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En
1789, on entendait sous le nom de Guyenne (ou Guienne) une
vaste région de la France méridionale
qui confinait à l'Ouest à l'océan Atlantique,
au Nord à la Saintonge, à
l'Angoumois et au Limousin,
à l'Est à l'Auvergne et au
Languedoc, au Sud au Languedoc et à
la Gascogne; réunie à la Gascogne,
elle formait le gouvernement militaire de Guyenne-et-Gascogne.
La Guyenne comprenait
donc les diocèses de Bordeaux, Bazas,
Agen, Condom, Périgueux,
Sarlat, Cahors,
Rodez et Vabres. On la divisait en Haute-Guyenne
et Basse-Guyenne :
1° Haute-Guyenne,
à l'Est, renfermant le Quercy, le Rouergue,
l'Armagnac, le Comminges,
le Couserans, le Bigorre,
les Quatre-Vallées, le Nébouzan,
l'Estérac, la Rivière-de-Verdun et la Lomagne, capitale :
Montauban;
2 ° Basse-Guyenne,
à l'Ouest, renfermant le Bordelais,
le Périgord, l'Agenois, le Condomois,
le Gabardan, le Bazadais, les Landes, l'Albret,
le Marsan, la Chalosse,
le Tuisan, le Labourd et la Soule, capitale
: Bordeaux.
Le territoire de l'ancienne
Guyenne est aujourd'hui réparti entre les départements de
l'Ariège,
de la Haute-Garonne,
du Gers,
des Hautes-Pyrénées,
du Lot-et-Garonne,
du Tarn-et-Garonne,
des Landes,
des Pyrénées-Atlantiques,
de l'Aveyron,
de la Dordogne,
du Lot
et de la Gironde.
Le mot Guyenne,
en provençal Guyana, est une altération d'Aquitania,
et non une forme régulière issue du développement
phonétique (la forme régulière serait Aidaigne
qui se trouve effectivement dans le nom d'une petite région du Languedoc,
le val d'Aidaigne, écrit à tort Val-de-Daigne, Vallis
Aquitaniae). A l'origine, Guyenne est synonyme d'Aquitaine.
Le traité
de Paris, en 1259, établit que le roi
d'Angleterre ferait hommage au roi, sous le nom de duché de
Guyenne, à la fois de la Gascogne et de la Guyenne proprement dite
: sous ce dernier nom se trouvaient compris le Bordelais, le Bazadais,
le Limousin, le Périgord, le Quercy (en partie) et l'Agenais. Le
roi d'Angleterre n'avait que l'hommage de ce dernier pays qui était
possédé par Alphonse de Poitiers,
frère de saint Louis : à la mort
de ce dernier, Edouard ler
réclama l'Agenais, et Philippe Ill
le lui céda par le traité d'Amiens
(1279). Les confiscations prononcées en 1294 et en 1324 par Philippe
IV et par Charles IV n'eurent pas de résultat
durable et la Guyenne finit par rester entre les mains des rois d'Angleterre.
Le traité
de Brétigny augmenta singulièrement
l'étendue de la Guyenne anglaise en y adjoignant la Saintonge, l'Aunis,
l'Angoumois, le Poitou et le Rouergue. Confisquée en 1369, la Guyenne
ne fut définitivement arrachée à l'Angleterre
qu'en 1453. Charles VI avait donné à
son fils Louis le titre de duc de Guyenne dès l'âge de cinq
ans; le prince mourut à dix-neuf ans, le 18 décembre 1415,
sans avoir eu la possession effective du duché. En 1469, Louis
XI céda à son frère Charles la Guyenne en échange
de la Normandie : c'était l'ancien
domaine des rois d'Angleterre, moins le Poitou, le Limousin et le Rouergue.
On sait qu'une mort opportune débarrassa Louis XI des soucis que
lui causa bientôt la reconstitution imprudente d'un duché
de Guyenne (mai 1472).
Depuis lors la Guyenne
ne fut plus séparée de la couronne. Chacune des provinces
qui ont été à différentes époques comprises
sous le nom de Guyenne ayant un article spécial, nous renvoyons
à chacun de ses articles pour l'histoire détaillée
de cette région depuis le XIIIe
siècle jusqu'en 1789 :
Agenais,
Bazadais, Bazas, Bordeaux, Bordelais, Limousin, Périgord, Poitou,
Quercy, Rouergue; V. aussi Gascogne). (A. T.).
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