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La faction des Bourguignons

La faction des Bourguignons est une faction qui se forma sous le règne de Charles VI et qui eut pour chef Jean sans Peur, duc de Bourgogne; elle était en opposition avec les Armagnacs, nom sous lequel on désigna les partisans du duc d'Orléans. L'assassinat de Louis d'Orléans, le 23 novembre 1407, par les affidés du duc de Bourgogne, donna naissance à la guerre civile. Jean sans Peur dut d'abord s'éloigner de Paris, mais il ne tarda pas à y rentrer avec huit cents hommes d'armes. Il trouva même un docteur en théologie, le Cordelier Jean Petit, pour taire, le 8 mars 1408, l'apologie de l'assassinat de Louis d'Orléans; ce Jean Petit avait été nommé conseiller du duc aux gages de cent livres tournois par an. Le duc de Bourgogne ayant été appelé dans les Pays-Bas, les Armagnacs profitèrent de son absence pour le faire condamner par le Conseil royal à comparaître devant le Parlement. Il n'eut qu'à paraître pour faire fuir les faibles vengeurs de Louis d'Orléans. Le 9 mars 1409 il y eut à Chartres une réconciliation apparente entre les princes d'Orléans et l'assassin de leur père. Mais Jean sans Peur se saisit du gouvernement. Une ligue se forma contre lui (15 avril 1440). Il sut bientôt lui enlever son plus puissant auxiliaire, le duc de Bretagne, pour l'attacher à son parti, mais ce fut pour peu de temps. 

Quand, en 1410, les Armagnacs approchèrent de Paris, le duc de Bourgogne les laissa ravager le pays tout en rassemblant à Saint-Denis une puissante armée. Le traité de Bicêtre, conclu le 2 novembre 1410, suspendit la guerre civile jusqu'au printemps de 1411. C'est alors que Paris, livré aux Cabochiens, se prononça pour le duc de Bourgogne. Les Anglais intervinrent; les uns, venus de Calais, se joignaient aux Bourguignons, tandis que d'autres, venus du Bordelais, s'avançaient avec les Armagnacs (La Guerre de Cent Ans). Pendant l'été de 1411, Jean sans Peur se dirigea sur Paris avec une armée de 60 000 hommes. En octobre 1411, le Conseil royal, présidé par le duc de Guyenne, publia un mandement qui déclara rebelles tous les alliés des princes d'Orléans. Le duc de Bourgogne entra dans Paris et attaqua les Bretons, alliés des Armagnacs, qui s'étaient fortifiés à La Chapelle; il dut reculer, mais dans la nuit du 8 au 9 novembre, il sortit par la porte Saint-Jacques, marcha sur Saint-Cloud, défit complètement l'armée des Armagnacs. Puis, Jean sans Peur poursuivit de tous côtés les princes d'Orléans et leurs alliés; il emmena le roi et le dauphin au siège de Bourges; l'armée royale parut devant cette ville le 11 juin 1412. 

La paix fut signée à Bourges le 15 juillet 1412, confirmée à Auxerre le 22 août. Les excès des Cabochiens provoquèrent une réaction favorable aux Armagnacs. Jean sans Peur dut quitter Paris le 23 août 1413; la ville fut livrée à la faction orléanaise. Le roi de Sicile abandonna le parti du duc de Bourgogne; et, en même temps qu'il s'alliait avec les Armagnacs, il renvoya à Jean sans Peur sa fille Catherine, fiancée à son fils aîné, Louis d'Anjou (novembre 1413). Le dauphin, que les princes d'Orléans tenaient dans leur dépendance, écrivit an due de Bourgogne de venir lui rendre la liberté (décembre 1413), puis, changeant d'avis, lui défendit de rassembler des troupes. Jean sans Peur n'en marcha pas moins sur Paris; il chercha à soulever la population où il conservait encore de nombreux partisans; effrayés par le déploiement de forces dont les Armagnacs avaient fait montre à l'intérieur de leur ville, les Parisiens ne bougèrent pas. Le duc de Bourgogne, déclaré rebelle le 10 février. 1414, quitta Saint-Denis où il avait établi son quartier général, pour aller chercher des renforts dans ses États. L'armée royale le poursuivit. Assiégé dans Arras, le duc demanda la paix qui fut conclue le 4 septembre 1414 ; défense lui fut faite de rentrer dans Paris.

Les partis réconciliés unirent leurs efforts contre le roi d'AngleterreHenri V, qui déclara la guerre à Charles VI en juillet 1415 (La Guerre de Cent Ans). Après la bataille d'Azincourt (25 octobre 1415) Jean sans Peur traita avec les Anglais, puis il chercha à se former un parti dans Paris; dès le mois de septembre 1417, il tenait Clamart et Montrouge; il délivra la reine exilée. Les rigueurs de l'hiver de 1447-1418 et la famine exaspérèrent Paris contre Armagnac. Le 29 mai 1418, Perrinet Leclerc ouvrit la porte Saint-Germain au sire de l'Isle-Adam; le 12 juin suivant la populace massacra les Armagnacs. Henri V cependant s'avançait victorieusement à travers la France. En mai 1419, il accorda au duc de Bourgogne une entrevue à Meulun où la reine Isabeau offrit sa fille Catherine avec la Guyenne et la Normandie. Les exigences de Henri V rapprochèrent un moment les partis. Jean sans Peur alla s'agenouiller devant le dauphin sur le pont de Pouilly, près de Melun (11 juillet); il ne tarda pas à trahir la cause française, renouvela des trêves avec les Anglais et laissa prendre Pontoise. C'est alors que le dauphin fit assassiner Jean sans Peur sur le pont de Montereau (10 septembre 1419). La guerre civile se ralluma.

Les Parisiens se déclarèrent contre les meurtriers. Le fils de la victime, Philippe le Bon, jura de venger son père et par le traité de Troyes livra la France à l'Angleterre (24 mai 1420). Les mariages des soeurs de Philippe le Bon avec Bedfort et Richemont resserrèrent les liens qui unissaient les Bourguignons aux Anglais. En 1425, cependant, la mésintelligence éclata entre Glocester, oncle du roi d'Angleterre, Henri VI, et le duc de Bourgogne, à l'occasion du mariage de Glocester avec Jacqueline de Hainaut. En même temps, le comte de Richement rompait avec Bedford et acceptait l'épée de connétable que lui offrit Charles VII. Mais des intrigues de cour empêchèrent qu'aucun rapprochement durable n'eut lieu entre les Bourguignons et les Armagnacs. Les papes Martin V et Eugène IV firent des efforts pour amener le rétablissement de la paix. Eugène IV finit par obtenir que des conférences s'ouvrissent à Auxerre en juillet 1432. Dès le mois de septembre 1431 Philippe le Bon avait conclu des trêves avec Charles VII. Ces conférences n'aboutirent pas, mais elles furent comme le prélude du traité d'Arras conclu entre le duc de Bourgogne et le roi de France, le 21 septembre 1435, et qui mit fin à la guerre civile. (M. Prou).

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Dictionnaire biographique
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