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Bourges, Avaricum, puis Bituriges, est une ville de France, ancienne capitale du Berry, chef-lieu du département du Cher, à 220 kilomètres au Sud de Paris; 70200 habitants. La ville, dont l'altitude varie de 130 à 160 m, s'étend sur les deux versants d'un coteau et sur le plateau intermédiaire; elle est arrosée par l'Yèvre (affluent de droite du Cher) et par son affluent l'Auron; d'autres ruisseaux, le Langis, le Moulon transforment souvent en marais les prairies qu'ils traversent. L'ancienne enceinte fortifiée, convertie en promenades, a un développement de 4 km. Beaucoup de maisons sont entre cour et jardin, les rues sont larges et les places spacieuses (place Séraucourt, jardin de l'évêché, marché aux fleurs de la place Saint-Pierre, pré Fichau, place Villeneuve, boulevards). Monuments.
La cathédrale Saint-Etienne. La cathédrale de Bourges. Ci-dessous : la nef et la façade principale.
La cathédrale de Bourges n'est pas bâtie en croix, comme la plupart des monuments de ce genre; son plan est celui de la basilique, terminée par une abside semi-circulaire; elle offre cinq nefs, sans transept. Sa longueur est de 116 m, et sa largeur de 41 m. La nef principale a 37,50 m de hauteur sous clef de voûte; la largeur, d'une colonne à l'autre, est de 12,66 m; les premiers bas côtés ne sont élevés que de 21,60 m, et les seconds, de 10 m. Chacune des 5 nefs a des combles, des voûtes et des fenêtres qui lui sont propres. Tout l'édifice repose sur 60 piliers, largement espacés, formés d'un faisceau de colonnettes, et dont la hauteur, de la base au chapiteau, est de 18 m; ils sont distribués de façon qu'il y a alternativement un pilier plus volumineux et un autre d'un diamètre moins considérable. Ce qu'on peut reprocher à la cathédrale de Bourges, c'est que les piles de la nef principale sont démesurément longues, les fenêtres courtes, les galeries de triforium écrasées, et le premier collatéral hors de proportion avec le second. La façade méridionale de la cathédrale de Bourges. L'extérieur de la cathédrale de Bourges ne répond pas complètement à l'intérieur; il est d'une extrême simplicité. Les murs sont lisses et sans ornements, et les piliers butants sont surmontés d'obélisques tardivement construits. Une galerie, bordée d'une balustrade à jour, règne autour du grand comble. La façade principale, du côté de l'Ouest, présente de nombreux défauts d'unité : c'est une masse de 55 m de largeur, précédée d'un large perron de 12 marches, et percée de cinq portails qui correspondent aux cinq nefs. Les niches latérales de ces portails étaient décorées de statues, que les calvinistes brisèrent en 1562; les bas-reliefs des tympans représentent le Jugement dernier, l'Assomption de la Vierge, le martyre de Saint Étienne, la mission de Saint Ursin dans le Berry, et le baptême de Léocade, gouverneur romain des Gaules, par Saint Ursin. Malgré de nombreuses dévastations, on compte actuellement 1680 figures sculptées. La rosace, qui a 9 m de diamètre, est d'une délicatesse admirable. Cette façade est surmontée de deux tours inégales : celle de gauche, qui est la plus élevée, atteint 73 m; elle a été commencée en 1523, pour en remplacer une autre qui s'était écroulée en 1506; on la nomme la Tour neuve, ou la Tour de beurre, parce qu'elle fut bâtie en partie avec le produit des sommes payées par les fidèles pour obtenir la permission d'user de beurre et de lait en carême; une grosse horloge à timbre la surmonte. L'autre tour, dite Vieille tour ou Tour sourde, n'a que 53 m de hauteur. Les deux portails latéraux donnent un spécimen aussi rare que curieux de la sculpture du XIe siècle; les statues, assez bien conservées, que l'on a enchâssées dans la construction comme souvenir de l'édifice antérieur, sont toutefois d'une exécution moins remarquable que celles de la cathédrale de Chartres. Au-dessus de la porte du sud, on voit Jésus entouré des quatre animaux qui sont le symbole des Évangélistes, et, près de là, une porte du XVIe siècle, élégamment ornée, conduit dans l'une des dépendances de l'église.
Le palais Jacques Coeur. Sur la même ligne, au-dessus de la porte d'entrée, est un dais en saillie formant niche, et sous lequel il y avait originairement une statue équestre de Charles VII; la statue de Jacques Coeur, placée sous un baldaquin soutenu par des colonnes, correspondait, sur la cour intérieure, à celle du monarque. Deux fenêtres de la rue sont entrouvertes, et leurs balcons supportent un serviteur et une chambrière, regardant si le maître de la maison n'arrive pas, ce qui était une allusion à l'espoir qu'on avait de voir Jacques Coeur revenir de l'exil. Le palais Jacques Coeur, à Bourges.
La devise : A coeur vaillant rien impossible, est découpée en caractères gothiques dans la balustrade d'un balcon qui règne au bas d'une tourelle attenant au pavillon du milieu. La porte d'entrée est de forme ogivale; la décoration primitive des vantaux a été conservée avec soin, ainsi que les ferrures. La cour intérieure est de forme oblongue : les faces du bâtiment y sont flanquées de tourelles octogonales, qui présentent une suite de personnages occupés à divers travaux. Au-dessus de toutes les portes, on remarque des bas-reliefs relatifs à la destination des pièces auxquelles elles donnent accès. Un grand escalier conduit à la chapelle, placée au-dessus de l'entrée principale, et dont la voûte est décorée d'anges vêtus de blanc sur un fond d'azur; partout il y a des sculptures gothiques du fini le plus précieux. L'orsqu'on a voulu transformé cette demeure en Hôtel de Ville, on a coupé cette chapelle dans sa hauteur par un mur de refend. Dans l'un des corridors, on remarque une grande cheminée, enrichie d'ornements sculptés. Les fenêtres des greniers sont garnies de vitraux peints, en partie brisés. Les murs de l'édifice, sur le côté opposé à la façade, sont flanqués de deux grosses tours crénelées, dont l'une, plus élevée que l'autre, est percée de plusieurs fenêtres à sa partie supérieure. Façade occidentale du palais Jacques Coeur. Histoire.
Bourges devint la métropole de l'Aquitaine première. Son église fut fondée en 251 par saint Ursin. Au IXe siècle, ses évêques devaient prendre le titre de primats d'Aquitaine, mais ce n'était là qu'un souvenir romain. En 478, Bourges fut prise par les Wisigoths; en 507, la victoire de Clovis sur Alaric Il, à Vouillé, la rattacha au royaume des Francs. Puis elle suivit les destinées du royaume d'Orléans. En 763, Pepin la reprend au duc des Aquitains, Waifre; en 767, il y prépare sa dernière et victorieuse expédition d'Aquitaine. Occupée par les Vikings en 878, elle forme un comté héréditaire, devenu simple vicomté en 927. Les Capétiens y relèvent l'autorité épiscopale; Gosselin, fils de Hugues Capet, fut évêque de Bourges. La ville fut enfin réunie au domaine royal en 1101 avec tout le Berry dont elle était et dont elle resta la capitale. Au XVe siècle, Bourges est un des centres de la défense nationale contre les Anglais et les Bourguignons. Jean sans Peur échoue devant ses murs (1412). Le dauphin Charles y établit sa cour et son parlement. Lorsque le "petit roi de Bourges", grâce à Jeanne d'Arc, fut devenu Charles VII, c'est à Bourges qu'il donna, dans une assemblée du clergé, la pragmatique sanction de 1438 (La Guerre de Cent Ans). Louis XI, son fils, y naquit et ne l'oublia point. Il fonda l'Université (1463), confirma l'ordonnance de son père qui anoblissait les magistrats municipaux a leur sortie de charge. Les faveurs royales, le séjour de Jacques Coeur avaient enrichi Bourges, lorsque le terrible incendie de 1487 lui fit perdre pour longtemps sa prospérité, au moment même où Lyon et Orléans s'accroissaient de jour en jour.
Toutefois, il lui resta son Université qu'illustrèrent les maîtres du droit, Alciat, Rebufi, Cujas et un élève encore plus célèbre, Calvin. Si Calvin recruta dans le Sancerrois de solides adhérents, Bourges, où dominaient les sentiments catholiques et royalistes, repoussa la Réforme avec constance. Prise et saccagée par les bandes protestantes de Montgomery (1562), délivrée la même année par les troupes royales, elle ne fut que trop fidèle au mot d'ordre de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572 et surtout le 10 septembre. La Ligue y resta toute puissante jusqu'en 1594, année où Henri IV l'acheta pour près d'un million à son gouverneur La Châtre. Elle fut encore prise par les protestants en 1615 et reprise au nom de Louis XIII, en 1616, par le maréchal de Montigny.
Les armes de Bourges sont : d'azur à trois moutons passants d'argent, à la bordure engrôlée de gueules; au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or. Outre Jacques Coeur et Louis XI, Bourges a vu naître, entre autres, l'imprimeur Geoffroy Tory , les poètes Barthélemy Aneau et Emile Deschamps, le physicien Sigaud de Lafond, le géologue Albert de Lapparent, les deux Bourdaloue et les pères Joseph d'Orléans et Philippe Labbe. (B. / GE). Maisons ancienne de la rue des Arènes. © Photos : Serge. Jodra, 2009. |
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