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La Provence,
Provincia, est une ancienne province et grand gouvernement
du Sud-Est la France, entre le Dauphiné
au Nord, l'Italie à l'Est, la Méditerranée
au Sud, le Languedoc à l'Ouest et
Comtat-Venaissin au Nord-Ouest. Elle
est arrosée par le Rhône,
la Durance, le Var, etc. Climat méditerranéen; vent violent
appelé mistral.
Elle avait pour capitale Aix (Aix-en-Provence), et se divisait en Haute-Provence, au Nord et Basse-Provence, au Sud. La Haute-Provence est montagneuse et peu fertile; la Basse-Provence jouit d'une température chaude et produit des mûriers, dont la culture y fut introduite sous Charles VII, des grenadiers, des figuiers, des câpriers, des amandiers, des orangers et des oliviers, qui donnent une huile très renommée. A la Révolution, elle a formé les départements des Bouches-du-Rhône, du Var, des Alpes-de-Haute-Provence et une partie des départements du Vaucluse et des Alpes-Maritimes. Le nom de Provence est aujourd'hui accolé à celui de Alpes et de la Côte-d'Azur pour former une région administrative française (P.A.C.A.). La Provence a eu sa langue particulière, la langue provençale, qui appartient à la famille des langues d'Oc, et qui s'est développée la première parmi les langues romanes, et dans laquelle les troubadours ont composé leurs poésies. On sait que le nom de Provence est dérivé de celui de la Province romaine fondée en Gaule à la fin du IIe siècle av. J.-C. et appelée plus tard Narbonnaise. Mais la Provence n'eut jamais qu'un territoire assez restreint et ne comprit que la partie de la Narbonnaise située à l'Est du Rhône. D'ailleurs ses limites du Nord et de l'Est varièrent beaucoup jusqu'au XIXe siècle. Successivement compris dans le royaume de Provence, puis dans le royaume d'Arles ou de Bourgogne, les pays qui nous occupent flottaient depuis longtemps entre les dominations les plus diverses, lorsqu'au milieu de l'émiettement féodal se constituèrent, l'un au Sud, l'autre au Nord de la Durance, le comté et le marquisat de Provence. Ce dernier devait passer, du moins en partie, en 1218, sous la domination pontificale et y rester jusqu'en 1791. Quant au comté, gouverné d'abord par des princes indigènes, sous la suzeraineté plus ou moins nominale des empereurs, puis soumis aux comtes de Barcelone, enfin dévolu aux princes de la première et de la seconde maison d'Anjou, il fut réuni, en 1481, au domaine des rois de France. C'est des origines et de l'histoire du comté de Provence qu'il sera spécialement question ici. Préhistoire. Ibères, Ligures, Phéniciens, GrecsOn sait peu de chose des premiers habitants de cette région. Des vestiges humains y existent depuis un million d'années et s'étagent ensuite tout le long du Paléolitique. Les peintures qui ornent la grotte Cosquer (découverte en 1992 près de Marseille) datent 27 000 à 19 000 ans. On a aussi retrouvé en Provence des traces des civilisations qui se sont succédé depuis l'époque de le Néolithique : pierres polies ou instruments en silex dans la grotte de la Masque, dans la Combe de Clare, dans les contreforts du Mont-Ventoux, autel du Loup dans la forêt du Défend, près Sault, tumuli, dolmens, parmi lesquels il faut citer celui de Draguignan, celui du col du Drouet, près Callas, celui de Pontivès et celui de la Blaque, près de l'Arc. A l'embouchure du Var, on a découvert quelques habitations lacustres.Des Ibères qui habitèrent la Gaule méridionale dans les temps les plus reculés et dominaient encore, au Ve siècle av. J.-C., à l'Ouest du Rhône, la Provence a gardé peu de traces. Il n'en est pas de même des Ligures ou Liguses, qui, maîtres du pays entre Gênes et les Alpes, refoulèrent peu à peu les Ibères sur la rive droite du Rhône et s'établirent solidement sur le littoral de la Méditerranée. La Provence est incontestablement la région de la Gaule où les Ligures ont fait leur plus longue résidence. C'est là que leur souvenir s'est perpétué; il y restait encore très vivace à l'époque romaine. On a découvert des vestiges d'un très grand nombre d'oppida ligures dans les vallées du Rhône inférieur, de la Durance, de l'Arc et de l'Huveaune, près de Salernes, de Draguignan, etc. Pline nomme comme les plus connus parmi les peuples liguriens les Deceates aux environs d'Antibes, les Oxybii au Nord de Fréjus, les Salluvii aux environs d'Aix-en-Provence avec une capitale dont on croit avoir trouvé les restes sur les hauteurs d'Entremont. Ajoutons-y les Camatullici (massif des Maures), et les Segobrigii, sur le territoire desquels Marseille s'était fondée. Vers le IIe siècle av. J.-C., les Ligures commençaient à être absorbés par des nations celtiques ou gauloises : les Cavares qui avaient pour villes principales Avenio (Avignon), Cabellio (Cavaillon), Arausio (Orange), Vasio (Vaison-la-Romaine), les Menini, (autour de Carpenctoracte (Carpentras), les Vulgientes, autour d'Apta Julia (Apt), les Bodontii qui avaient pour capitale Dinia (Digne), les Vediantii avec Sanitium (Senez), les Suetri autour de Salins (Castellane, etc.). Ces populations n'avaient cessé, depuis deux ou trois siècles, de gagner du terrain au détriment des Ligures. D'autres peuples étaient aussi venus s'établir sur le littoral méditerranéen, les Phéniciens et surtout les Grecs. Des Phéniciens, peu de chose à dire. Ils n'ont laissé aucune trace durable de leur séjour en Gaule et ont de bonne heure cédé la place aux négociants grecs. Les Phocéens s'établirent à Marseille vers l'an 600 av. J.-C. et bientôt la nouvelle ville domina tout le littoral; elle donna naissance, à son tour (pour nous borner à la côte provençale), à Athenopolis, Antipolis (Antibes), Nicaea (Nice), Portus Herculis (Villefranche-sur-Mer), posséda le pays des Segobriges, celui des Avatici, celui des Dexeviates et en grande partie celui des Saluvii. A l'intérieur, son empire s'étendait sur les cités de Theline (plus tard Arles), Rhodanusia, Cabellio (Cavaillon), Avenio (Avignon), etc. Époque romaineC'est Marseille qui introduisit les Romains en Gaule. Depuis longtemps en lutte avec les Ligures, elle appelait, dès 155 av. J.-C., les armées romaines à son secours. Les Romains intervinrent victorieusement, mais laissèrent à leur alliée tout le pays conquis. Trente ans après, nouvel appel et nouvelle intervention, mais suivie de l'occupation d'une partie du territoire disputé. Le consul, M. Fulvius, après avoir remporté, en 125, sur les bords da Rhône, une victoire décisive, resta en Gaule comme proconsul (124) et, avec l'un des nouveaux consuls, C. Sextus Calvinus, acheva la soumission des Saluvii. Il détruisit la métropole de ce peuple et fonda près de ses ruines un castellum ou praesidium, avec garnison romaine qu'on appela Aquae Sextiae, et autour duquel se fonda plus tard une ville qui, après la mort de César, devint colonie romaine.Le territoire soumis ne s'étendait guère au delà de la Durance, mais le consul, Cn. Domitius Aenobarbus, sur le motif que les Allobroges et les Arvernes avaient attaqué les alliés de la république, entra en campagne contre ces deux peuples qui furent battus deux fois, à Vindalium, près de Bédarrides (121), par Domitius, et au confluent de l'Isère et du Rhône par le consul L. Fabius Maximus, qui fit prisonnier Bituit, roi des Allobroges. Ces victoires donnèrent aux Romains la suprématie sur tout le pays entre les Cévennes et les Alpes, de Toulouse à Genève et à Nice. Ils en firent une province de l'Empire romain sous le nom de Gaule Transalpine; dont la capitale fut la colonie de Narbonne (118). Les Romains laissèrent néanmoins à Marseille un vaste territoire entre le Rhône, la Durance et les Alpes-Maritimes. La Province romaine fut un moment menacée par l'invasion des Cimbres et des Teutons. D'abord vaincues sur la limite du territoire des Allobroges (107), puis près d'Orange (105), les armées romaines remportèrent enfin, sous le commandement de Marius, la victoire décisive d'Aix (102), qui assura à la province quelques années de paix. Elle eut beaucoup à souffrir, un peu plus tard, de la répression par Pompée de la révolte de Sertorius (77) et de l'administration si tristement célèbre de M. Fontéius, client de Cicéron, que le célèbre orateur fit acquitter, en dépit des plaintes si justifiées des Gaulois (75-73). C'est en qualité de proconsul des Gaules Transalpine et Cisalpine que César commença, en 58, la conquête de la Gaule propre; la province lui fournit une partie des ressources nécessaires à ses expéditions. Elle fut ensuite déchirée par les guerres civiles et les luttes de César et de Pompée et, plus tard, d'Antoine et d'Octave. Le traité de Brindes (40) l'attribua à Octave avec tout l'Occident. Marseille, qui s'était déclarée pompéienne et avait été prise par César en 49, avait vu son territoire fort réduit (il ne comprit plus guère que l'arrondissement actuel de Marseille). Le dictateur réorganisa d'ailleurs la Narbonnaise et, quand la paix y eut été rétablie, en remit l'administration au Sénat. A partir de l'an 22 av. J.-C., elle devint province consulaire. Pendant les trois siècles qui suivirent, la civilisation gallo-romaine se développa presque sans interruption dans la Narbonnaise; le milieu du IIe siècle ap. J.-C. marque son apogée. La province, administrée par un proconsul annuel qui résidait à Narbonne, un légat et un questeur, comptait alors vingt cités. Ses principales colonies à l'Est du Rhône étaient Aix-en-Provence, Vienne, Arles, Orange, Apt, Fréjus, Nyons, Carpentras, Riez, fondées par Tibère, par Claude Néron ou par les triumvirs; Avignon, Cavaillon, Valence, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Vaison et Luc-en-Diois étaient cités fédérées. Marseille et ses colonies gardèrent d'abord leur autonomie. Quelques-unes de ces villes possèdent encore des monuments remarquables de l'époque romaine (mausolée des Jules de Saint-Remy, temps d'Auguste ; amphithéâtre de Fréjus, même époque; arènes d'Arles, Ier siècle; arc de triomphe d'Orange, époque de Tibère; arcs de triomphe de Cavaillon et de Carpentras, théâtres d'Arles, de Fréjus et d'Orange; temple d'Auguste et de Livie à Vienne, l'Athlète de Vaison, les Vénus d'Arles et de Vienne, etc.). Arles, ville de commerce et de station de douanes où se donnaient rendez-vous les marchands latins, grecs et syriens, était le centre des routes de la vallée du Rhône : la voie aurélienne qui côtoyait le rivage au pied des Alpes et passait à Fréjus et à Aix; la voie domitienne qui franchissait les Alpes Cottiennes au mont Genèvre et traversant la Durance à Cavaillon se prolongeait vers l'Espagne par Nîmes, Béziers, Narbonne et le col de Pertus; la route d'Arles à Lyon par la rive gauche du Rhône qui se soudait à Lyon aux voies centrales (Les routes dans l'Empire romain). Ajoutons à ces voies de communication le canal de Marius creusé à l'embouchure du Rhône. La Narbonnaise était également le centre d'une intense vie intellectuelle; ses plus florissantes écoles étaient celles d'Autun et de Marseille; cette dernière ville, tombée en décadence depuis le IIe siècle, possédait encore une école grecque célèbre où l'on venait de toute l'Italie et une fameuse école de médecine. Parmi les savants et historiens gallo-romains, citons Favorinus d'Arles et Trogue-Pompée, de Vaison. Le christianisme ne fit qu'assez tard son apparition dans la Gaule méridionale. Dès le règne de Domitien, il y eut peut-être à Marseille une petite église chrétienne, et c'est là qu'on a retrouvé la plus ancienne épitaphe chrétienne de la Gaule et peut-être de tout l'Empire romain. C'est sur le territoire d'Arles que se rencontre le plus ancien tombeau laissé par le christianisme (Jullian). Mais la Narbonnaise dépendit longtemps de l'Eglise de Lyon. Au milieu du IIIe siècle, des missions furent envoyées en Gaule : c'est de cette époque que date l'apostolat de saint Trophime à Arles; et c'est dans cette ville que se fonda probablement la principale église de la Narbonnaise orientale. Les persécutions de Domitien firent dans ce pays de nombreuses victimes; mais les évêques d'Aix, Arles et Marseille veillaient sur leurs troupeaux, qu'ils préservèrent non seulement d'un retour au paganisme, mais encore de l'hérésie des donatistes, lesquels furent formellement condamnés à Arles en 314 (Il ne paraît pas nécessaire de réfuter ici la légende des saintes Maries, qui auraient apporté le christianisme en Gaule, bien qu'elle soit restée vivace, ni celle de saint Victor de Marseille). Au IVe siècle, après le l'installation du christianisme, Arles ne cessa de grandir, et Constantin y fit bâtir une de ses résidences préférées. A cette époque et au moment où les invasions barbares vont commencer, la future Provence n'avait pas encore atteint son unité territoriale. La Narbonnaise seconde comprenait les sept cités d'Aix, Apt; Riez, Fréjus, Cap, Sisteron, Antibes; à la province des Alpes-Maritimes appartenaient huit cités, parmi lesquelles Embrun, Digne, Castellane, Seriez, Glandèves, Cimiez, Vence. Enfin, parmi les quatorze cités de la Viennoise, quelques-unes, Vaison, Orange, Carpentras, Cavaillon, Avignon, Arles, Marseille, devaient se rattacher plus ou moins directement à la Provence. Ces territoires furent enfin compris, sous le Bas-Empire, dans le diocèse de Vienne ou des sept provinces (Narbonnaise seconde, métropole Aix; Viennoise, métropole Vienne; Alpes-Maritimes, métropole Embrun). Le début du Moyen-âgeLe premier et le deuxième royaume de Provence.Les premiers barbares qui envahirent la Provence furent les Wisigoths. Alaric essaya en vain de prendre Marseille (412). Théodoric Ier, après s'être emparé de presque toute la Narbonnaise première, vint attaquer Arles et ne fut pas plus heureux (415). Mais Euric, réalisant le rêve de ses prédécesseurs, s'empara de cette ville et du territoire situé à gauche du Rhône jusqu'aux confins des Burgondes, c.-à-d. de tout le pays resserré entre les Alpes, la mer, le bas Rhône, la Durance et la cité d'Embrun (vers 480). Mais à la faveur de la minorité d'Alaric II, les Burgondes qui déjà possédaient, outre la Bourgogne, le Dauphiné, la Savoie, le Vivarais et le comté Venaissin, passèrent la Durance, prirent Marseille et Aix et s'étendirent sur toute la Provence (vers 486). A leur tour, les Francs, successivement vainqueurs des Burgondes et des Wisigoths, envahirent le pays. Clovis vint jusqu'à Arles, mais les Ostrogoths parvinrent à se maintenir dans toute la Basse-Provence. Sous les successeurs de Clovis, les Francs s'emparèrent de la Haute-Provence, puis de tout le pays (vers 536). Bientôt la Provence fut partagée, comme tout le royaume franc. Sigebert, roi d'Austrasie, eut Marseille, et Gontran, roi de Bourgogne, Arles (vers 367). Sigebert ne tarda pas à enlever Arles à son frère. A ce moment une double invasion lombarde menaçait la Gaule méridionale; des bandes dirigées par Aucon descendirent dans le bassin de la Durance, allèrent à Marseille par Arles et remontèrent ensuite par Aix; mettant tout à feu et à sang; elles furent dispersées par les troupes bourguignonnes que commandait Mummolus. Quelques années plus tard, la Provence revenait tout entière à Childebert III, qui venait de réunir les deux royaumes de Bourgogne et d'Austrasie, mais ce fut pour subir d'autres partages sous les fils de Dagobert. La Provence fit partie de la ligue d'Aquitaine contre la domination austrasienne, mais Charles-Martel la soumit. Elle fut cruellement ravagée, aux VIIe et VIIIe siècles, par les Sarrasins, qui y fondèrent plusieurs établissements sur le littoral méditerranéen. La Provence demeura assez paisible sous le règne de Charlemagne. Dans le partage que Louis le Débonnaire fit de ses Etats entre ses enfants, elle échut à Lothaire (833), qui la donna à Charles, le troisième de ses fils, en 855. Elle avait alors le nom de royaume de Provence (ou de Bourgogne Transjurane), et correspondait au pays situé entre le Rhône, la Durance et les Alpes Maritimes, avec les comtés d'Uzès, de Viviers et de Lyon. Ce fut le premier royaume de Provence (855-863). Quand Charles mourut sans postérité, Louis II eut la Provence qu'il laissa à son tour à Charles le Chauve. Ni l'un ni l'autre de ces princes ne prit le titre de roi de Provence. Mais en 879, Boson, gouverneur de la Provence sous Charles le Chauve, qui avait épousé la fille de Louis II, se lit proclamer roi au concile de Montaille par les archevêques de Vienne, d'Arles, de Lyon, de la Tarentaise et de Besançon et par dix-sept évêques, leurs suffragants. Ce fut l'origine du second royaume de Provence, qui dura un demi-siècle. Boson régna de 879 à 887. Louis, son fils, lui succéda d'abord sous la tutelle de sa mère, Hermengarde, qui lutta vainement contre les Sarrasins établis à la Garde-Frainet; puis, devenu majeur, il conquit Uzès et la Lombardie, devint empereur, fut chassé de l'Italie et mourut obscurément (vers 923). Hugues, fils du comte d'Arles, lui succéda, mais sans prendre le titre de roi. Appelé en Italie contre Rodolphe II, roi de Bourgogne, il fut proclamé roi de Lombardie; bientôt il signa avec son rival un traité par lequel il lui abandonnait la Provence et gardait l'Italie (933); enfin, laissant l'Italie à son fils Lothaire, il alla s'ensevelir dans un cloître en Bourgogne et y mourut (vers 947). Époque féodaleLe comté de Provence sous la dynastie des Bosons (934-1113).La future Provence fit partie, à partir du traité de 933, du royaume d'Arles ou des Deux-Bourgognes, création factice, Etat sans limites naturelles qui comprenait le royaume de Bourgogne transjurane et la basse vallée du Rhône et dont le territoire correspondait aux provinces ecclésiastiques d'Arles, Aix Embrun, Vienne et Tarentaise (moins les diocèses de Vienne, Saint-Jean-de-Maurienne et Aoste), plus tout ou partie des diocèses de Lyon, Lausanne et Bâle. Rappelons que les souverains de ce pays furent, de 933 à 1125, Rodolphe II (923-937); Conrad le Pacifique (937-993); Rodolphe III le Fainéant (993-1033); Conrad le Salique, empereur d'Allemagne (1033-1038); Henri III le Noir (1038-1056); Henri IV (1056-1106) et Henri V (1106-1025), également empereur d'Allemagne. En 1123, Conrad, duc de Zaheringen, fut nommé gouverneur du royaume d'Arles, avec le titre de duc, par le nouveau souverain, Lothaire II. Mais ces souverains n'exercèrent jamais dans le nouvel Etat qu'un pouvoir précaire et contesté. De bonne heure, leur autorité fut comme étouffée par le développement rapide de la féodalité ecclésiastique et laïque. Errants à travers leurs provinces, ils évitaient les séjours où ils se fussent trouvés à la discrétion des seigneurs féodaux. Ainsi ne les vit-on presque jamais à Arles, en dépit de la tradition toujours vivante qui assignait à cette ville le titre de métropole des Gaules. On les vit plus souvent à Vienne, où, grâce à la disparition du comte héréditaire, ils conservèrent des domaines propres, ou sur les bords des lacs suisses ou savoisiens. Quant au comté de Bourgogne, au Dauphiné, à la Provence, ils leur échappaient de plus en plus, et des dynasties s'y formaient qui allaient bientôt conquérir, avec un titre héréditaire, toute la réalité du pouvoir. Pour nous borner à la seule Provence, nous trouvons dès 934 dans ce pays un comte, Boson, lequel avait reçu l'investiture du roi Hugues. L'origine du comté de Provence est assez obscur. On sait seulement que le comte Boson n'appartenait nullement à la famille du Boson qui avait été élu comte à Montaille par les évêques en 879. Il était fils d'un seigneur nommé Rothbold qui avait exercé, lui aussi, peut-être, l'autorité souveraine dans le comté. Boson fut, en tout cas, le premier comte titulaire de le Provence, et ses descendants gardèrent ce titre pendant près de deux cents ans. Il mourut vers 968, et son fils, Guillaume Ier, lui succéda (968-992). Ce prince eut à lutter contre les Sarrasins qui, établis à la Garde-Frainet, ravageaient tout le littoral et s'étaient emparés de Fréjus, Saint-Tropez et Toulon; il leur reprit toutes ces villes et même la Garde-Frainet; il mourut à Avignon sous l'habit de moine. Guillaume II, son fils (999-1018), combla de ses libéralités les monastères de Montmajour et de Saint-Victor, dont la popularité était immense dans le pays. Guillaume III (1018-1053) partagea le pouvoir
avec son frère Geoffroi, lequel, resté seul comte en 1053,
associa à son pouvoir ses deux neveux Geoffroi II et Guillaume IV.
Gardant pour lui la Provence orientale, il donna à Geoffroi et à
Guillaume la Provence occidentale, c.-à-d. le pays entre la Durance,
le Rhône et l'Isère. En 1063, Bertrand succéda à
Geoffroi dans la Provence orientale, tandis qu'Adelaïs, fille unique
de Guillaume IV, transmettait la Provence occidentale à son mari
Ermangaud, comte d'Urgel. A sa mort, sa mère Etiennette prit le
pouvoir qu'elle partagea avec sa fille Gerberge, mariée au comte
de Gévaudan, Gilbert. Gilbert et Gerberge eurent deux filles, l'une,
Etiennette, qui, mariée au comte de Baux, reçut en dot de
nombreux domaines, et Douce, à laquelle Gerberge céda la
Provence orientale. Douce épousa Raymond-Béranger IV, comte
de Barcelone et l'investit de son comté de Provence (4113). Alors
commença en Provence une nouvelle dynastie, celle des comtes de
Barcelone.
Le comté Venaissin fut démembré du comté de Forcalquier par Rothbold qui le donna en dot à sa fille Emme, mariée à Guillaume Taillefer, comte de Toulouse (début du XIe siècle). Il comprenait Avignon, Carpentras, Cavaillon, L'Isle, Vaion, Bollène, Valréas, Bédoin, Bonnieux, Caderousse, Malaucène, Pernes, Visan, Le Thor, Bédarrides, Mormoiron, Jonquières et Rochegude. On sait qu'il fut cédé au pape par Raymond VII, comte de Toulouse, en 1208, puis par Philippe le Hardi en 1274. Avignon, qui était restée presque indépendante et avait été longtemps disputée entre les rois de France et les comtes de Toulouse, fut vendue au pape par Jeanne lre en 1348. Quant à la principauté d'Orange,
qui ne comprenait guère qu'Orange et
sa banlieue, sans qu'il soit possible de remonter à son origine,
on peut penser qu'elle eut des princes particuliers dès le IXe
siècle. Enfin d'autres seigneuries se fondèrent aussi sur
le territoire de l'ancien royaume de Provence : la seigneurie de Castellane
(vers 1032), qui comprenait Riez, Salernes, Cotignac, Entrecastaux, etc.,
la baronnie de Grignan, vassale des empereurs sous la dynastie d'Adhémar,
la baronnie de Sault, enfin la maison des Baux, d'origine gothique qui,
établie d'abord sur la pente méridionale des Alpilles et
dotée des soixante-dix-neuf Terres Baussenques (situées dans
les comtés de Forcalquier et de Provence), obtint en 1178 la principauté
d'Orange et balança un moment la fortune des comtes de Provence
de la maison de Barcelone.
Ces gouverneurs tendirent à se rendre indépendants : tel celui de Marseille, qui, un moment, partagea avec l'évêque la seigneurie de cette ville. Mais déjà le mouvement communal entraînait les cités provençales à suivre l'exemple des villes italiennes. Marseille reconquiert peu à peu, au XIIIe siècle, ses franchises et son indépendance, et de même Arles, Tarascon, Brignoles, Grasse, Nice, qui avait été réunie à la Provence par le traité du 8 juin 1176, sous condition de conserver toutes ses franchises municipales; Avignon, qui, séparée du Comtat, rédige, au XIIe siècle, ses Lois de consulat. Ces grandes républiques municipales, aussi libres d'allures et aussi puissantes que les cités italiennes, s'administrent elles-mêmes, par l'organe de leurs corps élus ou de magistrats de leur choix, traitent avec leurs seigneurs de puissance à puissance, les combattent quand ils menacent leurs privilèges et concluent, sans même les consulter, des alliances commerciales et politiques. Au-dessous d'elles, les villes de moindre importance ont déjà conquis d'importants privilèges politiques et financiers. La dynastie des
Bérenger, comtes de Barcelone (1113-1246).
Les guerres recommencèrent avec Raymond-Bérenger III (1144-1156) qui battit deux fois ses ennemis. Mais il n'avait pas d'enfants, et déjà l'empereur Conrad III avait donné l'investiture de la Provence à un prince de la maison des Baux; Raymond. Néanmoins, Alphonse Ier, roi d'Aragon, comte de Barcelone et cousin de Raymond-Bérenger, parvint à recueillir son héritage, et le nouvel empereur Frédéric Barberousse, révoquant l'acte de Conrad, lui inféoda la Provence (1166-1193). Reprenant d'ailleurs une vieille tradition, Frédéric vint se faire couronner roi de Bourgogne à Arles, par l'archevêque Raymond de Bolène qu'entouraient les archevêques de Vienne et d'Aix, les évêques de Cavaillon, d'Avignon, de Carpentras, de Vaison et de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Aux prélats s'étaient joints un grand nombre de seigneurs laïques dont les sympathies étaient acquises à l'empereur : tels les comtes de Forcalquier, et surtout Bertrand de Baux et Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse. Au contraire, la famille d'Aragon, qui régnait en Provence, ne se fit pas représenter au couronnement du roi d'Arles (1177). Ce voyage triomphal n'accrut pas d'ailleurs beaucoup le pouvoir des empereurs en Provence. Alphonse II (1193-1209) laissa à son frère l'Aragon et la Catalogne pour ne garder que la Provence; en revanche, il acquit le comté de Forcalquier, à la mort du souverain de ce pays, dont il avait épousé la fille et dont le fils fut déshérité (1208). Il tint ses Etats des Albigeois, et les guerres religieuses, qui, au commencement du XIIIe siècle, ensanglantèrent le Languedoc, ne causèrent en Provence qu'une légère agitation. Mais pendant la minorité de Raymond-Bérenger IV, la Provence se trouva un moment engagée dans les luttes que le comte de Toulouse, maintenant allié à la maison d'Anjou, soutenait contre Simon de Montfort, et tandis que l'influence française cherchait à pénétrer dans le Midi, l'empereur Frédéric II donnait au baron de Baux l'investiture de la Provence, et les grandes républiques municipales de Nice, Marseille, Arles et Avignon que le besoin de la liberté civile et politique, fruit de l'esprit commercial dès longtemps développé chez elles, avait jetées dans le parti du comte de Toulouse, se rendaient de plus en plus indépendantes. Le jeune souverain, revenu enfin en Provence (1216), entreprit de les soumettre : Nice fut prise; Marseille résista, mais finit par reconnaître la suzeraineté du comte; Arles abdiqua entre ses mains ses vieilles libertés. Baymond-Bérenger resserra son alliance avec le roi de France en mariant sa fille aînée à Louis IX; il mourut le 19 août 1245. Suivant le projet qu'il avait formé, sa fille Béatrice devenue son héritière, épousa Charles d'Anjou, frère de saint Louis, et lui apporta en dot la Provence (31 janvier 1246). La Provence sous
la dynastie d'Anjou (1246-1481).
Charles Ier (1246-1283), reprenant les projets des comtes de Barcelone, s'efforça de restreindre les libertés communales. Son départ pour la croisade l'obligea d'ajourner l'exécution de ses plans. Mais dès son retour, de concert avec son frère, Alphonse, comte de Poitiers, devenu en 1249 comte de Toulouse, il attaqua Arles et Avignon. Arles capitula le 27 avril 1251 et Avignon le 7 mai suivant. Un viguier et deux juges annuellement nommés par le comte remplacèrent dans ces deux villes le consulat et la judicature consulaire; on leur adjoignit un conseil pris à leur gré moitié parmi les nobles et moitié parmi les bourgeois. Marseille fut assiégée l'année suivante, mais obtint des conditions bien meilleures. Le comte exigea seulement que son nom fût associé à celui de la commune dans les proclamations et que certains droits domaniaux lui fussent reconnus ainsi que les appels civils; à raison de quoi la ville reçut un bailli et un juge comtal. Une nouvelle guerre, pendant laquelle les Marseillais furent soutenus par le comte de Castellane, eut pour résultat de réduire à la fois l'indépendance de Marseille et celle de son allié (1257). D'ailleurs, à cette époque, le pouvoir du comte ne cessa de grandir. L'évêque d'Avignon lui abandonne son titre de chef de la ville l'évêque de Marseille lui vend la ville supérieure le soigneur d'Orange, de la maison de Baux, lui cède le titre de roi d'Arles et de Vienne; le seigneur de Grignan lui rend un hommage qui semblait appartenir plutôt au comte de Toulouse; il acquiert de la commune d'Apt la juridiction consulaire; il recouvre le château et les îles d'Hyères; les dauphins de Viennois lui font hommage pour Gap et Embrun; le comte de Vintimille lui remet ses droits sur ce comté, vassal de Gênes. Mais Charles avait de plus hautes ambitions. En 1255, il part pour faire la conquête de l'Italie. D'abord vainqueur, il voit son fils fait prisonnier et meurt lui-même à Foggia (1285). Pendant la captivité de Charles II d'Anjou (1285-1308), Robert Il d'Artois gouverne ses Etats. Devenu libre, Charles II rentre en Provence, se montre absolument docile à l'influence française, reçoit le pape Clément V à Avignon et fait arrêter les Templiers qui possédaient de très vastes domaines en Provence; sur les 48 membres de l'ordre établis dans ses Etats, Charles en fit enfermer 27 dans le château de Meyrargues et 21 dans celui de Pertuis : on ignore ce qu'ils y devinrent. Ce prince continua d'ailleurs, avec ces succès divers, à guerroyer en Italie où il mourut en mai 1309. Robert, son fils (1309-1343), suivit la même politique. Ayant perdu son fils unique, le duc de Calabre, il changea l'ordre de succession en vertu duquel les mâles seuls pouvaient recueillir l'héritage de Provence et institua pour son héritière Jeanne, fille année du duc de Calabre avec, le cas échéant, substitution en faveur de Marie, soeur de Jeanne. On sait l'histoire dramatique de cette princesse (1343-1382), ses mariages successifs, ses luttes avec Charles de Duras, et sa mort tragique en 1382. Malgré les malheurs auxquels son nom est attaché en Provence, son nom est resté populaire dans le pays. Elle avait adopté, avant de mourir, son cousin Louis d'Anjou, tige de la deuxième maison de ce nom. La Provence se divisa dès lors entre le parti de Duras, soutenu par l'empereur, et celui d'Anjou soutenu par le roi de France; mais avant même la mort de Jeanne, le pays presque entier avait reconnu Louis Ier. Louis Ier ne régna que deux ans (1382-1384); il alla mourir en Italie. Duras reprit la lutte contre son successeur Louis II (1384-1417); son lieutenant Spinoli s'empara d'Aix, puis d'Arles, d'on il fut d'ailleurs bientêt chassé; mais Marseille, Pertuis et quelques autres villes moins considérables, reconnurent sou autorité. La mort de Duras (15 février 1386) et les habiles concessions de Louis II amenèrent bientôt la pacification du pays, préparée d'ailleurs par le comte de Sault, zélé partisan des Anjou. Mais Nice, Puget-Théniers et la vallée de Barcelonnette se donnèrent à Amédée VII de Savoie (1388). Déjà Amédée avait obtenu le Piémont et l'ancienne province des Alpes-Maritimes, usurpations contre lesquelles les comtes de Provence ne purent que protester vainement. Louis II passa la plus grande partie de son règne en Italie, où le pape le reconnut connue seul souverain légitime de Naples. En France, il soutint le duc d'Orléans contre le duc de Bourgogne, puis se rallia à ce dernier. Du parti bourguignon, il passa ensuite au parti des ducs d'Alençon et de Bretagne, renvoya à Jean sans Peur Catherine de Bourgogne, qu'il avait épousée, et prépara le mariage de sa fille Marie avec le futur Charles VII. Venu en Provence en 1415, il institua le conseil souverain d'Aix et augmenta les privilèges de l'Université. Son fils, Louis Ill, lui succéda (1417-1434), mais fut absorbé par ses luttes en Italie. Il n'en fut pas de même pour le roi René (1434-1480), frère de Louis III et son successeur, qui, sans renoncer à Naples qu'il essaya même de reconquérir en 1437, vint habiter à plusieurs reprises son comté et notamment le château de Tarascon, où il tenait une cour des plus brillantes. On sait qu'ayant même de devenir comte de Provence, René avait soutenu une lutte très vive contre le comte de Vaudemont qui lui disputait la Lorraine et que, fait prisonnier en 1431 à Bulgnéville, il n'avait reconquis définitivement sa liberté qu'en 1437. Il soutint plus tard Charles VII dans sa lutte contre les Anglais. Son fils unique étant mort en 1470, il institua pour son héritier en Provence son neveu Charles du Maine, laissant à son petit-fils René, fils de sa fille Yolande, les duchés du Bar et de Lorraine. Mais depuis longtemps Louis XI convoitait cet héritage et était même venu en Provence pour essayer de se le faire attribuer. En sa qualité de suzerain du Bar et de l'Anjou, il confisqua ces duchés et cita René à comparaître au Parlement. René s'allia alors avec le duc de Bourgogne, et il fut, dit-on, question de remettre la Provence à ce prince. Mais on n'en vint pas à ces extrémités. Louis Xl rendit l'Anjou et le Bar, et Charles III qui n'avait lui-même pas d'enfants, resta héritier présomptif de la Provence, à condition, semble-t-il, d'en assurer sa succession au roi de France. René mourut le 10 juillet 1480. Charles III se hâta de se faire reconnaître par les Etats de la Provence, confirma les statuts des villes et défendit victorieusement ses Etats contre René de Lorraine. Il mourut le 11 décembre 1481, après avoir institué solennellement Louis XI pour son héritier, sous réserve que ce prince maintiendrait le Comté-Uni de Provence et de Forcalquier et les terres adjacentes dans leurs libertés, coutumes et lois fondamentales, ce qui était une condition expresse de la concession. Après de longues négociaciations, les Etats, réunis à Aix d'abord en mars, puis en août 1486, délibérèrent à peu près unanimement de se donner d'un coeur franc au roi de France. La Provence devait d'ailleurs être unie au royaume et ne pas être confondue avec lui; et les souverains prendraient le titre de comte de Provence dans tous les actes relatifs à ce pays. Charles VIII, par lettres patentes du 24 octobre 1487, accomplit définitivement l'union sous les conditions demandées. Le règne des deux maisons d'Anjou fut l'époque héroïque de l'histoire de Provence. Ce fut aussi l'époque où le comté se vit pour toujours réduit aux limites que la nature semblait lui avoir données et où il reçut l'organisation administrative qu'il devait garder jusqu'à sa disparition. C'est en 1218 que le marquisat de Provence ou comté Venaissin avait été cédé au pape Honorius III par Raymond VII, comte de Toulouse; en 1274, le roi de France, Philippe le Hardi, confirma cette donation. En 1348, la reine Jeanne vendait Avignon à Clément VI. Sur la frontière orientale, Nice, Puget-Théniers et la vallée de Barcelonnette échappent définitivement au comte de Provence en 1388. Dès lors le comté a pour limites, avec la Méditerranée au Sud et le Rhône à l'Ouest, le Var et les Alpes à l'Est; au Nord, le cours inférieur de la Durance et la chaîne de Vaucluse; la Durance supérieure lui appartient, et elle est séparée du Dauphiné par les montagnes entre Durance et Ubaye. C'est un territoire de 225 km de l'Est à l'Ouest, de 95 à 160 km du Nord au Sud et d'une superficie approximative de 21.300 km². Aix est devenue la capitale du comté sous Charles II, au commencement du XIVe s. Mais le pays avait toujours manqué d'unité administrative. En 1307, Charles II l'avait divisé en deux sénéchaussées dont les chefs-lieux étaient Aix et Forcalquier. En réalité, la Provence comprenait trois divisions principales : les vingt-deux vigueries qui occupaient la plus grande partie du pays; les Terres Baussenques, anciens domaines de la maison de Baux disséminés dans les vigueries et qui bientôt se confondirent avec elles; enfin les terres adjacentes, c.-à-d. Arles, Marseille et quelques autres villes et seigneuries beaucoup moins importantes (Salon, Saint-Tropez, Grignan, Sault, etc.) qui gardaient, on le verra, leur administration séparée. Sur tous ces territoires, le comte exerçait un pouvoir à peu près absolu. Seul, il légiférait, commandait les milices, nommait aux emplois publics, faisait la paix ou la guerre. Ses édits devaient seulement être enregistrés par la haute cour de justice. Son pouvoir était héréditaire et transmissible, et il en était de même des fiefs provençaux. Du reste le droit romain resta la loi du pays, sauf les modifications que les statuts particuliers de la province y apportèrent sur certains points de droit civil. Nulle part, dans le monde féodal, il n'y eut autant de terres libres ni qui le restèrent si longtemps. Le gouvernement particulier ne s'appliquait qu'aux vingt-deux vigueries dont les chefs-lieux étaient : Aix, Tarascon, Forcalquier, Sisteron, Grasse, Hyères, Draguignan, Toulon, Digne, Saint-Paul, Moustiers, Castellane, Apt, Saint-Maximin, Brignoles, Barjols, Colmars, Annot, Seyne, Lorgues, Aups, Guillaumes. Seules elles envoyaient des députés aux Etats de la province. L'origine de ces Etats était fort ancienne (les assemblées de Tarascon en 1146 et d'Aix en 1163 sont les plus anciennes dont l'histoire fasse mention). Comme partout, les Etats se composaient des trois ordres : le clergé, représenté par les archevêques et évêques de la province, par les abbés de Saint-Victor de Montmajour et du Thoronet et par les dignitaires de quelques chapitres; la noblesse où tous les gentilshommes pouvaient entrer (on décida en 1623 que les possesseurs de fiefs entreraient seuls aux Etats); enfin le tiers représenté par un député par viguerie et par les consuls de trente-sept communautés, qui étaient, outre les chefs-lieux de vigueries, Fréjus, Riez, Pertuis, Manosque, Saint-Remy, Reillane, Les Mées, Antibes, Lambesc, Valensole, Trets, Cuers, Rians, Ollioules et Martigues. Les officiers royaux et fonctionnaires publics ne pouvaient entrer aux Etats. Les consuls d'Arles et Marseille y assistaient sans voix délibérative. Ils délibéraient par ordre, et leurs séances n'étaient pas publiques. Les réunions n'étaient pas périodiques, du moins dans les premiers temps, et leur objet ne consistait guère que dans le vote des subsides; ils nommaient le trésorier de la province. L'archevêque d'Aix en était le président-né, bien que, par une disposition remarquable de la « constitution provençale-», les clercs ne fussent susceptibles d'occuper aucun emploi dans la province. Les trois consuls et l'assesseur d'Aix étaient procureurs-nés de la province. Ils l'administraient avec, dans certains cas, le concours de quatre procureurs-joints élus deux par la noblesse et deux par le clergé. Des assemblées particulières composées des procureurs-nés et joints et des députés des vigueries se réunissaient quelquefois dans l'intervalle des sessions des Etats. Les vigueries avaient aussi leurs assemblées spéciales chargées de la répartition de l'impôt. Enfin les 680 communautés provençales étaient administrées par des syndics qui devinrent plus tard des consuls. En principe, le pays ne devait pas d'impôts réguliers à son souverain, mais seulement des subsides, votes par les Etats, La base de la répartition des charges publiques était l'affouagement (un feu équivalait à 80.000 livres en terres). La taille était réelle. Les biens nobles et ceux du clergé en corps étaient exempts de cet impôt, mais non ceux que les clercs possédaient personnellement ou les biens roturiers possédés par des nobles. Dans les châtellenies, bourgs et villages qui leur appartenaient, les seigneurs exerçaient directement ou par leurs officiers le droit de justice. Les villes avaient leurs juridictions consulaires ou municipales. Le nombre et la qualité des juges d'appel est difficile à déterminer. Citons seulement le juge-mage d'Aix qui était assisté de six assesseurs et pouvait se faire suppléer par un lieutenant. La chambre rigoureuse d'Aix jugeait des contrats, mais seulement du consentement des deux parties. On en appelait de ses décisions au tribunal des maîtres rationaux, particulièrement compétent en matière d'impôts et de vasselage. La cour des comptes se composait des maîtres rationaux et de notaires ou secrétaires. Elle comprenait, vers 1448, 1 président, 2 maîtres rationaux ou conseillers maîtres et quatre auditeurs auxquels furent adjoints, en 1481, 1 avocat et 1 procureur du roi. Enfin la cour souveraine ou conseil éminent, qui délibérait sur les affaires politiques, militaires ou législatives en même temps qu'elle jugeait en dernier ressort, était composée de 5 magistrats auxquels se joignaient le président et les 2 maîtres rationaux de la cour des comptes. Le sénéchal en était le chef. En 1501, Louis XII le remplaça par un Parlement (déjà en 1415, le comte Louis II avait opéré une réforme de ce genre, qui n'avait pas duré) composé de 1 président, de 11 conseillers dont 4 clercs, de 1 avocat et de 2 procureurs généraux fiscaux avec le grand sénéchal pour chef. Plus tard furent créées la chambre des Tournelles (1544), la chambre des enquêtes (1554), etc., si bien qu'au XVIIIe siècle, le Parlement ne comptait pas moins de 8 présidents à mortier et de 50 conseillers, avec 2 avocats généraux, 2 procureurs généraux et 5 substituts. L'édit de 1535 pour la réforme de la justice fit sortir le grand sénéchal du parlement pour ne lui laisser que la présidence des justices inférieures. Il remplaça également les juridictions subalternes par cinq sièges (présidiaux) établis à Aix, Arles, Draguignan, Digne et Forcalquier. Des sièges présidiaux furent établis plus tard à Marseille, Hyères, Toulon, Grasse, Brignoles, Sisteron et Castellane. Le clergé était très nombreux, mais non très riche en Provence. On ne comptait pas dans la province moins de deux archevêchés et onze évêchés, à savoir : l'archevêché d'Arles dont Marseille et Toulon étaient suffragants; l'archevêche d'Aix avec les évêchés suffragants d'Apt, Riez, Fréjus et Sisteron. Les évêchés de Senez, Digne, Grasse, Vienne et Glandève étaient suffragants d'Embrun. En 1409, une Université avait été fondée à Aix, et le roi René avait ordonné à tous les étudiants provençaux de venir y étudier. Elle comprit d'abord une faculté de théologie et une faculté de droit; on y créa, en 1568, deux chaires de médecine, et plus tard de nouvelles chaires de droit et de théologie. Époque royaleLa Réforme. La Ligue. L'administration monarchique.Les guerres d'Italie, qui avaient déjà tant coûté à la Provence, lui valurent encore sous François Ier de nouvelles tribulations. En 1524, pendant qu'une flotte menaçait le littoral, le connétable de Bourbon, à qui l'empereur avait donné l'investiture de la Provence, passait le Var et s'emparait de la plupart des villes de cette province. Marseille, au contraire, se défendit victorieusement. Une nouvelle invasion préparée, en 1536, par Charles-Quint et le duc de Savoie, ne fut pas plus heureuse contre Marseille; mais Charles-Quint vint se faire couronner roi d'Arles dans l'église métropolitaine d'Aix (9 août). Au reste, il ne put se maintenir dans le pays. Mais déjà commençaient en Provence les luttes religieuses de la Réforme. Dès 1530, vingt-quatre villages situés entre la Durance et le Luberon, et dont les principaux étaient Mérindol et Cabrières, avaient embrassé la Réforme et étaient entrés en rapport avec les protestants d'Allemagne. Le Parlement rendit contre eux trois arrêts successifs (1530-1537-1540), mais ce dernier seul fut exécuté sur l'ordre de François ler qui venait de se déclarer contre les protestants : 19 personnes furent condamnées au feu par contumace et leur familles bannies. Après une accalmie de quelques années, les rigueurs recommencèrent en 1545, sur l'ordre du premier président du Parlement, d'Oppède, qui remplissait les fonctions de lieutenant général; 24 villages furent brûlés et 900 maisons saccagées; il y eut 1840 morts et 666 condamnations aux galères et à la confiscation. En raison de ces atrocités, d'Oppède fut poursuivi, mais acquitté (1550). Cependant le protestantisme faisait des prosélytes non seulement dans le peuple des villes, mais aussi parmi les gentilshommes, et jusque dans le Parlement lui-même, où sept conseillers et un avocat général embrassèrent la Réforme. Bientôt la Provence compta 60 églises, et les protestants proclamèrent chef de l'union provençale un jeune noble, Paul de Mauvans; les catholiques, de leur côté, se rangèrent sous la bannière du comte de Carces, et les hostilités commencèrent. L'édit de pacification de 1563 les arrêta; mais le Parlement et les Etats de Provence refusèrent d'accepter cet édit. Le comte de Tende, gouverneur du pays, maintint difficilement la paix en raison des entreprises du comte de Carces et de son propre fils, le comte de Sommerives; allié à Carces. Après le voyage de Charles IX en Provence, une Chambre mi-partie fut créée au Parlement d'Aix (1567). La seconde guerre civile (1569-1570) n'atteignit pas la Provence où d'ailleurs les protestants étaient trop faibles pour lutter, et il n'y eut pas de Saint-Barthélemy dans le pays, le comte de Carses ayant refusé de faire « l'office de bourreau ». La formation du parti des politiques rendit quelque espoir aux réformés, qui reprirent les armes, s'emparèrent de Riez, Digne, Seyne, etc. Ils furent battus par le comte de Carses et par le maréchal de Retz qui, nommé gouverneur en 1576, finit par signer une paix en vertu de laquelle Seyne était laissée connue place forte aux protestants. Les hostilités continuèrent plus ou moins sourdement pendant quelques années entre les Carcistes et les Razats (protestants). Les efforts du duc d'Angoulême, grand prieur de France, devenu gouverneur en 1577 et surtout la peste de 1579 les arrêtèrent. En somme, la Réforme combattue par la majorité de la noblesse, peu populaire dans les villes attachées aux pompes du catholicisme, rigoureusement réprimée par le Parlement et les Etats, n'avait produit dans le pays qu'une agitation locale et superficielle. Il devait en être autrement de la Ligue, où la noblesse provençale crut trouver l'occasion non seulement de défendre la religion catholique, mais aussi de reconquérir une indépendance toujours regrettée. Quand la mort du duc d'Alençon eut fait de Henri de Navarre l'héritier présomptif de la couronne, des ligues provinciales se fondèrent, comme on sait, en même temps que la Ligue parisienne, pour empêcher son avènement. En Provence, le comte de Carces étant mort (20 avril 1586) et son fils étant encore jeune, le comte de Sault fut nommé général des catholiques; mais le véritable chef de la Ligue fut Hubert de La Garde, seigneur de Vins, homme ambitieux autant qu'énergique et prudent, doué de grandes qualités militaires et que sa bravoure et sa bonne grâce rendirent bientôt populaire. Dès le 3 avril 1585; de Vins faisait connaître au gouverneur qu'il prenait les armes, « non pour son propre et particulier intérêt, mais pour les princes catholiques et pour le soutien de la religion, que les prétendus réformés voulaient détruire ». ll s'entendit ensuite avec le second consul de Marseille, Dariez, pour livrer cette ville à la Ligue, mais échoua. De même, il ne put, prendre Sisteron. Il essaya, en revanche, de gagner les politiques et licencia ses troupes, quand Henri III se proclama chef de la Ligue. Mais alors les protestants se donnèrent pour chef le baron d'Allemagne, de la maison de Castellane, qui fut élu capitaine général de toutes les Eglises réformées de Provence, poste resté vacant depuis la mort de Paul de Mauvans. Lesdiguières se joignit à lui. La mort du gouverneur, le duc d'Angoulême, survenue le 2 juin 1586, ôta aux ligueurs toute retenue, et les Etats d'Aix élurent de Vins général de toutes les milices de Provence; il prit le Canet et la Tour-d'Aigues, mais fut battu à Riez, où d'ailleurs le baron d'Allemagne périt en poursuivant les fuyards. Le nouveau gouverneur, d'Epernon, essaya de pacifier le pays. Bientôt rappelé à Paris, il laissa de Vins et le Parlement maîtres du terrain. De Vins fit alors alliance avec la Savoie et entra à Aix, malgré Lavalette, successeur d'Epernon. Presque toutes les villes provençales se déclarèrent pour la Ligue (1588). Après la réconciliation de Henri III avec les Guise, Lavalette et son parti, les bigarrats ou politiques, se rapprochèrent des protestants. Lavalette leva des troupes contre la Ligue, et l'alliance de Henri III avec Henri de Navarre vint encore fortifier sa situation; mais les ligueurs remportèrent de leur côté certains avantages. La Provence était partagée entre les deux partis, quand la mort de Henri III vint définitivement ôter à la lutte son caractère religieux pour en faire une guerre politique et provinciale. En effet, le Parlement qui pendant l'absence des gouverneurs était régulièrement investi du gouvernement du pays et était entré avec fureur dans la Ligue, proclama le duc de Mayenne lieutenant général et le cardinal de Bourbon roi de France, puis il reprit la lutte contre le gouverneur. De Vins étant mort le 20 novembre 1589, la célèbre comtesse de Sault, belle-soeur de Vins, qui joua dans nette dernière période de la guerre un rôle important, refusa de reconnaître le jeune comte de Carses comme chef des ligueurs et appela le duc de Savoie Charles-Emmanuel. Les Etats réunis à Aix firent de leur côté appel à ce prince, malgré le Parlement. Le duc de Savoie entra en Provence, prit Salon et plusieurs villes de la Durance (décembre 1589); il fut proclamé comte de Provence, Forcalquier et terres adjacentes; mais épuisé d'hommes et d'argent et peu soucieux de servir les ambitions de la comtesse de Sault, il quitta la Provence pour aller en Espagne. Ce départ, et l'intervention de Lesdiguières changèrent la face des choses. D'accord avec Lavalette, Lesdiguières s'empara de Sisteron et de la Basse-Provence. Une attaque du duc de Savoie contre Marseille dévoila les projets intéressés de ce prince et lui ôta toute popularité. D'autre part, le comte de Carces fut battu par Lesdiguières qui devint gouverneur après la mort de Lavalette. Tout le monde était las de la guerre. Des conférences s'ouvrirent à Saint-Maximin, mais elles n'aboutirent pas devant les exigences des catholiques. A la même époque le duc d'Epernon, revenu en Provence, assiégeait Aix (février 1593); le comte de Carces traita avec lui. Mais après la conversion du roi, d'Epernon se vit sacrifié; il s'allia, pour défendre sa situation personnelle, avec les chefs de la Ligue et continua la guerre pendant quelque temps. Mais les villes se soumettaient l'une après l'autre, et toute résistance cessa quand on apprit la réconciliation de Henri IV avec le pape. Le 21 novembre 1593, le Parlement lui-même vérifia les lettres du roi portant nomination du duc de Guise comme gouverneur de Provence, et ce prince prit quelques jours plus tard, sans opposition, possession de son gouvernement. Marseille, cependant, ne se rendit que le 17 février 1596. La Provence jouit enfin, pendant le règne de Henri IV, du calme dont elle avait grand besoin, et les troubles de la minorité de Louis XIII l'épargnèrent. Mais sous le gouverneinent de Richelieu, les atteintes portées aux antiques libertés provençales et surtout la création de nouveaux offices causèrent, à Aix, l'insurrection des eascaveous (porteurs de clochettes, leur signe de ralliement) qui se répandit à Saint-Maximin, Brignoles, Grasse, etc., et que Condé vint réprimer (1630-1631). Plus graves et plus longs furent les troubles auxquels donna lieu, en 1647, l'établissement au parlement d'Aix d'un semestre. La Fronde provençale s'étendit à la fois à Aix et à Marseille, où sabreurs et canivets luttèrent pendant longtemps. Un moment le gouverneur, le comte d'Alès, se trouva prisonnier de l'insurrection; le duc de Mercoeur pacifia la province, et Louis XIV y fit, en 1660, un voyage triomphal, pendant lequel la ville de Marseille, encore une fois soulevée, vit ses vieilles libertés municipales à demi détruites. La peste de 1720, les invasions de 1708 et de 1746 éprouvèrent encore la Provence au XVIIIe s. C'est à partir de 1660 que ce pays fut définitivement soumis au régime de centralisation administrative qui, de plus en plus, s'acclimatait dans le royaume. Sans doute jusqu'à la fin même de l'Ancien régime, la Provence garda les apparences d'un pays libre et indépendant. Si la langue française y était devenue la langue officielle (depuis 1481, les délibérations des Etats, qui étaient d'abord rédigées en provençal, le furent aussi en français, puis cette dernière langue prévalut), le provençal était parlé par tout le monde, à la ville comme dans les villages, et c'était là la marque d'un particularisme persistant. Les Etats provinciaux ne se réunissaient plus depuis 1639; mais l'assemblée des communautés (composée des procureurs-nés et joints et des députés des 22 vigueries et de 15 grandes communautés) tenait leur place, et les agents de la province répartissaient les impôts et en réglaient l'emploi. C'est sous forme de don gratuit que la Provence contribuait aux charges ordinaires du royaume. Les communautés, en dépit des créations d'offices toujours rachetés, conservaient leurs magistrats élus; enfin le Parlement gardait encore, avec tout son prestige, une autorité incontestée. Mais à côté de ces pouvoirs d'origine ancienne et respectée, une autre administration fonctionnait, qui chaque jour devenait plus envahissante. Le gouverneur délégué du roi ou le lieutenant général avait pris la place des anciens comtes. Puis étaient venus les intendants, magistrature d'abord temporaire, puis à partir de 1660 fixe et permanente, qui peu à peu attira à elle toute la réalité du pouvoir, dirigeant les assemblées, surveillant les administrations municipales et les corps judiciaires, contrôlant les finances et même administrant directement les nouveaux impôts, capitation, vingtièmes, affaires extraordinaires, etc., au point de ne laisser à la province, pour les dépenses qui lui incombaient, que des ressources précaires et insuffisantes. Ainsi vécut la Provence jusqu'aux approches de 1789. Après l'échec de l'Assemblée des notables réunie à Versailles, les Etats de la province, « suspendus » depuis un siècle et demi, furent convoqués le 30 décembre 1787, puis tinrent une deuxième session en janvier 1789. L'opposition de la noblesse y fit échouer toutes les tentatives faites par le tiers pour obtenir des délibérations communes et l'établissement de l'égalité dans la répartition des charges provinciales : une dernière session tenue en avril ne produisit pas de meilleurs résultats. Déjà d'ailleurs la province était agitée par les élections aux Etats généraux, lesquelles furent, comme on sait, marquées en Provence par des troubles assez sérieux. La double élection de Mirabeau à Marseille et à Aix, par les électeurs du tiers, donna aux élections provençales une physionomie toute particulière. La Provence renonça à ses privilèges par l'organe de ses délégués, dans la fameuse séance du 4 août. Enfin le décret du 22 décembre 1789 mit fin à son existence administrative en la divisant en trois départements : les Bouches-du-Rhône, le Var et les Basses-Alpes (aujourd'hui Alpes-de-Haute-Provence), qui comprirent eux-mêmes vingt et un districts. Lors de la formation définitive du département du Vaucluse (1793), les districts d'Apt et d'Orange, d'abord rattachés aux Bouches-du-Rhône, furent compris dans ce département ; celui de Grasse (Var) a été rattaché aux Alpes-Maritimes en 1860. Louis XVIII avait reçu en naissant le titre de comte de Provence. (J. Marchand). |
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