| Bertrand' Du Guesclin est un connétable de France, né en 1320, dans le château de la Motte-Broons, près de Dinan, d'une des plus anciennes familles de Bretagne. Il se fit remarquer dès son enfance par sa force, son habileté dans les exercices du corps et ses goûts belliqueux, et commença à signaler ensuite sa bravoure dans les guerres que se livraient Charles de Blois et Jean de Montfort pour l'héritage du duché de Bretagne: il soutenait les droits du premier. Il passa en 1361 au service de la France et célébra l'avènement de Charles V en battant à Cocherel l'armée du roi de Navarre, 1364, Après cette victoire, Bertrand Du Guesclin vola de nouveau au secours de Charles de Blois en Bretagne; mais, malgré tous ses efforts, son parti fut battu à Auray et lui-même tait prisonnier par Chandos, chef de l'armée, anglaise (septembre 1364) (La Guerre de Cent ans). Rendu à la liberté contre une rançon de 100 000 livres, il fut chargé par Charles V de délivrer le royaume des Grandes compagnies, amas de soldats indisciplinés qui ravageaient les provinces. Il les persuada d'aller combattre en Espagne, se mit à leur tête, et les conduisit défendre les droits de Henri de Trastamare qui disputait à Pierre le Cruel le trône de Castille. Il s'y couvrit de gloire, et déjà il avait anéanti le parti de Pierre le Cruel, lorsque celui-ci appela à son secours deux vaillants capitaines anglais, Chandos et le prince Noir. Bertrand Du Guesclin fut défait et pris après des prodiges de valeur à la bataille de Navarette, livrée contre son avis (1367). Racheté de nouveau, il vengea sa défaite par la victoire de Montiel, 1369, et rétablit Henri sur le trône. - Gisant de Bertrand Du Guesclin. (Basilique de Saint-Denis). © Photo : Serge Jodra, 2011. Nommé connétable en 1370, il chassa les Anglais de la Normandie, de la Guyenne, de la Saintonge et du Poitou. Charles V, ayant en 1378 confisqué la Bretagne sur Jean IV, les soldats bretons, jaloux de l'indépendance de leur patrie, désertèrent l'armée de Bertrand Du Guesclin, et le connétable fut soupçonné lui-même de trahison. Indigné d'un tel soupçon, il renvoya aussitôt au roi l'épée de connétable, et voulut passer en Espagne auprès de Henri de Trastamare; mais, apaisé bientôt par le roi, qui avait reconnu son erreur, il retourna dans le midi pour combattre encore les Anglais, et mit le siège devant Châteauneuf-de-Randon, en Auvergne : après plusieurs assauts terribles, la place promit de se rendre, si elle n'était secourue dans 15 jours. Le héros mourut dans cet intervalle, le 13 juillet 1380, et le gouverneur vint, la trêve expirée, déposer les clefs de la place sur son cercueil. Son corps fut déposé à Saint-Denis. - Ballade sur le trépas de Bertrand du Guesclin « Estoc d'oneur et arbres de vaillance, Cuer de lyon esprits de hardement, La tour des preux et la gloire de France, Victorieux et hardi combatant, Saige en voz fais et bien entreprenant, Souverain homme de guerre, Vainqueur de gens et conquereur de terre, Le plus vaillant qui onques fust en vie, Chascun pour vous doit noir vestir et querre Plourez, plourez, flour de chevalerie. O Bretaingne, ploure ton esperance, Normandie, fay son entierement, Guyenne aussi, et Auvergne or t'avence, Et Languedoc, quier lui son mouvement. Picardie, Champaigne et Occident Doivent pour plourer acquerre Tragédiens, Arethusa requerre Qui en eaue fut par plour convertie, Afin qu'a touz de sa mort les cuers serre; Plourez, plourez, flour de chevalerie. Hé! gens d'armes, aiez en remembrance Votre pere, dont vous estiez enfant; Le bon Bertran qui tant ot de puissance, Qui vous amoit si amoureusement, Guesclin est mort; priez devotement Qu'il puist paradis conquerre; Qui dueil n'en fait et qui ne prié il erre, Car du monde est la lumiere faillie De tout honeur estoit la droicte serre Plourez, plourez, flour de chevalerie. » (Eustache Deschamps). |
| En bibliothèque - La Vie de Bertrand Du Guesclin a été écrite souvent; nous citerons L'Histoire de Bertrand Du Guesclin, par Guyard de Berville, Paris, 1767, et la Chronique de Cuvellier, en vers, publiée par Charrière, 1845. | | |