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L'histoire de l'Angleterre
Grande-Bretagne, Royaume-Uni
Aperçu

L'Angleterre antique

L'Angleterre médiévale
Haut Moyen-âge : Anglo-saxons et Normands
XIIe - XVe siècles : les Plantagenêt

Le XVIe siècle : les Tudor, la Réforme

Le XVIIe siècle : les Stuart, premières colonies
Le XVIIIe siècle : la conquête de la mer
Le XIXe siècle : la Fédération britannique

Le Royaume-Uni depuis 1900


L'histoire de l'Ecosse
L'histoire de l'Irlande
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Les îles Britanniques, principalement composées de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, se divisent aujourd'hui en deux États, le Royaume-Uni et la République d'Irlande (Eire). Le Royaume-Uni est formé, en Grande-Bretagne, de l'Angleterre, du Pays de Galles et de l'Écosse, et en Irlande, de l'Ulster, ou Irlande du Nord. Quant à la République d'Irlande, elle occupe les quatre-cinquièmes restants de l'Irlande. L'Angleterre a dominé l'histoire politique des îles Britanniques. Elle a absorbé le pays de Galles en 1536 et s'est unie à l'Écosse en 1707

La Grande-Bretagne qui n'était jusqu'alors qu'une entité géographique est ainsi devenue aussi une entité politique, dans laquelle on comprenait également toutes les petites îles alentour (Orcades, Hébrides, Shetland, Man, Wight, etc.). La colonisation de l'Irlande par l'Angleterre avait, quant à elle, commencé dès le XIIe siècle, et le rattachement politique de l'île a été rendu effectif par un Acte d'Union, en 1800. On a alors utilisé le nom de Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande. A l'indépendance de l'Eire, en 1921, ce nom est devenu Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord. 

Les termes d'Angleterre ou de Grande-Bretagne, impropres en toute rigueur, sont communément utilisés comme des synonymes de Royaume-Uni. Un abus de langage somme toute assez bénin lorsqu'aucune ambiguïté n'est à craindre pour que nous renoncions à en faire la chasse dans les pages de ce site. Et c'est encore par souci de commodité que l'on a choisi de dérouler l'histoire de la Grande-Bretagne et du Royaume-Uni sous celle de l'Angleterre. Des résumés de l'histoire de l'Écosse et de l'Irlande sont néanmoins proposés à part.

Britannia major.
L'île de Grande-Bretagne était habitée par des peuples celtiques, les Bretons, Britanni, puis Britones, lorsque César fit, dans les années 55 et 54 av. J. C., deux descentes dans cette île, que les Romains considéraient comme un nouveau monde. On a, dans un vers de Lucain, l'aveu que César échoua dans ces deux expéditions :

Territa quaesitis ostendit terga Britannis.

La conquête de la Bretagne, recommencée par les Romains sous l'empereur Claude, en 43 de notre ère, fut favorisée, nous apprend Tacite, par le défaut d'union entre les différents peuples bretons. Ce fut Agricola qui, de l'an 78 à l'an 85, porta la puissance romaine en Bretagne à son plus haut point. Hadrien opposa aux incursions des Calédoniens (l'Histoire de l'Écosse) un rempart de terre avec un fossé qui s'étendait à travers toute l'île (Le Mur d'Hadrien). Un nouveau vallum, à l'imitation de celui d'Hadrien, fut construit sous Antonin  (Le Mur d'Antonin). A cette fortification insuffisante Sévère substitua une muraille en pierre, dont les restes attestent encore la solide construction. La Bretagne forma, dans l'empire romain, un diocèse de la préfecture des Gaules, subdivisé en 6 provinces : La B. I et. la B. II, la Grande Césarienne, la Flavie Césarienne, la Valentie et la Vespasienne, que les Romains possédèrent pendant si peu de temps, que les historiens anciens n'en font guère mention. Tertullien nous apprend que le christianisme pénétra en Bretagne dès le IIe siècle de J. C.

Le Haut Moyen âge.
Les Romains étaient restés en Angleterre 400 ans environ. En 420, l'invasion des Goths en Italie les força à abandonner complètement leur conquête et les tribus bretonnes recouvrèrent leur complète indépendance. 

Anglo-saxons et Normands.
Ces tribus étaient séparées en deux confédérations : celle des Logriens à l'Est et celle des Cambriens à l'Ouest. La première, pour triompher de la seconde, appela dans l'île des auxiliaires étrangers. De 449à 536, des pirates germains établis sur les rivages de la mer du Nord et de la Baltique, Jutes, Saxons, Angles, vinrent à plusieurs reprises débarquer en Angleterre et finirent par se rendre maîtres de la plus grande partie du pays, refoulant dans les montagnes de la Cambrie (pays de Galles) ceux des Celtes qui ne voulaient pas se soumettre au joug étranger. 

Les vainqueurs, tous confondus ensemble dans l'histoire sous le nom d'Anglo-Saxons, fondèrent sept petits royaumes, connus sous le nom général d'Heptarchie (Saxons : Kent, Sussex, Essex et Wessex; Angles : East Anglia, Mercia et Northumbria). Vers 827-829, Egbert, roi du Wessex, allait réunir en un seul tous les royaumes de l'Heptarchie et recevoir le premier le titre de roi d'Angleterre (roi de la terre des Angles). Ils avaient été convertis au christianisme vers 596 par le moine Augustin. En attendant, à partir de 787, de nouveaux envahisseurs, les pirates danois ou Vikings, opérant sur la côte Est une série de descentes, parvinrent plusieurs fois à asservir les Anglo-Saxons. Une grande partie du territoire tomba ainsi entre les mains de nouveaux envahisseurs, qui firent une guerre incessante au roi Alfred. Une dynastie danoise s'installa même en Angleterre, au commencement du XIe siècle. L'excès des maux qu'ils souffraient poussa ces derniers à se soulever. Après la mort de Knut, Edouard le Confesseur parvint (1042 - 1046) à restaurer la dynastie Saxonne; il laissa la couronne à Harold II, également d'origine saxonne. 

Les Anglo-Saxons, ayant rétabli leurs rois nationaux, se croyaient à l'abri de tout danger extérieur quand Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, vint avec sa flotte portant une puissante armée attaquer l'Angleterre. La seule bataille d'Hastings (14 octobre 1066) soumit tout le pays à Guillaume. Proclamé roi, il organisa immédiatement le système féodal dans ses nouvelles possessions. Lui et ses barons traitèrent les Anglo-Saxons en peuple conquis, mais surent étouffer toute entreprise de rébellion. 
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Cathédrale de York : sculptures des premiers rois d'Angleterre.
Sculptures de rois d'Angleterre (de Guillaume le Conquérant à Henri VI),
dans le choeur de la cathédrale de York.

A dater de cet événement mémorable, l'histoire de l'Angleterre est souvent intimement mêlée à celle de la France, surtout pendant la guerre de Cent ans qui faillit anéantir la nationalité française. Mais c'est déjà le cas, quand une dynastie d'origine Angevine, les Plantagenêts accède au trône d'Angleterre en 1154, avec Henri II.

Les Plantagenêt et les Tudor (XIIe s. - XVIe s.).
Les Plantagenêt (XIIe - XVe s.).
Des événements d'une grande importance se sont accomplis sous la dynastie des Plantagenêt. L'Anjou, la Touraine, le Poitou, la Saintonge, l'Auvergne, le Périgord, le Limousin, l'Angoumois et la Guienne furent unis à l'Angleterre par l'avènement au trône du chef de cette dynastie en 1154. L'Irlande fut conquise par ce même prince en 1171. L'Angleterre perdit ensuite la Normandie, le Maine, l'Anjou, la Touraine et l'Aquitaine, qui furent confisqués sur Jean Sans Terre par Philippe Auguste; la Grande charte (Magna Carta) fondement des libertés anglaises, fut imposée par les barons à ce même Jean-sans-Terre en 1215; le Limousin, le Périgord, le Quercy et l'Aquitaine furent rendus à Henri III par saint Louis, et les députés des villes et des bourgs, représentants des Communes, furent appelés à siéger dans le Parlement avec les lords spirituels et temporels et les représentants des comtés, lors de la révolte de Simon de Montfort, comte de Leicester, contre Henri III, en 1265. La principauté de Galles fut réunie à la couronne en 1285 par Edouard Ier, qui soumit aussi passagèrement I'Écosse
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Château de Carnarvon.
Le château de Carnarvon où naquit le roi Edouard II.

Édouard III, par sa prétention à la couronne de France, suscita une guerre avec cette nation qui dura plus de cent ans, 1339-1453 (La Guerre de Cent Ans). Henri IV, fils du duc de Lancastre, quatrième fils d'Édouard III, usurpa la couronne en 1399, au préjudice des héritiers du duc de Clarence, troisième fils de ce même roi, et sema le germe de la guerre civile entre les maisons de Lancastre et d'York. Cette guerre, dite des Deux-Roses, éclata sous Henri VI en 1450, et se termina par la mort de Richard III, dernier roi de la dynastie de Plantagenet, tué à la bataille de Bosworth, en 1485, et par l'avènement au trône de la maison de Tudor.

Les Tudor (XVIe s.).
Henri VIII, second roi de la dynastie des Tudor, se rendit célèbre par la dissolution de ses moeurs et sa cruauté. Il s'arrogea, en 1534, la suprématie religieuse dans ses États, et fut l'auteur du schisme qui fut bientôt considéré par la Papauté comme une hérésie (Anglicanisme). La suppression des monastères par Henri VIII accrut tellement la misère, qu'il fallut dès le règne de son successeur instituer la taxe des pauvres, en 1552. La reine Marie (Mary) Tudor rétablit la religion catholique et réunit l'Angleterre à l'Église romaine en 1551. Mais Élisabeth Ire fit retourner le pays dans l'anglicanisme. En 1562, elle imposa à ses sujets les 39 articles du symbole anglican. Le règne d'Elisabeth marque l'apogée du pouvoir royal; l'Angleterre s'éleva alors au rang des premières nations de l'Europe. Elle respecta d'ailleurs les formes parlementaires et se signala par sa lutte contre l'Espagne, en protégeant les réformés des Pays-Bas et de France, les expéditions coloniales; enfin, par la soumission violente de l'Irlande catholique (1602). Avec Elisabeth Ire finit en 1603 la dynastie de Tudor, à laquelle succéda celle de Stuart (Stewart), dans la personne de Jacques VI, roi d'Écosse.
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Le Blason du Royaume-Uni.
Les armes britanniques.

Les Stuart (XVIIe s.).
Le fils de Marie Stuart, Jacques VI d'Écosse, fut proclamé roi d'Angleterre sous le nom de Jacques Ier.  Bien que l'Écosse conservât son titre particulier de royaume, ses lois et son parlement, il fit en sa personne l'union matérielle de la Grande-Bretagne. Attaché à l'épiscopat, à la prérogative royale, il fut méprisé pour sa faiblesse dans la guerre de Trente Ans, et le parlement reprit de l'influence. Son fils, Charles Ier(1625-1649), impopulaire par son mariage avec Henriette de France, par son échec devant La Rochelle, obligé un instant de reconnaître les droits des communes (Pétition des droits, 1628), chercha avec Strafford à prélever des impôts non votés; avec l'archevêque Laud, à établir l'unité religieuse. Il causa ainsi le soulèvement de l'Écosse covenantaire (1639). Celui de l'Irlande, en faveur du catholicisme (1641), exaspéra le Parlement. La guerre civile (1642-1650) suivit l'exécution de Strafford et coûta la vie au roi (1649). 

La révolution était plus religieuse que politique : le Long Parlement, réduit à la Chambre des communes, qui avait supprimé celle des lords, fut chassé par Oliver Cromwell, qui s'empara du pouvoir en 1653 sous le titre de Protecteur. Mais pas plus que la république presbytérienne (1649-1653) à laquelle elle succédait,  la dictature militaire de Cromwell (1653-1658) ne put se maintenir. Son fils, reconnu son successeur après sa mort, se laissa déposer en 1659, et permit la restauration des Stuarts. Charles II, fils de Charles Ier fut proclamé roi en 1660. Il dut reprendre la lutte contre les catholiques et compter avec les whigs ( = libéraux du Parlement), opposés aux tories  ( = conservateurs) (Tories et Whigs). Les intrigues du roi avec la France le rendirent impopulaire à la fin de son règne. Jacques II, frère et successeur, en 1685, de Charles Il, qui avait abjuré l'anglicanisme, échoua dans la tentative de rétablir le catholicisme. Son gendre, Guillaume d'Orange, stathouder de Hollande, se servit contre lui du mécontentement des Anglicans, et le détrôna en 1688. Jacques II s'enfuit et trouva refuge auprès de Louis XIV.

Une Convention assemblée en 1689 décerna la couronne à Guillaume d'Orange (qui règnera sous le nom de Guillaume III) et à son épouse Marie II Stuart, fille aînée de Jacques II, à l'exclusion de Jacques, fils de Jacques II. Faite par les whigs  la révolution anglaise, dite de 1688, abaissa la royauté; et fonda la monarchie aristocratique, dans laquelle le souverain et les deux chambres des lords et des communes ne forment qu'un seul pouvoir. Vainqueur des catholiques d'Irlande, d'un soulèvement de l'Ecosse (1689-1699), Guillaume (William) III tint tête à la France pendant la guerre de succession palatine (1689-1697), fut reconnu par Louis XIV à Ryswick (1697), prit en 1701 la tête de la coalition contre la France, et assura la couronne à sa belle-soeur Anne Stuart (1702-1714), et, après elle, à Georges de Hanovre, descendant d'une fille de Jacques Ier. La reine Anne réunit l'Écosseà l'Angleterre en 1707, et fondit les parlements des deux royaumes en un seul. Sous son règne, les whigs dirigèrent la coalition contre la France; les tories conclurent l'avantageux traité d'Utrecht, mais ne purent empêcher la succession de rester dans la dynastie protestante

Au temps de la Maison de Hanovre (XVIIIe et XIXe siècles).
Avec la mort d'Anne s'était éteinte la maison régnante des Stuart. L'avènement de la maison protestante de Brunswick-Lunebourg, dite de Hanovre, en 1714, dans la personne de Georges ler, à l'exclusion du prétendant catholique Jacques III, fut le complément de la révolution de 1688. Georges Ier (1714-1727) et son successeur, Georges Il (1727-1760) laissèrent le pouvoir aux whigs. A cette époque commence, pour la Grande-Bretagne, un grand mouvement colonial et intellectuel. Le ministère Walpole, pacifique et attaché à l'alliance française, tomba en 1742. Le nouveau ministère whig prit parti contre la France dans la guerre de succession d'Autriche (1740-1748). Les Anglais furent battus aux Pays-Bas et en Inde, mais ils obtinrent en 1754 de la France le renvoi de Dupleix, et la guerre coloniale recommença en 1755 : au traité de Paris (1763), la France, vaincue, abandonna le Canada et ses prétentions sur le Deccan.

L'avènement de Georges III (1760-1820) donna le pouvoir aux tories. L'énergie sans scrupules de Clive (1757-1773), de Warren Hastings (1773 -1785), continua la politique de Pitt en Inde. Le soulèvement des colonies d'Amérique, en 1775, fut marquée par l'intervention de la France et la formation de la ligue des neutres (1779). L'Angleterre sera forcée de reconnaître l'indépendance  des États-Unis, en 1783. En même temps se produisaient des difficultés parlementaires et religieuses, et l'agitation irlandaise entraînait la formation d'un parlement séparé à Dublin (1782). Ce fut dans ces conditions que le second Pitt, tory modéré, prit le pouvoir (1783). Il augmenta la force du royaume en réunissant, en 1800, le parlement d'Irlande à celui d'Angleterre. On parla désormais de Royaume Uni de la Grande-Bretagne et Irlande, et on commença aussi à parler d'Empire britannique.

Ennemi implacable de la France, pendant la période révolutionnaire, Pitt en profita aussi pour acquérir quelques-unes de ses colonies. En 1801, les troupes anglaises chassèrent les Français d'Egypte. Le ministère Pitt s'unit à la Prusse (L'histoire de l'Allemagne) et à l'Autriche contre Napoléon; pendant la cinquième coalition, Nelson fut vainqueur à Trafalgar (1805). Après la mort de Pitt, le blocus maritime des côtes européennes fut établi. Après une série d'échecs dans les campagnes de l'Empire, Wellington remporta quelques victoires dans la guerre d'Espagne (1808-1814). Les maux de la guerre se faisaient cruellement sentir à la Grande-Bretagne, sous le gouvernement méprisé du régent, fils de George III, alors aveugle et aliéné. La Grande-Bretagne, cependant, après la victoire de Waterloo (1815), gagna des colonies au Congrès de Vienne, mais elle avait une dette de 5 milliards.

Dès 1816, la misère augmentant par suite des exigences de la douane, des manifestations se produisirent en faveur du suffrage universel. L'avènement de George IV (1820-1830), l'arrivée au pouvoir des tories, la diminution des droits sur les blés marquèrent les débuts du règne. Enfin, devant l'organisation des catholiques d'Irlande créée par O'Connell, Wellington, ministre, leur accorda la liberté politique en supprimant le test (1828); le bill d'émancipation des catholiques, en 1829, signifia la répudiation de la politique oppressive de l'Angleterre, depuis Henri VIII. Sous Guillaume (William) IV (1830-1837), le whig Russel fit voter (1832) la première réforme électorale (500 000 nouveaux électeurs). La suppression de l'esclavage dans les colonies, des lois protectrices des mineurs, les progrès vers le libre-échange, telle fut l'oeuvre des whigs.

L'Angleterre victorienne.
En 1837, commence le long règne de Victoria (1837-1901), nièce de Guillaume IV, qui épousa Albert de Saxe-Cobourg (1840). La Grande-Bretagne combattit avec Palmerston l'influence de la France en Orient (1840-1841). Le tory Robert Peel accorda de nouveaux avantages aux catholiques et émancipa les juifs (1845). Un nouveau ministère whig vit l'Irlande dépeuplée par la famine et l'émigration, et tomba pour avoir approuvé le coup d'Etat du 2-Décembre en France (1851); mais, après un ministère tory, les whigs, revenus au pouvoir, conclurent en 1853 avec la France une  alliance qui eut pour résultats la prise de Sébastopol, la destruction de la marine de la Russie dans la mer Noire (La Guerre de Crimée, 1854-1855). La Grande-Bretagne intervint en Perse, en Chine et au Japon (1856-1857), et enleva, après l'insurrection du Bengale, l'administration de l'Inde à la Compagnie. Un nouveau ministère tory ne put durer. Le ministère Palmerston, qui lui succéda, signa avec la France un traité de commerce (1860), et ouvrit, par le traité de Pékin, les principaux ports aux Européens. La même année, la Grande-Bretagne, l'Espagne et la France, par une convention signée à Londres, résolurent d'intervenir au Mexique; mais, dès le début de l'expédition, la Grande-Bretagne et l'Espagne se retirèrent, et la France resta seule engagée.

En 1867, un ministère tory revint au pouvoir (Derby-Disraeli) et fit voter une réforme électorale (1 million de nouveaux électeurs). Un ministère Gladstone (1868) désappropria l'Eglise anglicane en Irlande, chercha à protéger les fermiers irlandais contre les « évictions » injustifiées, mais refusa d'intervenir dans la guerre franco-allemande (1870-1871). En 1874, un nouveau ministère tory (Disraeli) s'empara du canal de Suez en achetant les actions du khédive Ismaïl (1875) (L'Egypte des vice-rois), et fit prendre à la reine Victoria le titre d'« impératrice des Indes » (1876), combattit la politique russe au congrès de Berlin (1878), acquit Chypre (1879), plaça l'Afghanistan sous le protectorat anglais, et céda la place à Gladstone (1880).

Gladstone eût voulu satisfaire les home-rulers (partisans de l'autonomie de l'Irlande) dirigés par Parnell; mais l'assassinat du vice-roi et du secrétaire d'Irlande (1882) lui permit seulement quelques mesures favorables aux fermiers évincés. Il fit occuper l'Egypte par des troupes anglaises, qui, de 1883 à 1885, se rencontrèrent avec celles du Mahdi (L'histoire de la Nubie et le Soudan Oriental), mais engagea contre le Transvaal une guerre malheureuse (L'histoire de l'Afrique australe). Une dernière réforme électorale (2 millions de nouveaux électeurs) ramena les tories (Salisbury) au pouvoir (1885). Gladstone remplaça le ministère (1886), renversé sur la question du home rule ( =  autonomie politique de l'Irlande) Abandonné par les libéraux unionistes, il se retira devant Salisbury, qui prit des mesures de « coercition » contre les Irlandais et obtint, à la conférence de Berlin, d'immenses avantages en Afrique. Gladstone lui succéda, toujours à propos du home rule (1892). Malgré sa brouille avec Parnell et des difficultés au Siam et sur le Niger avec la France, le ministère libéral obtint des Communes le vote du home rule, mais non des lords. Lord Rosebery remplaça Gladstone (1894). Impérialiste avant tout, il envoya une armée égyptienne sur le haut Nil (1895), mais dut renoncer à obtenir les rives du Tanganyika

Aux élections de 1895, les unionistes obtinrent une majorité de 152 voix. Salisbury forma un ministère dont la personnalité dominante fut Joseph Chamberlain, l'ancien député radical de Birmingham, que l'unionisme avait rapproché des conservateurs. Malgré la crise qui couvait toujours en Irlande, les affaires étrangères passèrent au premier plan : conflit avec le Venezuela, intervention dans la guerre russo-turque, conflit avec les Républiques boers (L'histoire de l'Afrique australe), conflit avec la France au sujet de Fachoda, politique d'intervention en Chine(1898), politique d'expansion dans le Pacifique et en Afrique, furent les principales manifestations de cet «-impérialisme » conquérant et coûteux.

L'impérialisme britannique.
Une vision de l'impérialisme britannique.
(Caricature parue dans L'Homme et la Terre d'Elisée Reclus, 1905).
Le XXe siècle.
Après l'avènement d'Édouard VII, monté sur le trône en 1901, les rapports entre la France et l'Angleterre devinrent plus confiants. En  1904, on inaugure l'Entente cordiale. Les libéraux revinrent au pouvoir  après les élections de 1905, qui envoyèrent aussi aux Communes une trentaine de députés du Parti travailliste (Labour party). A cette époque et jusqu'en 1914, plusieurs mouvements populaires agitèrent gravement la Grande-Bretagne. Au début de du règne de Georges V, monté sur le trône en 1910, il y eut quelques avancées sociales et fiscales impulsées par le Parti travailliste, et les syndicats. Cependant les troubles qui éclatèrent en Irlande en 1914 firent retarder l'application du home rule, et surtout, le 4 août de la même année, la déclaration de guerre de l'Angleterre aux Empires centraux, plongea le pays dans la Première Guerre mondiale. En échange du sacrifice demandé à la population pendant le conflit, on instaurera par des lois votées en 1918 et 1928,  le suffrage universel masculin d'abord, puis le vote féminin. 

Plusieurs  anciennes colonies (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, etc.), déjà indépendantes de fait, finissent de s'émanciper. Une nouvelle structure, Commonwealth; est mis en place entre 1926 et 1931 pour réunir les anciennes possessions britanniques. Parallèlement,  c'est l'inflation et un endettement très important qui deviennent les fléaux du pays. En 1925, l'étalon-or, supprimé pendant la guerre est rétabli à l'initiative de Winston Churchill, alors chancelier de l'Échiquier (ministre des finances). La livre retrouve de son attractivité. Mais lorsque survient la crise de 1929, les dépôts étrangers qui avaient afflué s'évaporent soudain. Le marasme économique et le chômage font leur apparition et suscitent la  montée des revendications et de l'agitation sociale. Le Parti travailliste est désormais la seconde puissance politique du pays.

Alors que la situation intérieur s'apaise, la montée des totalitarismes en Europe suscite de nouvelles inquiétudes. A juste titre, puis qu'en 1939, l'Angleterre se trouve conduite à déclarer la guerre à l'Allemagne. Il reviendra alors à Winston Churchill de la conduire jusqu'à la victoire des Alliés en 1945. La paix revenue, les Travaillistes remportent les élections. En 1947, l'Inde et le Pakistan acquièrent leur indépendance. En 1953, la reine Élisabeth II  succède à George VI. Trois ans plus tard, en 1956, le Royaume-Uni intervient militairement dans la zone du canal de Suez en 1956, dont la compagnie qui l'exploite vient d'être nationalisée par Nasser. Un échec, qui ajouté à la dégradation de la situation économique au cours des années suivantes, fait perdre le pouvoir aux Conservateurs en 1964. Le travailliste Harold Wilson devient Premier ministre. La crise qui éclate en Irlande en 1969 contribue au retour des Conservateurs aux affaires en 1970, avec Edward Heath, qui parvient à faire admettre le Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne trois ans plus tard. Les nouvelles élections, en 1974 ramènent les travaillistes (H. Wilson puis James Callaghan) au pouvoir jusqu'en 1979, date à laquelle ils le perdent au profit des conservateurs conduits par Margaret Thatcher. 

Margaret Thatcher mène une politique fortement libérale du point de vue économique, qui suscite une forte grogne sociale. Son gouvernement est également confronté à la Guerre des Malouines en 1982 contre l'Argentine et à un réveil de la crise en Irlande du Nord. Sortie victorieuse de tous ces combats, la Dame de Fer, devenue impopulaire doit cependant céder la place comme Premier ministre, en 1990, à John Major. En 1997, le Parti conservateur est battu par un Parti travailliste rénové, le New Labour, qui porte à la tête du gouvernement Tony Blair. Celui-ci se maintiendra en place jusqu'en 2007, date à laquelle il subit un sort analogue à celui de Thatcher, écarté dans son propre camp, au profit de son ancien ministre des finances, Gordon Brown. Entre-temps, la période Blair aura été marquée par une certaine embellie économique, une paix revenue en Irlande du Nord, mais aussi une participation à la guerre en Irak aux ôtés des États-Unis, et plusieurs attentats terroristes, perpétrés par des islamistes, dont les plus importants ont eu lieu à Londres en juillet 2005.



Roland Marx et Philippe Chassaigne, Histoire de la Grande-Bretagne, Librairie acadméique Perrin, 2004.

Trevor Harris, La Grande-Bretagne et l'Europe depuis 1945, Ellipses Marketing, 1999.

Suzy Halimi, La Grande-Bretagne, histoire et civilisation, PU Nancy, 1994.

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