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On donne le nom d'arc de triomphe à un monument dont l'arcade est le principal élément d'architecture et qui rappelle, par sa décoration, les motifs qui ont donné lieu à son érection. Inconnus ou très rares chez les anciens peuples de l'Orient et même en Grèce (l'Arc d'Hadrien, construit à Athènes est un ouvrage romain), les arcs de triomphe devinrent fréquents dans le monde romain dont ils constituèrent un des principaux types d'édifices et ensuite restèrent en honneur chez les peuples modernes. « Les arcs, écrit Bérengère Fortuner, sont dérivés de très anciens rites de passage étrusques destinés à purifier celui qui doit s'y soumettre [...]. Deux autres anciens rites relèvent de la même conception religieuse qui aboutira à la construction des arcs : après la bataille, les armées romaines se déchargent de leur énergie destructrice, indispensable pour gagner la bataille, mais dangereuse pour la communauté civile en temps de paix, en construisant des trophées (mannequins sur lesquels sont accrochées des armes). L'armée doit passer d'autre part sous la porta triumphalis lorsqu'elle franchit le pomerium de Rome pour la cérémonie du triomphe. » (L'Archéologue, n°62, oct-nov. 2002).A l'origine, les Romains élevèrent sur le passage des généraux vainqueurs des arcs de triomphe qui ne présentaient qu'un caractère provisoire. C'étaient de grands arcs en charpente (Rosinus, Ant. Rom., I, x), recouverts d'arbustes verts et de fleurs, et ornés le plus souvent de trophées composés d'aunes et du butin pris sur l'ennemi. Les premiers arcs de triomphe de construction durable semblent avoir été érigés à l'imitation même de cette porta triumphalis, porte de l'ancienne enceinte de Rome située dans le voisinage du Champ de Mars et qui était ornée d'une façon toute spéciale lorsque l'imperator, à la tête de ses légions, passait sous cette porte, au milieu de son cortège triomphal, pour traverser la cité et monter au Capitole rendre grâces aux dieux. Peu à peu, les matériaux employés dans la construction des arcs de triomphe, leur riche décoration et les faits importants que rappelaient les bas-reliefs et les inscriptions qui les ornaient, firent de ces monuments, non seulement de durables témoins de l'état de l'architecture et de la sculpture à l'époque de leur érection, mais encore de précieuses pages lapidaires, toujours consultées avec fruit pour l'histoire ou la civilisation des peuples dont ils retracent les victoires ou les défaites. C'est à Rome et sous la République qu'il faut chercher les plus anciens exemples d'arcs de triomphe, monuments devenus nombreux par la suite dans les diverses provinces de l'empire romain. Les premiers arcs de triomphe ont été construits en liaison avec des fait militaires précis. Ce qui peut justifier leur nom. Mais leur vocation a ensuite changé : Ainsi, note Bérengère Fortuner à propos des arcs romains en Afrique du Nord, « c'est l'Empereur qui est célébré et sa statue pouvait d'ailleurs se dresser sur l'attique si l'on se réfère à certaines inscriptions : statue en pied ou plus rarement conduisant un quadrige. Un caractère triomphal certain subsiste donc, bien qu'il n'y ait pas eu dans le cadre de [la Proconsulaire et de la Numidie] de monument se référant à une victoire précise. L'arc est lié à la paix et à la prospérité, émanations de l'énergie "fécondante autant que protectrice" de l'Empereur selon la formule de G. Charles-Picard. L'arc de triomphe, enfin, est l'expression du sentiment d'appartenir à la communauté romaine : les villes comme les particuliers décident de leur construction pour des raisons qui, la plupart du temps, ne sont pas mentionnées, mais toujours en des points remarquables de la cité. »Il a donc existé deux genres d'arcs bien distincts : l'arc de triomphe proprement dit (arcus triumphalis) et l'arc honorifique (héritier du fornix républicain). Cette distinction établie, nous réunirons néanmoins dans cet article tous les monuments qu'on a l'habitude d'appeler arcs de triomphe, tout en notant qu'il faut bien se garder de considérer comme arcs de triomphe, soit des fragments de portiques ou des substructions monumentales d'aqueducs, soit d'anciennes portes de villes encore existantes de nos jours et comprenant souvent deux arcades égales, tandis qu'à l'origine les arcs de triomphe n'en eurent généralement qu'une et que, plus tard, ces monuments en comptèrent trois, dont une grande et deux petites. Les arcs de Rome. Les auteurs latins nous ont conservé le souvenir de vingt et un arcs de triomphe élevés dans Rome même et dont cinq seulement subsistent encore. Parmi ceux disparus, il faut citer : 1° deux arcs surmontés de statues dorées et élevés par le consul Stertinius, en l'an 196 avant notre ère, l'un dans le forum boarium et l'autre dans le grand cirque, du produit du butin qu'il avait rapporté de ses guerres d'Espagne (Tite Live, XXXVIII, 27); 2° l'arc de Scipion l'Africain, construit en l'an 190 par ce général sur le Clivus Capitolinus, arc que décoraient deux chevaux et sept statues dorées; 3° l'arc de Fabius, élevé en l'an 121, près du commencement de la Voie Sacrée, par Fabius Maximus, en commémoration de ses victoires sur les Allobroges; 4° l'arc d'Auguste, élevé en l'honneur de ce prince dans le forum romain près de la maison de Jules César; 5° l'arc de Tibère, construit par ce prince en l'an 16 de notre ère, en commémoration des victoires de Germanicus sur les Germains; 6° l'arc de Claude, dressé au pied du Quirinal en l'an 51, pour rappeler les victoires de Claude en Bretagne; 7° l'arc de Trajan, à l'entrée du forum de ce prince, arc détruit pendant les invasions des Barbares, mais dont une partie des bas-reliefs avait été enlevée avant cette époque pour orner l'arc érigé à Rome en l'honneur de Constantin; 8° l'arc de Vérus, élevé en souvenir des victoires de Vérus sur les Parthes; 9° l'arc de Marc-Aurèle, destiné à rappeler les victoires de ce prince sur les Marcomans, arc existant encore en 1662, date de sa destruction par ordre du pape Innocent VI; 10° l'arc de Gordien, sur le mont Esquilin; 11° l'arc de Dioclétien; 12° l'arc de Théodore Gratien, et Valentinien, élevé en face du pont Aelius et du tombeau d'Hadrien (aujourd'hui pont et château Saint-Ange).Les cinq arcs de triomphe existant encore à Rome sont : 1° l'arc de Drusus, construit par ordre du Sénat sur la voie Appienne, l'an 9 avant notre ère, en l'honneur des victoires de Nero Claudius Drusus sur les Germains : des parties de cet arc, composé à l'origine d'une arcade avec de chaque côté des colonnes d'ordre composite dont les entablements sont profilés, se voient encore près la porte Saint-Sébastien où elles ont été en partie englobées dans une maçonnerie de briques servant aqueduc;Les arcs romains en Italie. L'Italie comptait, elle aussi, un certain nombre d'arcs de triomphe dont plusieurs existent encore et ne le cèdent guère en heureuses proportions et en beauté artistique à ceux de la capitale. Les principaux sont quatre arcs élevés en l'honneur d'Auguste et deux arcs élevés en l'honneur de Trajan. Les arcs de triomphe élevés en l'honneur d'Auguste sont : 1°) L'Arc de Rimini, rappelant l'achèvement de la Voie Flaminienne. C'est l'un des monuments les plus intéressants de ce genre par le fini de son exécution et la sobriété de sa décoration. Il est construit en pierre blanche d'Istrie, et percé d'une seule arcade de 9,92 m de hauteur sous la clef et 8,15 m de largeur. La hauteur totale de ce qui subsiste de l'ancien monument est de 15,90. Cet arc a été dédié à Auguste, en commémoration du rétablissement de la voie Flaminienne jusqu'à Rome. Le fronton est supporté par deux colonnes corinthiennes à demi engagées. Les tympans au-dessus de l'arcade sont décorés d'un côté des médaillons de Jupiteret de Vénus, et de l'autre de ceux de Neptune et de Minerve. Au Moyen âge, cet arc a été couronné de créneaux.Les deux arcs de triomphe consacrés à Trajan sont les arcs d'Ancône et de Bénévent : 1°) L'Arc d'Ancône a été élevé en l'honneur de Trajan, qui avait restauré le port d'Ancône; il aurait été construit par Apollodore de Damas (L'Arco eretto a Nerva Trajano nel porto d'Ancona; 1734, Canina, p. 201, t. 189.). C'est un des plus élégants et des mieux conservés de ceux que nous a légués l'Antiquité. Il est tout en marbre blanc de Paros, et les joints sont appareillés avec tant de perfection qu'on croirait que le monument est d'un seul bloc. « Tous les membres et les diverses parties de cet édifice, dit Serlio, sont d'une proportion si belle et si remarquable, il y règne un si grand accord, une telle entente, une si juste harmonie, que l'oeil le plus vulgaire en demeure agréablement frappé, tandis que les amateurs d'art, ceux qui savent apprécier, sont non seulement ravis de la belle ordonnance qu'ils admirent, mais sont contraints de louer et de remercier l'architecte d'avoir produit une oeuvre dans laquelle notre siècle puisse s'instruire et découvrir les règles du beau. »L'époque précise de sa construction est constatée par l'inscription qu'il porte et que nous donnons ci-dessous; cette même inscription nous apprend aussi qu'il avait été également élevé pour honorer Plotine et Marciana, la femme et la soeur de Trajan :
2°) L'Arc de Bénévent est le plus remarquable peut-être des arcs de triomphe de cette belle période artistique. C'est une arcade simple qui a 16 mètres de hauteur; il a été construit en l'an 114 de J.-C. lui aussi par l'architecte Apollodore. Ses bas-reliefs représentent les exploits de l'empereur Trajan dans ses guerres sur le Danube. Cet arc rappelle, dans ses masses, celui consacré à l'empereur Titus; mais il est plus richement décoré que ce dernier, les entrecolonnements d'ordre composite et les parties de l'attique, à droite et à gauche de l'inscription, étant couverts de sculptures d'un effet grandiose et bien dignes, ainsi que les autres motifs décoratifs, de la belle école du commencement du IIe siècle de notre ère. En outre, ce monument n'a subi aucune restauration moderne et, entre autres sujets, l'apothéose de Trajan est un morceau de sculpture admirable.Les arcs romains en France. Le plus ancien des arcs de triomphe français, d'origine romaine, est l'arc de Saint-Rémy (Bouches-du-Rhône), arc composé d'une seule arcade avec, à droite et à gauche, deux colonnes engagées. Malheureusement, toute la partie supérieure du monument est détruite et si l'on peut supposer, par l'examen attentif de certains détails d'architecture, que cet arc remonte à l'époque de Jules César et au lendemain de la conquête de la Gaule, il est quelque peu téméraire de voir, dans les bas-reliefs mutilés de ses façades, la représentation de Jules César et de Vercingétorix ainsi que celle de la Gaule et de la Bretagne réduites en captivité par les armées romaines. - Arc de Saint-Rémy. D'une époque peu postérieure à l'arc de Saint-Rémy semble être l'arc de Carpentras dont la partie supérieure est également ruinée, mais dont les bas-reliefs reproduisent, sans aucun doute, les derniers peuples de la Gaule ayant lutté contre la conquête romaine. Beaucoup plus important est l'arc d'Orange. Cet arc est un des monuments honoraires de l'art romain les plus remarquables parmi ceux qui existent en France; il mesure 19 mètres de hauteur sur 21 mètres de largeur; il est percé de trois arcades en plein cintre; l'arcade centrale a 5 mètres d'ouverture et 9 mètres de hauteur sous clef. Quatre colonnes corinthiennes cannelées décorent chaque face, et les deux qui flanquent l'arcade principale soutiennent, un fronton triangulaire, encastré dans un attique, qui est lui-même couronné d'une magnifique corniche. L'ensemble du monument est d'une très grande richesse; des bas-reliefs fort bien sculptés et dessinés, en augmentent encore l'effet. On est loin d'être d'accord sur l'époque de sa construction. Il semble qu'il ait été construit sous Tibère et qu'il aurait été érigé en l'honneur d'Auguste, qui avait rendu l'Égypte et la Gaule tributaires de Rome. De nombreux bas-reliefs, composés surtout de trophées d'armes, surchargent cet arc, mais leur exécution paraît plutôt appartenir à la basse-époque. L'Arc de Besançon, appelé très anciennement Porte de Mars, et au Xe siècle Porte-Noire, n'a qu'une seule arcade, large de 5 mètres 58 et haute de 10 mètres. Cet arc est orné de 8 colonnes sur chaque face; quatre ornent la partie inférieure et sont surmontées des quatre autres. Les archéologues ne sont pas d'accord pour désigner le nom de celui qui a fait ériger ce monument : les uns nomment Verginius Rufus, vainqueur de Vindex; les autres, Marc-Aurèle; ceux-ci, Aurélien ou Crispus fils de Constantin le Grand; enfin, ceux-là, Julien l'Apostat. L'arc de Langres, enclavé dans les murs de la ville, possède deux arcades, ce qui a fait dire à quelques archéologues qu'il avait été élevé en l'honneur des deux Gordien vers l'an 240. Ce monument est à peu près complet dans son ensemble; sur la face nord-est, il mesure 19,96 mètres de large sur 13,70 mètres de haut; il est décoré de cinq pilastres corinthiens, dont deux de chaque côté du monument et un cinquième au milieu, séparant les deux arcades, qui mesurent 9,32 mètres de hauteur sous clef et 4,26 mètres de largeur dans oeuvre. A Saint-Chamas, en Provence, il existe de chaque côté du pont Flavien, construit sur la Touloubre, deux arcs honoraires qui n'ont qu'une seule arcade, dont l'archivolte repose sur des pieds-droits en forme d'Antes. A Autun, il existe aussi deux arcs romains connus sous les noms de porte d'Arroux et porte Saint-André. La Porte d'Arroux mesure 17 mètres de hauteur sur 19 de largeur; elle est formée de quatre arcades, deux grandes au centre et deux petites de chaque côté. La Porte Saint-André, haute de 20 mètres, large de 14, est percée de deux grandes arcades, flanquées de deux tours faisant une saillie d'environ un mètre; ces tours ont chacune une petite arcade. La Porte de César, à Reims, est aussi un arc romain élevé en l'honneur de Jules César, soit sous le règne d'Auguste, soit par l'empereur Julien. Cet arc, monument percé de trois arcades ayant, fait unique dans l'architecture romaine, leurs impostes de niveau, est le plus considérable de tous ceux qui restent sur le sol de la France. Il a une largeur de 28 mètres, et sa hauteur, non compris l'attique qui est très ruiné, est de 11 mètres. L'arcade centrale, dite des Saisons à cause des bas-reliefs de sa voûte, mesure 9 mètres de hauteur sur 4,50 mètres de largeur; les deux autres arcades, dites de Léda et de Romulus, ont 9 mètres d'élévation sur 3,19 de largeur. L'Arc et les ruines romaines de Timgad (Algérie). Les arcs de l'Afrique romaine. Arc d'Alexandre Sévère, à Dougga (Tunisie). Photo : © Angel Latorre, 2008. Les mieux connus des arcs de triomphe conservés en Tunisie sont l'arc d'Haïdra (l'ancienne Ammadara) dédié à Septime Sévère; les deux arcs de Macteur (oppidum Mactaritanum) dont l'un, assez bien conservé, paraît remonter à une belle époque de l'art; l'arc d'Uzappa orné, comme celui d'Orange, de têtes de barbares coupées; l'arc de Kasserin (Cillium) d'une bonne exécution comme construction, et l'arc de Sbeitla (Suffetula) dédié aux empereurs Maximien et Constantin le Grand et remarquable comme masse d'architecture par les heureuses proportions de son arcade unique. Les autres arcs antiques. Les arcs modernes. Quelques villes d'Italie firent ériger par la suite des portes monumentales, véritables arcs de triomphe, en commémoration de victoires ou d'événements divers : c'est ainsi que Milan en compte plusieurs, qu'Ancône vit, au XVIIIe siècle, s'élever, non loin de l'arc de Trajan, un autre arc, d'ordre dorique, dessiné par Vanvitelli, sur l'ordre du pape Clément XII et destiné à rappeler la construction du môle et du lazaret de cette ville, et qu'enfin Florence possède, en dehors de la porte San-Gallo, un arc de triomphe construit vers 1740, sur les plans d'un architecte lorrain, Giadod, de Nancy, monument commémoratif de l'avènement de la maison de Lorraine sur le trône grand-ducal de Toscane. L'arc triomphal du Carrousel, à Paris. Mais c'est la France qui, dans les temps modernes, devait se signaler par l'exécution de remarquables arcs de triomphe, monuments commémoratifs imités de l'Antiquité dans leur composition et leur exécution, mais décelant, dans leurs masses imposantes, une véritable originalité. La porte Saint-Denis et la porte Saint-Martin, les arcs de triomphe de la place du Carrousel et de la place de l'Étoile sont, à Paris, des édifices bien différents entre eux par leur système d'architecture et de décoration, mais dans lesquels il faut reconnaître l'inspiration antique imposée depuis plus de deux siècles par leur éducation officielle artistique aux architectes français. La porte Saint-Denis fut élevée, en 1671 et 1672, aux frais de la municipalité parisienne à laquelle ce monument coûta 500.000 livres (somme énorme pour l'époque) et en l'honneur des victoires de Louis XIV en Flandre et en Franche-Comté. François Blondel, architecte, et Girardon et Michel Anguier, sculpteurs, en furent les auteurs. Cette porte monumentale, dont l'ouverture de l'arcade a 14 m de hauteur sur plus de 8 m d'ouverture, mesure, en largeur comme en hauteur totales, une même longueur de 23,40 m. François Blondel, dans son Cours d'architecture (4e volume), nous initie, du reste, aux intentions qui le guidèrent et rappelle, avec une certaine complaisance, son désir d'emprunter aux chefs-d'oeuvre de l'architecture antique le principe de la décoration de cet édifice dans lequel il voulut appliquer à des sujets modernes le ressouvenir des obélisques d'Egypte, de la colonne Trajane et même du fragment de la colonne rostrale conservé au Capitole de Rome. Quoi qu'il en soit de ces intentions, la porte Saint-Denis forme un tout des plus harmonieux et des plus imposants, répondant bien à la pensée qui a présidé à son érection, et il faut seulement regretter, au point de vue de son effet perspectif, les fâcheuses conditions de voisinage et l'espace restreint au milieu duquel ce monument se trouve placé. La porte Saint-Martin, construite en 1674, en l'honneur de la conquête définitive de la Franche-Comté et toujours aux frais de la ville de Paris, est de Pierre Bullet, élève de Fr. Blondel, et présente, elle aussi, une hauteur égale à sa largeur, mais bien moindre que pour la porte Saint-Denis; car la porte Saint Martin n'a que 18 m. Cette porte est percée de trois arcades décorées de bossages vermiculés et, malgré ses bas-reliefs dans l'un desquels Louis XIV, entièrement nu, est représenté sous les traits d'Hercule, cet édifice rappelle bien davantage une porte de ville qu'un véritable arc de triomphe. Après les guerres de Louis XIV, celles de Napoléon lui fournirent aussi prétextes à deux arcs de triomphe l'arc du Carrousel, construit sur les dessins des architectes Percier et Fontaine et avec le concours des sculpteurs Lemot, Lesueur, Bosio et Deseinne. Cet arc rappelle la campagne d'Allemagne de 1805 et n'est qu'une imitation, mais une imitation des mieux comprises et des plus heureuses quoiqu'à une moindre échelle, de l'arc de Septime Sévère, à Rome. L'exécution aussi parfaite que possible, le talent déployé dans la décoration sculpturale, la richesse des matériaux, marbres et bronzes, mis en oeuvre, et surtout l'harmonie de ses proportions, harmonie un peu perdue aujourd'hui au milieu de ce vaste ensemble ouvert du Carrousel, où cet arc paraît un simple bijou architectural trop isolé ; tout concourt à faire de l'arc de triomphe du Carrousel un édifice ne laissant rien à désirer comme étude de l'ensemble et des détails. De beaucoup plus important et même le plus important de tous les arcs de triomphe est l'arc de la place de l'Etoile, dont l'érection fut décrétée par Napoléon ler en 1806 et qui domine de sa masse imposante cette magnifique et double perspective de l'avenue des Champs-Elysées du côté de Paris, et de l'avenue de la Grande-Armée du côté de Neuilly. Les dimensions de cet arc colossal sont considérables; environ 50 m de hauteur, 45 m de largeur et 22 m de profondeur pour l'ensemble; l'arcade unique des façades principales a près de 30 m de hauteur sur 15 m de largeur, et l'arcade transversale, qui sert de passage entre les façades latérales, a environ 19 m de hauteur sur 8,50 m de largeur. Chalgrin en conçut le plan dont les masses générales furent respectées; mais, après lui, Goust, Huyot et Blouet en furent les architectes et modifièrent les détails du projet primitif. Ce monument grandiose ne fut inauguré que le 29 juillet 1836 après avoir occasionné une dépense totale d'environ 10.000.000 de francs. De nombreux statuaires furent chargés tant des magnifiques groupes que des bas-reliefs qui décorent la façade; mais, parmi eux, la renommée a gardé les noms d'Etex qui personnifia la Résistance (1814) et la Paix (1815) du côté de Neuilly; de Cortot et surtout de Rude, dont les bas-reliefs du côté de Paris, le Triomphe (1810) dû à Cortot, et l'immortelle page qui a nom le Départ (1792), due à Rude, font de cet arc un des monuments les plus célèbres du monde entier. 1° la porte du Pérou, à Montpellier, grand arc de triomphe percé d'une seule arcade, sans colonnes ni pilastres, couronné d'un entablement dorique et élevé en 1691 sur les plans de Dorbay et sous la conduite de d'Avile aux frais de la ville de Montpellier et à la gloire de Louis XIV, en souvenir de ses victoires et du canal joignant l'Océan à la Méditerranée;Un certain nombre de capitales de l'Europe sont aussi ornées d'arcs de triomphe modernes offrant plus ou moins d'intérêt au point de vue de l'architecture ou de la décoration, mais parmi lesquels on peut mentionner : 1° la puerta de Alcala, à Madrid, vaste ensemble monumental percé de trois arcades entre deux passages rectangulaires et destiné à rappeler l'entrée de Charles III en 1778;Ainsi, Rome, depuis les plus anciens arcs de triomphe jusqu'à ceux élevés au seuil de l'époque contemporaine et pendant près de deux mille ans, fourni les modèles de ce genre de monuments commémoratifs qui ont été imités à l'envi, mais avec plus ou moins de bonheur, par les peuples modernes. (Charles Lucas / E. Bosc).
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Arc de triomphe. - Nom donné à l'arcade qui se trouve au milieu des transepts des églises. Primitivement on l'ornait de sculptures et de peintures à fresque, dont le sujet était principalement le triomphe de Jésus. En Angleterre, on voit au-dessous de cette arcade, un roodscreen, clôture en bois, en pierre ou en métal, richement travaillée, et surmontée d'un crucifix qu'accompagnent d'ordinaire la Vierge et Jean l'évangéliste. Dans beaucoup d'églises de France, où il n'y a pas de jubé, un grand crucifix, placé de même sous l'arcade triomphale, domine l'assemblée des fidèles. (B.). |
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