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Les départements français
Le Nord
[Histoire du Nord]
Le département du Nord doit son nom à sa situation à l'extrémité septentrionale de la France. Il a été formé de la Flandre française, d'une partie de la Flandre flamande, du Hainaut français et du Cambrésis. Sa superficie est de 568,000 hectares; sa population est de 2.563.914 habitants (2010). Son chef-lieu, Lille, est distant de Paris de 200 km à vol d'oiseau, de 226 km par la route (dont 212 d'autoroute). Il n'est qu'à 112 km de Bruxelles, capitale de la Belgique, et presque aussi rapproché de Londres (275 km) que de Paris. 

Le département du Nord est en général un pays plat et très fertile. La partie occidentale, qui comprend la Flandre flamande (arrondissement de Dunkerque), est peu élevée au-dessus de la mer et coupée de rivières, de ruisseaux et de canaux; le sol est marécageux et humide. La plus grande partie de ce pays est d'ailleurs un ancien marais, que l'on ne conserve en état de culture que par d'immenses travaux de dessèchement appelés watteringues

Les terres de watteringues, situées sur la lisière maritime de l'arrondissement de Dunkerque, ont une superficie de 58.576 hectares. On a également desséché, à l'Est de Dunkerque, les deux grands marais appelés la grande et la petite Moëre, et donné à la culture 3310 hectares. De grands travaux de dessèchement ont été exécutés aussi sur les terres traversées par les canaux et les riviéres.

La Flandre flamande, favorisée par l'humidité du sol et de l'atmosphère, renferme de plantureux herbages, dans lesquels on élève, dans le pays de Bergues, une excellente race bovine, et, autour de Bourbourg, une forte race de chevaux de trait.

Plate et unie comme la Flandre flamande, la Flandre française (arrondissements de Lille et de Douai) n'est marécageuse que sur les bords des rivières. C'est la plus fertile région de la France. Il n'y a de comparable à ce riche pays que les plus belles parties de l'Angleterre et de la Belgique.

La partie orientale du département (Cambrésis et Hainaut) est plus accidentée et un peu moins fertile, surtout dans quelques parties de l'arrondissement d'Avesnes; le pays est aussi plus boisé; on y trouve la belle forêt de Mormal, dont l'étendue est de 9000 hectares, et beaucoup de prés.

Principales communes

Rang Arr. Commune Population
1
5
Lille
232.172
2
5
Roubaix 98.258
3
5
Tourcoing 92.903
4
4
Dunkerque 69.500
5
5
Villeneuve-d'Ascq 62.423
6
3
Douai 43.811
7
6
Valenciennes 43.615
8
5
Wattrelos 42.370
9
5
Marcq-en-Baroeul 39.913
10
2
Cambrai 33.165
Rang Arr. Commune Population
11
1
Maubeuge 33.074
12
5
Lambersart 28.861
13
5
Armentières 25.560
14
4
Coudekerque-Branche 23.320
15
5
Mons-en-Baroeul 22.858
16
5
La Madeleine 22.728
17
4
Saint-Pol-sur-Mer 22.299
18
4
Grande-Synthe 21.815
19
4
Hazebrouck 21.799
20
5
Loos 21.548

Codes des arrondissements : 1 = Avesnes-sur-Helpe, 2 = Cambrai, 3 = Douai,
4 = Dunkerque, 5 = Lille, 6 = Valenciennes.
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Situation, limites, superficie 

Le département touche à la frontière, de Belgique sur tout son côté Nord et Nord-Est, à la mer du Nord sur son côté Nord-Ouest, aux département de l'Aisne et de la Somme au Sud, du Pas-de-Calais au Sud-Ouest. Il est situé entre 49° 58' et 54° 6' de latitude  Nord (commune de Bray-Dunes, la plus septentrionale de France), entre 2° 50'  et 4° 13' de longitude Est. Il n'a de limites naturelles que sur les 35 km de côtes, sur les 24 km où l'Aa, sur les 18 km où la Lys le séparent du Pas-de-Calais, sur les 27 km où la Lys le sépare de la Belgique. Les autres limites, même la frontière internationale, sont purement conventionnelles, ruisseaux, routes, sentiers, parfois une rue de village le divisant entre deux pays. 

Le pourtour du département est de 814 km, dont 33 pour la côte de la mer du Nord, 330 pour la frontière belge, 120 le long du département de l'Aisne, 11 le long de celui de la Somme, 320 bornant celui du Pas-de-Calais. La longueur du Nord-Ouest au Sud-Est, de Fort-Philippe sur la mer à Anor, est de 184 km, supérieure à celle de tout autre département français. Mais la largeur varie beaucoup : elle est de 33 km sur le front de mer, se rédoit à 6 km vers Arrnentières, et dépasse 60 km dans le Sud), entre Honnecourt ou Villers-Outréaux et Mortagne. Les trois communes de Doignies, Boursies, Moeuvres sont enclavées dans le Pas-de-Calais, et l'ancienne commune d'Escaufourt (aujourd'hui rattachée à Saint-Souplet) était jusqu'en 1973 une localité enclavée dans le Nord, mais qui appartenait à l'Aisne. La superficie du département est de 568.000 hectares (5680 km²).

Relief du sol du département du Nord

Au point de vue orographique, le département du Nord appartient à la plaine de l'Europe septentrionale et marque le commencement méridional des Pays-Bas. Toutefois, vu sa très grande longueur, il convient d'y distinguer la plaine de Flandre sise à l'Ouest. et les collines du Hainaut et du Cambrésis adossées au massif de l'Ardenne. La Flandre comprend environ les 3/5 du département, Nord-Ouest et centre, de la mer à l'Escaut. Plate et presque sans pente, puisqu'à l'Ouest de Denain l'altitude n'est
encore que de 53 m au-dessus de la mer, elle est faiblement inclinée vers le Nord, comme le révèle la direction de ses cours d'eau, partis des collines de l'Artois

La plaine comprend, du Nord-Ouest au Sud-Ouest, la Flandre maritime ou flamingante, la Flandre wallonne ou française. Dans la Flandre maritime, région marécageuse et tourbeuse, imbibée d'eau et péniblement asséchée par l'industrie humaine, on distingue, au bord de la mer, la zone des Dunes littorales, au milieu desquelles est Dunkerque; leur hauteur ne dépasse pas 20 m, leur largeur 2 km, les chaînons sablonneux alternant avec les prés salins. Ces dunes, qu'on fixe avec l'oyat, roseau des sables, sont parfois poussées vers l'intérieur par les tempêtes; celle du 1er janvier 1777 ensevelit à demi Zuydcoote. Derrière le bourrelet des dunes, l'ancien delta de l'Aa constitue la plaine des Wateringues, vaste de 40.000 hectares, qui s'étend depuis la falaise du Blanc-Nez et Sangatte (Pas-de-Calais) jusqu'à Watten dans l'intérieur; Bourbourg en occupe le centre. L'altitude n'y dépasse pas 5 m et, dans une grande partie de la surface, est inférieure au niveau des hautes mers; aussi les cours d'eau sont-ils endigués et fermés par des écluses. 

La pente descend des dunes vers l'intérieur; Bergues se trouve à 1,80 m en contre-bas de Dunkerque. Les fossés ou canaux appelés watergands drainent l'eau, la maintenant au niveau des sables « pissarts », au-dessus desquels s'étend la terre végétale; cette nappe douce contient l'infiltration des eaux saumâtres qui gâteraient le sol arable. Les Wateringues se prolongent au Nord par les Moeres, jadis submergées tout l'hiver, desséchées à l'aide des moulins, selon la méthode néerlandaise. 

Elles se continuent en Belgique. Au Sud de ces terres basses, se dressent, comme des îles, les buttes ou monts de Watten (73 m), de Cassel (163 m) et des Récollets (167 m), puis le groupe plus étendu du Catsberg ou mont des Cats (175) m), mont de Boeschèpe (157 m), mont Noir (151 m), sur la frontière belge. Un peu au Sud, le petit mont d'Hyver (76 m), entre Hazebrouck et Saint-Omer. Au delà se trouve la Flandre wallonne, où les grandes villes succèdent aux vertes cultures et aux jardins; l'horizon se couvre de maisons de briques, dominées par les usines. Après cette vaste région urbaine coupée de jardins, de champs de betteraves et de céréales, où l'altitude dépasse rarement 50 m, le sol se relève, entre Lille et Douai, dans la colline de Pévèle (107 m).

La vallée de l'Escaut marque la fin de la plaine flamande, le sol se relève et s'accidente. Au Sud le Cambrésis forme une plaine ou plateau ondulé et raviné par des « riots » temporaires, dont l'altitude passe de 75 à 150 m; c'est la terminaison des collines d'Artois et de Picardie. Au Nord sont les hauteurs du Hainaut, ne dépassant guère 150 m, puis, au delà de la Sambre, on arrive à l'Ardenne, de laquelle relève l'arrondissement d'Avesnes, encadré entre les grandes forêts de Mormal et de Trélon; au Sud de la dernière, à l'angle Sud-Est du département, se trouve le bois de Saint-Hubert (266 m), point culminant du département du Nord. Le long de la limite orientale, les collines atteignent 240 m, près de Solre-le-Château, de Cousolre, etc. (A.-M. B).

Géologie

Le département du Nord est remarquable tant par son sol couvert en grande partie de limons et de calcaires que par son sous-sol riche en houille, exploitée de 1692 à 1990. C'est peut-être celui où les premières applications de la géologie à l'industrie et à l'agriculture furent poussées le plus loin. Grâce aux nombreux sondages qui ont été faits très tôt, on a pu connaître l'allure et la disposition des bassins houillers, masqués par les terrains plus récents, qui ont longtemps constitué une partie de sa fortune. 

La partie élevée et accidentée du département s'étend principalement sur la rive droite la Sambre où affleurent les terrains anciens (dévonien et carbonifère). Le reste du département est constitué par le crétacé supérieur, dont l'extension ne va pas au delà de Lille; par le tertiaire (Cénozoïque), qui est principalement développé dans le milieu du département et, comme le crétacé, ne se montre guère que sur le flanc des vallées. Le pléistocène couvre à lui seul plus de la moitié du département (tous les plateaux), principalement le pays plat formant le Nord de l'ancienne Flandre française. On ne trouve dans le département du Nord ni terrain primaire (paléozoïque), ni jurassique, ni roches éruptives.

C'est dans les terrains crétacés, tertiaires et quaternaires que se prolonge le bassin houiller de Belgique, qui s'étend sons forme d'une grande cuvette de direction générale Est-Ouest entre Valenciennes, Douai et Lens au Sud, Saint-Amand, Marchiennes et Béthune au Nord-Est ce bassin se rattache celui du Boulonnais, qui faisait partie jadis de la même dépression.

Tectonique.
Les terrains anciens (dévonien et carbonifère) sont fortement plissés. Ils forment une série de plis, de direction Est-Ouest, parallèles au bord du massif de l'Ardenne. Après une première plongée du dévonien vers le Nord, le carbonifère apparaît dans les synclinaux bordé par le dévonien. Le crétacé et le tertiaire ne décrivent que des ondulations de faible amplitude; les assises qui les constituent sont presque horizontales. Les dislocations les plus importantes et les plus curieuses se rapportent aux terrains carbonifère et dévonien, formant la cuvette du bassin houiller de Valenciennes.

Si l'on fait abstraction des formations qui recouvrent ce bassin, on peut dire que la houille est logée dans une cuvette allongée Est-Ouest. Par suite de mouvements intenses, postérieurs au houiller (seulevement de l'Ardenne), la partie Sud du bassin a été poussée sur la partie Nord; un grand pli couché, formé de dévonien, de carbonifère et de terrain houiller inférieur, a été charrié sur la partie Nord sur plusieurs kilomètres d'étendue et est venu se superposer au houiller. L'érosion a fait disparaître la partie supérieure du pli, de sorte qu'il ne reste plus qu'un lambeau de poussée constitué de haut en bas par le dévonien inférieur, le dévonien supérieur, le carbonifère, le houiller renversé et le houiller normal rebroussé, reposant sur la cuvette houillère. 

On pensait que ce mouvement avait amené la formation d'une faille appelée faille du Midi, tandis qu'une autre faille, appelée cran de retour; limitait la partie plissée du bassin de la partie moins plissée. Le cran de retour a été considéré ensuite comme une faille inverse le long de laquelle tes couches du faisceau de Denain auraient été poussées de bas en haut, du Sud vers le Nord, en subissant un fort rebroussement. Ainsi le cran de retour se confondrait avec la faille limite du lambeau de poussée et la faille du Midi. Cette faille résulterait de l'étirement et du charriage du pli couché, et si elle a aujourd'hui une forme courbe, cela est du à des tassements. 

Le lambeau de poussée n'a été conservé qu'à la faveur de cet affaissement, la dénudation n'ayant fait disparaître que la partie la plus élevée du pli. On a estimé que la partie enlevée par l'érosion atteignait plus de 5000 m. Les mouvements de charriage dont nous venons de parler sont très analogues à ceux que l'on a constatés en Provence, dans le bassin de Fuveau; ils ont également leurs correspondants dans un certain nombre de chaînes de montagne (Alpes de Glaris) et montrent l'intensité des phénomènes de plissement dans le bassin houiller du Nord, postérieurement à l'époque houillère.

Stratigraphie.
Le silurien a été rencontré dans plusieurs sondages, mais il n'affleure pas à la surface. A la fin du silurien eurent lieu de grands mouvements qui firent de l'Ardenne une contrée montagneuse et redressèrent les couches siluriennes constituant ce massif, qui servit de rivage à la mer dévonienne. Le retour de cette mer fut marqué par la formation d'un poudingue constitué par des cailloux roulés, dont quelques-uns atteignaient des dimensions colossales (5000 kg). Ce poudingue passe à une arkose (50 m), surmontée de schistes grossiers verdâtres (50 m) à Orthis Verneuilli. C'est sur ces couches, qui n'affleurent pas dans le département du Nord, que reposent, dans le département, les schistes bigarrés d'Oignies (1000 m) recouverts de schistes verts quartzeux, compacts (500 m). L'ensemble de ces assises constitue le gedinien.
Le coblentziess comprend les grès d'Anor (550 m) blancs, roses ou gris, exploités, à Spirifer paradoxus, qui forment des collines élevées partout où ils affleurent. Les schistes grossiers de Montigny (700 m) avec bancs de grès à Pleurodictyum problematicum les surmontent; ils sont recouverts à leur tour par des grès siliceux très durs (grès noirs de Vireux, 350 m), puis par des schistes rouges et le poudingue de Burnot (400 m), et enfin par la grauwacke rouge d'Hierges 600 m) avec couche d'hématite à Spirifer cuttrijugatus.

Le dévonien moyen comprend les schistes et calcaires de Rancennes (400 m) à Calceola sandalina et Spirifer speciosus; puis les calcaires noirs ou bleuâtres, dits calcaires de Givet (400 m), exploités comme marbre, pierre à chaux, etc., renfermant Stririgocephalus Burtini et de nombreux stromatopores qui formaient à cette époque de véritables récifs. Au-dessus on trouve le dévonien supérieur comprenant une série de schistes argileux (400 m) avec nodules calcaires et des masses considérables de calcaire exploité comme marbre à Rhynch. cuboides. Ces calcaires forment des collines excessivement pittoresques. La série des couches supérieures se continue par des schistes noirs à Cardium palmatum (50 m), pas par les psammites et les schistes d'Eppe Sauvage (1000 m comprenant des psammites plus ou moins quartzeux, et des schistes argileux à Spirifer Verneuilli. Le dévonien se termine par un calcaire noir (calcaire d'Etroeunght [100 m]) alternant avec des schistes calcaires à Spirifer distans. La puissance du dévonien est considérable, puisqu'elle atteint plus de 7000 m. Cet étage n'affleure pas cependant sur une grande étendue dans le département, par suite du redressement très fort des assises. Partout où il se montre, il constitue des régions accidentées, en partie couvertes de forêts.

Il y a concordance de stratification entre le dévonien et le carbonifère. On a vu plus hart l'allure de ces couches. Au commencement du carbonifère, il y avait deux bassins, celui de Dinant-Avesnes et celui de Namur-Valenciennes, séparés par un haut fond, appelé Crête de Condros, mais communiquant entre eux par le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Ces deux bassins furent comblés d'abord par des sédiments marins, puis par des sédiments houillers. Dans le bassin de Dinant-Avesnes qui était le plus large, le calcaire carbonifère forme des rides synclinales de direction Est-Ouest séparées par des voûtes anticlinales dévoviennes, Cette disposition, en bandes allongées, est très nette sur une carte géologique. Le carbonifère comprend une série de calcaires et de dolomies dans lesquels on distingue plusieurs sous-étages : 

1° le tournaisien formé par les calcaires et les schistes d'Avenelles, surmontés par un calcaire bleu à crinoïdes à Spirifer mosquensis;

2° le waulsortien, constitué par les calcaires gris ou blancs de Waulsort, remarquables par leurs caractères coralliens, car ils sont pétris de stromatopores; à cette époque, on avait des récifs coralliens qui s'étendaient en Belgique, surplus de 60 km; ces calcaires sont caractérisés par Spirifer cuspidatus, Productus semi-reticulatus;

3° le viséen comprenant des calcaires gris ou noirs à Productus cora et giganteus, avec intercalation de dolomie ruiniforme à Chonetes papilionacea.

Le terrain houiller n'affleure dans département qu'un peu au Nod-Ouest d'Avesnes, vers Aulnoye et Saint-Remy ou il constitue deux petits bassins où il a été exploité. Le terrain houiller du bassin de Valenciennes, recouvert par les morts terrains, fait partie de la grande bande qui part d'Aix-la-Chapelle; passe par Liège, Namur, Mons et se continue à l'Ouest. vers Flechinelle et le Boulonnais, sur une étendue de plus de 250 km. On divise le terrain houiller en plusieurs zones caractérisées par la richesse de la houille en matières volatiles, dont la teneur augmente quand on passe des couches les plus anciennes anis plus récentes. A la base on trouve, reposant sur le calcaire de Visé, des grès et des calcaires à Productus carbonarius, puis vient le terrain productif ou terrain des charbons formés d'une alternance de couches de houille, de schistes et de grès, dans lesquelles on distingue : la zone de Vicoigne ou des charbons maigres (Vicoigue, Fresnes); la zone d'Anzin ou des charbons demi gras (Aniche, L'Escarpelle); la zone de Denain ou des charbons gras : c'est celle qui a été la plus activement exploitée, car elle s'étend d'un bout à l'autre du bassin; enfin la zone de Bully-Grenay, ou des charbons à gaz et flénus, qui ne dépasse pas Douai à l'Ouest. La puissance du terrain houiller est d'environ 2500 m. Cet étage comprend plus de 150 couches de houille dont l'épaisseur varie de 0,10 m à 1,50 m.

Le lias et le jurassique, qui n'affleurent pas dans le département, ont été rencontrés dans plusieurs sondages, ainsi que le gault. Ce dernier, constitué à la base par des argiles et, à la partie supérieure, par des sables assez épais, fournit un niveau aquifère très important et des eaux jaillissantes.

Le crétacé supérieur ne se trouve qu'au Sud de Lille. Il est principalement développé le long d'une bande passant par Lille, Douai, Valenciennes, Cambrai, Landrecies et Maubeuge; mais on ne l'observe guère que dans les vallées, les plateaux étant recouverts de limon. Le cénomanien comprend des sables dits aachéniens, exploités près d'Avesnes, puis des argiles à Ostrea aquila et Am.  milletianus, des sables verts à Am. mamillaris, des marnes sableuses, glauconifères à Pecten asper, puis des marnes blanches ou bleues, glauconifères (dièves) à Bel. plenus qui constituent un niveau aquifère. Cette formation ne se montre guère qu'à l'extrémité Nord-Est du département où elle forme des affleurements pou étendus, mais on l'a rencontrée dans les puits de mines. Plus au Nord, vers Lille, les dièves reposent sur une craie glauconieuse avec galets de phtanite, de grès houiller et dévonien, connue sous le nom de tourtia, et très développée en Belgique.

Le turonien est le premier terme du crétacé affleurant sur une assez grande étendue. Il comprend une argile marneuse à Inoceramus labialus, exploitée pour la fabrication de la tuile, puis des marnes argileuses grises, avec intercalation de bancs de craie marneuse à Terebratula gracietis; une craie blanche avec silex à Holaster planus, employée comme pierre à chaux, et une craie glauconieuse plus ou moins phosphatée, exploitée près de Cambrai comme pierre de taille, et renfermant Micraster breviporus.

Le sénonien, remarquablement développé dans le département du Nord, est constitué par une craie tendre et compacte fournissant d'excellents matériaux de construction. La plupart des vieux édifices de Lille, Douai, Valenciennes, Cambrai, sont construits en craie de ce niveau, caractérisée, par Micraster cor. testudianarium et M. cor. anguinum; cette craie devient de plus en plus fine de la base au sommet, les silex diminuent également de taille. On s'en sert également comme pierre à chaux, et on l'a employé beaucoup dans la préparation de l'acide carbonique utilisé dans les sucreries. C'est la dernière assise crétacée qui se montre dans le département. du Nord. 

Le sénonien supérieur et le danien s'étendent plus au Sud, et plus au Nord. Durant cette période, le département du Nord fut émergé et il se produisit des formations continentales, qui durèrent jusqu'au commencement du tertiaire (lignites, couches d'argiles de Léouville, argiles de décalcification à silex). Ces dernières paraissent, en partie, dater de la base de l'éocène, car elles sont mélangées à des sables verts glauconieux, parfois agglomérés en tuffeau très dur (ciel de marle ou turc), caractérisé par Cyprina planata, des diatomées, des radiolaires et des spicules d'éponges. La glauconie de ces sables renferme des fragments de zircon, de rutile, d'anatase, etc. Au-dessus viennent les sables et grès blancs ou verdâtres, d'un grain fin, dits sables du Quesnoy ou d'Ostricourt, dont la stratification est entre-croisée. Ils renferment des intercalations d'argile plastique où l'on a trouvé des empreintes de palmiers, de lauriers, de figuiers. Ces sables sont recouverts par l'argile des Flandres, synchronique de l'argile de Londres; c'est une argile plastique souvent feuilletée renfermant des cristaux de gypse, de pyrite, de sidérose, caractérisée en certains points par Ostrea bellovacina et Cyrena cuneiformis. Elle couvre une assez grande surface et atteint 100 m d'épaisseur vers Hazebrouck. Viennent ensuite des argiles ou des sables glauconieux, micacés avec lumachelles de nummulites (N. planulata) et Turritella edita (Roubaix).

Le lutétien débute par une série de sables, d'argiles sableuses et glauconifères et de grès à Cardita planicosta très développés à Cassel, constituant le bruxellien et le laekenien. On y trouve encore O. flabellula et Num. laevigata à la base, Orbilolites complanata, Num. variolaria et de nombreux débris de poissons (Lamna, Carchorodon) à la partie supérieure. D'autres sables avec bancs solides de grès calcaires les surmontent; ils renferment Cerithium giganteum et O. inflata.

L'éocène se termine par des sables argileux et glauconieux (Cassel), ravinant les couches inférieures et renfermant Proton corneus. Au-dessus de cette formation se montre au sommet des collines du N. du département une série de couches que les uns rapportent à l'éocène, d'autres à l'oligocène, mais qui sont bien développées en Belgique. Pendant la durée de l'oligocène, le N. de la France était émergé et constituait une barrière entre le bassin de Paris et Ie bassin de la mer du Nord.

En quelques points culminants, on trouve des lambeaux de miocène (Nord du département). A Cassel, cet étage est représenté par des argiles grises, mélangées à des sables bigarrés renfermant du mica. Le sommet des ces proéminences (Cassel) est occupé par des sables verts plus ou moins ferrugineux, s'étendant en Belgique où l'on a recueilli Ter. grandis., ce qui les fait assimiler au pliocène inférieur (diestien). En quelques points on a cependant trouvé des argiles à silex qui paraissent correspondre à cette époque. Ces dépôts sont les dépôts tertiaires les plus récents du Nord de la France.

Pléistocène.
Presque tout le Nord-Ouest du département constitue un pays presque plat, couvert de limons masquant les terrains sous-jacents sous une apparente uniformité. Le limon est divisé comme il suit : à la base, ou rencontre un dépôt de cailloux, composés presque exclusivement de silex pyromaques, plutôt cassés et usés que roulés, renfermant Elephas primigenius (mammouths) et des silex taillés du type chéléen; vient ensuite un sable argileux verdâtre rempli de succinées, des dépôts de cailloux avec débris de roches et de fossiles tertiaires à Elephas primigenius et Hyaena spelaea. L'assise qui les surmonte est formée de limons, variables avec la nature du sol. C'est tantôt un limon jaune clair, doux au toucher (ergeron), avec petits débris de craie, tantôt un limon argile-sableux, jaune, panaché de blanc. L'assise supérieure est formée de limon argileux (limon supérieur) brun rougeâtre, exploité pour la fabrication des briques. Il produit des terres très fertiles.

Les alluvions modernes offrent un beau développement dans les vallées de la Sambre, de l'Escaut, de la Deûle, de la Lys, où elles reposent sur le pléistocène, le tertiaire ou le mésozoïque. Leur composition dépend des terrains dans lesquels est creusée la vallée. Ce sont surtout des argiles bleues, des argiles calcaires ou sableuses, qui renferment parfois des couches de tourbe. Elles forment aussi une assez large bande de territoire, le long des côtes, entre Gravelines, Bergues, Hondschoote, dont le niveau en beaucoup de points est inférieur à celui des hautes mers (6 m à Dunkerque). Cette bande continue celle qui prend une si grande extension en Belgique. C'est pendant les premiers temps de l'ère moderne que les rivages de la mer du Nord se soulevant amenèrent la formation, le long des rivages, de marécages où se développa la tourbe, pendant que les essences forestières croissaient sur les parties moins humides. 

La tourbe est surtout concentrée vers le Sud de la bande que nous avons définie, mais elle n'a guère plus d'un mètre d'épaisseur, tandis qu'en Belgique elle atteint une puissance de 7 m. De nombreux documents ont été trouvés dans cette tourbe. A la partie moyenne, on a rencontré des silex de la pierre polie, des canots et des statuettes, tandis que le partie supérieure renferme des armes, des instruments et des monnaies gauloises et romaines. Ces tourbières, dont la durée de formation a été évaluée à 7000 ans, existaient encore au moment de l'occupation de la Gaule par Jules César. La tourbe est recouverte par des sables ou des glaises, reposant sur de la vase bleue, dans lesquels on a trouvé des coquilles marines. Cette formation résulte en grande partie de l'envahissement de la région par la mer, envahissement dû à des tempêtes qui se tirent sentir entre les années 400 et 840. Puis après l'an mille, où de nouvelles invasions entrent lieu, le sol se souleva, l'industrie humaine dessécha les marais et cultiva cette région éminemment fertile.

Géologie agricole.
Si l'on examine les terrains des plus anciens aux plus récents, on remarque que la région constituée par les schistes et les psammites dévoniens est couverte de petits bois cultivés en taillis. C'est l'emploi le plus productif que l'on puisse retirer de ces terrains. Parfois cependant les schistes, les psammites et les dièves sont cultivés en prairies. La craie proprement dite ne porte guère que des bois et des garennes; il en est de même des sables éocènes, mais là où existent des marnes crétacées, les couches tertiaires et quaternaires qui les surmontent forment des régions humides couvertes de prairies naturelles. Les dépôts de transport argilo-sableux donnent des terres un peu fortes, mais très productives, où le tabac et le houblon sont cultivés. Le limon supérieur est essentiellement favorable à la culture des céréales et des betteraves, et l'on sait que cette dernière culture est faite en grand dans le département.

L'industrie et l'agriculture utilisent l'eau provenant des sources ou des puits artésiens. Une première nappe aquifère se trouve dans la couche argilo-sableuse du limon pléistocène, retenue soit par l'argile des Flandres, soit par l'argile à silex. Elle imbibe la plaine de la Lys où elle forme une couche à 3 on 4 m de profondeur. Une deuxième nappe, mieux isolée, existe dans les sables verts éocènes. La nappe la plus importante est située dans la marne à Ter. gracilis. C'est elle qui fournit les sources de l'Oise, de la Selle et de leurs affluents. Les sources de l'Escaut et de la Somme ont la même origine. Un dernier niveau se montre dans les calcaires carbonifères ou dévoniens; il fournit des eaux pures, légèrement sodiques, quelquefois en extrême abondance. (Ph. Glangeaud).

Régime des eaux

Les eaux du département du Nord se partagent entre divers tributaires de la mer du Nord, Aa, Yser, Escaut, Meuse. Toutefois, durant 3 km à l'angle Sud-Est, l'Oise, tributaire de la Seine, longe le département, le séparant de celui de l'Aisne; elle draine environ 2500 hectares de l'arrondissement d'Avesnes, dont le ru d'Anor, également né eu Belgique, emplit et déverse quatre étangs.

L'Aa.
L'Aa (80 km, bassin de 121.471 hectares, débit moyen 3 m³/s) longe pendant ses 24 derniers kilomètres le département du Nord, où il baigne Watten et Gravelines. Canalisé, il complète le réseau navigable formé par le canal de Neuffossé qui le relie à la Lys (de Saint-Omer à Aire), le canal de la Colme qui, de Watten à Bergues, s'appelle Haute-Colme et, de Bergues à la Belgique vers Furnes, Basse-Colme; le canal de Bourbourg, également alimenté par les eaux de l'Aa, aboutit an port de Dunkerque, d'où le canal de Dunkerque à Nieuport se dirige vers Furnes. Le canal de Bergues relie à Dunkerque le canal de la Haute-Colme.

L'Yser.
L'Yser coule en France pendant 36 km et y draine 39.500 hectares qui lui fournissent 2800 litres d'eau en portée moyenne; sa source jaillit à 27 m d'altitude, il passe au pied du mont Cassel, à Esquelbecq, près de Wormhoudt, qu'arrose son affluent, la Peene-Becque (dr., 27 km), il reçoit encore de France l'Ey-Berque (dr., 22 km), qui forme un moment la frontière, et la Sale-Becque (g., 16 km).

L'Escaut et ses affluents.
L'Escaut a 100 de ses 400 km de cours, en France, dont 89 km dans le département du Nord, qui prend 365.000 hectares de son bassin sur un total de 2.070.000. Il naît dans le département de l'Aisne à 87 m d'altitude, passe dans celui du Nord à 80 m, escorté par le canal de Saint-Quentin, qui, au bout de 26 km, entre à Cambrai dans l'Escaut canalisé. Auparavant, celui-ci a passé à Honnecourt, Banteux, Crèvecoeur où il boit le riot d'Esnes ou de Lesdain (dr., 20 km, bassin de 10.561 hectares, débit moyen de 135 litres par seconde, nul en été), Masnières, Marcoing, où il reçoit l'Eauette ou Escauette (g., 20 km, bassin de 11.800 hectares), autre riot sans eau jusqu'aux fontaines des Pères et de la Troémée qui le grossissent à 2 km de son confluent avec l'Escaut; celui-ci passe ensuite à Noyelles avant d'arriver à Cambrai, grande ville, à partir de laquelle il est canalisé et muni de 16 écluses sur les 63 km qu'il parcourt avant d'entrer en Belgique. Il passe à Escaudoeuvres, Ramillies, Iwuy où lui arrive l'Herclin (dr. 30 km, bassin de 15 000 hectares), à Estrun, au Bassin-Rond au confluent de la Sensée, à Bouchain, Neuville-sur-l'Escaut, Roeulx, Lourches, Denain, Haulchin, Trith-Saint-Léger, Valenciennes, Anzin, Bruay, Escaupont, Fresnes, Condé où débouche la Haine venue de Belgique; l'Escaut qui depuis Marcoing suivait, réserve faite pour les sinuosités secondaires, la direction du Nord-Est, tourne à angle droit vers le Nord-Ouest par Vieux-Condé, Odomez, Hergnies, Mortagne où lui arrive la Scarpe canalisée et entre en Belgique à 16 m d'altitude; sa largeur est alors de 20 à 25 m, son débit moyen de 12 m³/s, ne s'abaissant guère à moins de 7 m³/set ne s'élevant guère à plus de 40 m³/s. 

La Sensée.
En dehors des premiers petits affluents que nous avons signalés au passage, l'Escaut reçoit, en France : la Sensée (g., 60 km dont 90 dans le Nord, 3 m³/s de débit moyen) vient du Pas-de-Calais, par une plaine semée d'étangs, passe près d'Arleux où se détache le canal de la Sensée (25 km) qui l'unit à la Scarpe; la Sensée est dès lors canalisée jusqu'à son embouchure. 

La Selle.
La Selle (dr. , 46 km, bassin de 21.500 hectares dont 4600 dans l'Aisne, 2 m³/s) a ses 2 premiers km dans le département de l'Aisne, passe à travers une région industrielle, à Saint-Souplet, au Cateau, à Neuvilly, Solesmes, Haussy, Saulzoir, Haspres, pour finir à Lourches. Elle reçoit le Bassuyau et le Baart, qui creusent leur vallon dans la craie, comme la Selle et comme l'EcailIon. Celui-ci sort d'un étang de la forêt de Mormal, passe au Sud du Quesnoy, s'augmente du Saint-Georges (g.,19 km) et de la rivière des Harpies (g., 25 km) et termine en aval de Thiant son cours de 33 km (bassin de 15.800 hectares, débit 475 litres par seconde). 

La Rhonelle.
La Rhonelle (dr., 29 km., bassin de 32.200 hectares, débit 300 litres /s) vient aussi de la forêt de Mormal, passe au Nord du Quesnoy, à Aulnoy, Marly et finit dans Valenciennes. 

La Haine.
La Haine (dr., 80 km dont 5 en France, 1500 litres /s) est essentiellement belge; c'est la rivière du Hainaut et de Mons, qui vient finir à Condé, accompagnée du canal de Mons à Condé; son affluent le Hogneau ou Auneau (g., 34 km dont 22 en France) se forme par la jonction du Hogneau majeur, qui passe sur le champ de bataille de Malplaquet, et du Hogneau mineur, qui sort du Nord de la forêt de Mormal et arrose Louvignies-les-Bavai et Saint-Vaast; le Hogneau passe ensuite en Belgique, rentre en France pour y recevoir, près de Blanc-Misseron, la Honnelle (g.) venue également de la forêt de Mormal.

La Scarpe.
La Scarpe, le premier grand affluent de g. de l'Escaut, s'y jette un peu avant qu'il sorte du territoire français; elle a 101 km dont 43 dans le Nord, draine un bassin de 109.450 hectares, qui lui fournit en moyenne 5 m³/s. Sa vallée, jadis marécageuse, a été bien asséchée; elle représente l'artère centrale d'un réseau de canaux, de rigoles qui l'accompagnent (Bouchard, Grande et Petite Traitoire, Décours, courants de Coutiche et de l'Hôpital, Elnon, etc.). La Scarpe passe à Coinchelettes où débouche le canal de la Sensée, à Douai, Fort-de-Scarpe d'où part le canal de la Haute-Deûle alimenté par elle, à Marchiennes, Saint-Amand.

La Lys.
En dehors de France, l'Escaut reçoit encore des rivières qui coulent dans le département du Nord, le Décours, canal de la Scarpe, qui aboutit, un peu au delà de la frontière, et surtout la Lys ou Lis. Celle-ci a ses 126 premiers kilomètres en France, dont 55 km le long ou dans le département du Nord. Elle est déjà navigable quand elle l'atteint à 3,5 km en aval d'Aire, à 18 m d'altitude. C'est, comme les autres rivières flamandes, un large fossé endigué, dont les eaux se traînent lentement, faute de pente, au milieu d'un large fond alluvial dont l'altitude ne dépasse pas 20 m; plusieurs écluses régularisant le cours pour la navigation achèvent la ressemblance avec un canal. 

Pendant une vingtaine de km, la Lys divise les département du Pas-de-Calais et du Nord qui ne possède que sa rive gauche; à Thiennes se détache le canal  de la Nieppe, à Merville celui de la Bourre, qui rejoint le précédent au Nord de la forêt de Nieppe et de là mène à Hazebrouck; à La Gorgue, la Lys recueille la Lawe (dr., 38 km, bassin de 17.500 hectares, 1 m³/s) dont seuls les 2 derniers kilomètres appartiennent au département du Nord; elle passe ensuite à Sailly, Erquinghem-Lys, Armentières, Houplines, Frelinghien, Deulémont où elle reçoit la Deûle, Comines, Werwicq-sud (en face de la ville belge de Werwicq), Bousbecques, Halluin, et entre tout à fait en Belgique, à laquelle sa rive g. appartenait déjà depuis Honplines. La Lys quitte la France à l'altitude de 10 m, roulant 7 m³/s d'eau en temps normal, 2,5 à l'étiage; son bassin français est de 275.000 hectares. 

Dans le département du Nord, elle reçoit à gauche la Bourre ou Borvre-Becque qui naît au Nord d'Hazebrouck et est à partir de la forêt de Nieppe confondue avec le canal de la Bourre qu'alimente la Lys; la Bourre communique par le fossé dit Plate-Becque avec l'affluent suivant, la Méteren-Becque, qui commence à l'Ouest du Catsberg. Une troisième Becque, qui garde mieux l'aspect d'un ruisseau naturel, naît au mont Noir, passe à Bailleul et Steenwerck pour finir à Sailly. 

Le seul affluent notable de la Lys est la Deûle (dr., 68 kil. dont 34 dans le Nord, bassin de 77.000 hectares, débit moyen 4 m³/s). Elle naît dans le Pas-de-Calais, sous le nom de Carency, puis de Souchet, se confond presque constamment à partir de Lens avec le canal de la Deûle que le canal de la Haute-Deûle joint à la Scarpe (à Fort-de-Scarpe). La rivière entre ensuite sur le territoire du département du Nord, après avoir accueilli le canal de la Bassée, qui forme un moment la limite avec le
département du Pas-de-Calais, et par lequel elle communique avec la Lys. La Deûle, presque toujours confondue avec son canal, se traîne dans un fond marécageux jusqu'aux abords de Lille, baigne ses faubourgs d'Haubourdin, Loos, puis Lille même, bâtie à l'Est de la rivière, sauf la citadelle établie dans un repli sur la rive occidentale. La Deûle canalisée passe ensuite à Marquette où aboutit la Marcq, née au pied de la colline historique de Mons-en-Pévèle, passant à Pont-à-Marcq, sur le champ de bataille de Bouvines, entre Croix et Wasquehal, après quoi elle se confond avec le canal de Roubaix, devant Marcq et Marquette. Le canal de Roubaix, qui part de Marquette sur la Lys, forme une route directe vers l'Escaut, passant entre Tourcoing et Roubaix et s'achevant en Belgique sous le nom de canal de l'Espierre; il ajoute aux eaux de la Marcq celles de la rigole de dessèchement des marais de la Deûle. En aval de Marquette, la Deûle décrit un coude vers le passe à Wambrechies, au Quesnoy et se joint à la Lys.

Les cours d'eau à l'Est du département.
Dans la plaine flamande, qu'il s'agisse de la Flandre maritime ou de la Flandre wallonne, les cours d'eau ne se différencient guère des canaux, remplissant leur double fonction de fossé de drainage et de chemin de navigation; la description des rivières naturelles est donc inséparable de celle des embranchements creusés entre elles pour les relier et compléter le réseau navigable. Tout autre est l'aspect de la partie orientale du département, celle qui relève du bassin de la Meuse.

La Meuse.
La Meuse ne touche pas au département du Nord; elle recueille les eaux de la plus grande partie de l'arrondissement d'Avesnes par son grand affluent gauche, la Sambre, qui a en France 85 de ses 190 km, et 107.500 hectares d'un bassin de 266.200. Elle naît sur le plateau de Thiérache (département de l'Aisne), mais sa branche supérieure, la Vieille-Sambre, a été dérivée vers Ie Noirieu, affluent de l'Oise, au XVIe siècle, pour alimenter le canal de Sambre-et-Oise, de sorte que la tête actuelle de la rivière est la Jeune-Sambre, ou ruisseau de France, parallèle à la Vieille-Sambre, mais à 4 km au Nord; elle a sa source dans le département de l'Aisne et descend vers l'Ouest; au bout de 1 km à peine, elle atteint au Sud de Beaurepaire le département du Nord qu'elle sépare de celui de l'Aisne durant 3 km; elle rentre sur le territoire de l'Aisne et, près d'Oisy, débouche dans le bief de partage du canal de Sambre-et-Oise. 

La Sambre.
La Sambre canalisée tourne vers le Nord, entre dans le département du Nord, où neuf barrages éclusés, distribués sur les 67 km de son cours rectifié, assurent son tirant d'eau de 2 m; elle passe à Catillon, Ors, et se replie vers le Nord-Est, suivant extérieurement les terrains dévoniens de l'Ardenne. Elle baigne Landrecies, le pied de la forêt de Mormal, reçoit du Sud-Est les deux Helpes, baigne Sassegnies, Berlaimont, Aulnoye, Aymeries, Pont-sur-Sambre, les carrières de Boussières, Hautmont, Louvroil. Sous-le-Bois, Maubeuge, Assevent, Recquignies, Rocq, Marpent, Jeumont et passe en Belgique, à 123 m d'altitude; elle roule alors près de 6m³/s aux eaux moyennes, 3,52 à l'étiage. 

Ses affluents français lui viennent, de droite, du rivage ardennais; de l'autre côté du lit creusé par la Sambre, la pente du sol continuant vers le Nord-Ouest mène les eaux à l'Escaut. Ces affluents droits sont :

• la Riviérette (15 km), venue de l'ancien marais de Beaurepaire; 

• la Petite-Helpe ou Helpe mineure (45 km., 23.200 hectares, 700 litres par sec.), qui se forme sur le territoire de l'Aisne par l'union de plusieurs ruisseaux venus, les uns de la Flamengrie (Aisne), les autres des bois de Fourmies et d'Anor, par les cités  de Fourmies et Wignehies; la Helpe mineure passe ensuite à Cartignies; 

• la Grande Helpe ou Helpe majeure (58 km, 21.400 hectares, 1600 litres par seconde), qui naît sur la limite de la Belgique, dans les bois au Nord d'Anor, forme quelque temps la frontière, tandis qu'elle se dirige au Nord, recueille le ruisseau de Baives, puis à Eppe-Sauvage, la petite Eau d'Eppe, pittoresque riviériette belge; la Helpe tourne alors à l'Ouest, recueille les eaux de la forêt de Trélon apportées par le Noyon, déversoir de l'étang de la Folie, quitte la pittoresque région des bois, arrose Avesnes; 

• la Solre (20 km, bassin de 13.400 hectares, 500 litres par seconde), qui se forme à Solre-le-Château de ruisseaux nés près de la frontière, arrose Ferrières-la-Petite et Ferrières-la-Grande. 

Deux autres affluents de la Sambre, qui naissent et finissent en Belgique, appartiennent à la France par leur cours moyen : 
• la Thure, pendant 9 km avant et après Cousolre; la Hantes, pendant 5 km autour de Bousignies.

Climat du département du Nord

Malgré son nom, le département du Nord n'est pas exposé à de grands froids. 
Le climat est maritime, par conséquent doux et humide. Le voisinage de la mer, l'absence de montagnes y rendent l'hiver très supportable, et, pendant la moitié de l'année, il y fait plus chaud que dans les vallées élevées et sur les plateaux de plusieurs départements du Centre, de l'Est et même du Midi

La mauvaise saison s'y fait sentir en pluies plus qu'en neige et en glace; elle n'en est pas moins désagréable.  l'hiver est pluvieux, « pourri », dit-on ici; le printemps court, l'été parfois très chaud et à température variable; la belle saison est l'automne.

La température moyenne annuelle est de +10,2°C, celle de l'hiver +3,12, celle de l'été +17,8 °C, du printemps +9,3 °C, de l'automne 10,73 °C°. A Lille, la température moyenne de l'année est de 9,7 °C, c'est-à-dire qu'elle est inférieure d'environ un degré à celle de Paris. Dans l'arrondissement d'Avesnes, qui est plus éloigné de la mer et plus élevé que les  autres, les froids sont plus rigoureux, les chaleurs plus fortes, le climat est moins tempéré, plus continental. 

Le nombre des jours de pluie varie entre 175 et 258 par an, mais la quantité de pluie totale n'est pas très considérable : 670 mm à Lille; un peu plus sur la côte, 771 à Dunkerque; davantage dans la zone ardennaise plus haute et plus boisée, 857 mm à Avesnes; le maximum est atteint dans le secteur d'Anor;  en inclinant au sud, on voit s'augmenter la hauteur de s précipitations annuelles, qui varie entre 600 et 800 millimètres, dans les arrondissements de Cambrai, de Valenciennes et d'Avesnes. La moyenne annuelle des précipitations s'avère au final, dans le Nord, inférieure à la moyenne en France (770 millimètres). Cela tient à la rareté des pluies violentes, à la fréquence des petites pluies fines. 

Les vents dominants soufflent de l'Ouest, du Sud-Ouest et du Nord-Ouest et amènent la pluie. (GE / Joanne).

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