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L'histoire de l'Algérie
HĂ©ritière de l'ancienne Numidie, l'AlgĂ©rie a d'abord Ă©tĂ© peuplĂ©e par des Berbères.  Les Berbères, qu'on a aussi appelĂ©s Libyens, apparaissent dans l'histoire 3000 ans avant notre ère. Au IXe siècle avant J.-C., les PhĂ©niciens s'Ă©tablirent sur le littoral algĂ©rien et fondèrent la puissance carthaginoise. 146 ans avant J.-C., Ă  la suite de la destruction de Carthage, les Romains prirent possession du pays, qu'ils conservèrent pendant 575 ans et dont ils firent le principal grenier de l'Italie. On voit encore les ruines des villes nombreuses qu'ils bâtirent dans la rĂ©gion du Tell et jusque dans le bassin du Hodna, jusqu'au pied du versant Nord de l'Aurès. En 429 de notre ère, les Vandales, venus d'Espagne, mirent fin Ă  la domination romaine et devinrent les maĂ®tres du sol pendant 104 ans. BĂ©lisaire, en 534, anĂ©antit leur empire et soumit le pays au sceptre des empereurs de Constantinople

Ceux-ci se maintinrent dans leur conquĂŞte jusqu'en 692, Ă©poque Ă  laquelle les Arabes s'en emparèrent. ils eurent bientĂ´t converti les habitants Ă  l'islam. La domination des Arabes dura environ 400 ans : elle prit fin Ă  l'extinction de la dynastie des Fatimides en 1171. Alors le pays tomba dans un Ă©tat d'anarchie Ă  la suite duquel les Berbères, redevenus maĂ®tres chez eux, se divisèrent en un certain nombre de principautĂ©s dont les plus florissantes furent celles qui se livrèrent Ă  la piraterie. Jusqu'Ă  la fin du XVe siècle, les forbans barbaresques furent la terreur et le flĂ©au des cĂ´tes de la MĂ©diterranĂ©e. Tous les chrĂ©tiens qu'ils capturaient subissaient un dur esclavage. Le plus cĂ©lèbre de ces pirates, Aroudj Barberousse, de 1514 Ă  1516, s'empara de Djidjelli, d'Alger, de Cherchell, de TĂ©nès et de Tlemcen, devint le vrai souverain du Tell, et, pour s'assurer un appui tant contre les indigènes que contre les États chrĂ©tiens, se fit le vassal des Turcs, qui jusqu'en 1830 furent, du moins nominalement, les suzerains de l'AlgĂ©rie. 

La France prĂ©texta d'une insulte faite au consul français par le dey d'Alger  pour envoyer une flotte et une armĂ©e de dĂ©barquement qui prit terre Ă  Sidi-Ferruch le 14 juin 1830, s'empara d'Alger le 5 juillet, fit le dey prisonnier, et commença ainsi la conquĂŞte du pays qui ne fut pour l'essentiel terminĂ©e que le 23 dĂ©cembre 1847, jour oĂą Abd-el-Kader se livra Ă  la France. Des rĂ©voltes continuèrent d'exister, mais l'AlgĂ©rie Ă©tait dĂ©sormais un colonie française. Situation qui dura jusqu'Ă  l'indĂ©pendance du pays en 1962 (accords d'Evian).

Depuis, l'Algérie est dirigé par un parti unique, le FLN, formé lors de la lutte pour l'indépendance. Son économie repose pour une large part sur la rente que lui procure la production d'hydrocarbures.

Dates clés :
ca. 110 av. J.-C. -Règne de Jugurtha.

646 - Pénétration musulmane dans le Maghreb..

1515 - Fondation d'un Etat Algérois par les frères Barberousse..

1830 - Invasion française.

1847. - Reddition d'Abd el-Kader.

1954-62 - Guerre d'indépendance.

L'Algérie avant l'Islam

La Préhistoire.
L'Algérie possède des vestiges archéologiques parmi les plus anciens d'Afrique du Nord. Les premiers habitants datent de plus de 1,8 million d'années, comme en témoignent les outils de pierre découverts sur divers sites, notamment à Ain Hanech près de Sétif. Ces vestiges appartiennent à l'Acheuléen, une culture paléolithique.

Au Néolithique (environ 6000-2000 av. JC), des communautés commencent à se sédentariser et à pratiquer l'agriculture et l'élevage. Des gravures rupestres trouvées dans les montagnes du Tassili n'Ajjer, dans le Sahara algérien, montrent une société pastorale développée avec des scènes de chasse, des animaux domestiqués et des activités sociales. Ces gravures indiquent une époque où le Sahara était une région fertile avant de se désertifier progressivement.

Les populations berbères, appelées Imazighen, sont considérées comme les descendants des premiers habitants de l'Algérie. Ils développent des cultures distinctes, notamment la culture capsienne (vers 8000 - 2000 av. J.-C.), qui s'étend de l'Algérie à la Tunisie actuelle. Cette culture est caractérisée par ses outils microlithiques, ses industries osseuses et ses pratiques funéraires.

Les Berbères commencent à se structurer en tribus et en royaumes. Leur langue, la langue berbère ou tamazight, s'impose comme un élément fondamental de leur identité. Ils vivent principalement de l'agriculture, de l'élevage et du commerce transsaharien.

L'Antiquité.
L'influence phénicienne et carthaginoise.
À partir du XIIe siècle av. JC, les Phéniciens, établissent des comptoirs commerciaux le long de la côte méditerranéenne de l'Afrique du Nord. Parmi eux, Carthage, fondée au IXe siècle av. JC dans l'actuelle Tunisie, devient une puissance régionale influente.

Les Phéniciens et Carthaginois établissent plusieurs colonies le long de la côte algérienne actuelle, telles qu'Hippo Regius (Hippone, Annaba) et Icosium (Alger). Ces comptoirs deviennent des centres de commerce où s'échangent des produits comme les métaux, les céréales, et les esclaves. Les Berbères locaux sont en contact étroit avec ces colons et adoptent certains aspects de leur culture, tout en maintenant leurs structures sociales et politiques.

Les royaumes numides.
Vers le IVe siècle av. JC, les tribus berbères de l'intérieur se structurent en royaumes organisés, les plus importants étant les royaumes numides de Massyles et de Masaesyles. Les Massyles, à l'est, sont dirigés par Massinissa, tandis que les Masaesyles, à l'ouest, sont gouvernés par Syphax.

Les Numides sont à la fois des agriculteurs et des cavaliers nomades réputés. Massinissa, roi des Massyles, parvient à unifier les tribus numides après la Seconde Guerre punique (218-201 av. JC) en s'alliant avec Rome contre Carthage. Son règne marque un tournant dans l'histoire de la région, avec l'émergence d'un royaume numide puissant et organisé, centré sur Cirta (l'actuelle Constantine). Massinissa établit une administration centralisée et développe l'agriculture, favorisant la sédentarisation. Son royaume devient un partenaire clé de Rome tout en préservant une certaine autonomie.

Sous les successeurs de Massinissa, Rome occupa un certain nombre de points de l'Algérie et prit une influence de plus en plus prépondérante sur les destinées du royaume qu'elle avait aidé à créer. Jugurtha, petit-fils de Massinissa, essaya vainement d'arrêter les empiétements des Romains et de rendre l'indépendance à son pays. Vaincu par Marius après une lutte héroïque, Jugurtha fut livré à ses ennemis par le roi Bocchus (106 av. J.-C.) et périt à Rome, dans un cachot.

L'Algérie romaine et byzantine.
Dès cette Ă©poque, Rome fut vĂ©ritablement maĂ®tresse du sort de l'AlgĂ©rie : les princes numides qui continuèrent Ă  la gouverner ne furent plus, pour ainsi dire, que des fonctionnaires romains. Quelques indigènes, entre autres Tacfarinas (17 av.  J.-C. tentèrent en vain de reprendre le rĂ´le de Jugurtha et de chasser l'Ă©tranger de leur pays; toutes ces tentatives de rĂ©volte furent Ă©touffĂ©es et, en l'an 43, l'AlgĂ©rie fut rĂ©duite en province romaine. En 429, les Vandales appelĂ©s en Afrique par le comte Boniface n'eurent pas de peine Ă  s'emparer du pays, favorisĂ©s qu'ils furent, Ă  la fois par la haine sourde que les Numides portaient aux Romains et par les querelles religieuses qui divisaient les nouveaux chrĂ©tiens. Conduits par GensĂ©ric, les Vandales s'Ă©tablirent sur tout le littoral qui renfermait les plus riches possessions des Romains et ne se rĂ©pandirent que très peu sur les territoires occupĂ©s par les indigènes. Les quatre successeurs de GensĂ©ric ne surent pas organiser le pays qu'ils avaient conquis et, quand Hilderik eut Ă©tĂ© renversĂ© du trĂ´ne par GĂ©limer, l'empereur Justinien put profiter de cette circonstance pour s'emparer de l'Afrique (533) avec une simple armĂ©e de 30 000 hommes conduite par BĂ©lisaire. Les Byzantins eurent facilement raison des Vandales, mais ils ne rĂ©ussirent pas Ă  dompter les populations indigènes et les victoires de Salomon dans l'Aurès et dans les montagnes qui avoisinent SĂ©tif ne produisirent pas de rĂ©sultats durables. La domination byzantine resta confinĂ©e sur un territoire restreint aux environs des grandes villes et il ne fallut pas de bien grands efforts aux Arabes pour chasser du continent africain pour de longues annĂ©es les conquĂ©rants europĂ©ens. 

Les Arabes et les Turcs

L'invasion musulmane qui, pour la première fois, pĂ©nĂ©tra dans le Maghreb en 646 eut Ă  soutenir une lutte sanglante contre les indigènes; une femme berbère, la Kâhina, organisa et dirigea la rĂ©sistance contre les Arabes; mais ceux-ci triomphèrent de tous les obstacles et, en 711, les Berbères convertis Ă  l'islam combattirent cĂ´te Ă  cĂ´te avec les Arabes sur les bords du Guadalete et contribuèrent Ă  la victoire qui fit de l'Espagne une province de l'empire des Califes. Aux dynasties arabes des Aghlabites   et des Fatimides succĂ©dèrent bientĂ´t les dynasties berbères des Zirites et des Hammadites (Les dynasties musulmanes au Moyen âge), car, malgrĂ© l'invasion hilalienne qui vint au XIe siècle amener dans le Maghreb un fort contingent de tribus arabes, la prĂ©pondĂ©rance fut dĂ©finitivement acquise aux Berbères qui avaient, il est vrai, adoptĂ© la religion et en partie la langue et les moeurs des Arabes. Les Almoravides ne possĂ©dèrent que la partie orientale de l'AlgĂ©rie; toute la contrĂ©e fut ensuite soumise Ă  l'autoritĂ© des Almohades, puis elle se trouva de nouveau partiellement occupĂ©e par les MĂ©rinides, les Beni Zian ou Abdelouadites et les Hafsides. 

Jusqu'en 1515, l'AlgĂ©rie n'avait pas formĂ© une unitĂ© politique : c'est seulement Ă  cette Ă©poque que deux corsaires, Baba-Aroudj et son frère Kheir-ed-Din (les frères Barberousse), fondèrent un vĂ©ritable royaume dont les limites (abstraction faite des confins sahariens) furent sensiblement les mĂŞmes que celles de l'AlgĂ©rie actuelle. Dès 1518, Kheir-ed-Din  plaça le nouvel État sous le protectorat du sultan de Constantinople, SĂ©lim Ier (Le Siècle de Soliman) et jusqu'en 1711 le pacha d'Alger fut nommĂ© par le sultan. DĂ©jĂ  en 1658 l'autoritĂ© du pacha n'avait Ă©tĂ© acceptĂ©e qu'Ă  la condition qu'il la partagerait avec un agha Ă©lu par la milice d'Alger; plus tard l'agha fut remplacĂ© par un dey, mais, en 1711, celui-ci refusa de partager le pouvoir avec un pacha et rĂ©unit les deux fonctions. Depuis cette Ă©poque le dey ou pacha-dey eut seul l'autoritĂ©, et l'investiture de la Porte devint une simple formalitĂ©, Tandis que les beys de Titeri, de Constantine et de Mascara administraient les tribus indigènes, le pacha, Ă  l'aide de colonnes mobiles chargĂ©es du recouvrement des impĂ´ts, se contentait d'assurer la tranquillitĂ© gĂ©nĂ©rale du pays, et de faciliter l'exercice de la piraterie Ă  de nombreux corsaires. Les dĂ©prĂ©dations commises par ces audacieux forbans s'Ă©levèrent parfois jusqu'Ă  20 000 000 de livres en une seule annĂ©e. Aucune nation n'Ă©chappa Ă  leurs brigandages et ni les redevances annuelles, ni les bombardements ne ralentirent les courses de ces Ă©cumeurs de mer. 

La conquête française

En 1827, une insulte publique, faite au consul français par le dey Hossein, fut le prĂ©texte choisi par la France pour intervenir militairement en AlgĂ©rie. Outre l'occasion de venger l'offense qu'elle venait de recevoir, elle y voyait aussi celle de dĂ©truire la bande de pirates qui infestaient la mer MĂ©diterranĂ©e, et surtout celle de dĂ©tourner  l'opinion de la crise de rĂ©gime dans laquelle le pays se dĂ©battait par une guerre extĂ©rieure. Le 14 juin 1830, une flotte française sous les ordres de l'amiral DuperrĂ© dĂ©barqua Ă  Sidi-Ferruch une armĂ©e de 30 000 hommes. Le gĂ©nĂ©ral de Bourmont qui commandait l'expĂ©dition culbuta les Turcs et les Arabes dans la plaine de StaouĂ©li, s'empara du fort de l'Empereur qui dominait la ville d'Alger et obligea le dey Ă  capituler. L'armĂ©e française entra dans Alger le 5 juillet. L'occupation fut d'abord restreinte Ă  quelques points du littoral et Ă  une petite zone entourant Alger; bientĂ´t on comprit qu'il serait impossible de se maintenir dans ces positions si l'on ne se dĂ©cidait Ă  entreprendre la conquĂŞte de tout le pays et la rĂ©sistance des tribus n'aurait probablement pas donnĂ© lieu Ă  une lutte bien longue si l'on n'avait fait la faute de considĂ©rer l'Ă©mir Abd-el-Kâder comme une sorte de souverain de certaines provinces de l'Ouest. De 1834 Ă  1847 tous les efforts de l'armĂ©e furent consacrĂ©s Ă  combattre l'Ă©mir que les deux traitĂ©s signĂ©s, le premier par le gĂ©nĂ©ral Desmichels (1834), le second par le gĂ©nĂ©ral Bugeaud (1837, traitĂ© de la Tafna), avaient, aux yeux des tribus, Ă©levĂ© au rang de chef de la guerre sainte contre les infidèles. La reddition d'Abd-et-Kâder mit fin Ă  la rĂ©sistance gĂ©nĂ©rale des indigènes; depuis ce moment il n'y eut plus guère Ă  compter qu'avec quelques groupes isolĂ©s qui furent dĂ©finitivement soumis en 1857, Ă©poque de la conquĂŞte de la grande Kabylie. Les insurrections qui depuis 1857 ont rĂ©pondu Ă  l'expansion de la colonisation n'ont jamais crĂ©Ă© un danger sĂ©rieux pour l'occupation française. La rĂ©volte des Kabyles en 1871 eĂ»t Ă©tĂ© sans gravitĂ© si les troupes habituĂ©es Ă  la guerre contre les indigènes n'eussent Ă©tĂ© Ă  ce moment employĂ©es en Europe. La crĂ©ation d'un rĂ©seau de chemin de fer rendit Ă  partir de cette Ă©poque  ces insurrections plus difficiles et presque inoffensives.

Voici par ordre chronologique les principaux faits qui ont marqué la conquête de l'Algérie par la France :

1830. Prise d Alger; tentative d'occupation des villes de Blida, Médéa, Mers-el-Kébir, Oran et Bône (Annaba).

1831. Occupation définitive d'Oran qui avait été d'abord cédé au frère du bey de Tunis; première occupation de Bône

1832. Occupation définitive de Bône et du Sahel d'Alger. Reconnaissance de l'émir Abd-el-Kâder par les tribus de la pleine d'Eghris

1833. Attaque d'Oran par Abd-el-Kâder. Prise d'Arzew, de Mostaganem et de Bougie (Béjaia)

1834. Traité du général Desmichels avec Abd-el-Kâder.

1835. Expédition dans la plaine de la Métidja. Combats de Mostaganem. Occupation de Rachgoun; expédition de Mascara.

1836. Première occupation de Tlemcen; expédition dans la province de Titeri; combat de la Sikkak; occupation de la Galle. Première expédition de Constantine.

1837. Traité de la Tafna; deuxième expédition de Constantine, prise de cette ville.

1838. Établissement de camps près de Koléa, Blida et El-Harrouch. Création de Philippeville (Skikda).

1839. Occupation de Blida; prise de Djidjelli. Expédition des Portes de fer. Défaite des lieutenants d'Abd el-Kâder à la Chifa.

1840. Défense héroïque de Mazagran. Prise de Cherchell, de Médéa, de Miliana

1841. Combat du Sig. Destruction des villes de l'émir, Boghar et Taza. Expéditions de Takdemt et de Mascara. Occupation de Mila.

1842. Destruction de Sebdou. Occupation de Tlemcen. Expédition de Kabylie et entre le Chélif et la Mina. Reconnaissance sur Tébessa.

1843. Expédition chez les Beni-Menasser et les Beni-Monad. Fondation de Téniet-el-Had, de Tiaret, d'Orléansville et de Ténès. Expédition dans l'Ouarsenis. Prise de la smala d'Abd-el-Kader. Nombreux combats contre l'émir dans la province d'Oran. Expéditions dans le Sud, au djebel Amour et chez les Oulad-Sidi-Cheikh.

1844. Prise de Biskra et de Dellys. CrĂ©ation de Batna, soumission des Flitta et des Amraoua. ExpĂ©dition de Laghouat. Bataille d'Isly gagnĂ©e sur les troupes marocaines. 

1845. Insurrection du Dahra réprimée par le colonel Pélissier. Soumission de l'Ouarsenis. Expédition dans l'Aurès. Massacre de la colonne Montagnac à Sidi Brahim. Soumission des Hachem-Gharaba et du Hodna. Expédition chez les Trara.

1846. Soumission des Flitta. Défaite de Bou-Maza près de Ténès. Abd-el-Kâder est repoussé de la Kabylie. Fondation d'Aumale.

1847. Défaite des Oulad-Dlellal, soumission des Nemencha. Reddition de Bou-Maza. Expédition entre Mila et Collo. Reddition d'Abd eI-Kâder (23 décembre).

1848. Soumission de Moulay-Mohammed et de Ahmed, ex-bey de Constantine. Expédition chez les Beni-Senous.

1849. Siège et prise de Zaatcha. Soumission de Bou-Saâda. - 1850. Expédition en Kabylie et dans l'Aurès

1851. Bou-Baghla se soulève en Kabylie. Expédition entre Béjaia et Collo.

1852. Création de Djelfa. Prise de Laghouat.

1833. Expédition en Kabylie et à Ouargla. Bou-Baghla est tué chez les Beni-Mellikech.

1854. Expédition en Kabylie.

1856. Expédition à Dra-el-Mizan

1857. Soumission de la grande Kabylie

1857. ExpĂ©dition sur la frontière du Maroc. 

1860. Insurrection du Hodna. Pacification de la Kabylie orientale. 

1862. Prise du Chérif Mohammed ben Abdallah à Ouargla.

1864. Insurrection des Oulad-Sidi-CheĂŻkh de Si-Lazreg, dans la province d'Oran, et de Si-Lala dans le Sud de la province d'Alger. Insurrection dans la Kabylie orientale.

1865. Soumission des Oulad-Sidi-Cheikh.

1868. Insurrection dans le Sud de la province de Constantine

1871. Grande insurrection des Kabyles de la province d'Alger et de celle de Constantine

1876. Insurrection d'EI Amri.

1881. Insurrection de Bou-Amama dans le Sud-Ouest de la province d'Oran.

L'Ă©poque coloniale

Après la reddition d'Abd el-Kader, et l'étouffement des derniers points de résistance en Grande Kabylie, la résistance s'était essoufflée. Cela ne signifie pas que la position de la France ait été très claire. Les motifs qui avaient conduit à la prise d'Alger ne relevaient que de considérations à très court terme. La question de savoir quoi faire de l'Algérie se posa assez rapidement. On songea d'abord à remettre le pays entre les mains du Pacha d'Égypte, allié de la France, puis il fut question de le restituer directement à la Porte ottomane, en échange de certains bénéfices qui auraient été acquis au détriment de l'Angleterre. L'option de la colonisation ne vint qu'ensuite, mais pour devenir alors la carte maîtresse de la politique de colonisation de l'Afrique qu'allait mener la France dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Jusqu'en 1870, l'AlgĂ©rie n'Ă©tait restĂ©e essentiellement qu'un territoire militaire, dont l'administration chaotiques reflĂ©tait l'indĂ©cision qui rĂ©gnait en France sur le statut du pays. Elle fut rĂ©gie d'abord par des gĂ©nĂ©raux en chef  : Bourmont, Clauzel, Berthezène, Savary, Voirol (1830-34); puis par des gouverneurs : d'Erlon, Clauzel, DamrĂ©mont, ValĂ©e, Bugeaud, Cavaignac, Changarnier, Charon, d'Hautpoul, le marĂ©chal Randon; ensuite par un ministre de l'AlgĂ©rie et des colonies, Pierre-NapolĂ©on (1858), Prosper de Chasseloup-Laubat (1859); enfin, après 1861, par un gouvernement gĂ©nĂ©ral  : le marĂ©chal Pelissier, le marĂ©chal Mac-Mahon, le gĂ©nĂ©ral Chanzy.
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Abd-el-Kader.
L'Ă©mir Abd-el-Kader (1808-1883). 
Tableau d'Ange Tissier, 1852.

La colonisation.
Les principales mesures de colonisation ont Ă©tĂ© la crĂ©ation de centres europĂ©ens et la concession gratuite de terres. Un arrĂŞtĂ© du gouverneur gĂ©nĂ©ral du 18 avril 1841 des ordonnances des 21 juillet et 9 dĂ©cembre 1845, avaient Ă©tabli le système des concessions sous condition suspensive, le concessionnaire ne pouvant, Ă  peine de dĂ©chĂ©ance, hypothĂ©quer les biens concĂ©dĂ©s provisoirement et les transmettre Ă  des tiers qu'avec l'autorisation de l'administration. Un dĂ©cret du 26 avril 1851 modifia ce système et y substitua celui des concessions sous condition rĂ©solutoire. Cette modification n'ayant pas produit les rĂ©sultats attendus, un dĂ©cret du 25 juillet 1860 dĂ©cida que la vente Ă  prix fixe ou aux enchères publiques, ou mĂŞme de grĂ© Ă  grĂ© dans certains cas, serait dorĂ©navant la règle pour l'aliĂ©nation des terres domaniales. Les concessions furent supprimĂ©es par le dĂ©cret du 31 dĂ©cembre 1864. Le nouveau rĂ©gime de colonisation rendait nĂ©cessaire I'allotissement prĂ©alable des terres Ă  vendre et le dĂ©cret de 1860 avait dĂ©jĂ  ordonnĂ© que la fixation de pĂ©rimètres de colonisation prĂ©cĂ©derait la distribution des terres domaniales. 

Après l'insurrection de 1871, plus de six cent mille hectares de terres Ă©tant entrĂ©s dans le domaine de l'État par suite d'appositions de sĂ©questre, des mesures nouvelles furent prises pour la crĂ©ation de centres et la distribution des terres (DĂ©crets des 10 octobre 1872 et 15 juillet 1874). Les lois des 21 juin 1871, 15 septembre 1871 et le dĂ©cret du 16 octobre 1871 ont concĂ©dĂ© des terres aux AIsaciens-Lorrains et leur ont fourni des ressources pĂ©cuniaires pour l'installation. 

De 1871 à 1881, la superficie des terres concédées aux immigrants et aux colons a été de 457 120 hectares; la valeur de ces terres s'élève à 41 589 923 F. Les dépenses d'installation des colons sont évaluées à 14 939 135 F. 7339 familles, comprenant 27981 personnes, résidaient, au 31 décembre 1881, sur ces concessions. Il y a 7764 concessions de lots de villages; 1241 de lots de fermes et 1175 de lots industriels (terres impropres à la culture). A cette époque, la population européenne de l'Algérie comprend des Français, plus nombreux à eux seuls que le reste de la population d'origine européenne. Ils sont colons pour la plupart, ont émigré surtout de la France méridionale, du bassin de la Garonne, de l'Alsace et de la Lorraine. Les Espagnols (Andalous, Murciens, Valenciens, Catalans, Baléares) sont maraîchers, alfatiers, bûcherons, défricheurs, et sont très répandus dans le département d'Oran. Les Italiens se sont fixés de préférence, ainsi que les Maltais, dans le département de Constantine. On compte en Algérie quelques milliers de Suisses et d'Allemands dispersés dans tout le Tell.

Voici le mode  de groupement des Arabes : une rĂ©union de tentes abritant plus ou moins de familles est un douar, sorte de grande commune; l'ensemble de plusieurs douars constitue une ferka, administrĂ©e par un cheikh. Un certain nombre de ferkas composent la tribu, Ă  la tĂŞte de laquelle est un caĂŻd. Les tribus se groupent en aghaliks, ayant pour chef un agha. A partir de 1881, un code de l'indigĂ©nat, très dĂ©favorable aux musulmans est promulguĂ©. Il rĂ©duit notamment le droit de circulation, et dĂ©finit un statut fiscal alourdi.

Le territoire algĂ©rien se partage Ă  l'Ă©poque en trois dĂ©partements, Ă  savoir : 

1° Le département d'Oran, chef-lieu Oran. Sous-préfectures : Mascara, Mostaganem. Sidi-bel-Abbes et Tlemcen.

2° Le dĂ©partement d'Alger, chef-lieu Alger, capitale de toute la colonie. Sous-prĂ©fectures : MĂ©clĂ©a, Miliana, OrlĂ©ansville (el-Asnam) et Tizi-0uzou. 

3°Le dĂ©partement de Constantine, chef-lieu Constantine. Sous-prĂ©fectures BĂ´ne, Bougie, Gulema, Philippeville (Skikda), SĂ©tif. 

Chaque département se partage en un territoire civil, dont l'administration est absolument la même que celle qui existe pour les départements de la France, et en un territoire militaire, administré par un commandant, et par les bureaux arabes. On distingue en Algérie, trois sortes de communes :
1° les communes de plein exercice, qui n'existent qu'en territoire civil et sont administrĂ©es par un maire assistĂ© d'un conseil municipal; 

2° les communes mixtes, dont les unes sont en territoire civil et les autres en territoire militaire; elles comprennent une faible population europĂ©enne et une population indigène prĂ©dominante. Elles sont administrĂ©es par I'autoritĂ© militaire; 

3° les communes indigènes, formées de tribus dans lesquelles l'élément européen n'a pas encore pénétré. Elles sont administrées par des commissions mi-partie indigènes et mi-partie européennes fonctionnant sous la surveillance de généraux de brigade. Ces communes indigènes sont toutes en territoire militaire.

Vers l'indépendance.
La situation des colons et des musulmans est sans doute diffĂ©rente, mais aussi celle entre les villes et les campagnes. Dans ces dernières, ce sont assurĂ©ment les EuropĂ©ens qui confisquent tous les privilèges. Dans les villes la situation est plus contrastĂ©e. Beaucoup d'EuropĂ©ens se prolĂ©tarisent, en mĂŞme temps qu'une fraction de la population musulmane accède Ă  l'Ă©ducation et s'enrichit. C'est au sein de cette bourgeoisie arabe urbaine que naissent les premières vellĂ©itĂ©s d'indĂ©pendance entre les deux guerres mondiales, notamment avec le parti de Ferhat Abbas et Ben Djelloul. Une ordonnance signĂ©e en 1944 accorde enfin aux musulmans les mĂŞmes droits qu'aux EuropĂ©ens, mais trop tard. Le mouvement indĂ©pendantiste gagne en puissance. La guerre d'indĂ©pendance, conduite, cĂ´tĂ© AlgĂ©rie, sous la direction du Front de libĂ©ration nationale (FLN) commence en 1954. Elle se terminera par la signature le 18 mars 1962 des accords d'Evian, par lesquels la France reconnaĂ®t Ă  l'AlgĂ©rie sa souverainetĂ©. 
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Arrestation de Ben Bella en 1956
Arrestation en octobre 1956 de Ahmed Ben Bella, l'un des principaux dirigeants du FLN.

L'Algérie indépendante

Ben Bella et Bomédiène.
Après l'indĂ©pendance, le principal parti politique algĂ©rien, le FLN, a  largement dominĂ© la vie politique.  Ahmed Ben Bella devient le premier prĂ©sident de la RĂ©publique algĂ©rienneet instaure un rĂ©gime Ă  parti unique. Il met en place une politique de nationalisation des terres et des entreprises, avec une Ă©conomie orientĂ©e vers le socialisme. Le 19 juin 1965, Ben Bella est renversĂ© par Houari BoumĂ©diène, ministre de la DĂ©fense, qui prend le pouvoir. et instaure un rĂ©gime militaire stable, caractĂ©risĂ© par une concentration du pouvoir et une rĂ©pression des opposants politiques. S

ous Boumédiène, l'État prend le contrôle des secteurs clés de l'économie, à commencer par les hydrocarbures. L'Algérie investit massivement dans l'industrialisation, notamment grâce aux revenus pétroliers. L'Algérie devient un acteur majeur dans le mouvement des non-alignés et soutient divers mouvements de libération en Afrique et au Moyen-Orient. En décembre 1978, Boumédiène décède après une longue maladie. Son règne laisse un pays stable mais avec des tensions politiques latentes.

L'ère Chadli Bendjedid. 
Chadli Bendjedid, Ă©lu prĂ©sident en 1979, amorce une ouverture Ă©conomique en abandonnant progressivement les politiques socialistes rigides. Une certaine libĂ©ralisation politique est aussi engagĂ©e. La chute des prix du pĂ©trole dans les annĂ©es 1980 provoque une crise Ă©conomique, accompagnĂ©e d'une forte hausse du chĂ´mage et de la pauvretĂ©. En octobre 1988, des Ă©meutes Ă©clatent Ă  Alger et dans d'autres villes, rĂ©primĂ©es brutalement par l'armĂ©e. 

Face à la pression populaire, une nouvelle constitution est adoptée en 1989 qui introduit le multipartisme. Le Front Islamique du Salut (FIS) devient la principale force d'opposition et remporte les élections locales en 1990. Le FIS est en tête du premier tour des législatives de 1991, mais le processus électoral est interrompu par un coup d'État militaire en janvier 1992, qui reporte reporte le second tour du scrutin afin d'empêcher l'accession au pouvoir d'un gouvernement dirigé par des extrémistes religieux. Chadli Bendjedid démissionne, et un Haut Comité d'État est formé pour diriger le pays.

La Guerre civile (1991-2002).
L'annulation des Ă©lections dĂ©clenche une insurrection armĂ©e islamiste, menĂ©e principalement par le Groupe Islamique ArmĂ© (GIA). Le pays sombre dans une violence extrĂŞme, marquĂ©e par des massacres, des attentats et des exactions de toutes parts. On comptera au final plus de 100 000 morts, dont beaucoup sont attribuĂ©s aux massacres aveugles de villageois par des extrĂ©mistes. Liamine ZĂ©roual  est est nommĂ© prĂ©sident en 1994 et tente d'ouvrir des nĂ©gociations avec certains groupes islamistes tout en menant une rĂ©pression sĂ©vère contre les autres. Il organise des Ă©lections prĂ©sidentielles en 1995, qu'il remporte. En 1997, les Accords de Sant’Egidio sont signĂ©s, mais ne mettent pas fin immĂ©diatement au conflit. NĂ©anmoins, les groupes armĂ©s s'affaiblissent progressivement. 

L'ère Bouteflika.
En 1999,  des Ă©lections, boycottĂ©es par plusieurs candidats protestant contre une fraude prĂ©sumĂ©e, ont portĂ© Ă  la prĂ©sidence Abdelaziz Bouteflika, le candidat qui bĂ©nĂ©ficiait du soutien de l'armĂ©e. L'AlgĂ©rie entre dans une phase de reconstruction. Bouteflika met en oeuvre une politique de rĂ©conciliation nationale, symbolisĂ©e par la Charte pour la paix et la rĂ©conciliation nationale adoptĂ©e par rĂ©fĂ©rendum en 2005. Cette charte propose l'amnistie pour les islamistes qui dĂ©posent les armes, mais elle est critiquĂ©e pour son manque de justice pour les victimes.

Grâce aux recettes tirées du pétrole et du gaz, l'Algérie connaît une croissance économique soutenue dans les années 2000. Le pays rembourse sa dette extérieure et accumule des réserves de change. Cependant, l'économie reste largement dépendante des hydrocarbures, avec peu de diversification. Malgré ses promesses de réformes politiques et économiques, Bouteflika se concentre sur le renforcement de son contrôle sur le pouvoir. En 2008, il fait modifier la Constitution pour supprimer la limitation du nombre de mandats présidentiels, ce qui lui permet de briguer un troisième mandat en 2009.

En 2011, l'Algérie, comme d'autres pays arabes, est touchée par des mouvements de protestation inspirés par le Printemps arabe. Les manifestations en Algérie sont alimentées par la colère face au chômage, aux inégalités et à la corruption. Pour désamorcer la situation, le gouvernement prend des mesures : augmentation des salaires, subventions pour les produits de base, augmentation des quotas de femmes dans les assemblées élues et levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1992.

Contrairement à d'autres pays, ces mesures permettent au régime de contenir les protestations sans changements majeurs.

En 2013, Bouteflika est victime d'un AVC qui affaiblit sérieusement sa capacité à gouverner. Malgré son état de santé, il se présente pour un quatrième mandat en 2014 et remporte l'élection, mais il apparaît rarement en public. Sa réélection accentue les tensions politiques, et la population exprime de plus en plus son mécontentement face à un régime perçu comme corrompu et sclérosé.

En février 2019, l'annonce de la candidature de Bouteflika pour un cinquième mandat déclenche une vague de protestations massives, connues sous le nom de hirak. Chaque vendredi, des millions d'Algériens manifestent pacifiquement pour demander un changement radical du système politique. Face à la pression populaire et à l'armée qui retire son soutien, Bouteflika démissionne le 2 avril 2019 après 20 ans au pouvoir.

La présidence Tebboune.
Après la démission de Bouteflika, l'Algérie traverse une période de transition incertaine. Les manifestations se poursuivent, les manifestants exigeant un démantèlement complet du "système". Le président de la chambre haute du parlement, Abdelkader Bensalah, est devenu chef de l'État par intérim le 9 avril. Bensalah est resté en fonction au-delà de la limite constitutionnelle de 90 jours jusqu'à ce que les Algériens élisent l'ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune comme nouveau président du pays en décembre 2019, dans un contexte de faible participation et de contestation généralisée. Tebboune, ancien ministre sous Bouteflika, est perçu par de nombreux manifestants comme un représentant de l'ancien régime.

Tebboune promet des réformes et propose une nouvelle Constitution, adoptée par référendum en novembre 2020, mais avec une faible participation électorale. Le hirak continue d'exiger des réformes plus profondes et une véritable rupture avec le passé. La pandémie de covid-19 aggrave la situation socio-économique déjà difficile en Algérie. La chute des prix du pétrole met en lumière la dépendance excessive de l'économie algérienne aux hydrocarbures. Le chômage, surtout chez les jeunes, reste élevé, et les tensions sociales persistent.

Les autorités tentent de contrôler les manifestations en imposant des restrictions sanitaires, mais la contestation continue sporadiquement. Le gouvernement adopte des mesures pour attirer les investissements étrangers et diversifier l'économie, mais les réformes sont lentes. Le pays reste confronté à des défis structurels majeurs : une économie peu diversifiée, une jeunesse en quête de perspectives, et une gouvernance marquée par l'héritage du régime autoritaire. Le hirak a montré une aspiration profonde à un changement démocratique, mais la transition vers une nouvelle ère reste incertaine, avec une élite politique toujours largement issue de l'ancien régime. Preuve en est la reconduction de Tebboune à la suite d'un scrutin d'affichage qui s'est tenu le 8 septembre 2024.

Les relations internationales et la position régionale.
Depuis 2000, l'Algérie maintient une position diplomatique prudente. Elle joue un rôle clé en Afrique du Nord et dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Ses relations avec la France sont souvent tendues en raison des questions mémorielles liées à la colonisation. L'Algérie renforce également ses relations avec des puissances comme la Chine et la Russie.



Karim Rahem, Le sillage de la tribu, Riveneuve, 2008. - La crise que traverse l'Algérie ne peut se réduire à l'antagonisme entre deux projets de société, l'un incarné par des démocrates nationalistes et l'autre par des islamistes, par l'opposition d'un modèle occidental ou "moderniste" à un autre, oriental et réactionnaire. En filigrane, transparaît le fantôme de valeurs segmentaires, lesquelles structurent l'imaginaire collectif et les inconscients individuels. En ce sens, l'origine de la crise est d'ordre culturel, car elle ne peut se réduire à des conflits mécaniquement corrélatifs à la structure sociale contemporaine. C'est en interrogeant le passé qu'il faut tenter de dévoiler les dynamiques en oeuvre et leur impact sur le présent. C'est dans une histoire contemporaine douloureuse, qui vit le démantèlement des solidarités lignagères et l'atomisation des groupes sociaux, processus commencé lors de la conquête et poursuivi par l'Etat indépendant, dans le différentiel entre ethos et réalité sociale, entre culture et structure de la société, entre valeurs du passé et nouvelles formes d'échange, que se trouve la clef de l'explication de l'anomie et de l'aliénation de la société algérienne. C'est le passage de la tribu, oubliée un peu vite par des historiographes, pour des raisons liées en partie au passé colonial, à l'Etat qu'il faut décrire pour tenter d'éclairer le présent. Le postulat de l'ouvrage est que l'Algérie actuelle est le fruit de confrontations culturelles issues de son histoire contemporaine, c'est-à-dire depuis les débuts de la période coloniale, se déployant dans le temps et qui ont imposé leurs marques, non pas de manière contingente, mais comme contraintes dans la formation des imaginaires politiques. (couv).
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Jean-Pierre Vittori , On a torturé en Algérie, Ramsay, 2007.- "Cent fois, j'ai eu la tentation de me dédouaner totalement en prenant mes distances avec cet ancien tortionnaire, de clamer ma haine de la torture, de multiplier les précautions de langage (...). Mais je préfère finalement laisser brut ce document qui dénonce moins les hommes de main que ceux qui les utilisèrent pour parvenir à leurs fins." Jean-Pierre Vittori, journaliste, écrivain, s'était fait connaître par un premier ouvrage, Nous, les appelés d'Algérie, dont un chapitre était consacré à la torture. Après sa parution, il reçoit une lettre dont l'auteur lui confie : "C'est vrai, j'ai moi-même torturé." Le journaliste rencontre l'homme, un ancien militaire. Celui-ci, pendant cinq ans, a servi dans un des centres d'interrogatoire qui quadrillaient le territoire algérien. Dix cassettes d'entretiens seront enregistrées. (couv.).

Franck Laurent, Le voyage en Algérie (anthologie de voyageurs français dans l'Algérie coloniale - 1830-1930), Robert laffont, 2008. - De 1830, date du débarquement français à Sidi-Ferruch, jusqu'aux grandes fêtes du centenaire de l'Algérie en France en 1930. Le principe chronologique permet de rendre sensible la profondeur des mutations dont l'Algérie coloniale est le cadre en un siècle, ainsi que les variations des représentations de la colonie en Métropole. Ainsi suivra-t-on d'abord la conquête et les descriptions, l'Algérie vue comme "objet littéraire", puis comme destination touristique, l'appel du désert mais aussi les récits réalistes, et, au début du XXe, l'apogée de cette Algérie coloniale qui commence à se rêver éternelle... (couv.).

Jeannine Verdès-Leroux, L'Algérie et la France, Robert Laffont, 2009. - Plus de trente-cinq ans après la signature des accords d'Évian, ce dictionnaire s'attache à faire revivre les relations - toujours passionnelles - entre la France et l'Algérie. Des royaumes berbères à l'indépendance du pays (juillet 1962) et à l'exode des "Pieds noirs", cet ouvrage met au jour des moments et des terrains restés jusqu'ici inexplorés. Il montre ce qui rapproche ces mémoires entrelacées depuis cent trente ans. Ont été réunis cent soixante collaborateurs (historiens, littéraires, écrivains, anthropologues, juristes, linguistes, médecins, physiciens, urbanistes, économistes) dont les opinions, les regards et les langages multiples forment une mosaïque, afin de faire revivre un passé qui n'est pas "éteint" : celui de l'Algérie. (couv.).

RenĂ© Gallissot, La RĂ©publique française et les indigènes, L'Atelier, 2007.- Les Français redĂ©couvrent le sort qui fut rĂ©servĂ© aux indigènes de leur ancien empire colonial. L'indignation rĂ©trospective ne suffit pas Ă  comprendre les raisons pour lesquelles des hommes et des femmes ont pu ĂŞtre ravalĂ©s, pendant des dĂ©cennies, au rang de sous citoyens par une RĂ©publique qui se proclamait patrie des droits de l'homme. Dans une fresque consacrĂ©e Ă  l'histoire sociale de l'AlgĂ©rie de 1870 Ă  1962, RenĂ© Gallissot raconte comment le socialisme rĂ©publicain, d'abord marquĂ© par l'antisĂ©mitisme, s'avère incapable de reconnaĂ®tre la citoyennetĂ© des autochtones colonisĂ©s. CantonnĂ©s dans un statut musulman, ces derniers sont mobilisĂ©s en masse sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale.  Dès la fin du conflit, en mĂ©tropole et en AlgĂ©rie, des indigènes trouvent dans le syndicalisme et le communisme des lieux d'apprentissages du militantisme.
Revendications sociales et aspiration à l'indépendance se croisent, convergent un moment avant de diverger. Dès lors, après 1945, l'affrontement armé pour une Algérie indépendante devient inévitable. Le parti socialiste, arcbouté dans la défense de l'empire républicain, et le parti communiste qui, dominé par des préséances internationales, ne sait pas reconnaître la nation algérienne, sont tragiquement absents d'un combat qui aboutira à l'autodétermination de l'Algérie en 1962. L'engagement courageux de militants contrevenants aux consignes et le combat syndical commun ne suffiront pas à sauver le rêve d'une Algérie algérienne qui aurait pu rassembler, à égalité de droits et de devoirs, descendants de colonisés et de colons dans une république démocratique, sociale et laïque. (couv.).

Pierre Montagnon, Histoire de l'Algérie, Pygmalion, 2006.

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