| Le comté de Foix est une ancienne province de France comprise aujourd'hui tout entière dans le département de l'Ariège. On connaît mal l'histoire de ce pays jusque vers le Xe siècle de notre ère; les débris nombreux et fort curieux, que des fouilles ont mis au jour, permettent d'affirmer qu'habité anciennement par des populations pastorales, il fut ensuite occupé par les Ibères, puis par les Volsques Tectosages, enfin par les Romains. Mais aucun texte antique ne parle expressément de ces hautes vallées, et c'est par une erreur évidente que certains érudits locaux ont voulu placer à Vicdessos la tribu aquitanique des Sotiates, vaincue par le jeune Crassus, lieutenant de César. Dépendant de la civitas Tolosana, le futur comté de Foix fut évangélisé au IIIe et au IVe, siècle par les successeurs de saint Saturnin et incorporé, au diocèse de Toulouse dont il ne fut séparé que neuf cents ans plus tard. Portion du comitatus Tolosanus, ce pays comprenait le Savartense suburbium ou Savartès; sous ce nom, que rappelle encore l'église de Notre-Dame de Sabart, près de Tarascon-sur-Ariège; on paraît avoir compris la vallée de l'Ariège, des Pyrénées au Pas de la Barre, un peu au Nord de Foix, et les vallées secondaires qui se greffent sur cette artère centrale. Ce suburbium ne tarda pas à se subdiviser; on y trouve successivement le Lordatense ministerium (Lordat), l'Olmense (Villeneuve et La Roque d'Olmès), le Coliense (Queille), le Chercorbes (Chercorb), le Dunense (Dun), enfin la terra Fuxensis, à laquelle on rattacha plus tard quelques anciennes vigueries ou ministeria de la plaine du Nord : Agarnagense (entre l'Ariège et l'Hers), Potamianès (à l'Ouest du précédent), Cortinense (vers Lézat), le Daumazanès, enfin le Volvestre (Montesquieu-Volvestre). La plupart de ces petits pays appartenaient, vers la fin du Xe siècle, au comte de Carcassonne, Roger le Vieux, et furent par lui attribués à son fils cadet, Bernard, qui prit, étant de famille comtale, le titre de comte et fonda ainsi une nouvelle principauté dans le midi de la France. L'histoire du nouveau comté reste, en somme, assez obscure jusqu'à la guerre des Albigeois; les souverains qui le possèdent passent leur temps à guerroyer contre leurs voisins; tantôt alliés, tantôt ennemis de leurs suzerains naturels, les comtes de Toulouse, ils évitent d'en reconnaître expressément l'autorité, sauf pour quelques places du Nord, dont celle de Saverdun. Au XIIIe siècle, la disparition des grandes familles féodales du Midi et le mariage de l'un des comtes avec l'héritière de Béarn accroissent la puissance de ces vassaux éloignés de la couronne de France. Ils ont reconnu la suzeraineté de celle-ci en 1263 pour le pays au Nord du Pas de la Barre (vers Foix), en 1272 pour l'ancien Savartès, mais ils savent se maintenir à demi indépendants, et la guerre de Cent ans favorise leurs prétentions. Gaston-Phoébus reste à peu près neutre entre les deux partis et administre librement ses vastes domaines sans permettre aux officiers royaux de le surveiller de trop près. Le comté de Foix a le même sort que les autres domaines de la famille; il passe successivement des mains des Foix-Grailly à celles des Foix-Navarre, puis des Albret pour devenir une partie du vaste apanage de la maison de Bourbon (Comtes de Foix). Henri IV, dernier comte de Foix, réunit le pays au domaine royal. Dans cette longue suite de siècles, le comté a éprouvé bien des malheurs. Ravagé par les bandes de Simon de Montfort au XIIIe siècle, envahi un peu plus tard par les soldats de Philippe III, puis au XIVe siècle par les troupes du connétable de Sancerre, au XVIe il est agité par les luttes religieuses. Sous Jeanne d'Albret et sous son fils Henri IV, beaucoup d'habitants et de nobles se sont convertis au protestantisme, et les deux partis se disputent l'autorité avec ardeur. Chaque ville importante est tour à tour occupée et pillée par l'un ou par l'autre. L'édit de Nantes rétablit la paix pour un temps; les troubles reprennent sous la régence de Marie de Médicis et se terminent un peu plus tard, en 1629, par la pacification du pays, à la suite d'une rude campagne du prince de Condé, et grâce à une sanglante répression. Plus tranquille durant tout le XVIIIe siècle, le comté de Foix devait de nouveau être assez agité lors de la Révolution, mais l'histoire de ces derniers troubles appartient à celle du département de l'Ariège dans lequel l'ancien gouvernement avait été incorporé en 1790. Le comté de Foix comprenait depuis le XIIIe siècle la vallée de l'Ariège, de l'Hospitalet au confluent de l'Hers. A l'Est, il avait perdu la seigneurie de Mirepoix (cantons actuels de Lavelanet et de Mirepoix) et le Donezan (canton de Quérigut). A l'Ouest, il s'étendait jusqu'aux limites des cantons actuels de Vicdessos, Foix, La Bastide-de-Sérou et renfermait la majeure partie des cantons du Mas-d'Azil et du Fossat et quelques communes de la Haute-Garonne vers Montesquieu-Volvestre. Le pays formait anciennement une sénéchaussée comtale (siégeant à Foix), et seize châtellenies (Foix, Mérens, Ax, Montaillou, Lordat, Castelverdun, Quié, Tarascon, Saint-Paul-de-Jarrat, Montgaillard, La Bastide-de-Sérou, Camarade, Le Carlat, Saint-Ybars, Saverdun et Varilles). On doit y ajouter les cours de Mazères et de Pamiers, paréages entre le comte d'une part, l'abbé de Boulbonne et l'évêque de Pamiers de l'autre, et le lieu de Lézat qui ne relevait d'aucune châtellenie. Au XVIIe siècle, la sénéchaussée de Foix devint siège royal, avec titre de présidial; en 1746, elle fut transportée à Pamiers. Le comté fut toujours du ressort du parlement de Toulouse. En 1706, il fut, au point de vue administratif, rattaché à l'intendance de Roussillon. Au point de vue spirituel, des 130 paroisses du comté, 123 dépendant de l'ancien diocèse de Toulouse faisaient partie depuis le XIVe siècle, 30 de celui de Rieux, 1 de celui de Mirepoix, le reste de celui de Pamiers; 7 paroisses relevaient de Saint-Lizier ou Couserans. On y comptait 5 abbayes : Saint-Volusien de Foix, le Mas-d'Azil, Boulbonne, Lézat et Combelongue. La configuration physique du pays, avec ses petites vallées bien délimitées, avait dû faciliter la formation de petites seigneuries indépendantes. Les comtes de Foix parvinrent toutefois assez aisément à leur imposer leur suzeraineté, mais la noblesse du pays garda toujours une grande influence et prit une part effective avec le tiers état à l'administration du pays. A la tête de cette classe figuraient au XIe et au XIIe siècle les comtes de Villemur, Marquefave, etc. Plus tard, la première place fut occupée par les représentants des branches cadettes ou illégitimes de la maison comtale. Les États du comté, qui fonctionnent régulièrement dès le XIVe siècle, se composaient de trois ordres : 1° l'évêque de Pamiers, président, et les 5 abbés des monastères plus haut nommés; 2° le baron de Rabat, les 4 premiers barons (Saint-Paul, Arignac, Mauléon de Durban et Durfort) et 66 seigneurs; 3° quatre villes maîtresses Foix, Mazères, Tarascon et Saverdun, 16 villes, dont Pamiers, et 23 villages; le tiers état comptait dans les États 120 représentants. Ceux-ci administraient le pays, répartissaient les impôts, surveillaient les travaux publics, en un mot, malgré les progrès de l'autorité royale, le pays jouissait d'une indépendance relative. Les sources manuscrites de l'histoire du comté sont aujourd'hui bien dispersées; le chartrier de la tour de Foix a été incendié au début du XIXe siècle; fort heureusement, Colbert en avait fait copier une partie notable. Les archives des Pyrénées-Atlantiques renferment beaucoup d'actes sur ce pays, principalement pour les XIVe, XVe et XVIe siècles. Les archives départementales de l'Ariège sont plus pauvres; on y trouvera, néanmoins, beaucoup de documents précieux pour l'histoire des derniers temps de l'Ancien régime. (A. Molinier). | |