites pénètrent en Chine, s'y établissent à la cour impériale et obtiennent le libre exercice du culte chrétien. En Amérique, ils évangélisent le Canada et établissent, dans les Réductions du Paraguay, une sorte de république évangélique basée sur une forme de Communisme. Cette éclatante prospérité dura pour eux près de deux siècles. Tout au long de leur histoire, les jésuites comptèrent aussi dans leurs rangs des hommes éminents dans les genres les plus divers (les PP. Bourdaloue, Bouhours, André, Sirmond, Petau, Labbe, Bolland, Kircher, La Rue, Brumoy, Porée, Jouvency, Parennin, Duhalde, Suarez, Boscovitch, Ravignan, Secchi, etc.); mais ils se firent aussi beaucoup d'ennemis. Plusieurs de leurs casuistes les compromirent en enseignant une morale jugée trop souple et hypocrite par leurs adversaires (à commencer par Pascal); on leur reprocha d'avoir poussé trop loin l'esprit de corps, de s'être trop mêlés des affaires de ce monde, d'avoir recherché avec trop d'ardeur les richesses (ils faisaient le commerce) et surtout l'influence politique. Jésuite missionaire en habit de mandarin. On a fait souvent usage aussi contre les jésuites d'un ouvrage intitulé : Monita secreta (Instructions secrètes), lequel aurait cours parmi eux et inspirerait leur conduite. ils ont toujours protesté contre l'authenticité et les théories de ce livre d'ailleurs anonyme. Profitant du scandale provoqué par la banqueroute du P. Lavalette, qui avait établi à la Martinique une véritable maison de commerce, le parti des philosophes parvint peu à peu à obtenir leur expulsion de presque tous les princes catholiques, qui se trouvaient en mesure de reprocher aux jésuites d'avoir été impliqués dans plusieurs complots et scandales (bien que les preuves aient manqué). L'entreprise de liquidation fut principalement l'oeuvre des cours de Portugal (Pombal), de France (Choiseul), d'Espagne (Charles III), de Naples et de Parme. Les jésuites furent bannis pour des causes diverses de la plupart des Etats qui les avaient reçus : de France en 1762, du Portugal en 1759, de Russie en 1717, de Chine en 1753, d'Espagne et de Sicile en 1767. Enfin, le pape Clément XIV, cédant aux instances dont il était l'objet, prononça la suppression de l'ordre (1773). Avant d'en venir à cette extrémité, on avait tenté de les déterminer à modifier leurs statuts; le général de l'ordre, le P. Ricci, se borna, dit-on, à répondre : Sint ut sunt, aut non sint. On vit alors deux princes étrangers à l'Eglise catholique, Frédéric II, roi de Prusse, et Catherine II, impératrice de Russie, accueillir les fugitifs. Sur la demande de l'impératrice Catherine II, l'ordre ne fut pas supprimé en Russie, où le Saint-Siège en favorisa la propagation. Bientôt, grâce à la protection discrète des papes Pie VI et Pie VII, l'ordre se reforma peu à peu; ses membres prirent, en Italie et en Allemagne les noms de Paccanaristes, de Pères de la Foi, de Frères de la croix, de Cordicoles, etc. Pie VII le rétablit officiellement en Russie en 1801, à Naples en 1804. Enfin après la première chute de Napoléon, Pie VII, de retour à Rome, rétablit la Compagnie de Jésus dans tous ses droits et tous ses privilèges (1814). Depuis cette époque les jésuites retrouvèrent, soit dans les missions, soit dans les contrées catholiques ou protestantes de l'Europe de l'Amérique, une partie de leur ancienne influence : leur sort, toutefois, demeura soumis aux vicissitudes de la politique, et ils eurent souvent à subir le contre-coup des révolutions qui agitèrent le XIXe siècle. Les jésuites ont ainsi encore été expulsés de Russie et d'Espagne, 1817-1820, et de Suisse, 1847. Ils étaient rentrés en France après 1815. Il y eurent des collèges florissants, notamment à Montrouge et à Saint-Acheul; ces établissements furent fermés en 1828, comme contraires à la loi existante, mais plusieurs ont été rouverts après 1848. Costumes des jésuites du XVIIe au XIXe siècle. Les principes de la Compagnie. Cette organisation présente une évolution du régime monastique, produisant des combinaisons qui n'ont plus pour objet principal le salut personnel des religieux, et qui ne gardent du régime monastique que ce qui est nécessaire pour former les cadres, assurer la subsistance et la discipline d'une association ou d'une milice destinée à servir l'Eglise, ordinairement sous les auspices du pape, par des moyens spéciaux, tels que les exercices divers de la charité, les armes, la célébration du culte, la prédication, la confession, la direction des âmes, l'enseignement et la mission. Le service de la milice dont Ignace avait conçu la forme de vie devait comprendre tous ces objets et d'autres encore; car cette milice était destinée à soumettre le monde à la domination de l'Eglise, dans tous les temps, dans tous les lieux et par tous les moyens. Parmi ces moyens, les armes ne sont point indiquées, mais c'est l'esprit militaire qui a présidé à la conception et à l'organisation de toute l'oeuvre. Toutes choses y sont désignées sous les traits et les dénominations militaires de chefs, de troupes, d'étendards, etc. Il s'agit d'un combat incessant, soit pour la défense, soit pour la conquête, soit pour la conservation. C'est pourquoi tout doit être rapporté aux nécessités de la guerre, à la préparation et à la consolidation de la victoire. Tout ce qui sert à former, à maintenir et à développer la force de la milice chargée d'opérer ces choses, est aussi légitime, aussi louable, aussi saint que la cause pour laquelle elle combat. De sorte que, aux motifs qui dans toutes les autres congrégations incitent les religieux à se dévouer à la prospérité de leur ordre, s'ajoute pour les jésuites la considération qui identifie la prospérité et la puissance de leur compagnie avec la prospérité et la puissance de l'Eglise, et les montre également utiles à la gloire de Dieu. De plus, leur premier général, qui est resté constamment leur modèle vénéré, s'estimait autorisé par l'exemple des capitaines les plus chevaleresques, à traiter l'ennemi en ennemi, et à employer contre lui les stratagèmes, les ruses et les feintes propres à le tromper et à le vaincre. La Compagnie de Jésus reprit et augmenta les objets spéciaux de I'oeuvre extérieure de presque toutes les autres sociétés religieuses, et elle imprima à son oeuvre, non seulement un caractère militaire, mais aussi un caractère essentiellement politique, trait nouveau qui lui est complètement propre, et qu'elle tient de la mission qu'elle s'est donnée, de servir par tous les moyens la cause à laquelle elle s'est vouée. Dans ces conditions, elle devait rejeter beaucoup de choses appartenant au régime monastique. Le concile de Trente l'appelle Ordre des Clercs de la Société de Jésus. Ses établissements n'ont jamais reçu le nom de monastères. Il semble même que Ignace ait tenu à la dégager de toute apparence monacale. Il ne lui donna pas un habit particulier; il prit le vêtement de prêtres séculiers, la soutane noire, l'ancien manteau, le chapeau à larges bords, qu'en espagnol on appelle sombrero, et dont le pape et le Sacré-Collège ont gardé la forme. Il agit de même pour le logement, la nourriture et, généralemant, pour toute l'ordonnance de la vie commune. Les mortifications de la chair, les austérités macérantes, dont certains ordres ont fait l'objet principal de leur institut, le silence, la solitude, les offices de choeur, soit de jour, soit de nuit, n'entrèrent pas dans son plan. Il voulait former et dresser pour l'Eglise une milice toujours active, toujours prête à marcher, à agir et à combattre, et non façonner un corps ascétique, affaibli par les abstinences et les insomnies. Après la mort d'Ignace et l'élection de Laynès, Paul IV voulut imposer divers changements à la constitution des jésuites, parmi lesquels l'introduction des offices de choeur établis dans les autres ordres. Ils cédèrent momentanément; mais après la mort du pape, ils reprirent tous leurs usages. Une bulle de Pie V (1571) accorda au général le droit de les rétablir dans leur étendue primitive, contre toute diminution ou altération, même résultant d'actes de révocation papale. Ces privilèges devaient être tenus pour irrévocables, et ils ne pouvaient être restreints . L'indépendance de la Compagnie était ainsi placée au-dessus de toute atteinte, non seulement de la part des puissances temporelles, mais de la part de la cour de Rome. A un autre, point de vue, cela ressort encore des bulles des années 1549, 1582, 1684, autorisant les jésuites à accommoder leurs anciens statuts aux circonstances de temps et de lieu, sans même consulter le Saint-Siège. Une réforme de l'ordre par les papes était donc impossible. Les objets principaux des privilèges attribués aux jésuites étaient : 1° d'assurer à leur général l'exercice d'une autorité absolue sur tous les membres de son ordre;Une bulle de Paul III (1545) leur permettait de prêcher partout, de confesser, d'administrer les sacrements, de présider au culte, sans être tenus d'en demander l'autorisation à l'évêque du diocèse ou au curé de la paroisse. Ce privilège fut confirmé par le concile de Trente, puis restreint ostensiblement sur les plaintes des évêques. Mais Pie V déclara, dans un oraculum vivae vocis, que les jésuites ne devaient pas se laisser lier par les décrets de ce concile, dans l'exercice de leurs privilèges. En somme, les papes n'avaient rien négligé pour faire de la Compagnie de Jésus un Etat indépendant dans l'Eglise. Lors de la Restauration de cet ordre (7 août 1814), ses privilèges antérieurs ne lui furent pas rendus dans leur intégralité. Ils nous semblent l'avoir été depuis lors, par le bref Dolemus inter alia de Pie IX (13 juillet 1886). La valeur des privilèges attribués à la Compagnie de Jésus étant fondée sur le droit des papes à les accorder, c.-à-d. sur la domination absolue qu'ils doivent exercer à l'égard de l'Eglise, des princes et de tous les catholiques, défendre toutes les prétentions de la papauté, c'est pour les jésuites défendre leur propre institut. C'est précisément par le voeu qui l'inféode à la papauté, qu'est caractérisé le jésuite complet, le véritable jésuite : le profès des quatre voeux. Les intérêts des deux parties se trouvent ainsi liés indivisiblement. D'un côté, la papauté, qui s'appuie sur les jésuites, augmente sa propre force en augmentant leur puissance; d'un autre côté, l'existence des jésuites dépend de l'absolue suprématie, spirituelle et temporelle, de la papauté. C'est pourquoi, dès le commencement, ils se sont efforcés d'élever au rang de dogme la doctrine de l'omnipotence, de l'infaillibilité, de l'épiscopat universel du pape. Cet enchaînement des intérêts, cette alliance forcée entre la papauté et la Compagnie de Jésus ont déterminé presque fatalement l'histoire ultérieure des deux institutions; et en quelque sorte, fixé le sort de l'Eglise catholique. L'organisation des jésuites. Devenir jésuite. Après ces deux années, les novices prononcent les voeux d'obéissance, de pauvreté et de chasteté, à moins que les supérieurs ne décident autrement. Comme les voeux doivent les lier pour la vie, on leur donne auparavant connaissance des statuts de l'ordre ou au moins on leur remet un résumé de leurs futurs devoirs. Ceux qui se destinent au service laïque prononcent les trois voeux, d'abord sans solennité. Ils sont nommés frères temporels formés, et sont chargés du service de la Compagnie, en qualité de sacristains, de potiers, de cuisiniers, de manoeuvres, et aussi d'administrateurs des biens. Après dix années d'épreuve et lorsqu'ils sont parvenus à l'âge de trente ans, on les admet aux voeux publics. Pour ceux qui sont destinés au sacerdoce, les deux années qui suivent le noviciat sont consacrées à l'étude de la littérature et de la rhétorique. Puis trois années, quelquefois plus, à la philosophie, aux sciences mathématiques et physiques. Ensuite, vient ordinairement ce qu'on appelle la régence, c.-à-d. la tenue des classes dans un collège, disposée de manière à ce que le jeune professeur commence par une classe de grammaire et parcoure successivement tous les degrés de l'enseignement ; ce qui demande cinq ou six ans. Ceux qui, après avoir terminé leur noviciat et fait les voeux simples, continuent la carrière des épreuves, soit dans les études privées, soit dans l'enseignement, soit dans d'autres emplois, sont appelés scolastiques ou écoliers approuvés vers l'âge de vingt-huit ou trente ans, ils sont envoyés en théologie, pour quatre ans (et même six ans, s'ils ont des dispositions remarquables), pendant lesquels ils étudient la théologie proprement dite, le droit canon, l'histoire ecclésiastique et les langues orientales. Le sacerdoce ne leur est conféré qu'à la fin de ces études théologiques, par conséquent rarement avant l'âge de trente-deux ou trente-trois ans. Les scolastiques étant en épreuve, la Compagnie ne s'oblige envers eux que sous condition; mais eux sont obligés envers elle. Ils ont promis de vivre et de mourir en observant les voeux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance; ils sont religieux par ce triple voeu. Ils se sont même engagés. à accepter le degré que, par la suite, les supérieurs jugeraient être le plus en rapport avec leur caractère ou leurs talents. La propriété de leurs biens leur est laissée; mais ils ne peuvent en jouir et en disposer qu'avec l'agrément des supérieurs. Le temps d'épreuve est de dix à dix-sept années. Après chaque année de son long cours d'études, le religieux subit un examen il ne passe au cours de l'année suivante, que sur l'avis des examinateurs. Toutes les études finies, ceux qui ont réussi dans les épreuves annuelles subissent un examen général sur les sciences philosophiques, théologiques et physiques. Avoir obtenu trois suffrages sur quatre est une des conditions nécessaires pour être admis à la profession Pour se préparer à la profession, le religieux rentre au noviciat, où il a déjà passé deux années en entrant dans la Compagnie, et il y fait sa troisième année de probation. Pendant cette année, il est soumis de nouveau aux exercices spirituels d'Ignace, et il s'abstient de l'étude et de toute relation avec le dehors. Cette dernière épreuve a pour objet de l'exercer dans l'école du coeur. Livré à la retraite et au silence, rendu à Dieu et à lui-même, il est soigneusement appliqué « à tout ce qui affermit et fait avancer dans l'humilité, dans l'abnégation de la volonté et même, du jugement, dans le dépouillement des penchants de la nature, dans une connaissance plus profonde et dans un amour, plus grand de Dieu » . L'année révolue, le général informé par les supérieurs du religieux de ses progrès dans la vertu et dans la science; et il décide si on doit l'admettre à prononcer les derniers voeux de coadjuteur spirituel ou les voeux solennels de profès. Toutes ces dispositions et distinctions sont contraires aux règles générales, établies en matière d'organisation monastique. Elles constituent un des privilèges les plus exceptionnels accordés à la Compagnie de Jésus. Le concile de Trente (Session, XXV, ch. XVI) a statué que dès que le temps du noviciat est fini, les supérieurs doivent admettre les novices à la profession, s'ils trouvent en eux les qualités requises; si non, les renvoyer. Mais il a formellement excepté de cette ordonnance les jésuites; « afin de ne point les empêcher de rendre service à Notre-Seigneur et à son Eglise, conformément à leur pieux institut approuvé par le siège apostolique » . Les coadjuteurs spirituels formés sont employés au gouvernement des collèges et des résidences, à la prédication, à l'enseignement, à l'administration et aux missions. On ne peut être promu à ce grade avant trente ans d'âge et dix ans de religion. Il faut au moins l'avoir obtenu pour acquérir le titre de membre de la Compagnie. Les profès des trois voeux manquent de certaines qualités requises pour la profession des quatre voeux; ils sont admis à la profession solennelle, à cause de quelque autre qualité ou d'un mérite dont la Compagnie peut tirer parti dans certaines circonstances. Ils sont toujours en nombre fort restreint. Les devoirs sont pour eux les mêmes que pour les coadjuteurs spirituels. Pour être reçu dans cette classe, il faut avoir été membre de l'ordre au moins pendant sept ans, et avoir fait de bonnes études en humanités et en théologie. On n'exige pas toujours qu'ils se vouent à la prêtrise. Le caractère et les fonctions des profès des trois voeux paraissant vagues, on a supposé de divers côtés que cette classe comprend des affiliés que la Compagnie possède au dehors, parmi les laïques et parmi les ecclésiastiques. Les jésuites ont toujours nié avoir de pareils affiliés. Les profès des quatre voeux forment le noyau de la Compagnie. Ils sont les vrais les parfaits jésuites. Très peu nombreux : environ 2%. A la mort d'Ignace de Loyola, ils n'étaient encore que trente-cinq. Eux seuls ont le droit d'entrer dans les congrégations où sont élus le général et les assistants. Ils sont aussi les seuls qui puissent être nommés général, assistant, secrétaire général, provincial. Pour être admis dans cette classe, il faut être âgé d'au moins quarante-cinq ans, se distinguer par sa vertu et sa science, et avoir passé par des épreuves spéciales d'une durée de deux ans au moins. Les assemblées. 1° les congrégations des procureurs, tenues tous les trois ans;Les cadres. Sous ces garanties, le Général est investi d'un pouvoir absolu. Il est élu à vie, malgré les exigences de Paul IV, qui prétendait réduire à cinq années l'effet de cette élection. Il réside à Rome, centre de la catholicité et de son ordre. Il a seul autorité pour faire des règles; il en dispense seul. Il peut créer de nouvelles provinces. Il communique, dans la mesure qui lui convient, ses pouvoirs aux provinciaux et autres supérieurs. Il nomme à ces fonctions et à toutes les charges des maisons-professes, des collèges et des noviciats. Il a le droit de soustraire à leurs supérieurs immédiats un ou plusieurs membres de la Compagnie. Il a seul pouvoir, par lui ou par ses délégués, d'admettre dans les maisons et dans les collèges ceux qui paraissent aptes à son institut. Il peut aussi les renvoyer sans la moindre compensation; mais pour condamner un profès à cette peine, il a besoin de l'assentiment du pape. Il peut suspendre ses assistants, mais non les destituer. Il applique les postulants et les profès au genre d'études qui lui paraît leur convenir.
Le provincial a ses consulteurs et son admoniteur, nommés par le général; il doit prendre leur avis. Tous les mois, il adresse au général un rapport sur tous ses subordonnés. L'admoniteur appelé aussi Socius, adresse au général des rapports sur le provincial et ses consulteurs. Chaque maison a son supérieur propre, soumis au général et au provincial. Ce supérieur a aussi son admoniteur et son conseil; il doit écrire au général tous les trois mois. Les provinciaux et les supérieurs des maisons sont nommés pour trois ans. Leurs pouvoirs peuvent être renouvelés. A côté des maîtres des novices, des recteurs des collèges, des supérieurs des maisons professes et des provinciaux, se trouvent les procureurs, chargés des affaires temporelles de la Compagnie, et de la direction des Frères temporels formés. Ils sont soumis, eux aussi, à une hiérarchie. Il y a des procureurs préposés à chaque maison; il y en a d'autres, préposés à la province. Ils sont élus par les profès des deux degrés et par le recteur de la province. Ils sont pris parmi les recteurs éprouvés. Ils se forment, comme on l'a vu précédemment, en congrégations spéciales. A ces notes sur l'organisation et la discipline de la Compagnie de Jésus, nous croyons devoir ajouter les lignes suivantes, extraite de l'Examen, qui fait partie des Constitutions: « On demandera au postulant si, pour son plus grand avancement spirituel et surtout pour sa plus grande soumission et son humiliation propre, il sera content que toutes ses fautes, ses défauts et tout ce qui aura été remarqué en lui soient manifestés aux supérieurs, par quiconque en aura eu connaissance hors de la confession ». « De plus, s'il prendra en bonne part d'être corrigé par les autres et d'aider à leur correction; et s'il est disposé, ainsi que les autres doivent l'être, à se faire connaître mutuellement, avec la charité requise, pour leur plus grand bien spirituel, surtout si le supérieur qui les dirige le leur ordonne, on les interroge sur ce point, à la plus grande gloire de Dieu. »La base de cette organisation, c'est une surveillance réciproque et la discipline la plus sévère. Chaque jésuite est soumis à une inquisition et à une délation perpétuelles. Tous sont tenus de se corriger et de se laisser redresser, de se laisser dénoncer et de se dénoncer mutuellement. Tous sont tenus de se féliciter de ce que leurs défauts et leurs égarements sont signalés à leurs supérieurs, par des personnes qui en ont connaissance au dehors de la confession. Même pour la confession, le supérieur désigne le confesseur de ses subordonnés. Lorsque ceux-ci se sont confessés à un autre, ils sont obligés de renouveler leurs aveux au confesseur désigné. (E.-H. Vollet / NLI / B. / DV.). |
. |
|
| |||||||||||||||||||||||||||||||
|