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Entablement

On appelle entablement, l'ensemble de membres d'architecture empruntés à un ordre et placés horizontalement au-dessus de colonnes, de piliers ou de masses pleines de construction. L'entablement est un élément essentiel et constitutif des ordres d'architecture et peut, par sa nature, ses proportions, l'importance et la richesse décorative des moulures qui composent ses différentes parties, servir à déterminer l'ordre auquel il appartient. Il comprend généralement trois parties : l'architrave ou partie intérieure, la frise ou partie intermédiaire, et la corniche ou partie supérieure. Quelquefois cependant la corniche est réunie à l'architrave par la suppression de la frise et forme ainsi ce que l'on appelle une corniche architravée, comme dans le couronnement du portique de l'Erechthéion à Athènes, et quelquefois aussi, au-dessus des parties pleines de construction, se profilent un astragale ou quelques autres moulures surmontées d'une frise et d'une corniche sans la moindre architrave proprement dite, comme au palais Strozzi, à Florence. 

En fait, la corniche, cette partie essentielle du couronnement des édifices, est la partie indispensable et invariable de l'entablement, dont l'origine, bien facile à reconnaître dans les constructions primitives de bois, est l'about des solives portant le plancher ou des chevrons portant la couverture. A l'intérieur des constructions, dans les vestibules et les salles des appartements, la corniche, couronnant les murs, les lambris ou les encadrements de baies, se trouve aussi constituer souvent, à elle seule, tout l'entablement. C'est surtout dans les ordres antiques, dorique, toscan, ionique, corinthien et composite, et plus particulièrement dans l'application réglée de ces ordres aux édifices religieux ou aux monuments publics, qu'il est possible d'étudier, dans tous leurs détails multiples, les différentes parties des entablements ainsi que les proportions et la décoration de ces parties : la Grèce et le monde romain après l'Egypte et, depuis la Renaissance, les pays dont l'architecture s'est inspirée des monuments antiques, fournissent donc de nombreux exemples d'entablements, simples ou riches, mais d'une infinie variété dans leur composition, leurs proportions et leur ornementation
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Entablement du Parthénon.
Reconstitution de l'entablement du Parthénon.

Nous voulons seulement, après avoir rappelé l'entablement si simple d'aspect mais d'un effet si puissant de l'ordre dorique grec du Parthénon, à Athènes, donner ici un remarquable exemple d'entablement emprunté à la belle époque de l'art romain, entablement dont un fragment surmonte encore de nos jours trois colonnes corinthiennes restées debout sur l'emplacement de l'ancien forum romain et que les archéologues croient avoir fait partie d'un temple dédié à Jupiter Stator ou à Castor et Pollux, peut-être même de la Graecostasis, lieu de résidence à Rome des ambassadeurs de nationalité grecque. Cet entablement, qui comprend les trois parties habituelles, architrave, frise et corniche, est, malgré la nudité de la frise, ce qui fait encore valoir la richesse des autres parties, des plus magnifiquement ornés. Des perles et des pirouettes, ainsi que des rais de coeur, séparent les faces de l'architrave dont la seconde est couverte d'un gracieux enroulement de fleurons et de palmettes; des oves et des rais de coeur séparent également les divers membres de la corniche, laquelle comprend des denticules et des modillons au-dessous d'un larmier décoré de canaux et surmonté d'une cimaise portant des têtes de lions; enfin le dessous du larmier, entre les modillons, est refouillé pour former des caissons, eux-mêmes d'une riche ornementation.

Pendant tout le Moyen âge, on n'observa d'entablement que dans les monuments du midi de l'Europe, où s'était conservé un ressouvenir des traditions antiques, et encore, ont écrit Prosper Mérimée et Albert Lenoir, dans les Instructions du Comité historique des Arts et Monuments, en reproduisant une corniche architravée de la cathédrale d'Avignon, « la mauvaise proportion des profils et l'oubli de quelque partie importante trahissent-ils toujours le peu de savoir et d'habitude de l'imitateur ». Seule des trois parties constitutives de l'ancien entablement, une sorte de corniche, parfois richement décorée, subsista à l'état de couronnement des édifices pendant toute cette longue période; mais, dès le XVIe siècle, on vit reparaître des copies ou des imitations plus ou moins pures et plus ou moins heureuses des entablements antiques, comme au tombeau de Brezé, dans la cathédrale de Rouen et, depuis cette époque, des entablements, le plus souvent complets, reprirent place dans les ordonnances des édifices de tous les pays où l'architecture s'inspira des traditions antiques (V. au mot Ordres d'Architecture, les ordres d'après Palladio, Vignole, Scamozzi, etc.).-

Entablement.
Entablement du temple dit de Jupiter Stator, à Rome.

En dehors des ordres antiques ou imités de l'antique et appliqués à la décoration de monuments publics dans la construction desquels la pierre joue un rôle important, on conçoit que le caractère de certains édifices privés et les procédés modernes de construction ainsi que l'emploi rationnel de nouveaux matériaux naturels ou artificiels, fassent subir de nos jours de singulières modifications aux entablements plus ou moins complets qui servent de couronnement aux bâtiments et aux dépendances des édifices d'utilité publique ou des maisons d'habitation et des établissements industriels. Aussi n'est-ce que dans les ordonnances d'architecture inspirées des monuments de l'Antiquité ou des maîtres de la Renaissance que l'on peut étudier les origines, les développements, le complet épanouissement et aussi la décadence des entablements appartenant à ces ordonnances.

Quelques entablements ont reçu des dénominations spéciales, telles que : 

Entablement à la capucine, celui qui, milieu d'être mouluré, est chanfreiné; 

Entablement de couronnement ou simulé, celui qui, au sommet d'une façade dans la composition de laquelle n'entre aucun ordre, est seulement un motif de décoration masquant parfois la pente d'un toit, un chéneau ou une gouttière;

Entablement recoupé, l'entablement qui fait retour en avant-corps sur une colonne ou un pilastre, comme aux arcs de Titus ou de Constantin, à Rome. (Ch. Lucas).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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