| Maximien (ou Maximien Hercule), empereur romain (250-310). Lorsque Dioclétien voulut établir le système de la dyarchie, diviser le pouvoir impérial pour le rendre plus fort et plus actif, il s'adjoignit Maximien. Fils d'un colon pannonien de Sirmium, Maximien était un soldat, de moeurs grossières, d'esprit inculte. Nommé d'abord césar et revêtu de la puissance tribunitienne (17 septembre 285), il fut plus tard reconnu comme frère de l'empereur, porta les noms de M. Aurelius Valerius Maximianus, puis fut nommé auguste à Nicomédie (1er avril 286). Il allait être toute sa vie un instrument docile et excellent aux mains de Dioclétien. Chargé d'abord de pacifier la Gaule, il réprima l'insurrection des Bagaudes qui venaient de se nommer deux empereurs, Amandus et Aelianus, et les écrasa dans leur camp de refuge situé au confluent de la Seine et de la Marne. C'est ce succès qui lui valut le titre d'auguste, qu'il ne reçut cependant qu'en s'engageant par serment à déposer la pourpre en même temps que Dioclétien. Maximien avait son préfet au prétoire, son armée, signait les rescrits comme Dioclétien, mais celui-ci conservait toujours une sorte de prééminence et son nom venait le premier. Après la répression des Bagaudes, Maximien fut chargé de garder le passage du Rhin contre l'invasion des Hérules et des Chavions au Nord, des Burgondes et des Alamans au Sud; il écrasa les Hérules; la peste et la famine eurent raison des Alamans et des Burgondes, mais la rive droite du Rhin n'en fut pas moins définitivement abandonnée, et encore en janvier 288 Maximien faillit être surpris dans Trèves par une bande de cavaliers germains. Après de nombreux préparatifs et la formation d'une flotte dans les ports gaulois, il dut reconnaître en 290 l'usurpateur Carausius comme auguste et lui laisser momentanément la Bretagne. L'histoire de Maximien en 289 et 290 est presque inconnue; en 291, il établit comme colons chez les Nerviens des prisonniers francs; devant les nouveaux dangers qui menaçaient l'Empire invasion des Perses, établissement des Chamaves et des Frisons dans la Batavie, Maximien eut à Milan avec Dioclétien une nouvelle conférence qui amena la création de deux césars, Constance Chlore et Galère; Constance dut renvoyer sa femme pour épouser la belle-fille de Maximien, Théodora, et devint son fils adoptif; Maximien avait l'Italie, l'Espagne et l'Afrique, Constance la Gaule et la Bretagne; dès lors, si les Barbares ne reculèrent pas, ils cessèrent au moins d'avancer. Pendant la guerre de Constance contre Carausius, Maximien garda la frontière du Rhin et travailla sans doute aux nouvelles fortifications qui couvrirent le Rhin supérieur, du lac de Constance au Jura; au retour de Constance, il alla arrêter en Afrique les invasions des Maures, Bavari, Quinquegentani, ces éternels et insaisissables ennemis de la domination romaine (293); il les poursuivit jusque dans le désert, et en établit un grand nombre comme colons dans d'autres provinces; il avait eu aussi à combattre un usurpateur, Julianus, qui dut se tuer. Il resta en Afrique jusqu'en mars 298. La pacification fut alors générale; le monde romain jouit pendant quelques années d'une tranquillité qu'il n'avait pas connue depuis longtemps; les deux augustes purent célébrer un grand triomphe à Rome en 303. Lorsque Dioclétien abdiqua (1er mai 305), laissant à sa place Galère comme auguste et Maximin Daia comme césar, Maximien en fit autant à Milan et fut remplacé comme auguste par Constance Chlore, qui eut, comme césar, Sévère. La première période de la vie de Maximien est finie; la seconde période ne va plus être qu'une série d'aventures misérables. Il se peut qu'il n'ait jamais cessé absolument de se considérer comme empereur; les textes et les médailles paraissent le prouver. Il avait un fils, Maxence, gendre de Galère, qui, après l'élévation de Constantin au rang d'auguste et la révolte de Rome contre Galère, fut proclamé empereur en Italie (28 octobre 306). C'était surtout l'oeuvre du Sénat et des prétoriens qui, trouvant leur nouvel empereur trop insignifiant et trop peu énergique, appelèrent pour le seconder son père Maximien. C'est Maximien qui arrêta l'invasion de Sévère en Italie, débaucha son armée et l'obligea lui-même à capituler dans Ravenne; puis contre Galère, il s'assura l'appui de Constantin en le reconnaissant comme auguste et en lui donnant en mariage sa fille Fausta; après l'invasion inutile de Galère en Italie, Maximien, chassé de Rome par les prétoriens à cause de ses intrigues contre son fils, se rendit à l'entrevue de Carnuntum avec Dioclétien et Galère, abdiqua une seconde fois et fut remplacé par Licinius (307). On le vit alors promener çà et là son ambition inquiète, allant d'abord auprès de Constantin, revenant auprès de Maxence, puis s'établissant de nouveau auprès de Constantin. Il profita d'une absence de son gendre pour reprendre la pourpre, mettre la main sur le trésor; il s'établit à Arles, puis à Marseille où il fut livré à Constantin qui l'épargna une première fois; mais de nouvelles intrigues obligèrent Constantin à se débarrasser de lui; quelques auteurs, Eusèbe, Lactance, Eumène, parlent d'un suicide; en tout cas Constantin fit abattre ses statues et des monuments élevés en son honneur (310). Maximien, païen très pieux et très zélé (La religion romaine), qui avait établi ou rétabli beaucoup de temples, d'autels, élevé à Rome un temple de Sérapis, joua un rôle important dans les persécutions contre les chrétiens; au début de son règne, il laissa appliquer les anciens édits de persécution et il y eut de nombreux martyrs en Gaule et en Afrique; en 303 et 304, il appliqua à ses provinces les édits de Dioclétien qui ne portaient pas encore la peine de mort contre les chrétiens comme tels; en 304, il profita, d'accord avec Galère, de la maladie de Dioclétien pour faire remettre en vigueur le dernier édit de Valérien qui frappait de mort le crime de christianisme; ce fut le signal de la grande persécution de huit ans qui fit peu de victimes en Europe, beaucoup plus en Afrique. (Ch. Lécrivain). | |