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Les tournois |
| Les tournois étaient des combat simulés pratiqués au Moyen âge. En remontant aux origines, on en retrouve des traces en France au IXe siècle, époque à laquelle Nithard fait mention de manoeuvres équestres pratiquées dans les armées de Charles le Chauve et de Louis le Germanique. Les tournois proprement dits étaient déjà constitués, dans leurs traits essentiels, au XIe siècle. Un chevalier, tourangeau, Geoffroi de Preuilly, en codifia les règles vers le milieu du XIe siècle. Ils se répandirent dans tous les pays de l'Europe et même jusque dans l'empire byzantin. Leur origine française était rappelée, au commencement du XIIIe siècle, par le chroniqueur Mathieu de Paris, qui les appelle « la petite guerre française » (conflictus gallici). Les tournois deviennent très nombreux, depuis 1160 environ, principalement dans le Nord de la France et dans la Flandre. Le XIVe siècle, époque de grand perfectionnement dans les armures défensives, vit l'apogée des tournois et des joutes. Les tournois cessèrent au commencement du XVIe siècle, et les joutes tombèrent en discrédit en France depuis l'accident et la mort de Henri Il (1559), mais elles restèrent encore en usage, principalement en Allemagne, jusqu'au milieu du XVIIe siècle. Les papes et les rois interdirent souvent les tournois, toujours prohibés en temps de croisade. Saint Bernard fit entendre également ses protestations. Les papes et les conciles réitérèrent leurs défenses en 1130, 1148, 1179, 1201, 1245, 1279, 1311, etc. Les rois de France promulguèrent des prohibitions, généralement temporaires, depuis saint Louis jusqu'à Philippe le Bel, qui rendit à ce sujet une ordonnance spéciale (1312), depuis renouvelée plusieurs fois (1361, 1405, etc.). A partir du XIIe siècle, le tournoi fut complètement remplacé par le carrousel, qui ne consista plus qu'en jeux d'adresse inoffensifs, notamment la bague, la canne, le faquin. Le tournoi proprement dit était un combat par masses ou à la foule, comme dans une bataille véritable. Le cérémonial des tournois ne fut pas d'abord compliqué. A l'origine, nobles et vilains pouvaient indistinctement prendre part aux tournois. Les fêtes de l'Epinette, à Lille, comportaient des exercices de ce genre et étaient organisées par les bourgeois de cette ville. On vit même, en Allemagne, des tournois auxquels les femmes participaient, à la fin du XIIIe siècle. Les tournois se célébraient aux principales occasions de fêtes du Moyen âge. Ils avaient un caractère international très prononcé et on y venait de provinces et de pays souvent très éloignés les uns des autres. Les tournoyeurs formaient, sous deux chefs, deux camps opposés, celui de l'appelant, qui était censé envoyer le défi, et celui du défendant. On faisait combattre, par exemple, Français contre Champenois, Flamands contre Bourguignons, Français contre Allemands ou Anglais, etc. Des juges diseurs, au nombre de six ou huit, examinaient les titres des combattants, vérifiaient leurs armes et jugeaient tous les différends qui pouvaient se produire. Le roi d'armes, les hérauts et leurs poursuivants annonçaient ou criaient le tournoi, portaient les convocations et réglaient toutes les questions de cérémonial. Bouclier et lance de joute. Au XIVe siècle, il y eut aussi une reine du tournoi, choisie parmi les dames nobles, qui décernait le prix au chevalier le plus méritant ou mieux faisant de la journée. Ce prix était en général un joyau, souvent aussi c'était une faveur, c.-à-d. une écharpe, une coiffe ou une manche d'habillement de la dame elle-même. Très souvent, le mariage de la reine, ou de ses demoiselles d'honneur, terminait le tournoi. Chaque tournoyeur était accompagné de plusieurs valets, à cheval et à pied, qui pouvaient l'assister même pendant la mêlée. En Angleterre, au XIIe et au XIIIe siècle, il y avait quelquefois des droits à payer pour prendre part au tournoi. Le nombre des combattants était quelquefois très élevé : il n'était pas rare qu'il y eut 500 chevaliers de chaque côté, quelquefois 2000 (1279). La veille du tournoi, on faisait apporter et ranger, dans le cloître d'un monastère voisin de l'emplacement choisi, toutes les armes, qui étaient inspectées par les juges du tournoi. Les chevaliers apposaient leurs bannières aux fenêtres de leurs logements, ce qui s'appelait faire des blasons fenestre. Tout chevalier qui était reconnu comme ayant failli d'une façon quelconque aux lois de l'honneur, et, à partir du XIVe siècle, tout bourgeois ou vilain qui cherchait à se faufiler en compagnie noble, était dénoncé (recommandé), battu et placé à califourchon sur les barrières des lices pendant toute la durée du tournoi. Dans les cas les moins graves, le «-recommandé » était autorisé à prendre part au tournoi, mais alors tous les autres combattants avaient mission de frapper sur lui jusqu'à ce que les dames demandassent grâce pour lui. L'espace réservé au tournoi, ou lices, était entouré d'une double barrière et de plusieurs tribunes, pour les juges du tournoi et les spectateurs. Les vaincus perdaient leurs armes et leurs chevaux et pouvaient être mis à rançon par leurs vainqueurs. Casque de tournoi (à gauche) et casque de joute. La joute (en ancien allemand tjost) était un combat entre deux adversaires seulement. L'arme employée principalement était la lance, mais on pouvait se servir aussi de l'épée. Au XIVe siècle, on inventa la joute à la barrière, dans laquelle les deux jouteurs couraient l'un contre l'autre de chaque côté d'une palissade recouverte de toiles, qui s'élevait à la hauteur de la selle des chevaux. C'est ce qu'on appela courir une lance. Les chevaliers qui offraient la joute à tout venant exposaient, près de leurs logements, leurs targes, plantées en terre ou accrochées, et ceux qui voulaient combattre venaient les toucher de leurs lances. Comme les tournois, les joutes comportaient généralement plusieurs jours d'exercices. Il y en avait qui duraient trente jours de suite, entre Français et Anglais (1390). A partir du XVe siècle, la joute fut souvent un exercice d'adresse où il s'agissait simplement de faire sauter en l'air des pièces mobiles de l'armure ou du casque ou le cimier de celui-ci. Quelquefois, les jouteurs habiles restaient la tête découverte. Le pas d'armes était une variété de la joute. Les jeunes chevaliers commençaient de très bonne heure ces exercices, comme en témoignent les nombreuses armures d'enfants qui ont été conservées. Le casque de tournoi était caractérisé par sa visière en forme de grille , qui ne gênait pas la vue. Le casque de joute eut successivement la forme du heaume, du bassinet, de la salade et de l'armet. Il était solidement assujetti à la cuirasse par des pattes en fer, afin de ne pas être enlevé par un coup de lance. Le timbre devint très aplati, à partir de 1390 environ, et donna la forme dite en tête de crapaud. La vue n'était plus formée que par la suture des deux parties du heaume et la lance pouvait pénétrer par ce défaut, comme cela arriva à Henri Il. Le poids du casque atteignait quelquefois près de 10 kg. Un cimier le surmontait, principalement en Allemagne, ainsi qu'un « volet » ou couvre-chef. Le devant du timbre portait souvent, au XVe et au XVIe siècle, de petites plaques mobiles maintenues par un ressort et qui se détachaient tout d'un coup, quand, par un tour d'adresse très prisé, l'extrémité de la lance venait les frapper. La grande armure de Maximilien en est pourvue. Armure de joute de Maximilien Ier (1493-1519). La cuirasse de tournoi était percée de trous pour être plus légère. La cuirasse de joute portait, sur le coté droit, le faucre terminé par le contre-faucre, qui servait à arquebouter les bois de la lance. Dans les joutes d'adresse, la cuirasse portait aussi des plaques mobiles à ressort, qui se détachaient sous le choc de la lance. La Cuirasse était recouverte par la cotte d'armes. Toute l'armure de tournoi était fortement rembourrée. Faucre et contre-faucre (arrêt de lance). Le bouclier était concave, très souvent échancré d'une ouverture pour laisser passer la lance. Le manteau d'armes tenait souvent lieu de bouclier. Le bouclier portait des armoiries, au développement desquelles les tournois contribuèrent beaucoup. Diverses parties du corps étaient protégées par des pièces complémentaires : gilettes aux épaules, brassards, gantelets et surtout garde-cuisses, qui emboîtaient les jambes et les fixaient contre la selle. Le cheval était aussi armé et revêtu d'une housse armoriée. Les armes offensives, dans le tournoi, étaient l'épée et la masse d'armes. Il était interdit de frapper de bas en haut et de donner des coups de pointe. La lance, dans la joute, était courte et se terminait par un rochet ou fer émoussé formé de plusieurs petits mamelons obtus. La garde ou rondelle de la lance atteignait de grandes dimensions. A la place où elle portait sur le contre-faucre, la lance était munie d'une aggrappe, formée d'entailles en forme de billettes, destinées à l'empêcher de glisser. Dans les joutes, il était interdit de frapper ailleurs que sur l'écu ou sur la bavière du heaume. Une lance n'était déclarée réellement rompue que lorsque l'éclat était complètement séparé du tronçon. Malgré les prescriptions des hérauts et des juges d'armes, les accidents étaient si fréquents que, parfois, il était d'usage de placer un cercueil ouvert dans les lices, au début de la mêlée. Les hérauts rédigeaient les proclamations et les comptes rendus des tournois, qui furent souvent imprimés à partir de la seconde moitié du XVe siècle, par exemple pour ceux de Paris en 1498, d'Ardres en 1520, de Blois en 1556, de Paris en 1559, etc. Plusieurs traités ex professo furent composés, au XVe siècle, notamment par le roi René (manuscrit de la Bibliot. nation.). La Bibliothèque nationale possède aussi plusieurs recueils relatifs aux tournois, entre autres un manuscrit allemand des fêtes de Brunswick (1582), où se trouve une série de miniatures à la gouache représentant tous les chocs et toutes les chutes de chaque rencontre des jouteurs. (E.-D. Grand). |
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