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Le Pape est le chef de l'Eglise catholique romaine. Il est revêtu de cinq caractères : il est évêque de Rome, métropolitain des églises suburbicaires, primat d'Italie, patriarche d'Occident, et souverain pontife. Pour le gouvernement de l'Eglise catholique, et pour l'administration de l'Etat pontifical, aujourd'hui réduit à la seule Cité du Vatican, le Pape se fait assister par les cardinaux, dont la réunion forme le sacré Collège, et il emploie des ambassadeurs, appelés nonces et légats, dans les relations qu'il entretient avec les différents pays. On nomme bulles, brefs et encycliques les actes par lesquels il pourvoit au maintien des dogmes et de la discipline. -
Presque tous les écrivains ecclésiastiques rapportent l'origine du titre de Pape (Papa) au mot grec 'pappas ou Papas. On dit que dans l'Eglise primitive, les chrétiens appelaient ainsi ceux qui, les ayant convertis, étaient devenus leurs pères spirituels. Vers le même temps, et par une extension fort naturelle, ce nom fut donné à tous les clercs. Les Grecs le donnent encore indistinctement à tous leurs prêtres; mais il appartenait, avec un caractère spécial et un génitif différent (pappa au lieu de pappatos) aux patriarches d'Alexandrie, d'Antioche, de Jérusalem et de Constantinople (Istanbul). Saint Avitus, évéque de Vienne (490-525), le reconnaissait au patriarche de Jérusalem, en des termes qu'il serait fort difficile d'accommoder avec les définitions du concile du Vatican I (1864) sur la primauté et I'épiscopat universel de l'évêque de Rome. II s'adresse au patriarche de Jérusalem, comme au pape, à l'apôtre et au prince de l'Eglise universelle : Papae Hierosolymato. Exercet apostolatus vester concessos a Divinitate primatus, et quod locum principem in universeli Ecclesia teneat, non privilegiis solum, studet monstrare, sed meritis (Epist. 23, Migne, Patrol., LIX, 239).Pareille constatation pourrait être faite à propos d'une lettre du même évêque au pape de Constantinople, Papa Constantinopolitanus, comparant cet évêque et celui de Rome à une double constellation du ciel ecclésiastique. Velut geninos apostolorum principes [...] velut in caelo positum religionis signum pro gemino sidere.Dans l'Eglise d'Occident, ce titre paraît avoir été réservé très anciennement aux évêques et aux abbés, mais il était commun à tous. Saint Augustin, écrivant à Aurèle, un évêque d'Afrique, le salue comme très saint pape et honoré seigneur; de même saint Jérôme, écrivant à saint Augustin; Fortunatus, évêque de Poitiers (VIe siècle) écrivant à Félix, évêque de Nantes, et à Euphronius, évêque de Tours (Migne, Misc. III, 4 ; Migne, LXXXVIII, 119; III, 1 ; Migne, LXXXVIII, 115). - "Le premier des papes". Statue, à l'église Saint-Pierre, de Chartres. Thomassin, répété par Phillips (Kirchenrecht, V, 603) prétend que la qualification de Pape fut exclusivement attribuée à l'évêque de Rome, vers la fin du VIe siècle; mais dans les actes du VIe concile général (Constantinople, 680), Honorius est désigné comme papa antiquae Romae, et Cyrus comme papa Alexandriae (Mansi, Conc. XI, 214). Il est vraisemblable que l'usage resta incertain jusqu'au XIe siècle, quoique se développant de plus en plus dans le sens d'une limitation du titre en faveur des évêques de Rome. Dans un concile tenu en cette ville (1073), Grégoire VII défendit formellement de le donner à d'autres, afin qu'il restât unique dans tout le monde chrétien : Ut papae nomen unicumn sit in toto orbe christiano, nec liceat alicui se ipsum vel alium eo nomine appellare.Il ne serait peut-être pas exagéré de dire que l'affirmation du privilège réclamé par cette interdiction, marque un des points les plus saillants des ascensions de la papauté. Léon Ier paraît être le premier qui prit le nom de Souverain pontife. Dès 722, Boniface appelait le pape Vicaire de Saint-Pierre. Grégoire VII et Alexandre III se contentèrent de ce titre; Innocent III se donna celui de Vicaire de Jésus-Christ ou de Dieu. Depuis Jean XII (956), le pape élu change de nom avant d'entrer en fonctions. Série chronologique des Papes |
Anastase le Bibliothécaire et Baronius indiquent la succession des premiers papes dans l'ordre suivant : Saint Pierre, saint Lin; saint Clet, saint Clément, saint, Anaclet; et saint Evariste. Le cardinal Orsi et l'abbé Rohrbacher (Histoire universelle de l'Eglise catholique) suivent le calendrier dressé sous le pape saint Libère, vers l'an 354; où la chronologie de ces mêmes papes est ainsi indiquée : Saint Pierre, martyrisé en 65 L'Art de vérifier les dates prétend que saint Clet est le même que saint- Anaclet, et classe ainsi les premiers papes : Saint Pierre, 42-66 Liste chronologique des papes Saint Alexandre Ier 109 | Etienne VII 929 Jean XI 931 Léon VII 936 Etienne VIII 939 Marin ou Martin III 942 Agapet II 946 Jean XII 956 Léon VIII, pape intrus 963 Benoît V 964 Jean XIII 965 Benoît VI 972 Boniface VII, Francon, antipape 974 Donus II 974 Benoît VII 974 ou 975 Jean XIV 983 Jean XV, mort avant d'être sacré 985 Jean XVI 985 Grégoire V 996 Jean Philagathe, antipape 999 Sylvestre II 999 Jean XVII 1003 Jean XVIII 1003 Sergius IV 1009 Benoît VIII 1012 Grégoire, antipape 1012 Jean XIX 1024 Benoît IX 1033 Grégoire VI 1044 Clément II 1046 Damase II 1048 Saint Léon IX 1048 Victor II 1655 Etienne IX 1057 Benoît X, illégitimement élu 1058 Nicolas Il 1058 Alexandre II 1061 Cadalous, Honorius II, antipape 1061 Saint Grégoire VII 1073 Guibert, Clément III, antipape 1080 Victor III 1086 Urbain Il 1088 Pascal II 1099 Albert et Théodore, antipapes 1111 Gélase II 1118 Maurice Bourdin, antipape 1118 Calliste II 1119 Honorius Il 1124 Calliste, antipape 1124 Innocent ll 1130 Pierre de Léon (Anaclet), et Victor, antipapes 1143 Célestin II 1143 Lucius Il 1144 Eugène III 1145 Anastase IV 1153 Adrien IV 1154 Alexandre III 1159 Victor IV, Pascal III, Calliste III, et Innocent III, antipapes 1181 Lucius III 1181 Urbain III 1185 Grégoire VIII 1187 Clément III 1187 Célestin III 1191 Innocent III 1198 Honorius III 1216 Grégoire IX 1227 Célestin IV 1241 Innocent IV 1243 Alexandre IV 1254 Urbain IV 1261 Clément IV 1265 Grégoire X 1271 Innocent V 1276 Adrien V 1276 Jean XX 1276 Nicolas III 1277 Martin IV 1281 Honorius IV 1285 Nicolas IV 1288 Saint Célestin V 1294 Boniface VIII 1294 Benoît XI 1305 Clément V 1305 Jean XXI 1316 Pierre de Corbière, antipape 1328 Benoît XII 1334 Clément VI 1342 Innocent VI 1352 Urbain V 1362 Grégoire XI 1370 Urbain VI 1378 Robert, dit Clément VII, antipape 1378 Boniface IX 1389 Pierre de Luna, dit Benoit XIII, antipape 1394 Innocent VII 1404 Grégoire XII 1406 Alexandre V 1409 Jean XXII 1410 Martin V 1417 Muñoz, dit Clément VIII, antipape 1424 Eugène IV 1431 Amédée de Savoie, dit Félix V, antipape 1439 Nicolas V 1447 Calliste III 1455 Pie II 1458 Paul II 1464 Sixte IV 1471 Innocent VIII 1484 Alexandre VI 1492 Pie III 1503 Jules II 1503 Léon X 1513 Adrien VI 1522 Clément VII 1523 Paul III 1534 Jules III 1550 Marcel II 1555 Paul IV 1555 Pie IV 1559 Saint Pie V 1566 Grégoire XIII 1572 Sixte V 1585 Urbain VII 1590 Grégoire XIV 1590 Innocent IX 1591 Clément VIII 1592 Léon XI 1605 Paul V 1605 Grégoire XV 1621 Urbain VIII 1623 Innocent X 1644 Alexandre VII 1655 Clément IX 1667 Clément X1670 Innocent XI 1676 Alexandre VIII 1689 Innocent XII 1691 Clément XI 1700 Innocent XIII 1721 Benoît XIII 1724 Clément XII 1730 Benoît XIV 1740 Clément XIII 1758 Clément XIV 1769 Pie VI 1775 Pie VII 1800 Léon XII 1823 Pie VIII 1829 Grégoire XVI 1831 Pie IX 1846 Léon XIII 1878 Pie X 1903 Benoît XV 1914 Pie XI 1922 Pie XII 1939 Jean XXIII 1958 Paul VI 1963 Jean-Paul Ier 1978 Jean-Paul II 1978 Benoît XVI 2005 François 2013 |
L'élection des papesPrimitivement, l'élection des évêques de Rome était faite par le clergé et les fidèles de la ville, avec le concours des évêques voisins, universae fraternitatis suffragio, episcoporurn judicio, conformément à ce qui se pratiquait ordinairement ailleurs. Depuis le Ve siècle jusqu'au VIIIe, il semble qu'elle fut réservée à un corps électoral composé de tout le clergé, des magistrats (judices) comme représentant les plus hautes classes (optimates) et de la milice (schola, generalitas militiae) représentant les citoyens proprement dits; tandis que la multitude des simples habitants étaient réduits au rôle de spectateurs ou d'acclamateurs (Liber diurnus, II, 1-7). Dans un synode présidé en 769 par Etienne III, il est mentionné que l'élection du pape doit être faite par les principaux dignitaires du clergé (proceres et optimates Ecclesiae). Thomassin voit dans cette mention l'indication du collège des cardinaux; mais son hypothèse est contredite par les faits, le privilège des cardinaux n'ayant été formellement établi qu'en 1059.L'approbation de l'empereur. De leur côté, les papes et le peuple, ou plutôt les factions qu'ils représentaient, s'efforcèrent d'éluder cette obligation; ils ne l'observaient guère que lorsqu'ils y étaient contraints. En 816, Etienne IV succéda à Léon III, qui avait couronné Charlemagne. Il fut élu et consacré avant que les officiers impériaux, présents à Rome, eussent eu le temps de recevoir les instructions de Louis le Débonnaire. Après l'élection d'Eugène Il (824), cet empereur envoya à Rome son fils Lothaire, qui fit jurer par les Romains de ne jamais permettre qu'un pape fût consacré avant d'avoir prêté hommage en présence des envoyés impériaux. Ce serment leur fut rappelé en 844, après l'élection de Sergius Il. Néanmoins, Léon IV fut consacré (847) sans qu'on attendit le consentement de l'empereur. Mais la consécration de Benoît III (855) eut lieu en présence des officiers de l'empereur, et celle de Nicolas Ier (858) en présence de Louis II. En 962, Othon ler, fit reconnaître par Jean XII que l'élection des papes restait soumise à la confirmation impériale; en 963, il fit déposer Jean XII par un concile, et nommer Léon VIII pour le remplacer. Les Romains renouvelèrent alors le serment de ne jamais laisser consacrer un pape sans l'approbation de l'empereur. En 965, Jean XIII fut élu en présence des envoyés impériaux. En 999. Othon III fit donner la papauté à son précepteur Gerbert, qui prit le nom de Sylvestre II. Ce fut le moment de l'union la plus intime entre le pouvoir pontifical et le pouvoir impérial. Mais après la mort d'Othon (1002) et de Sylvestre (1003) le parti toscan se releva et parvint à rendre pendant quelque temps la papauté héréditaire dans la maison de Toscane. En 1046, le patriciat romain fut dévolu à Henri III. Le clergé, le peuple et les barons jurèrent; une fois de plus, qu'ils ne laisseraient jamais sacrer un pape sans l'aveu de leur patrice, qui, désormais, était l'empereur germanique. De 867 à 1048, on compte quarante-quatre papes. La plupart étaient des hommes souillés de vices et ne reculant devant aucun crime. Il serait difficile de trouver dans l'histoire des dynasties séculières une pareille série de princes vicieux et criminels. En 1048, dans une diète à Worms, Henri III fit proclamer pape Brunon, évêque de Toul. Brunon, dirigé par Hildebrand (le futur Grégoire VII), se rendit à Rome comme pèlerin, fit renouveler son élection par le clergé et par le peuple, et prit le nom de Léon IX. Après sa mort (1054), Hildebrand demanda à l'empereur et obtint l'autorisation d'emmener comme pape celui qu'il désignerait au nom des Romains qui lui avaient confié ce mandat; il choisit Gebhard, évêque d'Eichstaedt, qui devint Victor III et mourut en 1057. Etienne IX, qui lui succéda, ne régna que neuf mois. Il avait envoyé Hildebrand en Allemagne, et statué que, s'il mourait pendant l'absence de son légat, le Saint-Siège resterait vacant jusqu'au retour de celui-ci. Mais après sa mort, un parti romain, hostile aux réformes, se hâta d'élire un des siens, Benoît X. En revenant d'Allemagne, Hildebrand s'arrêta à Florence, réunit quelques évêques et quelques nobles, et fit nommer pape l'archevêque de cette ville, Gérard (Nicolas II); puis rentra à Rome et le fit reconnaître par le clergé et par le peuple (1058). Profitant de la minorité de Henri IV, Nicolas II prit une mesure décisive pour soustraire les élections pontificales à l'intervention des empereurs et aux entreprises des factions romaines. Dans un concile assemblé à Rome (1059), il fit adopter un décret que nous avons relaté dans notre notice sur ce pape. D'après ce décret, l'oeuvre des cardinaux-évêques précède et domine celle des cardinaux-clercs. Ils sont les promoteurs de l'élection, les autres doivent les suivre. La part du reste du clergé, de la noblesse et du.peuple est réduite à un assentiment dont le refus est dépourvu de sanction. Quant à l'intervention de l'empereur, elle est limitée à une sorte de formalité honorifique, dont le privilège est conféré, non à la couronne, mais à la personne de Henri IV et éventuellement à ses successeurs auxquels le Saint-Siège accorderait personnellement (?) le même droit. Dans la prévision de troubles, toujours possibles à Rome, et de la difficulté de trouver des candidats qualifiés parmi le clergé de la ville, le décret ajoutait que l'élection pourrait se faire ailleurs, et qu'il n'était pas indispensable que l'élu fût un Romain. A la mort de Nicolas ll (1061), Hildebrand, pour prévenir les factions romaines, s'empressa de faire élire par les cardinaux Anselme de Lucques (Alexandre II). A cause de la minorité de Henri IV, on ne demanda pas la confirmation impériale. Quand Alexandre mourut (1073). Hildebrand lui-même fut élu, précipitamment sans qu'on attendit le consentement de l'empereur; mais afin d'éviter la nomination d'un antipape, il demanda la confirmation de Henri IV, avant de se faire consacrer. La confirmation impériale aurait trouvé fort difficilement place dans la lutte acharnée qui s'engagea entre la papauté et l'empire. En fait, après l'élection de Grégoire VII, on ne la voit plus guère demandée et reçue que par des antipapes. La différence établie par Nicolas II entre la fonction électorale des cardinaux-évêques et celle des cardinaux-clercs paraît aussi être tombée rapidement en désuétude. Elle est complètement omise dans un décret qu'Alexandre III porta en 1179 au concile de Latran, exigeant, à défaut de l'unanimité, les deux tiers des voix. on a vu précédemment que Nicolas II avait réduit la part du clergé et de la noblesse à un simple assentiment, dont le refus était dépourvu de sanction. D'autres papes leur interdirent toute espèce d'immixtion, à cause des agitations et des troubles qui en résultaient, et ils prescrivirent de les tenir rigoureusement à l'écart du lieu où l'élection se faisait. Le conclave. Telle fut l'origine du Conclave, dont Grégoire imposa l'institution au concile général de Lyon (1274). Le décret qui coutient cette institution peut être ainsi résumé . « Après la mort du pape, les cardinaux s'assembleront dans le palais où il logeait, se contentant d'un seul serviteur. Ils logeront tous dans la même chambre, sans aucune séparation de muraille ou de rideau, ni autre issue que pour le lieu secret. Cette chambre aura néanmoins une fenêtre permettant de fournir commodément aux cardinaux la nourriture nécessaire, mais sans qu'on puisse entrer par cette fenêtra que si, ce qu'à Dieu ne plaise, trois jours après leur entrée dans le conclave, ils n'ont point encore élu de pape, les cinq jours suivants ils seront, réduits à lui seul plat, tant à diner qu'à souper. Après ces cinq jours, on ne leur donnera plus que du pain, du vin et de l'eau. Pendant le conclave, les cardinaux ne recevront rien de la Chambre apostolique, ni des autres revenus de l'Eglise romaine. Ils ne se mêleront d'aucune autre affaire que de l'élection, sinon en cas de péril ou d'autres nécessités évidentes. Ils ne feront entre eux aucune convention, ni serment; mais ils procéderont à l'élection de bonne foi, n'ayant en vue que l'utilité de l'Eglise. »Ce règlement déplut aux cardinaux et fut l'objet d'une vive contestation. Un décret du concile général de Vienne, assemblé sous Clément V (1312) ajouta que lorsque le pape serait décédé hors de la ville de Rome, on procéderait à l'élection de son successeur, non à l'endroit même où le pape serait décédé, mais à celui du diocèse où était le siège de la justice : Ubi erat causarum audientia. Il renouvela et aggrava les injonctions adressées par le décret de Lyon aux seigneurs et magistrats de la ville où se tiendrait le conclave, pour contraindre les cardinaux à donner an plus tôt un pape à l'Eglise. Plusieurs papes ont modifié les décrets de ces deux conciles généraux. Les principales dispositions qui réglementent encore aujourd'hui la tenue des conclaves et les formes de l'élection résultent de la bulle Aeterni Pastoris de Grégoire XV (15 novembre 1621). Elle fut étendue par une autre bulle du 15 mars 1622. Urbain VIII confirma ces deux bulles (27 janvier 1626) et en fit jurer l'observation par trente-sept cardinaux qui se trouvaient alors à Rome. Grégoire X et Clément V avaient ordonné que le conclave se tint toujours dans le lieu où le dernier pape serait décédé. Mais depuis longtemps l'usage a prévalu de ne le tenir qu'à Rome. Voici comment, pendant plusieurs siècles (et encore de nos jours pour l'essentiel) s'est déroulée l'élection : C'est dans une des galeries du Vatican, que, dix jours après la mort du pape, les cardinaux entrent dans le conclave, dont l'enceinte comprend tout le premier étage depuis la tribune des bénédictions sur le péristyle de Saint-Pierre; et depuis la salle royale et la salle ducale jusqu'à celle des parements et des Congrégations. Des ouvriers spécialisés, les Sanpietrini, y ont construit, avec des planches, autant de cellules qu'il doit y avoir de cardinaux. Chacune de ces cellules doit avoir douze pieds et demi de longueur sur dix de largeur. Cet espace est partagé en différentes petites pièces destinées au cardinal et à ses conclavistes. Toutes les issues du conclave sont condamnées, ainsi que les arcades du portique; de sorte qu'il ne reste que la porte conduisant du grand escalier à la salle royale. Cette porte sa ferme avec quatre serrures : deux en dedans, dont le cardinal Camerlingue et le Premier Maître des cérémonies ont les clefs; deux en dehors, dont les clefs restent au Maréchal du conclave. On introduit le dîner et le souper des cardinaux et toutes les choses nécessaires, par huit tours semblables à ceux des couvents. Dans la grande porte, il y a une fenêtre, par laquelle on donne audience aux ambassadeurs à travers un rideau toujours fermé.Quelques aménagements mineurs ont modifié ce dispositif au cours du XXe siècle. De nos jours, le conclave se tient dans la chapelle Sixtine, à laquelle, les cardinaux, venus de la chapelle Pauline, se rendent en traversant la la salle royale. Depuis le pontificat de Jean-Paul II, un hébergement est offert aux cardinaux à proximité (résidence Sainte-Marthe), mais l'isolement reste presque aussi sévère. Il est contrôlé, à l'extérieur, par le préfet de la maison pontificale et, à l'intérieur, par le cardinal camerlingue. Réduit au minimum également le personnel présent (assistants des cardinaux, cuisiniers, médecins...). Au total, près d'une centaine d'auxilliaires, qui doivent, auparavant, avoir fait serment de garder le secret sur le déroulement du conclave. Le premier cardinal-évêque déclare, au nom de tout le Sacré-Collège, le résultat de l'élection. Il met au pape élu son rochet, le place sur un siège paré, lui donne l'anneau du pécheur et lui fait dire de quel nom il veut être appelé. Ensuite, le premier cardinal diacre ouvre une petite fenêtre, d'où il peut être vu et entendu par le peuple qui attend, et il proclame l'élection en ces termes : Je vous annonce une grande joie : Nous avons un pape (Habemus papam). Le révérendissime seigneur et cardinal N... est élu au souverain pontificat, et il a choisi le nom de N...Cela fait, on retire au nouveau pape ses vêtements, et on le revêt de tous les habits pontificaux, qui sont alors la robe blanche de laine, les sandales rouges avec la croix d'or par-dessus, la ceinture rouge avec les agrafes d'or et le rochet blanc. On y joint l'amlet, une aube longue avec sa ceinture et l'étole ornée de perles. Après que le pape a signé quelques suppliques, on le revêt du pluvial rouge et de la mitre très précieuse; puis, on le fait asseoir sur l'autel, on tous les cardinaux, selon leur rang, viennent lui baiser les pieds, les mains et la bouche. Du conclave, il est porté dans l'église de Saint-Pierre, accompagné des chanoines et des chantres de cette église, chantant : Ecce Sacerdos magnus. Il se place sur la chaire pontificale, où, en présence de tout le peuple, les cardinaux, les évêques et d'autres personnages éminents viennent lui rendre les hommages Ordinaires. Après cette cérémonie, qui consomme l'élection, viennent l'ordination du pape, s'il n'est pas dans les ordres, et la consécration, s'il n'est pas évêque. Le couronnement. Le couronnement suit immédiatement l'intronisation précédemment mentionnée. La messe finie, le pape, revêtu de tous ses ornements pontificaux, se rend sur les degrés extérieurs de la basilique de Saint-Pierre, où on a préparé un siège noblement décoré. Il s'assied : un cardinal-diacre, placé à gauche, lui ôte la mitre; un cardinal-diacre, placé à droite, lui met la tiare, que les Romains appellent Règne (regnum). Le diacre de droite publie en latin les indulgences plénières; le diacre de gauche les répète en langue vernaculaire. Puis on se dispose (ou disposait) pour la procession qui doit aller au palais de Latran. Cette procession se se faisait avec une extrême magnificence, à cheval, par tous les cardinaux, tous les prélats, tous les officiers du pape et généralement par tous les seigneurs et gentilshommes qui se trouvent à Rome. Le premier d'entre les seigneurs marche au cité droit, tenant les rênes du cheval blanc sur lequel le pape est monté. Un autre seigneur marche au côté gauche. Lorsqu'on arrive à Saint-Jean de Latran, les chanoines sortent et portent le pape sur leurs épaules dans leur église. Ils le placent sur un siège de marbre fort bas, de sorte qu'il semble assis parterre. Les cardinaux le relèvent, en récitant ce verset : Suscitat de pulvere egenum et de stercore pauperem, ut sedeat cum principibus et solium gloriae teneat.Alors le pape jette au peuple de la monnaie, dans laquelle il n'y a ni or ni argent, en prononçant, au milieu de tant d'opulences, ces paroles de saint Pierre : Je n'ai ni or, ni argent; mais ce que j'ai je te le donne. (E.H. Vollet). |
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