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Le Quercy

Le Quercy (Pagus Caturcinus ou Cadurcinus, Caturcinium et en français Caerci, Cahorsin et Caoursin) est un ancien pays de France, dans la Guyenne. Il est compris dans les départements du Lot et du Tarn-et-Garonne.

Le territoire de la peuplade gauloise des Cadurci, qui occupaient les causses ou hauts plateaux coupés par les vallées de la Dordogne, du Lot et du Tarn, a peu varié. Les Cadurci firent partie des confédérations des Eduens et des Arvernes. Sous les Romains, ils furent compris dans l'Aquitaine première. 

Au Moyen âge, le pagus Caturcinus se subdivisa en deux régions : le Haut-Quercy ou Quercy noir (capitale Cahors), correspondant à peu près exactement au département du Lot, et le Bas-Quercy ou Quercy blanc (capitale Montauban). Le Quercy état borné, au Nord par le Limousin, à l'Est par le Rouergue, au Sud par l'Albigeois et par l'Armagnac, et à l'Ouest par le Périgord et par l'Agenais.

Circonscriptions administratives.
Le Quercy forma un comté, d'abord indépendant, qui eut pour suzerains : Aimeri de Narbonne, vers la fin du VIIIe siècle; Autricus, qui était en même temps vicomte de Turenne; Rodolfe, Godefroi, Adhémar et son neveu Robert, fils de Gausbert. Les comtes de Toulouse réunirent au Xe siècle le Quercy à leurs domaines et en furent les seigneurs directs, depuis Raymond II jusqu'à Raymond VII. En tant que comté féodal, le Quercy était divisé en 12 baylies, dont 11 étaient situées au Sud du Lot et une au Nord (ultra Oltim). 

La portion du Quercy située au Nord du Lot, qui formait la seigneurie de Gourdon et une partie du domaine des vicomtes de Turenne, releva presque tout entière, à partir de la seconde moitié du XIIe siècle, du roi de France. Le comté ecclésiastique de Cahors, qui s'étendait sur une grande partie de la vallée du Lot, se constitua, à la même époque, comme fief distinct. Au XIIIe siècle, le Quercy forma, avec l'Agenais, une des quatre sénéchaussées des domaines administrés par Alphonse de Poitiers. Les quatre villes principales du Quercy étaient Cahors, Montauban, Figeac et Moissac

Au XIIIe siècle, il y eut un grand mouvement de fondation de « villes neuves » ou bastides : c'est à cette époque que remontent Bretenoux (1277), Castelfranc, etc. Les petites villes ou villes basses avaient droit de députation aux Etats provinciaux. 

Au point de vue ecclésiastique, le Quercy tout entier correspondait originairement au diocèse de Cahors, à l'exception de l'archiprêtre de Gignac ou archidiaconé de Tournès, au Nord de la Dordogne, rattaché au diocèse de Limoges. En 1317 fut créé le diocèse de Montauban, comprenant tout le Bas-Quercy. Jusqu'en 1678, l'évêché de Cahors fut suffragant de la province de Bourges. Il fut ensuite rattaché à la province ecclésiastique d'Albi, dont il a toujours fait partie depuis, excepté de 1802 à 1822, époque pendant laquelle la province d'Albi fut supprimée et l'évêché de Cahors rattaché à la province de Toulouse. Figeac formait le domaine d'une abbaye vassale des rois de France. L'abbaye de Moissac avait des protecteurs laïques appelés avoués, puis chevaliers-abbés.

L'administration royale établit des sénéchaux qui avaient six lieutenants à Cahors, Montauban, Figeac, Gourdon, Martel et Lauzerte. Il y avait quatre châtellenies dans les châteaux des anciens comtes du Quercy : Caylus, Lauzerte, Gourdon et Moncuq. En 1635 fut créée l'intendance de Quercy et Rouergue, ayant son chef-lieu à Montauban. Elle avait comme subdivisions les élections de Montauban, Cahors, Villefranche, Figeac, etc. Elle comprenait originairement, outre ces deux provinces françaises, une partie de la Gascogne (Armagnac et Lomagne), qui fut ensuite réunie à la généralité d'Auch.

 Le Quercy était un pays d'états. Les états se réunissaient dans l'une des villes principales du pays. L'évêque de Cahors était le président. En faisaient partie : pour le clergé, l'évêque de Montauban, les abbés et les prieurs; pour la noblesse, 4 vicomtes, 4 barons dits baronnants, et divers seigneurs dits de haut-fief; pour le tiers état, les députés des 18 villes basses. II y eut d'importantes réunions d'états en 1214, à Figeac, pendant le passage de Simon de Montfort; en 1433, au château de Castelnau-de-Bretenoux, pour délivrer le Quercy de la domination anglaise; en 1470, à Cahors, où se réunirent les états de toute la Guyenne ; en 1593, à Castelnau-deVaux, pendant les Guerres de religion.

Au point de vue judiciaire, le Quercy ressortissait au parlement de Bordeaux, depuis 1462. En 1476, la sénéchaussée de Martel fut rattachée, moitié au parlement de Bordeaux, et moitié au parlement de Toulouse. Cahors fut distrait postérieurement du ressort de Bordeaux. 

Au point de vus financier, le Quercy faisait partie de la généralité de Montauban. En 1612, une cour des Aides fut établie à Cahors. Elle fut transférée à Montauban en 1661. Le nombre des présidents et des conseillers de cette cour des Aides subit des réductions importantes en 1666.

Histoire.
Les Cadurci n'apparaissent aven un rôle important qu'à la fin de l'histoire de la Gaule celtique : Uxellodunum devint le dernier centre de la résistance des Gaulois. La civilisation romaine s'implanta rapidement dans cette partie de l'Aquitaine. C'est de cette époque que date le développement de l'industrie textile, comme en témoigne le terme cadurcum, par lequel on désignait une espèce de toile légère. 

Le christianisme se répandit dans le courant du IVe siècle. Au Ve siècle, le Quercy fit partie du royaume des Wisigoths et passa en 507 sous la domination des Francs. En 562, il échut à Caribert, roi de Paris, à l'exception de la ville de Cahors, qui fut donnée, avec d'autres villes, à Chilpéric, roi de Soissons, pour former la dot de Galswinthe. A la fin du VIIIe siècle, le Quercy fit partie du royaume d'Aquitaine. A la fin du Xe siècle, il fut rattaché au comté de Toulouse. 

La prospérité des villes augmenta rapidement et le commerce des banquiers de Cahors devint célèbre. Pendant les guerres de Henri II d'Angleterre avec Louis VII, le Quercy fut occupé par les Anglais, qui y mirent des garnisons (1156). Henri au Court-Mantel mourut à Martel en 1183. Pendant la guerre des Albigeois, Simon de Montfort traversa le pays et s'empara de Capdenac, Caylus, etc. L'évêque-comte de Cahors, Guillaume de Cardaillac, fit hommage à Simon de Montfort. 

En 1259, le traité d'Abbeville céda au roi d'Angleterre tout le Bas-Quercy. La délimitation des territoires cédés entraîna une enquête qui ne fut terminée qu'en 1285. Le Quercy fut rattaché aux domaines d'Alphonse de Poitiers. L'impôt du fouage fut levé en Quercy de 1264 à 1266, pour la dernière croisade de saint Louis, à laquelle devait prendre part Alphonse de Poitiers : cet impôt donna la somme de 26.088 livres. Le Quercy fut confisqué par le roi de France de 1292 à 1302. Il prit peu de part à la Guerre de Cent ans
 

Personnages célèbres du Quercy

Les hommes célèbres de l'ancienne province de Quercy ont été les suivants : le défenseur d'Uxellodunum, Lucterius (Ier siècle av. J.-C.); les troubadours Uc de Saint-Cyr et Bernard Arnaud de Montcuc (XIIIe siècle); le pape Jean XXII (1244-1334); le jurisconsulte Guillaume Dubreuil (mort vers 1345); le cardinal Guillaume Farinier (mort en 1361); les poètes Clément Marot (1495-1544), Hugues Salel (mort en 1533), Olivier de Magny (mort vers. 1560); le grand maître de l'artillerie Galiot de Genouillac (mort en 1548); le religieux Jean de La Barrière (1544-1600); le maréchal de Thémines-Cadaillac (1553- 1627); l'helléniste Pierre de Montmaur (1576-1648); le jurisconsulte Jean Albert (1609-1684) ; l'ambassadeur Louis de Guiscard de Magny (1651-1720); le bénédictin Jean de Verninac (1690-1748); le jurisconsulte François de Boutaric (1672-1733); le conventionnel Albouys (1751-1795). 

Les privilèges des villes et de la province furent confirmés à tour de rôle par les rois de France et les rois d'Angleterre, qui tenaient chacun à s'assurer de cette province frontière. Les Quercinois se déclarèrent généralement pour la France. En 1369, le sanctuaire de Rocamadour fut pris et pillé par les Anglais. Les Anglais furent définitivement chassés du Quercy en 1440, époque à laquelle le chef de bandes, Rodrigue de Villandrando en fit la conquête pour Charles VII.

Dans la première moitié du XVIe siècle, le protestantisme fit des progrès rapides dans le Quercy. Montauban devint, avec Agen, l'un des centres de développement de la Réforme dans le midi de la France. En 1562, il y eut un massacre de protestants à Cahors, dans le temple qu'ils s'y étaient construit, et le farouche Monluc exerça dans tout le Quercy ses répressions sanguinaires. 

Le Quercy joua un certain rôle dans les Guerres de religion et fut le théâtre de nombreuses opérations militaires : le château de Fumel fut pris par les calvinistes, Rocamadour fut saccagé par Duras (1562). En 1576, Figeac fut pris et fortifié par les protestants. Le roi de Navarre occupa le Quercy et prit Cahors en 1580. La dernière occasion qu'eut le Quercy de figurer dans l'histoire moderne fut dans les guerres civiles du règne de Louis XIII (1621-1629), qui se concentrèrent autour de Montauban. (E.-D. Grand).

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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