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Marie Ire Tudor

Marie Ire Tudor, dite la Sanguinaire, reine d'Angleterre (1553-1558), née à Greenwich le 18 février 1516, morte à Londres le 17 novembre 1558. Fille de Henri VIII et de Catherine d'Aragon, elle survécut à ses frères et soeurs utérins, reçut en 1518 le titre de princesse de Galles, fut élevée à Ludlow, proposée en mariage au fils aîné (1518), puis au second fils (1527) de François Ier, à Charles-Quint (1522), au roi d'Écosse (1524). Après la répudiation de sa mère, elle fut déclarée illégitime (1534), Sa mère et la comtesse de Salisbury lui avaient donné une éducation très religieuse; on lui enseigna aussi les lettres, même le latin. Séparée de sa mère, elle fut exclue de la cour; parce que, privée du titre de princesse, elle refusait de le donner à sa soeur Élisabeth

Le supplice d'Anne Boleyn la combla de joie et elle, supplia Cromwell de lui procurer la faveur du roi (mai 1538), mais elle hésita à l'acheter de concessions sur les articles de foi; elle y consentit pourtant, déclara l'évêque de Rome un usurpateur, reconnut que le roi était le chef de l'Église établie et que le mariage de sa mère avait été incestueux et illégal (Anglicanisme). Elle finit par être rétablie dans ses droits à la succession par l'acte de 1544 qui l'appelait au trône à défaut de postérité du prince Edouard. Dès l'avènement de celui-ci, elle afficha hautement ses convictions catholiques, tenta de s'enfuir (août 1550). Elle vécut dans la retraite, rejeta les demandes en mariage du duc de Brunswick, du margrave de Brandebourg et d'un infant du Portugal. Elle était en lutte constante avec le roi et le conseil. Édouard VI par son testament exclut de la succession comme bâtardes ses deux soeurs au profit de la descendance de Marie d'Angleterre, reine douairière de France, représentée par Jane Grey. Mais, quand il fut mort, celle-ci, que de soutenaient que les Dudley, fut abandonnée, et Marie, proclamée reine, entra dans Londres le 3 août 1553.
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Moro : Mary Tudor.
Marie Tudor (1516-1558), fille de Henri VIII et de
Catherine d'Aragon, par Antonio Moro (Musée du Prado).

Elle fit aussitôt périr Northumberland, proclama une amnistie générale, mais inaugura une violente réaction. Elle rétablit dans leurs évêchés six prélats catholiques déposés, dont Gardiner qui devint son premier ministre, se fit couronner selon le vieux rite, interdit de prêcher sans permission spéciale, fit emprisonner l'archevêque d'York, trois évêques, puis Cranmer et Latimer, demanda conseil à Charles-Quint qui l'avait toujours protégée. Il l'engagea à épouser son fils aîné Philippe et à régler la question religieuse d'accord avec le Parlement. Celui-ci montra sa platitude accoutumée. La session fut ouverte par une messe latine; les Chambres validèrent le mariage de Henri VIII et de Catherine d'Aragon, annulèrent les neuf statuts du règne d'Edouard VI, qui avaient organisé le culte protestant (octobre 1553); l'ancien fut remis en vigueur, les églises rendues aux catholiques, la messe latine célébrée partout, une quantité d'ecclésiastiques déposés. L'exaspération fut générale; le peuple se souleva. Sir Thomas Wyatt avec les insurgés de tient marcha sur Londres, mais y fut battu et pris (8 février 1554). Marie s'empressa de faire exécuter, outre Wyatt, le duc de Suffolk, Jane Grey et son mari; mais elle n'osa faire partager leur sort à sa soeur Élisabeth. Peu après, elle épousa à Winchester l'infant Philippe (25 juillet 1554) pour lequel elle témoigna la plus vive passion. 

Elle réconcilia l'Angleterre avec le pape, qui envoya comme légat le cardinal Pole, puis inaugura la plus atroce persécution pour ramener de force les protestants à la foi romaine. Elle en condamna à mort 280, brûlés dans une série d'autodafés du 4 février 1555 au 10 novembre 1558. Les plus illustres martyrs furent l'archevêque Cranmer, les évêques Latimer, Hooper, Ferrar, Ridley. Déçue dans son espoir de devenir mère (elle avait pris pour une grossesse une hydropisie), Marie la Sanguinaire ne put se distraire de sa mélancolie que par les préoccupations religieuses. Elle suivait aveuglément les avis du pape Paul IV et de son mari, qui la quitta en 1555 pour ne la revoir qu'en mars 1557. Ils lui firent rétablir la dîme, restituer les biens monastiques réunis à la couronne, rétablir plusieurs ordres monastiques. Elle intervint pour l'Espagne contre la France, à la demande de Philippe qui venait de monter sur le trône d'Espagne; elle envoya en Flandre 7000 hommes sous lord Pembroke. Le résultat fut la perte de Calais qui lui porta un coup terrible. Elle dit à son lit de mort que si on ouvrait son coeur on y trouverait gravé le nom de Calais. Elle succomba après quatre mois d'une lente agonie, désespérée de l'abandon de son mari et du sentiment de son impuissance. Sa soeur Élisabeth lui succéda. (A.-M. B.).

Marie Tudor. - Fille d'Henri VII Tudor,Marie d'Angleterre.
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Dictionnaire biographique
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