 |
Pedro
Alvares Cabral, conduisant aux Indes, après la découverte
de Vasco da Gama, une escadre de treize navires
et faisant route d'après les instructions de Vasco da Gama, dans
l'Ouest, très loin de la côte d'Afrique ,
afin d'éviter les calmes, aperçut (22 avril 1500) la terre
et aborda à l'entrée d'un port sûr (Porto Seguro, devenu
aujourd'hui Santa Cruz; la ville actuelle de Porto Seguro est plus au Sud);
il prit possession du pays au nom du Portugal
en le désignant par le nom d'île de la Vraie Croix, ainsi
qu'il est rapporté dans la lettre de Caminha, du 1er
mai 1500, adressée au roi Dom Emmanuel.
Ce nom fut changé contre celui de Santa Cruz dans la notification
du 29 juillet 1501, adressée par ce roi aux souverains catholiques.
La contrée ne tarda pas à être nommée Brazil
(Brésil) à cause des bois de teinture désignés
sous le nom de brazil, qu'on y trouvait.
Avant la découverte,
une bulle d'Alexandre VI avait fixé
la limite des possessions de l'Espagne
et du Portugal
à 100 lieues à l'Ouest du cap Vert en attribuant aux Espagnols
tous les pays à découvrir et à convertir à
l'Ouest de ce méridien, et au Portugal tous les pays à l'Est
(1493); l'année suivante, le traité de Tordesillas avait
porté à 370 lieues à l'Ouest des îles du cap
Vert la limite des droits des deux Etats. Après la découverte,
une bulle du pape Jules II confirma ce traité (1506). Le nom Brésil
est déjà employé en 1503 dans la relation d'Empoli,
qui accompagna Albuquerque et Pacheco aux
Indes, ainsi que dans une plaquette de 1506 de la bibliothèque de
Dresde
(Presillig Landt), et dans le
routier
du navire portugais le Bretoa allant au cap Frio (1511).
Le nom du Brésil
provient de celui du bois de teinture appelé ainsi au Moyen âge
(notamment en français), et dont l'abondance frappa les premiers
navigateurs espagnols, portugais et français, qui abordèrent
dans cette région. La possession en fut disputée entre les
souverains d'Espagne
et de Portugal
jusqu'en l'année 1526, date où la conférence de Badajoz
laissa le Brésil au Portugal; mais la question ne fut définitivement
tranchée qu'en 1750.
L'époque
coloniale.
La conférence
de Badajoz
avait réglé le litige au détriment des droits de la
France .
En effet, dès 1504, un marin français, Paulmier
de Gonneville, avait pris possession au nom du roi Louis
XII, de la « terre des Perrocets » qui paraît
correspondre au Rio-Grande-do-Sul et au São-Paulo. De nombreux navires
français visitèrent le Brésil durant tout le XVIe
siècle, en guerre constante avec les Portugais.
Les premiers établissements portugais furent installés à
partir de 1524, et surtout de 1531. Bahia
fut fondée en 1549. La canne à sucre fut introduite en 1531.
Des esclaves noirs furent amenés en grand nombre, surtout à
partir de la fin du XVIe siècle.
Sous l'inspiration de l'amiral Coligny, le commandeur de Villegaignon fonda
en 1555 une colonie française dans une île de la baie de Rio
de Janeiro qui a conservé son nom; divisée par des querelles
religieuses, la colonie fut détruite par les Portugais (1560). Les
Français
furent expulsés en 1567 de cette région où ils avaient
créé d'autres établissements; mais ils se maintinrent
jusqu'en 1615 dans les territoires voisins des embouchures de l'Amazone.
Rio de Janeiro fut
fondée en 1567. En 1580, le Brésil tomba sous la domination
des Espagnols. Ceux-ci soutinrent de longues
années de guerre contre les Hollandais
(1624-1658) qui, à un moment, étaient maîtres d'une
grande partie du pays.
En 1641, le Portugal ,
ayant secoué le joug de l'Espagne ,
lui reprit le Brésil. Ces deux Etats continuèrent de se disputer
à main armée les territoires du Sud-Ouest; la question de
frontières n'a été tranchée qu'en 1893. La
fondation de l'établissement de Sacramento en 1680, sur la rive
gauche de la Plata, donna lieu aussi à des difficultés qui
se terminèrent par l'abandon de ce territoire à l'Espagne
(1777).
La colonisation se
développa au Brésil dans la seconde moitié du XVIIe
siècle; Goyaz et Matto-Grosso furent sérieusement occupés
au XVIIIe siècle. D'abord divisée
en deux Etats : Maranhão et Brésil, la colonie fut, en 1754,
réunie en une seule vice-royauté, subdivisée en capitaineries
de plus en plus nombreuses : à celles de Parà, Maranhão,
Pernambouc, Bahia, Rio de Janeiro, s'ajoutèrent celles de Parahyba
(1684), Rio-Grande-do-Norte (1701), Minas (1709), São-Paulo (1710),
Piauhy (1718), Santa Catharina (1738), Goyaz (1744), Matto-Grosso (1748),
Rio-Negro (1755) [devenu Amazonas en 1850], Rio-Grande-do-Sul (1760), Ceará
(1799), Espirito-Santo (1801), Alagoas (1617), Sergipe (1821).
La découverte
des mines détourna vers le sud le courant d'émigration au
cours du XVIIIe siècle, et Rio de
Janeiro devint la capitale du Brésil en 1763. Peu après,
la culture du café fut introduite dans la colonie.
L'Empire du Brésil.
Quand les Français
envahirent le Portugal ,
la famille royale se réfugia au Brésil (1808). Le prince-régent,
plus tard Jean VI, ouvrit le pays au commerce étranger et fit d'utiles
réformes. Quand il rentra à Lisbonne
(1816), les Cortès portugaises s'efforcèrent de réduire
de plus eu plus l'autonomie brésilienne. Sous la pression de l'opinion,
le nouveau régent, dom Pedro, proclama l'indépendance (7
septembre1822), et prit le titre d' "empereur" (12 octobre). Il fut reconnu
par le Portugal le 29 août 1825. Il avait, en 1871, uni au Brésil
la Bande orientale, qui se révolta en 1825, et dont l'indépendance
fut reconnue en 1828.
La Constitution brésilienne
fut proclamée en 1824. Dom Pedro, ayant hérité en
1826 de la couronne de Portugal ,
la céda à sa fille dona Maria. Il abdiqua la couronne du
Brésil, le 7 avril 1831, en faveur de son fils dom Pedro II, alors
âgé de cinq ans et sous le nom duquel une régence gouverna
jusqu'au 23 juillet 1840. Ce fut une époque troublée, non
seulement par des luttes parlementaires, mais par des mouvements séparatistes
qui ne s'apaisèrent qu'en 1849.
La rivalité
politique entre conservateurs et libéraux fut parfois très
vive, sous le règne de dom Pedro; elle a donné lieu à
des crises ministérielles fréquentes. L'empereur exerça
toujours son influence dans le sens du développement de l'instruction
publique et du progrès économique. A partir de 1866, des
mesures d'émancipation progressive furent prises en faveur des esclaves
(lois du 26 septembre 1871 et du 25 septembre 1885) et complétées
par l'abolition complète (loi du 13 mai 1888); c'est la comtesse
d'Eu, fille de l'empereur et régente à cette époque,
qui sanctionna cette loi.
La République.
Au point de vue extérieur, le gouvernement
de dom Pedro Il a eu à diriger une guerre longue et difficile contre
le Paraguay ;
il s'était allié à la république Argentine
et à l'Uruguay ,
mais la principale part lui en revient (1865-1870). Les idées républicaines
firent au Brésil, à partir de 1887 surtout, de rapides progrès.
L'empereur n'avait pas de fils; sa fille aînée, la princesse
Isabelle, et son gendre, le comte d'Eu, étaient très mal
vus des libéraux. Dans l'armée et dans la marine, il y avait
beaucoup de républicains. Le 15 novembre 1889, le maréchal
Deadoro da Fonseca proclamait la république, qui fut reconnue sans
difficulté. Le maréchal constitua un gouvernement provisoire,
qui établit le mariage civil, la liberté de la presse, la
séparation de l'Eglise et de l'Etat. Elue le 15 septembre 1890,
l'Assemblée constituante vota la constitution le 22 février
1891, et élut le maréchal président de la république
des États-Unis du Brésil. Le conflit éclata entre
lui et le congrès; le 4 novembre, il prononça la dissolution
du congrès, mais, le 23 novembre, la flotte, commandée par
l'amiral Custodio de Mello, le força à abdiquer. Le vice-président,
le maréchal Floriano-Peixoto, devint président (25 novembre).
En septembre 1893, l'amiral Custodio de Mello se révolta contre
le président, qu'il accusait d'exercer la dictature avec l'appui
de l'armée. La flotte révoltée, et qui passa au mois
de novembre sous le commandement de l'amiral Saldanha de Gama, bloqua Rio;
mais elle dut se soumettre en avril 1894. Dans le Rio Grande do Sul, la
guerre civile dura jusqu'en 1895.
Elu président
le 1er mars 1894, le Dr Prudente de Moraes
prit possession du pouvoir, le 15 novembre. Son gouvernement a fait reconnaître
par l'Angleterre
les droits du Brésil sur l'île de Trinidad (1895-1896), et
a conclu avec la France
un traité soumettant à l'arbitrage la question du contesté
guyanais
(15 avril 1897). Il a réprimé une révolte dirigée
par un soi-disant prophète dans la province de Bahia
(1897). Peu après, il était menacé par une conspiration
qui n'a fait d'autre victime que le ministre de la guerre, le maréchal
Bettencourt. Le 1er mars 1898, Campos Salles
fut élu président pour prendre ses fonctions le 15 novembre
Rosa e Silva fut élu vice-président.
Le XXesiècle
et le début du XXIe.
Grâce à son entente avec
ses voisins, ou à des sentences arbitrales qui lui ont été
favorables, le Brésil a singulièrement
augmenté son territoire, dont la superficie a été
portée à 8 361 350 kilomètres carrés, soit
à quinze ou seize fois la France ;
mais la population est, au début du XXe
siècle, de 20 millions tout au plus, ou 5,4 seulement au kilomètre
carré. Si, au Nord-Est, sa frontière s'étend depuis
la fin de l'année 1900 jusqu'au fleuve Oyapock et aux Tumuc-Humac,
vagues collines qui le séparent de la Guyane française ,
si, du côté de la Guyane hollandaise
et de la Guyane anglaise orientale ,
ses limites peuvent être également considérées
comme définitives dès cette époque, par contre il
n'en est pas de même dans la partie la plus septentrionale de la
frontière.
Du côté
du Venezuela ,
la commission brésilienne qui fonctionnade 1879 à 1881 a
entièrement tracé la ligne frontière depuis le mont
Roraima jusqu'à la Piedra del Cocuy, où continent le Venezuela,
la Colombie
et le Brésil. A l'Ouest, sur toute l'étendue de leur territoire
limitrophe, la Colombie et le Pérou
se trouvent en conflit avec leur puissant voisin, qui l'était également
avec la Bolivie
au sujet du territoire de l'Acre; un compromis a tranché cette question
en 1903 et assigné connue frontière aux deux Etats le cours
supérieur du rio Aquiry. Par là, et, par d'autres conventions
antérieures, le Brésil est arrivé à posséder
du côté de la Bolivie, du Paraguay ,
de la république Argentine
et de l'Uruguay ,
une frontière nettement tracée.
Une convention signée
au mois de mai 1906 entre la république du Brésil et le royaume
des Pays-Bas
a déterminé la frontière de la Guyane hollandaise
du côté du Brésil; elle sera formée désormais
par la ligne de partage des eaux sur la chaîne des Tumuc-Humac, depuis
la frontière de la Guyane française
jusqu'à celle de la Guyane anglaise .
A partir de l'année
1900 le Brésil n'a cessé de développer ses institutions
libérales et sa prospérité sous le gouvernement du
president Rodriguès Alvés, auquel a succédé
le 15 novembre 1906, Alfonso Penna. A l'intérieur il faut mentionner
la revision du système électoral, qui a été
décidée en 1905, et qui a présidé au renouvellement
triennal, en janvier 1906, de la Chambre des députés et d'un
tiers du Sénat. Aux termes de la législation nouvelle, qui
applique le scrutin de liste cumulatif, le pays est partagé en grandes
circonscriptions de cinq députés, assurant la représentation
d'un cinquième aux minorités. Cette concession a ramené
l'ordre dans le pays, troublé par une tentative de pronunciamiento
au mois de novembre 1904, et qui avait dû pendant quelques mois être
maintenu sous le régime de l'état de siège. Elle a
permis l'entrée à la Chambre d'éléments nouveaux,
non inféodés aux oligarchies des Etats; et le nouveau président,
Affonso Penna, a été désigné à la suite
d'une entente dirigée contre le São-Paulo, qui avait jusque-là
fourni à la république tous ses présidents, y compris
Rodriguès Alvès. L'ancien président, en septembre
1905, avait d'ailleurs fait promulguer une amnistie en faveur du sénateur
colonel Lauro Sodré et des coauteurs de la sédition de novembre
1904, et élargi tous les prisonniers politiques. Un nouveau mouvement
insurrectionnel, qui avait éclaté en 1906 dans l'Etat de
Matto Grosso, sous la direction de l'ancien président de l'Etat,
le colonel Generoso Ponce, a été assez rapidement réprimé.
Au point de vue extérieur,
il faut rappeler l'effort fait en juin 1905 par le gouvernement brésilien
pour occuper effectivement le bassin de l'Oyapok et la région de
Counani, que la sentence arbitrale de la Suisse
avait attribué an Brésil. En 1906, une violation de territoire
par les marins d'une canonnière allemande, la Panther, à
Itajaby, a provoqué les réclamations les plus vives de la
part du gouvernement de Rodriguès Alvès, et l'Allemagne
a dû accorder complète satisfaction.
Pendant ces années,
au point de vue économique, le Brésil a subi une crise grave
du fait de l'abaissement du prix des cafés. Le gouvernement a eu
la sagesse de s'opposer à toutes les mesures destinées à
provoquer un relèvement artificiel des cours, et d'indiquer
surtout comme remèdes à la situation l'organisation solide
du crédit agricole et les opérations de warrants sur les
cafés.
Les exportateurs
de café brésiliens ont dominé politiquement le pays
jusqu'à ce que le chef populiste Getulio Vargas accède au
pouvoir en 1930. Il dirige le pays pendant quinze ans, alternant périodes
démocratiques et périodes autoritaires. Le régime
démocratique revient en 1945 et dure jusqu'en 1964 (Vargas, démocratiquement
élu, sera même à la tête de l'Etat entre 1951
et 1955).
En 1964, l'armée
renverse le président João Goulart. Le régime militaire
qui s'installe ensuite censure les journalistes, réprime et torture
les dissidents de la fin des années 1960 au début des années
1970. La dictature tombe en 1985, quand le régime militaire cède
pacifiquement le pouvoir aux civils. Quatre ans plus tard le Congrès
brésilien adopte la constitution actuelle du pays.
Ayant traversé
avec succès une période de difficultés financières
mondiales à la fin du XXe siècle,
le Brésil est considéré, sous le président
de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), comme l'un des marchés
émergents les plus solides du monde et un contributeur à
la croissance mondiale. L'attribution de la Coupe du monde de football
de 2014 et des Jeux olympiques d'été de 2016, les premiers
jamais organisés en Amérique du Sud, ont symbolisé
l'essor du pays. Cependant, de 2013 à 2016 environ, le Brésil
va être en proie à un ralentissement de l'économie,
à un chômage élevé et à une forte inflation.
Il ne sortira de la récession qu'en 2017. L'ancienne présidente
Dilma Rousseff (2011-2016) est démise de ses fonctions en 2016 par
le Congrès qui lui reproche des irrégularités dans
l'application des lois budgétaires. Son vice-président, Michel
Temer, termine son deuxième mandat.
Une enquête
sur le blanchiment d'argent, l'opération Lava Jato, a révélé
un vaste système de corruption. Les procureurs font inculper plusieurs
personnalités politiques brésiliennes de haut niveau. L'ancien
président Lula, lui-même, est accusé d'avoir accepté
des pots-de-vin et doit purger une peine de prison de 2018 à 2019,
avant que sa condamnation ne soit annulée au début de 2021.
En octobre 2018,
Jair Bolsonaro, un populiste d'extrême droite, a remporté
la présidence avec 55 % des voix au second tour et a pris ses fonctions
le 1er janvier 2019.
|
|