| L'Albret (Leporetum, Labrit, Lebret) est un ancien duché de la France, dont les membres et dépendances étaient distribués dans les sénéchaussées d'Agenais, de Condomois et Gascogne, de Bazadais, de Guyenne et des Landes ou Lannes, aujourd'hui départements de Lot-et-Garonne, de la Gironde; des Landes, du Gers. Au commencement du XVIIIe siècle, ce duché passait pour une des terres les plus étendues du royaume. Il avait 48 lieues de longueur, 36 de largeur, de la Dordogne à l'Adour et de la Bayse à la mer. Il comprenait 46 juridictions, 222 paroisses et 4 sièges : Nérac, Casteljaloux, Tartas et Castelmoron. Nérac en était la capitale. Histoire. Le berceau de la maison d'Albret fut le château de ce nom, commune de Labrit, arrondissement de Mont-de-Marsan, département des Landes. Un pareil établissement, au centre d'un pays de bois, de bruyères et de marécages, dont l'accès était des plus difficiles, assurait leur sécurité. La bravoure, l'intrigue, l'âpreté au gain, une politique sans scrupules firent leur fortune, aussi bien que le régime maintenu dans leur famille : il était admis que l'héritage des d'Albret ne tomberait pas en quenouille, qu'il ne pourrait être ni démembré ni aliéné, mais qu'il devait être transmis tout entier de mâle en mâle par ordre de primogéniture. Successivement vassaux des ducs de Gascogne et des ducs d'Aquitaine, les seigneurs d'Albret jouèrent un rôle dans tous les événements qui agitèrent le Sud-Ouest, depuis le XIe siècle. Ils fournirent des chefs à la première croisade et soutinrent la cause catholique dans la guerre contre les Albigeois. Avant le milieu du XIIIe siècle, la famille d'Albret avait des possessions dans le Bazadais et accroissait ses domaines dans l'Agenais au moyen de ses alliances, des concessions royales, des usurpations sur le clergé. Son élévation fut si rapide à l'occasion de la campagne de Castille, entreprise en 1367, Amanieu d'Albret put offrir au Prince Noir un corps de mille lances. Après avoir soutenu quelque temps encore la cause anglaise, les seigneurs d'Albret se rallièrent au parti français et lui rendirent les plus grands services pour la conquête définitive de la Guienne (Guyenne). Ils en furent largement récompensés; une alliance entre Arnaud-Amanieu d'Albret et Marguerite de Bourbon; la cession du comté de Dreux par Charles VI, du comté de Gaure et de la seigneurie de Lesparre par Charles VII, de terres et seigneuries de la maison d'Armagnac par Louis XI, élevèrent graduellement la maison d'Albret, qui comptait, dès le XVe siècle, parmi les plus riches du royaume. Sous Allain le Grand (1440 - 1522), la souveraineté du Béarn et de la Navarre marque le dernier terme de la prospérité de cette grande maison féodale que la politique des rois de France tendait malgré tout à réduire. De grands événements, un siècle plus tard, ont amené, ces résultats dont on a pu dire que la France était réunie à la Navarre - Le petit-fils d'Alain la Grand, Henri II, roi de Navarre, avait épousé, en 1527, Marguerite, soeur de François Ier. De ce mariage, naquit Jeanne d'Albret (7 janvier 1528), qui épousa Antoine de Bourbon le 20 octobre 1548. Le 14 décembre 1553 naissait d'eux le futur Henri IV. On sait toute la part que prit la maison d'Albret dans le développement de la Réforme en France. En 1556, Henri Il, roi de France, érigea l'Albret en duché. Par lettres du 13 avril 1590, Henri IV tenta de maintenir la séparation de son domaine personnel, entre autres l'Albret, ce qui entraîna une vive opposition du parlement. La réunion de ce duché à la couronne eut lieu en 1607. II fut séparé et adjugé en 1641 au prince de Condé. A la mort de ce dernier (1651); Louis XIV le céda (1651) au duc de Bouillon en échange des principautés de Sedan et de Raucourt. Cet acte ne fut révoqué que le 18 floréal an II. La réunion de l'Albret au domaine national ainsi prononcée par la Convention et successivement par le Directoire (9 fructidor an VI), par l'Empire (3 janvier 1807) ne fut même pas définitive. Sous la Restauration (26 juin 1816) le domaine particulier de l'Albret fut restitué aux héritiers du dernier duc de Bouillon. Ceci donna lieu à de longs procès ;il fallut déduire de ces biens les propriétés vendues à la suite de confiscations partielles. Toutefois, la restitution effectuée ne comprit pas moins de 9820 hectares dans le seul département du Lot-et-Garonne. (G. Tholin). | |