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Alphonse XII, d'Espagne

Alphonse XII (D. François d'Assise, Pie, Jean, Marie de la Conception, Grégoire de Bourbon), roi d'Espagne, né le 28 novembre 1857, mort le 25 novembre 1885, était fils de D. François d'Assise et de la reine Isabelle II. Après la chute d'Isabelle (29 septembre 1868) D. Alphonse suivit sa mère à Paris. En janvier 1870 il entra comme élève au Theresianum, ou Collège des nobles de Vienne; mais le 26 juin, sa mère abdiqua en sa faveur et il revint à Paris. Il acheva son éducation en France et en Angleterre. Pendant ce temps, l'Espagne essayait de tous les régimes. Le 25 novembre 1874, à. Alphonse, alors élève de l'école militaire de Sandhurst, adressait aux Espagnols ses premier manifeste politique; le 29 décembre, le général Martinez Campos se prononçait en sa faveur à Murviédro (Sagonte); le 31 décembres Canovas del Castillo, chef du parti conservateur, formait à Madrid le premier ministère de la Restauration, et dans les premiers jours de janvier le roi rentrait en Espagne. D. Alphonse consacra d'abord toutes les forces de la monarchie à la répression de l'insurrection carliste. Battu à Lucar et à Lorca (février), il signa au mois de mars 1875 la convention de Londres avec le carliste Cabrera: les provinces basques gardaient leur fueros, les fonctionnaires étaient maintenus dans leurs emplois, une amnistie générale devait suivre la fin de la guerre. Dès lors le parti carliste se désorganisa rapidement; une heureuse campagne du général Jovellar rouvrit à D. Alphonse la route de Navarre; le 19 février 1876 il s'empara d'Estella, le 20 février il était à Tolosa, le 28 mars, il rentrait en triomphe à Madrid. En février 1878 le maréchal Martinez Campos signait avec les rebelles de Cuba la convention de Sanjon et la paix se trouvait rétablie dans toute l'étendue du territoire espagnol. 
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Alphonse XII (Alfonso XII).
Alphonse XII.

Une fois le carlisme vaincu, Alphonse XII s'appliqua avec une grande activité à réparer les pertes éprouvées par la nation pendant tant d'années de luttes intestines. La loi du 26 juillet 1876 fit faire un grand pas à l'unification de l'Espagne en soumettant les provinces basques à l'impôt territorial et industriel, à l'impôt sur les mines et sur le sel, à l'impôt sur le papier timbré. Mais le roi ne sut pas tenir compte des aspirations libérales du pays, et se défia toujours des chefs des partis progressistes, même lorsqu'ils se ralliaient loyalement à lui comme Sagasta. Un instant son mariage avec doña Maria de las Mercédès, troisième fille du duc de Montpensier (23 janvier 1878), fit espérer que les idées libérales allaient trouver un appui auprès de lui. La mort de la jeune reine (25 juin 1878) suivie du second mariage du roi avec la princesse Christine d'Autriche (28 novembre 1879), la rejeta dans la politique de réaction, si funeste aux Bourbons. Le mariage autrichien fut présenté par Canovas del Castillo comme un nouveau Pacte de famille. La dynastie, appuyée par l'Autriche et par l'Allemagne, pouvait désormais compter sur ces puissances pour rétablir l'ordre à tout prix. L'Espagne surveillerait la France derrière les Pyrénées, et obtiendrait en récompense de sa docilité son admission au rang de grande puissance européenne.

Les ministères libéraux présidés par Sagasta, le maréchaI Martinez Campos et le général Lopez Dominguez ont été impuissants entre les partis. On comptait en Espagne 11 partis subdivisés en 26 fractions. Toute l'habileté de Sagasta échoua devant l'entêtement du parti clérical et devant l'impatience du parti libéral dirigé par le maréchal Serrano. La conspiration républicaine de Badajoz au mois d'août 1883 rendit à Canovas del Castillo toute son influence auprès de D. Alphonse. Canovas del Castillo a été le tuteur autant que le ministre du jeune roi; il a cherché à grouper autour de lui tous les éléments conservateurs pour résister aux républicains; il a voulu gagner le clergé par l'abolition du mariage civil, il a négocié à Rome un nouveau concordat, il a laissé le parti carliste se réorganiser presque ostensiblement, et ne s'est montré intraitable que pour les républicains compromis dans l'affaire de Badajoz. L'influence de Canovas del Castillo a ruiné la popularité d'Alphonse XII. Sentant lui-même combien la situation était grave, il voulut donner au jeune roi un puissant appui à l'extérieur, et l'engagea à s'allier étroitement avec l'Allemagne. Mais, dans ce contrat léonin, Bismarck s'est réservé tous les avantages, et l'alliance allemande n'a été pour D. Alphonse qu'une source d'embarras et de dangers. L'empereur d'Allemagne l'avait brouillé avec les Français en le faisant colonel honoraire d'un régiment de uhlans (septembre 1883). La visite du prince impérial d'Allemagne à Barcelone et à Madrid n'avait pu gagner les Espagnols à la politique germanique. L'occupation des îles Carolines par l'Allemagne (juillet 1885) faillit amener en Espagne une révolution. Plus favorable que ses sujets aux projets de Bismarck, D. Alphonse se plaça avec une réelle habileté entre son peuple révolté, et l'Empire menaçant. Encouragé par la bienveillance de l'empereur Guillaume, il réussit à éviter à son pays une guerre qu'il lui eût été malaisé de soutenir; l'arbitrage pontifical a provisoirement aplani les dernières difficultés venant de ce côté, mais l'alliance allemande est devenue impassible. 

D. Alphonse a eu de son second mariage deux filles : doña Maria de las Mercédès, née le 16 septembre 1880, et doña Maria Theresa, née le 12 novembre 1882, et un fils posthume, Alphonse XIII. (Desdevises du Dézert).

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Dictionnaire biographique
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