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Histoire de l'Europe > La France > Le XIXe siècle |
Le Premier Empire 1804-1814 |
Consul
à vie depuis le 2 août 1802, Bonaparte se déclara empereur
héréditaire le 18 mai 1804. Ainsi commence, à la suite
du régime dictatorial établi dès le Consulat,
une période de l'histoire de France, appelée à durer
10 ans, et connue sous le nom de Premier Empire.
« Sorti de l'obscurité, porté au rang suprême, de simple officier d'artillerie devenu le chef de la plus grande des nations, Napoléon a osé concevoir la monarchie universelle et l'a réalisée un moment. Après avoir obtenu l'empire par ses victoires, il a voulu soumettre l'Europe au moyen de la France, réduire l'Angleterre au moyen de l'Europe, et il a établi le ssytème militaire contre le continent, le blocus contre la Grande-Bretagne : Ce dessein lui a réussi pendant quelques années, et de Lisbonne Moscou, il a assujetti les peuples et les potentats à son mot d'ordre de général et au vaste séquestre qu'il avait prescrit. Mais en exerçant pour son prola souveraine puissance, en attaquant la liberté du peuple par ses institutions despotique, l'indépendance des États par la guerre, il a mécontenté et les opinions et les intérêts du genre, humain; il a excité d'universelles inimitiés; la nation s'est retirée de lui; et après avoir été long temps victorieux, après avoir planté ses étendards sur toutes les capitales, après, avoir pendant dix années augmenté son pouvoir et gagné un royaume à chaque bataille, un seul revers a réuni le monde entier contres lui, et il a succombé en prouvant combien de nos jours le despotisme est impossible.» (Mignet.)Constitution de l'an III. Nouvelle noblesse. Après la proclamation de l'Empire, Bonaparte prit le nom de Napoléon ler. Une Constitution nouvelle, dite Constitution de l'an XII, fait soumise au vote, qui la ratifia par plus de trois millions et demi de suffrages contre deux mille cinq cents. Pour la seconde fois, les électeurs, consultés par voie de plébiscite, donnaient à l'ancien général en chef de l'armée d'Italie une preuve éclatante de leur confiance. Napoléon devenait empereur héréditaire, c'est-à-dire que la dignité impériale devait après sa mort rester dans sa famille. Un Sénat, composé des hommes les plus éminents du pays, veilla au maintien de la Constitution. Il désignait lui-même au choix de l'empereur les personnages qui lui paraissaient dignes de siéger parmi ses membres. Le Corps législatif, composé de députés soumis à l'élection, acceptait ou rejetait les lois que le Conseil d'État avait préparées. Napoléon créa, pour donner plus d'éclat à sa cour, une noblesse nouvelle. Elle était, différente de l'ancienne, car ce ne fut plus la naissance mais le talent ou les services rendus au pays qui donnèrent droit aux titres et aux distinctions honorifiques. Il y eut six grands dignitaires et seize maréchaux : les plus illustres étaient Masséna, Brune, Ney, Lannes, Murat, Soult, Davout. Ces noms trouveront souvent place dans le récit des guerres de l'Empire. Le
couronnement (2 décembre 1804).
Il s'était également attribué la couronne royale des Italiens. Ce fut l'ancienne couronne de fer des rois lombards. qu'il alla prendre à Milan . En la recevant, il répéta la formule consacrée : « Dieu me l'a donnée, gare à qui la touche! » L'administration du royaume d'Italie fut confiée, avec le titre de vice-roi, au prince Eugène, fils du premier mariage de I'impératrice, et très aimé de Napoléon. Projet
de descente en Angleterre (1805).
Troisième
coalition. Austerlitz (1805).
Les premiers qui l'aperçurent, pour éclairer sa marche, ramassèrent la paille de leur bivouac, et en formèrent des torches enflammées qu'ils placèrent au bout de leurs fusils. Les autres les imitèrent, et le camp français entier s'éclaira de cette illumination singulière. Les soldats criaient, tel était l'embrigadement des esprits : Vive l'empereur! ou, sans même s'apercevoir de la contradiction des termes, tel était leur tragique aveuglement, il criaient : Vive l'empereur! Vive la République! Si toute monarchie repose sur sur une imposture, voilà donc quelle était celle sur laquelle reposait l'Empire. Lors de la bataille, les grenadiers à cheval de la garde repoussèrent une charge des chevaliers-gardes, troupe composée des jeunes gens de la plus haute noblesse de Russie, et firent prisonnier leur chef. Les coalisés perdirent 15 000 morts ou blessés, dont beaucoup furent noyés dans les étangs dont les boulets de l'armée napoléonienne crevaient la glace, et 20 000 prisonniers : les Français seulement 700 hommes. Dans une proclamation restée célèbre. Napoléon disait le lendemain à ses soldats : Il vous suffira de dire : « J'étais à Austerlitz », pour que l'on vous réponde : « Voilà un brave! »L'Autriche, consternée par ce nouveau désastre, s'empressa de signer le traité de Presbourg, qui fut très onéreux pour elle, car Napoléon lui enleva les possessions qu'elle conservait encore en Italie. Ou avait pris à l'ennemi, dans cette courte et foudroyante campagne, une telle quantité de canons, qu'on put, en les fondant, élever la colonne de bronze qui orne aujourd'hui la place Vendôme, à Paris. Les soldats de Napoléon, émerveillés de la rapidité de leurs propres succès, disaient : « L'empereur ne fait plus la guerre avec nos bras, mais avec nos jambes. »Avant Austerlitz, on avait vu une division faire trente-six lieues en deux jours, afin d'arriver à temps sur le champ de bataille. Iéna et
Auerstaedt (1806).
Napoléon, imprudemment provoqué, pénètre de nouveau en Allemagne à la tête de son armée. Le 14 octobre 1806, il écrase à léna 80 000 Prussiens, leur tue 12 000 hommes, fait 15 000 prisonniers et enlève 200 pièces de canon avec un grand nombre de drapeaux. L'un d'eux, celui de la garde prussienne, avait été brodé de la main de la reine elle-même. Le même jour, le maréchal Davout livrait à quelques lieues de là une bataille acharnée, à Auerstaedt, avec 26 000 hommes seulement contre 60 000. Le maréchal Bernadotte, dont le corps d'armée se trouvait près du sien, lui avait refusé son concours. Néanmoins Davout engagea la bataille contre les troupes ennemies, commandée par le roi de Prusse, le duc de Brunswick et le vieux maréchal de Mollendorf. Brunswick fut tué en se mettant à la tête des grenadiers prussiens pour les conduire à l'assaut. Mollendorf, s'avançant à son tour, eut le même sort. Le roi de Prusse eut un cheval tué sous lui. Tous les princes se portaient au danger comme de simples soldats, et toutes les attaques restaient sans effet contre l'énergie des troupes de Davout. Il put même poursuivre les ennnemis dans leur retraite, et les forcer à la hâter. S'il avait eu les régiments de dragons de Bernadotte, le désastre des Prussiens eût été complet. La victoire, tout inachevée qu'elle fût, coûtait à l'ennemi 9000 tués ou blessés et 2 000 prisonniers. Davout avait 7000 hommes hors de combat. Avec ses 44 canons, il avait pu en prendre 115 à l'ennemi. Ces deux victoires ouvrirent aux Français la Prusse, dont toutes les villes furent occupées. Napoléon fit dans Berlin une entrée triomphale. Un mois avait suffi (octobre-novembre 1806). « S'il ne fallait, écrivait un officier prussien, que se servir de nos bras contre les Français, nous serions bientôt vainqueurs. Ils sont petits, chétifs; un seul de nos Allemands en battrait quatre; mais ils deviennnent au feu des êtres surnaturels. Ils sont emportés par une ardeur inexprimable dont on ne voit aucune trace dans nos soldats.... »Eylau, Friedland. Paix de Tilsit (1807). La guerre n'était cependant pas encore terminée, car la Russie restait toujours en armes. Au lieu de revenir en France, l'empereur, après avoir dompté la Prusse, marche vers les frontières de Russie et remporte deux nouvelles victoires, l'une à Eylau, où les Français eurent de très grandes pertes à cause de la ténacité de l'ennemi, l'autre, quelques mois après, à Friedland. A Eylau, un bataillon français fut entièrement anéanti dans le cimetière du village : aucun des hommes ne songea qu'on pût se rendre et demander quartier. Friedland, Napoléon, montrant à Ney la ville, les ponts et l'armée russe massée en avant, lui dit : « Voilà le but. Pénétrez dans cette masse épaisse, quoi qu'il puisse vous en coûter. Entrez dans Friedland, prenez les ponts, et ne vous inquiétez pas de ce qui se passe à droite ou à gauche. »Ney s'éloigna pour remplir cette redoutable mission d'un air si résolu que Napoléon dit à ses officiers : « Cet homme est un lion. »Exécutant les ordres reçus, Ney, appuyé par l'artillerie, marcha droit sur Friedland, écrasa les Russes aux portes de la ville, les rejeta sur les ponts. En même temps, ceux-ci étaient incendiés à la fois par les Français et par les corps russes qui se trouvaient de l'autre côté. L'armée française eut de ce succès autant de joie que d'Austerlitz et d'Iéna. L'empereur de Russie, découragé par ces revers, fit des propositions de paix. Une entrevue entre les deux souverains eut lieu sur un radeau qu'on avait construit au milieu du fleuve le Niémen. Les deux empereurs s'embarquèrent en même temps, chacun devant toute son armée rangée en bataille. Napoléon, arrivé le premier, alla se placer au bord du radeau pour recevoir Alexandre. Ils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre. « Je hais les Anglais autant que vous », dit tout d'abord Alexandre à Napoléon. « En ce cas, répondit celui-ci, la paix est faite. »Le lendemain Alexandre vint s'établir à Titsit même, au milieu de l'armée française, et près de Napoléon, qui le flattait par toutes sortes d'attentions délicates, et pour lequel il manifestait une grande admiration. La paix de Tilsit fut conclue le 8 juillet 1807. Le blocus continental.
Les peuples de l'Europe, habitués depuis longtemps à acheter aux Anglais du charbon de terre, du fer, des cotonnades, ne devaient pas accepter sans murmures l'obligation de suspendre toute relation commerciale avec eux. Enfin le blocus continental ne pouvait être efficace qu'à la condition d'être très rigoureusement appliqué. Napoléon voudra l'imposer par la force à l'Europe entière, et provoquera ainsi par ses violences des haines irréconciliables contre la France et contre lui-même. Le blocus continental fut somme la première des grandes fautes que l'enivrement de sa propre fortune fit commettre à ce sinistre personnage qui mettait à feu à sang l'Europe pour sa seule gloire.. L'Empire en 1807.
Napoléon, qui tint à honneur de garder sur le trône son titre de membre de l'Institut, leur accordait une protection éclairer. La littérature brillait aussi d'un vif éclat, mais il faut remarquer que les principaux écrivains se rencontrent alors dans les rangs de l'opposition : Chateaubriand, Mme de Staël, Bernardin de Saint-Pierre étaient ouvertement ou secrètement hostiles à l'empereur. Leurs attaques lui inspiraient plus de dépit que de crainte, et il ne laissait pas échapper une occasion de témoigner le mépris qu'il ressentait pour ces faibles adversaires. Mieux aurait valu qu'il écoutât ces voix sincères et qu'ainsi averti il mît un frein son ambition. Mais cet esprit si maître de lui-même commençait à se laisser dangereurement griser par ses succès. Distribution de
royaumes aux membres de la famille impériale.
Guerre d'Espagne.
A la même époque, Napoléon commit encore l'erreur de se faire du pape Pie VII un ennemi, en le faisant enlever dans Rome par des gendarmes et conduire prisonnier en France, parce qu'il ne consentait pas à fermer, comme l'empereur l'exigeait, les ports de ses États aux marchandises anglaises. Cette violence, qui excita l'indignation des catholique, permit aux moines espagnols de prêcher au peuple une sorte de guerre sainte contre les Français. L'empereur dut accourir lui-même au secours de son frère. Quelques jours lui suffirent pour réparer l'effet produit par la désastreuse capitulation du général Dupont à Baylen. Mais l'Autriche profita de son éloignement pour déclarer de nouveau la guerre à la France, à l'instigation des Anglais, qui commençaient à souffrir cruellement de la rigoureuse application du blocus continental. Essling (1809).
Au sanglant combat d'Essling, Lannes et Masséna s'illustrèrent par leur courageuse conduite. Lannes était resté tout le jour à cheval, dirigeant plusieurs corps d'armée : il avait pris les plus habiles dispositions. Vers le soir il galopait d'un corps à l'autre, donnant ses ordres; ses officiers, voyant le péril auquel il s'exposait, voulaient le retenir, quand un boulet vint lui fracasser les deux genoux. L'empereur l'aperçoit au moment où on l'emporte, se précipite vers le blessé, l'embrasse, l'appelle en sanglotant : « Lannes, mon ami, lui dit-il, me reconnais-tu? c'est moi, c'est l'empereur, c'est Bonaparte, ton ami! »Le maréchal eut seulement la force d'entrouvrir les yeux et de répondre d'une voix mourante : « Je désire vivre si je puis encore vous servir ainsi que notre France, mais je crois bien qu'avant une heure vous aurez perdu celui qui fut votre meilleur ami... ».Les soldats témoins de cette scène pleuraient. Napoléon, premier responsable de ce drame et de tous les autres qui jalonnent son règne, ne pouvait faire moins que d'y aller lui aussi de sa larme. Un peu avant que cette scène eût lieu, Napoléon avait envoyé à Masséna, chargé de défendre les ponts de l'île Lobau, un aide de camp pour lui demander combien de temps il pourrait tenir : « Allez dire à l'empereur, répondît Masséna, que je tiendrai deux heures, six, vingt-quatre, s'il le faut, tant que cela sera nécessaire pour le salut de l'armée ».Il fit comme il l'avait dit : l'armée fut sauvée, et Masséna reçut ale Napoléon le titre de prince d'Essling. L'Autriche, accablée par ces revers, dut signer le désastreux traité de Vienne. Marie-Louise,
le roi de Rome.
L'Europe en 1811.
Expédition
de Russie (1812). Passage de la Bérésina.
L'empereur de Russie, Alexandre Ier, ne pouvait obliger ses sujets à se conformer aux prescriptions du blocus continental, car l'interruption des relations commerciales avec l'Angleterre eût été une ruine pour eux. Napoléon voulut pas moins le contraindre à fermer ces ports aux bâtiments de commerce anglais : sur un refus d'Alexandre, il lui déclara la guerre. A la tête de la Grande Armée, qui comprend non seu-lement des Français, mais aussi un grand nombre d'étrangers, Italiens, Hollandais. Allemands, Polonais, l'empereur traverse de nouveau l'Allemagne et pénètre en Russie Il franchit le Niémen, marche sur Moscou, gagne la bataille sanglante de la Moskova, qui coûte 31000 hommes à l'armée de Napoléon et 60 000 à celle du tsar, entre à Moscou, que le gouverneur russe, Rostopchine, livre aux flammes à l'arrivée des Français. Cependant. Alexandre refuse de traiter : l'hiver, qui est terrible dans cette froide région, arrive prématurément : la Grande Armée est obligée de revenir sur ses pas. Alors commence cette retraite de Russie qui est restée si tristement fameuse dans l'histoire de France. Les malheureux soldats de Napoléon sont obligés de traverser un pays désert, couvert de neige; les Russes, qui les poursuivent; enlèvent les traînards, achèvent les blessé, massacrent les prisonniers. Telle est la rigueur de l'hiver, que chaque nuit des cenlaines d'hommes meurent gelés. La
Bérésina.
Les ponts furent achevés, et le passage se faisait, quand l'ennemi commença à les cribler de boulets. Le désordre se mit dans les rangs. Eblé, placé à la tête des ponts, essayait en vain d'arrêter la cohue. Beaucoup, pour en finir, se jetèrent dans l'eau. D'autres, ayant voulu passer sur la glace, furent entraînés par les glaçons. Ce passage est une des plus horribles scènes de l'histoire. L'héroïsme de Ney, le Brave des braves, ce maréchal de France qu'on vit maintes fois se battre un fusil à la main, comme un simple troupier, permit pourtant aux débris de la malheureuse armée française d'échapper à l'ardente poursuite des Cosaques et à l'hiver, mille fois plus terrible. Quand Ney repassa la frontière, avec une poignée d'hommes, 300 000 soldats restaient derrière lui ensevelis sous les neiges de la Russie. Campagne d'Allemagne
(1813).
Cependant l'empereur, qui était revenu en toute hâte à Paris, où la conspiration du général Malet avait mis en péril son gouvernement, rassemble des troupes avec une activité fiévreuse, et rentre en Allemagne; mais les deux victoires qu'il remporte à Lutzen et à Bautzen n'eurent pas de résultat, et en Espagne son frère Joseph fut vaincu à Vitoria. L'Autriche intervient alors et lui offre de traiter à des conditions très honorables. Napoléon refuse de faire les concessions insignifiantes qu'on lui demande : l'Autriche irritée se joint à ses ennemis, et 500 000 hommes entrent en ligne contre les Français. La victoire de Dresde est annulée par plusieurs échecs que les alliés infligent à des lieuntenants de l'empereur. Enfin, après la terrible bataille de Leipzig, qui dure trois jours et où 120 000 hommes, dont 50 000 français, sont mis hors de combat, Napoléon est réduit à repasser précipitamment les frontières de la France, que menace une invasion formidable. Campagne de France
(1814). Adieux de Fontainebleau.
Les puissances lui donnèrent la souveraineté de l'île d'Elbe, où il devait emmener plusieurs de ses généraux et un bataillon de sa garde. Au reste de cette troupe d'élite il fit des adieux demeurés célèbres. Dans la cour du château de Fontainebleau, il fit ranger en cercle autour de lui ses vieux soldats. Après les avoir remerciés de leur dévouement, il ajouta : « Je coudrais vous serrer tous dans mes bras, mais laissez-moi embrasser ce drapeau qui vous représente... »et, attirant à lui le général Petit, qui portait le drapeau de la vieille garde, il le serra sur son couer au milieu des cris et des larmes des assistants; et lui-même, les yeux humides, se jeta dans la voiture qui devait l'emmener. Première
Restauration. Les Cent Jours. Waterloo (18 juin 1815).
Le retour de Napoléon eut pour conséquence la formation d'une nouvelle coalition contre la France. L'empereur laissa croire, qu'instruit par le malheur, il songeait à donner au pays un gouvernement moins despotique et plus libéral que par le passé. Mais il fut obligé de consacrer tous ses soins à la défense de la France menacée d'une nouvelle invasion. Après avoir organisé rapidement une armée, il marche contre les Prussiens et les Anglais, qui occupent la Belgique. Il est vainqueur des premiers à la bataille de Ligny et se heurte contre les seconds à Waterloo, le 18 juin 1815. Tout son génie est impuissant à triompher de la ténacité de Wellington, qui commande les troupes anglaises. La cavalerie française, lancée contre les bataillons ennemis formés en carrés, enfonce les premiers, mais son élan vient se briser contre les autres. Napoléon comptait sur l'arrivée d'un corps d'arillée commandé par Grouchy : c'est le général prussien Blücher qui arrive avec 50 000 hommes. La bataille alors est perdue. Pour protéger la retraite, un corps délite composé de vieux soldais, la garde, tenue jusqu'à ce moment en réserve par Napoléon, s'avance contre la multitude ennemi. Entourée par un flot d'Anglais et de Prussiens, elle se forme en carrés, et repousse toutes les attaques. On lui offre de se rendre : Cambronne répond seulement que la garde meurt et ne se rend pas. Napoléon, désesperé, tire son épée pour s'élancer au milieu des ennemis; il veut périr avec sa fortune, et c'est à grand-peine que ses généraux l'entraînent loin de eu champ funèbre où gisent 50 000 Français. L'héroïque Ney, sans doute avec plus de sincérité que son pathétique maître, cherchait aussi la mort, qui n'avait pas voulu de lui. Noir de poudre, les habits troués par les balles, il criait aux fuyards : « Arrêtez! suivez-moi, que je vous montre comment meurt un maréchal de France! »Sainte-Hélène (1815-1821). L'empereur revint à Paris, et, renonçant au trône qu'il ne pouvait plus conserver après un tel désastre, signa un acte d'abdication, qui mit fin à la période dite des Cent Jours. Elle avait commencé au retour de l'île d'Elbe. Pour éviter de tomber entre les mains des Prussiens qui arrivaient à marches forcées, il écrivit au prince qui gouvernait alors l'Angleterre une lettre admirable, dans laquelle il demandait l'hospitalité du peuple anglais. Il s'embarqua volontairement à bord d'un navire de la Grande-Bretagne, mais fut aussitôt traité en prisonnier de gruerre. On l'envoya captif à Sainte-Hélène, petite île perdue au milieu des flots de l'océan Atlantique, sous un ciel brûlant et meurtrier, à cinq cents lieues de la côte d'Afrique. Il y vécut encore six longues et douloureuses années, privé de sa famille, et notamment de son fils élevait en Autriche, sous le nom de duc de Reichstadt. La surveillance soupçonneuse des Anglais, qui craignaient toujours qu'il ne s'échappât, l'implacable dureté de Hudson Lowe, son geôlier, firent de cette captivité un véritable martyre. Avant de mourir, il dicta à quelques amis fidèles qui l'avaient accompagné le récit de ses campagnes, qu'on nomme le Mémorial de Sainte-Hélène. Le 5 mai 1821 il expira, enveloppé dans son manteau de bataille. Il avait, dans son testament, exprimé le désir d'être enterré « sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français qu'il avait tant aimé ». Ce dernier voeu fut exaucé quelques années plus tard par le roi Louis-Philippe (La Monarchie de Juillet), qui fit rapporter en France et ensevelir aux Invalides la dépouille de l'empereur. Comparaison entre
les frontières de la France en 1800 et en 1815.
Les défaites
de l'Empire faisaient donc perdre à la France la Belgique
et la rive gauche allemande du Rhin. Au Congrès
de Vienne (octobre 1811 à juin 1815),
les ennemis de l'Empire se partagèrent ses dépouilles et
celles de ses alliés. L'ambassadeur de Louis XVIII, Talleyrand,
y représenta la France avec éclat, et parvint même
à rompre momentanément l'accord qui régnait entre
les coalisés, en signant avec les ambassadeurs de l'Autriche
et de l'Angleterre un traité
destiné à modérer l'ambition de la Prusse
et de la Russie. Mais cet accord se rétablit
à la nouvelle du débarquement de Napoléon en Provence.
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