| Naples, appelée chez les anciens Parthenope, puis Neapolis, en italien Napoli, est une grande ville de l'Italie méridionale, ancienne capitale du royaume des Deux-Siciles, sur le golfe de Naples, à 200 kilomètres au sud-Est de Rome; 975000 habitants. La ville est bâtie en amphithéâtre dans une situation délicieuse, ayant au Nord le mont Pausilippe, au Sud-Est le Vésuve, à l'Ouest les collines de Capoue, de Caserte et d'Aversa, et la mer à ses pieds. Elle était autrefois défendue au Nord-Ouest par le château Saint-Elme qui domine la ville, au Sud-Ouest par le château de l'Oeuf et le Château-Neuf, bâti en 1283 par Charles d'Anjou, et qui a pour entrée un bel arc de triomphe d'Alphonse Ier d'Aragon. Places petites en général, sauf celle du Palais-Royal; rues étroites, obscures et montueuses (hormis la belle rue de Tolède, dans la partie basse); beau quai de la Chiaja; magnifique promenade de la Villa réale; vaste palais royal, palais Capo di Monte, de Chiatamone du prince de Salerne, des princes étrangers, palais archiépiscopal; superbe théâtre Saint-Charles. Belle cathédrale gothique, dédiée à Saint Janvier dont elle possède le corps; église de Santa Restituta, contiguë à la cathédrale, bâtie sur les ruines d'un temple de Neptune, et contenant la chapelle du Trésor, peinte par le Dominiquin, et où l'on conserve dans deux fiole un supposé sang attribué à Saint Janvier, qui, dit-on, se liquéfie le jour de la fête du saint; églises de Sainte-Claire, de Jésus-Nouveau, de Saint-François de Paule, de Saint-Dominique, de Saint-Philippe-Néri, etc.; riches couvents de Sainte-Claire, de Sainte-Marie des Carmes, de la Trinité, de Saint-Dominique le Grand, du Mont-Olivet, ancien couvent des Chartreux de Saint-Martin, etc. Dans le Nord de la ville sont de vastes catacombes. Université, fondée en 1224 par l'empereur Frédéric II; grandes bibliothèques (Borbonica, Brancacciana, de l'Université, du couvent de Saint-Jérome); musée où se trouvent entre autres objets ceux qu'ont fournis les fouilles d'Herculanum, de Pompéï et de Stabies); etc. Industrie active. Lieu de naissance de Stace, Velleius Paterculus, Sannazar, Marin, Bernin, Salvator Rosa, Pergolèse, Vico,Filangieri, Gravina, Ruffoo, etc. Environs très agréables. -- Naples et sa baie vus depuis les pentes du Vésuve. Photo : © Thierry Labat, 2009. Parthénope était une colonie de la Cumes de Campanie, qui elle-même était une colonie de la Cumes d'Eolie; elle tire son nom, disait-on, de la sirène Parthénope, qui, ne pouvant séduire Ulysse, se précipita de désespoir dans la mer voisine. Elle reçut le nom de Palépolis ( = vieille ville) lorsque de nouveaux colons eurent bâti tout auprès une deuxième ville, qui, par opposition, fut appelée Neapolis ( = ville nouvelle). Les deux villes, étant contiguës, finirent par n'en faire qu'une seule. Rome s'empara de Naples dès l'an 327 av. J.-C.; néanmoins cette ville resta complètement une cité grecque. C'était le séjour favori des riches Romains, qui pour la plupart y avaient des maisons de plaisance; elle remplaça Capoue comme capitale de la Campanie. Conquise par les Ostrogoths, elle fut reprise en 536 par Bélisaire, qui la pilla; Totila la reprit en 541; mais l'expulsion des Ostrogoths (544) la rendit à l'empire grec qui parvint à la conserver, même lorsque les Lombards eurent soumis l'Italie; elle forma alors, avec les villes grecques environnantes, le Duché de Naples, qui confinait au duché de Rome au Nord-Ouest, au duché de Calabre à l'Est, et au Sud-Est. - Peu à peu Naples devint une république presque souveraine; elle resta dans cet état du IXe au XIIe s., sous des ducs héréditaires. En 1139, elle se soumit au Normand Roger II, déjà maître de tout ce qu'on nomma depuis royaume des Deux-Siciles : Roger en fit sa capitale. Après la mort de Frédéric Il (1250), elle ne voulut pas reconnaître pour maître Mainfroi, fils naturel de l'empereur Conrad IV, et se déclara pour le pape Innocent IV : Conrad et Mainfroi la forcèrent à se rendre et rasèrent ses murs. Le roi de Hongrie, Louis le Grand, l'emporta d'assaut en 1347 et en expulsa la reine Jeanne Ire; mais Jeanne y rentra dès 1348. Louis I d'Anjou prit Naples en 1383, René d'Anjou en 1438, Alphonse I (V d'Aragon) en 1442. Charles VIII de France conquit en 1495 et Naples et tout le royaume, mais il les perdit la même année. Les troupes de Louis XII y rentrèrent en 1501, après le traité de Grenade; mais Ferdinand le Catholique en resta bientôt maître (1503). Pendant la 2e guerre entre François I et Charles-Quint, Lautrec aidé de Doria fit le siège de Naples (1528), mais la défection de Doria l'empêcha de la prendre. En 1647 eut lieu à Naples la célèbre insurrection de Masaniello; puis cette ville s'érigea en république sous le duc de Guise; mais, dès le mois d'avril 1648, le comte d'Ognate l'avait reprise. - Naples et sa baie; au fond le Vésuve. Tableau de Carl Goetloff, XIXe siècle. Ci-dessous, cliché de Brogi, début du XXe siècle). En 1707, pendant la guerre de la succession d'Espagne. Naples fut prise d'assaut et saccagée par le général autrichien Daun pour Charles III, compétiteur de Philippe V; en 1734, elle se soumit sans résistance au fils de Philippe V, don Carlos, duc de Parme, et plus tard roi d'Espagne et des Deux-Siciles. Les Francais sous Championnet prirent Naples le 23 janvier 1799, et y établirent la République parthénopéenne; mais le cardinal Ruffo y rentra dès le 13 juin de la même année. En 1806, elle reçut comme roi Joseph Bonaparte. En 1820 éclata à Naples une révolution qui pour un instant lui donna une constitution, mais qui fut comprimée dès 1821 par l'Autriche. En 1860, la seule présence du général Garibaldi, entré sans armes dans la ville, fit écrouler le trône du roi Ferdinand VI. - La Camorra La Camorra est une organisation criminelle qui, depuis le XIXe siècle exploite la ville de Naples et les provinces continentales, depuis le bas peuple jusqu'aux rangs les plus élevés, intervenant dans les affaires privées comme dans les affaires publiques pour prélever régulièrement son tribut ou imposer ses choix, et réprimant par des exécutions en quelque sorte juridiques, bien que mystérieuses, toute tentative de résistance. La Camorra s'était tellement enracinée dans le pays, sous le despotisme, qu'elle entrava le fonctionnement d'une administration régulière pendant les premiers temps de l'annexion de l'Etat napolitain au royaume de Victor-Emmanuel : c'est à grand-peine que le gouvernement italien crut être venu à bout de sa puissante organisation. Bien que quelque temps en sommeil, elle n'a jamais cessé d'exister et a repris de la vigueur tout au long du XXe siècle. Quelques auteurs, s'appuyant sur la signification du mot espagnol camorra (= querelle), en font remonter l'origine au temps de la domination espagnole, soit qu'elle fût une importation du brigandage étranger, soit qu'elle eût été d'abord l'instrument d'une sorte de lutte patriotique. Ce qui paraît certain, c'est que, sous sa dernière forme, elle était la continuation du groupe d'extrême-droite des Calderari. (F. H.). | | |