Charpente

Les Romains furent très habiles dans l'art de la charpente; ils construisirent des amphithéâtres en bois pouvant contenir jusqu'à 40 et 50,000 spectateurs. Toutefois, leurs charpentes, comme celles des Grecs, étaient composées de longues et fortes pièces de bois, présentant peu d'assemblages, et ayant le double inconvénient de coûter fort cher et de trop charger les murs.

La pente très raide qu'on donna aux combles dans les constructions du Moyen âge permit d'employer des bois de plus faible équarrissage; d'ailleurs, on se servit surtout de bois de chêne ou de châtaignier, plus résistant que le sapin, le mélèze et le cèdre, employés par les Anciens. L'art de la charpenterie fut alors très perfectionné; car il eut rarement recours à la serrurerie pour relier les pièces de bois, et le fer ne suppléa pas, comme chez les Modernes, à l'insuffisance ou à la faiblesse des assemblages. La charpente de l'église Notre-Dame de Paris est d'une exécution parfaite : celle de la cathédrale de Chartres  était peut-être le chef-d'oeuvre du Moyen âge. 

On voit de nouveaux principes de charpente apparaître au XI^e siècle dans les dômes de l'église de Saint-Marc à Venise. 

Au XVI^e siècle, Philibert Delorrne présenta au roi de France Henri Il un système ingénieux qui réunit les avantages de la légèreté et de l'économie dans les bois : au lieu des fermes, des entraits et des poutres, qui exigent des bois de fort échantillon, très longs et très pesants, Delorme composa des courbes d'un diamètre considérable, avec des planches de bois longues de 1 mètre à 1,30 m, larges de 0,33 m environ, épaisses de 0,027 m, assemblées en coupe et en liaison suivant l'apure de la courbe, même surbaissée, et posées de champ. Il choisit du bois de sapin pour cette construction, qu'il rendit fort légère sans en altérer la solidité. 

Legrand et Molinos appliquèrent, en 1785, ce système à la Halle au blé de Paris, dont la coupole avait 39 mètres de diamètre; ce beau travail fut détruit par un incendie, en 1802, et remplacé par une coupole métallique. (E. L.).