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Les ducs d'Orléans

Louis Ier, duc d' Orléans, deuxième fils du roi Charles V, et souche de la première maison d'Orléans, épousa en 1389 Valentine Visconti , qui lui aporta en dot le comté d'Asti, et dont les droits sur le Milanais, après la mort de ses deux frères, furent réclamés par Louis XII, son petit-fils. C'était un prince de moeurs dissolues. Pendant la démence de son frère Charles VI, il disputa le gouvernement du royaume à Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, qui le fit assassiner à Paris en 1407. La rivalité des Bourguignons et des Armagnacs, nom que prit le parti de la maison d'Orléans, désola la France pendant 30 ans.
Charles, comte d'Angoulême, et duc d'Orléans, fils du précédent, né en 1591, s'unit avec son beau-père Bernard, comte d'Armagnac, pour tirer vengeance de la mort de son père, assassiné par le duc de Bourgogne. ll tomba à la bataille d'Azincourt, en 1415, entre les mains des Anglais, qui le gardèrent prisonnier pendant 25 ans. La poésie charma les ennuis de sa captivité, et il continua de la cultiver après son retour en France. Il fut père du roi Louis XII, et mourut en 1465.
J.-B.-Gaston, duc d'Orléans, troisième fils de Henri IV, roi de France, né en 1608, eut une jeunesse dissipée. Il participa aux troubles qui agitèrent le règne de son frère Louis XIII, et aux intrigues tramées contre Richelieu. Il fut quatre fois forcé de sortir du royaume, et y rentra chaque fois les armes à la main. Il abandonna toujours ses partisans après les avoir entraînés à la révolte. Sous la minorité de Louis XIV, il se signala par la prise de Gravelines en 1644 et de Courtray en 1646; mais il se rendit ridicule par sa conduite versatile pendant la Fronde.
"C'était, dit le cardinal de Retz, l'homme du monde qui aimait le plus le commencement des affaires, et qui en craignait le plus la fin. "
Il n'eut que des filles de ses deux mariages, avec Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier, et Marguerite de Lorraine. Il mourut en 1660.
Antoinette d'Orléans, fille de Louis d'Orléans, duc de Longueville, et de Marie de Bourbon, naquit vers l'an 1571. Mariée à Charles de Gondi, marquis de Belle-Ile, elle devint veuve en 1596, et renonça au monde, dont elle avait toujours dédaigné les vanités, quoiqu'elle fût une des plus belles personnes de son siècle, pour entrer, en 1599, dans l'ordre austère des feuillantines. Par les conseils du P. Joseph du Tremblay, elle passa de cet ordre dans celui de Fontevrault, pour le réformer en qualité de coadjutrice de l'abbesse. Elle jeta à Poitiers, en 1617, les fondements de l'ordre des Filles de Notre-Dame du Calvaire, et mourut en 1618.
Philippe, duc d'Orléans, chef de la maison d'Orléans, naquit en 1610. Il était le second fils de Louis XIII. Il porta le premier le titre de Monsieur. Quoiqu'il eût pris des habitudes et des goûts frivoles dans l'éducation qu'il reçut, il fit preuve de courage militaire dans plusieurs campagnes, et surtout à la bataille de Cassel qu'il gagna en 1677. Héritier des apanages de son oncle Gaston, duc d'Orléans, il fut aussi le légataire universel de Mademoiselle, duchesse de Montpensier, et mourut en 1701 en possession d'une immense fortune, après avoir été marié deux fois. Sa seconde femme, Chartotte-Elisabeth de Bavière, fille de l'électeur palatin Charles-Louis, avait, a dit Saint-Simon, "la figure d'un Suisse", mais c'était une princesse remarquable par ses sentiments élevés, que son mari, qui avait des moeurs dépravées, eut le tort de dédaigner. A. Rolland a publié, en 1863, les Lettres nouvelles et inédites de la Princesse palatine.
Philippe, duc d'Orléans, fils du précédent, connu sous le nom de Régent, naquit en 1674. Il unissait à une grande aptitude pour les sciences et les lettres, et aux charmes de l'esprit et du corps, le goût effréné des plaisirs. Il eut dans Dubois un précepteur qui ne contraria pas ses penchants. Il se signala par sa valeur au siège de Mons en 1691, à Steinkerque en 1692, et à Nerwinde en 1693. Il commanda en 1706 l'armée d'Italie, et fut blessé au siège de Turin.
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Il passa en Espagne en 1707 et prit Lérida. Mais des intrigues qu'il ourdit, dans le but de se substituer à Philippe V sur le trône d'Espagne, le rendirent suspect à Louis XIV, et il dut à l'intervention du duc de Bourgogne de n'être pas mis en jugement pour crime de haute trahison. Lorsque le Dauphin, le duc et la duchesse de Bourgogne et le duc de Bretagne, leur fils aîné, moururent en 1711 et 1712, Louis XIV, qui l'appelait un fanfaron de crimes, fut le premier à repousser les soupçons d'empoisonnement soulevés contre lui par la rumeur publique. 

Institué par le testament de Louis XIV chef du conseil de régence, il fit casser ce testament par le Parlement, et se fit déclarer régent. Il réprima les prétentions des princes légitimés et du Parlement, et déjoua la conspiration tramée par Cellamare, ambassadeur d'Espagne, et la duchesse du Maine, pour transférer la régence à Philippe V. 

Il conclut en 1717 le traité de la triple alliance, et en 1718 celui de la quadruple alliance. Il confia la direction des affaires à Dubois, et, par sa liberté de moeurs, montra beaucoup de distance vis à vis de la religion; il favorisa en même temps l'agiotage par l'adoption du désastreux système de Law

L'époque de sa régence, de 1715 à 1723 fut l'école de corruption où le XVIIIe siècle se forma. II demeura maître du gouvernement à la majorité du roi, et il avait remplacé Dubois comme premier ministre lorsqu'il mourut en 1723. Sa mère, la Princesse palatine, dit de lui dans une de ses lettres : 

"Je ne comprends pas comment mon fils ne sent pas en lui le sang dont il est né, et le plaisir qu'il peut prendre à l'abaisser lui-même, car il n'est pas sot; mais, quand on n'examine que ses actions, on croirait qu'il n'a pas le sens commun. »
Louis, duc d'Orléans, fils du précédent, né en 1703, épousa en 1724 une princesse de Bade. Devenu veuf après deux années de mariage, il se retira à l'abbaye de Sainte-Geneviève, et y mourut en 1752. Il savait l'hébreu, et il a laissé quelques ouvrages manuscrits. Sa piété avait une teinte de jansénisme.
Louis-Philippe, duc d'Orléans, fils du précédent, né en 1725, assista aux batailles de Dettingen, Fontenoy, Rocoux et Lawfeld; et fut fait lieutenant général et gouverneur du Dauphiné. Resté veuf en 1759 de L.-Henriette de Bourbon-Conti, il mena une vie frivole dans sa maison de campagne de Bagnolet. Il s'unit en 1773, par un mariage secret, à C. J. Béraud de la Haie de Riou, veuve du marquis de Montesson, femme d'esprit, morte en 1806, et auteur de 8 vol. in-8° d'Oeuvres anonymes, publiées en 1782. Le quatrième duc d'Orléans mourut en 1785. 
Louis-Philippe-Joseph, duc d'Orléans, fils du précédent, né en 1747, avait hérité de son bisaïeul le Régent le goût immodéré des plaisirs. Sa conduite au combat naval d'Ouessant, en 1778, fut interprétée dans un sens contraire au témoignage qu'une lettre de Sartine, ministre de la marine, rendait de sa bravoure, et il fut éloigné du service de mer. Il aspirait à la charge de grand amiral, que possédait son beau-père, le duc de Penthièvre, et on a attribué sa haine contre Louis XVI au dépit que lui causa un refus. Mais il avait déjà fait preuve d'opposition à la royauté, en prenant parti pour le parlement supprimé en 1771. Il employa son immense fortune à se rendre populaire par la propagation des idées nouvelles qui fermentaient dans les têtes, interpella le roi avec arrogance dans l'assemblée des notables en 1787, et déserta un des premiers en 1789 les rangs de la noblesse pour se réunir au tiers état dans les états généraux. Instigateur et complice de certains des excès de la Révolution, il renia son nom, et y substitua, par acte authentique, pour lui et sa postérité, celui d'Egalité. Calomniateur de sa vertueuse mère, il alla jusqu'à prétendre qu'il n'était pas issu de la postérité du frère de Louis XIV. Il souleva enfin l'indignation générale de la Convention elle-même, au milieu de laquelle il siégeait, lorsqu'il vota la mort de Louis XVI. La Révolution, qui dévorait ses pères et ses enfants, l'envoya à l'échafaud en novembre 1793. Il y monta avec courage. 
Ferdinand-Ph.-L.-Ch.-H.-Joseph, dit d'Orléans, fils aîné du roi Louis-Philippe et de Marie-Amélie des Bourbon, de la branche des Deux-Siciles, naquit à Palerme en 1810. Il fit ses études comme externe au collège Henri IV à Paris, et porta le titre de duc de Chartres jusqu'en 1830. Il était colonel du 1er régiment  de hussards à l'époque de la révolution de Juillet de cette même année, et il s'empressa d'y adhérer à la tête de son régiment. Devenu prince, royal, lorsque son père s'empara de la couronne, il commanda l'avant-garde dans la campagne de Belgique en 1832.
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Ferdinand d'Orléans.
Statue équestre de Ferdinand d'Orléans, à Eu.© Photos : Serge Jodra, 2010 - 2011.

Ferdinand d'Orléans fit en Algérie la campagne de 1835 où il fut blessé, et celles de 1839 et de 1840, où il dirigea avec succès les expéditions qu'il commandait. Il organisa, à Saint-Omer, à son retour en France en 1840, les chasseurs de Vincennes, dits d'abord chasseurs d'Orléans. Il allait partir pour inspecter les troupes dans les départements, lorsqu'il périt en 1842 d'une chute de voiture, prés du château de Neuilly, sur le chemin de la Révolte, où ses chevaux s'étaient emportés. Marié en 1837 à la princesse protestante Hélène de Mecklemhourg-Schwérin, morte en 1858, il a laissé deux fils, le comte de Paris, né en 1858, et le duc de Chartres, né en 1840.

Marie d'Orléans, deuxième fille du roi Louis-Philippe, née à Palerme en 1813, épousa en 1837 le prince Alexandre de Wurtemberg, et mourut prématurément à Pise en 1839. Elle avait le goût des arts et fut l'élève d'Arp Scheffer. La statue de Jeanne d'Arc, au musée de Versailles, est un remarquable témoignage de son talent dans la sculpture.
P.-Joseph d'Orléans, né à Bourges en 1644, entra dans la Compagnie de Jésus, se voua à l'étude de l'histoire, et mourut en 1698. Ses principaux ouvrages sont : Histoire des révolutions d'Angleterre, 3 vol. in-4°, et Histoire des révolutions d'Espagne, achevée par les PP. Brumoy et Rouillé.
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Dictionnaire biographique
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