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Placé
sur une des grandes routes de l'Asie
intérieure, le pays afghan a été, depuis l'Antiquité,
foulé par les armées conquérantes, on le connaissait
alors sous le nom de Drangiane,
d'Arachosie,
etc. Il fut envahi par les Perses
puis par Alexandre. Au commencement du
Xe siècle, un prince du Khorassan
fut le premier à réduire les montagnards afghans, et Ghazni
devint la capitale de son empire (Les
Ghaznévides).
En 1221 Gengis-Khan,
en 1400Tamerlan,
en 1504 le sultan mongol
Baber, se ruèrent sur l'Afghanistan. Au XVIIe
et au XVIIIe siècle, les princes
afghans luttèrent contre les souverains persans les uns et les autres
dominèrent alternativement sur le plateau de l'Iran, jusqu'à
ce que, en 1747, Ahmed Abd-Allah (Ahmed
shah), fils du khan de Hérat,
fondât, à Kandahar,
la dynastie afghane des Douranis (Dûrranis), qui régna sur
ce qu'on allait appeler l'empire des Afghans. Celui-ci comprennait, outre
l'Afghanistan propre, le Sistan (Seistan),
le Cachemire,
le Peshawar, l'Hazareh, le Chikarpour, le Leïa, etc. Cet empire dans
le temps de sa prospérité a pu avoir une population de dix
millions d'habitants.
D'horribles discordes intestines ont ensanglanté l'Afghanistan à partir de 1793 et en ont préparé la ruine, ruine qui a été consommée en 1818 par les conquêtes de Runjet-Sing, roi de Lahore. Le pays a ensuite été envahi par les Anglais en1839, sous prétexte de s'opposer aux empiétements de la Perse; mais ils l'ont évacué dès1841 après de grandes pertes. Une nouvelle intervention britannique a lieu en1878-1880, mais se solde par un nouvel échec. C'est seulement en1907, et 1919, que les Britanniques, soucieux de protéger la frontière occidentale de leur Empire des Indes contre les poussées russes parviennent à imposer un protectorat sur le pays. Après la Première Guerre mondiale, ils reconnaissent l'indépendance de l'Afghanistan, qui devient une monarchie autoritaire et timidement réformiste. Un coup d'État renverse le roi Mohammed Zahir Shah en 1973, et le nouveau pouvoir est à son tour renversé en 1978, cédant alors la place à un régime communiste soutenu par l'URSS, qui d'ailleurs envahira l'année suivante l'Afghanistan, officiellement pour soutenir ses alliés. Il s'ensuivra une guerre avec les mouvement de résistance afghans qui contraint les troupes russes à décider leur retrait à partir de 1986, laissant le pays en proie à une guerre civile, dont le régime islamiste des Talibans sortira vainqueur à la fin des années 1990. Les attentats du 11 septembre 2001 décideront les États-Unis, soutenus par la communauté internationale, à attaquer l'Afghanistan et à y renverser le régime des Talibans, accusés de soutenir les terroristes dont ils ont été victimes. Dates clés : VIe s. av. J.-C. - Conquête perse sous Cyrus. |
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Le
pays des invasions
De toute antiquité les habitants de l'Afghanistan, dont on a retrouvé des traces qui remontent à 6700 av. J.-C. (vestiges de la grotte du Serpent à Ghar-i-Mar, découverts en 1964), paraissent avoir maintenu leur indépendance dans leurs montagnes. La vallée du Kaboul, par sa position sur la voie la plus ordinaire et la plus accessible pour envahir les Indes, a une grande importance et a été parcourue par les plus grands conquérants asiatiques. Envahi par les satrapes de Cyrus, puis de Darius, annexé ensuite à l'empire d'Alexandre, l'Afghanistan fut, après une période mal connue, conquis successivement par les Turks (VIe siècle) et par les Arabes. Du XIe au XIIIe siècle, la dynastie afghane des Ghaznévides régna sur la Perse (Iran) et sur l'Inde. Quelques clans dans les points inaccessibles restèrent indépendants et luttèrent pendant deux siècles ; enfin sous la conduite de Mohammed de Ghore (Mohammed Ghouri), un des descendants des anciens princes afghans, ils renversèrent le roi de Ghazni et brûlèrent sa capitale en 1159. La nouvelle dynastie étendit son empire des rives du Tigre à celles de l'Euphrate. Mais bientôt les Mongols de Gengis-Khan (1221) s'emparèrent des plaines de l'Afghanistan, tandis que des princes afghans régnaient encore dans les Indes. A la mort de Tamerlan (1401), les Afghans recouvrèrent leur indépendance; mais, un siècle plus tard, un descendant de Tamerlan, l'empereur Baber, reprit Kaboul (1506) où il plaça le siège de son vaste empire. A la mort de Aurengzeyb (1707), l'empire mongol étant affaibli, la tribu des Ghilzaïs s'empara du pouvoir, fit la conquête de la Perse et fonda un nouvel empire de courte durée qui fut renversé par Nadir, shah de Perse; l'Afghanistan même fut asservi (1730). En 1747, Ahmed Abd-Allah, officier afghan au service de la Perse, se souleva, rendit l'indépendance à son pays et fonda la dynastie douranie (dûrrani). Cet empire jouit d'une grande prospérité jusqu'à la mort de Timour-Chah (le fils d'Ahmed) en 1793; il devint alors la proie de l'anarchie. |
Les
interventions anglaises
Pendant l'anarchie,
Balkh (l'ancienne Bactres,
près de l'actuelle Mazar-i-Sharif) fut saisi par l'émir de
Boukhara, le Déradjat par Roundjet-Sing et le Sind devint indépendant.
En 1807, comme Napoléon Ier,
s'était assuré l'appui de la Perse contre l'Inde,
l'Angleterre s'assura l'alliance de l'émir afghan. Mais la dynastie
douranie fut ruinée peu après par des révoltes et
finit par disparaître en 1823; Hérat se plaça sous
la suzeraineté de la Perse et le rajah des Sikhs entama, à
l'Ouest, les terres afghanes. Peu après, cependant, Dost-Mohammed
(Doust Mohammed), frère du grand vizir du dernier des Douranis,
devint enfin seul souverain de ce royaume affaibli et régna à
Kaboul; Après s'être rapproché de la Russie, il provoqua
le mécontentement des Anglais (1838) qui résolurent de rétablir
son adversaire Choudja. Les Anglais s'emparèrent aisément
de Kaboul, Kandahar et Ghazni, et placèrent Choudja sur le trône;
mais, la guerre à peine terminée, une révolte éclata
(1841). Choudja fut assassiné et la garnison anglaise massacrée,
ce qui amena une nouvelle expédition des Anglais en 1842. Cette
fois, après avoir obtenu satisfaction, les Anglais laissèrent
les Afghans à eux-mêmes et Dost-Mohammed remonta sur le trône.
En 1856, Dost-Mohammed avait dû livrer Hérat à la Perse;
il reprit cette ville en 1863 après dix mois de siège et
mourut peu après; ses fils et d'autres membres de sa famille se
disputèrent dans le sang le trône et le royaume fut de nouveau
divisé. Chir-Ali, l'un des fils, resta maître de Hérat
et entra à Kaboul en 1868 et progressivement finit par venir à
bout des révoltes.
Mais, bientôt,
la population afghane massacrait la légation anglaise à Kaboul,
ce qui amena une nouvelle expédition. Dès le 12 octobre 1879,
le général Roberts faisait à Kaboul une entrée
triomphale. Ayoub-khan, fils de Chir-Ali, soupçonné
de complicité, fut écarté et l'Angleterre se déclara
alors pour le prétendant Abd-er-Rhaman-khan, petit-fils de Dost-Mohammed,
qui vivait, depuis 1869, sur territoire russe, à Samarcande.
Ayoub se prétendit lésé par ce choix, se souleva et
mit en déroute le général anglais Barrows ; mais il
fut écrasé, près de Kandahar,
par le général Roberts, fut emmené en Inde, où
il resta prisonnier.
Combattants Afghans. L'Angleterre ne tarda pas à retirer ses troupes (1881) et le pays retomba dans l'anarchie, plusieurs princes se disputèrent la couronne; mais enfin, Abd-er-Rahman, d'abord maître de Kaboul, réussit à se faire reconnaître par tout le pays, après avoir battu tous ses adversaires. L'Angleterre, deux ans après, inscrivit au budget de l'Inde un subside annuel de 3 millions (qui sera doublé en 1895) en faveur d'Abd-er-Rhaman. La Russie avait fait, de son côté, des progrès vers les hautes terres afghanes et occupé Merv, Vol-Otan, Saraks. Elle se mit d'accord avec l'Angleterre pour la nomination d'une commission mixte, chargée de concilier les intérêts des deux nations rivales (mai 1884). Le gouvernement russe, cependant, chercha, par de lentes négociations, à gagner du temps, tout en faisant avancer en secret ses troupes. En 1885, des contestations au sujet de pâturages réclamés à la fois par les Turkmènes-Tekkès, devenus protégés russes, et les Afghans ont failli faire éclater la guerre anglo-russe que l'on prédisait depuis un demi-siècle. En avril, les Russes attaquèrent et prirent les positions des forces afghanes sur le Kousch et installèrent une administration provisoire à Pendjeh, sur le territoire revendiqué par l'émir. Un arrangement intervint enfin, grâce à l'entremise de l'Allemagne, et agréée par les deux parties, fixant la frontière sur la ligne du Mourgab : Pendjeh était attribué à la Russie, qui se trouvait ainsi amenée au pied de la passe de Zoulficar, restée afghane, à moins de 400 kilomètres de Hérat, tandis que Merontchak restait à l'Afghanistan. Pour la délimitation sur le Heri-Roud, des délégués furent nommés, qui procédèrent à leurs travaux en 1885 et 1886. Mais l'Afghanistan n'était pas encore arrivé à une situation tranquille, comme l'ont prouvé des révoltes (1886, 1888 et 1889) de peu d'importance. Quant aux Anglais, adaptant leurs théories aux circonstances, ils renoncèrent quelque temps à défendre sur l'Hindou-Koush les approches de l'Inde et se bornèrent à en fortifier la frontière immédiate. Puis, très vite, en 1907, lorsque les Russes, accaparés par d'autres soucis (guerre russo-japonaise (1904-1905), révolution de 1905), détournèrent le regard, un protectorat Britannique fut imposé à l'Afghanistan. Il durera jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. |
Le
XXe siècle
Au temps du protectorat, les Britanniques ont pu compter sur la fidélité du gouvernement de l'émir Hâbib Allâh, bien que celui-ci adopte une position officiellement neutre dans le conflit mondial. Lorsque celui-ci est assassiné en 1919, une nouvelle intervention anglaise s'achève finalement par la reconnaissance de l'indépendance du pays en août (traité de Rawalpindi). L'émir Amân Allah (Amanoullah) monte sur le trône et engage l'Afghanistan sur la voie d'une modernisation et de la laïcisation calquée sur celle que Mustapha Kemal ouvre à la même époque à la Turquie. Le roi, confronté à l'opposition farouche des religieux est cependant contraint d'abdiquer en 1929, à la suite d'une révolte tribale, qui installe brièvement à Kaboul un gouvernement islamiste. L'année suivante, celui-ci cédera la place à une nouvelle dynastie, celle de Nadir Shah (Nader Chah), auquel succédera en 1933 Mohammed Zahir Shah. Le pouvoir de Zahir
Shah, qui peut compter à la fois sur le soutien politique et financier
de l'Union soviétique et des Occidentaux, habilement mis en concurrence,
reste sans partage jusqu'en 1964. malgré quelques soulèvements
tribaux dans les années 1950. Le 19 novembre 1964, une nouvelle
constitution est adoptée, qui prévoit l'instauration (1967)
d'un parlement (Chambre basse élue par le suffrage universel et
Chambre haute dont les membres sont choisis par le roi), qui tempère
l'absolutisme du régime où les partis restent malgré
tout interdits. Cette timide ouverture n'empêche pas la montée
des contestations (islamistes hostiles à l'abandon prévu
de l'ancienne législation coranique), communistes, chefs tribaux,
etc.) qui déstabiliseront assez la monarchie pour conduire en 1973
à un coup d'État. Mohammed Zahir Shah est renversé
et remplacé par Ali Mohammed Daoud, quelque temps proche des communistes,
mais dont il s'écarte, pour se rapprocher de l'Iran
et du Pakistan,
s'exposant ainsi à la réaction soviétique, qui organise
un nouveau coup d'État, en avril 1978. Daoud est assassiné
et les communistes du Parti démocratique du peuple afghan accèdent
alors au pouvoir.
Les ruines de Shahr-i-Zohok. (la Ville rouge), dans la province de Bamiyan (Afghanistan). Source : The World Factbook. Les nouveaux dirigeants, à la fois animés d'idéaux progressistes et emprisonnés par leur alliance avec l'URSS, se trouvent complètement déconnectés des réalités sociales d'un pays ancré dans le conservatisme religieux. En voulant imposer par la violence leurs réformes ils aboutissent à susciter un climat insurrectionnel. Afin de soutenir le régime afghan proche de l'écroulement, les Soviétiques, sous la présidence de Léonid Brejnev, envahissent le pays le 27 décembre 1979. Un crise internationale éclate et les divers mouvements de résistance à l'occupation peuvent compter sur l'appui du Pakistan, des pays occidentaux et des monarchies du Golfe, qui les arment et les financent. Assez vite, il apparaît que l'Armée rouge, qui maintient sur place 100000 soldats mal équipés et démoralisés, est enlisée dans un conflit sans issue, ce qui conduira le nouveau numéro un de l'Union Soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, à retirer ses forces à partir de 1986. En 1989, les accords de Genève mettent fin officiellement à cette Guerre d'Afghanistan, bien que le régime de Kaboul, dirigé par Mohammed Najibullah, parvienne encore à se maintenir jusqu'en 1992. Les divers mouvements constitués pendant l'occupation soviétique tentent alors de s'emparer du pouvoir, au travers de la prise de Kaboul qui se trouve partiellement détruite lors de ces combats. Les vainqueurs de
cette guerre civile seront pourtant des nouveaux venus, organisés
depuis 1994 seulement, et soutenus par le Pakistan et bénéficiant
de l'adhésion d'un grande partie de la population. Ce sont des fondamentalistes
musulmans qui se feront connaître sous le nom de Talibans. Hérat
tombe en leur pouvoir en 1995, Kaboul en 1996,
Mazar-i-Sharif en 1998. Presque tout le territoire est dès lors
sous l'emprise des Talibans que dirige le mollah Mohammed Omar, et seul
leur échappe encore le Nord-Est, tenu par les troupes du commandant
Massoud, un des chefs de guerre apparus lors de l'occupation soviétique,
et qui désormais se trouve soutenu aussi bien par les Russes que
par les Américains et les Iraniens. Replié dans l'inexpugnable
vallée du Panshir, Ahmed Shah Massoud tient tête aux Talibans
jusqu'à son assassinat le 9 septembre 2001. L'attentat qui lui coûte
la vie prélude ceux qui détruiront le 11 septembre
les tours jumelles du centre d'affaires de New
York, et viseront le Pentagone à Washington.
Une conférence de Bonn parrainée par l'ONU en 2001 a établi un processus de reconstruction politique qui comprenait l'adoption d'une nouvelle constitution, une élection présidentielle en 2004 et des élections à l'Assemblée nationale en 2005. En décembre 2004, Hamid Karzai est devenu le premier président démocratiquement élu de l'Afghanistan, et a été réélu en août 2009. La corruption du régime, son inéfficacité, ajoutées à l'insécurité persistante, ont empêché tout développement du pays. Les Talibans, qui ont progressivement repris du terrain. En février
2020, après deux décennies de violence, les Talibans ont
signé avec le gouvernement afghan et les forces internationales
des États-Unis et d'autres pays un accord qui a conduit au retrait
des forces internationales en échange d'engagements contre le terrorisme
et d'autres assurances. Les Talibans ont pris le contrôle du pays
à la mi-août 2021. (GE / NLI).
Ruines d'une forteresse à la frontière afghane.
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