| On appelle fronton, un couronnement d'édifice ou de corps d'édifice composé de deux parties de corniches obliques se rejoignant ou d'une partie de corniche circulaire, les unes ou l'autre se raccordant avec les moulures supérieures de la corniche d'un entablement et formant ainsi un triangle rectiligne ou curviligne, dont l'intérieur, appelé tympan, peut recevoir une décoration sculptée en harmonie avec la destination de l'édifice. L'origine du fronton se trouve, sans aucun doute, dans les anciens combles de bois dont les Grecs couvraient leurs temples, lesquels temples se terminaient toujours, sur les deux faces antérieure et postérieure, par un fronton accusant la pente des toitures et dont, dans les grands temples des belles époques de l'art, chaque tympan était sculpté, tandis que, dans les monuments d'ordre dorique primitif, à Paestum par exemple, les tympans restaient nus. Les Grecs appelaient le fronton aigle, soit parce que sa forme triangulaire rappelait un aigle aux ailes déployées ou parce que les anciens frontons étaient surmontés d'un aigle prenant son vol; mais les Romains donnaient au fronton le nom de faite ou faîtage indiquant bien sa destination; le mot français fronton rappelle mieux encore le caractère de ce membre d'architecture, le front de l'édifice. - Fronton triangulaire de l'église Saint-Gervais, à Paris. Ordre dorique. La composition et la hauteur des frontons ainsi que la décoration de leurs différentes parties ont donné lieu à des règles rappelées et modifiées, depuis Vitruve, par les architectes de la Renaissance et par les maîtres des deux derniers siècles, mais la différence des climats et l'application des frontons à des parties secondaires d'édifices, à de simples baies ou à des motifs décoratifs, ont fait de plus en plus négliger, depuis la Renaissance, ces règles relatives aux frontons, et ces derniers, devenus souvent de simples éléments d'ornementation, ont subi l'influence du goût des diverses époques. Les édifices du Moyen âge ont aussi des frontons comme couronnement de certaines de leurs parties; mais ces frontons, plus aigus que ceux des édifices antiques, sont plutôt désignés sous le nom de pignons et de gâbles. - Fronton circulaire de l'église Saint-Louis-Saint-Paul, à Paris. Ordre corinthien. (© Photos : Serge Jodra, 2009). Renvoyant aux mots Tympan et Acrotère l'étude des différentes façons dont les frontons ont pu être décorés, soit intérieurement, soit sur leurs extrémités et à leur sommet, nous donnerons seulement ici quelques explications sur les diverses dénominations que les frontons ont reçues par suite des modifications qui ont été apportées, surtout depuis la Renaissance, dans ce mode de couronnement des parties d'édifices. -- Fronton à jour. - Fronton dont le tympan est percé d'une baie, le plus souvent circulaire ou ovale, afin d'éclairer la partie de comble derrière. Fronton à pans. - Fronton affectant la forme d'un trapèze, c.-à-d. dont les deux corniches obliques, au lieu de se rencontrer, sont reliées, à leur extrémité supérieure, par une partie de corniche horizontale, cette dernière portant le plus souvent un motif formant amortissement. Fronton brisé. - Fronton dont les corniches obliques sont interrompues avant leur jonction et se terminent par un ressaut ou un profil. Fronton circulaire. - Fronton dont le couronnement est un arc de cercle au lieu d'être un triangle. Ce genre de fronton a été fréquemment employé aux XVIIe et XVIIIe siècles et souvent pour alterner avec des frontons de forme triangulaire dans le couronnement de travées ou de baies. Fronton double. - Fronton qui en abrite un plus petit dans son tympan, comme au pavillon milieu du Louvre où les cariatides portent jusqu'à trois frontons l'un dans l'autre et forment comme un triple fronton. Fronton entrecoupé. - Fronton brisé, mais dont le vide formé par l'interruption des corniches | obliques est occupé par un piédestal recevant un vase, un buste, une statue, etc. Fronton glissant ou sans retour. - Fronton dans lequel les corniches obliques ont des moulures en moins grand nombre ou moins importantes que la corniche horizontale servant de base au fronton. Fronton gothique (Gâble, Pignon). Fronton par enroulements. - Fronton brisé dont les corniches obliques se terminent en volutes. Fronton sans base. - Fronton dont la corniche horizontale est coupée et contre-profilée, sur le nu de l'édifice, au-dessus des colonnes ou pilastres recevant les abouts du fronton. Fronton surbaissé. - Fronton dont l'angle supérieur, très ouvert ou obtus, donne au fronton une hauteur sensiblement moindre que le hauteur habituelle qui est le cinquième de la base. Fronton surhaussé ou surmonté. - Fronton dont la hauteur, plus considérable que le cinquième de la base, fait de l'angle supérieur un angle plus ou moins aigu et rapproche ainsi le fronton du pignon des édifices gothiques ou des édifices de la Renaissance. Ce fronton est dit triangulaire quand les trois angles, formés par les corniches, sont égaux et que le fronton devient un triangle équilatéral. | En charpente, on appelle fronton la pièce de bois ou l'assemblage de pièces de bois, de forme triangulaire ou circulaire et moulurées ou non, qui couronnent une lucarne. En couverture, on désigne sous le nom de garniture de fronton les ornements en tuile ou en métal qui ornent les rives d'un toit formant pignon. (Ch. Lucas). | |