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L'Amérique précolombienne
Les premiers habitants
de l'Amérique sont arrivés via la Béringie,
une terre autrefois émergée (à l'emplacement de l'actuel détroit de
Béring) reliant la Sibérie à l'Alaska, il y a environ 15 000 à 20 000
ans, pendant la dernière période glaciaire. Ces premiers groupes,
appelés Paléoindiens, étaient des chasseurs-cueilleurs nomades. Au fil
du temps, ils se sont dispersés à travers le continent. Parmi les premiers
sites archéologiques, on trouve celui de Monte Verde au Chili, qui date
d'environ 14.500 ans, montrant une occupation humaine précoce dans le
sud du continent. Cette dispersion a donné naissance à une grande diversité
linguistique, culturelle et sociale.
Les premières cultures
amérindiennes reposaient sur la chasse de gros gibier, comme les mammouths
et les bisons, ainsi que sur la cueillette de plantes sauvages. La culture
Clovis, célèbre pour ses pointes de projectile en pierre, est un exemple
précoce (env. 9500 - 8000 av. J.-C.) de ce mode de vie. Environ vers 3000
av. J.-C., certaines populations d'Amérique centrale et des Andes ont
commencé à pratiquer l'agriculture. Des plantes comme le maïs, le haricot
et le manioc ont été domestiquées, conduisant au développement de sociétés
plus sédentaires et à la première sédentarisation.
En Mésoamérique
(qui comprend le Mexique actuel et l'Amérique centrale), des civilisations
avancées ont émergé, dont les Olmèques, les Mayas, les Aztèques et
les Toltèques. Ces sociétés ont développé des systèmes d'écriture,
des calendriers précis, des mathématiques avancées et des pratiques
religieuses complexes impliquant des sacrifices humains. Dans la région
andine, en Amérique du Sud, les civilisations comme les ChavÃn, les Mochicas,
les Nazcas et les Incas ont également atteint un haut niveau de développement.
D'autres populations, comme les tribus des Grandes Plaines en Amérique
du Nord, vivaient de manière plus nomade. Les peuples des Andes développaient
des systèmes d'agriculture en terrasses, tandis que ceux des forêts tropicales
utilisaient des méthodes de culture itinérantes.
Les systèmes de
croyances variaient également, avec de nombreuses cultures pratiquant
des formes de polythéisme, souvent centrées sur le culte de la nature
et des ancêtres. Les rites et les cérémonies, parfois incluant des sacrifices
humains, jouaient un rôle central dans la vie religieuse.
À mesure que les
groupes humains se sédentarisent, ils développent l'agriculture dans
des zones fertiles. En Mésoamérique (région englobant le Mexique actuel
et l'Amérique centrale) et dans les Andes, les populations commencent
à domestiquer des plantes comme le maïs, le manioc, la pomme de terre,
le quinoa, et à élever des animaux tels que les camélidés (lamas, alpagas).
Cette transition vers l'agriculture a permis l'émergence de premières
sociétés plus organisées et a posé les bases des grandes civilisations
ultérieures.
Amérique du Nord.
En Amérique du
Nord, plusieurs cultures ont émergé avant l'arrivée des Européens,
parmi lesquelles :
Les
Anasazis.
Dans le sud-ouest
de ce qui est aujourd'hui les États-Unis, les Anasazis (env. 200 av. JC
- 1300 ap. JC), prédécesseurs de certains des actuels Pueblos,
ont construit des villes en pierre et en adobe dans des falaises et des
plaines désertiques, avec des systèmes d'irrigation sophistiqués.
Les
Mound Builders.
Dans le Midwest
et le Sud des États-Unis, les populations comme les Hopewell et les Mississipiens
(env. 1000 av. JC. - 1500 ap. JC) ont construit de grands monticules
de terre (mounds) servant à des fins religieuses, cérémonielles
et sociales, comme à Cahokia.
Les
Iroquois.
Dans le nord-est,
une confédération de tribus appelée la Ligue des Iroquois a développé
une structure politique avancée avec un système de gouvernance démocratique.
Les
Inuits et les populations de l'Arctique.
Dans l'Arctique,
les Inuits, les Yupiks et les Aléoutes
ont développé des techniques de survie extrêmes pour faire face au froid
polaire, parmi lesquelles la construction d'igloos et la chasse aux mammifères
marins.
Amérique centrale
et Mésoamérique.
L'Amérique centrale
et la Mésoamérique ont aussi vu l'émergence de plusieurs grandes civilisations
:
Les
Olmèques.
Considérés comme
la première grande civilisation de la Mésoamérique, Les Olmèques
(env. 1500 - 400 av. JC) ont influencé de nombreuses cultures ultérieures
avec leur art, leur architecture et leurs systèmes de croyances. Ils se
sont développés le long de la côte du golfe du Mexique et sont célèbres
pour leurs sculptures monumentales de têtes en pierre.
Les
Mayas.
Les Mayas
(env. 2000 av. JC. - 1500 ap. JC) , impantés au Sud du Mexique
actuel au
Guatemala, au Belize
et au Honduras,, se sont distingués pour
leur écriture hiéroglyphique, leurs avancées en astronomie et en mathématiques,
ainsi que par leurs cités-états indépendantes comme Tikal et Palenque.
Les
Zapotèques.
Située dans l'actuel
Oaxaca, la civilisation zapotèque (env.
700 av. JC. - 1521 ap. JC) a laissé des traces architecturales majeures
comme le site de Monte Albán et a développé un système d'écriture.
Teotihuacán.
Située dans la
vallée de Mexico, la ville de Teotihuacan
(env. 100 av. JC. - 650 ap. JC)était un centre cosmopolite et un carrefour
commercial. Elle était connue pour ses pyramides imposantes, notamment
la Pyramide du Soleil et de la Lune.
Les
Aztèques.
Fondant leur empire
(env. 1345 - 1521 ap. J.-C.) à Tenochtitlán (aujourd'hui Mexico),
les
Aztèques ont construit une société
hautement militarisée et religieuse avec des sacrifices humains rituels.
Leur vaste empire était basé sur le tribut et la conquête. Leur organisation
sociale et leurs innovations en ingénierie (notamment les chinampas,
jardins flottants pour l'agriculture) étaient impressionnantes.
Amérique du Sud.
C'est dans la région
andine que se sont constituées les principales cultures
d'Amérique du Sud. Parmi les plus notables, on mentionnera :
La
culture Caral.
Située dans la
vallée de Supe au Pérou, Caral (env. 3000 av. JC) est l'une des
plus anciennes civilisations des Amériques, avec une organisation urbaine
et des structures en pierre monumentales.
La
culture ChavÃn.
Centrée dans les
Andes péruviennes, la culture ChavÃn (env. 900 - 200 av. JC) a influencé
l'iconographie et la religion de nombreuses cultures andines ultérieures.
Son centre, ChavÃn de Huántar, présente des sculptures et des structures
complexes.
La
culture Nazca.
La culture Nazca
(env. 200 av. J.-C. - 600 ap. JC) , dans le sud du Pérou
actuel, est connue pour ses géoglyphes géants (les lignes de Nazca) et
ses techniques d'irrigation souterraine.
La
culture Mochica.
Les Moches ou Mochicas
(env. 100 - 700 ap. JC), au nord du Pérou, ont créé des oeuvres d'art
remarquables en céramique, des tombes royales somptueuses et des pyramides
en adobe comme la Huaca de la Luna.
Les
cultures Tiwanaku et Huari.
Située autour du
lac Titicaca, la culture de Tiwanaku (env. 500
- 1000 ap. JC) a eu une influence majeure dans la région andine. La culture
Huari (Wari), dans les hauts plateaux du Pérou, a introduit des systèmes
d'irrigation et des techniques de terrasses agricoles.
L'Empire
inca.
Les Incas
(env. 1438 - 1533 ap. JC) ont créé, s'étendant de la Colombie
au Chili, le plus grand empire des Amériques.
Leurs infrastructures, comprenant le réseau de routes Qhapaq Ñan, l'agriculture
en terrasses et les constructions en pierre à Cuzco
et Machu Picchu, montrent une maîtrise
unique de l'architecture et de l'administration.
Histoire de l'Amérique
depuis l'arrivée des Européens
L'Amérique du Nord
et l'Amérique centrale.
L'histoire de l'Amérique
du Nord n'a pas d'unité avant le milieu du XVIIIe
siècle. Les différents essais de colonisation au Canada ,
à la Nouvelle-Angleterre et dans les Antilles ,
rentrent, à proprement parler, dans l'histoire des régions où ils ont
été tentés. Chaque peuple y apporte son génie propre et se préserve
le plus possible du contact de ses voisins. Après la guerre
de Sept Ans et la perte du Canada (1763), l'Angleterre
est un instant maîtresse de toute la côte de l'Atlantique ;
mais la guerre d'indépendance des États-Unis
rompt de nouveau l'unité. Depuis cette époque, l'influence prépondérante
de l'Union n'a fait que s'accroître et c'est dans l'histoire des Etats-Unis
qu'il faut chercher le lien des questions internationales intéressant
l'Amérique du Nord. Nous renvoyons donc le lecteur pour les détails aux
articles Canada, Antilles ,
Mexique ,
etc., pour l'ensemble à aux pages consécrées à l'histoire des Etats-Unis,
nous bornant ici à donner les indications essentielles.
Dès la fin du XVIe
siècle, nous trouvons dans l'Amérique du Nord des établissements espagnols,
anglais et français. Les Espagnols occupent
le pourtour et les îles du golfe du Mexique, les Anglais
quelques points de la côte de l'Atlantique ,
les Français l'estuaire du Saint-Laurent.
Au XVIIe siècle ces deux derniers peuples
étendent leurs possessions ; ils prennent pied aux Antilles ,
ou la moitié d'Haïti et la Jamaïque
sont enlevées aux Espagnols; en même temps les Anglais s'étendent sur
la côte de l'Atlantique et jusqu'au pied des Alleghanies, et les Français
pénètrent dans le bassin du Mississippi .
-
Conquistadores
espagnols.
Gouache
de Graham Coton (début du XXe s.).
Toutefois, les possessions
de la zone tropicale sont encore considérées comme les plus importantes,
le centre de gravité est toujours dans le golfe du Mexique .
Au XVIIIe siècle, les Danois
réoccupent le Groenland ,
les Français sont éliminés du Canada.
A la fin du XVIIIe siècle et dans les
premières années du XIXe, se produit
le fait capital de l'émancipation; il y a désormais des nations américaines,
les Etats-Unis, le Mexique, les républiques
de l'Amérique centrale et d'Haïti. Les
querelles de la plus puissante, celle des Etats-Unis, avec l'Angleterre
et le Mexique, ses agrandissements à leurs dépens, les expéditions françaises
à Saint-Domingue et au Mexique sont les faits principaux de l'histoire
politique de l'Amérique du Nord entre l'émancipation et le début du
XXe siècle.
L'Amérique
du Nord depuis 1900.
Au cours du XXe
siècle, le Canada a connu des transformations
économiques majeures, passant d'une économie largement agricole à une
économie industrialisée, avec des développements importants dans les
secteurs de l'énergie, de l'automobile et des ressources naturelles. Le
paysl a joué un rôle important lors des deux guerres mondiales, contribuant
significativement aux efforts alliés et gagnant une reconnaissance internationale
pour ses contributions militaires. Par le Statut de Westminster
en 1931 et l'adoption de sa propre constitution en 1982, il a aussi progressivement
acquis une plus grande autonomie vis-Ã -vis du Royaume-Uni
au cours du XXe siècle. Les questions
relatives aux droits des peuples autochtones ont été au centre des débats
politiques et sociaux, avec des efforts croissants pour réconcilier les
relations et reconnaître les droits ancestraux.
La Grande
Dépression, au cours des années 1930 a eu des conséquences dévastatrices
sur l'économie des Etats-Unis, conduisant
à des réformes importantes (le New Deal) sous la présidence de
Franklin
D. Roosevelt. Les États-Unis sont intervenus dans les deux guerres
mondiales et ont émergé comme une superpuissance mondiale après 1945,
jouant un rôle dominant dans la politique internationale et la Guerre
froide. Ils ont aussi ont été le théâtre de luttes importantes
pour les droits civiques des Afro-Américains, culminant avec l'adoption
de lois clés telles que le Civil Rights Act de 1964 et le
Voting
Rights Act de 1965. Tout au long du siècle et jusqu'à nos jours,
les États-Unis n'ont cessé d'être à l'avant-garde de l'innovation technologique,
avec des développements majeurs dans les domaines de l'informatique, des
télécommunications, de l'aérospatiale et de l'internet, contribuant
à leur économie et à leur influence mondiale.
La révolution mexicaine
(1910-1920) a entraîné des changements politiques et sociaux importants
au Mexique. Elle a débouché en particulier
sur une réforme agraire, mais aussi sur la consolidation du pouvoir politique
par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui a tenu les rênes
du pays jusqu'en 2000. Le Mexique a connu une industrialisation rapide
et une urbanisation croissante, transformant son économie agraire en une
économie plus diversifiée, avec un secteur manufacturier en expansion.
Les relations entre le Mexique et les États-Unis ont souvent été marquées
par des tensions et des coopérations, en particulier autour des questions
migratoires, du commerce et de la sécurité frontalière.
L'Amérique
centrale et les Antilles depuis 1900.
Plusieurs pays d'Amérique
centrale ont été le théâtre de conflits internes et de guerres civiles
tout au long du XXe siècle, notamment
au Guatemala, au Salvador
et au Nicaragua, souvent liés à des
inégalités sociales et politiques profondes. Dans les années 1980 et
1990, plusieurs pays ont conclu des accords de paix qui ont mis fin aux
conflits armés internes, ouvrant la voie à des processus de reconstruction
post-conflit et à des réformes politiques. L'émigration vers les États-Unis
et d'autres pays voisins a été une caractéristique importante de l'histoire
récente de l'Amérique centrale, influençant à la fois les économies
locales et les dynamiques sociales dans la région.
Après la Seconde
Guerre mondiale, de nombreuses îles des Antilles ont obtenu leur indépendance
des puissances coloniales européennes, comme Haïti, la Jamaïque, Trinité-et-Tobago,
la Barbade, etc. La révolution cubaine dirigée par Fidel
Castro a renversé le régime dictatorial de Fulgencio Batista, a marqué
le début d'un régime communiste à Cuba,
un événement qui a eu des répercussions majeures sur la politique régionale
et les relations internationales, en particulier avec les États-Unis.
Comme aux États-Unis,
plusieurs îles des Antilles ont connu
des mouvements pour les droits civils et l'émancipation politique, luttant
contre l'injustice sociale et la discrimination raciale. La promotion et
la préservation des cultures créoles et autochtones ont également été
des préoccupations constantes, avec des efforts pour protéger le patrimoine
culturel tout en s'adaptant aux influences globales modernes.
Le tourisme est devenu
un secteur économique clé dans de nombreuses îles, apportant à la fois
des avantages économiques et des défis environnementaux et sociaux. Par
ailleurs, les Antilles ont souvent été touchées par des ouragans dévastateurs
et d'autres catastrophes naturelles, ce qui souligne la vulnérabilité
de ces îles face aux changements climatiques et aux événements
météorologiques extrêmes.
L'Amérique du
Sud.
Aussitôt après les premiers voyages
de découverte, qui suivirent celui de Christophe
Colomb en 1492, l'Amérique devint
la proie des Conquistadores. Cortès s'empara
du Mexique en faisant tomber l'empire
Aztèque; Pizarro prit le Pérou
et les régions avoisinantes en détruisant l'empire des Incas.
Le
temps des vices-rois.
Après les decouvertes et les conquêtes,
le Mexique et l'Amérique du Sud
furent organisée par les rois d'Espagne
en vice-royautés et en capitaineries générales. Les premières années
de l'occupation et de Ia conquête offrent un spectacle atroce. Non seulement
les Espagnols se ruent sur les Indiens et les exterminent avec des raffinements
de cruauté; mais ils se déchirent les un; les autres. La politique des
rois d'Espagne s'attache surtout à les mettre aux prises de manière Ã
garder la souveraineté. On ne saurait atténuer l'horreur que fait éprouver
la lecture des récits contemporains. La civilisation européenne fut implantée
dans les nouvelles possessions espagnoles avec une barbarie inouïe et
l'esclavage imposé aux Indiens et aux Noirs
qu'on importa d'Afrique
pour le travail des mines. Il est impossible d'évaluer, même approximativement,
à combien de millions d'êtres humains l'établissement et la conservation
du pouvoir espagnol sur l'Amérique du Sud ont coûté la vie. Car non
seulement il faudrait pouvoir énumérer les multitudes d'Indiens que les
Espagnols ont immolés par ambition, par cupidité, par fanatisme ou simplement
pour le plaisir de tuer; il faudrait y ajouter la foule immense de ceux
qui ont péri de misère au fond des mines, mais encore il faudrait savoir
combien de Noirs ont été égorgés par les marchands d'esclaves de l'Afrique
pour fournir de leur denrée humaine les marchés de Caracas
ou de Lima. Le contre-coup sanglant des abominations de la conquête s'est
fait sentir jusque dans des régions absolument inconnues des Espagnols
et des Portugais; et loin de servir à la cause de la civilisation qu'ils
revendiquaient, il semble, au premier abord, que les découvertes des Espagnols
n'aient fait qu'exaspérer la barbarie du nouveau et du vieux monde.
Si toutefois on surmonte
les impressions pénibles que causent tant d'actions infâmes et qu'on
se place au point de vue historique, on remarquera que la couronne d'Espagne
n'est pas aussi coupable que le répètent à l'envi les historiens qui
reproduisent plus ou moins les théories et les jugements de l'Ecossais
Robertson. L'Espagne, il est vrai, a traité les Indiens avec une dureté
abominable, mais enfin le traitement imposé à ces malheureux n'était
pas la proscription systématique dont nous trouvons tant d'exempies Ã
des époques plus rapprochées de nous dans l'histoire des colonies anglaises.
Il s'en faut d'ailleurs que le système politique appliqué aux colonies
ait été créé de toutes pièces et qu'il ne se soit pas modifié, comme
on le croit généralement, dans le cours d'environ trois siècles. Au
contraire, nous constatons que pendant tout le XVIe
siècle, Charles-Quint et Philippe
Il ont, à plusieurs reprises, changé leur politique à l'égard des
colonies sans se départir toutefois d'un principe général qui était
la subordination complète du nouveau monde au point de vue politique et
économique. Mais les subdivisions de cet immense empire furent remaniées
à plusieurs reprises, les codes furent l'objet de plusieurs révisions,
et de nombreuses tentatives furent faites pour établir l'ordre dans ce
lointain chaos de peuples, de pays et de ressources. Malheureusement la
plupart des écrivains n'ont pas tenu compte de ces bonnes volontés affaiblies
par la distance; ils ont préféré rechercher le côté épisodique et
anecdotique et, dans une matière trop riche à la vérité, recueillir
les récits de nature à dramatiser l'histoire.
On peut répartir
en trois grandes subdivisions la période des vice-rois. La première correspond
à peu près au XVIe siècle. C'est le
moment de l'installation nation et du développement de la puissance espagnole.
Philippe
II réussit même à mettre la main sur le Brésil
et à empêcher les Français de prendre
pied dans l'Amérique du Sud.
L'administration
supérieure de cet immense empire a pour organe suprême le grand conseil
des Indes siégeant à Madrid. Il correspond
directement avec les gouverneurs et capitaines généraux. Le roi est représenté
officiellement par le vice-roi résidant à Lima et auquel sont subordonnés
tous les gouverneurs. Caracas
ne devint le siège d'une vice-royauté qu'en 1718 et Buenos Aires
en 1776. Une audience royale, composée de magistrats envoyés par la métropole,
juge en dernier ressort les causes civiles et criminelles. A la tête de
chaque province un corrégidor nommé par le roi d'Espagne
est assisté d'un conseil de magistrature ou cabildo, composé de
plusieurs membres perpétuels (regidores), d'un procureur, d'un
alcade provincial, d'un justicier en chef et de deux alcades ou
consuls.
L'organisation religieuse
était calquée à peu près sur l'organisation administrative. Lima, la
capitale, était le siège d'un tribunal du saint-office
qui avait des ramifications dans les principales villes de l'Amérique
du Sud. L'Eglise
est enrichie par des dîmes prélevées sur tous les produits du sol. Le
haut clergé est plus riche peut-être qu'en Europe ,
les ordres religieux pullulent et c'est parmi eux que la couronne choisit
le plus souvent les hauts dignitaires le bas clergé est plongé dans l'ignorance
et se recrute parmi les pires éléments de la colonisation. Enfin, des
majorats se constituent au profit des favoris de la royauté.
La seconde subdivision
s'étend de la mort de Philippe Il
à la paix d'Utrecht (1698-1713). C'est une
époque de paix et de prospérité relatives. L'Espagne
ferme avec un soin jaloux aux autres nations européennes les portes de
ses colonies. Elle s'applique à maintenir son autorité et à tirer des
Indes les tributs dont elle a besoin pour soutenir en Europe
les guerres incessantes contre la France .
Les Indiens sont traités avec plus de douceur, le régime municipal s'établit
hors des grandes villes; le monopole est fortement organisé. Porto-Bello
est le seul port ouvert aux commerçants espagnols qui ont licence d'armer
pour le Pérou .
Leurs flottes se réunissent à la Havane avec celles qui viennent de la
Veracruz, seul port de la Nouvelle-Espagne. Des règles minutieuses et
une bonne foi absolue donnent à ce commerce une dignité que ne connaît
plus la concurrence effrénée de notre temps.
«
Jamais on n'ouvre aucune balle de marchandises, et jamais on n'examine
aucune caisse d'argent, dit un historien. On reçoit les uns et les autres,
sur la déclaration verbale des personnes à qui ces effets appartiennent
et on ne trouve qu'un seul exemple de fraude pendant tout le temps que
ce commerce s'est fait avec cette noble confiance. Tout l'argent monnayé,
parti du Pérou à Porto-Bello en 1654, se trouva altéré et mêlé d'une
cinquième partie de mauvais métal. Les négociants espagnols, avec leur
intégrité ordinaire, supportèrent la perte entière et indemnisèrent
les étrangers qui les employaient. On découvrit la fraude et le trésorier
des finances du Pérou, qui en était l'auteur, fut brûlé publiquement.
»
Mais ces richesses énormes que l'Espagne
tirait de ses colonies tentèrent les nations étrangères.
La contrebande s'organise et devient une des plaies de l'Amérique du Sud
par la rigueur dont les gouverneurs usent pour les réprimer et dont sont
victimes les navigateurs étrangers quels qu'ils soient.
Colbert
s'empare de la Guyane
et le Brésil
retourne au Portugal ,
la décadence s'annonce.
Elle se précipite
pendant le XVIIIe siècle. A la paix d'Utrecht
l'Espagne
est obligée d'accorder à l'Angleterre
le monopole de la traite des esclaves, et, un peu plus tard, un vaisseau
de permission qui se transforme en dock inépuisable de marchandises sans
cesse renouvelée. En vain, pour faciliter la surveillance, le gouvernement
royal relâche la centralisation excessive dont il s'était fait une règle
jusque-là : il ne peut entraver la marche des deux causes de ruine du gouvernement
colonial : le péril extérieur et le péril intérieur. Le péril extérieur
a été exagéré par les historiens. Si vive que fût la jalousie de la
Grande-Bretagne ,
si éclatantes qu'aient été ses pirateries, le mal fait aux colonies
espagnoles par les attaques des Anglais s'est borné à peu de chose. La
perte de quelques galions comptait à peine eu présence des richesses
minérales de l'Amérique du Sud, et quelques bombardements, comme celui
de Porto-Bello, par Vernon, n'atteignaient pas dans ses oeuvres vives la
monarchie d'outre-mer. Le péril intérieur était plus grave. Il semble
qu'au XVIIIe siècle la royauté espagnole
ait abdiqué: les maximes de Charles-Quint
et de Philippe Il sont abandonnées.
Les Bourbons laissent le clergé empiéter sur
la couronne. Les jésuites créent un état
théocratique sur les bords du Paraguay
et la guerre que le gouvernement métropolitain est obligé de leur faire
ébranle profondément le système colonial lui-même en sapant un de ses
principes. Le succès de la guerre d'indépendance des colonies anglaises
eut aussi une influence énorme sur le sort de l'Amérique du Sud. Enfin,
le renversement des Bourbons par Napoléon,
l'anarchie qui suivit, l'étroite obstination des Cortès à imposer aux
possessions d'outre-mer un joug plus dur que celui dont elles ne voulaient
pas pour la métropole, amenèrent une révolution où disparut l'empire
colonial.
L'âge
des révolutions.
C'est le Mexique
qui a donné le signal de la révolte heureuse aux colonies espagnoles
d'Amérique, mais il existait très peu de rapports entre la Nouvelle-Espagne
et les Etats situés au Sud de l'isthme de Panama
et il semble que les tentatives faites avant Bolivar
pour émanciper les populations américaines ont en des causes locales.
Tels ont été les soulèvements de 1781 dans le Socorro (Bogota) et de
1797 Ã Bogota
même. La tentative faite par Miranda en 1806 pour soulever Caracas
n'eut pas de succès. En 1809, une junte indépendante se réunit à Quito ;
elle fut dissoute par les vice-rois du Pérou
et de la Nouvelle-Grenade; mais les Cortès ayant refusé d'accorder aux
Américains l'égalité politique et la liberté commerciale, un congrès
se réunit à Caracas et proclama, le 5 juillet 1811, l'indépendance des
provinces de Venezuela et de Caracas. Une lutte éclate alors dans laquelle
les Espagnols , d'abord victorieux, sont
finalement chassés de la Nouvelle-Grenade et du Venezuela ,
poursuivis dans le Pérou
et écrasés par la jonction des insurgés du Nord et de ceux de Rio et
de la Plata. Des débris de l'ancienne Amérique espagnole surgissent des
Républiques qui, tantôt s'unissent en confédérations trop étendues
pour pouvoir subsister, tantôt, au contraire, s'émiettent en fractions
trop faibles pour constituer un Etat.
-
José
de San Martin (1778-1850), libertador de l'Argentine, du Pérou et du Chili.
Statue
du square Montsouris, à Paris. © Photo :Serge
Jodra, 2011.
C'est ainsi que la
Colombie et
le Venezuela ,
unies par les actes du 20 novembre 1818 et du 15 février 1819, ont admis
Quito
en 1823 dans leur fédération, puis ont rompu le pacte fédéral en 1831.
Dans les Etats de la Plata, on a vu la Plata, le haut Pérou (Bolivie ),
l'Uruguay
et le Paraguay
former une seule confédération, puis le pacte rompu, et Buenos Aires
se constituer en une sorte de port franc indépendant de tout le reste.
En 1860, Buenos Aires est rentré dans la confédération Argentine
: et quelques années plus tard, le Paraguay a été attaqué et systématiquement
dévasté par la coalition de ses trois voisins, le Brésil ,
l'Uruguay et la Plata. Dans cette succession de révolutions le Brésil
n'a pas été épargné. Les idées sécessionnistes avaient déjà poussé
de fortes racines dans le sol quand le ici Jean VI fut contraint de venir
s'y réfugier. Après l'expulsion des Français
de la péninsule ibérique
et le retour à Lisbonne de la maison royale,
le Brésil refusa de descendre au rang de colonie. Don Pedro se laissa
forcer la main pour devenir empereur du Brésil, en 1822. Depuis cette
époque, qui coïncide à peu près avec l'indépendance des colonies espagnoles,
le Brésil a une existence indépendante. C'est alors le seul des Etats
de l'Amérique du Sud qui ait encore légalement des esclaves. L'abolition
complète ne date que de 1880. (Louis Bougier).
L'époque
contemporaine
À partir des années
1960 et particulièrement dans les années 1970 et 1980, plusieurs pays
d'Amérique du Sud (Brésil,
Argentine,
Chili,
Uruguay
et d'autres) ont été gouvernés par des dictatures militaires, qui ont
imposé des politiques répressives, menant à des violations massives
des droits humains, et ont pu bénéficier de la bienveillance des Etats-Unis.
Comme dans d'autres
régions du monde, l'Amérique du Sud a été le théâtre de mouvements
sociaux importants, y compris les luttes pour les droits des travailleurs,
des peuples autochtones et des groupes marginalisés. Ces mouvements ont
également été confrontés à la répression étatique.
Plus récemment,
plusieurs pays sud-américains ont vu l'émergence de dirigeants politiques
de gauche et de mouvements populistes, tels que celui de Hugo Chávez au
Venezuela
et d'Evo Morales en Bolivie, qui ont cherché
à remettre en question les structures économiques et politiques traditionnelles.
Plusieurs pays d'Amérique
du Sud ont été confrontés à des crises économiques graves, notamment
dans les années 1980 et 1990, conduisant à l'adoption de politiques d'ajustement
structurel dictées par les institutions financières internationales,
avec des impacts sociaux profonds. Parallèlement l'Amérique du Sud a
engagé un effort croissant vers l'intégration régionale à travers des
organisations telles que le Mercosur (Marché commun du Sud) et l'UNASUR
(Union des nations sud-américaines), visant à promouvoir la coopération
économique, politique et sociale entre les pays membres.
L'Amérique du Sud
possède d'importantes ressources naturelles, notamment pétrole, gaz,
minerais et forêts tropicales. L'exploitation de ces ressources a souvent
été au centre de conflits sociaux et environnementaux, soulignant les
défis liés au développement durable.
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