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La chevalerie

La chevalerie a été une institution qui s'est développée au Moyen âge dans toute l'Europe parallèment à la féodalité avec laquelle elle a des liens nombreux, si nombreux que plusieurs auteurs ont prétendu que les deux institutions n'en faisaient en réalité qu'une seule. Les origines de la chevalerie sont complexes et certainement très lointaines. C'est avec raison, selon nous, qu'on a rappelé, à propos de l'entrée dans la chevalerie, l'ancienne centaine germanique, signalée par Tacite (Germanie, XIII), de la remise solennelle des armes au jeune Germain, à l'âge où il peut devenir un guerrier. Il semble certain, bien que les textes soient rares, que cet usage s'est perpétué jusqu'après l'époque des invasions, et qu'il persistait encore, en Gaule notamment, dans l'armée mérovingienne et jusque sous Charlemagne, alors que tout homme libre devait le service militaire et était astreint, lorsqu'il avait dépassé sa douzième année, a prêter au souverain un serment de fidélité dont les termes impliquaient la promesse de répondre à tout appel aux armes. 

Les chroniqueurs racontent la cérémonie dans laquelle Charlemagne ceignit solennellement l'épée à son fils Louis, âgé de treize ans (791) et celle où celui-ci, devenu empereur à son tour, remit en 838, les « armes viriles » à son fils Charles parvenu à l'âge de seize ans. Mais ce qui a dû contribuer plus que toute autre chose à la formation, au développement et à l'organisation de la chevalerie, n'est la transformation profonde que paraît avoir subie l'organisation militaire vers le milieu du VIIIe siècle. Jusqu'alors l'infanterie avait été la force principale des armées germaniques, les cavaliers ne s'y rencontraient qu'à l'état d'exception; depuis lors la cavalerie prend un rôle prépondérant qu'elle gardera jusqu'à la fin du Moyen âge; elle devient I'arme principale sinon l'arme unique de l'armée. 

Dans la langue de l'époque, le mot latin' miles continue à désigner le guerrier à cheval, mais en français on l'a toujours appelé chevalier : au moment où naît la langue française, le noble ne sert plus qu'à cheval; la chevalerie a déjà un commencement d'organisation. Pendant la première période de la féodalité, le chevalier est donc le cavalier, en âge de porter les armes et assez riche pour s'équiper à ses frais, ce qui implique qu'il appartenait à la noblesse héréditaire ou qu'il avait reçu un de ces bénéfices militaires devenus des fiefs. Les éperons sont l'attribut essentiel du chevalier. Dans l'ancien droit scandinave, qu'il est à propos de rapprocher ici des usages féodaux, quiconque pouvait entrer dans la caste des privilégiés pourvu qu'il art un cheval valant au moins quarante marcs, une armure complète et qu'il justifiât d'une fortune suffisante pour satisfaire à cette charge. 

En France même la chevalerie n'a jamais constitué une caste absolument fermée. Sans doute, l'aptitude personnelle à être chevalier était caractéristique de la noblesse, cependant, en principe, tout chevalier pouvait créer un chevalier; dans certains pays, dans le midi de la France particulièrement, on passait assez facilement de la roture à la chevalerie, et les exemples de vilains armés chevaliers sont assez nombreux dans l'histoire. Plus tard, au XIIIe siècle, les rois de France prétendirent défendre à leurs vassaux, et même aux grands feudataires de conférer la chevalerie à des non nobles, mais ils n'y réussirent jamais complètement. Par contre il était d'usage que tous les nobles devinssent chevaliers; des ordonnances royales du XIIIe siècle convertirent même cet usage en loi positive et lui donnèrent une sanction en punissant d'amende les écuyers nobles qui n'avaient pas reçu la chevalerie à vingt-quatre ans accomplis.

Le développement de la féodalité au cours du XIe siècle, et particulièrement l'ensemble des relations féodales contribuèrent à fixer, à régulariser et à organiser l'institution de la chevalerie. Elle constitua pendant toute cette période la cavalerie féodale et les devoirs des chevaliers furent précisément ceux qui résultaient de leur situation de vassaux ou de suzerains, auxquels s'ajouta ce sentiment particulier de l'honneur que l'on appela par la suite précisément l'honneur chevaleresque. La bravoure, la fidélité, la loyauté, furent alors les qualités essentielles du chevalier.

Les croisades, où se rencontrèrent et se mêlèrent les armées féodales de toute la chrétienté, y ajoutèrent bientôt des caractères nouveaux. Par elles, la chevalerie devint en même temps plus chrétienne et plus universelle; ce fut comme une vaste affiliation de tous les gentilshommes de la chrétienté, ayant ses règles et ses rites. Aux anciennes obligations d'être fidèle à son seigneur et de le défendre contre ses ennemis s'en sont ajoutées de nouvelles qui ont pris bientôt le premier rang : défendre la chrétienté, protéger l'église, combattre les infidèles. C'est cette chevalerie que nous font connaître la plupart des chansons de geste. Sous le nom de Charlemagne, de Roland, de Renaud et de tous les héros de l'époque carolingienne, c'est la société chevaleresque du XIIe siècle qu'elles nous montrent avec une exactitude et une fidélité que confirment toutes les sources historiques.

A cette époque, tout fils de gentilhomme se prépare dès l'enfance à devenir chevalier. A sept ans, au sortir des mains des femmes, il est envoyé à la cour d'un baron, souvent du suzerain de son père et parfois du roi, où il est damoiseau (domicellus) ou valet (vassaletus). Il remplit en cette qualité des fonctions domestiques, ennoblies par le rang des personnages qu'il sert, et en même temps reçoit l'instruction et l'éducation que comporte sa naissance. Plus tard, il devient écuyer (armiger) et à ce titre est attaché au service personnel d'un chevalier, qu'il accompagne à la chasse, dans les tournois, à la guerre. Il complète ainsi son éducation militaire jusqu'à ce qu'il soit en âge d'être fait chevalier. 

L'âge de la chevalerie a beaucoup varié. Il y a des exemples d'enfants armés chevaliers à dix ou onze ans; on se rappelle qu'à douze ans, sous les Carolingiens, on prêtait au souverain le serment de fidélité. Très fréquemment c'est à quinze ans qu'un entrait dans la chevalerie; c'était l'âge de la majorité chez les Germains, et pendant tout le Moyen âge, n'est lorsque son fils aîné atteignait l'âge de quinze ans que le seigneur pouvait requérir l'aide de chevalerie. Toutefois, il y eut tendance à reculer jusqu'à vingt et un ans, c.-à-d. jusqu'à l'époque de la majorité, l'âge de l'entrée dans la chevalerie.

Le plus souvent la date de la cérémonie, de l'adoubement (c'est le terme technique) était choisie et fixée d'avance; elle coïncidait d'ordinaire avec une grande fête de l'église; mais souvent aussi on créait des chevaliers à l'improviste, sur le champ de bataille, après des actions d'éclat, ou même avant la bataille, au moment d'engager l'action. On se souvient des 467 écuyers français armes chevaliers avant la bataille de Rosebecque et des 500 chevaliers armés avant la défaite d'Azincourt.

Au commencement et jusqu'au milieu du XIIe siècle, la cérémonie est encore très souple : elle consiste essentiellement dans la remise des armes au jeune écuyer, par un chevalier. On s'adressait pour cela à un puissant baron, à son suzerain, au roi; souvent le père tenait à adouber lui-même son fils; les Espagnols s'armaient eux-mêmes. La scène se passait le plus souvent sur le perron du château, en présence de la foule assemblée. Le parrain ou les parrains, car souvent on en requérait plusieurs, revêtaient le candidat du haubert et du heaume, lui ceignaient l'épée, lui chaussaient les éperons dorés, après quoi l'un d'eux lui donnait la colée; il faut entendre par là un formidable coup de la paume de la main asséné sur la nuque. Quand les moeurs s'adoucirent on la remplaça par l'accolade, un simple attouchement, quelques coups du plat de l'épée ou même un baiser. En quoi faisant on adressait au nouveau chevalier quelques paroles très brèves, souvent ces deux mots seuls : « Sois preux. » Le cheval était tenu en main au bas du perron; aussitôt armé, le chevalier devait l'enfourcher sans s'aider de l'étrier et courir un eslai, c.-à-d. faire un temps de galop. Après quoi il lui restait encore à courir une quintaine. On appelait ainsi une sorte de jeu ou plutôt d'épreuve qui consistait à s'escrimer à cheval contre une espèce de mannequin armé d'un haubert ou d'un heaume.

Ainsi qu'on le voit, le rituel de l'adoubement était, au début, tort militaire et très simple. Il se compliqua plus tard. Il s'y ajouta d'abord des cérémonies religieuses, telles que la veillée des armes dans l'église, la bénédiction de l'épée, une messe solennelle; peu à peu, la cérémonie devint de plus en plus ecclésiastique : l'ancien adoubement se transforma en une espèce de sacrement administré par l'évêque; ce fut l'évêque qui fit les chevaliers, leur ceigait l'épée, leur donna l'accolade et leur adressa un sermon sur leurs devoirs. Sous le titre de Benedictio novi militia, d'anciens pontificaux nous ont conservé tout le rituel, toute la liturgie de ces cérémonies. Plus tard encore, il s'y ajouta tout un développement symbolique et mystique très compliqué et très raffiné, des jeûnes, des veillées, des confessions et des communions préparatoires, le bain symbolique au sortir duquel le néophyte était revêtu de vêtements de couleurs allégoriques; la remise des armes fut précédée d'un dialogue en forme entre le célébrant et le postulant : 

« Quel est votre dessein en entrant dans l'Ordre?  - N'aspirez-vous qu'à l'honneur de la foi et de la chevalerie ? etc. » 
C'est le rituel du XVe siècle, celui qu'ont seul connu pendant longtemps les historiens de la chevalerie.

Dès la fin du XIIe siècle, en effet, sous l'influence du développement de la civilisation, sous l'influence aussi des romans de la Table ronde, l'idéal chevaleresque s'était peu à peu sensiblement modifié. A l'ancienne cavalerie féodale, encore barbare et violente se substituait peu à peu une chevalerie galante et amollie où les belles manières remplaçaient les brutalités héroïques, ou la témérité, l'imprudence et parfois l'extravagance tenaient lieu du courage véritable. 

C'est la chevalerie d'aventures, mise en honneur par ces romans si répandus depuis le XIIIe siècle, dont l'Orlando de l'Arioste et plus tard le Don Quichotte sont de merveilleuses et cruelles parodies. Au lieu des récits épiques des vieilles chansons de geste, ces romans nous montrent toujours quelque beau chevalier partant, à travers des pays merveilleux, à la recherche des aventures, faisant des voeux extravagants, mettant son point d'honneur à tenir des serments futiles, allant de tournois en tournois, portant aux plus hardis des défis insolents, vainqueur des plus braves grâce à de merveilleux talismans, arrêté par des enchantements, délivré par quelque belle princesse pour l'amour de laquelle il fait de nouveaux vieux, retourne à de nouvelles aventures et à de nouveaux combats. C'est le chevalier errant, selon l'idéal du poète Eustache Deschamps, celui dont les principaux devoirs sont de :

Poursuivre faits de chevalerie,
Guerre loiale, estre grand voyagier,
Tournois suivre et jouter pour s'amie,
Ainsi se doit chevalier gouverner. Les tournois qui, pendant la première période, avaient été l'image de la guerre et une rude préparation au métier des armes, devinrent la principale occupation des chevaliers; mais loin de préparer à la guerre, ces fêtes brillantes et fastueuses, qui en différaient de plus en plus, en écartèrent plutôt la noblesse dont elles devinrent l'occupation principale et qu'elles contribuèrent à ruiner. 

Le luxe inouï qu'on déploya dans ces têtes, les prodigalités auxquelles elles conduisirent eurent même cette conséquence singulière d'introduire dans la guerre des idées de profit et de lucre : les chevaliers en vinrent à combattre pour faire des prisonniers et leur demander ensuite de grosses rançons. Telle était la chevalerie, aussi imprudente et malhabile que brillante, qui fut pendant la guerre de Cent ans la cause de tous les revers de la France. 

Le XIIe siècle avait marqué l'apogée de l'institution, les symptômes de décadence s'étaient manifestés au cours du XIIIe siècle, le XIVe et le XVe siècle marquent le terme de la décadence et de la décrépitude. Il y eut bien au XVIe siècle, sous la personnification de Bayard le chevalier sans peur et sans reproche, une tentative de renaissance chevaleresque, mais ce ne fut qu'une apparence; les destinées de la chevalerie étaient dès lors accomplies et les formes qui persistèrent quelque temps encore n'en furent plus que de vaines survivances.

Bientôt même, le terme de chevalier perdit la signification qu'il avait eue au Moyen âge. Le chevalier et l'écuyer prirent leur rang dans la hiérarchie nobiliaire. Les gentilshommes, qui n'avaient pas de titres particuliers de noblesse tels que ceux de comte ou de marquis, s'intitulèrent écuyers ou chevaliers. Les jurisconsultes discutèrent bientôt la question de savoir si la chevalerie était héréditaire, et les décisions contradictoires rendues à ce sujet témoignent que toute notion de ce qu'avait été l'institution primitive avait disparu au XVIIe siècle.

Dès le XIIe siècle s'étaient fondés dans le sein de la chevalerie des Ordres qui, tout en conservant un caractère militaire, rapprochaient leurs affiliés de la condition religieuse et leur imposaient une observance, des règles et des devoirs particuliers. Tels furent, par exemple, les Templiers et les Hospitaliers. Au XIVe siècle, on essaya d'employer ce moyen pour arrêter la dissolution dès lors inévitable. C'est ainsi que Philippe de Mézières fonda, par exemple, les Chevaliers de la Passion du Christ. Mais ces règles mêmes empruntèrent naturellement leurs prescriptions aux idées qu'on avait alors sur la chevalerie et ne firent qu'en accélérer la décadence. 

Les souverains fondèrent par la suite de nombreux ordres de chevalerie, mais en vue de conférer des distinctions honorifiques qui devinrent avec le temps de simples décorations. Tels furent en France l'ordre de Saint-Michel, fondé par Louis XI; celui du Saint-Esprit, fondé par Henri Ill; celui de Saint-Louis, fondé par Louis XIV. Les ordres de chevalerie furent supprimés par l'Assemblée nationale le 30 juillet 1791.

On a dit plus haut que la chevalerie n'avait jamais été une caste complètement fermée et que les rois, s'ils prétendirent empêcher leurs vassaux de conférer la chevalerie à des roturiers, retinrent pour eux-mêmes l'exercice de ce droit. Ils en usèrent surtout, à partir de la fin du XIIIe siècle, en faveur des jurisconsultes, des légistes qu'ils firent siéger dans leurs conseils et qu'on appela des Chevaliers ès-lois par opposition aux Chevaliers de nom et d'armes. Ce titre de chevalier ès-lois fut plus tard accordé à peu près exclusivement aux chanceliers et aux premiers présidents du parlement de Paris. Louis XIV, en 1691, créa un office de conseiller du roi, Chevalier d'honneur, en chacun des sièges présidiaux du royaume pour y prendre séance en habit ordinaire et épée au côté. 

Pareille création fut faite, en janvier 1695, au conseil supérieur d'Alsace, à Brisach. Deux nouveaux offices semblables furent créés, en 1702, au grand conseil, à la cour des monnaies, dans chacune des cours de parlement, des chambres des comptes et des cours des aides du royaume, et une déclaration du 8 décembre 1703 autorisa les roturiers à acheter ces offices. Lorsque Napoléon ler voulut créer une noblesse de l'Empire, il attribua le titre de chevalier aux membres de la Légion d'honneur qui obtiendraient de 4000 F au moins de revenu et obtiendraient des lettres de chancellerie. Il attribua plus tard le même titre honorifique aux membres de l'ordre de la Réunion (1813). En même temps, il s'était réservé le droit de créer des chevaliers (décret du 3 mars 1810). Le titre de chevalier devait être confirmé trois fois dans les trois premières générations avant d'être héréditairement transmissible. (A. Giry).
 



En librairie - Jean Flori, Chevaliers et chevalerie au Moyen âge, Hachette, 2004. -La chevalerie, c'est d'abord celle des chevaliers du roi Arthur, ces nobles héros aux armures étincelantes, brandissant des bannières aux couleurs chatoyantes pour se jeter, la lance ou l'épée au poing, au secours de l'affligé, de la veuve et de l'orphelin.

La réalité est plus complexe et l'évolution plus chaotique. La notion de "chevalerie" est ambiguë. Son acception latine, la militia, désigne la force armée au service de l'État. Au Moyen âge cette force publique s'est privatisée et ses caractères aristocratiques et militaires se sont accrus.

C'est le renforcement de la cavalerie lourde qui lui donne son impulsion entre les IX et XIe siècle. Mais il faut attendre le XIIe siècle pour que la chevalerie s'affirme, avec la généralisation  de la charge à la lance couchée. Elle se donne alors un code déontologique, fondé sur l'honneur, qui va "humaniser" quelque peu les "lois de la guerre". 

Dans le même temps, l'Église tente de lui assigner une mission et une éthique conformes à sa cause. Ainsi s'ébauchent, du XIe au XIIIe siècle, les traits essentiels d'une chevalerie qui se mue peu à peu en confrérie d'élite de la noblesse (couv).

Dominique Barthélémy, La Chevalerie, de la Germanie antique à la France du XIIe siècle, Fayard, 2007.- Depuis que cette institution a disparu, les historiens peinent à définir et à décrire ce qu'est un chevalier au cours du Moyen Age «classique». Est-ce un guerrier assez riche pour s'offrir une monture, est-ce un seigneur qui non content de posséder la terre, s'arroge la force de coercition, est-ce l'homme délicat et raffiné défendant la veuve et l'orphelin, que l'Eglise a fabriqué? Sommes-nous dans le mythe ou l'histoire sociale, la littérature ou la violence politique? Après des dizaines d'années de controverses et de polémiques entre historiens et sur fond d'idées reçues proposées par les médias de toute sorte, Dominique Barthélemy met de l'ordre dans un dossier confus qui toute à l'histoire sociale (la noblesse...), à l'histoire politique, à l'histoire religieuse et à celle des mentalités. (couv.).

Mohamed Bashir, David Geoffrey Alexander, L'Art des chevaliers en pays d'Islam, Skira, 2007. - Dans la langue arabe, le terme furusiyya désigne l'ensemble des savoirs équestres, théoriques et pratiques, militaires ou d'adresse, auxquels se greffent des valeurs morales. Constituée à partir d'un noyau de quelques armes blanches, la collection comprend aujourd'hui des armures, des harnachements, des équipements de cavaliers ainsi que des armes d'apparat façonnées pour des princes et de hauts dignitaires. 

Cet ensemble révèle à la fois la maîtrise des techniques, notamment métallurgiques, et le génie décoratif propre à la civilisation arabo-musulmane. Les vicissitudes de l'Histoire - les croisades, la Reconquista en Espagne dès le XIe siècle, le siège de Vienne par les Ottomans en 1683, la campagne d'Egypte de Bonaparte en 1798 - et les saisies de butins qui ont suivi, mais aussi les échanges de cadeaux diplomatiques font que nombre de chefs-d'oeuvre des armes et armures islamiques sont aujourd'hui conservés dans les musées (Istanbul, Vienne, Moscou, Saint-Pétersbourg, Londres, Paris...) après avoir fait partie des collections des souverains tant en Orient qu'en Occident. 

Dès sa genèse, l'ambition de la collection de la Furusiyya Art Foundation a été d'acquérir en priorité des pièces anciennes, c'est-à-dire antérieures au XVIe siècle. A l'époque un tel matériel était quasiment inconnu sur le marché de l'art et ne faisait l'objet que de rares mentions dans les revues et les livres spécialisés. Cela a nécessité une recherche de tous les instants, des études pour identifier les pièces rencontrées et, aussi, beaucoup de chance. 

La collection couvre aujourd'hui dix siècles (VIIIe - XVIIIe siècle) de production dans ce domaine. Quant aux pièces les plus récentes de la collection (XVIIe - XVIIIe siècles), elles gardent la mémoire des modèles antérieurs et témoignent encore de l'esprit de la chevalerie après que se soit répandu l'usage des armes à feu; elles se distinguent aussi par leur ornementation raffinée et le recours à des matériaux précieux.

Le but de ce volume, outre de faire découvrir au lecteur un domaine peu connu, est également de susciter l'intérêt de collectionneurs potentiels et de faire prendre conscience de la place occupée par les armes, les armures et l'équipage du chevalier dans la production générale des arts de l'Islam. (couv).

 

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